APPEL A PARTICIPATION

A L’INTERMEDIATION

CULTURELLE

le 6/05/04

Le Laboratoire d’Anthropologie Juridique de Paris (LAJP) relance en septembre 2004 le programme d’Intermédiation culturelle (I.C) qu’il a développé au sein des juridictions pour mineurs depuis 1997.

En accord avec l’assemblée générale des magistrats du Tribunal pour enfants de Paris, il se propose de former une nouvelle génération d’intervenants répondant tant à la problématique du programme qu’à un profil individuel qui sera apprécié dans le cadre d’un entretien personnalisé.

Le programme

Différenciée de la médiation interculturelle où le tiers intervient entre des parties en différend pour les aider à régler leurs problèmes en suggérant ou en proposant des solutions intégrant les difficultés de compréhension des logiques de l’ « autre », l’Intermédiateur n’est et ne être « interventioniste ».

L’I.C a pour but de permettre à chaque partie de communiquer en lui restaurant sa pleine et entière responsabilité de négocier les solutions à adopter. Elle ne s’interpose pas et n’a pas à prendre position : l’intermédiateur est « l’ombre portée » d’une partie chez l’autre, en charge d’expliquer ce que l’autre attend et pourquoi il l’exprime ainsi, par la déviance, la violence mais aussi l’anomie, l’aboulie etc.

L’intermédiateur jette ainsi un pont entre les cultures. Dans le vocabulaire du LAJP il pratique une « dialogie » comme rencontre des cultures et dialogue interculturel.

Le profil recherché

- De ce fait, la fonction de l’intermédiateur est originale et il doit apprendre à s’en tenir au mandat qu’il va recevoir. Il n’est en effet doté d’aucune compétence d’intervention et ne peut agir qu’en total accord tant avec son mandant qu’avec « l’autre » qui sera dans le cas le mineur de justice et sa famille.

- Par contre, il doit disposer d’une compétence de compréhension très développée car il n’est pas traducteur d’un message. Il est l’interprète des conceptions et représentations d’un « monde », celui de la Justice, au profit d’un autre « monde », et réciproquement.

- Le candidat doit donc être doté de capacités d’écoute et d’observation, d’analyse et d’interprétation qui s’inscrivent dans une démarche de recherche appliquée.

- Mais il ne fait pas de la « science » et doit se méfier tant des généralisation que des stéréotypes (personnels ou collectifs). L’objectif n’est pas d’enfermer les acteurs dans leurs conflits ou dans leurs cultures mais d’apprendre à les négocier en favorisant un déblocage du dialogue.

- Le candidat doit parler la langue d’usage quotidien des familles ou une langue de large communication qu’elles maîtrisent et dans laquelle elles peuvent énoncer leur point de vue.

- Le candidat doit avoir également une connaissance de l’organisation juridique et judiciaire française et du dispositif de l’aide sociale.

- Le candidat doit enfin avoir des activités qui permettent de répondre « à la demande » et parfois « dans l’urgence » aux demandes des magistrats.

La formation

Un stage de formation comprenant une dizaine de séances organisées en fin de journée et encadrées par les principaux intervenants sera organisée en septembre/octobre 2004 selon des informations qui seront transmises ultérieurement. Cette formation comprend un volet anthropologique, un volet judiciaire et un volet « méthodes et déontologie ». Une note de synthèse sera demandée à chaque participant au terme de la formation.

Les candidats retenus réaliseront ensuite un stage en cabinet de juge des mineurs, de l’ordre de 2 à 3 mois, en horaires adaptés et sous la responsabilité du magistrat.

Au terme de cette expérience et sur avis positif du comité de pilotage qui suit le développement du programme, l’intermédiateur sera mandaté pour suivre certains dossiers selon des critères relevant de la seule appréciation du magistrat.

La formation est gratuite et le stage non rémunéré. Par la suite, l’intermédiateur est considéré comme un collaborateur du magistrat avec le statut et la rémunération d’un expert près du tribunal pour enfants. Il est rémunéré comme tel. Il ne dispose ni d’un emploi régulier ni d’un statut particulier. Il doit être un « vocationnel » préoccupé de dialogue interculturel.

Les étudiants africains du IIIe cycle, spécialement les doctorants peuvent correspondre plus particulièrement au profil ainsi dessiné.

- Le programme est animé par Ibra N’Diaye, docteur en Droit et responsable de nombreux programmes dans le domaine du dialogue interculturel.

Il peut être joint au 06.25.97.40.31

- Le comité de pilotage est coprésidé par Hervé Hamon, président du tribunal pour enfants de Paris et par Etienne Le Roy, directeur du Laboratoire d’Anthropologie Juridique de Paris.

Pour tous renseignements s’adresser en priorité à Ibra N’Diaye

Etienne Le Roy

mai 2004

N.B : Ce message peut être transmis

Pour en savoir plus :

Carole Younès, Etienne Le Roy, Médiation et diversité culturelle, pour quelle société ? Paris, Karthala, 2002.

Thierry Baranger, Martine de Maximy et Hubert de Maximy. L’enfant-sorcier africain entre ses deux juges, Saint-Germain en Laye, Odin, 2000.

Etienne Le Roy, Les Africains et l’institution de la Justice, Paris, Dalloz, 2004.