LA LETTRE ƒLECTRONIQUE DE LÕASSOCIATION FRANCOPHONE DÕANTHROPOLOGIE DU DROIT

 

n” 16 - le  19 mars 2005

 

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S O M M A I R E

 

Radiophonie :  ƒtienne Le Roy

Opinion :  GŽrard Pommier

Vient de para”tre : la situation foncire au Pays Basque / legal pluralism in India / l'Europe dans sa premire croissance / NapolŽon / penser les frontires de l'Europe

Appel ˆ contributions : lÕUE : projets de sociŽtŽ en devenir /

Formation : quelles perspectives pour la recherche juridique / positivisme v. droit naturel / la force publique et ses usages / droit, cultures et institutions juridiques des pays dÕAfrique /

Information : le lexique du fŽminin / discriminations / histoire de la Wallonie

Symboliques a(r)borignes

 

 

 

Radiophonie


   Emission de radio Š France-Culture Š 25/1/2005 Ē LES CHEMINS DE LA CONNAISSANCE Č

 

 

Il est 11h30 sur France Culture.

Il est lÕheure de retrouver Jacques Meunier pour les Chemins de la Connaissance.

Bonjour Jacques.

 

Jacques Meunier :

Bonjour Emmanuel, bonjour ˆ tous. Les Chemins de la Connaissance cette semaine, Ņ le juge et son office Ó.

AujourdÕhui, lÕanthropologie du droit avec Etienne Le Roy, professeur ˆ lÕuniversitŽ Paris 1.

Peu connue en France jusquՈ une date rŽcente, lÕanthropologie du droit existe depuis le XIXme sicle.

Pour en rŽsumer lÕobjet, on pourrait dire quÕelle consiste ˆ mettre en lumire le lien existant entre les systmes de reprŽsentations dÕune sociŽtŽ donnŽe et son droit.

 

Etienne Le Roy :

Oui et je dirai quÕil y a deux grandes dimensions qui constituent comme une sorte dÕaventure intellectuelle. La premire, cÕest effectivement la rencontre entre une conception de la sociŽtŽ saisie par le droit et une autre conception de la sociŽtŽ qui est saisie par lÕanthropologie. Ce sont lˆ, dans nos sociŽtŽs, deux cultures scientifiques qui malheureusement sÕignorent trop souvent et un de nos soucis, cÕest de les faire dialoguer. Deuxime dimension et deuxime rencontre qui est encore plus captivante mais, bien entendu, beaucoup plus difficile, cÕest faire se rencontrer ˆ travers les visions du monde de chaque sociŽtŽ les conceptions et les pratiques du droit que lÕensemble des civilisations ont dŽveloppŽes ˆ travers lÕhistoire. CÕest la grande exigence de lÕanthropologie de dŽvelopper un savoir qui soit applicable ˆ lÕensemble des sociŽtŽs ce qui, naturellement, est un dŽfi considŽrable parce que, dans les contextes contemporains de mondialisation et dans lequel on croit quÕun droit unique va Žmerger, on sÕaperoit quÕau contraire une trs grande diversitŽ dÕexpŽriences juridiques continuent ˆ se maintenir et que, mme au sein de nos sociŽtŽs, il y a de nouvelles aventures juridiques qui sont en train dՎmerger et que les anthropologues doivent analyser, dont nous devons tŽmoigner. Parler de lˆ-bas, pour moi de lÕAfrique, sert aussi ˆ nous interpeller, ˆ interroger notre propre culture. LÕAfrique est pour moi un miroir dans lequel nous interpellons la manire selon laquelle nos sociŽtŽs ont dŽveloppŽ leurs expŽriences.

 

J.M. : La justice distributive

 

E.L.R. : Ce que lÕon vise cÕest le bonheur du groupe, les thmes utilisŽs par les langues dans lesquelles je travaille en particulier le wolof au SŽnŽgal montrent que ce quÕon poursuit cÕest le bon du groupe et non pas le juste pour lÕindividu, que donc ceci nous renvoie ˆ la comprŽhension que nous sommes en face de sociŽtŽs communautaires dans lesquelles les conceptions des rglements des conflits, de ce qui tient lieu de droit, sont naturellement originales et le grand drame, au moins pour les Africains, cÕest dÕavoir ignorŽ tout cela et, depuis au moins un sicle et demi, depuis lÕaventure coloniale, cÕest dՐtre passŽ devant une richesse tout ˆ fait exceptionnelle.

 

J.M. : Dans certaines langues, dÕailleurs, Etienne Le Roy, le mot droit nÕexiste tout simplement pas.

 

E.L.R. : Oui, on dit pas, on parle pas du Droit, on dit quÕest-ce quÕil faut pour quÕune sociŽtŽ se tienne droite. Et il y a par exemple les Nkomi du Gabon qui ont une expression qui dit que la bonne sociŽtŽ est ogore ce qui veut dire se tenir droite, la mauvaise sociŽtŽ cÕest celle qui est orego qui se tient penchŽe et donc lÕidŽal cÕest de construire une sociŽtŽ qui soit droite dans ses objectifs, dans ses principes et conforme ˆ une certaine conception de la reproduction de la sociŽtŽ. Tout cela nous concerne trs directement dans les crises de sociŽtŽs que nous rencontrons actuellement.

 

J.M. : Oui et puis ˆ des titres divers on voit bien aussi lÕimportance de ce regard anthropologique dans nos propres sociŽtŽs qui sont souvent des sociŽtŽs multiculturelles.

 

E.L.R. : Dans ce domaine lˆ, nous vŽhiculons un ensemble de reprŽsentations concernant lÕidŽe de la construction de la dŽmocratie, lÕidŽe dՎgalitŽ, lÕidŽe dÕuniversalitŽ ˆ laquelle nous sommes trs attachŽs et qui, en mme temps, sont des obstacles ˆ la comprŽhension de ce qui est en train dՎmerger au sein de nos sociŽtŽs. Et vous avez parlŽ de multiculturalisme, et cÕest bien de ˆ dont il sÕagit : nous sommes en train de dŽcouvrir que nos sociŽtŽs sont dÕune trs grande complexitŽ. Et, malheureusement, nous avons pour les analyser des instruments, en particulier juridiques, qui sont finalement trs rustiques, trs simples. Par exemple, un des grands enjeux que les sociŽtŽs nord-amŽricaines avec toutes les difficultŽs et contraintes quÕelles connaissent sont en train dÕexpŽrimenter cÕest bien de penser le multiculturel, la complexitŽ, cÕest de construire un dialogue interculturel, ce qui est extrmement difficile malheureusement dans notre sociŽtŽ. Et lˆ il faut vraiment en parler, organiser disons une rŽflexion autour de cela.

 

J.M. : On va Žvoquer, Etienne Le Roy, notamment la figure du juge qui est en quelque sorte le p™le, centre de toute cette institution mais avant ˆ peut tre ˆ titre de consŽquence ou dÕaboutissement de ces rŽflexions donc sur la nature culturelle du droit, il y a trs concrtement chez nous cette tentative de mettre en place ce que vous appelez des intermŽdiateurs culturels.

 

E.L.R. : Nous rentrons lˆ dans un champs passionnant mais en mme temps o les difficultŽs sont multiples et o lÕon sent bien combien nos sociŽtŽs sont interpellŽes par la difficultŽ de ce pluriculturalisme. CÕest lÕexpŽrience qui sÕest dŽveloppŽe au Tribunal pour Enfants de Paris depuis 1995-96 ˆ la suite de travaux faits avec des magistrats franais, avec la Protection judiciaire de la jeunesse, avec des Žducateurs.... On a ŽtudiŽ la manire selon laquelle la sociŽtŽ franaise saisissait les jeunes en difficultŽ et selon laquelle, ˆ travers lÕassistance Žducative en particulier, elle construisait des formes de prise en charge qui permettaient la re-socialisation des jeunes. Et lÕon sÕest aperu que dans certains domaines en ce qui concerne en particulier les familles africaines, les ponts nՎtaient pas possibles parce que les magistrats nՎtaient pas prŽparŽs ˆ ce dialogue. Et comme nous avions ˆ lÕUniversitŽ Paris 1, dans le Laboratoire dÕAnthropologie juridique de Paris que je dirige, des Žtudiants africains de trs haut niveau en train de travailler sur certaines questions juridiques ou judiciaires, nous leur avons demandŽ dՐtre les intermŽdiaires entre les magistrats franais et les familles africaines. Et nous leur avons donnŽ une formation pour quÕils puissent tre ces passeurs entre les mondes chargŽs dÕune double non pas traduction mais transposition en expliquant aux familles africaines ce quÕattend la justice et en expliquant ˆ la justice ce quÕattendent les familles parce quÕil faut bien que la rencontre passe par une double acculturation, par une double adaptation. Une dizaine de magistrats ont ŽtŽ pleinement impliquŽs dans ce type de dŽmarche et cela produit pour des familles africaines des rŽsultats qui suggŽraient une extension et une meilleure reconnaissance institutionnelle. CÕest une dŽmarche qui malheureusement nÕa plus reu, aprs mai 2002, aucun Žcho du c™tŽ de la Chancellerie, aucun Žcho du c™tŽ dÕun certain nombre dÕacteurs de la Protection judiciaire de la jeunesse par exemple. Ce qui fait que cette expŽrience est en train de battre de lÕaile, au moins, et peut-tre va dispara”tre parce quÕil y a un refus de prise en compte de ce type de dŽmarche. Je dois dire que cÕest, parmi toutes les expŽriences que jÕai dŽveloppŽes dans ma carrire dÕenseignant-chercheur, la plus belle ˆ laquelle jÕai ŽtŽ associŽ parce que cÕest une dŽmarche de formation ˆ la citoyennetŽ.

 

J.M. : Etienne Le Roy, revenons sur le terrain africain qui est le v™tre et peut-tre ˆ travers le regard justement un regard trs ethnocentrŽ, le regard dÕun voyageur gŽnois au XVme entre 1450 et 1452 qui nous dŽcrit comment, selon lui, donc fonctionne cette justice coutumire en Afrique ce que lÕon peut rŽsumer, quÕon croit pouvoir rŽsumer comme justement une justice de chef.

 

Texte dit par un comŽdien :

Ē Il se rend ˆ lÕhabitation du prince quantitŽ de personnes des habitations voisines. A lÕentrŽe de sa maison, on rencontre une grande cour qui conduit successivement ˆ six autres cours avant que dÕarriver ˆ son appartement. Au milieu de chacune est un grand arbre, pour la commoditŽ de ceux que leurs affaires obligent dÕattendre. Tout le cortge du prince est distribuŽ dans ces cours suivant les emplois et les rangs (...) Il affecte beaucoup de grandeur et de majestŽ. On le voit chaque jour au matin que lÕespace dÕune heure. Le soir il para”t pendant quelques moments dans la dernire cour sans sՎloigner beaucoup de la porte de son appartement, et les portes ne sÕouvrent alors quÕaux grands de premier ordre. Il donne nŽanmoins des audiences ˆ ses sujets ; de quelque condition que soient ceux qui viennent solliciter des gr‰ces, ils sont obligŽs de se dŽpouiller de leurs habits, ˆ lÕexception de ce qui leur couvre le milieu du corps. Ensuite, lorsquÕils entrent dans la dernire cour, ils se jettent ˆ genoux en baissant le front jusquՈ terre, et des deux mains ils se couvrent la tte et les Žpaules de sable. Personne, jusquÕaux parents du prince, nÕest exempt dÕune si humiliante cŽrŽmonie. Les suppliants demeurent assez longtemps dans cette posture. Enfin, lorsque le prince commence ˆ para”tre, ils sÕavancent vers lui, sans quitter le sable et sans lever la tte. Ils lui expliquent leur demande, tandis que feignant de ne pas les voir, ou du moins affectant de ne pas les regarder, il ne cesse pas de sÕentretenir avec dÕautres personnes. A la fin du discours, il tourne la tte vers eux, et les honore dÕun simple coup dÕoeil. Il leur fait part de sa rŽponse en deux mots. Cet excs de soumission ne peut venir que dÕun excs de crainte : cÕest-ˆ-dire que les ngres se voyant enlever leurs femmes et leurs enfants par ceux qui les surpassent en richesses et en puissance prennent lÕhabitude de trembler devant les tyrans dont ils ont tant de mal ˆ craindre. Č  Ca Da Mosto, vers 1450.

 

J.M. : Voilˆ une vision trs ethnocentrique donc mais, tout de mme, une des premires descriptions de ce quՎtait la justice en Afrique.

 

E.L.R. : Il y a deux ou trois intŽrts que lÕon peut trouver dans cette citation. Premirement donc lÕannŽe, 1450, un des premiers textes dont nous disposions sur lÕAfrique noire. Cela, cÕest extrmement intŽressant parce que cela nous permet dÕavoir dŽjˆ une idŽe des formes dÕanciennetŽ de son organisation et en mme temps nous avons lˆ le point de dŽpart dÕune vision ethnocentrique qui va associer la justice en Afrique ˆ la fois ˆ la chefferie et au despotisme. Et on va donc avoir ˆ partir de cette pŽriode lÕidŽe que nŽcessairement la justice en Afrique est une justice qui ne correspond pas ˆ lÕidŽe quÕen Occident on a de la justice et donc progressivement on va avoir un systme dÕexplication, une construction intellectuelle, dont toutes les consŽquences vont tre tirŽes au XIXe sicle lorsque va mettre en place ˆ lՎpoque coloniale une organisation judiciaire ˆ deux dimensions dont lÕune est la transposition du modle mŽtropolitain et lÕautre est en fait une transformation des modes des rglements des conflits selon un principe de description qui a ŽtŽ progressivement forgŽ durant les 3 sicles prŽcŽdents.

 

J.M. : Et qui est totalement caricatural.

 

E.L.R. : Ce quÕon appelle la justice indigne

 

J.M. : DÕun autre c™tŽ, Etienne Le Roy, ce qui se dessine en filigrane derrire cette image de chef concŽdant la justice, accordant son pardon ou au contraire sa condamnation, cÕest un peu le modle du magistrat aussi chez nous qui est au centre, au sommet de lÕinstitution judiciaire.

 

E.L.R. : Et mme cÕest la figure du souverain telle quÕelle est en train dՎmerger ˆ partir du XIII-XIVme sicle en France. Ce qui est dŽcrit dans ce texte et qui concerne un souverain Wolof du SŽnŽgal et les formes dÕorganisation judiciaire qui Žmergent au milieu du XVme sicle, ˆ la fin de notre Moyen-Age, cÕest la transposition de notre modle, presque blanc bonnet et bonnet blanc si je puis me permettre, et donc on ne voit que ce quÕon a envie de voir. Les observateurs de cette Žpoque ne sont dŽjˆ plus capables de percevoir lÕoriginalitŽ de situation et donc cherchent ce qui nous ressemble avec progressivement lÕidŽe que nous sommes ˆ la pointe dÕune civilisation et que donc tous les peuples attardŽs doivent sÕinscrire dans nos conceptions de la sociŽtŽ et de la justice.

 

J.M. : Alors un autre exemple que vous citez, un document que vous citez dans votre livre Les Africains et lÕInstitution de la Justice, Etienne Le Roy, cÕest donc quelques dŽcennies plus tard Louis Moreau de Chambonneau qui Žtait un espce dÕambassadeur de Louis XIV et qui dŽcrit vers 1673 donc une cour de justice coutumire.

[NB : Moreau de Chambonneau Žtait le reprŽsentant dÕune compagnie ˆ charte. ELR.]

 

Texte dit par un comŽdien :

Ē Quant ˆ la justice, elle est administrŽe par leurs marabouts ˆ qui seuls ce droit appartient. La justice est nommŽe en langue ngre Ē yione hilla Č, qui est en franais Ē la voye de Dieu Č. Aussi ils la rendent gratuitement et au mme temps quÕelle est demandŽe par les parties. Car si tost quÕune personne mŽcontente dÕune autre ou pour paiement ou quoique ce soit lui a dit le Ē hione hilla Č, la partie est obligŽe de la suivre chez le marabout du village lequel, aprs avoir entendu leur diffŽrend, regarde dans le livre de la loi o il cherche le chapitre qui en traite, et comme le livre chante le marabout prononce : cÕest la sentence et il nÕy a point dÕappel et pour le faire exŽcuter il ne faut point chercher dÕarcher ni sergents quÕils ne connaissent seulement pas. Il faut que la partie qui gagne soit satisfaite, tout le monde en ferait plut™t sa cause. Ce sont eux (les marabouts) qui font les partages des successions qui ne consistent quÕen meubles, bestiail, mil et autres choses. Il nÕy a point dÕimmeuble parmi des ngres et aucun hŽritier ne touchera rien quÕauparavant les debtes du dŽfunt ne soient payŽes Č (Ritchie, 1968, p.324).

 

J.M. : DÕaprs ce texte Etienne Le Roy, cÕest le marabout qui rend la justice ?

 

E.L.R. : Lˆ il sÕagit dÕune situation particulire ? Nous sommes toujours au SŽnŽgal. La sociŽtŽ est en train de sÕislamiser. Les souverains ont confiŽ aux marabouts qui sont des lettrŽs et donc qui ont une capacitŽ de gŽrer lÕadministration de ces Žtats qui sont en train de se dŽvelopper, donc ils ont confiŽ une mission de justice pour ceux qui se dŽclarant musulmans sont susceptibles de se prŽsenter devant les marabouts. Il y a ˆ dÕautres instances de rglement des conflits. Je dirai mme que cÕest extrmement sophistiquŽ dans ce type dÕorganisation. Ė ce niveau-lˆ, il y a au moins 6 types de juridictions. Je nÕen cite ici quÕun seul exemple. Ce qui me para”t important et la raison pour laquelle je vous ai proposŽ de lire ce texte cÕest lÕidŽe que, parce que le litige a ŽtŽ rŽglŽ au coeur du groupe entre nous entre musulmans. Dans ce cas, il y a adhŽsion totale et cÕest parce que le conflit a ŽtŽ rŽglŽ ˆ lÕintŽrieur de ce groupe quÕil prend sens et quÕil est immŽdiatement, cÕest trs clair, exŽcutŽ par les partis. On dit quÕil nÕest pas possible de mobiliser des archers parce quÕils nÕexistent pas. LÕidŽe de bon rglement des conflits je ne dis pas de bonne justice, mais de bon rglement des conflits est liŽ par principe au fait que le rglement doit venir du sein du groupe. On va en trouver une illustration ensuite lorsquÕAmadou Hamp‰tŽ Ba va, ˆ travers ses mŽmoires, nous rappeler la manire selon laquelle fonctionnent des petites communautŽs, des classes dՉges. Dans lÕhistoire quÕon va dŽcouvrir tout ˆ lÕheure ce sont des enfants de 10 ˆ 12 ans qui se donnent une organisation totalement typŽe, je ne dirai pas stŽrŽotypŽe, cÕest-ˆ-dire relevant des formes dÕorganisation de la sociŽtŽ en classes dՉge lesquelles sont lÕarmature mme de la sociŽtŽ et auxquelles est associŽe une forte responsabilitŽ des acteurs. CÕest ˆ chacun ˆ faire son droit. CÕest ˆ chacun ˆ assumer le sens de ses engagements. Je dirai presque non pas de rendre justice mais dՐtre homme de justice avec tous les hommes et toutes les femmes qui participent ˆ la prise en charge de diffŽrends. Quelque chose qui est trs important et trs Žtonnant cÕest que ce que nous appelons justice, les Africains lÕappelleraient presque thŽrapie, thŽrapie collective Žventuellement. Il y a tout un ensemble de groupes chez les Bantou en Afrique centrale o, effectivement, les rglements des conflits sont associŽs ˆ des vŽritables cures, des cures mŽdicales avec utilisation dÕherbes, de drogues. Dans dÕautres sociŽtŽs, (amŽrindiennes ou sibŽriennes) ce sont les chamans qui vont avoir ce type de fonction.

 

J.M. : Les anthropologues aiment bien parler des leons que nous donnent justement ces peuples traditionnels ou leur mythe. Lˆ, en lÕoccurrence, on voit bien la leon qui nous est donnŽe concernant la responsabilitŽ du groupe ˆ lՎgard de chacun des individus.

 

E.L.R. : Je pense quÕon aura la possibilitŽ de revenir sur ce point parce que cÕest une question vraiment essentielle. Les Africains nous disent que lÕon est responsable de nos diffŽrends et que la seule faon de pouvoir les assumer est de rŽgler les problmes au sein du groupe qui lÕa vu na”tre. Nous, nous faisons appel ˆ une instance extŽrieure et supŽrieure que nous appelons la justice et nous croyons que le bon rglement des conflits vient de la mobilisation de cette instance. Nous attendons du juge la neutralitŽ qui est pour nous le gage de la bonne justice et, si on a du temps tout ˆ lÕheure, on reviendra justement sur cette figure du juge, franais, moderne, occidental, en fait un hŽritage judŽo-chrŽtien parce que cÕest lˆ o il faut remonter pour comprendre ˆ la fois lÕimportance de cette figure du juge moderne et en mme lÕorigine dÕune certaine faon, assez dŽsastreuse, de nous comporter de manire irresponsable en laissant ˆ dÕautres le soin de rŽgler les problmes que nous causons ˆ la sociŽtŽ.

 

J.M. : Alors peut-tre avant, puisque vous lÕavez ŽvoquŽ, Žcoutons ce texte extrait des mŽmoires dÕAmadou Hamp‰tŽ Ba.

 

Ē Une fois ce conseil instituŽ, nous Žlaborons nos rglements intŽrieurs ˆ peu prs semblable ˆ ceux de toutes les autres associations. Les effractions Žtaient jugŽes en premier ressort pour le kadi. Le contrevenant pouvait en appeler au chef, puis en un troisime stade ˆ lÕassemblŽe gŽnŽrale prŽsidŽ par le doyen. Les peines prŽvues Žtaient graduŽes. Elles consistaient pour les infractions les plus lŽgres ˆ payer des amendes en cauris ou en noix de cola, tre jetŽ ˆ la mare tout habillŽ ou douchŽ avec des calebasses remplies dÕeau. Pour les dŽlits trs graves, la peine pouvait tre dÕun ˆ dix coups de fouets voire lÕexclusion temporaire ou dŽfinitive. Les sŽances devaient tre prŽsidŽes par le chef qui Žtait assistŽ du second chef et du kadi. Les rŽunions plŽnires Žtaient hebdomadaires en saison sche et mensuelles pendant la saison des pluies appelŽe hivernage. Il pouvait y avoir aussi des rŽunions imprŽvues dŽcidŽes par le chef et annoncŽes par les griots Č.

 

J.M. : Voilˆ cՎtait donc les mŽmoires dÕAmadou Hamp‰te Ba. On voit bien, on entend bien dans ce texte que cette justice coutumire repose quand mme sur une organisation sophistiquŽe.

 

E.L.R. : Oui malheureusement on nÕa pas le temps de rentrer dans les dŽtails parce que cÕest vraiment de sophistication dont on peut parler. Vous remarquez quÕun groupe de jeunes garons entre 10 et 12 ans se donne un rglement intŽrieur dans lequel on a un principe dÕorganisation hiŽrarchique de la prise en charge du problme avec, ˆ chaque niveau, des sanctions qui sont prŽvues et qui sont effectivement mises en oeuvre par des acteurs qui sont responsables de cette mise en oeuvre. Nous sommes vŽritablement lˆ en face dÕun mode de penser la reproduction de la sociŽtŽ ˆ travers la responsabilitŽ de chacun ˆ faire la paix et ˆ vivre de manire plus ou moins consensuelle avec ses voisins, avec ses proches et mme avec ceux qui sont considŽrŽes comme les Žtrangers et qui pourraient devenir les ennemis. Et donc ce quÕil y a de passionnant cÕest que tous ceux qui participent ˆ ce type de dŽmarches sont liŽs par des formes de parentŽ , en particulier Ē ˆ plaisanterie Č qui sont en fait plus exigeantes peut-tre encore que le sont les formes de parentŽ liŽes ˆ la filiation. Il y a lˆ, jetŽ sur la sociŽtŽ, un espce de filet de formes dÕaffiliation ˆ chaque groupe puis de formes de complŽmentaritŽ entre les groupes qui permettent de comprendre que les sociŽtŽs Žtaient fortement soudŽes malgrŽ lÕimage nŽgative que lÕon en donne. ƒtaient-elles des sociŽtŽs plus consensuelles ? Je sais pas. PacifiŽes ? Je ne sais pas non plus . Mais quÕelles aient ŽtŽ des sociŽtŽs qui Žtaient responsables, cela jÕen suis certain.

 

J.M. : Et communautaires.

 

E.L.R. : Et communautaires, donc un sens du partage que nous avons perdu en France. Nous parlons de communautŽ actuellement mais cÕest une diabolisation de lÕidŽe de communautŽ. CÕest tellement caricatural que je trouve que cÕen est mme dangereux pour lÕidŽe de dŽmocratie en disqualifiant par principe des formes dÕorganisation sociale qui ne correspondent plus ˆ notre mode de vie mais qui furent lŽgitimement celles de nos anctres.

 

J.M. : Certes, alors on ira tout de mme dans ce texte trouver au sommet de cette organisation de la justice la figure du kadi qui est lՎquivalent du juge.

 

E.L.R. : Le Kadi cÕest une figure trs particulire, cÕest le juge musulman. Et donc le juge musulman nÕintervient que lorsquÕil y a des Musulmans, cÕest une tautologie. Et lÕislam, tout en sՎtant trs fortement dŽveloppŽ dans les 150 dernires annŽes, ne concerne ˆ lՎpoque de ces rŽcits quÕune petite partie de lÕAfrique. Par ailleurs, il a dÕautres modes de rglements des conflits, avec dÕautres figures qui sont des figures moins de juges, que des figures de lieurs. CÕest une idŽe extrmement ancienne puisquÕon la retrouve dans lÕIliade qui est le premier tŽmoignage dans lequel on retrouve cette figure de lieur, de celui qui fait la paix et qui organise donc lÕensemble des relations qui vont permettre aux individus qui se sont opposŽs de continuer ˆ vivre ensemble. Parfois cÕest le chef de clan, parfois cÕest le chef du village ou parfois ce sont des collectifs, des groupes de sages, dÕanciens qui prennent en charge ces diffŽrends.

 

J.M. : Alors Etienne Le Roy on a vu comment cette discipline de lÕanthropologie du droit pouvait donc nous apporter des idŽes, Žventuellement des solutions, dans notre propre conception de la justice mais vous allez plus loin cÕest-ˆ-dire que lÕanthropologie peut vous servir aussi ˆ observer avec une certaine distance, un peu comme on fait de lÕanthropologie des mondes contemporains, notre propre fonctionnement de la justice et en particulier cette figure du juge.

 

E.L.R. : JÕai eu effectivement trs souvent la possibilitŽ dÕentrer en dialogue avec les magistrats ˆ partir de lÕexpŽrience que nous avons dŽveloppŽe ˆ propos de la justice des mineurs. CÕest une justice atypique, quand jÕai commencŽ ˆ travailler sur cette justice-lˆ au dŽbut des annŽes 80 il y avait un slogan stupide qui disait justice des mineurs justice mineure. Ce qui Žtait important cՎtait de comprendre que la figure du juge est en fait un avatar de la conception que nous avons de Dieu : dans le livre de la Gense, on nous prŽsente le crŽateur, YahvŽ, comme Žtant une instance extŽrieure, supŽrieure, omnipotente et omnisciente. Et lՃtat moderne tel que nous lÕavons crŽŽ est en fait un avatar de Dieu. Et le juge qui est lui-mme produit par lÕEtat est un avatar de lÕavatar si je puis dire. Le juge se prŽsente effectivement comme extŽrieur, extŽrieur parce que le principe de la neutralitŽ lui interdit dÕintervenir, supŽrieur ne serait-ce simplement que visuellement dans une instance, omnipotent en principe il peut tout faire et omniscient sous rŽserve quÕil fasse appel ˆ des experts. Et quand on fait remarquer ˆ ces magistrats quÕen fait ils ont soit la figure de Dieu, soit la figure christique comme rŽfŽrent, effectivement ˆ pose des problmes extrmement importants et en mme temps cela nous renvoie au caractre extrmement symbolique mais aussi ˆ une certaine fragilitŽ de la fonction en tous cas une trs grande difficultŽ ˆ assumer lÕensemble des fonctions qui sont liŽes ˆ celle dÕun magistrat et qui font que, moi, jÕai un trs grand respect pour ceux qui ont le sens du service public et qui acceptent de se dŽvouer au profit de notre communautŽ nationale.

 

J.M. : Merci Etienne Le Roy.

Je rappelle que vous tes professeur ˆ lÕUniversitŽ Paris 1 et que vous tes lÕauteur du Jeu des Lois une anthropologie dynamique du droit publiŽ par LGDJ et la Maison des Sciences de lÕhomme.

Les textes Žtaient lus par Christophe Chne.

CՎtait lÕanthropologie du droit, deuxime volet de cette sŽrie consacrŽe au juge en son office.

 

[Nous remercions Mme B. Mellier (LAJP) pour son travail de transcription]

 

 

 

Opinion

 

   Au nom du pre

        par GŽrard POMMIER (LibŽration, lundi 24 janvier 2005)

 

    La filiation patronymique n'est pas seulement le vŽhicule de valeurs patriarcales. Elle garantit symboliquement ˆ l'enfant sa place parmi les siens.

 

    Depuis le 1er janvier 2005, les parents peuvent donner ˆ leurs enfants le nom de leur pre, celui de leur mre ou les deux accolŽs. Cette modification, rŽclamŽe par le Conseil de l'Europe, ne correspond pas vraiment ˆ l'Žvolution des rŽalitŽs familiales et elle contredit une coutume fortement enracinŽe. En France, la filiation patronymique est attestŽe depuis le XIe sicle, mais cette pratique plonge en rŽalitŽ dans la nuit des temps. On la retrouve directement ou indirectement dans toutes les civilisations. Certes, la coutume ne prouve pas l'ŽquitŽ d'un droit, et la justice semble imposer que les femmes puissent transmettre leur nom au mme titre que les hommes. Encore faut-il comprendre d'abord la raison d'un mode de transmission si universel, et surtout ne pas confondre une oppression patriarcale millŽnaire avec la fonction du nom propre. Ce nom commande d'ailleurs non seulement l'ordre de la filiation, mais l'usage du langage lui-mme, puisqu'il faut d'abord qu'un locuteur s'approprie son nom pour utiliser le vocabulaire.

    Il est vrai que, telle qu'elle est rŽdigŽe, la loi laisse le choix aux parents et, dans ces conditions, l'usage se perpŽtuera sans doute. On peut prŽvoir que l'immense majoritŽ des enfants continueront ˆ porter le nom de leur pre. En effet cette projection est permise gr‰ce ˆ un Žchantillon significatif : celui des trs nombreux enfants nŽs hors mariage. Leur mre aurait pu leur donner leur propre nom, mais, en 1995 par exemple, sur 257.000 enfants nŽs hors mariage 97 % d'entre eux portaient le nom de leur pre. Encore faut-il ajouter que parmi les 3 % restants, un certain nombre furent reconnus ultŽrieurement par leur pre.

    Le lŽgislateur a donc pariŽ franchement contre l'usage, et aprs tout, il pourrait tre fondŽ de lutter contre un esclavage, mme s'il est consenti. Pourtant, les femmes sont-elles si stupides ? Ne s'appuient-elles pas sur une intime conviction lorsque, trs majoritairement, elles dŽcident de perdre le nom de leur pre pour prendre celui de leur mari, et cela alors que la loi franaise ne les y a jamais obligŽes ? Dans le prolongement de ce libre choix, n'ont-elles pas non plus l'intuition que leurs enfants se trouveront mieux de porter le nom de leur pre ? Le nom propre est bien autre chose que la fiche d'Žtat civil qui l'enregistre. Il signe dŽjˆ un certain rapport au sexe et ˆ la filiation, c'est-ˆ-dire ˆ la vie et ˆ la mort. Le nom est chose vivante, et il ne s'appose pas comme une Žtiquette sur un enfant, de la mme faon qu'un mot dŽnote un objet. Les parents donnent un nom ˆ leur enfant, mais cela ne suffit pas ! Encore faut-il que l'enfant prenne le nom qui lui a ŽtŽ donnŽ (ce qu'il refuse parfois). En prenant son nom, un enfant affirme sa propre autonomie, et cela en se sŽparant de sa mre. Et il ne le fera jamais si bien qu'en prenant un nom diffŽrent de celui qu'elle porte, un nom qui lui permette de s'identifier, tout en gardant une place de roi auprs d'elle. Voilˆ ce qui lui sera facilitŽ en prenant le nom de son pre, en un combat qui affirme son droit ˆ l'existence. Il est clair que le symbole de ce combat s'estompe, ou mme s'Žvanouit, si le nom donnŽ ˆ l'enfant est identique ˆ celui de la mre. Prendre le nom du pre rŽsume l'affrontement oedipien pour la mre. Pourquoi un enfant se battrait-il pour tre ˆ la hauteur de son nom, si celui qui lui est donnŽ est celui de sa mre ? Le patronyme est en ce sens le symbole de l'exogamie. Montrer la fonction du patronyme n'a rien ˆ voir avec une dŽfense du patriarcat, dont personne ne regrette la marginalisation progressive, mis ˆ part les divers intŽgrismes religieux.

    La rupture du fantasme incestueux mre-enfant, que symbolise le patronyme, appara”t encore mieux si l'on considre le dŽsir d'avoir un enfant, rien moins que naturel chez l'tre humain. Ce dŽsir dŽpend de certaines circonstances et du lien avec un certain partenaire : sinon rien ne se passe. Pourquoi, du c™tŽ fŽminin, un vague dŽsir de maternitŽ va-t-il se concrŽtiser brusquement lors de la rencontre d'un homme ? Le dŽsir d'enfant des petites filles dŽpend d'abord de leur relation ˆ leur mre. Lorsqu'elles jouent ˆ la poupŽe, elles n'ont pas ce bŽbŽ imaginaire avec un homme, ou pour lui, mais par rapport ˆ leur mre et pour tre mre ˆ sa place : elles veulent un enfant pour cesser d'en tre un elles-mmes. Avant l'adolescence, ce n'est pas de leur pre qu'elles l'attendent. Leur dŽsir d'enfant est d'abord aussi maternellement incestueux qu'irrŽalisable, sinon dans un rve avortŽ ou mme franchement dans un rve d'avortement. Avec le pre, il y a bien un jeu de sŽduction qui affirme la fŽminitŽ, mais il n'appelle pas la maternitŽ. En effet, la fŽminisation par le pre est dangereuse au-dessus d'un certain degrŽ de sŽduction, ˆ cause du risque fantasmatique d'un viol paternel. C'est ˆ cause de ce fantasme qu'il faut fuir le pre, lui dire non pour dire oui ˆ un autre homme. Il faut supprimer le pre, fantasme sur lequel est aussit™t jetŽ le manteau de NoŽ de l'amour. Ce meurtre dŽguisŽ en amour est l'ordinaire du passage ˆ l'exogamie. Une femme demande ˆ un homme de la sauver de l'amour du pre pour pouvoir jouir en sŽcuritŽ, trŽsor pour lequel elle Žchange volontairement le nom de son pre contre celui de son mari. Ce faisant, elle tue symboliquement son pre sous le couvert de l'amour, et un dŽsir d'enfant pourra lui venir alors ˆ titre de rŽparation. Si elle n'attend donc jamais directement un enfant du pre, mais l'attend de l'homme qu'elle aime, et ˆ la faveur du changement de nom. Le nom est ainsi investi, et d'abord par la femme, de sa valeur patronymique, propice ˆ la filiation. C'est en ce sens que le Ēnom du preČ a tant d'importance, symbole encore majorŽ si l'on considre paralllement le dŽsir d'un homme d'tre pre. Un homme veut, certes, avoir un enfant par amour pour une certaine femme, mais aussi avec le voeu secret de supplanter son pre. Que l'enfant porte le mme nom que son grand-pre fonctionne pour lui ˆ titre de rŽparation de ce fantasme parricide. Il veut donner ce nom. Et comme la femme veut au contraire perdre le sien, on comprend l'importance du nom du pre comme symbole de l'exogamie et de la filiation.

 

    GŽrard Pommier, psychanalyste, ma”tre de confŽrences (Nantes).

        Dernier ouvrage paru : Comment les neurosciences dŽmontrent la psychanalyse, Flammarion, oct. 2004.

 

 

 

Vient de para”tre

 

 

    La situation foncire au Pays Basque Š Pour une politique publique dÕintervention foncire

         Bernard de KORSAK, Christiane CABANEL, Olivier BETH

                FRANCE. Conseil gŽnŽral des ponts et chaussŽes;FRANCE. Inspection gŽnŽrale de l'agriculture

            Paris (Ministre de l'Žquipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer), fŽvrier 2005, 45 pages, 30cm

 

   La crise foncire que conna”t le Pays Basque conduit, compte tenu d'une certaine paralysie des collectivitŽs, ˆ la remise en cause de son modle de dŽveloppement et au blocage de l'accs au logement. Le prŽsent rapport analyse les causes de cette crise : l'attractivitŽ de ces territoires induit la spŽculation sur le marchŽ et par consŽquent, une panne du logement social, cependant qu'on note une dŽfaillance de l'action publique, la dŽstabilisation du modle agricole et la perturbation de l'identitŽ de la rŽgion. Il estime possible un dŽblocage de la situation, ˆ condition que s'affirme une volontŽ politique au service du partage d'un projet commun et propose, pour ce faire, une planification territoriale, un plan d'urgence pour le logement et la crŽation d'un Žtablissement public foncier.

 

Sommaire

Introduction

1 - La crise foncire que conna”t le Pays Basque conduit, compte tenu d'une certaine paralysie des collectivitŽs, ˆ la remise en cause de son modle de dŽveloppement et au blocage de l'accs au logement

    1.1 Un territoire attractif

    1.2 Un marchŽ spŽculatif

    1.3 Un habitat social en panne

    1.4 Une action publique dŽfaillante

    1.5 Un modle agricole dŽstabilisŽ

    1.6 Une identitŽ perturbŽe

2 - Un dŽblocage est possible si une volontŽ politique s'affirme au service d'un projet commun partagŽ

    2.1 Une vŽritable planification territoriale

        Relancer le SCOT Nord

        CrŽer un troisime SCOT

        Institutionnaliser le dialogue entre les 3 SCOT

        Garantir la cohŽrence entre les SCOT et les PLU

    2.2 Un plan dÕurgence pour le logement

        Elaborer des programmes locaux de lÕhabitat ˆ lՎchelle de chaque SCOT

        Elaborer et mettre en ¦uvre un programme dÕurgence pour le logement

    2.3 Un Žtablissement public foncier

        Mettre en place lÕobservatoire foncier

        CrŽer une cellule dÕingŽnierie foncire

        CrŽer un Žtablissement public foncier local (EPF-L)

        Envisager un EPF d'Etat si d'ici 2006 aucun EPF-L nÕavait vu le jour

Conclusion

Annexe 1 - LETTRE DE MISSION

Annexe 2 - PERSONNALITES RENCONTREES

 

    Consulter le rapport (887 Ko) tŽlŽchargeable ˆ partir de la page :

        http://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/054000144.shtml





      Legal Pluralism in India (Indian Socio-Legal Journal)

            Christoph EBERHARD & Nidhi GUPTA (dir.)

 

Contenu :

   C. Eberhard et N. Gupta : Legal Pluralism in India. An Introduction

  A. Menon : Where are the Forests ? Legal Pluralism and Land Use Change in the Kolli Hills

  S. Rout : Whose Forest is it ? Customary Rights and Legal PLuralism in Joint Forest Management in Orissa

  J. B. Rajan : Legal PLuralism on Fishing Rights in REservoirs : A Case Study of Peechi Reservoir

  R. Pant : From Communities' hands to MNC's BOOTS : Impact of Transnational Processes of Law on Right to Water - A Case Study from India

  L. Holden : Divorcing By Custom : Women's Agencies and Lawyers' Praxis in (un)Official Hindu Law

  R. Patel : Women's Rights to Property under Hindu Law : Gendered Entitlements and Traditional Obligations

  A. P. Singh : Legal Pluralism : The Essence of India's Classical Legal Ordering

   D. P. Hill : Decentralisation, Politics and Legal Pluralism in West Bengal

  D. Parthasarathy : Shifting Fields of Legitimacy : Globalization and Resistance in a Historical Perspective

  C. Eberhard : Beyond Legal Pluralism - A Dynamic and Intercultural Approach to Law in India

 

Si ce numŽro vous intŽresse, vous pouvez le commander directement au Prof. Agrawal, le

chief editor du Indian Socio-Legal Journal : kbagrawal@hotmail.com

 

 

 

    L'Europe dans sa premire croissance. De Charlemagne ˆ lÕan mil

            Pierre TOUBERT, Fayard, 484 p., 25 Ū

 

  ŅLe Moyen Age total de Pierre ToubertÓ

 

   L'historien reprend trente ans de recherches d'une remarquable fŽconditŽ dans "L'Europe dans sa premire croissance".

 

   Aprs de 73 ans, le mŽdiŽviste se dŽpeint en chercheur timide et solitaire. Pourtant, ˆ voir ce professeur du Collge de France si affable, ˆ lire la sŽrie de colloques qu'il a animŽs ou le volume d'hommages que lui ont offert Žlves et proches (Liber largitorius, Droz, 2003), on a peine ˆ le croire.  Il n'en dŽmord pas : "On peut tre solitaire en groupe, j'ai suffisamment analysŽ le phŽnomne monastique pour comprendre que la vie est une dialectique entre l'eremus - le dŽsert - et le coenobium - la communautŽ monastique -." Pierre Toubert s'inquite ainsi des logiques universitaires contemporaines, qui ne prŽservent pas toujours la part personnelle de la recherche tant il a savourŽ, du temps de sa thse dans les annŽes 1960, "cette espce de bonheur... d'tre seul, d'tre libre, de travailler comme je voulais".

    AssurŽment, ce bonheur de l'historien d'alors a produit des rŽsultats ˆ faire rver tout doctorant. Depuis sa parution en 1973, sa grande ¦uvre, Les Structures du Latium mŽdiŽval, n'a cessŽ d'tre un modle et de stimuler les Žtudes sur le Moyen Age central. Toubert y mettait ˆ jour le fameux incastellamento, ce mouvement gŽnŽral de restructuration du peuplement et de l'occupation du sol autour de villages fortifiŽs, ˆ partir du Xe sicle, dont l'analyse permet d'embrasser les enjeux Žconomiques, sociaux et politiques de l'Žpoque et qui toucha ensuite, avec de multiples variantes, tout l'Occident mŽditerranŽen. Pas question, pour autant, de rŽduire son Latium mŽdiŽval ˆ ce "dŽtonateur thŽorique" : "Les gens aussi me cassent les pieds, commente-t-il avec bonhomie, on me dit : "Vous avez Žcrit un bouquin de 1 500 pages sur l'incastellamento." Ce n'est pas vrai. J'ai un Žcrit un bouquin de 1 500 pages o il y a 150 pages sur l'incastellamento et 1 350 pages sur autre chose..."

 

"DYNAMISME MULTIFORME"

    Ce souci d'une vue globale des sociŽtŽs ne l'a jamais quittŽ, comme le montre sa rŽcente Europe dans sa premire croissance. De Charlemagne ˆ l'an mil, qui rassemble trente ans de recherches et s'intŽresse notamment au dŽveloppement Žconomique du haut Moyen Age, avec clartŽ et sens de la synthse, mais non sans positions affirmŽes : Pierre Toubert souligne le dŽcollage prŽcoce de l'Žconomie des temps carolingiens et, contrairement ˆ d'autres, son "dynamisme multiforme".

    On se tromperait pourtant, ˆ se focaliser sur le titre de la thse, en croyant le jeune normalien nourri au structuralisme et aux sciences sociales dans le Paris des annŽes 1950-1960 : "Ma culture anthropologique Žtait superficielle et minable." Il avait certes parcouru Marcel Mauss, lu DumŽzil, mais Barthes n'Žtait qu'une lecture de dŽtente, comme "la page littŽraire du Nouvel Observateur". Aujourd'hui, le propos est plus ferme : "Il faut avoir une culture anthropologique, a c'est Žvident."

    Mais elle ne peut servir de "clŽ pour ouvrir les portes de vos propres armoires, vous devez vous dŽbrouiller tout seul". C'est finalement la tradition des Annales qui imprime la marque la plus forte : Marc Bloch, "LA rŽfŽrence", puis Fernand Braudel et la gŽohistoire.

    Toubert, catalan "plus que pied-noir" malgrŽ une enfance algŽrienne, fier de ses origines, ne s'intŽresse gure aux villes et dŽvore les gŽographes. Le paysage est document. Et l'on comprend mieux l'attirance de ce "type qui appartient ˆ une culture pŽriphŽrique" pour ces sociŽtŽs mŽditerranŽennes du Moyen Age et les "caractres originaux" de leur "fŽodalisme". L'Italie et les historiens italiens sont au c¦ur des propos de Toubert, "pour les Italiens", "en Italie", rŽpond-il ˆ toute question historiographique.

    La Catalogne, ce sera le sujet de Pierre Bonnassie, qui devient un ami. Sous leur codirection est rŽcemment paru Hommes et sociŽtŽs dans l'Europe de l'an mil (P.U. du Mirail, 2004). "The two Peters" - expression d'un collgue amŽricain que Toubert reprend amusŽ - ne sont pas toujours d'accord : ˆ la diffŽrence de Bonnassie, il "n'a jamais trouvŽ une vŽritable capacitŽ d'innovation ou de rŽsistance dans les communautŽs rurales" mŽdiŽvales. "Il est restŽ plus marxiste que moi" et moins pessimiste... Dans leur pŽriode de formation, en effet, "on Žtait marxiste comme a, on ne se posait mme pas la question ; faire l'histoire de la sociŽtŽ, c'Žtait faire l'histoire du pouvoir, faire l'histoire des rapports de production, faire l'histoire des rapports de force. Et mon idŽe a toujours ŽtŽ, et finalement elle le demeure - c'est ce que je dŽveloppe mme dans L'Europe dans sa premire croissance - qu'il y a toujours eu une logique d'esprit capitaliste... Les gens ont toujours eu l'intelligence et la capacitŽ de se demander comment dans un systme de structure donnŽ, on pouvait tirer le maximum du capital qu'on avait".

    Les rŽunions du groupe communiste de l'ENS n'ont pas conduit l'historien ˆ un engagement durable :"Je n'ai jamais transformŽ l'essai." Il y eut bien quelques rudes manifestations : "Celle qui m'a le plus marquŽ, parce que j'ai ŽtŽ lŽgrement tabassŽ, c'est celle pour les Rosenberg, c'Žtait un combat pour la justice. Qu'on soit marxiste ou pas, on Žtait contre l'assassinat des Rosenberg... - un couple d'AmŽricains accusŽs d'espionnage en faveur de l'URSS, condamnŽs ˆ mort et exŽcutŽs en 1953 -. Je ne me suis jamais engagŽ au point de souffrir d'avoir ˆ me dŽsengager." ApaisŽ en politique comme dans ses positions historiographiques, Pierre Toubert se rŽjouit ˆ l'Žvocation de son nouveau projet : l'Žtude de la "Croisade des enfants" de 1212 : "Enfin avoir le plaisir ˆ l'automne de sa vie de montrer comment on peut rŽimplanter l'ŽvŽnement et un ŽvŽnement tout de mme microscopique dans la grande structure de la croisade."

    Nicolas Offenstadt

    LE MONDE DES LIVRES, ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 18.02.05

 

 

 

      NapolŽon

            Jacques BAINVILLE. Avant-propos de Patrice Gueniffey, Gallimard, "Tel", 686 p., 15 Ū.

 

      ŅNapolŽon, un apprenti sorcier ?Ó Judicieux retour du "classique" de Jacques Bainville, historien et styliste.

 

   Qui se souvient encore de Jacques Bainville, mort ˆ 56 ans en 1936, sinon, ˆ l'exception de quelques historiens et essayistes ŽclairŽs, les derniers rescapŽs d'une gŽnŽration d'avant-guerre en train de dispara”tre ? Les tirages de ce grand bourgeois ŽlŽgant et discret, membre de l'Action franaise mais aussi diffŽrent de Maurras que le froid pourrait l'tre du chaud, tout ˆ la fois chroniqueur et historien, Žtaient pourtant parmi les plus importants de sa gŽnŽration : 300 000 exemplaires pour son Histoire de France publiŽe en 1924, et 200 000 pour son NapolŽon paru en 1931, que Gallimard rŽŽdite aujourd'hui avec un avant-propos plus que consŽquent de Patrice Gueniffey.

    Gueniffey, dans ce qui s'apparente autant ˆ un trs bel essai sur Bainville qu'ˆ une prŽface critique de son NapolŽon, pose les (bonnes) questions qui sous-tendent toute entreprise de rŽŽdition d'un texte d'histoire vieilli par le temps, celles de sa fabrication, c'est-ˆ-dire celles du temps de l'historien comme des rapports que ce dernier entretient entre le prŽsent dans lequel il Žcrit et le passŽ de son Žtude. Dans ce sens, Jacques Bainville peut tre considŽrŽ comme l'un des derniers reprŽsentants de ces "historiens- nŽs" avec Augustin Thierry et Franois Guizot, qui, ˆ travers tout le XIXe sicle, ont tentŽ d'expliquer - voire de lŽgitimer - le prŽsent ˆ la lumire du passŽ. C'est lˆ o le NapolŽon de ce royaliste atypique, dreyfusard lorsque ses amis poursuivaient Dreyfus de leur haine, de ce pessimiste clairvoyant obsŽdŽ par la question allemande, prend toute sa dimension.

 

     LES GERMES DE LA DƒMESURE

    La Nation, la RŽvolution et la RŽpublique. Telle est l'Žquation dans laquelle Bainville inscrit son personnage. S'il consolide momentanŽment la RŽpublique, le coup d'Etat du 18 brumaire ne termine pas, selon lui, une RŽvolution dont les germes de la dŽmesure et de la discorde existaient bien avant que Bonaparte ne s'en empare.

    L'auteur nous montre ainsi un Bonaparte, non pas dŽmiurge, mais enfermŽ, voire prisonnier d'une RŽvolution ˆ laquelle il finira par renoncer en 1815 tout en la transfigurant ˆ Sainte-HŽlne en s'imposant pour la postŽritŽ comme le pre des nations europŽennes. En s'habillant de cette lŽgitimitŽ nationale comme d'un habit de lumire qui cache les guenilles de Longwood, NapolŽon ressaisit in extremis un destin qui lui Žchappe et prŽpare tout ˆ la fois les catastrophes ˆ venir. L'auteur de l'Žgalement cŽlbre en son temps Bismarck et la France (1907), Cassandre d'une Allemagne hŽgŽmonique capable de balayer une RŽpublique fragilisŽe par le jeu instable des partis, fait de NapolŽon ˆ la fois un apprenti sorcier et un allumeur de mche lente, en particulier celle, trs explosive, du nationalisme allemand. "Sauf pour la gloire, sauf pour l'art, conclut-il, il ežt probablement mieux valu que - NapolŽon - n'ežt jamais existŽ."

    Dans le sillage d'Albert Sorel, mais avec sa voix propre et l'arme d'une Žcriture magnifiquement classique, Bainville ne s'inscrit pas pour autant dans la tradition pamphlŽtaire et noire de l'historiographie napolŽonienne. Il se contente de camper NapolŽon en joueur gŽnial d'une partie perdue d'avance.

    Emmanuel de Waresquiel

        LE MONDE DES LIVRES, ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 18.02.05

 

 

 

     Penser les frontires de l'Europe du XIXe au XXIe sicle

            Gilles PƒCOUT. Presses de Normale Sup' / PUF, 22 EUR - 220 pages - ISBN 782130-543015    2004

 

RŽsumŽ :

Faut-il donner ˆ lÕEurope nouvelle des frontires prŽcises? LÕactualitŽ de lՎlargissement de lÕUnion europŽenne invite ˆ enrichir la rŽflexion en privilŽgiant la perspective historique. Un peu de recul sÕimpose en effet pour dŽpasser le seul inventaire des atouts et des handicaps des pays candidats. Penser les frontires de lÕEurope suppose que lÕon s'interroge sur le rapport entre au moins trois dŽfinitions de lÕEurope : lÕEurope comme continent gŽographique, lÕEurope comme construction politique cohŽrente et unitaire et lÕEurope comme mŽtaphore de la civilisation occidentale. Depuis le XIXe sicle, le lien unissant ces trois acceptions de lÕEurope a changŽ. Il faut en avoir conscience si lÕon veut recourir ˆ la tradition historique pour Žclairer les chemins de lÕintŽgration europŽenne. Cet ouvrage, fruit dÕune entreprise collective et surtout dÕun dialogue entre chercheurs franais et chercheurs, venus des pays europŽens concernŽs par lՎlargissement, permet dÕenvisager les fondements historiques des dŽbats actuels et lÕexistence de critres de dŽfinition dÕune Ē europŽanitŽ Č ˆ gŽomŽtrie variable.

Gilles PŽcout est professeur des universitŽs ˆ lՃcole normale supŽrieure o il enseigne lÕhistoire contemporaine et directeur dՎtudes ˆ lՃcole pratique des Hautes ƒtudes o il est titulaire de la chaire dÕhistoire politique et culturelle de lÕEurope mŽditerranŽenne. Historien de lÕItalie, il a notamment publiŽ Naissance de lÕItalie contemporaine chez Nathan et effectuŽ lՎdition historique du Livre C¦ur dÕEdmondo De Amicis aux ƒditions Rue dÕUlm.

Avec :

Maurice Agulhon Š Marc Aymes Š Nicotas Bauquet Š Phitippe Boutry Š Christophe Charle Š Daniel Daianu Š Catherine Durandin Š Robert Frank Š Edita Ivanickov‡ Š Fabrice JesnŽ Š Jozef Laptos Š Jurgita Maciulyte Š Pierre Mirel Š Pierre-Yves PŽchoux Š Gilles PŽcout Š Jean-Franois PŽrouse Š Kyriakos Pierides Š Yves Plasseraud Š Bozo Repe Š Guillaume Sacriste Š Antoine Vauchez et Franoise Waquet.

 

Sommaire :

Avant-propos, par Pierre MIREL

Introduction : Europe, que doit-on faire de ton histoire et de ta gŽographie ? par Gilles PƒCOUT

HŽritages europŽens.

    LÕEurope des lettres, une Europe avant la lettre ? Š Victor Hugo et l'Europe : les ƒtats-Unis d'Europe, par Maurice AGULHON

    L'Europe de la RŽpublique des Lettres, par Franoise WAQUET

    Les rŽseaux intellectuels europŽens au XIXe sicle, par Christophe CHARLE

Frontires de lÕEurope et frontires europŽennes depuis le XIXe sicle.

    Jusqu'o va l'Europe au XIXe sicle ? par Gilles PƒCOUT

    Des frontires pour l'Europe ? par Pierre-Yves PƒCHOUX

    L'Europe des juristes par Antoine VAUCHEZ et Guillaume SACRISTE

    Les frontires balkaniques : frontires europŽennes ou frontire de l'Europe ? par Fabrice JESNƒ

    Les dŽbats sur l'Žlargissement de l'Europe avant l'ƒlargissement, par Robert FRANK

    Rome, capitale de l'Europe ? par Philippe BOUTRY

Pays candidats : dialogues sur l'EuropŽanitŽ

    XIXe-XXIe sicle. Les pays baltes I : Les racines occidentales des pays baltiques, par Yves PLASSERAUD

    Les pays baltes II : L'adhŽsion de la Lituanie ˆ l'Union europŽennne, par Jurgita MACIULYTE

    Chypre I : Une histoire d'europŽanitŽ chypriote, par Marc AYMES

    Chypre II : Chypre et l'Žlargissement, par Kyriakos PIERIDES

    Hongrie : L'impossible Ē retour en Europe Č XIXe-XXe sicle, par Nicolas BAUQUET

    Pologne : L'acquis europŽen et l'apport de la Pologne : rŽflexions historiques, par Jozef LAPTOS

    Roumanie I : Roumanie-Europe : mŽmoires et perspectives, par Catherine DURANDIN

    Roumanie II : La Roumanie et l'Union europŽenne, par Daniel DAIANU

    Slovaquie : Les Slovaques et l'intŽgration europŽenne : perspectives historiques, par Edita IVANICKOVē

    SlovŽnie : Les Slovnes et la question des frontires europŽennes, par Bozo REPƒ

    Turquie : La Turquie est-elle intŽgrable ? Quelques rŽflexions sur des frontires de part et d'autre imaginŽes, par Jean-Franois PƒROUSE

 

 

 

 

Appels ˆ communication

 

   Designing the European Union /  LÕUnion EuropŽenne : projets de sociŽtŽ en devenir

       4me rencontre internationale des jeunes chercheurs

       Organised by/ OrganisŽe par European Law Journal and/et Centre dՃtudes et de Recherches Internationales et Communautaires (CERIC-CNRS-UMR-6201)

        UniversitŽ de droit, dՎconomie et des sciences dÕAix-Marseille III, FacultŽ de droit et de science politique and/et Collge dÕEurope de Natolin

        Vendredi 18 et Samedi 19 novembre 2005

 

CALL FOR PAPERS/APPEL Ė CONTRIBUTIONS

           LÕUnion europŽenne : Projets de sociŽtŽ en devenir fait rŽfŽrence ˆ lÕactuel dŽveloppement des politiques de lÕUE qui vont dŽterminer la forme future du projet dÕintŽgration europŽen. Cette Rencontre sÕinscrit dans la continuitŽ du succs des prŽcŽdentes Rencontres Internationales des Jeunes Chercheurs (RIJC), qui se sont tenues respectivement en 2002, 2003, et 2004. Elle a pour mission de rŽunir pour dŽbattre l'ensemble des jeunes chercheurs les plus prometteurs dans le champ du droit europŽen des UniversitŽs de l'Union europŽenne, en particulier ceux des nouveaux pays adhŽrents, des Etats qui sont candidats, des pays du bassin mŽditerranŽen et dÕautres pays, tels que la Chine ou les ƒtats Unis. Elle offre la possibilitŽ aux participants de prŽsenter leur meilleur travail scientifique ˆ une audience composŽe de jeunes chercheurs ainsi que de chercheurs plus confirmŽs et de publier ensuite ces travaux sous forme d'articles au sein du European Law Journal et/ou de livre (Editions Bruylant) ˆ destination dÕun public international. Cette rencontre, une des premires de ce type en Europe, sÕadresse en premier lieu aux doctorants.

    Le dŽveloppement des politiques actuelles de lÕUnion europŽenne influera de faon trs importante sur le futur du projet dÕintŽgration europŽen. Ces politiques aideront ˆ dŽterminer la lŽgitimitŽ de lÕUE et ˆ rŽpondre ˆ la question : Ē Quelle sorte dÕEurope ? Č. Si certaines de ces politiques continuent de suivre le chemin initialement tracŽ par les premires politiques de lÕUE, dÕautres sՎtendent dŽsormais dans des domaines qui faisaient jusquՈ rŽcemment largement, sinon entirement partie de la province des Etats membres. Les propositions devront traiter de nÕimporte quel aspect du sujet, dont par exemple  

į     LՃducation, par exemple la compŽtence et les politiques communautaires dans le champ de lՎducation, le processus de Bologne, la relation du droit communautaire de lՎducation avec lÕAGCS,

į     La culture, par exemple la protection de la propriŽtŽ culturelle, le droit et les politiques culturelles de lÕUnion europŽenne (cinŽma, arts, etc.),

į     LÕimmigration, par exemple le rŽgime du droit dÕasile, la politique dÕaccueil des rŽfugiŽs,

į     La SŽcuritŽ, par exemple coopŽration policire et judiciaire en matire criminelle, mandat dÕarrt europŽen,

į     La justice sociale, par exemple le droit et les mŽcanismes de solidaritŽ sociale, les modles sociaux europŽens, la redistribution des revenus,

 

    Il ne sÕagit bien sžr que dÕexemples de thme et non dÕune liste exhaustive ; toutes propositions prŽsentant dÕautres aspects du sujet seront les bienvenues.

    La Rencontre se tiendra durant un jour et demi. Six ateliers seront constituŽs (deux par demi-journŽe). Chaque atelier regroupera trois contributions et sera prŽsidŽ par un chercheur confirmŽ. Un discutant jeune chercheur animera les dŽbats pour chaque atelier. Les langues de travail sont lÕanglais et le franais.

    Les frais de transport et de sŽjour des intervenants seront pris en charge directement par les organisateurs de la Rencontre. Des prŽcisions seront donnŽes lorsque la sŽlection sera effectuŽe.

 

INSTRUCTIONS POUR LES SOUMISSIONS

Soumission des contributions

Chaque proposition de contribution doit tre envoyŽe ˆ Oana Andreea Stefan le 30 Mai 2005 au plus tard

par e-mail : ostefan@coleurop.pl

par courier : Oana Andreea Stefan, Academic Assistant, College of Europe, Natolin Campus, Ul. Nowoursynowska 84, PL-02-797 Warszawa, Pologne

Les contributions peuvent tre rŽdigŽes en franais ou en anglais

Chaque proposition de contribution doit contenir les informations suivantes

  - Une page de prŽsentation contenant le titre de l'intervention, le nom, prŽnom, l'institution d'origine, l'adresse complte (tŽlŽphone, e-mail, fax compris)

  - Un rŽsumŽ de la contribution (400 ˆ 500 mots)

Les propositions doivent tre envoyŽes en format Word ou RTF sur disquette 3Õ5 pour les envois par courrier

Examen des contributions

Un accusŽ de rŽception sera envoyŽ pour toutes les contributions proposŽes.

Les contributions seront examinŽes par le ComitŽ scientifique du European Law Journal (http://europeanlawjournal.com <http://europeanlawjournal.com/>  ).

Les lettres d'acceptation et de refus seront envoyŽes avant le 30 juin 2005.

Si aucune notification nÕest intervenue avant cette date, il est nŽcessaire de prendre contact auprs des coordinateurs.

Soumission des contributions finales

Aprs sŽlection des contributions, chaque auteur prŽparera les contributions finales pour la prŽsentation ˆ la confŽrence. Les rapports finaux devront tre transmis avant le 30 septembre 2005

Le programme dŽfinitif de ces Rencontres sera communiquŽ avant le 10 octobre 2005

La soumission des propositions de contribution constitue un engagement de participation ˆ la ConfŽrence.

Pour de plus amples informations : http://www.ceric-aix.fr ou contactez Nicolas Triart :europeanlawjournal@ceric-aix.fr   00 (33) (0)4 42 52 72 67

 

 

 

 

 

Formation

 

 

Quelles perspectives pour la recherche juridique ?

   Xme anniversaire de la Mission de recherche Droit et Justice

  Colloque, les lundi 21 et mardi 22 mars 2005, La Sorbonne

       Salon du Rectorat - 47, rue des Ecoles 75005 Paris

        Salle Louis Liard - 17, rue de la Sorbonne 75005 Paris

 

SŽance plŽnire    Ē Organisation de la recherche Č

SŽance plŽnire    Ē Objet et mŽthodes de la recherche Č

Atelier 1      Ē Droit, vie Žconomique et sociale Č

Atelier 2      Ē Sources et systmes de droit Č

Atelier 3      Ē Famille et personnes Č

Atelier 4      Ē Justice et modes de rŽgulation des litiges Č

Atelier 5      Ē Justice pŽnale Č

Atelier 6      Ē Droit, risques et responsabilitŽ Č

Atelier 7      Ē Etat et pouvoirs publics Č

Atelier 8      Ē Organisation et fonctionnement de la justice Č

SŽance plŽnire    Ē PrŽsentation des synthses des ateliersČ

SŽance de cl™ture  Rapport gŽnŽral

 

Programme et bulletin d'inscription dans le dossier joint en documentation attachŽ (Colloque 21-22 mars)

 

 

 

ActualitŽ du dŽbat positivisme / droit naturel

Table ronde jeudi 31 mars 2005 ˆ partir de 17 h, salle 201, UniversitŽ de Cergy-Pontoise

 

OrganisŽe par le Centre de philosophie juridique et politique [EA 2530] avec

    Blaise Bachofen (Ma”tre de confŽrences en philosophie, universitŽ de Cergy-Pontoise) et

    Arnaud Le Pillouer (Ma”tre de confŽrences en droit public, universitŽ de Cergy-Pontoise)

UniversitŽ de Cergy-Pontoise  Site des Chnes

33, Bd. du Port, Cergy-Pontoise

RER A (direction Cergy-le-Haut), arrt ĒCergy-PrŽfectureČ

SCNF, Gare Saint-Lazare, mme arrt

Renseignements: 01. 34. 25. 63. 84

 


La force publique et ses usages

   SŽminaire le jeudi 7 avril 2005 ˆ 20h30 ˆ Paris

    Lieu : Maison fraternelle 37, rue Tournefort 75005-Paris MŽtro : Place Monge (ligne 7)

 

    Avec Fabien Jobard, docteur en science politique, chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pŽnales (CNRS).

    Fabien Jobard travaille ˆ l'analyse des effets sociaux des lois sur la sŽcuritŽ et des institutions policires en France et en Europe. Sans traquer les responsabilitŽs individuelles de policiers dŽviants ni, au contraire, lire dans chaque fait violent l'aveu d'une nature systŽmatiquement rŽpressive de l'ƒtat, l'auteur Žclaire les raisons de ces violences. Ė Žgale distance du soupon et du dŽni, il restitue tout ce qui les rend possibles et contribue ainsi ˆ l'Žlaboration d'une thŽorie de la force publique.

    Fabien Jobard a consacrŽ un livre sur ce sujet qui a ŽtŽ publiŽ aux Žditions La DŽcouverte en avril 2002 (135x220 - 300 pages - 23 Ū - Textes ˆ l'appui / Politique et sociŽtŽ - 2-7071-3502-X)

Participation aux frais : 5 euros Seniors, Etudiants, ch™meurs, RMI : 3 euros

    Contact  :  ACAT Paris V , 13, rue Cujas, 75005-Paris

 

 

Droit, cultures et institutions juridiques des pays dÕAfrique

  Cours d'ŽtŽ - Bruxelles, 16-27 aožt 2005, Katholieke Universiteit Brussel

AcadŽmie Africaine de ThŽorie du Droit / AcadŽmie EuropŽenne de ThŽorie du Droit

 

ProblŽmatique et enjeux du Droit en Afrique ; Culture juridique et  universalisabilitŽ de concepts, rgles et modles juridiques ; Pluralisme juridique ; L'Etat en Afrique ; Le contentieux constitutionnel en Afrique ; DŽcentralisation et dŽveloppement local ; La protection de minoritŽs ; Relations internationales et rglement de conflits en Afrique ; Structures supra-nationales en Afrique ( Le NEPAD) ; Le fonctionnement des cours et tribunaux ; Les institutions de lÕEtat de Droit et de la DŽmocratie ; RŽsolution alternative de conflits ; Les politiques pŽnales en Afrique ; La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples ; L'Union EuropŽenne et les pays ACP: les accords de Cotonou.

Renseignements et inscriptions :

M.Camille Kuyu                                                        Mme. Kathleen K.U. Brussel

AcadŽmie Africaine de ThŽorie du Droit                       Vrijheidslaan 17 (av.de la libertŽ)

p/a 38 rue de Berri                                                   B - 1081 Bruxelles

F - 75008 Paris                                                        TŽl. +32 2 412 43 71

Academie@wanadoo.fr                                              kathleen.monsieur@kubrussel.ac.be

Site : www.afrijus.org <http://www.afrijus.org/>

 

 

 

 

Information

      

 

LE LEXIQUE DU FƒMININ

 

   Sapeuse-pompire, auteure, dŽputŽe... DŽcouvrez le "Lexique du fŽminin" sur le site Internet du laboratoire ATILF (Analyse et Traitement Informatique de la Langue Franaise). Ce programme en ligne propose aux internautes de taper le nom masculin d'un mot dont ils cherchent le possible fŽminin. Le rŽsultat de la recherche prŽsente la forme fŽminine du nom accompagnŽe de la rgle de grammaire correspondante. La recherche d'un nom masculin par son fŽminin est aussi disponible. Mais attention, la fŽminisation des noms de mŽtier ou de fonction est en France sujette ˆ polŽmique, comme le relve notamment le Centre international dՎtudes pŽdagogiques.

    Le laboratoire ATILF, dont le site propose aussi un dictionnaire de la langue franaise, est rattachŽ au "DŽpartement Sciences de lÕHomme et de la SociŽtŽ" du CNRS. Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) publie par ailleurs sur son journal en ligne ˆ l'occasion de la journŽe de la femme (8 mars) un dossier consacrŽ ˆ "La lente progression des femmes" dans "trois grands secteurs de la vie sociale" : l'Žducation, le travail et la politique.

    Laboratoire ATLIF : le "Lexique du fŽminin" http://atilf.atilf.fr/gsouvay/scripts/feminin.exe

    Centre international dՎtudes pŽdagogiques : "La fŽminisation des noms en 10 questions" http://www.ciep.fr/chroniq/femi/femi.htm

    Education, travail, politique : la lente progression des femmes http://www2.cnrs.fr/presse/journal/572.htm

Voir Žgalement :

    AcadŽmie franaise : "FŽminisation des noms de mŽtiers, fonctions, grades et titres" (2002)

       http://www.academie-francaise.fr/actualites/feminisation.asp

    Commission gŽnŽrale de terminologie et de nŽologie : rapport sur la fŽminisation des noms de mŽtier, fonction, grade ou titre (1998)

       http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/cogeter/feminisation/sommaire.html

    Laboratoire ATLIF : dictionnaire en ligne "Le TrŽsor de la Langue Franaise InformatisŽ"   

        http://atilf.atilf.fr/tlf.htm

 

   

 

DISCRIMINATIONS

Comment saisir la nouvelle Haute AutoritŽ de lutte contre les discriminations

 

    Racisme, intolŽrance religieuse, sexisme, homophobie, rejet des handicaps...

    Toute personne sÕestimant victime de discrimination en France peut dŽsormais saisir par Žcrit la Haute AutoritŽ de lutte contre les discriminations et pour lՎgalitŽ (HALDE).

    Voici son adresse : Haute AutoritŽ de lutte contre les discriminations et pour lՎgalitŽ (HALDE) 11-15 rue Saint Georges, 75009 Paris TŽlŽphone : 08 1000 5000

   CrŽŽe par la loi du 30 dŽcembre 2004, la HALDE est encore en cours d'installation. Elle ne sera totalement opŽrationnelle qu'au 1er juin 2005. Elle propose Žgalement un centre d'information par tŽlŽphone : 08 1000 5000 (Cožt local ˆ partir d'un poste fixe). Pour l'heure, le centre diffuse un message de prŽsentation de la HALDE. DŽbut avril, le centre d'appel sera chargŽ d'apporter des informations sur les discriminations, d'indiquer les modalitŽs de saisine de la haute autoritŽ et d'orienter le public vers les structures dŽpartementales (et dans les DOM) de lutte contre les discriminations.

 Site Internet : www.le114.com

   Pour mieux conna”tre la Haute autoritŽ et se renseigner sur les discriminations en France, les internautes pourront consulter le site Internet du GELD (Groupe d'Etude et de lutte contre les Discriminations) : www.le114.com. Un formulaire de saisine sera disponible sur le site de la Haute autoritŽ prochainement mis en ligne.

    http://www.service-public.fr/accueil/discriminations_halde.html

 

 

 

HISTOIRE DE LA WALLONIE

 

   Une histoire de la Wallonie, telle que l'ont entreprise Bruno Demoulin et Jean-Louis Kupper (Histoire de la Wallonie. De la PrŽhistoire au XXIme sicle, Ed. Privat) est l'histoire d'un espace situŽ entre France et Allemagne, dans un cadre dŽsormais europŽen, dont, comme souvent, sinon toujours en histoire, le passŽ est rŽinterrogŽ en fonction des questions et des prŽoccupations prŽsentes et peut-tre ˆ venir.

    Second volet ces samedi 26 mars et 2 avril 2005 : Toujours dans le cadre de l'histoire de la Wallonie, notre deuxime chapitre nous emmnera entre les 3me et 9me sicles, pŽriode au cours de laquelle nos rŽgions sont passŽes cette fois de l'Empire Romain au Royaume Franc. Une transition plus lente et plus graduelle qu'on a pu le penser et qui a vu l'installation de ce que l'on a appelŽ bien plus tard "la frontire linguistique".

 Avec Alain DIERKENS, professeur d'histoire mŽdiŽvale ˆ l'ULB.

http://www.rtbf.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?id=0160858_sac

 

 

 

Symboliques a(r)borignes

 

 

 

Le chne de Marie-Antoinette a ŽtŽ abattu

 

En moins de deux minutes, deux tracteurs forestiers ont eu raison du chne de Marie-Antoinette, le doyen (324 ans) des arbres du parc du ch‰teau de Versailles victime de la canicule de 2003, qui est lourdement tombŽ au sol mercredi dans un dernier craquement. [AFP 09 fŽvrier 2005]

   Pendant de longues secondes, les employŽs du ch‰teau prŽsents ont regardŽ le long squelette dŽbarrassŽ de ses branches gisant au sol, hŽsitant entre applaudissements et larmes, conscients Ē qu'une page d'histoire venait d'tre tournŽe Č.

    Pour Christine Albanel, prŽsidente de l'ƒtablissement public du ch‰teau de Versailles, Ē c'est quelque chose d'extrmement fort d'entendre le craquement de l'arbre, un des fleurons de Versailles, de le voir tomber et, brusquement, ce fracas, c'est trs fort Č. Elle y voit Ē un arrachement et pas seulement un arrachement ˆ la terre Č mais Ē un peu un arrachement ˆ notre mŽmoire Č.

    Peu ˆ peu, chacun s'approche de la dŽpouille du chne plantŽ il y a 324 ans dont la circonfŽrence du tronc dŽpasse les 5,5 mtres et dont les racines, ˆ peine sorties de terre, se dressent ˆ plusieurs mtres de hauteur.

    Trs Žmu, Alain Baraton, jardinier en chef du parc de Versailles, reconna”t qu'il Ē y a beaucoup de tristesse, car quand on est jardinier notre r™le est de conduire les arbres et de veiller ˆ leur santŽ. Voir un arbre de cette dimension ˆ terre, c'est quand mme trs triste Č.

    Ė ce moment, il pense aux Ē gŽnŽrations entires de jardiniers qui ont veillŽ sur le chne de Marie-Antoinette Č. Ē Moi, je suis celui qui l'aura accompagnŽ en fin de vie, qui l'aura emmenŽ de nouveau dans les pŽpinires o il a vu le jour Č, l‰che-t-il, reconnaissant Ē une certaine fiertŽ finalement Č.

    Haut de 35 mtres, le chne plantŽ en 1681 par Le N™tre Žtait l'un des rares arbres ˆ avoir ŽchappŽ ˆ la rŽgŽnŽration du parc ordonnŽe par Louis XVI en 1776, alors qu'il n'avait pas encore ftŽ ses 100 ans.

    PlantŽ ˆ proximitŽ de l'allŽe de la Reine, entre le Grand canal et le Grand Trianon, il a ainsi ŽtŽ dŽnommŽ car la reine Marie-Antoinette (1755-1793) aimait, dit-on, profiter de son ombrage lorsqu'elle sŽjournait ˆ Trianon. Et ce sont justement les rayons du soleil de l'ŽtŽ caniculaire 2003 qui lui ont ŽtŽ fatals.

    Le chne ne quittera pas Versailles car une fois relevŽ il sera exposŽ prs des pŽpinires de Trianon. Pour Alain Baraton, il est Ē normal que Versailles conserve les arbres qui ont fait sa rŽputation au mme titre que le mobilier ou les tableaux. Versailles, c'est un musŽe, mais c'est aussi un parc Č.

    Un nouvel arbre sera replantŽ en mars, un Quercus Robur

Le chne de Marie-Antoinette fait de la rŽsistance pour son dernier voyage [AFP 17 mars 2005]

   Le chne de Marie-Antoinette plantŽ il y a 324 ans dans le parc du ch‰teau de Versailles (Yvelines) et abattu le 9 fŽvrier, victime de la canicule de 2003 a donnŽ jeudi soir du fil ˆ retordre lors de son transfert vers Trianon o il doit tre exposŽ a-t-on appris auprs de la direction du ch‰teau. Dans l'aprs-midi, les personnels mobilisŽs pour l'occasion avec d'importants moyens de levage avaient eu des difficultŽs ˆ soulever l'arbre son poids estimŽ ˆ 35 tonnes s'est en fait rŽvŽlŽ tre de 55 tonnes.

    Des moyens supplŽmentaires ont ŽtŽ mis en oeuvre et l'arbre a du tre dŽlestŽ d'une partie de ses racines prŽcise-t-on de mme source.Finalement en milieu de soirŽe, ˆ la lueur des projecteurs le chne Žtait hissŽ sur un camion et le convoi prenait ˆ faible allure la direction du Grand Trianon situŽ ˆ quelques centaines de mtres du lieu o l'arbre avait ŽtŽ plantŽ en 1681. C'est lˆ que son tronc devrait tre relevŽ et dŽsormais exposŽ.

    Haut de 35 m, avec une circonfŽrence du tronc de 5,5 m, le doyen des arbres du parc du ch‰teau de Versailles, Žtait l'un des rares ˆ avoir ŽchappŽ ˆ la rŽgŽnŽration du parc ordonnŽe par Louis XVI en 1776. PlantŽ ˆ proximitŽ de l'allŽe de la Reine, entre le Grand canal et le Grand Trianon, il est ainsi dŽnommŽ car la reine Marie-Antoinette (1755-1793) aimait profiter de son ombrage lorsqu'elle sŽjournait ˆ Trianon.Ce chne tricentenaire se trouvait dans un bosquet de grands arbres qui a ŽtŽ dŽvastŽ par la tempte de 1999. Il s'est ainsi trouvŽ davantage exposŽ aux rayons du soleil et a perdu de sa vigueur. Au printemps 2003, il n'avait produit que quelques feuilles et n'a pas survŽcu ˆ la canicule de l'ŽtŽ.

 

 

LÕArbre de Gernika

Symbole du peuple basque, le chne de Guernica a retrouvŽ sa place. Le nouveau chne a ŽtŽ plantŽ ˆ Guernica le 25 fŽvrier 2005 [AFP 25 fŽvrier 2005]

   

   Un nouveau chne, symbole du peuple basque, a ŽtŽ solennellement plantŽ vendredi [25 fŽvrier 2005] ˆ Guernica par le prŽsident du gouvernement autonome basque Juan JosŽ Ibarretxe, pour remplacer celui qui Žtait mort pendant la canicule de 2003 ˆ l'‰ge de 146 ans.

    EntourŽ des membres du gouvernement rŽgional, du parlement basque et des chefs de partis, M. Ibarretxe a saluŽ le symbole du chne de Guernica devant lequel se dŽroulent depuis des sicles des cŽrŽmonies qui "reconnaissent au peuple basque la capacitŽ de s'organiser lui-mme et de gŽrer son existence".

    PlantŽ devant la Casa de la Juntas (la maison du Conseil), le prŽcŽdent chne - le troisime - avait survŽcu au bombardement de l'aviation allemande qui, immortalisŽ par Picasso dans son cŽlbre tableau Guernica, avait rasŽ la ville, un jour de marchŽ, le 26 avril 1937. Mais l'arbre n'avait pas survŽcu ˆ la canicule, ˆ l'‰ge et aux champignons.

    C'est devant ce chne - quatre se sont succŽdŽs en un demi-millŽnaire - que les rois d'Espagne venaient jurer de respecter les "privilges" basques et que, ˆ l'Žpoque moderne, tout nouveau Lehendakari (prŽsident du gouvernement rŽgional basque) vient prter serment, de mme que le dŽputŽ gŽnŽral de Biscaye.

    Le premier, surnommŽ "le pre", avait ŽtŽ plantŽ au XIVe sicle et avait vŽcu quatre sicles.

    Son successeur, "le vieux", avait tenu 150 ans (1742-1892).

    Le nouveau chne, ‰gŽ de 19 ans et haut de 12 mtres, a ŽtŽ prŽparŽ depuis deux ans. Son prŽdŽcesseur a ŽtŽ retirŽ avec tous les Žgards et sera conservŽ dans les jardins de la Casa de Juntas aux c™tŽs des deux qui l'ont prŽcŽdŽ.

    Une plaque rappelle les paroles formulŽes en 1936 par JosŽ Antonio Agirre, premier Lehendakarri de Euskadi, qui est devenu la formule protocolaire pour prter ce serment.

    Depuis 1936, les Lehendakaris prtent serment devant le chne en prononant la formule: "Devant Dieu, humble, debout sur la terre basque, en souvenir des anctres, sous l'arbre de Guernica, devant vous, reprŽsentants du peuple, je jure de remplir fidlement ma charge".

 

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Vous ne recevez pas bien lÕafad en ligne ?

lignes incompltes, liens inactifs...?

des signes cabalistiques ou des hiŽroglyphes indŽchiffrablesÉ ?

la solution (peut-tre) : xavier.abeberry@freesbee.fr