LA LETTRE ƒLECTRONIQUE DE LÕASSOCIATION FRANCOPHONE DÕANTHROPOLOGIE DU DROIT

 

n” 17 - le  21 avril 2005

 

Vous souhaitez faire passer une information dans lÕafad en ligne ?

merci d'en faire la demande ˆ : xavier.abeberry@freesbee.fr

 

 

S O M M A I R E

 

Entretien :  Jean-Claude Milner

Opinion :  Jacques Arnes / Michel GuŽrin / Franois Dubet

Vient de para”tre : comprendre la nature humaine

Appel ˆ contributions : land law and natural ressources management / sŽcuritŽ europŽenne

Formation : confits dÕEmpire / transparence et opacitŽ du discours juridique

Liens utiles

 

 

Entretien

 

   Ņ Le lien dŽfait Ó

      Jean-Claude Milner


   Entretien publiŽ dans la revue Catholica, n” 55 en 1997

 

    Jean-Claude Milner enseigne la linguistique ˆ lÕUniversitŽ Paris VII.

    Il est lÕauteur de LÕ¦uvre claire (Seuil, 1995) et de LÕarchŽologie dÕun Žchec. 1950-1993 (Seuil, 1993). Auparavant, outre un certain nombre de livres sur le langage, il avait Žgalement abordŽ dans De lՎcole (Seuil, 1984) les questions pŽdagogiques, importantes pour un linguiste dans la mesure o elles touchent ˆ la formation de lÕindividu et ˆ la transmission du savoir. Il vient de publier aux Žditions Verdier Le triple du plaisir (mars 1997).

 

CATHOLICA Ń LÕune des grandes caractŽristiques de la modernitŽ est sa fŽconditŽ ˆ produire sans cesse de nouvelles figures qui tour ˆ tour sont censŽes ouvrir la voie du bonheur ˆ lÕhumanitŽ...

 

Jean-Claude MILNER Ń Adam Smith croyait que le dŽveloppement du commerce permettrait dՎradiquer totalement toute forme de famine ; il en concluait quÕil Žtait possible de construire un monde o la question de la raretŽ serait en quelque sorte fluidifiŽe et traitŽe. Evidemment, cette figure nÕest restŽe quÕune utopie. Mais de la mme manire quÕAdam Smith a dit : Ē Le noyau du bonheur de lÕhumanitŽ, cÕest quÕelle mange ˆ sa faim et je vous donne pour cela la libertŽ du commerce Č, de la mme manire les Pasteuriens Ń parmi lesquels je ne compte pas Pasteur lui-mme Ń ont pu dire que le noyau du bonheur de lÕhumanitŽ se logeait dans le triomphe de la science sur la maladie. De la mme manire on a pu penser dans les annŽes soixante quÕon avait enfin trouvŽ la clŽ du bonheur au travers de la sexualitŽ.

 

CATHOLICA Ń O en est-on aujourdÕhui ?

 

Jean-Claude MILNER Ń Il y a deux choses importantes qui se sont produites mais dont lÕimportance est inŽgale. Il y a dÕabord le retour de la guerre et cela dans un extŽrieur trs proche. Le fait que lÕEurope soit un lieu pour la guerre est quelque chose qui trs rŽcemment encore paraissait anachronique aux EuropŽens. Il y a Žgalement le retour de la faim. Le fait que lÕon puisse mourir de faim et de froid est une chose que, depuis Adam Smith, on pensait avoir ŽradiquŽ pour ne subsister que lˆ o les procŽdŽs dÕAdam Smith ne sՎtaient pas dŽployŽs : en Afrique par exemple, ˆ cause de lÕabsence de commerce, ou dans les pays communistes o le choix anti-smithien avait ŽtŽ sciemment pratiquŽ. Or on sÕaperoit aujourdÕhui que dans lÕespace smithien, on peut de nouveau mourir de froid et de faim. Mais au-delˆ de cette rŽsurgence du problme de la faim, le point qui me para”t le plus important, cÕest le fait que la victoire sur la maladie sÕest rŽvŽlŽe prŽcaire. En tant que maladie invaincue par la science, le dŽveloppement du sida a constituŽ une vŽritable coupure. Cette rŽapparition dÕune maladie victorieuse Žtait compltement imprŽvisible au moment o jՎcrivais Les noms indistincts. Je sais quÕon peut dŽsormais envisager que le sida rŽintgre le modle pasteurien dÕune maladie traitable ˆ terme. Mais il y a eu un vŽritable choc et comme ce choc a portŽ trs prŽcisŽment sur la question des communautŽs ˆ base de constitution sexuelle, lՎbranlement a ŽtŽ extrmement fort.

 

CATHOLICA Ń Si les grands modles qui fŽdŽraient autrefois la nation semblent aujourdÕhui dispara”tre au profit de modles disparates auxquels correspond une mosa•que de communautŽs, faut-il en conclure au dŽpŽrissement de lÕEtat ?

 

Jean-Claude MILNER Ń Paradoxalement, je ne pense pas que lÕEtat disparaisse. Au contraire, il cro”t de manire cancŽreuse. Etant admis que la structure Žtatique fŽdre la structure administrative, les points dÕintervention de cette dernire ne cessent de se multiplier. Mme sÕil sÕagit de points localisŽs ou encore de petites structures administratives, il reste toujours ˆ la fin des fins un grand tissu collecteur qui sÕappelle lÕEtat. Il nÕy a aucune contradiction entre dÕun c™tŽ un dŽpŽrissement du discours de lÕEtat comme figure de rationalitŽ et paralllement une multiplication de son emprise tentaculaire.

    Ce quÕon appelle la RŽpublique en France est la tentative partiellement rŽussie, au moins pendant une pŽriode, de constituer un principe de lien social qui ne soit pas substantiel mais formel. Autrement dit, la propriŽtŽ commune sur la base de laquelle le lien se constitue nÕest pas une propriŽtŽ de substance, mais de forme et, en lÕoccurrence, de forme constitutionnelle et juridique. Pour que les membres de la communautŽ acceptent que la propriŽtŽ commune qui les lie se dŽchiffre sur un registre formel sans aucun relais substantiel, il faut un certain degrŽ dÕabstraction. CÕest pour cela que lՎcole joue un r™le trs important dans le dispositif ; elle vŽhicule la possibilitŽ dÕaccepter que seuls des principes formels soient nŽcessaires mais aussi suffisants pour constituer la base dÕune propriŽtŽ commune qui dŽfinisse lÕappartenance ˆ la communautŽ et le maintien de ce lien. Depuis plusieurs annŽes, on assiste ˆ la mise en cause du caractre nŽcessaire ou suffisant de ces principes formels. Si on pense quÕils ne sont pas suffisants, cela signifie quÕil faut en quelque sorte les lester de principes substantiels. Si on pense que ce nÕest pas nŽcessaire, cela signifie que seuls les principes substantiels suffisent. Prenons par exemple le pathos qui a entourŽ les communautŽs, par opposition aux figures formelles de la RŽpublique ou de la nation. Les communautŽs se dŽfinissent de manire substantielle : Ē tre juif Č ou Ē tre jeune Č sont lus comme des propriŽtŽs substantielles. On peut dire quՈ partir des annŽes soixante et jusquՈ une date relativement rŽcente, beaucoup de gens ont pensŽ que seules les propriŽtŽs substantielles Žtaient nŽcessaires et suffisantes, les propriŽtŽs formelles Žtant considŽrŽes comme superfŽtatoires. On comprend ds lors lÕimportance du thme du dŽpŽrissement de lÕEtat dans la mesure o il nÕest associŽ quՈ une figure formelle ou encore celui de lÕinutilitŽ de lՎcole et du savoir. Depuis quelques annŽes, un trs grand scepticisme se dŽveloppe sur la suffisance des principes substantiels, ce qui entra”ne aujourdÕhui le dŽveloppement dÕun discours mixte o les deux composantes sont considŽrŽes comme importantes.

 

CATHOLICA Ń Le risque est en effet de tomber dans la dispersion la plus totale, le rgne des banlieues ˆ lÕamŽricaine...

 

Jean-Claude MILNER Ń Exactement. Ds quÕon admet un tant soit peu de principes substantiels, lÕeffet dՎrosion des principes formels est inŽvitable. La seule chose que rŽclament les Ē sans-papiers Č, cÕest dÕavoir justement des papiers, cÕest-ˆ-dire quelque chose de purement formel. JÕai ŽtŽ trs frappŽ par le caractre Žtonnamment inadaptŽ de certaines interventions bien intentionnŽes du type : Ē Voyez, ce sont des Noirs, mais ils travaillent chez nous, donc... Č. Le problme nÕest pas lˆ. Le problme nÕest pas de savoir sÕils travaillent ou sÕils ne travaillent pas : on reste dans la substance. Si on dit que le critre substantiel dÕappartenance ˆ la communautŽ nationale cÕest de travailler, cela revient ˆ dire quÕil faut faire des camps de travail. Les consŽquences sont extrmement graves. La position des Ē sans-papiers Č est logique : si lÕon croit que dans la RŽpublique franaise les critres dÕappartenance sont formels, cÕest donc lÕapplication de critres formels et non substantiels quÕil sÕagit de demander. Tout tourne autour du traitement de ce paradoxe qui fait que la dispersion est constitutive du rŽel, mais que si on la laisse rŽellement se dŽvelopper, au bout du compte il nÕy a plus un tre parlant sur la surface du globe.

 

CATHOLICA Ń La recherche dÕune dŽfinition du lien social nÕest pas nouvelle. Mais en quoi la philosophie politique moderne se distingue-t-elle de la pensŽe classique sur ce sujet ?

 

Jean-Claude MILNER Ń Chez Platon, la question fondamentale est celle de la quantitŽ nŽcessaire de liens. On trouve ainsi chez lui une espce dÕivresse ˆ inventer sans cesse de nouveaux rouages pour solidifier davantage le lien social. De son c™tŽ, Aristote refuse de poser la question de la constitution idŽale, il examine les diffŽrents rouages qui existent. CÕest ainsi quÕil se trouve devant des systmes dÕune complication inou•e. Mais pour Aristote, sÕils servent le but de la constitution, on ne peut pas les remettre en cause. Il ne sÕagit donc pas de savoir si cÕest nŽcessaire mais si cÕest suffisant. Vouloir sÕen tenir au minimum, aux seuls dispositifs nŽcessaires pour assurer le lien est une position moderne.

 

CATHOLICA Ń NŽcessitŽ, oui, mais dans le systme moderne, le lien est pensŽ dans la libertŽ. Si lien il y a, lÕindividu doit rester aussi libre quÕauparavant. Comment ce paradoxe fonctionne-t-il dans la France dÕaujourdÕhui ?

 

Jean-Claude MILNER Ń Vous prŽsentez la chose sous la forme la plus extrme, mais je pense que vous avez raison. CÕest cela que jÕappelle le principe du minimum. Ce sera dÕautant plus minimal que dÕun certain point de vue cela nÕaura aucun effet de transformation. CÕest un peu ce qui se passe dans le contrat social. Dans la modernitŽ rŽcente, les principes de lŽgitimitŽ et dÕillŽgitimitŽ ont fait porter leur force Žliminatoire sur pratiquement tout. Dans la sociŽtŽ idŽale, nÕest nŽcessaire que ce qui garantit le lien minimal nŽcessaire. Au jour dÕaujourdÕhui, lÕun des seuls liens lŽgitimes est ce qui sÕinsre au point de la sexualitŽ, si bien quՈ la fin des fins la philosophie politique la plus rŽcente se rŽduit au prŽservatif. Bon symbole de la dŽmocratie.

 

CATHOLICA Ń Le discours europŽen serait-il moins proche de ce degrŽ zŽro ?

 

Jean-Claude MILNER Ń On y retrouve lÕopposition entre discours substantiel et discours formel. LÕappartenance europŽenne est fondŽe sur du substantiel quand elle implique une civilisation et des valeurs communes. Mais elle peut tre Žgalement purement formelle : il sÕagit alors uniquement de lÕadhŽsion ˆ un traitŽ dont on respecte les formes. Les hommes politiques naviguent systŽmatiquement entre les deux approches alors quÕelles ne sont pas du tout les mmes. Le cas de la Turquie est ˆ cet Žgard trs significatif. Il est trs amusant de voir combien il est difficile dÕintŽgrer la Turquie en parlant de valeurs substantielles et communes : lÕhistoire nÕest pas la mme et certaines oppositions radicales subsistent. A lÕopposŽ, on trouve le discours formel suivant : Ē A partir du moment o la Turquie signe un traitŽ et sÕengage ˆ respecter un certain nombre de clauses parmi lesquelles des clauses de forme de gouvernement, il nÕy a plus de problme Č. Et effectivement, pourquoi pas ! A ce compte-lˆ, on peut dire exactement la mme chose de Ta•wan... On voit trs bien comment le discours est pris en Žtau entre deux approches opposŽes. La notion dÕEurope peut se dŽfinir substantiellement sur une base gŽographique. Mais cette approche ne tient pas quand on sait que les dŽpartements franais dÕOutre-mer relvent de la CommunautŽ europŽenne alors que gŽographiquement ils se situent sur un autre continent. Mais lÕEurope peut tre Žgalement envisagŽe comme un moyen de constituer une communautŽ qui se construirait sur des liens lŽgitimes en prenant en compte tout ce qui est nŽcessaire au bonheur de chaque EuropŽen : droit au travail, droit ˆ la santŽ, droit au logement, etc. Or, beaucoup de grandes nations considrent quÕelles ont un savoir-faire pour ce qui est du maintien du lien social Ń les Anglais gr‰ce ˆ lÕHabeas Corpus, ˆ la monarchie parlementaire et au protestantisme ouvert, les Franais gr‰ce ˆ la RŽpublique et ˆ une dŽfinition principalement formelle du principe de la communautŽ politique, les Allemands gr‰ce ˆ la langue allemande, au mark et ˆ la Kultur Ń mais sont conscientes par ailleurs quÕelles ne rŽsisteront pas seules dans la compŽtition Žconomique mondiale. LÕEurope pourrait donc tre envisagŽe comme un simple moyen dՐtre plus efficace dans la guerre Žconomique mondiale, le lien restant le propre des nations.

 

CATHOLICA Ń Justement, ˆ propos des nations, le moins que lÕon puisse dire est que celles-ci ne sont pas du gožt de certains...

 

Jean-Claude MILNER Ń Oui, il y en a qui vont plus loin et se mettent ˆ idol‰trer lÕEurope comme seule et unique base du lien social, tout le reste devant ˆ leurs yeux dispara”tre. Autrement dit, par un discours inversŽ, on nomme lÕennemi : la nation devient le particularisme, lՎgo•sme, ce qui ne fait pas lien. La logique voudrait que ces EuropŽens-lˆ soient comme Richelieu, cÕest-ˆ-dire destructeurs. Il faut abattre les ch‰teaux forts les uns aprs les autres et abaisser dŽfinitivement lÕorgueil des grands. CÕest ce quÕon peut dŽchiffrer, me semble t-il, dans le discours du prŽsident de la Bundesbank qui voit dans Chirac un grand fŽodal ˆ abattre. La position de la plupart des politiciens franais est absolument inconsistante puisquÕils tiennent un discours fluctuant suivant les besoins de la cause. Il y a une solution machiavŽlique Ń je pense ˆ celle dÕEdith Cresson Ń qui consiste ˆ dire quÕil faut abattre tous les ch‰teaux forts, sauf le ch‰teau fort franais. De mme que la langue particulire de lÕIle-de-France est devenue la langue de la monarchie, de mme les grands corps de lÕEtat franais ont vocation ˆ fournir les rouages fondamentaux de lÕadministration europŽenne. Je ne suis pas du tout sžr que ce soit possible matŽriellement. Et dÕailleurs, les Anglais et les Allemands pensent la mme chose mais pour leur propre compte. En rŽalitŽ, le mot Europe est devenu un ma”tre-mot qui permet de mettre fin ˆ la discussion mme si les points de vue sont ˆ lÕorigine compltement contradictoires. On lÕutilise soit pour faire peur soit pour sŽduire.

 

CATHOLICA Ń CÕest la confusion des langues ! SÕil ne reste pour sÕunir que les mots, lÕenvers du dŽcor est la dispersion la plus totale.

 

Jean-Claude MILNER Ń En effet, il y a diffŽrents registres de lecture de ce qui fait lien et dans un pays comme la France ceux-ci ne se recouvrent plus. Un exemple : la notion dÕespace national. Il est absolument clair que le signifiant France faisait lien tant au niveau politique quÕau niveau social et cela se traduisait par des prŽoccupations dՎquilibrage rŽgional ou encore de rŽduction des inŽgalitŽs. ConsidŽrŽ dŽsormais comme non pertinent Žconomiquement, ce signifiant a perdu progressivement de sa valeur entre les deux guerres et sÕest dŽfinitivement vidŽ de sa substance aprs 1945. Avec de Gaulle, les codages correspondent encore. Dans une optique smithienne, il pense que lÕalphabet Žconomique est en concordance avec lÕalphabet des nations. AujourdÕhui, les politiciens sont tous dŽsormais convaincus que Marx a raison et que lÕinfrastructure Žconomique est dŽterminante. La consŽquence extrmement frappante est que le codage du signifiant France, qui reste pertinent pour les politiques, ne correspond plus au codage Žconomique. CÕest dans ce paradoxe que se niche une grande partie des embarras. Avec des codages qui ne se superposent plus, lÕhomme politique en position de dŽcision en est rŽduit ˆ faire le grand Žcart. SÕil dit quÕĒ avant tout, il est absolument essentiel, pour des raisons Žconomiques, de rŽtablir lՎquilibre budgŽtaire  Č, il dit quelque chose qui a un sens Žconomique mais Žconomiquement, la notion de France est devenue purement administrative ; cÕest un codage de seconde zone. MalgrŽ tout, cela lÕentra”ne ˆ prendre des mesures qui, elles, nÕont de sens et ne sont visibles que sur un registre purement national, au sens usuel du terme. Donc, il y a un systme de non-correspondance qui fait que lui-mme ne doit jamais exactement savoir quel est le signifiant appropriŽ. Il ne peut sÕen tirer quÕavec des signifiants un peu vaseux, du genre Ē les chances de la France, lÕavenir... Č.

 

CATHOLICA Ń Comment voyez-vous les choses Žvoluer ? Cette forme dÕhypocrisie peut-elle durer longtemps et comment risque-t-elle de se rŽsoudre ?

 

Jean-Claude MILNER Ń A partir de 1945, on a ŽtŽ convaincu que le texte de la paix et de la guerre ne sՎcrirait plus dans lÕalphabet des nations mais dans celui des blocs. Ainsi, si de Gaulle Žtait un nationaliste qui nÕhŽsita pas ˆ sortir de lÕOTAN, en mme temps il savait trs bien que la question de la paix ou de la guerre ne sՎcrirait plus dans lÕalphabet des nations mais dans celui des blocs. Avec la guerre froide, les seules guerres vŽritables deviennent donc les guerres mondiales entre blocs. Tout le reste nÕest quÕopŽration de pacification, low intensity conflict pour les AmŽricains. AujourdÕhui quÕil nÕy a plus quÕun seul bloc, la conclusion logique, cÕest quÕil nÕy a plus de guerre. CÕest cette hypothse de paix perpŽtuelle qui nourrit dÕailleurs le processus de mondialisation et de construction europŽenne. Et pourtant, dans la situation prŽsente, il y a un grand danger ˆ persister dans cette logique de blocs. En effet, cÕest au moment mme o le texte Žconomique cesse de sՎcrire dans lÕalphabet des nations que rŽappara”t un nouveau texte de guerre et de paix qui sÕinscrit ˆ nouveau dans cet alphabet. Or, nous ne sommes pas prts ˆ penser un tel bouleversement.

 

    Propos recueillis par StŽphen de Petiville en 1997

 

 

 

Opinions

 

   Tabous cachŽs

        par Jacques ARéNES (LA VIE, jeudi 17 mars 2005)

 

    Ņ Moi je nÕai pas de tabou Ó est une phrase devenue courante dans le monde mŽdiatique. Une conscience nÕest aujourd'hui autonome que dans la mesure o elle autoproclame son droit de transgression vis-ˆ-vis des supposŽs Ņ tabous Ó, qui dŽsignent les limites et les interdits moraux, mais, plus gŽnŽralement, les thmes quÕune partie de la sociŽtŽ ne souhaiterait pas voir aborder. Ne pas avoir de tabous, cÕest sÕannoncer libre de dire ou de vivre des transgressionsÉ dÕautant plus facilement que les normes ont beaucoup changŽ. Nul ne vient contr™ler, de nos jours, ce que chacun fait de sa vie privŽe, mais on sÕinvente un supposŽ groupe de rŽactionnaires, imposant sa loi ˆ la sociŽtŽ, pour sÕattaquer ˆ un tabou que plus personne ne garde.

    Ce qui est tabou se signale, dans les sociŽtŽs traditionnelles, par son caractre ˆ la fois sacrŽ et intouchable. Le tabou peut terrifier, mais est respectŽ, et se rŽvle intouchable. LÕambivalence devant le tabou souligne le rapport ˆ ce qui est ˆ la fois sacrŽ et impur. Transgresser un tabou, cÕest donc, mme ˆ prŽsent, lui reconna”tre un caractre sacrŽ, tout en le rejetant. La modernitŽ a besoin de ces interdits, pourtant considŽrŽs comme dŽsuets, pour garder une jouissance de la transgression. Les levŽes de boucliers devant certaines dŽclarations du Magistre sÕexpliquent pour partie par ce souhait de garder en face de soi un Ņ ennemi intime Ó, une institution Ņ archa•que Ó vis-ˆ-vis de laquelle on va sÕopposer. Car supposer quÕil nÕexiste plus dans le monde de parole qui dise les interdits est trop angoissant ; cet Žtat de fait nous mettrait en face de la solitude contemporaine. La modernitŽ produit elle-mme ses propres normes, dÕune manire hŽtŽrogne, fluctuante et sans quÕaucun censeur ne sÕy applique explicitement. Ce Ņ polythŽisme des valeurs Ó, ŽnoncŽ par le sociologue Max Weber (1864-1920), fait surgir une profonde incertitude : ce que nous vivons nÕest pas clair et changera nŽcessairement ; le futur aura raison contre nous; Nous prŽfŽrons alors nous positionner comme des fils contre les pres, en opposition au passŽ supposŽ encore agissant, pour Žviter de nous poser la question du fondement de notre crŽation de normes, hormis celui du mouvement incessant de lÕopinion et des m¦urs.

    La culture moderne recle pourtant encore de nombreux tabous, bien rŽels mais jamais formulŽs. Il est des sujets impossibles ˆ aborder, sous peine dÕessuyer le tir nourri de ceux qui craignent le retour des anciens tabous et de la censure moralisante. La censure sÕexerce alors au nom du refus de la censure ! Impossible, par exemple, dՎvoquer la question de lÕaspect structurant de la diffŽrence des sexes, mme de la manire la plus nuancŽe. Toute culture invente des normes, encore faut-il quÕelle les reconnaisse, et quÕelle admette aussi que lÕimposition de ces normes est accompagnŽe, encore maintenant, dÕune certaine violence, fžt-elle parŽe des atours de la libertŽ. Mais taisons-nous, ce sujet-lˆ est tabouÉ

 

 

   L'Europe b‰tarde

        par Michel GuŽrin (LibŽration, jeudi 14 avril 2005)

 

   Trop peu d'intellectuels dŽcidŽs ˆ voter oui le 29 mai prochain jugent nŽcessaire de s'engager publiquement dans cette bataille, car elle ne ressemble pas ˆ ces nobles querelles qui b‰tissent les rŽputations. Peut-tre flairent-ils mme qu'ils pourraient perdre des plumes en y trempant la leur. Pourtant, il faut aller au charbon, cela devient urgent, ne serait-ce que pour Žviter que ne s'installe la persuasion dŽsastreuse que le oui est ˆ court d'arguments. Ce qui rebute certains dans l'Europe, c'est qu'elle existe : ce qui la conduirait par le fait ˆ trahir son idŽe. Elle se construit par petites touches qui ne paient pas de mine tant qu'un seuil perceptible ne cristallise pas des ĒpourČ et des ĒcontreČ.

    Les pragmatiques convaincus, dont je suis, pensent que l'Europe ne se chercherait pas si elle ne s'Žtait dŽjˆ trouvŽe ; en d'autres termes que la construction europŽenne est une utopie semi-rŽelle ou encore une rŽalitŽ que dŽmange sa propre utopie. L'Europe est simultanŽment un groupe de faits qui attend sa signification politique et la projection maladroite, atermoyŽe, incomplte de cette mme signification ˆ l'aide d'Žtat de choses qui l'indique. L'Europe retarde sur soi et s'anticipe. Cette configuration inŽdite est intellectuellement et politiquement passionnante. Pour les hommes de ma gŽnŽration, elle est la seule cause exaltante et ˆ notre portŽe dans la rŽgion du monde o nous vivons en ce dŽbut de XXIe sicle.    L'Europe sera b‰tarde ou ne sera pas. Mieux vaut une rŽalitŽ qui rappelle une idŽe plut™t qu'une rŽalitŽ sans nom sŽparŽe d'une idŽe qui tourne ˆ la reprŽsentation imaginaire. La Constitution en tant que projet ˆ la fois symbolise l'avance des idŽes et fait sympt™me du rapport des forces en prŽsence aujourd'hui. La Constitution doit tre lue comme un tissage de significations prospectives indissociable d'un clichŽ de ce qui existe effectivement sous cette enseigne. On ne fait bouger l'Europe qu'en elle et par elle en travaillant ˆ l'articulation constante des mots et des choses. Tout le monde sait bien que les discussions de chiffonniers des eurocrates tant mŽprisŽs produisent des effets, tandis que les homŽlies de Jean-Pierre Chevnement, le ricanement de Philippe de Villiers ou les litanies sinistres d'Henri Emmanuelli ne produisent que des humeurs.

    L'Europe sera b‰tarde ou ne sera pas. Mieux vaut une rŽalitŽ qui rappelle une idŽe plut™t qu'une rŽalitŽ sans nom sŽparŽe d'une idŽe qui tourne ˆ la reprŽsentation imaginaire. La Constitution en tant que projet ˆ la fois symbolise l'avance des idŽes et fait sympt™me du rapport des forces en prŽsence aujourd'hui. La Constitution doit tre lue comme un tissage de significations prospectives indissociable d'un clichŽ de ce qui existe effectivement sous cette enseigne. On ne fait bouger l'Europe qu'en elle et par elle en travaillant ˆ l'articulation constante des mots et des choses. Tout le monde sait bien que les discussions de chiffonniers des eurocrates tant mŽprisŽs produisent des effets, tandis que les homŽlies de Jean-Pierre Chevnement, le ricanement de Philippe de Villiers ou les litanies sinistres d'Henri Emmanuelli ne produisent que des humeurs.

    L'Europe, donc, ne sera pas franaise ? Non. Ni anglaise, ni allemande. Elle est et sera la rŽsultante des compromis consentis par chacun et par tous. Et n'est-ce pas lˆ, d'ailleurs, la rŽussite palpable de cette construction : donnŽe fichue ˆ chaque Žtape, elle se rŽvle capable de se relancer par cet art, qui ne s'improvise pas, de gŽrer positivement les diffŽrends. Le capitalisme n'est pas anglo-saxon, tandis que le socialisme serait franais. Ne laissons pas l'Europe ˆ des ĒthŽologiensČ !

    De deux choses l'une, ˆ les en croire : soit l'Europe avait une idŽe qui valait la peine avant qu'elle ne se perde en chemin, soit cette idŽe est ˆ venir et elle est, pour l'instant, prŽfigurŽe par des simulacres (demain, on renŽgocie !). Alors que les utopistes pragmatiques tiennent les mots et les choses pour insŽparables dans leur dŽcalage mme, les doctrinaires n'ont ˆ l'esprit que ce dŽcalage et les voilˆ rŽpudiant un corps de significations au motif qu'il trahit ce qu'il prŽtend servir. Mais que vaut, en ces matires, une idŽe seule et seulement franaise ? O, comment et par qui s'incarne-t-elle ? L'erreur consiste ˆ chosifier les significations (le libŽralisme, les marchŽs, la concurrence) et ˆ pourvoir d'un sens malin ou retors ce qui n'est qu'un pli ou une phase transitoires du rapport de forces constituant une rŽalitŽ politique en Žvolution. Le devenir historique est ouvert et non fatal : il n'est pas inscrit, mais dŽpendra des volontŽs jointes et confrontŽes. Ne soyons pas mauvais joueurs et ne partons pas perdants ! Le projet de Constitution permet, il n'empche pas.

    Les partisans du non ont cru pouvoir imposer le terrain des signifiants et ont vu le parti ˆ tirer d'une opposition des idŽes Ń pures (l'ĒEurope socialeČ) et dures (le capitalisme sauvage, le sacre du marchŽ, le nŽolibŽralisme) Ń aux rŽalitŽs mitigŽes et mouvantes de ce work in progress qu'est l'Europe depuis un demi-sicle. Ils se prononcent pour l'intŽgration, mais ne veulent pas de cette Constitution qui dŽpossde les peuples de la souverainetŽ, remet un pouvoir sans partage ˆ des institutions dŽpourvues de lŽgitimitŽ, et laisse le champ libre aux marchŽs et ˆ la dŽrŽgulation. Ils concluent que la Constitution n'est pas neutre politiquement, car c'est en vŽritŽ une bible de la politique libŽrale.

    Il faut sortir de la querelle des interprŽtations et revenir ˆ deux fondamentaux : la gense de ce projet constitutionnel et sa portŽe Ń en gardant ˆ l'esprit qu'au pire la Constitution entŽrine le contenu de prŽcŽdents traitŽs (pour ne pas parler des progrs indiscutables qu'elle apporte). Il ne peut Žchapper en effet aux adversaires de cette Constitution, d'une part qu'elle est ˆ la fois le rŽsultat d'Žtape, chrement acquis, de longues et difficiles nŽgociations, d'autre part qu'elle fait pour la premire fois exister l'Europe comme texte, c'est-ˆ-dire comme sens. Que l'Europe soit, dans la nation qui en a portŽ l'intention, au coeur d'un dŽbat dŽcisif est, au fond, rŽjouissant et constitue le meilleur antidote au vertige nŽgateur.

    Je veux bien que le prŽsent projet ait une marque libŽrale (qu'on me dise quelle serait l'alternative crŽdible ˆ l'Žconomie de marchŽ ?) ; on a le droit de contester la place et le r™le rŽaffirmŽs du marchŽ (commun, puis unique) en regrettant que les hommes ne soient pas capables de s'unir immŽdiatement sur des bases politiques et culturelles ; on ne peut instruire un procs d'intention et dŽnoncer les mŽfaits et complots de l'ultralibŽralisme, sauf ˆ agiter les mots comme des Žpouvantails.

    A qui fera-t-on croire que la Constitution ĒlibŽraleČ cadenasse pour jamais le droit des peuples ? Comment peut-on faire si peu confiance ˆ l'histoire, c'est-ˆ-dire au changement ? Chacun trouvera dans le texte les justificatifs de sa lecture, car il est Žtonnamment duplice : il fait lit pour la volontŽ prŽsente et ˆ venir, il ne l'Žtouffe pas. Quant ˆ l'argument du peuple dŽpossŽdŽ de sa souverainetŽ, de qui se moque-t-on ? Quel peuple ? Le peuple europŽen est virtuel, non actuel. Pour l'instant, existent des nations et des Etats qui, par leurs reprŽsentants, s'efforcent de b‰tir un artefact politique et symbolique viable dont l'objectif est justement d'induire cette conscience d'appartenance et ce sentiment de solidaritŽ et de responsabilitŽ collective. Sans volontŽ gŽnŽrale, pas de peuple. Elle ne na”t pas par gŽnŽration spontanŽe dans un ensemble si multiple. Au lieu de jeter l'anathme sur les institutions et les responsables politiques accusŽs de dŽtournement de souverainetŽ, considŽrons que sans le volontarisme dont les meilleurs ont fait preuve depuis cinquante ans, nous ne pourrions nous offrir ce luxe si nŽcessaire du dŽbat d'aujourd'hui. Au lieu de r‰ler sur les dŽmagogues, les citoyens europŽens seraient bien inspirŽs, premirement de voter, deuximement de voter oui.

 

Michel GuŽrin philosophe. Dernier ouvrage paru: Nihilisme et modernitŽ (Jacqueline Chambon).

 

 

 

   Derrire le social, la nation

        par Franois DUBET (LibŽration, mercredi 20 avril 2005)

 

    Partout en Europe, les choses semblent claires : les adversaires de la Constitution sont les souverainistes refusant que la nation cde une part d'indŽpendance. C'est le cas des conservateurs britanniques identifiant la dŽfense de la Grande-Bretagne au marchŽ le plus radical, et des partis populistes d'extrme droite dŽfendant leurs racines ˆ l'abri des Etats et des barrires qui les protgent. C'est aussi le cas des communistes historiques reprenant en main une CGT trop sŽduite par la ConfŽdŽration syndicale europŽenne ; sur ce plan, rien n'a changŽ sauf la rhŽtorique, l'antilibŽralisme remplaant les Ērevanchards allemandsČ. Pour le reste, les partis libŽraux, les partis socialistes et la plupart des syndicats acceptent un projet de Constitution, sans doute imparfait, mais certainement plus dŽmocratique et pas moins social que ne le furent les traitŽs successifs, y compris de traitŽ de Nice, qui nous rŽgissent et qui resteront si le non l'emporte.

    Partout, les choses semblent ĒnormalesČ, sauf en France o s'installe un non de gauche identifiŽ au refus du libŽralisme sauvage, ˆ la dŽfense du service public et des acquis sociaux arrachŽs au fil de l'histoire et de ses luttes. En France, les revendications et les inquiŽtudes sociales traditionnellement portŽes par la gauche basculent vers la dŽfense d'une identitŽ nationale : le social devient national. On peut penser que la ĒspŽcificitŽ franaiseČ suffit ˆ comprendre et ˆ justifier cette bizarrerie. On peut aussi se demander si cette dŽfense d'un modle social n'est pas, en rŽalitŽ, la dŽfense d'un modle national dont l'affaiblissement donne aujourd'hui le vertige ˆ ceux qui s'y sont identifiŽs.

    Au-delˆ de la critique du libŽralisme, dont une Constitution pourrait toujours mieux nous prŽserver qu'une addition de traitŽs de libre-Žchange, le non de gauche exprime la dŽfense d'un modle rŽpublicain national ancrŽ au coeur de notre imaginaire politique. Plus que bien d'autres pays sans doute, la France a construit une dŽmocratie, une ĒcommunautŽ de citoyensČ dans le cadre d'un Etat national rŽpublicain conu comme l'intŽgration progressive d'une Žconomie nationale ma”trisant ses Žchanges et sa monnaie, d'une souverainetŽ politique autonome et puissante quand la France avait un empire colonial, et d'une culture nationale largement identifiŽe ˆ l'universel. Ce fut la France de Jules Ferry, premier instituteur rŽpublicain et ministre des Colonies, celle de De Gaulle incarnant la ĒgrandeurČ, et celle du Parti communiste mlant le combat de la classe ouvrire ˆ l'affirmation de l'indŽpendance nationale. Cette France-lˆ fut aussi identifiŽe ˆ une fonction publique beaucoup plus rŽpublicaine que dŽmocratique, gŽrŽe par des fonctionnaires plus que par des Žlus, et la plupart de ses institutions, l'Žcole, la SNCF, EDF... ont tirŽ leur lŽgitimitŽ du fait qu'elles incarnaient la nation et son unitŽ. Longtemps, leurs agents Žtaient moins au service du public et des usagers qu'ils n'Žtaient au service de l'intŽgration nationale, ce qui leur a confŽrŽ quelque chose de ĒsacrŽČ puisqu'ils travaillaient pour la RŽpublique, la nation et la Raison. La RŽpublique a combattu l'Eglise au nom de la tolŽrance la•que, mais, dans une large mesure, elle s'est substituŽe ˆ elle comme figure de la transcendance de la Raison et de l'unitŽ de la communautŽ nationale.

    C'est cette reprŽsentation de la vie sociale qui se dŽfait aujourd'hui. Quel que soit le jugement que l'on porte sur la globalisation, et l'on a bien des raisons d'tre inquiet, il est clair que l'Žconomie franaise est ouverte aux quatre vents : les Franais produisent pour l'exportation et consomment des produits importŽs. Pour beaucoup de tenants du non, mme si la France n'est plus un empire, elle ne peut se rŽsoudre ˆ n'avoir que l'autonomie que lui confre sa puissance. Quant ˆ la culture nationale, elle rŽsiste mais prend eau de toute part : les industries culturelles mondiales, pas seulement amŽricaines, irriguent notre vie quotidienne, les migrants veulent sans doute s'intŽgrer dans la sociŽtŽ franaise, mais ils ne souhaitent plus se fondre dans un Ēmodle franaisČ relŽguant leur identitŽ dans la seule sphre privŽe. Ds lors, cet imaginaire national rŽpublicain se dŽfend car tout para”t le menacer. Les sages appels altermondialistes aux rŽgulations Žconomiques internationales ne rŽsistent pas ˆ un anticapitalisme radical qui n'est mme plus associŽ ˆ un projet rŽvolutionnaire. Sous prŽtexte de refuser l'ultralibŽralisme, tous les ĒautresČ, du dedans ou du dehors, apparaissent comme des ennemis potentiels. Les revendications culturelles sont d'emblŽe rejetŽes dans l'enfer du communautarisme, mme si nous devenons, nous aussi, de plus en plus communautaires quand une bonne partie de la gauche ne trouve rien ˆ redire ˆ un manifeste contre le Ēracisme antiblancČ et ˆ la xŽnophobie banale contre l'entrŽe de la Turquie.

    Dans ce contexte, tout ce qui para”t menacer le service public n'est pas une simple dŽfense corporatiste, c'est une atteinte au modle rŽpublicain et, au-delˆ, ˆ la nation et ˆ ce qu'elle a de sacrŽ pour ceux qui l'incarnent. Effleurer l'Žcole d'une rŽforme, c'est dŽmanteler le service public, accro”tre l'autonomie des universitŽs, c'est livrer l'Žducation au marchŽ, toucher ˆ la SNCF, c'est briser l'unitŽ du territoire, rappeler aux agriculteurs qu'ils exportent plus qu'ils n'importent, c'est porter atteinte ˆ leur honneur, dire qu'EDF vend ses technologies, c'est servir la France, dire qu'il s'agit d'une stratŽgie capitaliste planŽtaire, c'est humilier une entreprise. DŽcentraliser, c'est dŽmanteler le territoire, reconna”tre les langues rŽgionales, c'est dŽcomposer la culture nationale. Quant ˆ l'individu dŽmocratique, il devient la cible de toutes les critiques, rŽduit au rang de ĒclientČ quand il se manifeste dans les institutions de la RŽpublique. Les droits des Žlves et de leurs parents dŽtruiraient l'ordre rŽpublicain, les ĒfoulardsČ et autres signes devraient tre tenus aux marges de l'espace public alors mme que la sŽgrŽgation dans les villes franaises se rapproche obstinŽment de celle des Etats-Unis, en faisant valoir leurs droits, les malades porteraient atteinte ˆ la grandeur des professions hospitalires...

    Ceux qui appellent au non de gauche ont souvent voulu une la•citŽ dure envers les migrants, ils veulent que l'on ne touche ni ˆ l'Žcole, ni ˆ l'h™pital, ni aux statuts des services publics et des grandes entreprises protŽgŽes, non seulement parce qu'il s'agit lˆ d'intŽrts corporatistes normaux et lŽgitimes, mais parce que ces positions sont le garant de la RŽpublique nationale et de l'honneur de ses serviteurs. Toute rŽforme devient le cheval de Troie de l'Žtranger et de l'ultralibŽralisme ; s'y opposer, c'est dŽfendre la RŽpublique nationale. Ainsi, des craintes et des revendications sociales deviennent-elles des causes transcendantes, pendant que des revendications sociales se hissent au rang de cause nationale. L'imaginaire national-rŽpublicain transforme des revendications sociales en dŽfense de la nation, il fait de la dŽfense de cette construction politique nationale une cause sociale.

    Quand la dŽfense d'un imaginaire national-rŽpublicain se coule dans une rhŽtorique anticapitaliste radicale, on finit par ne pas voir qu'une grande partie de la gauche est tout simplement devenue conservatrice, arc-boutŽe sur un modle qui donne du sens et de l'honneur, du ĒsacrŽČ, au service public. Puisque c'est la nation qui est en jeu, parlons-en car elle emporte tout sur son passage. Les uns dŽfendent la nation comme RŽpublique et comme ĒcivilisationČ, les autres comme communautŽ et comme ĒcultureČ. Les uns disent non au nom d'une nation identifiŽe ˆ l'universel et ˆ l'intŽgration sociale rŽpublicaine, les autres disent non au nom de la communautŽ quand ce n'est pas de la race. Mais cette opposition radicale des deux non n'empche pas qu'elle soit liŽe par la nation et qu'elle agite souvent les mmes peurs. Aujourd'hui, la reprŽsentation de la RŽpublique nationale compte plus que les faits et ne voit-on pas l'Europe tre accusŽe de fomenter les dŽlocalisations alors qu'elle peut tre le seul espoir de les freiner ?

    L'autre gauche, celle du oui, paie aujourd'hui sa timiditŽ. Elle a accompagnŽ l'Žconomie de marchŽ sans assumer idŽologiquement ce choix comme celui d'une social-dŽmocratie moderne, elle a pris en charge les plus dŽmunis sans jamais accepter de rompre avec ses bataillons traditionnels. Aujourd'hui, elle semble presque muette, ses clientles la l‰chent, comme en avril 2002, sans que les plus dŽmunis votent ou votent en sa faveur. Il faudra bien qu'elle se dŽcide ˆ affirmer pleinement ses choix et l'on aimerait l'entendre prendre en charge l'avenir de l'Europe et le sort des plus faibles plut™t que la peur de la catastrophe si le non l'emporte. Tout ceci n'invite pas forcŽment ˆ voter oui. Mais encore faut-il voir que, derrire le non ĒsocialČ, c'est notre imaginaire national qui est en jeu, bien plus que nos idŽaux de justice et d'ŽgalitŽ.

    Si c'est la nation qui est au centre, le oui de gauche doit montrer qu'elle se dŽfendra mieux dans l'Europe que seule. Elle doit surtout montrer que tout le mal ne vient pas du dehors et qu'il nous appartient toujours de construire une sociŽtŽ plus dŽmocratique, des services publics plus efficaces, plus porteurs de justice, et que la reconnaissance et la place de leurs agents en sortiraient plus fortes que d'un repli nostalgique. On attend que le oui de gauche ait un dessein, celui d'un monde plus juste et mieux protŽgŽ, et qu'il ait une mŽmoire, celle de la paix sur un continent qui ne fut que guerres. La Constitution doit tre dŽfendue comme un projet, pas comme un contrat d'assurance.

Franois Dubet est sociologue.

 

 

Vient de para”tre

 

 

    Comprendre la nature humaine

         Steven PINKER

                traduit de l'anglais par Marie-France Desseux, Odile Jacob, 602 p., 79 Ū.  

 

    Il est toujours captivant de voir un auteur s'intŽresser aux vaches sacrŽes de la pensŽe moderne, examiner avec soin et douceur ces idoles vivantes, pour conclure qu'elles ne sont que de simples ruminants destinŽs ˆ vaquer tranquillement dans quelque prairie-musŽe consacrŽe ˆ leur histoire.

    Celles qu'examine Steven Pinker Š professeur de psychologie ˆ Harvard, ˆ qui l'on doit dŽjˆ le remarquŽ Instinct du langage Š sont des conceptions de la nature humaine devenues pour beaucoup des dogmes. On peut les nommer la Table rase, le Fant™me dans la Machine, et le Bon Sauvage. Selon la Table rase, la nature humaine est infiniment mallŽable, et, ˆ la limite, n'existe pas : le nouveau-nŽ reprŽsente la fameuse tabula rasa, sa personne sera dŽterminŽe par la famille et la sociŽtŽ.

    Selon le Fant™me dans la Machine, avec Descartes et contre Hobbes, l'esprit humain est distinct du corps, et son fonctionnement Žchappe ˆ l'approche scientifique ainsi qu'ˆ toute Žvaluation physique. Selon le Bon Sauvage, cher ˆ Rousseau et ˆ Margaret Mead, et contre Darwin, l'homme est naturellement bon. C'est la sociŽtŽ, en particulier coloniale et capitaliste, qui le corrompt.

    Pinker montre comment ces trois doctrines de la nature humaine ne rŽsistent pas ˆ la quadruple avancŽe des sciences cognitives, des neurosciences, de la gŽnŽtique et de la psychologie Žvolutionniste, disciplines auxquelles il consacre plusieurs chapitres qui, pour le profane, sont Žclairants. La psychologie Žvolutionniste, dernire venue, analyse nos Žmotions et nos comportements actuels ˆ la lumire de l'Žvolution, qui n'a pas simplement sŽlectionnŽ la forme de nos organes des sens ou notre station debout, mais aussi nos Žmotions, nos capacitŽs d'apprentissage, et mme nos tendances ˆ l'altruisme et ˆ la violence.

    Discipline iconoclaste, elle a le mŽrite d'tre combattue, ˆ la fois, par le crŽationnisme Ēde droiteČ et une certaine psychologie Ēde gaucheČ. Les mots gŽnŽtique, neuroscience, sŽlection naturelle, Darwin, auront, d'ailleurs, peut-tre dŽjˆ conduit certains des lecteurs de ces lignes ˆ un Žtat d'indignation qui se manifeste aujourd'hui dans de nombreux dŽbats, aux Etats-Unis comme en France. En effet, utiliser un tel vocabulaire dans le domaine des sciences humaines vous fait vite souponner d'tre un nouveau barbare, un scientiste bornŽ, voire un crypto-nazi, comme en tŽmoigne la multitude d'allusions au nazisme dans le discours des opposants au rapport de l'Inserm sur l'Žvaluation des psychothŽrapies, dont l'existence mme heurtait la doctrine du Fant™me dans la Machine.

    Et c'est lˆ le grand mŽrite de Pinker. Plut™t que de rŽpondre ˆ ces adversaires sur le mme ton polŽmique, il demeure un chercheur en s'interrogeant sur les motivations de ces ardents dŽfenseurs des trois grandes idoles des sciences humaines.

    Finalement, il reconna”t que leurs motifs sont nobles, bien qu'un tantinet obscurantistes. A l'en croire, derrire leur animositŽ contre l'avancŽe des connaissances, se cache une quadruple peur : la peur de l'inŽgalitŽ, la peur de l'imperfectibilitŽ, la peur du dŽterminisme, la peur du nihilisme. Si nos gnes et ceux de l'espce nous dŽterminent plus qu'on ne le pensait, comment ne pas craindre une discrimination des individus selon la carte de leur gŽnome ? Si nos pensŽes et nos comportements ne sont que la rŽsultante de phŽnomnes biologiques eux-mmes produits par nos gnes et notre Žducation, comment ne pas nier la libertŽ et la responsabilitŽ ? Si l'Žvolution a sŽlectionnŽ chez le m‰le humain la violence et l'infidŽlitŽ Š car elles augmentent le succs reproductif, nous sommes les descendants des plus violents et des plus infidles Š, ne risquons-nous pas de renoncer ˆ nous amŽliorer et accepter la loi du plus fort ?

    En quatre Žblouissants chapitres, Steven Pinker montre que l'on peut accepter les progrs des sciences sans rien renier de ses valeurs de dŽmocrate et d'humaniste. Bien sžr, vu l'expŽrience tragique du vingtime sicle, et en particulier, la manire dont Hitler s'est appropriŽ la gŽnŽtique en la falsifiant, on peut comprendre que certains restent tŽtanisŽs ds que l'on rapproche la biologie de la psychologie ou de la sociologie. Encore leur faudrait-il lire les bons auteurs, car dans le chapitre consacrŽ ˆ la peur de l'inŽgalitŽ, l'auteur cite d'illustres contemporains qui n'ont toujours pas fait la distinction entre Darwin, qui concluait ˆ l'ŽgalitŽ des Ēraces humainesČ, hypothse trs minoritaire ˆ son Žpoque de colonialisme triomphant, et le darwinisme social, une idŽologie inventŽe pour mieux opprimer les pauvres, et rŽutilisŽe par les nazis.

    D'ailleurs, si l'on doit condamner une discipline ou une thŽorie selon l'utilisation qui en a ŽtŽ faite, l'auteur rappelle que la doctrine de la Table rase n'a pas non plus manquŽ d'adeptes exterminateurs, de Staline ˆ Pol Pot, dont il nous rappelle l'excellente maxime ĒSeul le bŽbŽ est sans tacheČ, qui aboutit ˆ liquider au plus vite ses petits-bourgeois de parents d'une pernicieuse influence. Dans une dimension moins tragique, mais cependant fort douloureuse, la mme Table rase, alliŽe, cette fois, au Fant™me dans la Machine, a conduit ˆ culpabiliser des gŽnŽrations de parents d'enfants schizophrnes et autistes, en leur laissant entendre, de bonne foi, que les troubles de leurs enfants Žtaient le produit de leurs efforts d'Žducation, de leurs propres nŽvroses. Croyance erronŽe, comme le sait aujourd'hui tout lecteur de journaux scientifiques internationaux, hŽlas pour la plupart publiŽs en anglais, et tout psychanalyste raisonnable.

    Mais, rappelons que pour Pinker, ces excs ne valent pas accusation, puisqu'il rŽfute justement que l'on puisse juger une thŽorie que selon son application extrŽmiste ou dŽvoyŽe. On doit plut™t s'efforcer d'Žvaluer sa pertinence par rapport aux faits d'observation. Et ceux-ci n'existent pas que dans l'oeil de l'observateur, contrairement ˆ un relativisme ˆ la mode, qui tend ˆ discrŽditer la dŽmarche scientifique.

    L'auteur consacre quatre chapitres ˆ ce qu'il intitule, justement, les sujets Žpineux : la politique, la violence, les hommes et les femmes, les enfants, et l'art. Il montre que ce sont toujours diffŽrentes doctrines de la nature humaine, qui sont ˆ l'oeuvre derrire les choix dans des domaines aussi variŽs que les politiques Žconomiques, la manire d'Žduquer les enfants, le systme pŽnal, la morale sexuelle. Quant ˆ ceux qui ont niŽ l'existence d'une nature humaine, et ils sont nombreux, des marxistes aux ultralibŽraux en passant par certains architectes, ils en sont arrivŽs presque toujours ˆ des rŽsultats opposŽs ˆ leurs espoirs.

    On dŽcouvrira, dans ces chapitres, les points de vue d'un darwinisme de gauche, courant qui para”tra fort exotique au lecteur franais. Et ceux qui craignent de passer Š au mieux Š pour d'Žpais poujadistes, en manquant d'arguments pour justifier leurs rŽserves face ˆ un certain art moderne, on recommandera le chapitre qui lui est consacrŽ. Selon l'auteur, les thŽories dominantes de l'art d'Žlite et de la critique au XXe sicle, se sont justement dŽveloppŽes ˆ partir d'un militantisme qui niait la nature humaine, et nul Žtonnement si l'on s'en dŽtourne en masse.

    Concluant son ouvrage sur les conflits insŽparables de notre humaine nature, Pinker illustre son propos par le dialogue tirŽ d'une nouvelle d'Isaac Bashevis Singer Š un couple, se retrouvant par miracle aprs les camps, recommence aussit™t ˆ se disputer. Magnifique hommage ˆ la grande littŽrature qui a souvent tout compris avant la science.

PAR FRAN‚OIS LELORD (Figaro LittŽraire, 31 mars 2005)

 

 

 

 

Appels ˆ communication

Call for papers for the Conference :

Land Law and Natural Ressources Management. Comparative Perspectives

 

Hosted by

    Dr. Ambedkar Government Law College, Pondicherry

    French Institute of Pondicherry

In association with

    Francophone Association of Legal Anthropology (AFAD)

    SIEJ ŅLaw and GlobalisationÓ of FacultŽs Universitaires Saint Louis, Brussels

During march 2006

 

    The conference will be hosted by the Dr. Ambedkar Government Law College Pondicherry and the French Institute of Pondicherry in Pondicherry during march 2006, probably from 17th to 19th of march.  It is coorganized with the Francophone Association of Legal Anthropology (AFAD) and the SIEJ ŅLaw and GlobalisationÓ of the FacultŽs Universitaires Saint Louis, Brussels.

    The aim of the conference is to explore the current issues and challenges related to Land Law and natural ressourcesÕ management from an interdisciplinary and from a comparative perspective. The conference will bring together scholars with a legal background and social scientists from India and from abroad. Thus the "comparative perspectives" refer as much to the international comparisons as to the interdisciplinary nature of the conference.

    The two main areas of research will be Land Law and Land Reforms and Natural Ressources Management. Papers can be submitted for the following panels :

1. Land acquisition and distribution (including women empowerment in land law and recognition of tribal peoplesÕ rights) and the legal protection of rights.

2. Land law, natural ressourcesÕ management and the environment. Ecological stakes.

3. The participation of local communities in natural ressourcesÕ management (including its articulation with the institutions).

4. The challenges of land law and natural ressourcesÕ management confronted to ŅglobalizationÓ and to Ņgood governanceÓ (ex : foreign investment, World Bank regulations).

5. Challenges to land law resulting from the Tsunami.

 

    Abstracts should be submitted by june / july and the final papers should be ready by november. Indeed, we will need to translate some of the papers from French to English and it would be good to circulate them BEFORE the conference to enhance the fruitfulness of the dialogues.

 

    The Dr. Ambedkar Government Law College Pondicherry and the French Institute of Pondicherry in Pondicherry are taking care of the local organization.. The Francophone Association of Legal Anthropology (AFAD) will give international publicity to the conference and will provide the plane tickets to a few of its researchers to attend the conference. The SIEJ ŅLaw and globalisationÓ of  FacultŽs Universitaires Saint Louis, Brussels, will provide the funding to meet the travel expenses of the Indian participants.

    To contact the organizing committee in Pondicherry please write to :    k_chandrasegaran@yahoo.co.in

To contact the international organizing committee please write to : c.eberhard@free.fr

 

 

 

    SŽcuritŽ europŽenne :

    Frontires, glacis et zones d'influence de l'Europe des alliances ˆ l'Europe des blocs (fin XIXe sicle-milieu XXe sicle)

 

Ce colloque se tiendra aux Ecoles militaires de Saint-Cyr - Co‘tquidan le 14 dŽcembre 2005. Nous souhaiterions que les propositions de contribution nous parviennent avant le 15 mai 2005.

 

    Au c¦ur des relations diplomatiques et militaires europŽennes, la dŽlimitation des territoires influence directement les questions de sŽcuritŽ internationale et de rglement des conflits. SŽparation stricte ou voie de passage, la frontire reste le point de contact entre deux Etats, mais elle peut prendre l'aspect plus large et moins clairement dŽfini d'un espace conu comme base de rayonnement ou comme glacis protecteur.

    A la fin du XIXe sicle, le systme diplomatique europŽen reposait sur la notion d'un Žquilibre destinŽ ˆ Žcarter le danger d'une conflagration gŽnŽrale. Le moyen d'y parvenir Žtait de contenir les problmes locaux que pouvaient causer les litiges territoriaux et les revendications nationales. Dans le domaine colonial, les rivalitŽs entre puissances devaient Žgalement se trouver limitŽes par la nŽgociation (confŽrence de Berlin de 1885) et l'Žtablissement de zones de partage.

    Au sortir de la Premire Guerre mondiale, dont le dŽclenchement avait marquŽ l'Žchec du Ē concert des nations Č, les vainqueurs voulurent rŽgler les problmes territoriaux sur les dŽcombres des anciens empires en dŽfinissant de nouvelles frontires. Les questions de puissance et d'influence nationales devaient tre traitŽes dans le cadre de la mise en place d'un nouvel ordre politique sur le continent. Mais l'Žchec de 1939 montra l'impossibilitŽ de parvenir ˆ une rŽsolution durable de ces questions, face aux exigences des intŽrts particuliers des nouveaux Etats et des grandes puissances.

    A partir de 1945, la crŽation d'un ordre mondial bipolaire et le dŽclenchement du mouvement de dŽcolonisation donna une nouvelle ampleur au problme. Pour les blocs menŽs par les Etats-Unis et l'URSS, zones d'influence et glacis protecteurs marquaient le cadre de Ē Guerre froide Č. Le problme des frontires se trouva de fait gelŽ en Europe, pendant que les pactes de sŽcuritŽ rŽgionaux marquaient les zones d'influence des deux superpuissances. Cependant, avec la dŽcolonisation, le problme des frontires entre Etats nouvellement indŽpendants devait se poser avec acuitŽ et constituer le germe d'une instabilitŽ croissante.

 

Quatre axes d'Žtudes ont ŽtŽ retenus :

Frontires et opŽrations militaires

    L'Žtude des rapports entre frontires et opŽrations militaires ne peut se limiter au temps de guerre. Une telle Žtude nŽcessite de s'interroger d'une part sur la manire dont on envisage, ds le temps de paix, la dŽfense des frontires ou leur utilisation dans le cadre d'une guerre offensive et, d'autre part, sur les mesures qui sont prises pour les Žquiper : fortifications, glacis, routes et voies ferrŽes stratŽgiques, etc. En dŽfinitive, les frontires du temps de paix relvent de notre sujet, ds que leur r™le dans une guerre future est envisagŽ du point de vue opŽrationnel. Le r™le des frontires en temps de guerre constitue la suite logique de la prŽparation du temps de paix.

    A la manire dont sont effectivement utilisŽes les fortifications ou lignes de dŽfenses Š qui sont amŽnagŽes ds le temps de paix Š s'ajoutent d'autres domaines d'investigation comme les nouvelles frontires que constituent les fronts qui, trs souvent, ne correspondent plus au tracŽ des frontires du temps de paix. Doit Žgalement tre abordŽe la question des lignes de dŽmarcation et autres sŽparations rŽpondant ˆ des impŽratifs militaires.

Frontires ouvertes Š frontires fermŽes

    CŽsures symboliques de l'espace, les frontires se matŽrialisent ou se subtilisent selon des modalitŽs prŽgnantes ou discrtes d'une infinie variŽtŽ. La frontire a besoin d'tre matŽrialisŽe d'autant plus nettement que le pouvoir politique entend la rendre plus impermŽable aux Žchanges Žconomiques, aux influences intellectuelles ou ˆ la circulation des personnes. En fonction de l'objectif fixŽ par les autoritŽs, il convient de s'intŽresser aux obstacles ŽdifiŽs pour limiter Š voire empcher Š le franchissement de la frontire, aux incidences de ces constructions sur la vie quotidienne des populations riveraines, ˆ leur efficacitŽ et ˆ leur contournement Žventuel. Le discours du pouvoir sur les frontires de l'Etat, qu'il s'efforce de justifier leur degrŽ d'ŽtanchŽitŽ ou de produire dans l'opinion un sentiment de sŽcuritŽ, mŽrite une attention particulire.

    A l'inverse, le pouvoir politique peut chercher ˆ estomper la ligne frontire existante jusqu'ˆ la faire dispara”tre. Les raisons qui prŽsident ˆ l'effacement du cadre territorial demandent ˆ tre analysŽes. Il peut s'agir d'un projet expansionniste (pangermanisme, panslavisme, irrŽdentisme italienÉ), de la volontŽ de donner corps ˆ une idŽe de nation (comme ce fut la cas pour la naissance de la Yougoslavie) ou d'un cheminement vers une construction supranationale. Les modalitŽs de chacune de ces expŽriences et leur Žvolution, la perception de ces modifications par les populations de part et d'autre de la frontire, l'inscription des individus dans le cadre territorial Žlargi et la valorisation d'une nouvelle identitŽ sont autant de points sur lesquels le sujet invite ˆ se pencher.

Zones occupŽes Š zones contestŽes.

    Jusqu'en 1919, Etats nations, nations sans Etat (NorvŽgiens, Finlandais, Polonais) et Etats multinationaux (Autriche-Hongrie, Russie, TurquieÉ) coexistent. La crŽation de nouveaux Etats, attire les convoitises des grandes puissances et bouleverse des Žquilibres territoriaux prŽcaires. Chaque Etat a, pour des raisons stratŽgiques (frontires Ē naturelles Č, accs ˆ la mer), Žconomiques (dŽfense de ses intŽrts, accaparer de nouvelles richesses), idŽologiques ou culturelles (nationalismes, religions) la volontŽ de redŽfinir ou tout au moins prŽciser le tracŽ de ses frontires.

    Sur quoi se fondent ces revendications et existe-t-il des conditions qui en favorisent l'expression voire la rŽalisation (crise Žconomique, montŽe des nationalismes, progression des totalitarismes) ? L'occupation est-elle le fait des puissants et la contestation celle des plus faibles ? PrŽpare-t-on les opinions publiques de part et d'autre ˆ une Žventuelle intervention ? Comment et pourquoi passe-t-on de la revendication sur certaines provinces ˆ leur occupation de fait ? L'occupation se fait-elle sur le mode de ce qui se passe dans les colonies : administration directe, protectorat ou mode semi-colonial ? Quelles sont alors les consŽquences pour les populations locales (mouvements migratoires) ? Comment est perue cette occupation chez l'occupant et l'occupŽ ? Quelles sont les procŽdures de recours des Etats lŽsŽs ? Dans le contexte de l'expansion coloniale, l'Žchange de certains territoires et la reconnaissance mutuelle des droits particuliers d'Etats concurrents (France/Grande-Bretagne Š Maroc/Egypte), constituent-ils une voie intermŽdiaire satisfaisante pour Žviter l'escalade ? Comment les opinions europŽennes peroivent-elles ces problmes et quelles sont les solutions proposŽes pour y remŽdier ?

aAires d'influence et stratŽgie culturelle

    L'influence d'une nation est une rŽalitŽ fluctuante, puisqu'elle synthŽtise diffŽrents types de rayonnement (commercial, militaire, Žducatif, religieuxÉ) qui n'ont gŽnŽralement pas tous la mme intensitŽ ni la mme extension spatiale. ProtŽiforme par dŽfinition, l'influence admet des dŽgradŽs ; elle peut susciter des rŽsistances locales ou se heurter ˆ des forces concurrentes. A ces Žgards, l'aire d'influence diffre profondŽment de l'aire Žtatique, thŽoriquement dŽlimitŽe par une frontire stricte au sein de laquelle l'Etat jouit d'un monopole juridique et administratif. Quant ˆ la stratŽgie culturelle, on peut la dŽfinir comme l'ensemble des dŽcisions par lesquelles un Etat fŽdre ses divers modes de rayonnement afin de crŽer, de maintenir ou d'Žtendre une zone d'influence. Un tel rŽsultat peut tre obtenu par des dispositifs Žmanant directement de lui (prts financiers, missions militaires, accords de dŽveloppementÉ), ou par des organismes bŽnŽficiant de son appui (instituts culturels, scolaires et universitaires, missions religieuses, maisons de commerceÉ). On s'attachera ˆ dŽcrire ces stratŽgies et ˆ Žvaluer leur portŽe : dans quelle mesure rŽussissent-elles ˆ modeler les comportements et les mentalitŽs dans les zones o elles s'exercent ? Ces comportements et mentalitŽs contribuent-ils ds lors ˆ crŽer une solidaritŽ diplomatique entre les zones rŽceptrices et le pays Žmetteur ? Existe-t-il enfin une grammaire des luttes d'influence ?

 

Date    limite *    dimanche 15 mai 2005

Contact *    Thebault FrŽdŽric (frederic_thebault@yahoo.fr) Ecoles militaires de Saint-Cyr - Co‘tquidan DGER 56381 GUER cedex

 

 

 

Histoire d'une juridiction d'exception : les prud'hommes (XIXe ŠXXe sicles)

Bicentenaire de la crŽation du conseil des prud'hommes de Lyon

    16-18 mars 2006

 

   La cŽlŽbration du bicentenaire de la crŽation du conseil des prud'hommes de Lyon (loi du 18 mars 1806) offre l'occasion de relancer les Žtudes historiques consacrŽes ˆ cette institution originale dans le paysage judiciaire franais. En effet, si l'on excepte les travaux d'Alain Cottereau, les historiens, ˆ la diffŽrence de leurs collgues des autres sciences sociales, n'ont gure donnŽ de prolongements aux travaux menŽs sur ce thme au cours des annŽes 1970 et 1980. Ce champ de recherche est pourtant loin d'tre ŽpuisŽ. Le dŽveloppement des travaux qui, ˆ une Žchelle mŽso-Žconomique, s'attachent ˆ Žtudier les secteurs d'activitŽs comme des systmes de relations, dotŽs d'une dynamique autonome mais ouverts ˆ d'autres sous-systmes et disposant d'institutions organisant et rŽgulant les relations entres les acteurs (concurrence entre les producteurs, relations employeurs-employŽs, dŽfinition de normes et d'usages) ne peut se faire en ignorant une institution telle que celle des prud'hommes.

    En s'appuyant, autant que faire se peut, sur les archives des institutions prud'homales ou des organisations patronales ou ouvrires, les contributions privilŽgieront une approche locale. En effet, celle-ci est d'abord la plus ˆ mme de rendre compte de la logique initiale des prud'hommes qui, ˆ l'encontre d'une perspective de rŽglementation nationale uniforme, visait ˆ combiner l'ancienne police des mŽtiers aux acquis rŽvolutionnaires, avant tout la libertŽ et l'ŽgalitŽ, et respectait les caractres spŽcifiques de l'organisation et des pratiques des fabriques locales. En second lieu, l'Žchelle locale, est la plus apte ˆ mettre en lumire le fonctionnement concret de l'institution prud'homale et son r™le dans la rŽgulation sociale, Žconomique et technique d'une activitŽ productive.

    Ce colloque entend donc approfondir les voies ouvertes par les travaux passŽs et tracer de nouvelles perspectives en privilŽgiant par des travaux originaux les aspects de l'institution prud'homale dŽtaillŽs ci-dessous. L'Žtude de ces thmes s'inscrira dans une perspective diachronique, privilŽgiant de prŽfŽrence le XIXe sicle et la premire moitiŽ du XXe sicle. Si l'on accepte l'idŽe d'une succession de modles prud'homaux, il conviendra d'approfondir la question des formes de transition d'un modle ˆ l'autre et des liens que cette Žvolution entretient avec la modification des conditions Žconomiques, sociales et politiques gŽnŽrales.

 

1. CrŽation et organisation.

    Si l'Žvolution de la lŽgislation a modifiŽ la liste des instances habilitŽes ˆ demander et ˆ dŽcider la crŽation d'un conseil ou d'une section de conseil de prud'hommes, il n'en reste pas moins que cette crŽation a toujours nŽcessitŽ l'intervention et la concertation de divers acteurs locaux (par exemple les municipalitŽs, les chambres de commerce ou les chambres consultatives des manufactures) et d'instances Žtatiques ou gouvernementales (Conseil d'ƒtat, ministres...). Il convient donc de prŽciser quels furent les acteurs locaux ˆ l'origine de la demande de crŽation et quelles furent leurs motivations. Localement, ces dernires faisaient-elles l'objet d'un consensus, ou bien Žtaient-elles le fruit de la convergence d'intŽrts divers. La revendication d'un nouveau conseil ou d'une nouvelle section Žtait-elle la manifestation d'un processus d'affirmation identitaire de nouvelles professions ou d'une concurrence entre localitŽs industrielles ? De quelles forces et de quels intŽrts la dŽfinition des espaces de compŽtence professionnels et gŽographiques de la juridiction a-t-elle ŽtŽ le compromis ? Comment ces espaces se sont-ils modifiŽs en fonction de l'extension ou de la contraction de la zone d'influence de l'industrie concernŽe ? On sait en outre qu'il fut reprochŽ au conseil de prud'hommes lyonnais d'avoir participŽ ˆ l'Žlaboration du tarif, dont le non respect par quelques fabricants fut la principale source de la rŽvolte des canuts de 1831. Cet Ē activisme Č des prud'hommes n'explique-t-il pas la lenteur du dŽveloppement de l'institution ?

    D'autre part, l'activitŽ de diffŽrents conseils de prud'hommes ne peut s'apprŽhender qu'en connaissant leur organisation et les moyens matŽriels et humains dont ils disposaient pour remplir leurs fonctions. De ce point de vue, il conviendrait d'Žclairer le r™le du personnel permanent et particulirement des secrŽtaires qui assuraient la continuitŽ et la mŽmoire de l'institution par delˆ le changement de conseillers.

 

2. Les conseillers prud'hommes.

    Rares sont les Žtudes prosopographiques consacrŽes aux conseillers prud'hommes, tant patrons qu'ouvriers. Pourtant une telle approche devrait permettre de dŽgager des types de carrires et de prŽciser si la fonction de conseiller s'inscrivait ou non dans le cadre de cursus honorum patronaux ou ouvriers.. La fonction prud'homale reprŽsentait-elle une distinction dans les milieux patronaux au mme titre que dans le monde ouvrier ? Chez les chefs d'entreprises, relve-t-on des dynasties familiales ? Des liens privilŽgiŽs avec d'autres structures consultatives, judiciaires ou politique (chambre de commerce, chambre consultative des arts et mŽtiers, tribunal de commerce, conseils municipaux...) se sont-ils nouŽs ? La fonction prud'homale a-t-elle servi de tremplin institutionnel ou bien, Žtant donnŽ qu'il s'agissait d'une fonction exigeant temps et dŽvouement, a-t-elle ŽtŽ occupŽe par des individus particulirement convaincus de l'intŽrt social de leur engagement prud'homal ? Dans quelle mesure la progression de la structuration syndicale, tant ouvrire que patronale, a-t-elle contribuŽ ˆ modifier les modalitŽs de sŽlection des conseillers et le fonctionnement de l'institution ? Que rŽvle la confrontation entre les discours et les positionnements publics des organisations concernŽes et les pratiques quotidiennes des Žlus. Il ne faudra pas non plus nŽgliger l'Žvolution trs politique de la composition des conseils et notamment de leurs instances dirigeantes (qui furent les prŽsidents et les vice-prŽsidents ? Quelle fut leur influence sur l'activitŽ prud'homale ?) ni l'Žtude des rŽformes successives et les modes d'Žlections. Dans tous les cas, il faudra donc s'interroger sur les modalitŽs d'inscription sur les listes Žlectorales et sur les processus de sŽlection et d'Žlection des conseillers.

    Enfin, le statut particulier des conseillers prud'hommes ˆ l'intŽrieur du champ juridique - ils ne sont pas des juristes professionnels Š conduit ˆ scruter la manire dont s'effectuait leur acculturation juridique et les rapports qu'ils pouvaient entretenir avec les autres instances de ce champ.

 

3. L'activitŽ des conseils

    Cette activitŽ reposait d'abord sur les compŽtences que la loi avait attribuŽes aux prud'hommes mais qu'elle a aussi pu modifier.

        a) Le premier domaine de compŽtences, de nature judiciaire, est celui qui retient souvent l'attention et qui a ŽtŽ valorisŽ par l'Žvolution de l'institution. Trois thmes, Žtroitement liŽs, mŽritent d'tre mis en avant.

        En premier lieu, la nature des litiges portŽs devant les prud'hommes : quels sont les diffŽrents types de litiges et quelle est leur part respective ? Quelles spŽcificitŽs sectorielles peut-on dŽgager ? Que nous apprennent-ils sur les caractŽristiques de chaque profession, les clivages sociaux les parcourant, sur la forme des relations professionnelles ?

        En second lieu, les plaignants, ceux qui ont fait le choix de porter ces litiges devant les prud'hommes. Quels sont leur ‰ge, leur sexe ? O habitent-ils ? Quelle est leur qualification ? Leur attitude et leurs exigences ˆ l'Žgard de l'institution sont-elles liŽes aux modalitŽs de ces caractres ? Qu'en Žtait-il de la perception de la justice prud'homale par ses usagers, ouvriers et patrons ? Dans quelle mesure et ˆ quel niveau d'arbitrage les organisations ouvrires et patronales acceptaient-elles les dŽcisions des juges prud'homaux ? Dans ce domaine, il convient de rappeler que mme si les prud'hommes ont fini par tre perus comme un lieu de recours ouvrier, ils ont Žgalement ŽtŽ des lieux de recours des employeurs (fabricants ou chefs d'atelier) contre les ouvriers.

        La procŽdure constitue le troisime thme ˆ souligner. Dans le cadre fixŽ par la loi, enregistrait-elle des spŽcificitŽs locales ou sectorielles ? Dans quelle proportion aboutissait-on ˆ des conciliations ? Au sein des conseils les plus importants les diffŽrentes sections se caractŽrisaient-elles par un mme ensemble de pratiques ou bien se distinguaient-elles par des modles procŽduraux qui leur Žtaient propres. Et, en ce dernier cas, ces modles Žtaient-ils permŽables les uns aux autres ou bien Žtanches ? Une attention particulire sera portŽe aux usages professionnels. Les multiples systmes d'usages, de rgles et de normes en vigueur dans les diverses activitŽs ressortissant des conseils leurs servaient de rŽfŽrence lors des conciliations ou des jugements. Mais dans quelle mesure les conseils contriburent-ils ˆ prŽserver ces usages, ˆ les faire Žvoluer, ˆ en lŽgitimer de nouveaux ? L'Žtude des conseils de prud'hommes doit contribuer ˆ Žclairer cette source de droit constituŽe d'usages locaux fixŽs ou non par Žcrit, d'accords entre organisations patronales et ouvrires favorisŽs par les prud'hommes qui participent souvent ˆ leur Žlaboration et que l'on retrouve appliquŽs et confortŽs par les conciliations et dŽcisions.

        Ceci conduit ˆ une nouvelle question : quelle place tient l'activitŽ judiciaire dans l'ensemble des activitŽs prud'homales ?

        b) Le second champ de compŽtences prud'homales, souvent nŽgligŽ, a ŽtŽ celui de la rŽgulation de la concurrence et de la prŽvention des conflits au sein des secteurs d'activitŽ. Rappelons que la crŽation du conseil de Lyon s'inscrivait dans la perspective de l'Žtablissement d'un nouvel ordre industriel. Ė ce titre, les prud'hommes reurent des attributions de police et d'instruction judiciaire leur permettant de constater les contraventions aux lois et aux rglements de l'industrie soumise ˆ leur juridiction ainsi que diverses infractions comme les soustractions de matire premire commises par les ouvriers au dŽtriment de leurs ma”tres, les problmes de discipline interne aux ateliers et entreprises (rglements d'ateliers, apprentissageÉ). Ils furent Žgalement chargŽs de la conservation de la propriŽtŽ des dessins et modles de fabriques, et mme momentanŽment, jusqu'en 1857, des marques de fabriques. Ils Žtaient cependant dŽnuŽs de toute attribution contentieuse dans ce domaine, les litiges Žtant de la compŽtence des tribunaux de commerce. En outre, on le sait, longtemps la Cour de cassation refusa de leur reconna”tre un droit de regard sur le contenu des rglements d'atelier.

        Par ailleurs, la loi de 1907 leur reconnut explicitement des attributions consultatives qui leur permirent de donner leur avis sur les sujets que leur soumit l'administration. Comme dans ce domaine, la pratique avait depuis longtemps prŽcŽdŽ la loi, on peut s'interroger sur la contribution des prud'hommes ˆ la dŽfinition de ce qui n'Žtait pas encore le droit social et, plus largement, dans ce qu'on nommait alors la lŽgislation industrielle ?

    Mme si ces fonctions sont souvent passŽes au second plan, il n'empche qu'elles ont pu, pendant une pŽriode plus ou moins longue, reprŽsenter une bonne part de l'activitŽ de l'institution comme ce fut le cas de l'enregistrement des dŽp™ts de dessins au conseil puis ˆ la section de la soierie ˆ Lyon.

 

Bibliographie (non exhaustive) de l'appel :

- Marcel David, Ē L'Žvolution historique des conseil de prud'hommes en France Č, Droit social, fŽv. 1974, p. 3-21

- Alain Cottereau (dir.) Ē Les prud'hommes XIXe Š XXe sicle Č, Le Mouvement social, n” 141, octobre-dŽcembre 1987

- Alain Cottereau, Ē Les prud'hommes au XIXe sicle : une expŽrience originale de pratique du droit Č, Justices. Revue gŽnŽral de droit processuel, n” 8, octobre-dŽcembre 1997, p. 9-21

- Alain Cottereau, Ē La dŽsincorporation des mŽtiers et leur transformation en Ē public intermŽdiaires Č : Lyon et Elbeuf, 1790-1815 Č, in Steve Kaplan et Philippe Minard Žd., La France, malade du corporatisme ? XVIIIe ŠXXe sicles, Paris, Belin, p. 97-145.

- Paul Delesalle, La brouette et la navette. Tisserands, paysans et fabricants dans la rŽgion de Roubaix et Tourcoing (Ferrain, MŽlantois, PŽvle) 1800-1848, Westhoek, ƒditions des Beffrois, 1985

- Franoise Fortunet, Ē D'une rŽpublique l'autre : les conseils de prud'hommes ou l'institution d'une justice de paix de l'industrie Č, in Justice et RŽpublique(s), Lille, 1993, p. 325-35

- Jacques Bouveresse, Ē Des Žlections malgrŽ tout : l'histoire mouvementŽe des conseils de prud'hommes Č in Jacques Krynen (dir.), L'Žlection des juges. ƒtude historique franaise et contemporaine, Paris, PUF, 1999, p. 165-221

-  Bruno Dubois, Les conseils de prud'hommes au XIXe sicle. Entre ƒtat, patrons et ouvriers : les linŽaments de la justice du travail (1806-1868), Th. Droit, Lille , 2000.

- Pierre Cam, Les prud'hommes : juges ou arbitres. Les fonctions sociales de la justice du travail, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1981

 

Le comitŽ scientifique est actuellement composŽ de :

Jacques Bouveresse, Professeur de droit ˆ l'UniversitŽ de Rouen ;

Serge Chassagne, professeur d'histoire moderne ˆ l'UniversitŽ Lumire Lyon 2, LARHRA (UMR 5190) ;

Alain Cottereau ; Directeur de recherche, Centre d'Žtude des mouvements sociaux, ƒcole des hautes Žtudes en sciences sociales ;

Heinz-Gerhardt Haupt, Professeur d'histoire sociale ˆ l'UniversitŽ de Bielefeld et ˆ l'Institut universitaire europŽen de Florence ;

Philippe-Jean Hesse, Professeur ŽmŽrite ˆ l'UniversitŽ de Nantes ;

Antoine Jeammaud, Professeur de droit privŽ ˆ l'UniversitŽ Lumire-Lyon 2, Institut d'Etudes du Travail de Lyon (IETL) ; Jean-Pierre Le Crom, Directeur de recherche, Directeur de Droit et changement social (UMR 6028) ;

Claire Lemercier, ChargŽe de recherche, Institut d'histoire moderne et contemporaine (UMR 8066) ;

Yves Lequin, Professeur ŽmŽrite d'histoire contemporaine ˆ l'UniversitŽ Lumire Lyon 2 ;

Norbert Olszak, Professeur de droit ˆ l'UniversitŽ de Strasbourg, doyen honoraire.

 

Agenda et instructions

1. Propositions d'intervention. Elles devront tre envoyŽes avant le 30 juin 2005 et comprendront :

- les coordonnŽes prŽcises du ou des auteurs et leur rattachement institutionnel.

- un rŽsumŽ de 4 000 signes environ qui indiquera en particulier la problŽmatique envisagŽe, les thmes abordŽs et les sources que l'auteur entend utiliser pour Žlaborer la communication.

Ces propositions seront ŽvaluŽes au plus tard pour la fin octobre 2005. Elles devront tre adressŽes sous forme Žlectronique ˆ un des membres du comitŽ d'organisation (D. Deroussin, N. Docks-Lallemant, F. Robert, P. Vernus : coordonnŽes ci-dessous).

2. Les textes des communications dŽfinitives devront parvenir aux membres du comitŽ d'organisation avant le 1er fŽvrier 2006.

 

Date    limite *    lundi 31 octobre 2005

Contacts

*    David Deroussin (deroussindavid@tiscali.fr)

Centre lyonnais d'histoire du droit et de la pensŽe politique

UniversitŽ Lyon 3, facultŽ de droit 15 quai Claude Bernard 69007 Lyon

*    Nicole Docks-Lallement (nicole.dockes@wanadoo.fr)

Centre lyonnais d'histoire du droit et de la pensŽe politique

UniversitŽ Lyon 3, facultŽ de droit 15 quai Claude Bernard 69007 Lyon

*    Franois Robert (frobert@ish-lyon.cnrs.fr)

Laboratoire de recherche historique Rh™ne-Alpes (moderne et contemporaine)

Institut des sciences de l'Homme 14, avenue Berthelot 69363 Lyon cedex 07

*    Pierre Vernus (pierre.vernus@ish-lyon.cnrs.fr)

Laboratoire de recherche historique Rh™ne-Alpes (moderne et contemporaine)

Institut des sciences de l'Homme 14, avenue Berthelot 69363 Lyon cedex 07

 

 

 

Formation

 

 

Conflits dÕEmpire

   JournŽe d'Žtude du 25 mai 2005

        Poitiers    UniversitŽ de Poitiers, Salle des Actes de l'H™tel FumŽ, 8, rue Descartes

 

10 H Accueil des participants

10 H 10 Natalie PETITEAU, UniversitŽ de Poitiers, Introduction et problŽmatique

10 H 30 Nicolas BOURGUINAT, Ma”tre de confŽrences, UniversitŽ de Strasbourg et Institut Universitaire de France, Ē Entre banditisme et guŽrilla : maintien de l'ordre et sŽcuritŽ pendant la pŽriode napolŽonienne en Italie mŽridionale (dŽpartements romains et royaume de Naples) Č

11 H Nicola TODOROV, Docteur en histoire, UniversitŽ de Paris I, Ē Vaincre la rŽsistance administrative - le combat pour l'application de la lŽgislation franaise dans un Etat-satellite: le cas du royaume de Westphalie Č

11 H 30 David ROUX, Doctorant, UniversitŽ de Poitiers, Ē La rŽsistance prussienne face ˆ la prŽsence franaise pendant les annŽes 1807-1813 Č

12 H-12H 30 DŽbat, avec la participation du Professeur Jacques-Olivier BOUDON, UniversitŽ de Paris IV.

            12 H 30 Š 14 H 30 DŽjeuner

14 H 30 BŽnŽdicte SAVOY, Junior professeur, UniversitŽ de Berlin, Ē Transferts culturels forcŽs. Les saisies de biens culturels pratiquŽes en Allemagne sous NapolŽon et leurs consŽquences Č

15 H Jacques HANTRAYE, Docteur en histoire, UniversitŽ de Paris I, Ē Guerre, frontires et relations entre les peuples dans l'Europe du Nord-Ouest ˆ la fin du Premier Empire (1813-1814) Č

15 H 30 StŽphane CALVET, Doctorant, UniversitŽ de Poitiers, Ē Le pouvoir royal et les officiers de l'armŽe impŽriale : tensions et conflits en Charente (1814-1832) Č

16 H-16 H 30 DŽbat, avec la participation du Professeur Jacques-Olivier BOUDON, UniversitŽ de Paris IV.

    Avec le soutien de la Fondation NapolŽon et la participation de l'Institut Universitaire de France et de l'UniversitŽ de Paris IV

 

Contact *    Natalie Petiteau (natalie.petiteau@univ-poitiers.fr) UniversitŽ de Poitiers UFR Lettres 8, rue Descartes 86 000 POITIERS

 

Transparence et opacitŽ du discours juridique

   Boulogne-sur-Mer, 5-9 juillet 2005

 

   Le discours juridique est ˆ la fois un mŽlange d'histoire, de tradition, de rgles et de formes. Ce mŽlange rŽsulte de conventions, d'une crainte du changement et de l'influence de notions de prestige qui peuvent tre abusives. La transcription dans la pratique juridique est Žgalement influencŽe par le respect des rgles d'Žcriture et des usages acquis. Cela conduit ˆ opacifier l'application de la rgle de droit non seulement pour le profane, mais Žgalement pour la communautŽ juridique elle-mme. Existe-t-il des solutions ? Peut-on et doit-on y remŽdier ? Ce congrs international sera l'occasion de voir comment les diffŽrentes disciplines linguistiques peuvent Žclairer la nature du discours juridique - verbal ou Žcrit -, et de proposer des solutions afin de le rendre plus lisible. Les confŽrenciers prŽsenteront les dernires recherches et thŽories en la matire avec des exemples pratiques pour aider ˆ la comprŽhension du discours. Seront Žgalement ŽvoquŽs les programmes d'application ainsi que les recherches internationales sur le sujet dont l'objectif est la simplification du discours juridique.

 

MARDI 5 JUILLET

ArrivŽe ˆ Boulogne-sur-Mer

15 h 00 INSCRIPTION ET OUVERTURE DE LA CONFƒRENCE

Accueil officiel par les autoritŽs franaises :

- M. Edward Anthony, PrŽsident de l'UniversitŽ du Littoral C™te d'Opale

- M. Jack Lang, ancien Ministre et DŽputŽ

- Madame Jacqueline Bel, Directrice du Centre de Recherche sur les Civilisations et les LittŽratures EuropŽennes, Žquipe VolTer (Vocabulaire, Lexique et Terminologie)

- M. Daniel Fasquelle, Doyen de la FacultŽ de Droit et Directeur du Laboratoire d'Analyse et de Recherche Juridiques- LARJ.

- Madame Anne Wagner, Ma”tre de ConfŽrences, Organisatrice du colloque

ExposŽ sur Clarity et prŽsentation par son prŽsident, M. le professeur Joe Kimble, et par M. le juge Michael Kirby, Haute Cour de l'Australie.

17 h 00 RƒCEPTION Ė LA MAIRIE ET COCKTAIL

Accueil officiel par le maire de Boulogne-sur-Mer, M. FrŽdŽric Cuvillier.

 

MERCREDI 6 JUILLET

8 h 30 DISCOURS LIMINAIRES

- Madame Catherine Bergeal, Directrice des Affaires juridiques, Ministre de la DŽfense, Paris, France

Ē La Charte de la qualitŽ de la rŽglementation du ministre de la DŽfense Č

- Monsieur le juge Michael Kirby, Haute Cour de l'Australie

10 h 30 LA RƒDACTION DES LOIS (sŽance commune pour toutes les cultures et toutes les langues)

PrŽsidence : Sir Edward Caldwell, Royaume-Uni

ConfŽrenciers : Eamonn Moran, QC, premier conseiller parlementaire auprs du Premier Ministre et du Cabinet, ƒtat de Victoria, Australie, Ē Legal certainty and clarity: and the greatest of these isÉČ ; Francis DelpŽrŽe, sŽnateur et professeur de droit, UniversitŽ catholique de Louvain, Belgique (Ė confirmer)

        PƒRIODE DE QUESTIONS

12 h DƒJEUNER (offert par l'organisation)

14 h 00 ATELIER PRATIQUE (sŽances simultanŽes en anglais et en franais)

    Cours pratique en anglais : LA RƒDACTION DES LOIS EN LANGUE COURANTE Pour les ƒtats-Unis, le Commonwealth et les autres ressorts anglophones (common law)

PrŽsidence : Conrad Dehn, QC, avocat, Fountain Court Chambers, Statute Law Society Council, Royaume-Uni

ConfŽrenciers : Ruth Sullivan, professeur, UniversitŽ d'Ottawa, Canada et 2 ou 3 autres (Ė confirmer)

   Il s'agit d'une sŽance de rŽdaction pratique. Un groupe de 4 ou 5 personnes prŽsenteront des documents et expliqueront leur approche en ce qui concerne la rŽdaction. Certains documents seront disponibles sur le site Web de la confŽrence avant sa tenue, pour permettre aux participants de les examiner et de les rŽŽcrire.

   PƒRIODE DE QUESTIONS (L'auditoire pourra poser des questions ; toutes les discussions seront enregistrŽes sur bande sonore)

OU

14 h 00 ExposŽs en franais : LA RƒDACTION DES LOIS EN LANGUE COURANTE Les lois bilingues ou multilingues et la recherche de la clartŽ

    PrŽsidence : Lionel Levert, Ministre de la Justice du Canada

    ConfŽrenciers:

VŽronique Champeil-Desplats, Professeur AgrŽgŽ des UniversitŽs, UniversitŽ du Littoral C™te d'Opale, France, Ē Les conceptions de la clartŽ juridique Č

Eva Steiner, professeur, King's College London, Royaume-Uni, Ē Adoption en Angleterre du style lŽgislatif continental : espoir passŽ et perspectives nouvelles Č

Richard Tremblay, coordonnateur du Groupe dŽveloppement et formation en lŽgistique, Ministre de la Justice du QuŽbec, Canada, Ē L'abstraction au service de la clartŽ Č

StŽphane Beaulac, professeur, UniversitŽ de MontrŽal et Randal N.M. Graham, professeur, UniversitŽ Western Ontario, Canada, Ē Le style lŽgislatif vague et l'interprŽtation dynamique : leons de la tradition civiliste Č

    PƒRIODE DE QUESTIONS (L'auditoire pourra poser des questions ; toutes les discussions seront enregistrŽes sur bande sonore)

15 h 30 PAUSE

16 h 00

ATELIER PRATIQUE (SUITE) Atelier pratique en anglais : LA RƒDACTION DES LOIS EN LANGUE COURANTE

Pour les ƒtats-Unis, le Commonwealth et les autres ressorts anglophones (common law)

PrŽsidence : Joe Kimble, professeur, Thomas M. Cooley Law School, ƒtats-Unis

ConfŽrenciers:

David Elliott, avocat et lŽgiste, Words at Work, Canada

Michle Asprey, rŽdactrice de Clarity, consultante en langue courante, Australie

1 ou 2 autres (Ė confirmer)

OU

16 h 00 Atelier pratique en franais : LA RƒDACTION DES LOIS EN LANGUE COURANTE

Pour les ressorts francophones (en particulier ceux de droit civil et Žgalement de common law)

PrŽsidence : AndrŽ Labelle, Ministre de la Justice du Canada

ConfŽrenciers :

Rose-Marie Gerbe, doctorante, UniversitŽ de Grenoble, France, Ē Le prŽsent de l'indicatif en rŽdaction lŽgislative Č

Mathieu Devinat, professeur, UniversitŽ McGill, MontrŽal, Canada, Ē Le sens imposŽ en droit civil: analyse lexicographique des dŽfinitions juridiques Č

Andreas Loetscher, lŽgiste, Chancellerie FŽdŽrale, Suisse, Ē Structure conceptuelle et textuelle des textes lŽgislatifs Č

Philippe Brouwers, rŽfŽrendaire, Conseil d'ƒtat, Belgique

JosŽe Baril, jurilinguiste, Ministre de la Justice du Canada, Ē Les aides ˆ la lecture des textes lŽgislatifs Č

17 h 30 CLļTURE DE LA PREMIéRE JOURNƒE

 

JEUDI 7 JUILLET

8 h 30 DISCOURS LIMINAIRE :

James Kessler, QC, avocat, English Revenue Bar, Ē Objectivity and subjectivity in interpretation Č

9 h LA LANGUE COURANTE DANS LE CONTEXTE JUDICIAIRE

PrŽsidence : Lawrence Solan, professeur, Brooklyn Law School

Pierre-AndrŽ Lecocq, Professeur AgrŽgŽ des UniversitŽs, UniversitŽ de Lille II

ConfŽrenciers :

Sir Christopher Staughton, ancien lord juge d'appel, Royaume-Uni et Pays de Galles (Angl.)

Michael Kirby, juge, Haute Cour de l'Australie (Angl.)

Thierry Verheyde, conseiller chargŽ du secrŽtariat gŽnŽral ˆ la Cour d'appel de Douai, France

Xavier Samuel, magistrat, Service juridique, Conseil constitutionnel, France

Michel Leys, rŽdacteur et auteur, Belgique, Ē ƒcrire pour tre lu Č

Anne-Franoise Debruche, professeur, UniversitŽ McGill, Canada, Ē Unraveling the legislator's tapestry: judicial needlework on encroachment cases Č

PƒRIODE DE QUESTIONS

OU

9 h LES OUTILS INFORMATISƒS DE LA CLARTƒ : Atelier technique

PrŽsidence : Louis Beaudoin, jurilinguiste, Canada

ConfŽrenciers :

Catherine Rawson, consultante en rŽdaction juridique et formatrice, Australie, Ē The Clarity toolbox's Swiss army knife: StyleWriter editing software Č

Helena Englund et Anki Mattson, consultants en langue courante, Sude, Ē Clarity and readability on the Internet Š A Swedish view Č

Claude Coulombe et Beno”t Robichaud, linguistes, Lingua Technologies Inc., MontrŽal, Canada, Ē Adapting a simplified language tool (SIMPLUS) to legal texts Č,

Nathan McDonald, Maroubra, Australie, Mustor Power Patterns Ē The power of the recently discovered legal logic patterns within contracts and regulationsČ.

10 h 45 PAUSE

11 h LE FLOU DU LANGAGE JURIDIQUE

PrŽsidence : Jan Engberg, professeur, Aarhus School of Business

Anne Wagner, Ma”tre de ConfŽrences, UniversitŽ du Littoral C™te d'Opale

ConfŽrenciers :

Carla Bazzanella, professeur, et Lucia Morra, Piercarlo Rossi, docteurs, UniversitŽ de Turin, Italie, Ē Metaphor in legal language: clarity or obscurity? Č

Jan Engberg, professeur, Aarhus School of Business, Danemark, Ē Indeterminacy and dynamics of meaning in normative texts Č

Louis Wolcher, professeur, University of Washington Law School, ƒtats-Unis, Ē Rules and statements Č

Alexandre FlŸckiger, professeur, UniversitŽ de Genve, Suisse, Ē L'ambigu‘ clartŽ de la loi : les conflits entre les principes de bonne qualitŽ lŽgislativeČ

Christopher Williams, professeur, UniversitŽ de Bari, Italie, Ē Fuzziness in legal English: what shall we do with shall? Č

PƒRIODE DE QUESTIONS

OU

11h LA COMMUNICATION CITOYENNE

PrŽsidence : Lawrence Solan, professeur, Brooklyn Law School, ƒtats-Unis, Ē Textual traps for the unwary Č

Peter Tiersma, professeur, Loyola Law School, ƒtats- Unis

ConfŽrenciers:

Emma Wagner, consultante, Royaume-Uni, Ē Promoting citizen's summaries for EU legislation Č

Deborah Bosley, professeur, UNC Charlotte, ƒtats-Unis, Ē Plain language and expert witness testimony: advocating for the reader Č

Nancy S. Marder, professeur, Chicago-Kent College of Law, ƒtats-Unis, Ē Bringing jury instructions into the twenty-first century Č

Ben Piper, Office of the Chief Parliamentary Counsel, Victoria, Australia, Ē The best practices in legal writing and drafting Š How to clarify legal texts Č

12 h 30 DƒJEUNER (offert par l'organisation)

14 h 00 LA LISIBILITƒ DANS LES INSTITUTIONS EUROPƒENNES

PrŽsidence : Pascale Berteloot, Chef d'UnitŽ d'Accs au droit, Office des publications de l'Union europŽenne

Daniel Fasquelle, Professeur AgrŽgŽ des UniversitŽs, UniversitŽ du Littoral C™te d'Opale

ConfŽrenciers : Gilbert Lautissier et William Robinson, Groupe des juristes-rŽviseurs, Service juridique, Commission europŽenne, Bruxelles, Belgique, Ē QualitŽ de la rŽdaction des lois communautaires : le r™le de la Commission EuropŽenne Č

Jean-Claude K. Dupont, chercheur, UniversitŽ Libre de Belgique, Ē Emploi de la langue naturelle devant la Cour europŽenne des droits de l'homme Č

Aino Piehl, chercheur, Institut de recherche sur les langues finnoises, Finlande, Ē How does the influence of EC legislation show in legal Finnish? Č

Richard Foley, chargŽ de cours, UniversitŽ de Laponie, Finlande, Ē Letting them eat languages Č

Metoda Paternost-Bajec et Anna de Chassiron, Division des juristes-linguistes, Banque Centrale EuropŽenne, Ē ƒcrire clairement le droit en 20 langues Š l'expŽrience de la Banque Centrale EuropŽenne Č

PƒRIODE DE QUESTIONS

15 h 45 PAUSE

16 h 00 TROIS SƒANCES SIMULTANƒES (une en anglais, une en franais et une bilingue)

QUESTIONS SUR LA RƒDACTION EN LANGUE COURANTE

PrŽsidence : Anne Wagner, Ma”tre de ConfŽrences, UniversitŽ du Littoral C™te d'Opale

Olivier Carton, membre du LARJ, chargŽ d'enseignements, UniversitŽ du Littoral C™te d'Opale

ConfŽrenciers :

Nicola M. Langton, Ma”tre de ConfŽrences, Cardiff University, Royaume-Uni, Ē Cleaning up the Act: using plain English in legislation or contracts Č

Joe Kimble, professeur, Thomas M. Cooley Law School, ƒtats-Unis, Ē Revising hallowed text: lessons from the U.S. Rules of Civil Procedure Č

Ronald Shook, professeur, University of Utah, ƒtats-Unis, Ē Five practical suggestions for improving clarity in public-construction contracts Č

Douglas Bellis, sous-conseiller lŽgislatif, Chambre des ReprŽsentants, ƒtats-Unis, Ē Clarity in legal documents Č

Duncan Berry, conseil parlementaire, Irlande, Ē Obstacles to accessing, reading, understanding and using legislative documents Č

PƒRIODE DE QUESTIONS

OU

16 h 00 LA LANGUE COURANTE DANS LES CULTURES DE DROIT CIVIL (de langue franaise et autres)

PrŽsidence : Nicole Fernbach, Centre International de LisibilitŽØ, MontrŽal, Canada

ConfŽrenciers :

Jean-Marie Quairiat, juge au tribunal du travail de Mons, PrŽsident de l'Association syndicale des Magistrats, Belgique, Ē Dire le droit et tre compris ŠVade-mecum pour la rŽdaction des jugements Č

StŽphane Atlan, DŽlŽgations aux Usagers et aux Simplifications Administratives (DUSA), Paris, France Ē Charte Marianne Č

Michel Sironneau, dŽlŽguŽ rŽgional, MŽdiateur de la RŽpublique, Paris, France

ReprŽsentant ministŽriel, France, Ē La qualitŽ des lois et rglements en France Č (Ė confirmer)

PƒRIODE DE QUESTIONS

OU

16 h 00 PERFECTIONNEMENT PROFESSIONNEL POUR LES AUTEURS ET RƒDACTEURS JURIDIQUES

PrŽsidence : Richard Foley, chargŽ de cours, UniversitŽ de Lapland, Finlande

ConfŽrenciers : Lena Blomquist, agent d'information principal, Cour suprme de Sude, Ē One little word Č

Lysbeth Ford, professeur, et Dominic McCormack, avocat, Darwin, Australie, Ē The Murrinh-patha legal glossary: a bridge between laws Č

FrŽdŽric Houbert, traducteur juridique et enseignant, France, Ē La nŽgation en traduction juridique Č

Louis Beaudoin, jurilinguiste, Canada, Ē La formation du traducteur juridique et l'assurance de la clartŽ Č

Halton Cheadle, professeur, University of Cape Town, Afrique du Sud, Ē Beyond the document: managing the processes and the relationships Č

PƒRIODE DE QUESTIONS

17 h 30 CLļTURE DE LA DEUXIéME JOURNƒE

- ƒditeurs juridiques, LEXIS NEXIS, BRUYLANT, THEMIS, THOMSON, CARSWELL

- DUSA, France et des outils (logiciel LARA, Bullfighter de Deloitte Touche et des lexiques et manuels de rŽdaction)

20 h DėNER DE GALA (offert par l'organisation)

 

VENDREDI 8 JUILLET

8 h 30 DISCOURS LIMINAIRE : Jean-Paul GAUZES, dŽputŽ, Parlement europŽen

9 h DEUX SƒANCES SIMULTANƒES (une en anglais et une en franais)

DU Ē PLAIN ENGLISH Č AUX LANGUES COURANTES : Un effort multilingue

PrŽsidence : Vijay Bhatia, professeur, City University de Hong Kong

ConfŽrenciers : Maurizio Gotti, professeur, UniversitŽ de Bergame, Italie, Ē Customising the model law on international commercial arbitration Č

Tunde Opeibi, professeur, DŽpartement d'Anglais, Lagos, Nigeria, Ē Between clarity and obscurity: selected legal texts in Nigeria Č

Rachael Annelise Radhay, doctorante, UniversitŽ de Brasilia, BrŽsil, Ē Brazilian immigration-policy discourse: ambivalences, power and identity Č

Indra Listyo, traductrice, Jakarta, IndonŽsie, Ē Global English: its use in legal documents and its implications on translation Č

PƒRIODE DE QUESTIONS

OU

9 h LA TECHNOLOGIE ET L'ACCESSIBILITƒ DU DROIT

PrŽsidence : Danile Bourcier, directrice de laboratoire, CERSA, UniversitŽ Paris II

ConfŽrenciers :

Elizabeth Catta, VŽronique Tauziac, Hel Chamroeun, chercheurs, CERSA, Paris, France, Ē CorŽdaction et codification : le cas du Cambodge Č

Jennifer Hagan Templier, Fondatrice de Droit In- Situ, Paris, France, Ē L'oral par le multimŽdia pour la clartŽ du droitČ.

Filipe Borges, chercheur, CERSA, Paris, France, Ē Modles de clarification du droit avec les TI Č

10 h 30 PAUSE

11 h LA LANGUE COURANTE EN CONTEXTE MULTIDISCIPLINAIRE

PrŽsidence : Maurizio Gotti, professeur, UniversitŽ de Bergame

Ross Charnock, Ma”tre de ConfŽrences, UniversitŽ Paris 9

ConfŽrenciers :

Sophie Cacciaguidi-Fahy, chargŽe de cours, Galway University, Irlande, Ē Critique de l'emploi de la langue courante en droit international de la personne Č

Robin Ford, commissaire, British Columbia Securities Commission, Colombie-Britannique, Canada, Ē Plain language at the regulator's level Š How our policy is evolving Č

Barbaud Philippe, professeur honoraire, UniversitŽ du QuŽbec, Canada, Ē De la probabilitŽ de confusion en matire de marques de commerce : la contribution du linguiste au contexte bilingue canadien Č

Lone E.Olebile, chargŽe de cours, UniversitŽ du Botswana, Ē Statement writing and analysis of errors by Botswana Police Č

PƒRIODE DE QUESTIONS

OU

11 h LE PASSƒ ET L'AVENIR DE LA LANGUE COURANTE, OU DES LANGUES COURANTES (EUROPE) : TABLES RONDES

PrŽsidence : Nicole Fernbach et Catherine Rawson

ConfŽrenciers :

Barbro Ehrenberg-Sundrin, Ministre de la Justice, Sude, Ē The Swedish approach: systematic plain- language work at the highest level Č

Jan Engberg et Kirsten Wælch Rasmussen, professeurs, Aarhus School of Business, Danemark, Ē Plain language Initiatives in Denmark Š Why is it hardly an issue? Č

Martin Cutts, consultant, Royaume-Uni, Plain Language Commission, Ē UK statutes Š after the Tax Law Rewrite, how clear are they now? Č

ƒric Battistoni, juge, Belgique, Ē OpacitŽ du langage et Žcrits juridiques belges Č

Stefanos Vlachopoulos, chercheur, Institut de technologie de l'Žducation Epirus, Grce, Ē Reflections on the language of the law in Greece and Cyprus Č

Girolamo Tessuto, professeur de droit, UniversitŽ de Naples, Italie, Ē Simplifying Italian administrative language: An overview Č

Juan De Dios Torralbo Caballero, professeur, UniversitŽ de Cordoue, Espagne (Ė confirmer)

12 h 15 DƒJEUNER (offert par l'organisation)

14 h 00

DEUX SƒANCES SIMULTANƒES

LE PASSƒ ET L'AVENIR DE LA LANGUE COURANTE, OU DES LANGUES COURANTES (INTERNATIONAL) : TABLES RONDES

PrŽsidence : Peter Butt, professeur de droit, UniversitŽ de Sydney, Australie

ConfŽrenciers :

Vicky Schmolka, avocate et consultante en langue courante, Canada, Ē How do you know it is better?: Testing draft legislation Č

David Elliott, avocat lŽgiste, Words at Work, Canada

Annetta Cheek, Federal Aviation Administration, Dept.of Transportation, Washington DC, ƒtats-Unis

Neil James, directeur, Plain English Foundation, Australie

Annelize Nienaber, University of Pretoria, Afrique du Sud

Salome Flores Sierra, Ministre de l'ƒducation publique, Mexique

Victor Y Eleazar, Arellano School of Law, Philippines

PƒRIODE DE QUESTIONS

OU

14 h 00 LES DIFFICULTƒS DE LA RƒDACTION JURIDIQUE MODERNE : DEUX DƒBATS (L'Žcriture non sexiste et la simplification de l'orthographe)

PrŽsidence : Michle Lenoble-Pinson, professeur, PrŽsidente de l'Association belge pour l'Application des recommandations Orthographiques (APARO), Belgique, Ē De la demanderesse ˆ la juge, FŽminisation des noms de professions et de fonctions en Belgique Č

Olivier Carton, membre du LARJ, chargŽ d'enseignements, UniversitŽ du Littoral C™te d'Opale

ConfŽrenciers :

Dino Bressan, professeur, University of Melbourne, Australie, Ē Do women really exist in Italian law? Č RenŽe Honvault-Ducrocq, professeur, Laboratoire DYALANG-CNRS, SecrŽtaire gŽnŽrale de l'Association pour l'information et la recherche des orthographes et des systmes d'Žcriture (AIROE), France, Ē Le passŽ et le prŽsent de l'orthographe et de la rŽdaction non sexiste Č

James Archibald, professeur, UniversitŽ McGill, Canada, Ē Le discours au fŽminin Č

Bozena Tieszen et Heather Pantoga, professeurs, University of Wisconsin, ƒtats-Unis, Ē Gender Š Based Miscommunication in Legal Discourse and its Impact on Clarity of Legal Language Č

Isabelle Carignan, doctorante, UniversitŽ de MontrŽal, Canada, Ē Les rectifications orthographiques au QuŽbec Č (Ė confirmer)

PƒRIODE DE QUESTIONS

15 h 30 PAUSE

16 h 00 FAIRE DE LA LISIBILITƒ LE COMBAT DE TOUS : COMMENT SURMONTER LES OBSTACLES

PrŽsidence: Christopher Balmford, PDG de Cleardocs.com, Sydney, Australie

ConfŽrenciers: William Lutz, professeur, DŽpartement d'Anglais, Rutgers University, ƒtats-Unis, Ē Overcoming institutional and professional resistance to Plain Language Č

Michle Asprey, rŽdactrice de Clarity, consultante en langue courante, Australie

Sean Kidney, PDG, Social Change Online, Australie

Les discussions se feront surtout en franais, et nous fournirons de l'interprŽtation, de la traduction ou des rŽsumŽs.

17 h 00 RƒCAPITULATIF ET CLļTURE DE LA CONFƒRENCE

 

SAMEDI 9 JUILLET

Excursion guidŽe et dŽjeuner

DŽpart ˆ 9 h 00 pour Ē LA COUPOLE Č

SituŽe dans le Pas-de-Calais, ˆ 5 km de la ville de Saint-Omer, LA COUPOLE est un gigantesque bunker souterrain conu par les nazis, en 1943-1944, pour stocker, prŽparer et lancer les fusŽes V2 (premiers engins ˆ avoir atteint la stratosphre), l'arme secrte avec laquelle Hitler comptait dŽtruire Londres et inverser le cours de la guerre (http://www.lacoupole.com/fr/default.asp)

12 h 00 DŽjeuner dans un restaurant local

14 h 00 Visite guidŽe des deux Caps : Cap Gris-Nez et Cap Blanc-Nez (http://www.mincoin.com/php1/wiss.php)

Retour vers 17 h 00

 

Contact *    SecrŽtariat de la confŽrence (clarity2005@univ-littoral.fr)

Catherine Wadoux UNIVERSITE DU LITTORAL COTE D'OPALE

34 Grande Rue B.P. 751 62321 Boulogne-sur-Mer Cedex

TŽl. : 03-21-99-43-00 TŽlŽc. : 03-21-99-43-91

http://www.univ-littoral.fr/confinter.htm

 

 

 

Liens utiles

 

 

Newsletter de la Mission de recherche Droit et Justice

   http://www.gip-recherche-justice.fr/lettre-mission.htm

 

 

Libre parole

 

   Le cercle de rŽflexion "Horizon universitaires" a pour ambition de parler "sans tabous ni prŽjugŽs" des questions qui prŽoccupent le monde universitaire. Entretien avec Francine Demichel, ancienne directrice de l'enseignement supŽrieur et Jean Baptiste Mougel, ancien prŽsident de la FAGE.

    http://www.amue.fr/ActU/Actu.asp?Id=938&Inst=AMUE

 

   

 

------------------------------------------------------------------------

Vous ne recevez pas bien lÕafad en ligne ?

lignes incompltes, liens inactifs...?

des signes cabalistiques ou des hiŽroglyphes indŽchiffrablesÉ ?

la solution (peut-tre) : xavier.abeberry@freesbee.fr