Cours Ē Droit, gouvernance et dŽveloppement durable Č,

organisŽ par les FacultŽs universitaires Saint-Louis (Bruxelles),

la Fondation Charles-LŽopold Mayer pour le Progrs de lÕHomme

et la Fondation pour les GŽnŽrations futures

 

 

 

 

ƒconomie, environnement et dŽveloppement durable

 

 

(Cours du 27/10/2004)

 

 

Bertrand Hamaide

 

FacultŽs Universitaires Saint-Louis, Bruxelles

 

hamaide@fusl.ac.be

 

 

 

Relations entre Žconomie et environnement : perspective historique

 

Les Žconomistes classiques, dont Smith, Malthus et Ricardo, avaient quasiment tous, dans leurs Žcrits, fait allusion ˆ un Žtat stationnaire inŽluctable ˆ long terme.  La croissance Žconomique ne leur semblait donc pas possible dans un long terme.

 

La raretŽ absolue (Malthus) ou relative (Ricardo) de la terre, le fait que le terre soit un input essentiel ˆ la production et la croissance de la population, ne pouvaient quÕengendrer des rendements dŽcroissants en agriculture, forcer le salaire au niveau de subsistance, rŽduire les profits et lÕaccumulation de capital, et donc, mener ˆ un Žtat stationnaire ˆ long terme.

 

Au vingtime sicle, les nŽo-classiques nÕont plus considŽrŽ la terre comme un input nŽcessaire ˆ la production, mais, ds les annŽes trente, deux personnes ont contribuŽ ˆ crŽer ce qui sera appelŽ plus tard, vers les annŽes soixante-dix, lՎconomie des ressources naturelles (Hotelling, via lÕanalyse de lÕexploitation des ressources Žpuisables) et lՎconomie de lÕenvironnement (Pigou, via lՎconomie du bien-tre et lÕanalyse des externalitŽs).

 

Avec le dŽveloppement de lÕanalyse Žconomique des problmes environnementaux, ˆ c™tŽ de chercheurs assez modŽrŽs, se sont opposŽs deux courants de penseurs quÕon pourra baptiser dÕoptimistes et de pessimistes.  Ces derniers, regroupŽs au sein du Club de Rome, ont publiŽ en 1972 le livre Ē Limits to Growth Č et vingt ans plus tard, sa suite : Ē Beyond the Limits Č.  Ils y affirment que si les tendances actuelles (Žconomiques et environnementales) se perpŽtuent, beaucoup de ressources naturelles seront ŽpuisŽes, ce qui limitera, voire empchera toute croissance future.  Comme les classiques, il y a, pour les pessimistes, un mouvement inŽluctable vers lՎtat stationnaire.  Ces chercheurs parlaient donc dŽjˆ de dŽveloppement ou de croissance Žconomique non soutenable, sans utiliser ces termes.  Au contraire de ce courant de pensŽe, des optimistes, comme Julian Simon (Ē the Ultimate Resource Č) ou Lomborg (Ē The Skeptical Environmentalist Č) notent que les problmes environnementaux actuels sont moindres quÕavant et que ce qui est gŽnŽralement dŽcrit, que la raretŽ des ressources va sÕinverser gr‰ce aux ressources alternatives qui pourront Žconomiquement se dŽvelopper et que la croissance Žconomique favorise la qualitŽ de lÕenvironnement au delˆ dÕun certain niveau de dŽveloppement (courbe de Kuznets).

 

Les deux courants de pensŽe peuvent facilement tre critiquŽs mais ils gardent un mŽrite important, celui dÕamener le dŽbat du rapport entre les ressources naturelles et la croissance et donc du dŽveloppement durable ou soutenable.

 

Economie environnementale et dŽveloppement durable

 

En plus des deux branches de lՎconomie environnementale au sens large que sont lՎconomie des ressources naturelles et lՎconomie de lÕenvironnement, et qui appliquent toutes deux les mŽthodes dÕanalyse Žconomique nŽo-classique ˆ des problmes dÕenvironnement, une troisime branche, lՎconomie Žcologique, a vu le jour ˆ la fin des annŽes quatre-vingt.

 

Cette discipline part du principe que lÕenvironnement ne peut quՐtre ŽtudiŽ de manire interdisciplinaire entre lՎconomie et les sciences naturelles (essentiellement lՎcologie et la thermodynamique).  Le cadre dÕanalyse dŽpasse celui de lՎconomie nŽo-classique puisque le systme Žconomique est maintenant peru comme faisant partie dÕun systme plus large, la terre.  Cela ne remet pas en cause toute lՎconomie de lÕenvironnement et lՎconomie des ressources naturelles mais seulement sa mise en perspective.

 

Cela signifie donc que le dŽveloppement durable peut tre analysŽ Š Žconomiquement Š de manire plus Žconomique ou plus Žcologique en fonction de son appartenance ˆ lÕune ou lÕautre des deux grandes Žcoles.

 

Les deux visions du dŽveloppement durable ou soutenable

 

Il nÕest pas utile de revenir sur la multiplicitŽ des dŽfinitions du dŽveloppement durable ni de les critiquer une ˆ une.  Les critiques montrent simplement que le dŽveloppement durable reste une notion trs floue (Solow, 1991).  LÕanalyse Žconomique proposŽe ici peut se baser sur la dŽfinition la plus utilisŽe et la plus citŽe,   celle du Rapport Bruntland (WCED, 1987, p.43) : Ē sustainable development is development that meets the needs of the present without compromising the ability of future generations to meet their own needs Č.

 

Les interprŽtations et recherches Žconomiques qui suivirent donnrent naissance ˆ deux concepts de soutenabilitŽ : la soutenabilitŽ faible et la soutenabilitŽ forte, qui semblent Žtroitement liŽs ˆ dÕune part lՎconomie de lÕenvironnement et des ressources naturelles et dÕautre part, lՎconomie Žcologique.

 

La soutenabilitŽ faible

 

Le rapport Bruntland peut tre vu comme ayant proposŽ une dŽfinition assez Žconomique, acceptant la croissance ˆ condition de gŽrer les ressources pour maintenir une capacitŽ de production, et donc un bien-tre (ou un niveau de consommation ou une utilitŽ en vocabulaire Žconomique) au moins Žquivalent dans le futur.  Comme le capital donne la possibilitŽ de gŽnŽrer du bien tre Žconomique par la crŽation de biens et services, la soutenabilitŽ faible exige que le stock de capital ne diminue pas dans le temps.

 

Ce stock de capital comprend ˆ la fois le capital physique, construit (Žcoles, routes, b‰timents, É) et le capital naturel, englobant les actifs naturels fournissant des services Žconomiques et Žcologiques dans le temps.

 

La soutenabilitŽ faible, frŽquemment baptisŽe rgle de Hartwick (voir Hartwick, 1977) ou parfois rgle de Solow, gr‰ce aux Žtudes de ces deux Žconomistes ˆ ce sujet, rend possible la substitution entre le capital naturel et le capital physique.  LÕun peut diminuer ˆ condition que lÕautre augmente au moins dÕautant afin de maintenir lÕagrŽgat constant ou en croissance.  Autrement dit, la rŽduction de capital naturel Š utilisation dÕune ressource Žpuisable par exemple Š  peut tre compensŽe par un accroissement du capital physique de la mme valeur, ce qui permettra de garder le stock de capital constant et partant, la possibilitŽ de crŽer dans le futur au moins autant de biens et services.

 

Vu autrement, la soutenabilitŽ faible propose de maintenir la dotation en capital et de vivre avec le flux de revenus.  LÕanalogie avec un hŽritage ou un placement bancaire est immŽdiate : un million dÕEuros (assimilŽ ˆ lÕagrŽgat en capital), placŽ ˆ cinq pour cent donne un intŽrt de cinquante milles Euros par an.  Une dŽpense annuelle Žquivalente ˆ ce montant permet de vivre de manire soutenable, avec le flux de revenu, sans entamer le capital et donc sans nuire aux gŽnŽrations futures.

 

Cela dit, quelques problmes restent en suspens : comment valoriser ce capital naturel, comment valoriser le futur, comment savoir si le bien-tre est correctement mesurŽ par le PIB ?  Ces questions seront abordŽes au point suivant.  Par ailleurs, dÕaucuns estiment quÕil existe des limites ˆ la substitution entre le capital naturel et physique.  CÕest dans ce domaine que se situe la diffŽrence essentielle entre la soutenabilitŽ faible et la soutenabilitŽ forte.

 

La soutenabilitŽ forte

 

Si la soutenabilitŽ faible prŽconise une non dŽcroissance du bien-tre, de la consommation ou de lÕutilitŽ dans le temps, via une non dŽcroissance du stock de capital (capital physique et capital naturel), la soutenabilitŽ forte, elle, part du principe que le capital naturel dŽtermine le bien-tre de lÕhomme et devient un facteur limitant de la croissance.  Elle nŽcessite donc une non dŽcroissance dans le temps du stock de capital naturel et partant, elle met en avant le caractre Žcologique de la soutenabilitŽ en opposition avec la dominante Žconomique de la soutenabilitŽ faible.

 

La non dŽcroissance du capital naturel se justifie, pour les adeptes de la soutenabilitŽ forte, par les limites aux possibilitŽs de substitution entre capital naturel et capital physique et par le risque non nŽgligeable dÕirrŽversibilitŽs et dÕincertitude (prŽconisant alors une politique liŽe au principe de prŽcaution) en cas dÕexploitation intense des ressources naturelles.

 

Le maintien du stock de capital naturel permet de diminuer certains de ses composants si dÕautres augmentent de manire proportionnelle.  Mais ici encore, comme pour la soutenabilitŽ faible, viennent les problmes de la mesure (valorisation) dÕune rŽduction dÕun composant du capital naturel par rapport ˆ une augmentation dÕun autre de ses composants et de la valorisation de ce capital naturel (ou de sa perte) dans le PIB.

 

Par ailleurs, les notions Žcologiques et dՎquitŽ Žtant privilŽgiŽes par rapport aux notions Žconomiques, en soutenabilitŽ forte, lÕargument de non dŽcroissance du capital naturel global empche toute pollution nette, donc, in fine, toute croissance Žconomique (vu que le capital naturel est un input pour la production de biens et services).  De mme, les gŽnŽrations futures ont autant de valeur que les gŽnŽrations prŽsentes ; le futur nÕest donc pas valorisŽ de manire Žconomique.  On rejoint donc ici des propos semblables ˆ ceux dŽfendus il y a plus de trente ans dŽjˆ par les chercheurs du Club de Rome.

 

Valorisation du futur, du bien-tre et des biens environnementaux

 

Valorisation du futur : actualisation

 

LÕactualisation est un calcul Žconomique permettant de dŽterminer la valeur dÕun ou plusieurs montants futurs en date dÕaujourdÕhui.  Ce principe Žconomique rŽpandu et conforme aux comportements des agents Žconomiques est en adŽquation avec la soutenabilitŽ faible mais pas avec la soutenabilitŽ forte.

 

LÕactualisation est par exemple utilisŽe lorsquÕon compare des cožts ˆ supporter de suite et dont lÕinvestissement va rapporter des bŽnŽfices dans le futur.  Afin de savoir si lÕinvestissement est rentable, on compare les donnŽes en valeurs actuelles.  Le problme qui nous concerne plus particulirement tient dans la diffŽrence dÕhorizon temporel entre les investissements Žconomiques et Žcologiques.  En effet, si un horizon Žconomique standard se mesure en plusieurs annŽes (5 ˆ 10 gŽnŽralement), un horizon Žcologique peut sՎtendre sur plusieurs centaines dÕannŽes.  Par consŽquent, le processus dÕactualisation prŽsente un biais Žvident contre le futur pour des problmes environnementaux de long terme tels les changements climatiques ou la protection des forts.

 

Dans ces circonstances, on peut alors se demander pourquoi il convient nŽanmoins de procŽder ˆ une actualisation.  La rŽponse tient dans la nŽcessitŽ dÕune utilisation efficiente du capital.  Les ressources disponibles Žtant rares, Žconomiquement, il est souhaitable dÕinvestir lÕargent public lˆ o cela procure le gain de bien tre le plus grand pour la sociŽtŽ.

 

Le taux dÕactualisation peut nŽanmoins tre rŽvisŽ dans le cas de problmes environnementaux sur un trs long terme (en fonction, par exemple, du taux de rendement des bons dÕEtat ˆ long terme) et il peut mme, dans certains cas, spŽcifiques et rares, avoir une valeur nŽgative (Portney et Weyant, 1999).  Les critiques (nombreuses) sur le taux dÕactualisation ne sont pas des ŽlŽments probants pour rŽfuter, dans la globalitŽ, cette technique Žconomique de calcul, qui doit nŽanmoins tre adaptŽe et corrigŽe en fonction des spŽcificitŽs de certains problmes environnementaux.

 

Valorisation des biens environnementaux : le capital naturel

 

Comment Žvaluer la perte dÕune fort (rŽduction de capital naturel) si on la compare ˆ lÕaugmentation de capital physique ou ˆ une activitŽ de reboisement dans un autre endroit (augmentation de capital naturel) ?  Pour que les ŽlŽments du capital naturel soient commensurables, il faudrait quÕils soient commercialisŽs et que le prix du marchŽ reflte leur valeur sociale.  Or, de nombreux services Žchappent aux marchŽs et doivent donc tre monŽtisŽs en fonction dÕune technique existante.

 

Certains chercheurs refusent lÕidŽe dÕune Žvaluation des actifs environnementaux.  Le but nÕest pas ici de dŽterminer qui a raison (des arguments intŽressants existant dans les deux cas) mais, de manire pragmatique, la monnaie est le dŽnominateur commun le plus simple entre tous les actifs et donc aussi entre les diffŽrents actifs environnementaux et elle permet de valoriser les Žvolutions du stock de capital.

 

DÕautres chercheurs mettent en avant la difficultŽ de monŽtiser un actif environnemental de manire rŽaliste.  Des techniques de plus en plus dŽveloppŽes existent depuis un certain nombre dÕannŽes, mais il est Žvident que les mŽthodes de calcul ne relvent pas dÕune science exacte et sont donc imparfaites.  De plus, certains actifs environnementaux ˆ priori sans valeur peuvent nŽanmoins en avoir une (Heal, 2000, donne lÕexemple dÕune variŽtŽ de riz non commercialisŽ qui a permis de lutter contre un virus dŽcimant le riz commercialisŽ rŽcoltŽ en Asie).

 

Valorisation du bien-tre et de la croissance Žconomique Š le PIB

 

Le PIB est une mesure gŽnŽrale de la santŽ de lՎconomie et du bien-tre de la population, mais il ne comprend pas, entre autres, les services environnementaux.  Autrement dit, une mauvaise intŽgration du capital naturel fausse le bien-tre obtenu et la soutenabilitŽ peut donc ne pas tre mesurŽe correctement.

 

On peut distinguer, grosso modo, trois ŽlŽments ˆ prendre en compte pour modifier le calcul du PIB et/ou pour obtenir une mesure plus correcte du bien-tre social.  Premirement, il semble logique dÕintŽgrer la dŽprŽciation du capital naturel dans le calcul du bien-tre puisque la dŽprŽciation du capital physique est comptabilisŽe (dans le calcul du PIB vers le PIN).  Deuximement, le PIB ne tient pas compte de la dŽgradation de lÕenvironnement suite ˆ la production et ˆ la consommation des biens et services.  Troisimement, les dŽpenses dŽfensives consacrŽes ˆ la dŽfense ou la restauration de lÕenvironnement sont assimilŽes ˆ une augmentation du PIB alors quÕelles nÕexistent que par mesure de protection du capital naturel.  Ces diffŽrentes remarques laissent penser que le PIB Š et donc le bien-tre social Š est gŽnŽralement surestimŽ.  Prendre ces ŽlŽments en compte permettrait de mieux dŽterminer la vraie croissance.

 

Tendre vers la soutenabilitŽ

 

La soutenabilitŽ faible impose ˆ lÕobjectif Žconomique de maximisation du bien-tre dans le temps sous contrainte de maintien du stock de capital.  Cela permet de dŽterminer que certaines pratiques, telles les utilisations intensives de ressources non-renouvelables, une augmentation rapide de la population ou un taux dÕactualisation ŽlevŽ, ne sont pas soutenables.  De mme, certaines politiques favorisant lÕexploitation des ressources, telles le libre accs, et lÕexistence dÕexternalitŽs vont Žgalement ˆ lÕencontre de la soutenabilitŽ. 

 

Les principes classiques venant de lՎconomie du bien-tre ou de lÕenvironnement, tels lÕinternalisation des externalitŽs, lՎtablissement, lorsque cÕest possible, de droits de propriŽtŽ et la rŽduction de certains subsides acquis par les lobbies industriels ; et ceux venant de la gestion des ressources naturelles, tels la gestion des ressources en fonction du rendement maximum soutenable et la nŽcessitŽ dÕun prix pour la ressource, vont dans la bonne direction.  Mais cela ne signifie pas que ces corrections sont suffisantes.  Encore convient-il de gŽrer correctement le problme de lÕactualisation et des autres valorisations environnementales et les modifications de calcul du PIB. 

 

Ces techniques restent bien Žvidemment Žconomiques.  Elles ne prŽtendent donc pas dŽterminer ce qui est soutenable ou pas dans sa globalitŽ mais simplement ce qui est soutenable dans la perspective dÕune allocation efficiente des ressources rares.

 

En se dŽmarquant dÕune analyse Žconomique pure, la soutenabilitŽ forte accepte le principe de maximisation du bien-tre dans le temps en imposant la contrainte de maintien du stock de capital naturel et la mise en Žquivalence des gŽnŽrations actuelles et futures (refusant donc lÕidŽe dÕactualisation). 

 

Cela ne signifie pas que la correction des dŽficiences de marchŽ ou le rejet du taux dÕactualisation rend les politiques automatiquement soutenables.  Encore faut-il que le capital naturel et le PIB soient correctement mesurŽs.  Cela ne signifie pas non plus quÕune politique soutenable au sens fort est Žconomiquement dŽfendable puisque la croissance est alors impossible.  Et cela ne signifie pas non plus quÕune politique optimale au niveau Žconomique, aprs correction des externalitŽs et valorisation correcte des variables environnementales, est nŽcessairement soutenable Š elle peut lՐtre au sens faible mais ne le sera certainement pas au sens fort.

 

LՎconomie de marchŽ et lÕanalyse nŽo-classique vont elles ˆ lÕencontre la soutenabilitŽ ?

 

CÕest une assertion frŽquente de nombreux critiques de lՎconomie et de ses mŽthodes dÕanalyse.  On a vu prŽcŽdemment que ce nՎtait pas le cas si on se place dans la perspective de la soutenabilitŽ faible, adoptŽe par de nombreux Žconomistes nŽo-classiques (reprŽsentant la toute grosse majoritŽ des Žconomistes).  Heal (2000) montre encore, au moyen de diffŽrents exemples, que lÕanalyse Žconomique peut en fait aider ˆ la soutenabilitŽ.  Deux critiques de lՎconomie sont reprises ci-dessous et mises en parallle avec des exemples de Heal.

 

Par rapport ˆ la valorisation des biens environnementaux, refusŽe par certains ; lÕAcadŽmie Nationale des sciences aux USA estime quÕun tiers de la valeur des produits pharmaceutiques amŽricains (plus de 60 milliards de dollars) provient des plantes et insectes venant essentiellement des forts Žquatoriales.  La valorisation de ces services rentre dans le calcul du bŽnŽfice de lÕexistence de la fort Žquatoriale, rendant par consŽquent le dŽboisement moins intŽressant du point de vue de lՎconomie du bien-tre.

 

Par rapport ˆ lÕanalyse cožts-bŽnŽfices refusŽe par certains ; la destruction de micro-organismes purifiant lÕeau dans lՎtat de New York risque de nŽcessiter des cožts de construction et de maintien dÕusines dՎpuration dÕeau ˆ comparer avec le bŽnŽfice engendrŽ par lÕassainissement des sites en question.  Dans ce cas prŽcis, une analyse cožts-bŽnŽfices a permis opter pour lÕassainissement des sites pour un montant bien moindre que ce qui Žtait prŽvu ˆ lÕorigine avec la construction dÕusines dՎpuration.

 

Le Costa Rica et Merck (groupe pharmaceutique) ont un accord de versement dÕun montant brut pour la collection de spŽcimens locaux et de royalties en cas de commercialisation de mŽdicaments par le groupe pharmaceutique.  Cela permet au Costa Rica de nŽgocier en cash, le cas ŽchŽant, sur le marchŽ financier un paiement hypothŽtique futur avec transfert de risque.  Cet accord est donc rŽalisŽ au bŽnŽfice des deux parties et du bien-tre social.

 


Bibliographie

 

Articles et livres

 

Hartwick, J. (1977) : Intergenerational Equity and Investing Rents from Exhaustible Resources, American Economic Review, 67(5), 972-974.

 

Lomborg, B. (2001) : The Skeptical Environmentalist : Measuring the Real State of the World, Cambridge University Press.

 

Meadows, D.,  D. Meadows, J. Randers and W. Behrens (1972), The Limits to Growth : A Report for the Club of RomeÕs Project on the Predicament of Mankind, Universe books.

 

Meadows, D., D. Meadows and J. Randers (1992) : Beyond the Limits : Global Collapse or a Sustainable Future, Earthscan.

 

Portney, P. and J. Weyant (Ed.) (1999) : Discounting and Intergenerational Equity, Resources for the Future.

 

Simon, J. (1981) : The Ultimate Resource, Princeton University Press.

 

Solow, R. (1991) : Sustainability : An EconomistÕs Perspective, reprinted in Stavins (Ed) (2000) : Economics of the Environment, Norton.

 

World Commission on Environment and Development (1987) : Our Common Future, Oxford University Press.

 

Manuels dՎconomie de lÕenvironnement et lՎconomie Žcologique traitant du dŽveloppement durable

 

Daly, H. and J. Farley (2004) : Ecologicla Economics, Island Press.

 

Faucheux S. et J-F Noel (1995) : Economie des ressources naturelles et de lÕenvironnement, Armand Collin.

 

Harris, J. (2002) : Environmental and Natural Resource Economics : A Contemporary Approach, Houghton Mifflin.

 

Heal, G. (2000) : Nature and the Marketplace, Island Press.

 

Kolstad, C. (2000) : Environmental Economics, Oxford university Press.

 

Pearson, C. (2000) : Economics and the Global Environment, Cambridge University Press.

 

Perman, R., M. Yue, J. McGilvray and M. Common (2003) : Natural Resource and Environmental Economics, Third Edition, Pearson Education.

 

Turner, R.K., D. Pearce and I. Bateman (1993) : Environmental Economics : An Elementary Introduction, Johns Hopkins Press.