LA LETTRE LECTRONIQUE DE
LÕASSOCIATION FRANCOPHONE DÕANTHROPOLOGIE DU DROIT
n” 16 - le 19 mars 2005
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S O M M A I R E
Radiophonie : tienne Le Roy
Opinion : Grard Pommier
Vient de paratre : la situation foncire au Pays
Basque / legal pluralism in India / l'Europe dans sa premire
croissance / Napolon / penser les frontires de l'Europe
Appel contributions : lÕUE : projets de
socit en devenir /
Formation : quelles perspectives pour la
recherche juridique / positivisme v. droit naturel / la force publique et ses
usages / droit, cultures et institutions juridiques des pays dÕAfrique /
Information : le lexique du fminin /
discriminations / histoire de la Wallonie
Symboliques a(r)borignes
Radiophonie
Emission
de radio Š France-Culture Š 25/1/2005 Ē LES CHEMINS DE LA CONNAISSANCE Č
Il est 11h30 sur France Culture.
Il est lÕheure de retrouver Jacques Meunier pour les Chemins de la Connaissance.
Bonjour Jacques.
Jacques Meunier :
Bonjour Emmanuel, bonjour tous. Les Chemins de la Connaissance cette semaine, Ņ le juge et son office Ó.
AujourdÕhui, lÕanthropologie du droit avec Etienne Le Roy, professeur
lÕuniversit Paris 1.
Peu connue en France jusquÕ une date rcente, lÕanthropologie du
droit existe depuis le XIXme sicle.
Pour en rsumer lÕobjet, on pourrait dire quÕelle consiste mettre en
lumire le lien existant entre les systmes de reprsentations dÕune socit
donne et son droit.
Etienne Le Roy :
Oui et je dirai quÕil y a deux grandes dimensions qui constituent
comme une sorte dÕaventure intellectuelle. La premire, cÕest effectivement la
rencontre entre une conception de la socit saisie par le droit et une autre
conception de la socit qui est saisie par lÕanthropologie. Ce sont l, dans
nos socits, deux cultures scientifiques qui malheureusement sÕignorent trop
souvent et un de nos soucis, cÕest de les faire dialoguer. Deuxime dimension
et deuxime rencontre qui est encore plus captivante mais, bien entendu, beaucoup
plus difficile, cÕest faire se rencontrer travers les visions du monde de
chaque socit les conceptions et les pratiques du droit que lÕensemble des
civilisations ont dveloppes travers lÕhistoire. CÕest la grande exigence de
lÕanthropologie de dvelopper un savoir qui soit applicable lÕensemble des
socits ce qui, naturellement, est un dfi considrable parce que, dans les
contextes contemporains de mondialisation et dans lequel on croit quÕun droit
unique va merger, on sÕaperoit quÕau contraire une trs grande diversit
dÕexpriences juridiques continuent se maintenir et que, mme au sein de nos
socits, il y a de nouvelles aventures juridiques qui sont en train dÕmerger
et que les anthropologues doivent analyser, dont nous devons tmoigner. Parler
de l-bas, pour moi de lÕAfrique, sert aussi nous interpeller, interroger
notre propre culture. LÕAfrique est pour moi un miroir dans lequel nous
interpellons la manire selon laquelle nos socits ont dvelopp leurs
expriences.
J.M. : La
justice distributive
E.L.R. :
Ce que lÕon vise cÕest le bonheur du groupe, les thmes utiliss par les
langues dans lesquelles je travaille en particulier le wolof au Sngal
montrent que ce quÕon poursuit cÕest le bon du groupe et non pas le juste pour lÕindividu,
que donc ceci nous renvoie la comprhension que nous sommes en face de
socits communautaires dans lesquelles les conceptions des rglements des
conflits, de ce qui tient lieu de droit, sont naturellement originales et le
grand drame, au moins pour les Africains, cÕest dÕavoir ignor tout cela et,
depuis au moins un sicle et demi, depuis lÕaventure coloniale, cÕest dÕtre
pass devant une richesse tout fait exceptionnelle.
J.M. :
Dans certaines langues, dÕailleurs, Etienne Le Roy, le mot droit nÕexiste tout
simplement pas.
E.L.R. :
Oui, on dit pas, on parle pas du Droit, on dit quÕest-ce quÕil faut pour quÕune
socit se tienne droite. Et il y a par exemple les Nkomi du Gabon qui ont une
expression qui dit que la bonne socit est ogore ce qui veut dire se tenir droite, la mauvaise
socit cÕest celle qui est orego qui se tient penche et donc lÕidal cÕest
de construire une socit qui soit droite dans ses objectifs, dans ses
principes et conforme une certaine conception de la reproduction de la
socit. Tout cela nous concerne trs directement dans les crises de socits
que nous rencontrons actuellement.
J.M. :
Oui et puis des titres divers on voit bien aussi lÕimportance de ce regard
anthropologique dans nos propres socits qui sont souvent des socits
multiculturelles.
E.L.R. :
Dans ce domaine l, nous vhiculons un ensemble de reprsentations concernant
lÕide de la construction de la dmocratie, lÕide dÕgalit, lÕide
dÕuniversalit laquelle nous sommes trs attachs et qui, en mme temps, sont
des obstacles la comprhension de ce qui est en train dÕmerger au sein de
nos socits. Et vous avez parl de multiculturalisme, et cÕest bien de dont
il sÕagit : nous sommes en train de dcouvrir que nos socits sont dÕune trs
grande complexit. Et, malheureusement, nous avons pour les analyser des
instruments, en particulier juridiques, qui sont finalement trs rustiques,
trs simples. Par exemple, un des grands enjeux que les socits
nord-amricaines avec toutes les difficults et contraintes quÕelles
connaissent sont en train dÕexprimenter cÕest bien de penser le multiculturel,
la complexit, cÕest de construire un dialogue interculturel, ce qui est
extrmement difficile malheureusement dans notre socit. Et l il faut vraiment
en parler, organiser disons une rflexion autour de cela.
J.M. : On
va voquer, Etienne Le Roy, notamment la figure du juge qui est en quelque
sorte le ple, centre de toute cette institution mais avant peut tre
titre de consquence ou dÕaboutissement de ces rflexions donc sur la nature
culturelle du droit, il y a trs concrtement chez nous cette tentative de
mettre en place ce que vous appelez des intermdiateurs culturels.
E.L.R. :
Nous rentrons l dans un champs passionnant mais en mme temps o les
difficults sont multiples et o lÕon sent bien combien nos socits sont
interpelles par la difficult de ce pluriculturalisme. CÕest lÕexprience qui
sÕest dveloppe au Tribunal pour Enfants de Paris depuis 1995-96 la suite de
travaux faits avec des magistrats franais, avec la Protection judiciaire de la
jeunesse, avec des ducateurs.... On a tudi la manire selon laquelle la
socit franaise saisissait les jeunes en difficult et selon laquelle,
travers lÕassistance ducative en particulier, elle construisait des formes de
prise en charge qui permettaient la re-socialisation des jeunes. Et lÕon sÕest
aperu que dans certains domaines en ce qui concerne en particulier les
familles africaines, les ponts nÕtaient pas possibles parce que les magistrats
nÕtaient pas prpars ce dialogue. Et comme nous avions lÕUniversit Paris
1, dans le Laboratoire dÕAnthropologie juridique de Paris que je dirige, des
tudiants africains de trs haut niveau en train de travailler sur certaines questions
juridiques ou judiciaires, nous leur avons demand dÕtre les intermdiaires
entre les magistrats franais et les familles africaines. Et nous leur avons
donn une formation pour quÕils puissent tre ces passeurs entre les mondes chargs dÕune double non pas traduction
mais transposition en expliquant aux familles africaines ce quÕattend la
justice et en expliquant la justice ce quÕattendent les familles parce quÕil
faut bien que la rencontre passe par une double acculturation, par une double
adaptation. Une dizaine de magistrats ont t pleinement impliqus dans ce type
de dmarche et cela produit pour des familles africaines des rsultats qui
suggraient une extension et une meilleure reconnaissance institutionnelle.
CÕest une dmarche qui malheureusement nÕa plus reu, aprs mai 2002, aucun
cho du ct de la Chancellerie, aucun cho du ct dÕun certain nombre
dÕacteurs de la Protection judiciaire de la jeunesse par exemple. Ce qui fait
que cette exprience est en train de battre de lÕaile, au moins, et peut-tre
va disparatre parce quÕil y a un refus de prise en compte de ce type de
dmarche. Je dois dire que cÕest, parmi toutes les expriences que jÕai
dveloppes dans ma carrire dÕenseignant-chercheur, la plus belle laquelle
jÕai t associ parce que cÕest une dmarche de formation la citoyennet.
J.M. :
Etienne Le Roy, revenons sur le terrain africain qui est le vtre et peut-tre
travers le regard justement un regard trs ethnocentr, le regard dÕun
voyageur gnois au XVme entre 1450 et 1452 qui nous dcrit comment, selon lui,
donc fonctionne cette justice coutumire en Afrique ce que lÕon peut rsumer,
quÕon croit pouvoir rsumer comme justement une justice de chef.
Texte dit par un comdien :
Ē Il se rend lÕhabitation du prince quantit de personnes
des habitations voisines. A lÕentre de sa maison, on rencontre une grande cour
qui conduit successivement six autres cours avant que dÕarriver son
appartement. Au milieu de chacune est un grand arbre, pour la commodit de ceux
que leurs affaires obligent dÕattendre. Tout le cortge du prince est distribu
dans ces cours suivant les emplois et les rangs (...) Il affecte beaucoup de
grandeur et de majest. On le voit chaque jour au matin que lÕespace dÕune
heure. Le soir il parat pendant quelques moments dans la dernire cour sans
sÕloigner beaucoup de la porte de son appartement, et les portes ne sÕouvrent
alors quÕaux grands de premier ordre. Il donne nanmoins des audiences ses
sujets ; de quelque condition que soient ceux qui viennent solliciter des
grces, ils sont obligs de se dpouiller de leurs habits, lÕexception de ce
qui leur couvre le milieu du corps. Ensuite, lorsquÕils entrent dans la
dernire cour, ils se jettent genoux en baissant le front jusquÕ terre, et des
deux mains ils se couvrent la tte et les paules de sable. Personne, jusquÕaux
parents du prince, nÕest exempt dÕune si humiliante crmonie. Les suppliants
demeurent assez longtemps dans cette posture. Enfin, lorsque le prince commence
paratre, ils sÕavancent vers lui, sans quitter le sable et sans lever la
tte. Ils lui expliquent leur demande, tandis que feignant de ne pas les voir,
ou du moins affectant de ne pas les regarder, il ne cesse pas de sÕentretenir
avec dÕautres personnes. A la fin du discours, il tourne la tte vers eux, et
les honore dÕun simple coup dÕoeil. Il leur fait part de sa rponse en deux
mots. Cet excs de soumission ne peut venir que dÕun excs de crainte :
cÕest--dire que les ngres se voyant enlever leurs femmes et leurs enfants par
ceux qui les surpassent en richesses et en puissance prennent lÕhabitude de
trembler devant les tyrans dont ils ont tant de mal craindre. Č Ca Da Mosto, vers 1450.
J.M. :
Voil une vision trs ethnocentrique donc mais, tout de mme, une des premires
descriptions de ce quÕtait la justice en Afrique.
E.L.R. :
Il y a deux ou trois intrts que lÕon peut trouver dans cette citation.
Premirement donc lÕanne, 1450, un des premiers textes dont nous disposions
sur lÕAfrique noire. Cela, cÕest extrmement intressant parce que cela nous
permet dÕavoir dj une ide des formes dÕanciennet de son organisation et en
mme temps nous avons l le point de dpart dÕune vision ethnocentrique qui va
associer la justice en Afrique la fois la chefferie et au despotisme. Et on
va donc avoir partir de cette priode lÕide que ncessairement la justice en
Afrique est une justice qui ne correspond pas lÕide quÕen Occident on a de
la justice et donc progressivement on va avoir un systme dÕexplication, une
construction intellectuelle, dont toutes les consquences vont tre tires au
XIXe sicle lorsque va mettre en place lÕpoque coloniale une organisation
judiciaire deux dimensions dont lÕune est la transposition du modle
mtropolitain et lÕautre est en fait une transformation des modes des
rglements des conflits selon un principe de description qui a t
progressivement forg durant les 3 sicles prcdents.
J.M. : Et
qui est totalement caricatural.
E.L.R. :
Ce quÕon appelle la justice indigne
J.M. :
DÕun autre ct, Etienne Le Roy, ce qui se dessine en filigrane derrire cette
image de chef concdant la justice, accordant son pardon ou au contraire sa
condamnation, cÕest un peu le modle du magistrat aussi chez nous qui est au
centre, au sommet de lÕinstitution judiciaire.
E.L.R. :
Et mme cÕest la figure du souverain telle quÕelle est en train dÕmerger
partir du XIII-XIVme sicle en France. Ce qui est dcrit dans ce texte et qui
concerne un souverain Wolof du Sngal et les formes dÕorganisation judiciaire
qui mergent au milieu du XVme sicle, la fin de notre Moyen-Age, cÕest la
transposition de notre modle, presque blanc bonnet et bonnet blanc si je puis
me permettre, et donc on ne voit que ce quÕon a envie de voir. Les observateurs
de cette poque ne sont dj plus capables de percevoir lÕoriginalit de
situation et donc cherchent ce qui nous ressemble avec progressivement lÕide
que nous sommes la pointe dÕune civilisation et que donc tous les peuples
attards doivent sÕinscrire dans nos conceptions de la socit et de la
justice.
J.M. :
Alors un autre exemple que vous citez, un document que vous citez dans votre
livre Les Africains
et lÕInstitution de la Justice,
Etienne Le Roy, cÕest donc quelques dcennies plus tard Louis Moreau de
Chambonneau qui tait un espce dÕambassadeur de Louis XIV et qui dcrit vers
1673 donc une cour de justice coutumire.
[NB : Moreau de Chambonneau tait le reprsentant dÕune compagnie
charte. ELR.]
Texte dit par un comdien :
Ē Quant
la justice, elle est administre par leurs marabouts qui seuls ce droit
appartient. La justice est nomme en langue ngre Ē yione hilla Č, qui est en
franais Ē la voye de Dieu Č. Aussi ils la rendent gratuitement et au mme
temps quÕelle est demande par les parties. Car si tost quÕune personne
mcontente dÕune autre ou pour paiement ou quoique ce soit lui a dit le Ē hione
hilla Č, la partie est oblige de la suivre chez le marabout du village lequel,
aprs avoir entendu leur diffrend, regarde dans le livre de la loi o il
cherche le chapitre qui en traite, et comme le livre chante le marabout
prononce : cÕest la sentence et il nÕy a point dÕappel et pour le faire
excuter il ne faut point chercher dÕarcher ni sergents quÕils ne connaissent
seulement pas. Il faut que la partie qui gagne soit satisfaite, tout le monde
en ferait plutt sa cause. Ce sont eux (les marabouts) qui font les partages
des successions qui ne consistent quÕen meubles, bestiail, mil et autres
choses. Il nÕy a point dÕimmeuble parmi des ngres et aucun hritier ne
touchera rien quÕauparavant les debtes du dfunt ne soient payes Č (Ritchie, 1968, p.324).
J.M. :
DÕaprs ce texte Etienne Le Roy, cÕest le marabout qui rend la justice ?
E.L.R. :
L il sÕagit dÕune situation particulire ? Nous sommes toujours au Sngal. La
socit est en train de sÕislamiser. Les souverains ont confi aux marabouts
qui sont des lettrs et donc qui ont une capacit de grer lÕadministration de
ces tats qui sont en train de se dvelopper, donc ils ont confi une mission
de justice pour ceux qui se dclarant musulmans sont susceptibles de se
prsenter devant les marabouts. Il y a dÕautres instances de rglement des
conflits. Je dirai mme que cÕest extrmement sophistiqu dans ce type
dÕorganisation. Ė ce niveau-l, il y a au moins 6 types de juridictions. Je
nÕen cite ici quÕun seul exemple. Ce qui me parat important et la raison pour
laquelle je vous ai propos de lire ce texte cÕest lÕide que, parce que le
litige a t rgl au coeur du groupe entre nous entre musulmans. Dans ce cas,
il y a adhsion totale et cÕest parce que le conflit a t rgl lÕintrieur
de ce groupe quÕil prend sens et quÕil est immdiatement, cÕest trs clair,
excut par les partis. On dit quÕil nÕest pas possible de mobiliser des archers
parce quÕils nÕexistent pas. LÕide de bon rglement des conflits je ne dis pas
de bonne justice, mais de bon rglement des conflits est li par principe au
fait que le rglement doit venir du sein du groupe. On va en trouver une
illustration ensuite lorsquÕAmadou Hampt Ba va, travers ses mmoires, nous
rappeler la manire selon laquelle fonctionnent des petites communauts, des
classes dÕges. Dans lÕhistoire quÕon va dcouvrir tout lÕheure ce sont des
enfants de 10 12 ans qui se donnent une organisation totalement type, je ne
dirai pas strotype, cÕest--dire relevant des formes dÕorganisation de la
socit en classes dÕge lesquelles sont lÕarmature mme de la socit et
auxquelles est associe une forte responsabilit des acteurs. CÕest chacun
faire son droit. CÕest chacun assumer le sens de ses engagements. Je dirai
presque non pas de rendre justice mais dÕtre homme de justice avec tous les
hommes et toutes les femmes qui participent la prise en charge de diffrends.
Quelque chose qui est trs important et trs tonnant cÕest que ce que nous
appelons justice, les Africains lÕappelleraient presque thrapie, thrapie
collective ventuellement. Il y a tout un ensemble de groupes chez les Bantou
en Afrique centrale o, effectivement, les rglements des conflits sont
associs des vritables cures, des cures mdicales avec utilisation dÕherbes,
de drogues. Dans dÕautres socits, (amrindiennes ou sibriennes) ce sont les
chamans qui vont avoir ce type de fonction.
J.M. :
Les anthropologues aiment bien parler des leons que nous donnent justement ces
peuples traditionnels ou leur mythe. L, en lÕoccurrence, on voit bien la leon
qui nous est donne concernant la responsabilit du groupe lÕgard de chacun
des individus.
E.L.R. :
Je pense quÕon aura la possibilit de revenir sur ce point parce que cÕest une
question vraiment essentielle. Les Africains nous disent que lÕon est
responsable de nos diffrends et que la seule faon de pouvoir les assumer est
de rgler les problmes au sein du groupe qui lÕa vu natre. Nous, nous faisons
appel une instance extrieure et suprieure que nous appelons la justice et
nous croyons que le bon rglement des conflits vient de la mobilisation de
cette instance. Nous attendons du juge la neutralit qui est pour nous le gage
de la bonne justice et, si on a du temps tout lÕheure, on reviendra justement
sur cette figure du juge, franais, moderne, occidental, en fait un hritage
judo-chrtien parce que cÕest l o il faut remonter pour comprendre la fois
lÕimportance de cette figure du juge moderne et en mme lÕorigine dÕune
certaine faon, assez dsastreuse, de nous comporter de manire irresponsable
en laissant dÕautres le soin de rgler les problmes que nous causons la
socit.
J.M. :
Alors peut-tre avant, puisque vous lÕavez voqu, coutons ce texte extrait
des mmoires dÕAmadou Hampt Ba.
Ē Une fois
ce conseil institu, nous laborons nos rglements intrieurs peu prs
semblable ceux de toutes les autres associations. Les effractions taient
juges en premier ressort pour le kadi. Le contrevenant pouvait en appeler au
chef, puis en un troisime stade lÕassemble gnrale prsid par le doyen.
Les peines prvues taient gradues. Elles consistaient pour les infractions
les plus lgres payer des amendes en cauris ou en noix de cola, tre jet
la mare tout habill ou douch avec des calebasses remplies dÕeau. Pour les
dlits trs graves, la peine pouvait tre dÕun dix coups de fouets voire
lÕexclusion temporaire ou dfinitive. Les sances devaient tre prsides par
le chef qui tait assist du second chef et du kadi. Les runions plnires
taient hebdomadaires en saison sche et mensuelles pendant la saison des
pluies appele hivernage. Il pouvait y avoir aussi des runions imprvues
dcides par le chef et annonces par les griots Č.
J.M. :
Voil cÕtait donc les mmoires dÕAmadou Hampte Ba. On voit bien, on entend
bien dans ce texte que cette justice coutumire repose quand mme sur une
organisation sophistique.
E.L.R. :
Oui malheureusement on nÕa pas le temps de rentrer dans les dtails parce que
cÕest vraiment de sophistication dont on peut parler. Vous remarquez quÕun
groupe de jeunes garons entre 10 et 12 ans se donne un rglement intrieur
dans lequel on a un principe dÕorganisation hirarchique de la prise en charge
du problme avec, chaque niveau, des sanctions qui sont prvues et qui sont
effectivement mises en oeuvre par des acteurs qui sont responsables de cette
mise en oeuvre. Nous sommes vritablement l en face dÕun mode de penser la
reproduction de la socit travers la responsabilit de chacun faire la
paix et vivre de manire plus ou moins consensuelle avec ses voisins, avec
ses proches et mme avec ceux qui sont considres comme les trangers et qui
pourraient devenir les ennemis. Et donc ce quÕil y a de passionnant cÕest que
tous ceux qui participent ce type de dmarches sont lis par des formes de
parent , en particulier Ē plaisanterie Č qui sont en fait plus exigeantes
peut-tre encore que le sont les formes de parent lies la filiation. Il y a
l, jet sur la socit, un espce de filet de formes dÕaffiliation chaque
groupe puis de formes de complmentarit entre les groupes qui permettent de
comprendre que les socits taient fortement soudes malgr lÕimage ngative
que lÕon en donne. taient-elles des socits plus consensuelles ? Je sais pas.
Pacifies ? Je ne sais pas non plus . Mais quÕelles aient t des socits qui
taient responsables, cela jÕen suis certain.
J.M. : Et
communautaires.
E.L.R. :
Et communautaires, donc un sens du partage que nous avons perdu en France. Nous
parlons de communaut actuellement mais cÕest une diabolisation de lÕide de
communaut. CÕest tellement caricatural que je trouve que cÕen est mme dangereux
pour lÕide de dmocratie en disqualifiant par principe des formes
dÕorganisation sociale qui ne correspondent plus notre mode de vie mais qui
furent lgitimement celles de nos anctres.
J.M. :
Certes, alors on ira tout de mme dans ce texte trouver au sommet de cette
organisation de la justice la figure du kadi qui est lÕquivalent du juge.
E.L.R. :
Le Kadi cÕest une figure trs particulire, cÕest le juge musulman. Et donc le
juge musulman nÕintervient que lorsquÕil y a des Musulmans, cÕest une tautologie.
Et lÕislam, tout en sÕtant trs fortement dvelopp dans les 150 dernires
annes, ne concerne lÕpoque de ces rcits quÕune petite partie de lÕAfrique.
Par ailleurs, il a dÕautres modes de rglements des conflits, avec dÕautres
figures qui sont des figures moins de juges, que des figures de lieurs. CÕest
une ide extrmement ancienne puisquÕon la retrouve dans lÕIliade qui est le
premier tmoignage dans lequel on retrouve cette figure de lieur, de celui qui
fait la paix et qui organise donc lÕensemble des relations qui vont permettre
aux individus qui se sont opposs de continuer vivre ensemble. Parfois cÕest
le chef de clan, parfois cÕest le chef du village ou parfois ce sont des
collectifs, des groupes de sages, dÕanciens qui prennent en charge ces
diffrends.
J.M. :
Alors Etienne Le Roy on a vu comment cette discipline de lÕanthropologie du
droit pouvait donc nous apporter des ides, ventuellement des solutions, dans
notre propre conception de la justice mais vous allez plus loin cÕest--dire
que lÕanthropologie peut vous servir aussi observer avec une certaine
distance, un peu comme on fait de lÕanthropologie des mondes contemporains,
notre propre fonctionnement de la justice et en particulier cette figure du
juge.
E.L.R. :
JÕai eu effectivement trs souvent la possibilit dÕentrer en dialogue avec les
magistrats partir de lÕexprience que nous avons dveloppe propos de la
justice des mineurs. CÕest une justice atypique, quand jÕai commenc
travailler sur cette justice-l au dbut des annes 80 il y avait un slogan
stupide qui disait justice
des mineurs justice mineure.
Ce qui tait important cÕtait de comprendre que la figure du juge est en fait
un avatar de la conception que nous avons de Dieu : dans le livre de la Gense,
on nous prsente le crateur, Yahv, comme tant une instance extrieure,
suprieure, omnipotente et omnisciente. Et lÕtat moderne tel que nous lÕavons
cr est en fait un avatar de Dieu. Et le juge qui est lui-mme produit par
lÕEtat est un avatar de lÕavatar si je puis dire. Le juge se prsente
effectivement comme extrieur, extrieur parce que le principe de la neutralit
lui interdit dÕintervenir, suprieur ne serait-ce simplement que visuellement
dans une instance, omnipotent en principe il peut tout faire et omniscient sous
rserve quÕil fasse appel des experts. Et quand on fait remarquer ces
magistrats quÕen fait ils ont soit la figure de Dieu, soit la figure christique
comme rfrent, effectivement pose des problmes extrmement importants et en
mme temps cela nous renvoie au caractre extrmement symbolique mais aussi
une certaine fragilit de la fonction en tous cas une trs grande difficult
assumer lÕensemble des fonctions qui sont lies celle dÕun magistrat et qui
font que, moi, jÕai un trs grand respect pour ceux qui ont le sens du service
public et qui acceptent de se dvouer au profit de notre communaut nationale.
J.M. :
Merci Etienne Le Roy.
Je rappelle que vous tes professeur lÕUniversit Paris 1 et que
vous tes lÕauteur du Jeu
des Lois une anthropologie dynamique du droit publi par LGDJ et la Maison des Sciences de
lÕhomme.
Les textes taient lus par Christophe Chne.
CÕtait lÕanthropologie du droit, deuxime volet de cette srie
consacre au juge en son office.
[Nous remercions Mme B. Mellier (LAJP) pour son travail de
transcription]
Opinion
Au nom du pre
par Grard POMMIER (Libration,
lundi 24 janvier 2005)
La filiation patronymique n'est pas seulement
le vhicule de valeurs patriarcales. Elle garantit symboliquement l'enfant sa
place parmi les siens.
Depuis le 1er janvier 2005, les parents
peuvent donner leurs enfants le nom de leur pre, celui de leur mre ou les
deux accols. Cette modification, rclame par le Conseil de l'Europe, ne correspond
pas vraiment l'volution des ralits familiales et elle contredit une
coutume fortement enracine. En France, la filiation patronymique est atteste
depuis le XIe sicle, mais cette pratique plonge en ralit dans la nuit des
temps. On la retrouve directement ou indirectement dans toutes les
civilisations. Certes, la coutume ne prouve pas l'quit d'un droit, et la
justice semble imposer que les femmes puissent transmettre leur nom au mme
titre que les hommes. Encore faut-il comprendre d'abord la raison d'un mode de
transmission si universel, et surtout ne pas confondre une oppression
patriarcale millnaire avec la fonction du nom propre. Ce nom commande
d'ailleurs non seulement l'ordre de la filiation, mais l'usage du langage
lui-mme, puisqu'il faut d'abord qu'un locuteur s'approprie son nom pour
utiliser le vocabulaire.
Il est vrai que, telle qu'elle est rdige, la
loi laisse le choix aux parents et, dans ces conditions, l'usage se perptuera
sans doute. On peut prvoir que l'immense majorit des enfants continueront
porter le nom de leur pre. En effet cette projection est permise grce un
chantillon significatif : celui des trs nombreux enfants ns hors mariage.
Leur mre aurait pu leur donner leur propre nom, mais, en 1995 par exemple, sur
257.000 enfants ns hors mariage 97 % d'entre eux portaient le nom de leur
pre. Encore faut-il ajouter que parmi les 3 % restants, un certain nombre
furent reconnus ultrieurement par leur pre.
Le lgislateur a donc pari franchement contre
l'usage, et aprs tout, il pourrait tre fond de lutter contre un esclavage,
mme s'il est consenti. Pourtant, les femmes sont-elles si stupides ? Ne
s'appuient-elles pas sur une intime conviction lorsque, trs majoritairement,
elles dcident de perdre le nom de leur pre pour prendre celui de leur mari,
et cela alors que la loi franaise ne les y a jamais obliges ? Dans le
prolongement de ce libre choix, n'ont-elles pas non plus l'intuition que leurs
enfants se trouveront mieux de porter le nom de leur pre ? Le nom propre est
bien autre chose que la fiche d'tat civil qui l'enregistre. Il signe dj un
certain rapport au sexe et la filiation, c'est--dire la vie et la mort.
Le nom est chose vivante, et il ne s'appose pas comme une tiquette sur un
enfant, de la mme faon qu'un mot dnote un objet. Les parents donnent un nom
leur enfant, mais cela ne suffit pas ! Encore faut-il que l'enfant prenne le
nom qui lui a t donn (ce qu'il refuse parfois). En prenant son nom, un
enfant affirme sa propre autonomie, et cela en se sparant de sa mre. Et il ne
le fera jamais si bien qu'en prenant un nom diffrent de celui qu'elle porte,
un nom qui lui permette de s'identifier, tout en gardant une place de roi
auprs d'elle. Voil ce qui lui sera facilit en prenant le nom de son pre, en
un combat qui affirme son droit l'existence. Il est clair que le symbole de
ce combat s'estompe, ou mme s'vanouit, si le nom donn l'enfant est
identique celui de la mre. Prendre le nom du pre rsume l'affrontement
oedipien pour la mre. Pourquoi un enfant se battrait-il pour tre la hauteur
de son nom, si celui qui lui est donn est celui de sa mre ? Le patronyme est
en ce sens le symbole de l'exogamie. Montrer la fonction du patronyme n'a rien
voir avec une dfense du patriarcat, dont personne ne regrette la
marginalisation progressive, mis part les divers intgrismes religieux.
La rupture du fantasme incestueux mre-enfant,
que symbolise le patronyme, apparat encore mieux si l'on considre le dsir d'avoir
un enfant, rien moins que naturel chez l'tre humain. Ce dsir dpend de
certaines circonstances et du lien avec un certain partenaire : sinon rien ne
se passe. Pourquoi, du ct fminin, un vague dsir de maternit va-t-il se
concrtiser brusquement lors de la rencontre d'un homme ? Le dsir d'enfant des
petites filles dpend d'abord de leur relation leur mre. Lorsqu'elles jouent
la poupe, elles n'ont pas ce bb imaginaire avec un homme, ou pour lui,
mais par rapport leur mre et pour tre mre sa place : elles veulent un
enfant pour cesser d'en tre un elles-mmes. Avant l'adolescence, ce n'est pas
de leur pre qu'elles l'attendent. Leur dsir d'enfant est d'abord aussi
maternellement incestueux qu'irralisable, sinon dans un rve avort ou mme
franchement dans un rve d'avortement. Avec le pre, il y a bien un jeu de
sduction qui affirme la fminit, mais il n'appelle pas la maternit. En
effet, la fminisation par le pre est dangereuse au-dessus d'un certain degr
de sduction, cause du risque fantasmatique d'un viol paternel. C'est cause
de ce fantasme qu'il faut fuir le pre, lui dire non pour dire oui un autre
homme. Il faut supprimer le pre, fantasme sur lequel est aussitt jet le
manteau de No de l'amour. Ce meurtre dguis en amour est l'ordinaire du
passage l'exogamie. Une femme demande un homme de la sauver de l'amour du
pre pour pouvoir jouir en scurit, trsor pour lequel elle change
volontairement le nom de son pre contre celui de son mari. Ce faisant, elle tue
symboliquement son pre sous le couvert de l'amour, et un dsir d'enfant pourra
lui venir alors titre de rparation. Si elle n'attend donc jamais directement
un enfant du pre, mais l'attend de l'homme qu'elle aime, et la faveur du
changement de nom. Le nom est ainsi investi, et d'abord par la femme, de sa
valeur patronymique, propice la filiation. C'est en ce sens que le Ēnom du
preČ a tant d'importance, symbole encore major si l'on considre
paralllement le dsir d'un homme d'tre pre. Un homme veut, certes, avoir un
enfant par amour pour une certaine femme, mais aussi avec le voeu secret de
supplanter son pre. Que l'enfant porte le mme nom que son grand-pre
fonctionne pour lui titre de rparation de ce fantasme parricide. Il veut
donner ce nom. Et comme la femme veut au contraire perdre le sien, on comprend
l'importance du nom du pre comme symbole de l'exogamie et de la filiation.
Grard Pommier, psychanalyste, matre de
confrences (Nantes).
Dernier ouvrage paru :
Comment les
neurosciences dmontrent la psychanalyse, Flammarion, oct. 2004.
Vient de paratre
La situation foncire au Pays Basque Š Pour une politique
publique dÕintervention foncire
Bernard de KORSAK, Christiane
CABANEL, Olivier BETH
FRANCE. Conseil gnral des ponts et
chausses;FRANCE. Inspection gnrale de l'agriculture
Paris
(Ministre de l'quipement, des transports, du logement, du tourisme et de la
mer), fvrier 2005, 45 pages, 30cm
La crise foncire que connat le Pays Basque
conduit, compte tenu d'une certaine paralysie des collectivits, la remise en
cause de son modle de dveloppement et au blocage de l'accs au logement. Le
prsent rapport analyse les causes de cette crise : l'attractivit de ces territoires
induit la spculation sur le march et par consquent, une panne du logement
social, cependant qu'on note une dfaillance de l'action publique, la
dstabilisation du modle agricole et la perturbation de l'identit de la
rgion. Il estime possible un dblocage de la situation, condition que
s'affirme une volont politique au service du partage d'un projet commun et
propose, pour ce faire, une planification territoriale, un plan d'urgence pour
le logement et la cration d'un tablissement public foncier.
Sommaire
Introduction
1 - La crise foncire que connat le Pays Basque conduit, compte tenu
d'une certaine paralysie des collectivits, la remise en cause de son modle
de dveloppement et au blocage de l'accs au logement
1.1 Un territoire attractif
1.2 Un march spculatif
1.3 Un habitat social en panne
1.4 Une action publique dfaillante
1.5 Un modle agricole dstabilis
1.6 Une identit perturbe
2 - Un dblocage est possible si une volont politique s'affirme au service
d'un projet commun partag
2.1 Une vritable planification territoriale
Relancer le SCOT Nord
Crer un troisime
SCOT
Institutionnaliser le
dialogue entre les 3 SCOT
Garantir la cohrence
entre les SCOT et les PLU
2.2 Un plan dÕurgence pour le logement
Elaborer des
programmes locaux de lÕhabitat lÕchelle de chaque SCOT
Elaborer et mettre en
¦uvre un programme dÕurgence pour le logement
2.3 Un tablissement public foncier
Mettre en place
lÕobservatoire foncier
Crer une cellule
dÕingnierie foncire
Crer un tablissement
public foncier local (EPF-L)
Envisager un EPF
d'Etat si d'ici 2006 aucun EPF-L nÕavait vu le jour
Conclusion
Annexe 1 - LETTRE DE MISSION
Annexe 2 - PERSONNALITES RENCONTREES
Consulter le rapport (887 Ko) tlchargeable
partir de la page :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/054000144.shtml
Legal Pluralism in India
(Indian Socio-Legal Journal)
Christoph EBERHARD & Nidhi
GUPTA (dir.)
Contenu :
C. Eberhard et N. Gupta : Legal Pluralism in India. An Introduction
A. Menon : Where
are the Forests ? Legal Pluralism and Land Use Change in the Kolli Hills
S. Rout : Whose
Forest is it ? Customary Rights and Legal PLuralism in Joint Forest Management
in Orissa
J. B. Rajan : Legal PLuralism on Fishing Rights in REservoirs : A Case
Study of Peechi Reservoir
R. Pant : From
Communities' hands to MNC's BOOTS : Impact of Transnational Processes of Law on
Right to Water - A Case Study from India
L. Holden : Divorcing
By Custom : Women's Agencies and Lawyers' Praxis in (un)Official Hindu Law
R. Patel : Women's
Rights to Property under Hindu Law : Gendered Entitlements and Traditional
Obligations
A. P. Singh : Legal Pluralism : The Essence of India's Classical Legal
Ordering
D. P. Hill : Decentralisation,
Politics and Legal Pluralism in West Bengal
D. Parthasarathy : Shifting Fields of Legitimacy : Globalization and Resistance
in a Historical Perspective
C. Eberhard : Beyond Legal Pluralism - A Dynamic and Intercultural
Approach to Law in India
Si ce numro vous intresse, vous pouvez le commander directement au
Prof. Agrawal, le
chief editor du Indian
Socio-Legal Journal : kbagrawal@hotmail.com
L'Europe dans sa premire croissance. De
Charlemagne lÕan mil
Pierre TOUBERT, Fayard,
484 p., 25 Ū
ŅLe Moyen Age total de Pierre ToubertÓ
L'historien reprend trente ans de recherches d'une
remarquable fcondit dans "L'Europe dans sa premire croissance".
Aprs de 73 ans, le mdiviste se dpeint en
chercheur timide et solitaire. Pourtant, voir ce professeur du Collge de
France si affable, lire la srie de colloques qu'il a anims ou le volume
d'hommages que lui ont offert lves et proches (Liber largitorius, Droz, 2003), on a peine le croire.
Il n'en dmord pas : "On peut tre solitaire en groupe, j'ai
suffisamment analys le phnomne monastique pour comprendre que la vie est une
dialectique entre l'eremus - le dsert - et le coenobium - la communaut monastique -." Pierre Toubert
s'inquite ainsi des logiques universitaires contemporaines, qui ne prservent
pas toujours la part personnelle de la recherche tant il a savour, du temps de
sa thse dans les annes 1960, "cette espce de bonheur... d'tre seul,
d'tre libre, de travailler comme je voulais".
Assurment, ce bonheur de l'historien d'alors
a produit des rsultats faire rver tout doctorant. Depuis sa parution en
1973, sa grande ¦uvre, Les
Structures du Latium mdival,
n'a cess d'tre un modle et de stimuler les tudes sur le Moyen Age central.
Toubert y mettait jour le fameux incastellamento, ce mouvement gnral de restructuration du peuplement et de
l'occupation du sol autour de villages fortifis, partir du Xe sicle, dont
l'analyse permet d'embrasser les enjeux conomiques, sociaux et politiques de
l'poque et qui toucha ensuite, avec de multiples variantes, tout l'Occident
mditerranen. Pas question, pour autant, de rduire son Latium mdival ce
"dtonateur thorique" : "Les gens aussi me cassent les pieds,
commente-t-il avec bonhomie, on me dit : "Vous avez crit un bouquin de 1
500 pages sur l'incastellamento." Ce n'est pas vrai. J'ai un crit un
bouquin de 1 500 pages o il y a 150 pages sur l'incastellamento et 1 350 pages sur autre chose..."
"DYNAMISME MULTIFORME"
Ce souci d'une vue globale des socits ne l'a
jamais quitt, comme le montre sa rcente Europe dans sa premire croissance. De
Charlemagne l'an mil,
qui rassemble trente ans de recherches et s'intresse notamment au
dveloppement conomique du haut Moyen Age, avec clart et sens de la synthse,
mais non sans positions affirmes : Pierre Toubert souligne le dcollage
prcoce de l'conomie des temps carolingiens et, contrairement d'autres, son
"dynamisme multiforme".
On se tromperait pourtant, se focaliser sur
le titre de la thse, en croyant le jeune normalien nourri au structuralisme et
aux sciences sociales dans le Paris des annes 1950-1960 : "Ma culture
anthropologique tait superficielle et minable." Il avait certes parcouru
Marcel Mauss, lu Dumzil, mais Barthes n'tait qu'une lecture de dtente, comme
"la page littraire du Nouvel
Observateur".
Aujourd'hui, le propos est plus ferme : "Il faut avoir une culture
anthropologique, a c'est vident."
Mais elle ne peut servir de "cl pour
ouvrir les portes de vos propres armoires, vous devez vous dbrouiller tout
seul". C'est finalement la tradition des Annales qui imprime la marque la
plus forte : Marc Bloch, "LA rfrence", puis Fernand Braudel et la
gohistoire.
Toubert, catalan "plus que
pied-noir" malgr une enfance algrienne, fier de ses origines, ne
s'intresse gure aux villes et dvore les gographes. Le paysage est document.
Et l'on comprend mieux l'attirance de ce "type qui appartient une
culture priphrique" pour ces socits mditerranennes du Moyen Age et
les "caractres originaux" de leur "fodalisme". L'Italie
et les historiens italiens sont au c¦ur des propos de Toubert,
"pour les Italiens", "en Italie", rpond-il toute
question historiographique.
La Catalogne, ce sera le sujet de Pierre
Bonnassie, qui devient un ami. Sous leur codirection est rcemment paru Hommes et socits dans l'Europe
de l'an mil (P.U. du
Mirail, 2004). "The
two Peters" -
expression d'un collgue amricain que Toubert reprend amus - ne sont pas
toujours d'accord : la diffrence de Bonnassie, il "n'a jamais trouv
une vritable capacit d'innovation ou de rsistance dans les communauts
rurales" mdivales. "Il est rest plus marxiste que moi" et
moins pessimiste... Dans leur priode de formation, en effet, "on tait
marxiste comme a, on ne se posait mme pas la question ; faire l'histoire de
la socit, c'tait faire l'histoire du pouvoir, faire l'histoire des rapports
de production, faire l'histoire des rapports de force. Et mon ide a toujours
t, et finalement elle le demeure - c'est ce que je dveloppe mme dans
L'Europe dans sa premire croissance - qu'il y a toujours eu une logique
d'esprit capitaliste... Les gens ont toujours eu l'intelligence et la capacit
de se demander comment dans un systme de structure donn, on pouvait tirer le
maximum du capital qu'on avait".
Les runions du groupe communiste de l'ENS
n'ont pas conduit l'historien un engagement durable :"Je n'ai jamais
transform l'essai." Il y eut bien quelques rudes manifestations :
"Celle qui m'a le plus marqu, parce que j'ai t lgrement tabass,
c'est celle pour les Rosenberg, c'tait un combat pour la justice. Qu'on soit
marxiste ou pas, on tait contre l'assassinat des Rosenberg... - un couple
d'Amricains accuss d'espionnage en faveur de l'URSS, condamns mort et
excuts en 1953 -. Je ne me suis jamais engag au point de souffrir d'avoir
me dsengager." Apais en politique comme dans ses positions
historiographiques, Pierre Toubert se rjouit l'vocation de son nouveau
projet : l'tude de la "Croisade des enfants" de 1212 : "Enfin
avoir le plaisir l'automne de sa vie de montrer comment on peut rimplanter
l'vnement et un vnement tout de mme microscopique dans la grande structure
de la croisade."
Nicolas Offenstadt
LE MONDE DES LIVRES, ARTICLE PARU DANS
L'EDITION DU 18.02.05
Napolon
Jacques BAINVILLE. Avant-propos de Patrice Gueniffey,
Gallimard, "Tel", 686 p., 15 Ū.
ŅNapolon, un apprenti sorcier ?Ó Judicieux
retour du "classique" de Jacques Bainville, historien et styliste.
Qui se souvient encore de Jacques Bainville, mort
56 ans en 1936, sinon, l'exception de quelques historiens et essayistes
clairs, les derniers rescaps d'une gnration d'avant-guerre en train de
disparatre ? Les tirages de ce grand bourgeois lgant et discret, membre de
l'Action franaise mais aussi diffrent de Maurras que le froid pourrait l'tre
du chaud, tout la fois chroniqueur et historien, taient pourtant parmi les
plus importants de sa gnration : 300 000 exemplaires pour son Histoire de France publie en 1924, et 200 000 pour son Napolon paru en 1931, que Gallimard rdite
aujourd'hui avec un avant-propos plus que consquent de Patrice Gueniffey.
Gueniffey, dans ce qui s'apparente autant un
trs bel essai sur Bainville qu' une prface critique de son Napolon, pose
les (bonnes) questions qui sous-tendent toute entreprise de rdition d'un
texte d'histoire vieilli par le temps, celles de sa fabrication, c'est--dire
celles du temps de l'historien comme des rapports que ce dernier entretient
entre le prsent dans lequel il crit et le pass de son tude. Dans ce sens,
Jacques Bainville peut tre considr comme l'un des derniers reprsentants de
ces "historiens- ns" avec Augustin Thierry et Franois Guizot, qui,
travers tout le XIXe sicle, ont tent d'expliquer - voire de lgitimer - le
prsent la lumire du pass. C'est l o le Napolon de ce royaliste
atypique, dreyfusard lorsque ses amis poursuivaient Dreyfus de leur haine, de
ce pessimiste clairvoyant obsd par la question allemande, prend toute sa
dimension.
LES GERMES DE LA DMESURE
La Nation, la Rvolution et la Rpublique.
Telle est l'quation dans laquelle Bainville inscrit son personnage. S'il
consolide momentanment la Rpublique, le coup d'Etat du 18 brumaire ne termine
pas, selon lui, une Rvolution dont les germes de la dmesure et de la discorde
existaient bien avant que Bonaparte ne s'en empare.
L'auteur nous montre ainsi un Bonaparte, non
pas dmiurge, mais enferm, voire prisonnier d'une Rvolution laquelle il
finira par renoncer en 1815 tout en la transfigurant Sainte-Hlne en
s'imposant pour la postrit comme le pre des nations europennes. En
s'habillant de cette lgitimit nationale comme d'un habit de lumire qui cache
les guenilles de Longwood, Napolon ressaisit in extremis un destin qui lui
chappe et prpare tout la fois les catastrophes venir. L'auteur de
l'galement clbre en son temps Bismarck
et la France (1907),
Cassandre d'une Allemagne hgmonique capable de balayer une Rpublique
fragilise par le jeu instable des partis, fait de Napolon la fois un
apprenti sorcier et un allumeur de mche lente, en particulier celle, trs
explosive, du nationalisme allemand. "Sauf pour la gloire, sauf pour
l'art, conclut-il, il et probablement mieux valu que - Napolon - n'et jamais
exist."
Dans le sillage d'Albert Sorel, mais avec sa
voix propre et l'arme d'une criture magnifiquement classique, Bainville ne
s'inscrit pas pour autant dans la tradition pamphltaire et noire de
l'historiographie napolonienne. Il se contente de camper Napolon en joueur
gnial d'une partie perdue d'avance.
Emmanuel de Waresquiel
LE MONDE DES LIVRES,
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 18.02.05
Penser les frontires de l'Europe du XIXe au
XXIe sicle
Gilles PCOUT. Presses de Normale Sup' / PUF, 22 EUR -
220 pages - ISBN 782130-543015 2004
Rsum :
Faut-il donner lÕEurope nouvelle des frontires prcises?
LÕactualit de lÕlargissement de lÕUnion europenne invite enrichir la
rflexion en privilgiant la perspective historique. Un peu de recul sÕimpose
en effet pour dpasser le seul inventaire des atouts et des handicaps des pays
candidats. Penser les frontires de lÕEurope suppose que lÕon s'interroge sur
le rapport entre au moins trois dfinitions de lÕEurope : lÕEurope comme
continent gographique, lÕEurope comme construction politique cohrente et
unitaire et lÕEurope comme mtaphore de la civilisation occidentale. Depuis le
XIXe sicle, le lien unissant ces trois acceptions de lÕEurope a chang. Il
faut en avoir conscience si lÕon veut recourir la tradition historique pour
clairer les chemins de lÕintgration europenne. Cet ouvrage, fruit dÕune
entreprise collective et surtout dÕun dialogue entre chercheurs franais et
chercheurs, venus des pays europens concerns par lÕlargissement, permet
dÕenvisager les fondements historiques des dbats actuels et lÕexistence de
critres de dfinition dÕune Ē europanit Č gomtrie variable.
Gilles Pcout est professeur des universits lÕcole normale
suprieure o il enseigne lÕhistoire contemporaine et directeur dÕtudes
lÕcole pratique des Hautes tudes o il est titulaire de la chaire dÕhistoire
politique et culturelle de lÕEurope mditerranenne. Historien de lÕItalie, il
a notamment publi Naissance de lÕItalie contemporaine chez Nathan et effectu
lÕdition historique du Livre C¦ur dÕEdmondo De Amicis aux ditions Rue
dÕUlm.
Avec :
Maurice Agulhon Š Marc Aymes Š Nicotas Bauquet Š Phitippe Boutry Š
Christophe Charle Š Daniel Daianu Š Catherine Durandin Š Robert Frank Š Edita
Ivanickov Š Fabrice Jesn Š Jozef Laptos Š Jurgita Maciulyte Š Pierre Mirel Š
Pierre-Yves Pchoux Š Gilles Pcout Š Jean-Franois Prouse Š Kyriakos Pierides
Š Yves Plasseraud Š Bozo Repe Š Guillaume Sacriste Š Antoine Vauchez et
Franoise Waquet.
Sommaire :
Avant-propos, par Pierre MIREL
Introduction : Europe, que doit-on faire de ton histoire et de ta
gographie ? par Gilles PCOUT
Hritages europens.
LÕEurope des lettres, une Europe avant la
lettre ? Š Victor Hugo et l'Europe : les tats-Unis d'Europe, par Maurice
AGULHON
L'Europe de la Rpublique des Lettres, par
Franoise WAQUET
Les rseaux intellectuels europens au XIXe
sicle, par Christophe CHARLE
Frontires de lÕEurope et frontires europennes depuis le
XIXe sicle.
Jusqu'o va l'Europe au XIXe sicle ? par
Gilles PCOUT
Des frontires pour l'Europe ? par
Pierre-Yves PCHOUX
L'Europe des juristes par Antoine VAUCHEZ et
Guillaume SACRISTE
Les frontires balkaniques : frontires
europennes ou frontire de l'Europe ? par Fabrice JESN
Les dbats sur l'largissement de l'Europe
avant l'largissement, par Robert FRANK
Rome, capitale de l'Europe ? par Philippe
BOUTRY
Pays candidats : dialogues sur l'Europanit
XIXe-XXIe sicle. Les pays baltes
I : Les racines occidentales des pays baltiques, par Yves PLASSERAUD
Les pays baltes II : L'adhsion de la
Lituanie l'Union europennne, par Jurgita MACIULYTE
Chypre I : Une histoire d'europanit
chypriote, par Marc AYMES
Chypre II : Chypre et l'largissement,
par Kyriakos PIERIDES
Hongrie : L'impossible Ē retour en
Europe Č XIXe-XXe sicle, par Nicolas BAUQUET
Pologne : L'acquis europen et l'apport
de la Pologne : rflexions historiques, par Jozef LAPTOS
Roumanie I : Roumanie-Europe :
mmoires et perspectives, par Catherine DURANDIN
Roumanie II : La Roumanie et l'Union
europenne, par Daniel DAIANU
Slovaquie : Les Slovaques et
l'intgration europenne : perspectives historiques, par Edita IVANICKOVē
Slovnie : Les Slovnes et la question
des frontires europennes, par Bozo REP
Turquie : La Turquie est-elle
intgrable ? Quelques rflexions sur des frontires de part et d'autre
imagines, par Jean-Franois PROUSE
Appels communication
Designing the European Union / LÕUnion
Europenne : projets de socit en devenir
4me rencontre
internationale des jeunes chercheurs
Organised by/ Organise par
European Law Journal and/et Centre dÕtudes et de Recherches Internationales et
Communautaires (CERIC-CNRS-UMR-6201)
Universit de droit,
dÕconomie et des sciences dÕAix-Marseille III, Facult de droit et de science
politique and/et Collge dÕEurope de Natolin
Vendredi 18 et Samedi
19 novembre 2005
CALL FOR PAPERS/APPEL Ė CONTRIBUTIONS
LÕUnion
europenne : Projets de socit en devenir fait rfrence lÕactuel
dveloppement des politiques de lÕUE qui vont dterminer la forme future du
projet dÕintgration europen. Cette Rencontre sÕinscrit dans la continuit du
succs des prcdentes Rencontres Internationales des Jeunes Chercheurs (RIJC),
qui se sont tenues respectivement en 2002, 2003, et 2004. Elle a pour mission
de runir pour dbattre l'ensemble des jeunes chercheurs les plus prometteurs
dans le champ du droit europen des Universits de l'Union europenne, en
particulier ceux des nouveaux pays adhrents, des Etats qui sont candidats, des
pays du bassin mditerranen et dÕautres pays, tels que la Chine ou les tats
Unis. Elle offre la possibilit aux participants de prsenter leur meilleur travail
scientifique une audience compose de jeunes chercheurs ainsi que de
chercheurs plus confirms et de publier ensuite ces travaux sous forme
d'articles au sein du European
Law Journal et/ou de livre
(Editions Bruylant) destination dÕun public international. Cette rencontre,
une des premires de ce type en Europe, sÕadresse en premier lieu aux
doctorants.
Le dveloppement des politiques actuelles de
lÕUnion europenne influera de faon trs importante sur le futur du projet
dÕintgration europen. Ces politiques aideront dterminer la lgitimit de
lÕUE et rpondre la question : Ē Quelle sorte dÕEurope ? Č. Si certaines de
ces politiques continuent de suivre le chemin initialement trac par les
premires politiques de lÕUE, dÕautres sÕtendent dsormais dans des domaines
qui faisaient jusquÕ rcemment largement, sinon entirement partie de la
province des Etats membres. Les propositions devront traiter de nÕimporte quel
aspect du sujet, dont par exemple
į LÕducation, par exemple la comptence et
les politiques communautaires dans le champ de lÕducation, le processus de
Bologne, la relation du droit communautaire de lÕducation avec lÕAGCS,
į La culture, par exemple la protection de la
proprit culturelle, le droit et les politiques culturelles de lÕUnion
europenne (cinma, arts, etc.),
į LÕimmigration, par exemple le rgime du
droit dÕasile, la politique dÕaccueil des rfugis,
į La Scurit, par exemple coopration
policire et judiciaire en matire criminelle, mandat dÕarrt europen,
į La justice sociale, par exemple le droit et
les mcanismes de solidarit sociale, les modles sociaux europens, la
redistribution des revenus,
Il ne sÕagit bien sr que dÕexemples de thme
et non dÕune liste exhaustive ; toutes propositions prsentant dÕautres aspects
du sujet seront les bienvenues.
La Rencontre se tiendra durant un jour et
demi. Six ateliers seront constitus (deux par demi-journe). Chaque atelier
regroupera trois contributions et sera prsid par un chercheur confirm. Un
discutant jeune chercheur animera les dbats pour chaque atelier. Les langues
de travail sont lÕanglais et le franais.
Les frais de transport et de sjour des
intervenants seront pris en charge directement par les organisateurs de la Rencontre.
Des prcisions seront donnes lorsque la slection sera effectue.
INSTRUCTIONS POUR LES SOUMISSIONS
Soumission des contributions
Chaque proposition de contribution doit tre envoye Oana Andreea Stefan le 30 Mai 2005 au plus tard
par e-mail
: ostefan@coleurop.pl
par courier
: Oana Andreea Stefan, Academic Assistant, College of Europe, Natolin Campus,
Ul. Nowoursynowska 84, PL-02-797 Warszawa, Pologne
Les contributions peuvent tre rdiges en franais ou en anglais
Chaque proposition de contribution doit contenir les informations
suivantes
- Une page de prsentation contenant le titre de
l'intervention, le nom, prnom, l'institution d'origine, l'adresse complte
(tlphone, e-mail, fax compris)
- Un rsum de la contribution (400 500 mots)
Les propositions doivent tre envoyes en format Word ou RTF sur
disquette 3Õ5 pour les envois par courrier
Examen des contributions
Un accus de rception sera envoy pour toutes les contributions
proposes.
Les contributions seront examines par le Comit scientifique
du European
Law Journal (http://europeanlawjournal.com
<http://europeanlawjournal.com/> ).
Les lettres d'acceptation et de refus seront envoyes avant le 30 juin 2005.
Si aucune notification nÕest intervenue avant cette date, il est ncessaire
de prendre contact auprs des coordinateurs.
Soumission des contributions finales
Aprs slection des contributions, chaque auteur prparera les
contributions finales pour la prsentation la confrence. Les rapports finaux
devront tre transmis avant le 30
septembre 2005
Le programme dfinitif de ces Rencontres sera communiqu avant le 10 octobre 2005
La soumission des propositions de contribution constitue un
engagement de participation la Confrence.
Pour de plus amples informations : http://www.ceric-aix.fr ou contactez Nicolas Triart :europeanlawjournal@ceric-aix.fr 00 (33) (0)4 42 52 72 67
Formation
Quelles perspectives pour la
recherche juridique ?
Xme anniversaire de la Mission de
recherche Droit et Justice
Colloque,
les lundi 21 et mardi 22 mars 2005, La Sorbonne
Salon du Rectorat - 47, rue
des Ecoles 75005 Paris
Salle Louis Liard -
17, rue de la Sorbonne 75005 Paris
Sance plnire Ē Organisation de la
recherche Č
Sance plnire Ē Objet et mthodes de la
recherche Č
Atelier 1 Ē Droit, vie conomique
et sociale Č
Atelier 2 Ē Sources et systmes
de droit Č
Atelier 3 Ē Famille et personnes
Č
Atelier 4 Ē Justice et modes de
rgulation des litiges Č
Atelier 5 Ē Justice pnale Č
Atelier 6 Ē Droit, risques et
responsabilit Č
Atelier 7 Ē Etat et pouvoirs
publics Č
Atelier 8 Ē Organisation et
fonctionnement de la justice Č
Sance plnire Ē Prsentation des synthses
des ateliersČ
Sance de clture Rapport gnral
Programme et bulletin d'inscription dans le dossier joint en
documentation attach (Colloque 21-22 mars)
Actualit du dbat
positivisme / droit naturel
Table ronde jeudi 31 mars 2005 partir de 17 h, salle 201,
Universit de Cergy-Pontoise
Organise par le Centre de philosophie juridique et politique [EA
2530] avec
Blaise
Bachofen (Matre de
confrences en philosophie, universit de Cergy-Pontoise) et
Arnaud
Le Pillouer (Matre de
confrences en droit public, universit de Cergy-Pontoise)
Universit de Cergy-Pontoise Site des Chnes
33, Bd. du Port, Cergy-Pontoise
RER A (direction Cergy-le-Haut), arrt ĒCergy-PrfectureČ
SCNF, Gare Saint-Lazare, mme arrt
Renseignements: 01. 34. 25. 63. 84
La force publique et
ses usages
Sminaire le jeudi 7 avril 2005 20h30
Paris
Lieu
: Maison fraternelle 37,
rue Tournefort 75005-Paris Mtro : Place Monge (ligne 7)
Avec Fabien Jobard,
docteur en science politique, chercheur au Centre de recherches sociologiques
sur le droit et les institutions pnales (CNRS).
Fabien Jobard travaille l'analyse des effets
sociaux des lois sur la scurit et des institutions policires en France et en
Europe. Sans traquer les responsabilits individuelles de policiers dviants
ni, au contraire, lire dans chaque fait violent l'aveu d'une nature
systmatiquement rpressive de l'tat, l'auteur claire les raisons de ces
violences. Ė gale distance du soupon et du dni, il restitue tout ce qui les
rend possibles et contribue ainsi l'laboration d'une thorie de la force
publique.
Fabien Jobard a consacr un livre sur ce sujet
qui a t publi aux ditions La Dcouverte en avril 2002 (135x220 - 300 pages
- 23 Ū - Textes l'appui / Politique et socit - 2-7071-3502-X)
Participation aux frais : 5 euros Seniors, Etudiants, chmeurs, RMI :
3 euros
Contact : ACAT Paris V , 13, rue
Cujas, 75005-Paris
Droit, cultures et
institutions juridiques des pays dÕAfrique
Cours d't - Bruxelles, 16-27 aot
2005, Katholieke Universiteit Brussel
Acadmie Africaine de Thorie du Droit / Acadmie Europenne
de Thorie du Droit
Problmatique et enjeux du Droit en Afrique ; Culture juridique et
universalisabilit de concepts, rgles et modles juridiques ; Pluralisme
juridique ; L'Etat en Afrique ; Le contentieux constitutionnel en Afrique ;
Dcentralisation et dveloppement local ; La protection de minorits ;
Relations internationales et rglement de conflits en Afrique ; Structures
supra-nationales en Afrique ( Le NEPAD) ; Le fonctionnement des cours et
tribunaux ; Les institutions de lÕEtat de Droit et de la Dmocratie ;
Rsolution alternative de conflits ; Les politiques pnales en Afrique ; La
Charte africaine des droits de l'homme et des peuples ; L'Union Europenne et
les pays ACP: les accords de Cotonou.
Renseignements et inscriptions :
M.Camille Kuyu
Mme.
Kathleen K.U. Brussel
Acadmie Africaine de Thorie du Droit
Vrijheidslaan
17 (av.de la libert)
p/a 38 rue de Berri
B
- 1081 Bruxelles
F - 75008 Paris
Tl.
+32 2 412 43 71
Academie@wanadoo.fr
kathleen.monsieur@kubrussel.ac.be
Site : www.afrijus.org <http://www.afrijus.org/>
Information
LE LEXIQUE DU FMININ
Sapeuse-pompire, auteure, dpute... Dcouvrez le
"Lexique du
fminin" sur le site
Internet du laboratoire ATILF (Analyse et Traitement Informatique de la Langue
Franaise). Ce programme en ligne propose aux internautes de taper le nom
masculin d'un mot dont ils cherchent le possible fminin. Le rsultat de la
recherche prsente la forme fminine du nom accompagne de la rgle de
grammaire correspondante. La recherche d'un nom masculin par son fminin est
aussi disponible. Mais attention, la fminisation des noms de mtier ou de
fonction est en France sujette polmique, comme le relve notamment le Centre
international dÕtudes pdagogiques.
Le laboratoire ATILF, dont le site propose aussi un
dictionnaire de la langue franaise, est rattach au "Dpartement Sciences de lÕHomme
et de la Socit" du
CNRS. Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) publie par
ailleurs sur son journal en ligne l'occasion de la journe de la femme (8
mars) un dossier consacr "La
lente progression des femmes"
dans "trois
grands secteurs de la vie sociale" : l'ducation, le travail et la politique.
Laboratoire ATLIF : le "Lexique du fminin" http://atilf.atilf.fr/gsouvay/scripts/feminin.exe
Centre international dÕtudes pdagogiques : "La fminisation des noms en 10
questions" http://www.ciep.fr/chroniq/femi/femi.htm
Education, travail, politique : la lente
progression des femmes http://www2.cnrs.fr/presse/journal/572.htm
Voir galement :
Acadmie franaise : "Fminisation des noms de mtiers,
fonctions, grades et titres"
(2002)
http://www.academie-francaise.fr/actualites/feminisation.asp
Commission gnrale de terminologie et de
nologie : rapport sur la fminisation des noms de mtier, fonction, grade ou
titre (1998)
http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/feminisation/sommaire.html
Laboratoire ATLIF : dictionnaire en ligne
"Le Trsor de
la Langue Franaise Informatis"
http://atilf.atilf.fr/tlf.htm
DISCRIMINATIONS
Comment saisir la nouvelle Haute Autorit de lutte contre les
discriminations
Racisme, intolrance religieuse, sexisme,
homophobie, rejet des handicaps...
Toute personne sÕestimant victime de
discrimination en France peut dsormais saisir par crit la Haute Autorit de
lutte contre les discriminations et pour lÕgalit (HALDE).
Voici son adresse : Haute Autorit de
lutte contre les discriminations et pour lÕgalit (HALDE) 11-15 rue Saint
Georges, 75009 Paris Tlphone
: 08 1000 5000
Cre par la loi du 30 dcembre 2004, la HALDE est
encore en cours d'installation. Elle ne sera totalement oprationnelle qu'au
1er juin 2005. Elle propose galement un centre d'information par tlphone :
08 1000 5000 (Cot local partir d'un poste fixe). Pour l'heure, le centre
diffuse un message de prsentation de la HALDE. Dbut avril, le centre d'appel
sera charg d'apporter des informations sur les discriminations, d'indiquer les
modalits de saisine de la haute autorit et d'orienter le public vers les
structures dpartementales (et dans les DOM) de lutte contre les
discriminations.
Site Internet
: www.le114.com
Pour mieux connatre la Haute autorit et se
renseigner sur les discriminations en France, les internautes pourront
consulter le site Internet du GELD (Groupe d'Etude et de lutte contre les
Discriminations) : www.le114.com. Un formulaire
de saisine sera disponible sur le site de la Haute autorit prochainement mis
en ligne.
http://www.service-public.fr/accueil/discriminations_halde.html
HISTOIRE DE LA WALLONIE
Une histoire de la Wallonie, telle que l'ont
entreprise Bruno Demoulin et Jean-Louis Kupper (Histoire de la Wallonie. De la
Prhistoire au XXIme sicle,
Ed. Privat) est l'histoire d'un espace situ entre France et Allemagne, dans un
cadre dsormais europen, dont, comme souvent, sinon toujours en histoire, le
pass est rinterrog en fonction des questions et des proccupations prsentes
et peut-tre venir.
Second volet ces samedi 26 mars et 2 avril
2005 : Toujours dans le cadre de l'histoire de la Wallonie, notre deuxime
chapitre nous emmnera entre les 3me et 9me sicles, priode au cours de
laquelle nos rgions sont passes cette fois de l'Empire Romain au Royaume
Franc. Une transition plus lente et plus graduelle qu'on a pu le penser et qui
a vu l'installation de ce que l'on a appel bien plus tard "la frontire
linguistique".
Avec Alain DIERKENS, professeur d'histoire mdivale l'ULB.
http://www.rtbf.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?id=0160858_sac
Symboliques a(r)borignes
Le chne de Marie-Antoinette
a t abattu
En moins de deux minutes, deux tracteurs forestiers ont eu
raison du chne de Marie-Antoinette, le doyen (324 ans) des arbres du parc du
chteau de Versailles victime de la canicule de 2003, qui est lourdement tomb
au sol mercredi dans un dernier craquement. [AFP 09 fvrier 2005]
Pendant de longues secondes, les employs du chteau prsents ont
regard le long squelette dbarrass de ses branches gisant au sol, hsitant
entre applaudissements et larmes, conscients Ē qu'une page d'histoire
venait d'tre tourne Č.
Pour Christine Albanel, prsidente de
l'tablissement public du chteau de Versailles, Ē c'est quelque chose
d'extrmement fort d'entendre le craquement de l'arbre, un des fleurons de
Versailles, de le voir tomber et, brusquement, ce fracas, c'est trs
fort Č. Elle y voit Ē un arrachement et pas seulement un arrachement
la terre Č mais Ē un peu un arrachement notre mmoire Č.
Peu peu, chacun s'approche de la dpouille
du chne plant il y a 324 ans dont la circonfrence du tronc dpasse les 5,5
mtres et dont les racines, peine sorties de terre, se dressent plusieurs
mtres de hauteur.
Trs mu, Alain Baraton, jardinier en chef du
parc de Versailles, reconnat qu'il Ē y a beaucoup de tristesse, car quand
on est jardinier notre rle est de conduire les arbres et de veiller leur
sant. Voir un arbre de cette dimension terre, c'est quand mme trs
triste Č.
Ė ce moment, il pense aux Ē gnrations
entires de jardiniers qui ont veill sur le chne de Marie-Antoinette Č.
Ē Moi, je suis celui qui l'aura accompagn en fin de vie, qui l'aura
emmen de nouveau dans les ppinires o il a vu le jour Č, lche-t-il,
reconnaissant Ē une certaine fiert finalement Č.
Haut de 35 mtres, le chne plant en 1681 par
Le Ntre tait l'un des rares arbres avoir chapp la rgnration du parc
ordonne par Louis XVI en 1776, alors qu'il n'avait pas encore ft ses 100
ans.
Plant proximit de l'alle de la Reine,
entre le Grand canal et le Grand Trianon, il a ainsi t dnomm car la reine
Marie-Antoinette (1755-1793) aimait, dit-on, profiter de son ombrage
lorsqu'elle sjournait Trianon. Et ce sont justement les rayons du soleil de
l't caniculaire 2003 qui lui ont t fatals.
Le chne ne quittera pas Versailles car une
fois relev il sera expos prs des ppinires de Trianon. Pour Alain Baraton,
il est Ē normal que Versailles conserve les arbres qui ont fait sa
rputation au mme titre que le mobilier ou les tableaux. Versailles, c'est un
muse, mais c'est aussi un parc Č.
Un nouvel arbre sera replant en mars, un Quercus Robur
Le chne de Marie-Antoinette fait de la rsistance pour son
dernier voyage [AFP 17
mars 2005]
Le chne de Marie-Antoinette plant il y a 324 ans
dans le parc du chteau de Versailles (Yvelines) et abattu le 9 fvrier,
victime de la canicule de 2003 a donn jeudi soir du fil retordre lors de son
transfert vers Trianon o il doit tre expos a-t-on appris auprs de la
direction du chteau. Dans l'aprs-midi, les personnels mobiliss pour
l'occasion avec d'importants moyens de levage avaient eu des difficults
soulever l'arbre son poids estim 35 tonnes s'est en fait rvl tre de 55
tonnes.
Des moyens supplmentaires ont t mis en
oeuvre et l'arbre a du tre dlest d'une partie de ses racines prcise-t-on de
mme source.Finalement en milieu de soire, la lueur des projecteurs le chne
tait hiss sur un camion et le convoi prenait faible allure la direction du
Grand Trianon situ quelques centaines de mtres du lieu o l'arbre avait t
plant en 1681. C'est l que son tronc devrait tre relev et dsormais expos.
Haut de 35 m, avec une circonfrence du tronc
de 5,5 m, le doyen des arbres du parc du chteau de Versailles, tait l'un des
rares avoir chapp la rgnration du parc ordonne par Louis XVI en 1776.
Plant proximit de l'alle de la Reine, entre le Grand canal et le Grand
Trianon, il est ainsi dnomm car la reine Marie-Antoinette (1755-1793) aimait
profiter de son ombrage lorsqu'elle sjournait Trianon.Ce chne tricentenaire
se trouvait dans un bosquet de grands arbres qui a t dvast par la tempte
de 1999. Il s'est ainsi trouv davantage expos aux rayons du soleil et a perdu
de sa vigueur. Au printemps 2003, il n'avait produit que quelques feuilles et
n'a pas survcu la canicule de l't.
LÕArbre de Gernika
Symbole du peuple basque, le chne de Guernica a retrouv sa
place. Le nouveau chne a t plant Guernica le 25 fvrier 2005 [AFP 25 fvrier 2005]
Un nouveau chne, symbole du peuple basque, a t
solennellement plant vendredi [25 fvrier 2005] Guernica par le prsident du
gouvernement autonome basque Juan Jos Ibarretxe, pour remplacer celui qui tait
mort pendant la canicule de 2003 l'ge de 146 ans.
Entour des membres du gouvernement rgional,
du parlement basque et des chefs de partis, M. Ibarretxe a salu le symbole du
chne de Guernica devant lequel se droulent depuis des sicles des crmonies
qui "reconnaissent au peuple basque la capacit de s'organiser lui-mme et
de grer son existence".
Plant devant la Casa de la Juntas (la maison du Conseil), le prcdent chne
- le troisime - avait survcu au bombardement de l'aviation allemande qui,
immortalis par Picasso dans son clbre tableau Guernica, avait ras la ville,
un jour de march, le 26 avril 1937. Mais l'arbre n'avait pas survcu la
canicule, l'ge et aux champignons.
C'est devant ce chne - quatre se sont
succds en un demi-millnaire - que les rois d'Espagne venaient jurer de
respecter les "privilges" basques et que, l'poque moderne, tout
nouveau Lehendakari (prsident du gouvernement rgional
basque) vient prter serment, de mme que le dput gnral de Biscaye.
Le premier, surnomm "le pre",
avait t plant au XIVe sicle et avait vcu quatre sicles.
Son successeur, "le vieux", avait
tenu 150 ans (1742-1892).
Le nouveau chne, g de 19 ans et haut de 12
mtres, a t prpar depuis deux ans. Son prdcesseur a t retir avec tous
les gards et sera conserv dans les jardins de la Casa de Juntas aux cts des deux qui l'ont prcd.
Une plaque rappelle les paroles formules en
1936 par Jos Antonio Agirre, premier Lehendakarri de Euskadi, qui est devenu la formule protocolaire pour prter ce
serment.
Depuis 1936, les Lehendakaris prtent serment devant le chne en prononant la
formule: "Devant Dieu, humble, debout sur la terre basque, en souvenir des
anctres, sous l'arbre de Guernica, devant vous, reprsentants du peuple, je
jure de remplir fidlement ma charge".
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lignes incompltes, liens inactifs...?
des signes cabalistiques ou des hiroglyphes
indchiffrablesÉ ?
la solution (peut-tre) : xavier.abeberry@freesbee.fr