Cours Ç Droit, gouvernance et dŽveloppement durable È,

organisŽ par les FacultŽs universitaires Saint-Louis (Bruxelles),

la Fondation Charles-LŽopold Mayer pour le Progrs de lĠHomme

et la Fondation pour les GŽnŽrations futures

 

 

 

 

La gouvernance internationale du dŽveloppement durable : acteurs non-Žtatiques et changements climatiques

 

(Cours du 10/11/2004)

 

- Prire de ne pas citer ce texte -

 

Benjamin Denis

 

UniversitŽ libre de Bruxelles

 

 bdenis@ulb.ac.be

 

 

 

 

Introduction : environnement, politique internationale, et acteurs non-Žtatiques

 

Dans son introduction gŽnŽrale de la chaire Droit, gouvernance et dŽveloppement durable, Franois Ost faisait Žtat du dŽcalage de plus en plus Žvident entre la mondialisation et les institutions politiques. La mondialisation charrie en effet toute une sŽrie de problŽmatiques inŽdites qui on notamment comme caractŽristique de dŽborder les frontires stato-nationales et de nŽcessiter par consŽquent des rŽponses reposant sur un certain degrŽ de coopŽration entre Etats. Les grands dŽfis de notre temps, quĠil sĠagisse par exemple de la pandŽmie du Sida ou des questions liŽes au dŽveloppement et ˆ la pauvretŽ, apparaissent difficilement Ç traitables È par les institutions politiques classiques que sont les Etats-nations, ou les organisations intergouvernementales. Ce dŽcalage, entre dĠun c™tŽ les problmes qui se posent ˆ lĠhumanitŽ et de lĠautre les institutions politiques censŽes y rŽpondre serait propice ˆ lĠapparition de nouvelles manires de produire lĠaction publique, de nouveaux modes de gouvernance.

LĠenvironnement, autre prŽoccupation politique majeure de ces 20 dernires annŽes, cadre difficilement avec le paradigme politique dominant, en particulier sur la scne internationale. Comment un Žco-systme fondamentalement unifiŽ sur une base planŽtaire pourrait-il tre gŽrŽ par un systme politique international dont la caractŽristique premire demeure lĠŽclatement en entitŽs souveraines ? DĠaucuns ont baptisŽ ce paradoxe la Ç tragŽdie des communs È (Le Prestre, 1997), cĠest-ˆ-dire : Ç la tension entre la conscience dĠun devenir commun et la prŽdominance des considŽrations particulires È (Badie et Smouts, 1995). LĠenvironnement serait donc emblŽmatique de ces problŽmatiques inŽdites rŽtives aux modes de fonctionnement traditionnels du systme politique international.

Pourtant, malgrŽ cette prŽmisse aux accents aporŽtiques, une analyse historique montre que depuis les annŽes 1960-1970, la densitŽ de la rŽgulation internationale en matire dĠenvironnement sĠest accrue de manire considŽrable. On ne compte plus les traitŽs bilatŽraux en matire dĠenvironnement, et il existe un programme des Nations Unies spŽcifiquement chargŽ de ces questions (PNUE). Paralllement,  de nombreuses institutions internationales ont enrichi leurs missions dĠobjectifs environnementaux (voir par exemple la Banque Mondiale), et surtout quelques traitŽs associent plus de la majoritŽ des Etats de la plante dans un effort commun de protection de lĠenvironnement (ex : le protocole de MontrŽal pour la couche dĠozone, la CITES pour la protection des espces en dangers, la Convention de B‰le sur la circulation internationale des dŽchets toxiques, et le protocole de Kyoto pour la lutte contre les changements climatiquesÉ). Manifestement, quelque chose se passe, car on assiste ˆ la constitution progressive dĠun tissu de dispositifs de rŽgulation autorisant ˆ Žvoquer une Ç gouvernance internationale de lĠenvironnement È.

Comment peut-on expliquer cette Žvolution, ce Ç verdissement È de la politique internationale ? Une hypothse serait que cette Žvolution rŽsulterait de lĠŽmergence autour des ces matires dĠune sociŽtŽ civile, vŽhicule dĠune conscience Žcologique planŽtaire, particulirement active et mobilisŽe. Cet ensemble dĠassociations, de scientifiques et de groupements divers exercerait une pression sur les gouvernements pour les pousser ˆ agir en faveur de lĠenvironnement. Cette hypothse semble se vŽrifier en premire approximation puisquĠil existe une corrŽlation Žvidente entre lĠŽvolution du nombre dĠONG prŽsentes sur la scne internationale et la montŽe en puissance des questions environnementales sur lĠagenda politique international. Certains observateurs avisŽs nĠhŽsitent dĠailleurs pas  ˆ Žvoquer lĠŽmergence, autour des questions environnementales, dĠune vŽritable Ç cogestion transnationale È associant Etats et acteurs non-Žtatiques (Badie, 1999) .

Si cette hypothse se vŽrifiait, il sĠagirait assurŽment dĠune rŽvolution copernicienne dans lĠŽtude des relations internationales. Au paradigme classique basŽ sur la dŽtention par les Etats du monopole sur lĠŽlaboration de la norme, succŽderait un mode dĠaction publique hybride, ouvert ˆ dĠautres acteurs associŽs aux Etats, non plus sur le mode de la sujŽtion mais au contraire sous la forme dĠun partenariat entre pairs.

Pour tenter dĠapporter quelques Žclaircissements ˆ ce dŽbat, il importe de confronter lĠhypothse sus-dŽcrite ˆ la rŽalitŽ empirique. Le dossier des changements climatiques offre lĠopportunitŽ de procŽder ˆ une telle Žvaluation. DĠune part, le processus politique qui lui est consacrŽ se singularise notamment par lĠimplication constante dĠacteurs non-Žtatiques, et dĠautre part, il sĠagit dĠun dŽbat relativement ancien qui permet de disposer dĠun certain recul historique. LĠanalyse de la manire dont les acteurs non-Žtatiques ont influencŽ la formulation de la rŽponse internationale au rŽchauffement de la plante permettra donc de mieux cerner lĠimplication des acteurs non-Žtatiques dans le processus de production de lĠaction publique internationale en matire dĠenvironnement.

 

DŽmarche

La formulation dĠune action publique internationale visant ˆ rŽpondre aux changements climatiques sera traitŽe ici sous forme de Ç processus politique È. Premirement, cela permet de comprendre la formulation de lĠaction publique de manire dynamique, de comprendre lĠŽvolution des positions et pratiques des acteurs au fil du temps. Deuximement, se concentrer sur un Ç processus de nŽgociation È cĠest placer le et la politique sur un lit de Procuste, cĠest mettre arbitrairement hors champ des pratiques et des acteurs qui pourtant influencent la manire dont une problŽmatique est abordŽe par les pouvoirs publics. A lĠinverse, Žvoquer un Ç processus politique È cĠest adopter une posture qui permet de restaurer le champ politique dans son ampleur et sa complexitŽ et de reconnecter ses dimensions explicites et implicites. 

Ce Ç processus politique È peut-tre analysŽ de manire sŽquentielle, ˆ lĠinstar des travaux de politiques publiques qui divisent la production de lĠaction publique en phases successives. Il sĠagit en lĠespce de procŽder ˆ un dŽcoupage du processus en diffŽrentes sŽquences qui correspondent ˆ autant de modes de participation spŽcifiques et au cours desquelles lĠimportance respective des diffŽrents acteurs varie. Ce sŽquenage doit tre abordŽ de manire souple. Tout dĠabord, le nombre de sŽquences identifiables peut varier selon ce que lĠon cherche ˆ montrer. Ensuite, les diffŽrentes sŽquences ne sont pas hermŽtiquement sŽparŽes. Elles sĠinterpŽntrent assez largement de sorte quĠil nĠest pas possible dĠidentifier une cŽsure claire entre elles. Ce qui diffŽrentie principalement les diffŽrentes sŽquences entre elles, cĠest davantage la rationalitŽ dominante qui y prŽvaut que leur situation chronologique.

Ce processus politique mobilise toute une sŽrie dĠacteurs. Certains dĠentre-eux ont ŽtŽ catŽgorisŽs comme non-Žtatiques dans le but de les distinguer des gouvernements des Etats ou des Institutions qui constituent lĠŽmanation de ceux-ci. Il va de soi que la catŽgorie Ç acteurs non-Žtatiques È nĠa rien dĠopŽratoire. Il sĠagit dĠune expression mobilisŽe par commoditŽ langagire, mais qui ne doit pas occulter la profonde diversitŽ qui caractŽrise les groupements abusivement subsumŽs sous cette appellation commune. Dans lĠanalyse qui suit, trois catŽgories distinctes dĠacteurs non-Žtatiques seront abordŽes : les rŽseaux de scientifiques, les organisations non gouvernementales, et les groupements reprŽsentant les intŽrts du commerce et de lĠindustrie. Cette typologie laisse de c™tŽ certains acteurs importants comme les mŽdias, ou regroupe trop facilement certains autres. Le format requis explique ce manque relatif de nuance. Enfin, ˆ lĠinstar des sŽquences, les catŽgories dĠacteurs doivent tre apprŽhendŽes avec souplesse dans la mesure o elles sĠinterpŽntrent parfois largement, notamment du fait des coalitions nouŽes entre acteurs appartenant ˆ des sous-catŽgories diffŽrentes autour dĠenjeux ou de revendications prŽcis.

 

Analyse sŽquentielle du processus politique international visant ˆ rŽpondre au rŽchauffement de la plante[1]

1.       Transcodage 

A lĠorigine, lĠeffet de serre est un phŽnomne naturel par lequel certains gaz, qui ont la propriŽtŽ physique de capturer une partie du rayonnement solaire rŽflŽchi par la surface de la terre, contribuent ˆ la rŽgulation thermique de lĠatmosphre terrestre. Ce mŽcanisme essentiel ˆ la vie sur la plante a ŽtŽ mis en Žvidence au dŽbut du dix-neuvime sicle par un physicien franais (Fourrier 1827).

Il faut attendre la fin du dix-neuvime sicle pour assister aux premires interrogations quant ˆ une possible amplification anthropique du phŽnomne du fait du dŽveloppement extraordinaire de lĠindustrialisation. La rŽvolution industrielle gŽnre en effet une consommation de ressources et dĠŽnergies fossiles inconnue jusquĠalors, et cette consommation entra”ne  une augmentation constante et exponentielle des Žmissions de gaz ˆ effet de serre (GES) qui modifie substantiellement la composition chimique de lĠatmosphre terrestre et est susceptible de provoquer un rŽchauffement du climat. On assiste alors aux premires tentatives de formalisation du lien causal entre activitŽs industrielles, Žmissions de GES et rŽchauffement climatique  (ArrhŽnius 1896), mais ces investigations pionnires sont le fait dĠindividus isolŽs et ne refltent en rien les prŽoccupations dominantes du monde scientifique.

MalgrŽ ces quelques travaux dĠavant-garde, lĠidŽe que le mode de dŽveloppement des sociŽtŽs industrielles peut provoquer une modification du climat va mettre plusieurs dŽcennies avant de faire lĠobjet dĠun relatif consensus au sein du monde scientifique. Dans ce processus dĠŽmergence progressive dĠun socle partagŽ de connaissances et de thŽories explicatives sur lĠŽvolution du climat, les groupements internationaux de scientifiques vont jouer un r™le prŽpondŽrant. Ainsi, la coopŽration mŽtŽorologique internationale initiŽe par lĠOrganisation mŽtŽorologique internationale (qui deviendra mondiale par la suite) va permettre la constitution dĠun rŽseau planŽtaire de stations dĠobservation et donc la rŽcolte systŽmatique de donnŽes sur lĠŽvolution de la composition chimique de lĠatmosphre. En 1975, ce sont plus de 130 pays qui participent au programme World Weather Watch, lequel se base sur 9500 stations terrestres et 7000 maritimes pour Žtudier lĠŽvolution de lĠatmosphre. A cette Žpoque, on a donc une premire strate de connaissances sur lĠŽvolution du climat qui se constitue et qui permet dĠŽtayer les analyses pionnires ŽvoquŽes ci-dessus. Paralllement, lĠŽvolution institutionnelle (mise sur pieds dĠorganisations et de programmes de recherche internationaux) servira de base pour les futures recherches. Cette double Žvolution cognitive et institutionnelle jette les bases ˆ partir desquelles un consensus sur lĠŽvolution du climat pourra tre construit.

La fin de la dŽcennie 1970 voit lĠidŽe quĠun rŽchauffement de la plante pourrait tre induit par lĠaugmentation des concentrations de GES dans lĠatmosphre gagner en crŽdibilitŽ au sein de la communautŽ scientifique. Les Žtudes se multiplient, tout comme les rŽunions internationales de scientifiques dŽdiŽes ˆ cette thŽmatique. Moment phare dans lĠŽmergence dĠun consensus scientifique sur lĠŽvolution du climat, la premire confŽrence internationale sur le climat, organisŽe en 1979 ˆ Genve par lĠOrganisation mŽtŽorologique mondiale (OMM) et lĠInternational Council of Scientists Union (ICSU), rassemble plus de 400 scientifiques de pays et de disciplines diffŽrents. CĠest ˆ cette occasion quĠon assiste ˆ la premire Žnonciation du consensus scientifique sur lĠŽvolution du climat[2] :

Ç Nous pouvons dire avec une certaine confiance que la combustion dĠŽnergie fossile, la dŽforestation et les changements dans lĠutilisation du sol ont augmentŽ de 15% au cours de ce sicle la quantitŽ de dioxyde de carbone dans lĠatmosphre et que cette concentration cro”t aujourdĠhui de 0,4%par an. Il est probable que cette Žvolution continuera dans le futur. Le dioxyde de carbone joue un r™le fondamental dans la dŽtermination de la tempŽrature terrestre, et il appara”t plausible quĠune augmentation des quantitŽs de dioxyde de carbone dans lĠatmosphre puisse contribuer ˆ un rŽchauffement progressif de la basse atmosphre, particulirement sous les hautes latitudes. Ces changements pourraient affecter la distribution des tempŽratures, des prŽcipitations et des autres paramtres mŽtŽorologiques, mais les dŽtails restent peu compris. È (citŽ dans Paterson, 1996, Traduction libre)

Ces quelques rŽfŽrences historiques illustrent le travail de constitution dĠune problŽmatique qui est le prŽalable de toute action politique. Sans cette Ïuvre de mise en cohŽrence de connaissances Žparses, la problŽmatique nĠexiste tout simplement pas.  A la suite des travaux de certains sociologues des sciences et techniques, nous pouvons baptiser ce processus Ç transcodage È ou Ç traduction È (Lascoumes, Callon), au sens o il sĠagit de regrouper et de transfŽrer des informations dans un code diffŽrent : Ç Transcoder, cĠest dĠune part agrŽger des pratiques et des infos Žparses, cĠest aussi les construire et les prŽsenter comme une totalitŽ ; cĠest enfin les transfŽrer dans dĠautres registres relavant de logiques diffŽrentes afin dĠassurer la diffusion ˆ lĠintŽrieur dĠun champ social et ˆ lĠextŽrieur de celui-ci È.

 

2.       La politisation

Le champ social mobilisŽ par le dossier des changements climatiques Žtait jusque lˆ quasi exclusivement le champ scientifique. Ds lĠinstant o la problŽmatique climat sĠŽmancipe du champ scientifique, on passe dĠune phase o la production de connaissances est la rationalitŽ dominante des acteurs, ˆ une phase o la production cognitive cohabite avec - et est progressivement supplantŽe par- des pratiques inscrites dans le registre de la revendication politique. Une fois la problŽmatique Ç climat È construite par les rŽseaux de scientifiques, celle-ci sert de support ˆ la formulation de demandes dĠinterventions du politique. Ds lĠinstant o la rationalitŽ dominante autour dĠun enjeu passe de la constitution (au sens cognitif) ˆ la revendication, on peut parler de politisation de la problŽmatique.

En lĠoccurrence, la politisation de la problŽmatique climat rŽsulte de la conjonction de plusieurs phŽnomnes. Tout dĠabord, le progrs des connaissances scientifiques a gŽnŽrŽ une politisation implicite du discours. LĠidentification des gaz impliquŽs dans le rŽchauffement ainsi que de lĠimportance de chacun de ceux-ci, la mise en exergue des activitŽs et pratiques ˆ lĠorigine des Žmissions de ces gaz, et enfin la prise de conscience progressive de la gravitŽ des consŽquences potentielles, mettaient le doigt sur les comportements problŽmatiques, sans pour autant formuler explicitement de revendication dĠaction ( Voir notamment la confŽrence de Villach en 1985).

Ce pas sera franchi par certains scientifiques et par les premiers militants Žcologistes qui se sont intŽressŽs ˆ cette question (pour autant quĠon puisse toujours distinguer ces deux catŽgories). Le discours sur les changements climatiques se politise au travers de diverses publications, et ˆ lĠoccasion de certaines rencontres internationales ( voir par exemple la confŽrence de Toronto en 1988). Les acteurs ne se prŽoccupent plus uniquement de recherche, mais Žgalement de stratŽgies et de propositions dĠaction. Ainsi par exemple, lors du World Congress on Climate an Development organisŽ ˆ Hambourg en novembre 1988, les participants se sont accordŽs sur la nŽcessitŽ de rŽduire les Žmissions de dioxyde de carbone de 30% pour 2000 et de 50% pour 2015.

Jusque-lˆ totalement absents de la problŽmatique, les gouvernements commencent ˆ communiquer et sĠinformer sur le sujet. Les premiers frŽmissements viennent de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, ou du Canada, et des Etats les plus exposŽs aux consŽquences potentielles du rŽchauffement comme les Etats insulaires. On voit Žgalement appara”tre les premires mesures adoptŽes spontanŽment pas certains gouvernements pour rŽduire leurs Žmissions de GES, mais de manire somme toute modeste. Il faut Žgalement ajouter que pour diverses raisons, les opinions publiques commencent ˆ sĠintŽresser ˆ la question, et que certains mouvements sociaux ou forces politiques se font en interne le relais des revendications ŽvoquŽes ci-dessus.

A la fin des annŽes 1980, la problŽmatique climat nĠest plus seulement un objet de curiositŽ pour les scientifiques, cĠest Žgalement une prŽoccupation qui pŽntre les espaces publics nationaux et les organisations internationales et qui occupe le sommet de lĠagenda politique international. Preuve de cette importance accrue, lĠAssemblŽe gŽnŽrale des Nations Unies a adoptŽ en 1988 une rŽsolution par laquelle elle reconnaissait le climat comme objet de prŽoccupation commune de lĠhumanitŽ. De mme, les sept pays les plus industrialisŽs de la plante rŽunis ˆ Paris en juillet 1989 ont explicitement reconnu lĠimportance dĠun effort collectif visant ˆ rŽduire les concentrations de dioxyde de carbone.

 

3. LĠinstitutionnalisation

La phase dĠinstitutionnalisation sĠamorce ds lĠinstant o sont formulŽes les premires rŽponses du systme politique ˆ la problŽmatique devenue politique du fait des revendications quĠelle suscite. Il sĠagit de la phase qui voit se dŽvelopper le cadre institutionnel ˆ lĠintŽrieur duquel les  rŽponses concrtes ˆ la problŽmatiques seront ŽlaborŽes. Le principe moteur glisse de la revendication vers la crŽation des institutions qui vont permettre de formuler une rŽponse collective ˆ la problŽmatique prŽcŽdemment construite et politisŽe.

La premire initiative en ce sens concernera la production de connaissances. En 1988, na”t le Groupe intergouvernemental dĠŽtude du climat (GIEC) qui a pour mission de procŽder, par le biais de la publication rŽgulire de rapports, au recensement des connaissances scientifiques sur les changements climatiques et leurs consŽquences, ainsi que de formuler des options pour y rŽpondre. Cet organe, composŽ de scientifiques nommŽs par les gouvernements, est rapidement devenu lĠinstance officielle dĠŽnonciation des connaissances lŽgitimes en matire de climat. Il sĠagit dĠun pas important dans le processus dĠinstitutionnalisation, puisque la mise sur pied du GIEC formalise les interactions entre les gouvernements et le champ scientifique.

A partir du dŽbut des annŽes 1990, la pression politique est telle que les nŽgociations vers une convention internationale sur le climat apparaissent inŽvitables. Face ˆ la sŽrie de confŽrences internationales (voir notamment la seconde confŽrence mondiale sur le climat en 1990 ˆ Genve), aux engagements unilatŽraux de certains Etats, et au premier rapport du GIEC, les gouvernements nĠont dĠautre choix que de mettre en place un cadre de nŽgociation. LĠinstitution ad hoc crŽe par lĠAssemblŽe gŽnŽrale des Nations Unies est lĠ Intergovernmental Negotiating Committee for a Framework Convention on Climate Change ( INC), qui constitue le forum ˆ lĠintŽrieur duquel sera nŽgociŽe et ŽlaborŽe la Convention-Cadre des Nations Unies pour les changements climatiques ( UNFCCC), du moins dans sa physionomie gŽnŽrale. Celle-ci sera prŽsentŽe et signŽe lors du Sommet de la terre de Rio en 1992.

Face ˆ lĠŽmergence de ce cadre de nŽgociation, et ˆ lĠinŽvitabilitŽ de celles-ci, dĠautres types dĠacteurs apparaissent. Les ONG de dŽfense de lĠenvironnement, jusque-lˆ peu prŽsentes, se regroupent en 1989 sous lĠŽgide dĠun rŽseau-coupole appelŽ Climate Action Network (CAN). LĠambition initiale est de fŽdŽrer les diffŽrents groupes reprŽsentŽs, de manire ˆ Žlaborer des stratŽgies et dŽfinir des positions communes, mais surtout ˆ peser plus efficacement sur les dŽcisions des gouvernements. SimultanŽment, ce sont les industries rŽtives ˆ lĠimposition de mesures de rŽduction des GES qui se coalisent. Il sĠagit en lĠoccurrence essentiellement des industries qui tirent un profit immŽdiat de lĠexploitation dĠŽnergies fossiles ou dĠactivitŽs qui dŽpendent de celles-ci (ex : industrie automobile). Ainsi apparaissent certains groupes comme la Global Climate Coalition (GCC) ou le Climate Council (CC), qui ont pour objectif de faire barrage ˆ toute initiative internationale visant ˆ rŽduire les GES.

La phase dĠinstitutionnalisation ne se caractŽrise pas uniquement par la mise sur pied du cadre formel des nŽgociations. Dans lĠorbite de ce cadre, les acteurs non-Žtatiques mutent pour se conformer ˆ ce quĠexige un processus de nŽgociations de qui souhaite lĠinfluencer. Les groupes sociaux dont les intŽrts sont affectŽs par le dossier climat sĠorganisent de manire ˆ tre reprŽsentŽs au sein du processus de nŽgociations naissant. Ce faisant, paralllement au cadre formel, cĠest tout un espace public qui sĠamŽnage progressivement sur la scne internationale autour du dossier climat.

 

3.       Les nŽgociations

 

Pour rappel, les principales Žtapes des nŽgociations internationales relatives au climat sont les suivantes :

-           NŽgociations dans le cadre de lĠINC de fŽvrier 1991 ˆ mai 1992

-           UNFCCC (Rio 1992)

-           NŽgociations dans le cadre de lĠINC, puis de la ConfŽrence des parties ˆ la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP) jusquĠˆ la signature du Protocole de Kyoto (PK) en 1997

-           NŽgociations des modalitŽs de mise en Ïuvre du PK dans le cadre des COP successives de 1997 ˆ aujourdĠhui

-           16 fŽvrier 2005 : entrŽe en vigueur du PK

Sur le plan formel, il est important de rappeler que les acteurs non-Žtatiques se voient reconna”tre un statut dĠobservateurs, mais quĠen aucun cas ils ne pourront tre considŽrŽs comme nŽgociateurs. Il ne sĠagit cependant pas dĠune prŽcision anecdotique puisque cette relŽgation statutaire gŽnre des effets tout ˆ fait tangibles.

Ce diffŽrentiel de pouvoir entre acteurs Žtatiques dĠun c™tŽ et acteurs non-Žtatiques de lĠautre, se matŽrialise par exemple dans toute une sŽrie de pratiques et de dispositifs concrets. ( Voir les exemples donnŽs au cours : systmes de badges, organisation de lĠespaceÉ)

Une fois cette distinction prŽalable et fondamentale posŽe, lĠŽtude des stratŽgies dŽployŽes par les diffŽrentes catŽgories dĠacteurs apporte quelques indices utiles pour saisir la manire dont ceux-ci agissent sur le processus de nŽgociation. Les ONG de dŽfense de lĠenvironnement (ONGE) inscrivent leur stratŽgie dans trois registres diffŽrents. Premirement, les pratiques de lobbying, qui consistent ˆ tenter dĠinfluencer les nŽgociateurs par le biais de contacts informels, occupent une place importante dans la stratŽgie des ONG. Ensuite, viennent toute une sŽrie de pratiques (Voir exemples donnŽs au cours : publication de journaux, remise du Ç fossil of the day ÈÉ) qui peuvent tre regroupŽes dans un registre de Ç vigilance critique È car elles ambitionnent dĠattirer lĠattention sur certains pratiques ou positions jugŽes hostiles ˆ la lutte internationale contre les changements climatiques. Enfin, les ONGE jouent le r™le dĠ Ç auxiliaires du Prince È, en apportant ponctuellement leur soutien logistique, intellectuel ou symbolique ˆ certaines dŽlŽgations favorables ˆ leurs positions. Ce triptyque stratŽgique vaut principalement pour lĠaction du CAN et des principales ONGE ( Greenpeace, WWF, Friends of the EarthÉ) dont il est le relais, mais certains groupes peuvent privilŽgier lĠun ou lĠautre registre dĠaction ( exemple du Thrid World Network ou de la plupart des ONG du Sud).

La stratŽgie des organisations reprŽsentant les intŽrts du monde du commerce et de lĠindustrie (BINGOĠs) est clivŽe autour de deux p™les. Le premier, reprŽsentŽ principalement par la GCC et la CC, privilŽgie le lobbying auprs de certaines dŽlŽgations nationales favorables ˆ leur point de vue (principalement USA et pays de lĠOPEP) dans le but dĠentraver autant que possible la mise sur pied dĠun rŽgime international de rŽduction des GES efficace. Le second, reprŽsentŽ principalement par le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) et lĠInternational Chamber of Commerce (ICC), tente dĠinfluencer le processus Ç de lĠintŽrieur È. ConsidŽrant dĠune part quĠun traitŽ est inŽvitable, et dĠautre part quĠun tel processus peut gŽnŽrer de nouvelles opportunitŽs industrielles, financires ou commerciales, ces groupements tendent ˆ se poser en partenaires des gouvernements, en formulant des propositions concrtes lors de rŽunions ou par lĠintermŽdiaire de publications. Mme si les pratiques de lobbying nĠen sont pas absentes, la stratŽgie de ces groupements se caractŽrise par la volontŽ de sĠŽriger en Ç Conseiller constructif du Prince È.

La phase de nŽgociation se caractŽrise par une pluralisation de la stratŽgie aussi bien des BINGOĠs que des ONGE, mais conna”t Žgalement une diversification des intŽrts reprŽsentŽs. Du c™tŽ des BINGOĠs, la posture initiale dĠhostilitŽ incarnŽe par la GCC et le CC cohabite ds cet instant avec la posture accommodante du WBCSD et de lĠICC, voire avec lĠenthousiasme en faveur des rŽductions de GES de certains secteurs industriels (ex : Žolien, nuclŽaire, voire assurances). De manire symŽtrique, les ONGE ont de plus en plus ˆ cohabiter avec certaines ONG de dŽveloppement et leurs prioritŽs ne sont pas nŽcessairement en phase (Voir lĠexemple des critres dĠŽligibilitŽ des mŽcanismes de dŽveloppement propre donnŽ au cours). En outre, dĠautres acteurs, ni BINGOĠs ni ONG, apparaissent dans lĠorbite des nŽgociations : syndicats, Žglises, groupements de courtiersÉ On assiste donc dans cette phase de nŽgociation ˆ une dŽmultiplication des types dĠacteurs impliquŽs, et ˆ une complexification croissante de lĠespace public. Il nĠest plus possible dĠŽvoquer une Ç sociŽtŽ civile È unifiŽe pour faire contre-poids aux Etats, ni mme une configuration binaire opposant intŽrts du commerce et de lĠindustrie au cosmopolitisme vert des ONG. La rŽalitŽ est plus opaque : la diversitŽ et les tensions prŽvalent.

LĠimpact de ces stratŽgies abordŽes plus haut demeure difficile ˆ Žvaluer de manire rigoureuse. Il est nŽanmoins possible de se faire une idŽe relativement juste de lĠinfluence respective des diffŽrents acteurs en comparant les rŽsultats du processus de nŽgociation avec les positions initialement dŽfendues par les acteurs. Cette approche repose sur le postulat que plus la proximitŽ entre les positions initiales et le fruit des nŽgociations est grande, plus le pouvoir (au sens de capacitŽ dĠinfluence) de lĠacteur qui les porte est important. Il reste Žvidemment que les acteurs peuvent adopter des positions extrmes dans lĠespoir dĠattirer la dŽcision de leur c™tŽ. On peut nŽanmoins supposer que la symŽtrie de ces pratiques dĠemphase en rŽduit la portŽe. LĠopposition radicale des entreprises pŽtrolires ˆ toute volontŽ de rŽduire les Žmissions de GES rŽpond en quelque sorte aux exigences de rŽduction maximalistes (jusquĠˆ 80%) dŽfendues par certaines ONG. En outre, avec le temps, une forme dĠapprentissage mutuel se dŽveloppe entre les acteurs et cela estompe les oppositions les plus extrmes.

Trois rŽflexions permettent dĠapprocher au plus prs lĠinfluence des uns et des autres sans entrer dans des dŽveloppements trop techniques :

-           Les positions dŽfendues par les Etats se caractŽrisent par une certaine stabilitŽ sur le long terme (15 ans). Celles-ci refltent principalement des intŽrts socio-Žconomiques qui tirent leur origine dans lĠhistoire industrielle et ŽnergŽtique des Etats considŽrŽs (Paterson, 1996). Elles ne semblent pas par consŽquent pouvoir tre fondamentalement modifiŽes par les stratŽgies des acteurs non-Žtatiques. A lĠinverse, les acteurs non-Žtatiques reformulent rŽgulirement leurs objectifs et stratŽgies ˆ lĠaune du rŽsultat des nŽgociations.

-           Le rŽsultat des nŽgociations reflte davantage les positions des BINGOĠs que des ONGE (cfr, objectifs de rŽduction, mŽcanismes de flexibilitŽÉ). Ceci dŽcoule Žvidemment de ce qui prŽcde. LĠimportance des industries dans la production de richesse ( donc Žgalement dans la localisation des activitŽs de production et de lĠemploi) confre aux organes qui en reprŽsentent les intŽrts un pouvoir structurel dont ne disposent pas les ONGE. Celles-ci peuvent influencer ponctuellement certains gouvernements, mais leur impact est marginal en comparaison de celui des BINGOĠs. 

-           Diverses dispositions auxquelles Žtaient farouchement hostiles les ONGE se retrouvent finalement dans les textes produits par les nŽgociations (ex : les puits de carbone). Les ONGE sont incapables de faire obstacle ˆ des mesures mme si celles-ci contreviennent radicalement ˆ leurs positions. Une fois une nŽgociation amorcŽe sur un projet, elles doivent se rŽsigner ˆ suivre le processus et ˆ tenter de le canaliser par la suggestion de mesures correctives.

La phase des nŽgociations se caractŽrise par une appropriation Žtatique du processus politique. La rationalitŽ dominante est la production de la norme et les acteurs tentent au maximum de rapprocher celle-ci de leurs positions. Dans ce jeu, les gouvernements occupent plus que jamais le centre de gravitŽ de lĠespace public, celui par rapport auquel se situe lĠensemble des acteurs. Une fois mis sur les rails des nŽgociations, une fois leurs options fondamentales dŽfinies,  les Etats ne dŽvient que marginalement de la trajectoire quĠils se sont fixŽes. Il leur reste de surcro”t la possibilitŽ de se retirer unilatŽralement du processus si dĠaventure le produit des nŽgociations tendait ˆ contrarier leurs intŽrts fondamentaux (ex : USA et Australie).

 

4.       La mise en Ïuvre

 

Les engagements du PK portent sur la pŽriode 2008-2012. Il nĠest pourtant pas prŽmaturŽ de traiter de la mise en Ïuvre des dispositifs internationaux nŽgociŽs pour lutter contre les changements climatiques. En effet, les textes (PK) prŽcisent dĠores et dŽjˆ les modalitŽs concrtes de ces dispositifs et certains dĠentre eux peuvent tre activŽs avant la pŽriode dĠengagement.

Ainsi, les mŽcanismes de flexibilitŽ prŽvus par le PK accorderont un r™le ˆ certains acteurs non-Žtatiques. Les entreprises pourront Žvidemment acquŽrir des droits dĠŽmission, mais Žgalement initier des projets dans le cadre des MŽcanismes de dŽveloppement propre ou de mise en Ïuvre conjointe. (Pour rappel, il existe trois mŽcanismes de flexibilitŽ dans le PK : les mŽcanismes de dŽveloppement propre, les mŽcanismes de mise en Ïuvre conjointe, et le commerce de droits dĠŽmission.). Signalons Žgalement le r™le dĠaudit jouŽ par certaines sociŽtŽ dans le cadre de la procŽdure dĠaccrŽditation des projets de mŽcanismes de dŽveloppement propre.

Le recul manque pour juger du r™le des acteurs non-Žtatiques dans la phase de mise en Ïuvre du PK, mais les dispositifs du traitŽ ont dĠores et dŽjˆ crŽŽ des dispositifs de rŽgulation hybrides basŽs sur des formes de partenariat entre privŽ et public. Il sĠagit assurŽment dĠune innovation notable dans le mode de fonctionnement du systme politique international, mais il est intŽressant de constater que cette ouverture aux acteurs non-Žtatiques fait la part belle aux industries et quĠelle confine les interactions entre Ç acteurs non-Žtatiques È et Ç gouvernements È (ou plus prŽcisŽment les institutions qui en sont lĠŽmanation) dans le registre marchand ou dans le registre de lĠŽvaluation technocratique. Cette remarque doit tre conservŽe ˆ lĠesprit lorsquĠon tente dĠassimiler cette ouverture des mŽcanismes internationaux dĠaction publique aux acteurs non-Žtatiques ˆ une dŽmocratisation.

 

Conclusions

 

LĠanalyse sŽquentielle du processus politique visant ˆ rŽpondre au dŽfi posŽ par le rŽchauffement de la plante offre une reprŽsentation plus prŽcise de la manire dont des acteurs non-Žtatiques peuvent participer ˆ la production  dĠaction collective internationale. Cette participation varie dans le temps puisque chaque sŽquence offre des opportunitŽs dĠaction spŽcifiques. Elle varie Žgalement en fonction des acteurs considŽrŽs puisque ˆ chaque catŽgorie correspondent des stratŽgies et des rationalitŽs spŽcifiques. Il est Žgalement indŽniable que les diffŽrentes catŽgories dĠacteurs non-Žtatiques ne disposent pas de capacitŽs dĠinfluence identiques.

Il convient par consŽquent dĠtre prudent lorsquĠil sĠagit de fonder un changement de paradigme en politique internationale ˆ partir la montŽe en puissance dĠacteurs non-Žtatiques. Si la conception de lĠEtat comme acteur exclusif des relations internationales ne semble plus coller ˆ la rŽalitŽ empirique (mais y a-t-elle jamais collŽ ?), force est de constater quĠen revanche le systme politique international demeure caractŽrisŽ par un morcellement en entitŽs souveraines. Les Etats demeurent en effet les dŽtenteurs du monopole de production de la norme et ne peuvent tre juridiquement contraints - dans les matires qui nous occupent - ˆ lĠencontre de leur volontŽ. Cela Žtant, il est Žgalement indŽniable que les acteurs non-Žtatiques peuvent ponctuellement jouer un r™le significatif dans le processus politique. CĠest en particulier le cas dans la phase de construction et de politisation dĠune problŽmatique, mais Žgalement dans une certaine mesure et selon des modalitŽs prŽcises dans la phase de mise en Ïuvre. En revanche, leur r™le dans la phase de nŽgociation semble plus limitŽ, sauf peut-tre pour certains groupements reprŽsentant les intŽrts du commerce et de lĠindustrie.

SĠil faut qualifier cette configuration politique internationale, lĠexpression Ç polyarchie hiŽrarchisŽe È semble la plus adŽquate. PluralitŽ dĠacteurs il y a, mais la puissance publique -en lĠespce le jeu intergouvernemental-  domine toujours le processus de formalisation des orientations collectives. De mme, si acteurs non-Žtatiques il y a, leurs capacitŽs dĠinfluence respectives sur la production de la norme lŽgitime doit tre mise en perspective avec les structures dĠun mode de production capitaliste devenu mondialisŽ.

 

Indications bibliographiques

 

  1. Bertrand BADIE, Marie-Claude SMOUTS, Le retournement du monde. Sociologie de la scne internationale, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques et Dalloz, Paris, 1995.
  2. Bertrand Badie, Un monde sans souverainetŽ, Paris, Fayard, 1999.
  3. Michel CALLON, Ç ElŽments pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saint-Jacques et des marins-pcheurs dans la baie de Saint-Brieuc È, LĠannŽe sociologique, Paris, Puf, 1986.
  4. Pierre LASCOUMES, LĠŽco-pouvoir, La dŽcouverte, textes ˆ lĠappui/sŽrie Žcologie et sociŽtŽ, Paris, 1994.
  5. Philippe LE PRESTRE, Ecopolitique internationale, GuŽrin Universitaire, MontrŽal, 1997.
  6. Peter NEWELL, Climate for change. Non-state Actors and the Global politics of the Greenhouse, Cambridge University Press, 2000.
  7. Matthew PATERSON, Global Warming and Global Politics, London, Routledge, 1996.
  8. Matthew Paterson, Understanding Global Environmental Politics: Domination, Accumulation and Resistance, London, Macmillan, 2000.

 

 



[1] A la diffŽrence de lĠexposŽ oral, 5 phases sont ici distinguŽes. La phase de politisation de lĠexposŽ oral a ici ŽtŽ dissociŽe en une phase de Ç transcodage È et une phase de Ç politisation È.

[2] Nous nĠabordons pas ici les controverses scientifiques relatives ˆ lĠŽvolution du climat qui perdurent encore actuellement. Pour une analyse sociologique de la production de connaissances en matire de climat, nous recommandons la lecture de Philippe ROQUEPLO, Climats sous surveillance. Limites et conditions de lĠexpertise scientifique, Paris, Economica, 1993.