LA LETTRE ƒLECTRONIQUE DE
LÕASSOCIATION FRANCOPHONE DÕANTHROPOLOGIE DU DROIT
n¡ 23
Ð le 8 mars 2006
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S O M M A I R E
Entretien
: Claude
Hagge
Point
de vue : Yves Michaud / Dominique Rousseau
Vient
de para”tre : harclement moral / croisŽes des champs disciplinairesÉ /
droits territoriauxÉ / droits et sociŽtŽ n¡ 61 / usages politique du droitÉ /
La Belgique criminelleÉ / la Chine au carrefour des traditions juridiques
Appel
ˆ contributions : les praticiens du droitÉ
Formation
: anthropologues
et ŽconomistesÉ / le foncier, leons et enjeux / violence des banlieues : les
raisons dÕune colre
Liens
utiles
Entretien
Claude Hagge
Dans Combat pour le franais - La diversitŽ
des langues et des cultures (Odile Jacob), le linguiste, professeur au
Collge de France, dŽfend ˆ la fois le destin de la langue franaise et la
diversitŽ linguistique, notamment face ˆ lÕanglais
Chaque
langue, dites-vous, doit tre dŽfendue parce qu'elle est le reflet de
l'identitŽ profonde d'une communautŽ, le miroir d'un peuple. C'est cette
identitŽ qui est en danger ?
Absolument.
Lorsque certains peuples, sous la pression de conqutes militaires ou
d'absorptions politiques, voient leur langue s'Žteindre, toute une partie de
leur culture dispara”t. C'est particulirement bien illustrŽ par le cas des
tribus indiennes des Etats-Unis et du Canada, qui ont compltement perdu leurs
moeurs et leurs traditions en s'amŽricanisant
En
Australie, vous citez l'exemple de mots comme boomerang ou kangourou, qui sont
passŽs d'une langue aborigne ˆ une autre via l'anglais
Cela n'a rien
d'anecdotique. L'amre ironie de la situation, c'est que des mots australiens
ont effectivement ŽtŽ apportŽs ˆ une autre langue australienne par le biais de
l'anglais. On arrive ˆ un tel point d'imprŽgnation de l'anglais que non
seulement il introduit ses vocables dans les langues Žtrangres qu'il domine,
mais il sert mme de relais pour y introduire des vocables venant d'autres
langues Žtrangres.
L'ennemi
dŽclarŽ, c'est l'anglais et, derrire lui, la culture amŽricaine et le
libŽralisme ?
Je n'en veux ni
au rayonnement de la culture amŽricaine, ni au nŽolibŽralisme, pour la bonne
raison que l'Žconomie franaise en fait partie. Ce contre quoi je m'insurge,
c'est le monolithisme, l'unilinguisme, l'uniculturalisme. Il faut promouvoir la
diversitŽ des langues et des cultures, lutter contre cette absorption de tous
les particularismes par un seul et mme Žcran culturel. Dans les relations
commerciales par exemple, pourquoi ne pas privilŽgier Ð plut™t que l'anglais Ð
la langue de l'acheteur, qu'il soit chinois ou brŽsilien ?
Le
principal danger concerne le monde des affaires et de la recherche scientifique
?
Le problme
touche l'ensemble des productions humaines, qu'il s'agisse de brevets
industriels ou d'oeuvres culturelles. Les efforts pour la dŽfense du cinŽma
franais ont rŽussi ˆ maintenir 30 % de productions nationales, ce qui est
considŽrable quand des pays producteurs d'admirables films comme l'Italie et
l'Allemagne en sont rŽduits ˆ moins de 10 %. Mais c'est au prix d'un combat
permanent, alors que la musique et le cinŽma sont les premiers postes
d'exportations amŽricaines !
Vous
citez la CorŽe du Sud qui, gr‰ce au protectionnisme, maintient sa production
nationale ˆ 50 % pour le cinŽma et ˆ 80 % pour la TV
Elle rŽussit ˆ
promouvoir ses industries culturelles alors mme que le corŽen est beaucoup
plus envahi par l'anglais que ne le sont l'allemand, le japonais ou le franais
Doit-on
dŽfendre le franais au sein de l'UE ?
Bien sžr. En
rappelant notamment que, d'aprs le traitŽ de Rome, le franais est en principe
ˆ ŽgalitŽ avec l'anglais mais que, dans les faits, celui-ci le supplante de
faon croissante. Paralllement, il faut continuer ˆ mener le combat engagŽ par
les dŽfenseurs naturels du franais que sont les membres de l'Organisation
internationale de la francophonie
Vous
diriez que la France manque de volontŽ dans la dŽfense de sa langue ?
La promotion du
franais est une affaire politique qui doit tre menŽe au plus haut niveau de
l'Etat, ce qui Žtait le cas depuis de Gaulle. MalgrŽ la sympathie que l'on peut
Žprouver pour Jacques Chirac, c'est ds le dŽbut de son premier mandat qu'en
dŽpit de ses belles paroles il a cessŽ de promouvoir la langue. Contrairement ˆ
Franois Mitterrand, pour qui ce combat Žtait quelque chose de trs important
Recueilli par
Luc Brunet, Ždition du 21 janvier 2006 de 20 minutes
Points de vue
Yves
Michaud : Ç Une justice sans contr™le et sans limites ? È
Yves
Michaud est philosophe et fondateur de l'UniversitŽ de tous les savoirs.
Lors
de son audition par la commission d'enqute parlementaire, le juge Burgaud,
venu avec deux avocats de crainte de commettre une bŽvue qui pserait sur son
sort administratif futur, ne fut ˆ aucun moment capable de s'Žlever ˆ la
moindre rŽflexion sur la pratique judiciaire, y compris quand une grosse perche
lui Žtait tendue.
Le
Conseil supŽrieur de la magistrature (CSM) adopte la mme attitude dŽfensive et
butŽe, l'arrogance en plus, quand il invoque aujourd'hui pompeusement "les principes fondamentaux
de sŽparation des pouvoirs et d'indŽpendance de l'autoritŽ judiciaire" pour dŽnoncer le travail de cette mme
commission, en s'adressant ˆ un chef de l'Etat qui, pour tre son prŽsident,
est peut-tre assez mal placŽ pour exemplifier la probitŽ.
Le
fameux principe de la sŽparation des pouvoirs sert aujourd'hui si souvent
d'argument pour dŽfendre le droit de la magistrature ˆ s'autogŽrer sans Žgard ˆ
sa responsabilitŽ sociale ni aux comptes qu'elle a ˆ rendre aux citoyens qu'il
est bon de rappeler quelques points de thŽorie politique et juridique
qu'apparemment on n'enseigne plus aux magistrats.
La
doctrine de la sŽparation des pouvoirs est fondamentalement politique. Elle
concerne, chez Locke (philosophe
anglais, 1632-1704) comme
chez Montesquieu, l'organisation des rapports entre les pouvoirs lŽgislatif et
exŽcutif. On la retrouve plus tard sous le mme jour chez des juristes comme
les constitutionnalistes franais Duguit ou CarrŽ de Malberg (au tournant des XIXe et XXe
sicles).
Dans la thŽorie lockienne, le judiciaire
est juste l'attribut gŽnŽral de l'Etat. Il ne fait jamais l'objet d'un
traitement sŽparŽ, hormis quelques remarques sur l'honntetŽ attendue des
juges. Montesquieu parle, lui, de pouvoir judiciaire, mais sa doctrine de la
sŽparation des pouvoirs est avant tout tournŽe contre le despotisme des princes
et, comme l'a notŽ CarrŽ de Malberg, elle a en fait ŽtŽ crŽŽe en vue des
monarchies. La DŽclaration des droits de l'homme, en son article 16, vise de la
mme manire l'organisation de l'Etat et non spŽcialement l'indŽpendance du
pouvoir judiciaire. Ce n'est donc pas parce qu'une formule commode est devenue
un lieu commun qu'elle doit tre dŽtournŽe de son sens. Il faut plut™t rappeler
ˆ nos hauts magistrats, dont on se demande s'ils sont en l'affaire ignorants ou
malhonntes, que pour Locke, pour nombre de ses prŽdŽcesseurs et successeurs, y
compris ceux qui ne sont pas partisans de ladite sŽparation des pouvoirs, le
judiciaire doit naturellement tre indŽpendant et probe, non partisan, connu et
autorisŽ. Autant de qualitŽs qui nŽcessitent le contr™le des citoyens.
Montesquieu est encore plus explicite en recommandant que la puissance de
juger, "qui
peut dŽtruire chaque citoyen par ses volontŽs particulires", ne soit pas donnŽe ˆ un SŽnat permanent
mais "exercŽe
par des personnes tirŽes du corps du peuple, dans certains temps de l'annŽe, de
la manire prescrite par la loi, pour former un tribunal qui ne dure qu'autant
que la nŽcessitŽ le requiert" (De
l'esprit des lois, XI-6).
Il
ajoute que la terrible puissance de juger ne doit tre attachŽe ni ˆ un certain
Žtat ni ˆ une certaine profession. On se frotte les yeux en pensant que l'Ecole
de la magistrature, qui forme notre caste magistrale, est situŽe dans la ville
natale de Montesquieu. Encore heureux que le juge Burgaud ne sorte pas d'une
promotion baptisŽe de ce nom Žminent...
S'il
y a une prŽoccupation au coeur de la doctrine de la sŽparation des pouvoirs
chez Locke comme chez Montesquieu, c'est celle de leur Žquilibre : les
Constitutions doivent tre ainsi faites que les diffŽrents pouvoirs se limitent
entre eux. Si l'on devait donc invoquer ˆ toute force la sŽparation des
pouvoirs, ce serait pour dire que le problme gravissime auquel nous
confrontent des dŽrives judiciaires du type de celle d'Outreau est celui d'une
absence de contr™le et de limitation du pouvoir judiciaire quand il n'est
limitŽ que par lui-mme - quand il n'y a pas balance des pouvoirs.
Quelle
que soit la dignitŽ dans laquelle se drape le Conseil supŽrieur de la
magistrature, on doit aussi lui faire valoir quelques autres arguments
embarrassants. La composition dudit Conseil et les procŽdures de nomination de
ses membres (nomination pour l'essentiel par le pouvoir prŽsidentiel)
autorisent-elles sans rire ˆ parler d'indŽpendance ? Ne faut-il pas manquer de
pudeur pour revendiquer la plŽnitude d'une autonomie ˆ laquelle on a accŽdŽ
dans de telles conditions ?
D'autre
part, les rarissimes dŽcisions disciplinaires prises par ledit Conseil (6
radiations en cinq ans pour une population de 7 500 magistrats) tŽmoignent d'un
corporatisme protecteur que l'on ne tolŽrerait d'aucune profession normale. Je
renvoie lˆ-dessus aux donnŽes publiŽes par le rapport annuel d'activitŽ du CSM,
quand il existe et qu'il ne se perd pas en verbiage.
Il
faut surtout rappeler que, dans une dŽmocratie, il y a, Locke l'a dit et
Rousseau redit, un pouvoir supŽrieur, celui des citoyens ou du peuple. C'est
l'‰me ou l'esprit de l'Etat. Je sais bien que la Constitution de la Ve
RŽpublique donne la prŽŽminence ˆ l'exŽcutif, qui n'est liŽ au peuple que par
le fil grossier et distendu de l'Žlection prŽsidentielle au suffrage universel.
On a vu en 2002 sur quelle farce cela pouvait dŽboucher.
A
travers la commission d'enqute parlementaire sur Outreau, la reprŽsentation
nationale a manifestŽ ˆ nouveau sa dignitŽ Žminente et, finalement, sa
prŽŽminence. C'est un petit dŽbut, mais il serait bon que nos juges comprissent
qu'ils sont au service des citoyens et pas de leur "Žtat" ni de leur
profession ˆ eux, pour user des termes de Montesquieu, ici pertinents.
YVES MICHAUD Article paru dans l'Ždition du Monde du 24
fŽvrier 2006
Dominique
Rousseau : Ç Le CSM racontŽ au philosophe È
Dominique Rousseau est professeur ˆ
l'universitŽ Montpellier-I et membre du Conseil supŽrieur de la magistrature.
L'article
d'Yves Michaud publiŽ dans Le
Monde du 24 fŽvrier 2006
prŽsente un double intŽrt ŽpistŽmologique : asseoir la pertinence d'un
dialogue entre savoirs philosophiques et juridiques et montrer que la vŽritŽ
n'est que la rectification momentanŽe d'erreurs. Erreur d'Žcrire que le Conseil
supŽrieur de la magistrature (CSM) est composŽ de personnes nommŽes "pour l'essentiel par le
pouvoir prŽsidentiel", alors
que, sur dix-huit membres, un seul est nommŽ par le chef de l'Etat ! Erreur
encore d'Žcrire que le CSM sanctionne peu les magistrats, alors que les
chiffres des rapports annuels dŽmontrent le contraire. Erreur toujours d'Žcrire
que le CSM est le dŽfenseur arrogant du corporatisme des magistrats, alors
qu'il est, modestement, une des autoritŽs chargŽes par la Constitution de
veiller ˆ l'Žquilibre des pouvoirs !
Reprenons
donc l'histoire. Rendre la justice est un attribut du souverain : du roi, avant
1789, et depuis de la nation, qui, pour assurer la libertŽ politique, a
distinguŽ trois fonctions, lŽgislative, exŽcutive et judiciaire. Le principe de
sŽparation des pouvoirs rŽalise sa liaison avec le principe de souverainetŽ
nationale selon une configuration exposŽe dans son cours de 1959 par le doyen
Georges Vedel : "Chacun
des reprŽsentants qui exerce la souverainetŽ dont il n'est pas titulaire n'a de
compŽtence que dans l'ordre qui est le sien ; le Parlement n'exprime la
souverainetŽ nationale que dans l'ordre lŽgislatif, le gouvernement ne la
reprŽsente que dans l'ordre exŽcutif et le juge ne parle au nom de la nation
que s'il se maintient dans sa t‰che judiciaire ; ainsi, aucun des reprŽsentants
de la nation ne peut s'identifier ˆ la nation puisque chacun n'exerce que l'un
des attributs de la souverainetŽ."
Evidemment, pour Žviter le dŽsordre
politique, il convient, Žcrit Montesquieu, que ces organes sŽparŽs puissent,
dans le respect de leur domaine de compŽtences respectif, "aller de concert" et s'Žquilibrer mutuellement. Et veiller ˆ
cet Žquilibre est, prŽcisŽment, le r™le constitutionnel du CSM. Car il n'est
pas, autre erreur d'Yves Michaud, l'Žmanation d'une des trois fonctions. Le CSM
n'appartient pas ˆ l'ordre judiciaire. Constitutionnellement, il est situŽ aux
confins des pouvoirs afin d'assurer leur Žquilibre. Et c'est cette situation
qui lui permet d'intervenir pour protŽger et dŽfendre un exercice indŽpendant
de la fonction de juger, en stigmatisant les pressions pouvant venir aussi bien
de l'exŽcutif, du lŽgislatif que du judiciaire. Par ce r™le, le CSM ne protge
pas les magistrats, mais les citoyens. De mme que la libertŽ de la presse a
pour destinataire essentiel le lecteur et non le journaliste, l'indŽpendance
des magistrats bŽnŽficie non ˆ
"leur Žtat ou leur profession ˆ eux" comme l'Žcrit encore Yves Michaud, mais aux
justiciables, qui doivent pouvoir compter sur des juges statuant ˆ l'abri de
toute pression.
Reste
que le CSM accomplit ce r™le comme "assistant" du prŽsident de la
RŽpublique puisque c'est ˆ lui que l'article 64 confie la garde de
l'indŽpendance de l'autoritŽ judiciaire. Mais les choses pourraient Žvoluer.
Lors de la sŽance plŽnire du CSM qui s'est tenue ˆ l'ElysŽe le 24 fŽvrier
2006, le prŽsident de la RŽpublique a fait observer, ˆ juste titre, qu'il ne
pouvait pas garantir l'indŽpendance de l'autoritŽ judiciaire contre des
atteintes Žventuelles venant du pouvoir lŽgislatif car, Žtant chef de
l'exŽcutif, il pourrait tre accusŽ de s'ingŽrer dans le fonctionnement de
l'organe parlementaire au mŽpris du principe de sŽparation des pouvoirs.
L'argumentation, parfaitement fondŽe, met en Žvidence une impossibilitŽ
constitutionnelle pour un prŽsident, chef de l'exŽcutif, d'tre en mme temps
garant de l'indŽpendance de l'autoritŽ judiciaire. Le CSM pourrait donc
devenir, lors d'une prochaine rŽforme, l'autoritŽ de plein exercice assurant,
dans son domaine, le bon Žquilibre entre les pouvoirs. Horreur absolue pour
ceux qui, comme Yves Michaud, font de la reprŽsentation Žlectorale le seul lieu
d'o peuvent dŽcouler tous les pouvoirs, mais sagesse philosophique pour ceux
qui pensent que la dŽmocratie se construit par un jeu d'Žquilibre subtil entre
des pouvoirs Žgalement lŽgitimes. La discussion est ouverte.
DOMINIQUE ROUSSEAU Article paru dans l'Ždition du Monde du
1er mars 2006
Vient de para”tre
Le
harclement moral
Francis Ancibure et Marivi
Galan-Ancibure, Les Essentiels
Milan, 64 p., P.V.P. : 5,50 Û
Le
harclement constitue une prŽoccupation insistante, une crainte et, pour
certains, un cauchemar quotidien. Saisies pour rŽguler les dŽbordements quÕil
gŽnre, les cours de justice attestent du rejet gŽnŽralisŽ de cette forme de
persŽcution.
Quelle quÕen soit lÕexpression (pression,
manipulation, persŽcution, emprise), le harclement est incarnŽ par diffŽrentes
figures : conjoint, responsable hiŽrarchique, subordonnŽ, mais encore enfant,
parent ou ami, entreprise, administration. Son surgissement est autant
inattendu que traumatisant. De la dŽstabilisation quÕil opre sur le sujet na”t
une sŽrie de questions sur le sens de son existence et son rapport au monde.
Par le levier du harclement se produit un renversement toujours accompagnŽ de
manifestations de souffrance (maladie, angoisse, inhibition) ou de passage ˆ
lÕacte dont le suicide.
Ë
travers des cas thŽoriques et pratiques, cet ouvrage vise ˆ sensibiliser le
lecteur aux multiples facettes du harclement et ˆ lÕaider sÕil est confrontŽ ˆ
cette situation.
Les auteurs :
Psychologue clinicien, expert judiciaire, Francis Ancibure enseigne la criminologie ˆ la facultŽ
pluridisciplinaire de Bayonne.
Psychanalyste, Marivi Galan-Ancibure est psychiatre ˆ San Sebasti‡n (Espagne) et
supervise lÕŽquipe de planification familiale du centre hospitalier de Bayonne.
Sommaire
La
maladie de lÕautoritŽ
Reconna”tre 4-5 Une
brve histoire 6-7 Perversion du rapport ˆ lÕautre 8-9
LÕatteinte morale 10-11 Harclement
domestique 12-13 La pression en entreprise 14-15
Tyrannie institutionnelle 16-17
Structure
du phŽnomne de harclement
Dans le huis clos de la sociŽtŽ 18-19
Les multiples stratŽgies 20-21
ConsŽquences 22-23 Les
tourments de lÕamour 24-25 Objet de lÕautre 26-27
Ò Espce de moins que rien ! Ó 28-29
Le partenaire-travail 30-31
Cynisme
du prŽdateur, candeur de la victime
La canaille 32-33
La victime 34-35 Que veut le
harceleur ? 36-37 La position masochiste 38-39
LÕenvie et la haine 40-41 Une
civilisation oppressante 42-43
Face
au harclement
Une altŽritŽ problŽmatique 44-45
Comment vivre ensemble ? 46-47
PrŽvenir la rage de lÕenvie 48-49
Comment
lutter ?
Ce que dit la loi 50-51
Que faire ? 52-53 Sept
conseils 54-55 La renaissance morale 56-57
Approfondir
Glossaire 58-59
Bibliographie 60-61 Adresses
utiles 62 Index 63
CroisŽe
des champs disciplinaires et recherches en sciences sociales
Edwige
Rude-Antoine & Jean Zaganiaris (dir.), Presses Universitaires de France (collection du
CURAPP), 2006, 168 p.
TABLE DES MATIERES
Edwige
RUDE-ANTOINE : Introduction gŽnŽrale 5
Edwige
RUDE-ANTOINE : Vers un dŽpassement de la frontire sur lÕobjet ÒdroitÓ entre le
juriste et le sociologue
11
I
- Un itinŽraire de recherche 13 1. Les mots et le choix dÕune
posture 2. Une rŽflexion thŽorique autour de lÕobjet ÒdroitÓ des
juristes
II
- Des propositions sur la sociologie du droit comme science 21
1. Quelques points de vue thŽoriques 2. Le
choix de la sociologie du droit wŽbŽrienne
Philippe
CORCUFF : De quelques impensŽs de la rupture ŽpistŽmologique. Interrogations et
pistes ˆ partir de pratiques de recherche en sciences sociales 31
I
- Connaissance savante / Connaissance ordinaire 33 II -
Jugements de faits / Jugements de valeurs 34
III
- Distanciation / Engagement 36 IV - CachŽ / Visible 42
Catherine
WIHTOL de WENDEN : PluridisciplinaritŽ et sciences sociales : point de vue dÕun
politologue sur les migrations internationales 51
I
- Trois axes marquent cette Žvolution 52
II
- Perspectives de recherche 57
Alain
MAILLAR : Sociologie historique des communismes. Reconstruction dÕun objet 63
I
- LÕapproche ÒgŽnŽtiqueÓ 64
II
- LÕapproche sociologique 68
III
- LÕapproche comparative 74
Jean
ZAGANIARIS : LÕhistoire des idŽes en science
politique et la question de lÕinvestigation empirique : lÕexemple des usages de
la pensŽe maistrienne lors des dŽbuts de lÕAction franaise 81
I
- La question des usages dans lÕhistoire des idŽes 82
II
- LÕhistoire des idŽes : une approche ˆ la fois philosophique et sociologique
88
Paolo
NAPOLI : Pour une histoire conceptuelle du droit. Les enjeux dÕune recherche pluridisciplinaire 95
I
- LÕobjet 96 II - LÕhistoire sociale 99 III
- LÕhistoire institutionnelle 100
IV
- LÕhistoire dogmatique 101 V - LÕhistoire conceptuelle 102
VI - LÕhistoire comparŽe 108
VII
- Le droit de police 111 VIII - Les droits de lÕhomme, une
grille de lecture adŽquate ? 113 IX - Pour une histoire Òdes
mesuresÓ 117
Christoph
EBERHARD : LÕanthropologie du droit : un itinŽraire entre altŽritŽ, complexitŽ
et interculturalitŽ 127
I
- La dŽcouverte de lÕaltŽritŽ. ÒPenser le droitÓ de manire dialogale 130
II
- De lÕaltŽritŽ ˆ la complexitŽ. Le multijuridisme et le Òjeu des loisÓ 136
III
- LÕinterculturalitŽ : au delˆ du ÒdroitÓ et des sciences sociales 141
Claire
CALOGIROU : Recherche anthropologique et musŽe de sociŽtŽ 149
I
- LÕethnologie urbaine 150 1. Les courants de lÕethnologie en
milieu urbain 2. Les dispositifs de lÕinvestigation
ethnologique 3. DifficultŽs de lÕinvestigation ethnologique 152
II
- LÕexposition comme mode de production du savoir et de rendu au public 153
1. La fonction du musŽe 2. Le musŽe de
sociŽtŽ
III
- La mise en exposition : conservateurs-chercheurs, une problŽmatique commune
157 1. Le mŽtier de conservateur de musŽe
2. La mise en exposition, de quoi sÕagit-il ?
3. La musŽographie 4. La mise en exposition
Edwige
Rude-Antoine est secrŽtaire gŽnŽrale de lÕAssociation francophone
dÕanthropologie du droit (AFAD)
Droits
territoriaux des peuples autochtones
Groupe International de Travail
pour les Peuples Autochtones - G.I.T.P.A.
Paris,
LÕHarmattan (Collection Questions autochtones), 2005, 123 p., 13 Û.
ISBN
: 2.7475.9648.6
PrŽsentation
par l'Žditeur
La terre
est pour les peuples autochtones le fondement de la vie et de la culture.
L'absence de droits et d'accs ˆ leurs terres ou aux ressources naturelles mine
la spŽcificitŽ des cultures de ces peuples et leur avenir. Ces droits
territoriaux sont, dans le monde entier, leur revendication centrale, celle de
leurs organisations et de la solidaritŽ internationale.
Depuis
la colonisation, les peuples autochtones ont ŽtŽ confrontŽs ˆ la menace d'une
Žviction de leur terre. Cette dŽpossession a conduit ˆ l'extinction ou ˆ
l'assimilation de nombreux groupes.
Les vingt dernires
annŽes ont tŽmoignŽ d'une importante mobilisation de ces communautŽs pour
conserver leurs droits. Ce mouvement a fait des progrs considŽrables mais,
dans certaines rŽgions du monde, il ne fait qu'Žmerger.
Depuis
de nombreuses annŽes, le soutien aux peuples autochtones pour la sŽcurisation
de leurs droits territoriaux fondamentaux est au centre du travail d'IWGIA (International Work Group for
Indigenous Affairs). Ce
volume de Questions autochtones rassemble des articles traitant de la situation
actuelle en matire de droits territoriaux autochtones de diffŽrentes zones
gŽographiques.
Droit
et SociŽtŽs n¡ 61
Dossier
coordonnŽ par Baudouin Dupret
Droit
et expertise dans une perspective praxŽologique
Baudouin
Dupret Le
corps mis au langage du droit : comment confŽrer ˆ la nature une pertinence
juridique
Droit et science constituent des formes
distinctes de vŽridiction qui souvent s'entrecroisent. Cet article s'intŽresse
au cas o la justice fait appel ˆ l'autoritŽ scientifique pour stabiliser un
certain nombre de faits ˆ propos desquels elle est tenue de rendre une
dŽcision. Aprs avoir soulignŽ le risque de maintenir le droit et la science
dans une incommensurabilitŽ abstraite, l'article explore, ˆ partir de cas
Žgyptiens, les modes pratiques du raisonnement juridique sur une question de
responsabilitŽ mŽdicale et montre la nŽcessitŽ d'une analyse praxŽologique des
relations qui unissent le droit et la science. Dans un troisime temps, il
dŽcrit le travail d'Žnonciation de l'expertise et le travail d'Žcriture du
droit appuyŽ sur l'expertise.
Michael
Lynch, Ruth McNally "
Science ", " sens commun " et preuve ADN : une controverse
judiciaire ˆ propos de la comprŽhension publique de la science
Cet article porte sur une affaire
britannique, Regina v. Adams, au centre de laquelle se trouvait la question de
la diffŽrence entre " raison scientifique " et " sens commun
" ˆ propos de la preuve ADN. Dans sa dŽcision, la Cour d'appel rŽtablit la
frontire entre la preuve " scientifique " et la preuve de "
sens commun ", arguant du fait que cette distinction est nŽcessaire pour
prŽserver le r™le du jury en tant que juge des faits. L'article porte sur ce
travail de dŽlimitation menŽ par la Cour d'appel et traite de questions,
demeurŽes jusqu'ˆ prŽsent non rŽsolues, relatives aux estimations de
probabilitŽs dans les procs avec jurys.
Luisa
Zappulli Savoirs professionnels et
sens commun en milieu judiciaire : l'activitŽ professionnelle du mŽdecin
lŽgiste dans le parquet de Lecce
Cet article veut traiter des processus
d'organisation et de classification des connaissances dans un contexte
judiciaire tel que le tribunal de Lecce, en analysant les procŽdures ˆ travers
lesquelles des catŽgories professionnelles diffŽrentes (le magistrat et le
mŽdecin lŽgiste) cooprent entre elles afin de donner une version cohŽrente et
objective d'un cas particulier. Ë cette fin, l'article analyse des donnŽes
empiriques re-cueillies dans le parquet de Lecce lors du traitement d'un cas de
suicide. Il montre comment le mŽdecin lŽgiste doit communiquer au magistrat ce
qui s'est passŽ ˆ l'occasion d'un crime, ˆ partir et au moyen du corps de la
victime. Le propos est ici de dŽcrire le compromis et la nŽgociation ˆ travers
lesquels se dŽploient les pratiques situŽes de ces deux catŽgories
professionnelles.
James A.
Holstein Pathologie mentale et
justice : produire des Žvaluations psychiatriques
Les tribunaux sont des contextes
multipartites impliquant une variŽtŽ de locuteurs, mais les procŽdures
officielles indiquent les limites du processus, spŽcifient les parties qui
peuvent intervenir lŽgitimement et prŽdŽterminent leurs formes de
participation. Le discours, dans les auditions d'internement, se distingue par
le fait qu'il est procŽduralement limitŽ ˆ l'interrogatoire et au
contre-interrogatoire des tŽmoins par le reprŽsentant de la dŽfense, la partie
publique et le juge. Bien que le processus semble plut™t informel, les droits
de parole sont allouŽs de manire procŽdurale. Cet article dŽcrit ce qui se dit
au niveau du tŽmoignage des experts psychiatres et montre comment celui-ci
contribue ˆ justifier l'argumentation visant ˆ l'internement du dŽfendeur.
Gregory
Matoesian L'ambivalence
sociologique du tŽmoignage expert : conflit discursif dans la constitution de
l'identitŽ juridique
Partant de la thŽorie des gammes de r™les
de Merton comme arrire-plan ˆ l'examen d'un conflit discursif entre la partie
publique reprŽsentant l'accusation et un tŽmoin expert dans un procs criminel,
cet article montre comment les participants ˆ l'interaction manifestent une
orientation vers des normes et contre-normes ambivalentes dans le dŽtail situŽ
de pratiques interactionnelles. On voit les participants s'efforcer d'articuler
les perturbations qui surviennent dans la gamme des r™les. On observe aussi un
conflit dans l'ordre discursif se superposer ˆ l'ordre des reprŽsentations.
J'examine comment le procureur attaque l'expert en travaillant des conflits de
reprŽsentation et comment les participants nŽgocient et contestent leurs
identitŽs juridiques jusque dans les dŽtails les plus particuliers de
l'interaction.
Question
en dŽbat : Le
journaliste et le chercheur
Dominique
Vernier Le
chroniqueur judiciaire, observateur pertinent des tribunaux ?
La chronique judiciaire peut fournir un
poste d'observation de la rŽalitŽ du fonctionnement des tribunaux si l'on en
saisit bien les contraintes tant journalistiques qu'Žconomiques. Plusieurs
biais caractŽrisent le travail du chroniqueur, ici en cour d'assises : les
critres prŽsidant au choix des procs sont extrmement variables dans le
temps, sujets ˆ des modes ou ˆ la pression de l'actualitŽ ; la distance
critique nŽcessaire ˆ un minimum d'objectivation de son observation est
difficile ˆ tenir ; et sa prŽsence produit dans le prŽtoire des effets qu'il
est quasiment impossible de neutraliser. Enfin, son compte rendu d'audience
comporte lui-mme un enjeu : chaque partie au procs peut vouloir s'en faire un
alliŽ et il peut se rŽvŽler vulnŽrable aux manipulations.
Jean-Louis
HalpŽrin L'essor
de la " privacy " et l'usage des concepts juridiques
Introduite par Warren et Brandeis, la
notion de droit au respect de la vie privŽe (ou " privacy ") est parvenue aujourd'hui ˆ la
reconnaissance dans de nombreux systmes juridiques. L'explosion de la privacy, pendant la dernire dŽcennie, peut tre expliquŽe
par l'histoire de la circulation prŽcoce de ce concept. Il est beaucoup plus
difficile de parler d'un concept commun et de le dŽfinir. La privacy ne peut tre dŽcrite comme un espace dŽterminŽ avec
un contenu prŽcis. C'est plut™t une limite, fixŽe par le juge, pour empcher
les ingŽrences dans une libertŽ individuelle. En tant que frontire, la privacy remplit une fonction pour trancher des cas
litigieux et peut tre facilement transfŽrŽe d'un ordre juridique ˆ un autre.
Renaud
Berthou La
" forumisation " du droit : ˆ propos des perspectives et
enseignements d'une expŽrience originale de crŽation du droit
En tant qu'expŽrience de crŽation du droit,
le Forum des droits sur l'Internet mŽrite d'tre l'objet d'un examen attentif.
Il convient notamment de remarquer que cette institution porte en elle
certaines richesses structurelles face au mode de crŽation du droit en vigueur
sur Internet. Certes, pour autant, le rŽsultat de cette expŽrience n'est pas en
soi satisfaisant. Reste qu'alors, c'est par d'autres voies que ce Forum se
rŽvle tre une formidable source de leons dans le cadre d'une recherche
visant ˆ trouver une structure dŽcisionnelle adaptŽe pour Internet et le droit
en rŽseau.
Philippe
Raimbault Le
corps humain aprs la mort. Quand les juristes jouent au " cadavre exquis
"É
Cet article pose la question de la nature
juridique du droit de l'individu sur son propre corps au delˆ de sa mort. Cette
interrogation, longtemps ŽludŽe, doit effectivement tre affrontŽe du fait des
progrs scientifiques qui font du cadavre une ressource susceptible
d'exploitations sociales. Le prisme du consentement de l'individu permet alors
d'Žvoquer le problme de la souverainetŽ sur le cadavre, lequel se rŽsout par une
rŽpartition des droits entre l'individu et l'ƒtat qui montre que le corps
devient un lieu de nŽgociation politique. Cependant, les instruments juridiques
traditionnels semblent inadaptŽs pour saisir l'objet spŽcifique que constitue
le corps mort, ce qui explique les hŽsitations des juristes et la difficultŽ ˆ
construire un vrai statut juridique pour le cadavre humain.
Usages
politiques du droit en Afrique. Essai de sociologie politique du droit
Pierre Fabien Nkot. Bruylant (Collection Droits, Territoires, Cultures), 216 pages - Parution : 01/2006 35,00 Û
ISBN
: 2.8027.2081.3
PrŽsentation
par l'Žditeur
Comment dŽfinir
le contenu et les limites de la sociologie politique du droit ?
La question ne
prend sens quÕˆ partir dÕun dŽcodage des discours politiques et des systmes
juridiques, et ici plus particulirement ˆ propos des tensions inhŽrentes ˆ la
construction du droit camerounais.
Cet ouvrage,
composŽ ˆ partir dÕune revue de littŽrature relative ˆ ces thmes, prŽsente
ainsi une Ç taxinomie È dont lÕobjectif est de faire ressortir les lignes de
clivage et les plages de continuitŽ que les Žtudes menŽes auparavant en
sociologie politique du droit soulvent et soulignent.
Il se propose de
montrer comment le pouvoir politique mobilise les juristes, magistrats,
consultants ou enseignants, pour sauvegarder ses intŽrts et atteindre ses
objectifs, de ceux qui indiquent que la gŽnŽralitŽ et lÕimpersonnalitŽ
proclamŽes des lois et rglements ne sont que fictions. Le dŽvoilement de la
logique du discours juridique permet alors de mettre ˆ lÕŽpreuve le prŽsupposŽ
selon lequel la fonction de lŽgitimation du droit se rŽalise en faveur des
acteurs centraux de pouvoir. En effet, les dŽpositaires du pouvoir dÕEtat
imaginent et Žlaborent un ensemble de techniques de tricheries juridiques,
quÕils convoquent progressivement et systŽmatiquement, souvent de faon dŽtournŽe,
afin de rŽpondre aux finalitŽs idŽologiques et politiques quÕils se sont
prŽalablement fixŽs.
La question de
lÕinstauration de lÕEtat unitaire au Cameroun offre alors lÕoccasion de voir ˆ
lÕ¦uvre cette dynamique, qui participe des usages pervers du droit.
NŽ le 1er
janvier 1969 ˆ Penja (Cameroun), P.
Fabien Nkot est titulaire
dÕun Ph.D., obtenu ˆ lÕUniversitŽ Laval de QuŽbec au Canada. Il enseigne le
droit constitutionnel, la science politique, la sociologie politique du droit
et les mŽthodes de recherches en sciences sociales ˆ lÕUniversitŽ de YaoundŽ II
au Cameroun.
La
Belgique criminelle, droit, justice, sociŽtŽ (XIVe-XXe sicles)
Hommage
ˆ Marie-Sylvie Dupont-Bouchat.
ƒtudes rŽunies par Xavier Rousseaux
et Geoffroy Le Clercq,
Academia, 556 pages - Parution : 02/2006 59,00 Û
ISBN : 2.87209.781.3
La
Chine au carrefour des traditions juridiques
HŽlne Piquet, Bruylant, 336 pages - Parution : 01/2006
50,00 Û
ISBN
: 2.8027.2095.3
PrŽsentation
par l'Žditeur
En 1978, la
Chine a lancŽ sa politique de rŽforme et dÕouverture. Cet ouvrage a pour objet
les rŽformes juridiques chinoises depuis 1978, largement fondŽes sur les
transferts de droit initiŽs par les dirigeants chinois. ControversŽs dans la
doctrine juridique occidentale, les transferts de droit suscitent Žgalement de
solides dŽbats, largement mŽconnus en Occident, parmi les juristes chinois. Une
donne incontournable Žmerge : la Chine puise rŽsolument , de manire simultanŽe,
ˆ plusieurs traditions juridiques.
Quelques
observateurs de ces rŽformes postulent que les transferts de droit effectuŽs
par la Chine reposent sur une base purement instrumentale. QuÕen est-il, en
rŽalitŽ ? Quelles sont les perceptions chinoises des traditions juridiques en
prŽsence ? Quelle place, le cas ŽchŽant, est faite ˆ la cohŽrence du droit dans
les rŽformes en cours, et pourquoi ? Quelles motivations prŽsident aux emprunts
ˆ la common law ou au droit civil ? Quels rapports aux modles empruntŽs
entretiennent les juristes chinois ?
Un constat peut
nŽanmoins tre fait. Les positions doctrinales chinoises et occidentales
relatives aux transferts de droit en Chine diffrent souvent radicalement.
Cette Žtude met en lumire les sources de ces diffŽrences, en faisant une large
place ˆ la doctrine juridique chinoise, peu connue en Occident.
HŽlne
Piquet est sinologue et
juriste, professeure ˆ la FacultŽ de Science Politique et de Droit ˆ
lÕUniversitŽ du QuŽbec ˆ MontrŽal.
Formation
Anthropologues et Žconomistes face ˆ la
globalisation
Colloque du CLERSE (CNRS) et de l'UR "Travail et
Mondialisation" (IRD)
Lille / Villeneuve dÕAscq, 16 mars et 17
mars 2006
Contexte
et enjeux d'un colloque transdisciplinaire.
A
la suite des travaux de Karl Polanyi, l'Žlaboration d'une anthropologie
Žconomique et la rŽflexion sur la diversitŽ des systmes et des logiques
Žconomiques ont marquŽ les dŽcennies 1960 et 1970. Cette pŽriode conjuguait la
mise en place de la consommation de masse, une confrontation exacerbŽe entre le
capitalisme et le socialisme et les interrogations liŽes ˆ l'Žmergence d'un Ò
tiers-monde Ó ˆ dŽvelopper ou condamnŽ au sous-dŽveloppement. Il s'agissait
d'un moment favorable ˆ l'expression de multiples dŽbats sur la nature de l'Žconomie
et sur la place de l'Žconomie dans les sociŽtŽs. Le dŽclin du marxisme, les
ajustements structurels puis l'Žcroulement des Etats/Žconomies socialistes ont
engagŽ, pour un temps, une relŽgation de ces questions.
La
globalisation Žconomique incite aujourd'hui ˆ reprendre le fil du dialogue et
du croisement des recherches issues des deux disciplines. Parce qu'elle engage
une dominance du libŽralisme Žconomique et, corollairement, de ses
contestations, elle suscite des rŽflexions portant notamment sur le statut du
marchŽ et de la marchandise et sur les processus de marchandisation. D'autres
sujets importants de dŽbat public ayant des rŽpercussions dans le champ
scientifique tiennent actuellement par exemple ˆ la nature, aux cožts et aux
statuts du travail, ˆ la place relative de la production industrielle et de la
finance, ˆ l'Žmergence d'une Žconomie fondŽe sur la connaissance, ou encore aux
modes de comptabilisation de la richesse.
ProblŽmatique
et mŽthodologie.
Si,
sur ces divers points, la collaboration entre les Žconomistes et les
anthropologues est recherchŽe, il semble qu'elle soit bridŽe par l'existence de
dŽcalages entre les deux disciplines et les attentes qu'elles nourrissent l'une
vis-ˆ-vis de l'autre.
Evidemment,
l'anthropologie et l'Žconomie sont l'une comme l'autre traversŽes de courants
de pensŽe contradictoires. C'est dans de telles contradictions, internes ˆ
chacun des champs disciplinaires, que se forgent les raisons d'tre des
emprunts aux autres disciplines. Pour autant, ces emprunts ne sont pas
symŽtriques. D'un c™tŽ, certains Žconomistes tentent de trouver dans
l'anthropologie des ŽlŽments thŽoriques visant ˆ contester et amender leur
corpus thŽorique de rŽfŽrence, ˆ repenser les postulats anthropologiques
sous-jacents aux sciences Žconomiques (conceptions de l'homme et de la sociŽtŽ
sur lesquelles reposent les hypothses de rationalitŽ, par exemple). De son
c™tŽ cependant, l'anthropologie ne dispose pas d'un corpus thŽorique semblable.
La discipline se constitue de manire prŽpondŽrante sur la pratique de
l'enqute de terrain, et fonde ses modes de thŽorisation dans sa confrontation
avec la rŽalitŽ des rapports sociaux d'une part, la comparaison entre
formations sociales et historiques d'autre part. La lecture de travaux Žconomiques
est alors apprŽhendŽe par certains anthropologues comme un complŽment
nŽcessaire pour situer leurs terrains d'enqutes dans une conjoncture plus
globale. Les ambitions en matire de thŽorie ou d'analyse du rŽel, dans les
deux disciplines, sembleraient alors ne pas devoir se rencontrer.
De
ce fait, renouer les fils du dialogue Žconomie/anthropologie nŽcessite bien sžr
de se pencher sur des questions ŽpistŽmologiques et mŽthodologiques visant ˆ
Žlucider le statut de la mŽthode, du modle et de l'objet dans chacune des
disciplines. Ce sera lˆ une ligne de rŽflexion transversale du colloque. Mais
afin de ne pas en rester ˆ des considŽrations trop gŽnŽrales, les contributions
se centreront sur des objets ou processus socioŽconomiques prŽcis pour engager
la discussion. Comment chacune des disciplines traite-t-elle de ce qui peut de
prime abord se prŽsenter comme un Ò mme problme Ó ? Peut-on identifier
certains emprunts rŽciproques ? Peut-on Žnoncer une complŽmentaritŽ dans la
conception des questions thŽoriques/empiriques et la formulation des rŽsultats
de recherche ?
Trois
grands axes.
Pour rendre
opŽrationnelle cette problŽmatique, trois axes sont proposŽs au dŽbat.
0.
Travail,
monnaie et financiarisation. Comment apprŽhender, dans diffŽrents contextes
rŽgionaux et nationaux, les effets sur le travail de la financiarisation
actuelle de l'Žconomie mondiale ? Quels sont la nature et le statut des revenus
du travail et comment Žvoluent-t-ils ? Qu'en est-il des processus de Ò
dŽprotection Ó du travail et du retour ˆ des formes de Ò vente nue Ó de la
force de travail ? Comment aborder, dans les relations microsociales, les
significations et les usages sociaux de l'argent ?
0.
MarchŽ,
marchandise et marchandisation. Quels sont les outils ŽlaborŽs pour comprendre comment
se construit, dans chaque contexte sociŽtal, la frontire entre le marchand et
le non-marchand et quels sont les dŽterminants du dŽplacement, ˆ chaque fois
spŽcifique, de cette frontire ? Quelle est la valeur marchande des Ò valeurs
morales Ó (don, Žthique, etc.) ?
0.
Investissements,
profits et processus symboliques. La marchandisation du monde s'Žpuise-t-elle
dans une simple logique de profits monŽtaires ? Pour l'Žconomiste, quel sens et
quel traitement donner aux processus symboliques qui, pour l'anthropologue,
enveloppent toujours les actes et institutions Žconomiques ? Dans le contexte
actuel, la globalisation capitaliste conduit-elle ˆ un dŽsenchantement homogne
du monde ? Ou au contraire, et sous des formes singulires, ˆ des processus de
recodage symbolique ?
Contact : Sophie Goyat (Sophie.Goyat@univ-lille1.fr)
FacultŽ des
sciences Žconomiques et sociales UniversitŽ des Sciences et Technologies de
Lille 59655 VILLENEUVE d'ASCQ
Programme
complet du colloque en passant par le lien suivant : http://calenda.revues.org/nouvelle6496.html
Le foncier. Leons et enjeux
ÒLand
Law and Natural Ressources Management. Comparative
PerspectivesÓ
ConfŽrence internationale
accueillie par le Dr. Ambedkar Government Law College, Pondicherry et lÕInstitut Franais de PondichŽry en association avec
lÕAssociation Francophone
dÕAnthropologie du Droit (AFAD) et le SIEJ
ÒDroit et GlobalisationÓ des FacultŽs Universitaires Saint Louis, Bruxelles
PondichŽry, les 17 -19 mars 2006
PROGRAMME
:
Premire
journŽe : 17 mars
9h00 : ArrivŽe
des participants et cŽrŽmonie dÕaccueil.
10h30-10h45 tea breakÉ
PANEL
1 : LES ENJEUX DE LA GESTION DE LÕEAU
10h45 : Adresse
du Dr. L. Solomon Raja (Dr Ambedkar Government Law College, Pondicherry)
Judicial
Intervention in Water Sharing - Conflicts in India with Special reference to
Cauvery Water Dispute
Dr.
K. Chandrasegaran (Dr. Ambedkar Government Law College, Pondicherry)
A Water
Law Reforms in the Context of water Sector reforms
Dr.
Philippe Cullet (IELRC, Genve / SOAS, Londres)
14h00 :
Water
Ressources Management in India
Dr.
Abdul Razak Kaffur Khan (Dr. Ambedkar Government Law College, Pondicherry)
Property
Rights of Water in a Changing Context
Dr.
Vishnu Konoorayur (Indian Law Institute, Delhi)
Coastal
Zone Management with Reference to India
C.
Paranthaman (Dr. Ambedkar Government Law College, Pondicherry)
16h00 : tea break É
16h15 :
Right to
water Ð A Basic human right : Some Reflections
Dr.
Ragunath Reddy (Professor, The Tamil Nadu Dr. Ambedkar Law University, Law
University, Chennai)
Pollution
of Acquifier and denial Human Right.
Prof.
Ebenezer Joseph (Government Law College, Tirunelvelli, Tamil Nadu)
Deuxime
journŽe : 18 mars
PANEL
2 : LES ENJEUX DE LA GESTION DE LA FORæT
8h30 :
La
rŽforme foncire de 1998 en C™te d'Ivoire ˆ la lumire de l'histoire politique
et agraire et dans la perspective du conflit actuel. Le cas de l'Ouest
forestier.
Jean-Pierre
Chauveau (INRA-UMR Moisa, IRD-UR, Montpellier)
Les
produits forestiers non ligneux et la gestion de la fort kŽralaise
Lucie
Dejouhanet (Institut Franais de PondichŽry)
Impact
de la gestion dŽcentralisŽe des ressources naturelles sur les dynamiques
foncires et les stratŽgies de sŽcurisation des terres en zone forestire camerounaise
Adonis
Milol (UniversitŽ de Paris I)
Judicial
Process and Democratisation of Forest Resource Management : A critical
Appraisal of of the case of T.N. Godavarman Tirumalpad
T.
K. Naveen (juriste, Delhi)
10h30 : tea break
10h45 :
Risk
perception and risk behavior and their socio-cultural determinants
Dr.
Vimla Nadkarni, TISS, Mumbai
PANEL
3 : LÕENJEU DES DROITSDES FEMMES
Matrimonial
Regime in India
Dr.
D. Sankar, Lecturer (Dr. Ambedkar Government Law College, Pondicherry)
La
rŽsistance ˆ l'ŽgalitŽ successorale filles-garons en ce qui concerne les biens
fonciers
Prof.
Florence Laroche-Gisserot (UniversitŽ dÕƒvry, France) :
PANEL
4 : La question des rŽformes foncires
14h00 :
Le
rŽgime foncier tunisien. Origines et Žvolution depuis l'indŽpendance
Dr.
Nada Auzary-Schmaltz (Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain / CNRS)
Les
enjeux actuels de la loi foncire de 1885 en matire de planification urbaine
et d'amŽnagement du territoire en Tunisie
Jellal
Abdelkafi (DPLG / IUP, Tunisie)
Post
land reform land uses along the coastal areas of Vypin island, Kerala, India
Thomson
Kaleekal (Cochin University of Science & Technology)
16h00 : tea break
16h15 :
poursuite du PANEL 4 : The
Issue of TribalÕs PeopleÕs Rights
Good
governance and contestation over tribal rights to land in India
Ajit
Menon (Research Fellow, Centre for Interdisciplinary Studies in Environment
& Development, Bangalore)
State
Against Democracy or State Action for General Will : Use of laws & judicial
interpretation of laws for land acquisition that deny rights to the tribal
people : Cases of mega projects in Orissa
Dr.
Shyama Prasad Rout (Jawaharlal Nehru University, Delhi)
Forest
Resources Management and Tribal Development in India
Dr.
Seetha Kumari (Lecturer, Dr. Ambedkar Government Law College, Pondicherry)
Troisime
journŽe : 19 mars
PANEL
5 : LES ENJEUX DE LA PARTICIPATION
8h30 :
ÒLocal
is LekkerÓ. Devolution of Land Rights To Community-Based Organizations &
the Sustainable Use of the Local Natural Assets : The CBNRM National Programm
in Namibia
Dr.
Renaud Lapeyre (UniversitŽ Versailles St-Quentin en Yvelines, Centre dÕEconomie
et dÕEthique pour lÕenvironnement et le DŽveloppement)
SŽcurisation
foncire et mŽdiation : une problŽmatique pertinente dans le contexte dÕun DOM
insulaire
Dr.
Manuela Lesage (CIRAD, France)
Sustainable
Development of Fisheries through Decentralised Governance : A case Study of
Coastal Local Self Governments in Kerala
Dr.
Hari Babu & J. B. Rajan (Assistants Professors, Kerala Institute of Local
Administration (KILA))
The
Socio-economic context of Land Extensification In Kodagu District
Dr.
Emmanuel Bon (CERED-forum, UniversitŽParis 10 Nanterre)
10h30 : tea break É
10h45 :
Poursuite du PANEL 5
Participation
& Management of Natural Ressources Ð Locating the Communities
Dr.
Pampa Mukherjee (Punjab University, Department of Political Science)
Accs
ˆ la terre et gestion foncire dans les Hautes Terres malgaches :
pratiques coutumires et logique de sŽcurisation des droits
Dr.
Mustapha Omrane, UniversitŽ Paris 5, France
Le
tsunami et le foncier
Georgette
David (PondichŽry)
PANEL
6 LES DƒFIS DE LA MARCHANDISATION DE LA TERRE ET DE LA
PROPRIƒTƒ PRIVƒE
14h00 :
LÕorganisation
juridique de la propriŽtŽ foncire au Cameroun
Tchapmegni
Robinson (UniversitŽ de Nantes, Juge aux Tribunaux de Mbalmayo, Cameroun)
La
typologie des systmes de propriŽtŽ de C.R. Noyes
Matthieu
Galey (UniversitŽ Paris 2)
Equal
Property Rights : Behond Sustenance
Dr.
R. Revathi (Teaching Assistant S.K. University, Ananthapur (A.P))
Judicial
Expediency on Land Acquisition
Prof.
Ragunath Patnaik (Utkal University, Bhubaneshwar, India)
16h00 : tea break É
PANEL
7 LES ENJEUX ƒCOLOGIQUES ET ƒMERGEANTS DANS LA GESTION DES RESSOURCES
NATURELLES
16h15 :
The
issues of Land & Environmental law in Uttar Pradesh
Dr.
V. P. Tiwari (Allahabad University, India)
Legal
framework for Integral Natural Ressources Management in India - A critical
Review
Dr.
M. S. Vani & Dr. Rohit Asthana (Development Center for Alternative
Policies, New Delhi)
Land
laws, minerals & development : A case for legislative innovations
Dr.
D. Parthasarathy (Indian Institute of Technology, Powai, Mumbai)
Violence des banlieues : les raisons dÕune colre
ConfŽrence ÒDroit et sociŽtŽÓ
jeudi 23 mars 2006 ˆ 19h avec Laurent BONELLI
Maison
de lÕAvocat et du Droit du Barreau de la SeineÐSaint-Denis
11-13,
rue de lÕIndŽpendance ˆ Bobigny
Les troubles qui ont secouŽ les banlieues
en novembre 2005 ont suscitŽ nombre d'inquiŽtudes et d'interrogations. Pour y
rŽpondre, Laurent
BONELLI se propose de
revenir dans cette confŽrence sur trois sŽrieux facteurs :
0.
La
transformation radicale des milieux populaires sous l'effet d'un passage ˆ un
mode Ç post-fordiste È de production (qui gŽnre un ch™mage de masse
et une prŽcarisation gŽnŽralisŽes des statuts), de la massification de
l'enseignement et de la concentration spatiale des prŽcaritŽs.
0.
Les effets de
ces transformations sur les formes antŽrieures de normalisation des
Ç indisciplines È juvŽniles, et la montŽe en puissance des formes de
contr™le policier et pŽnal.
0.
Le dŽclin des
formes d'organisation politiques des classes populaires et la reformulation
corrŽlative de la question sociale en question de sŽcuritŽ, par l'ensemble des
forces politiques, et notamment de gauche.
Laurent
BONELLI est
sociologue (UniversitŽ Paris X -Nanterre). Il est membre du Centre
d'Žtudes sur les conflits et codirecteur de l'ouvrage Ç La Machine ˆ punir :
Pratiques et discours sŽcuritaires È (L'esprit frappeur, Paris 2004).
Les
confŽrences DROIT ET SOCIETE
(ConfŽrences Michel
JOUET)
sont organisŽes par lÕOrdre des Avocats du Barreau de la
Seine-Saint-Denis, sous la direction de Me Josine BITTON, Membre du Conseil de
l'Ordre.
Les
sŽances sont ouvertes ˆ tous : l'entrŽe est entirement libre et gratuite.
Appel ˆ contributions
Les praticiens du droit, du Moyen åge ˆ lÕŽpoque
contemporaine
Approches prosopographiques
FUNDP, Namur (Belgique), 14-16
dŽcembre 2006
Ces
vingt dernires annŽes ont marquŽ le retour de l'individu comme acteur de
l'histoire et la prosopographie, dŽmarche fondŽe sur le croisement de donnŽes
biographiques, a naturellement suscitŽ un regain d'intŽrt au sein de la
communautŽ scientifique. Dans le cadre du prŽsent colloque, les organisateurs
souhaitent d'abord rŽflŽchir ˆ la portŽe heuristique d'une telle mŽthode qui
privilŽgie l'expŽrience des acteurs et facilite la reconstruction des contextes
qui, autour d'eux, donnent sens et formes ˆ leur positionnement. Mais ils
veulent Žgalement faire une large place aux travaux empiriques en cours
(individuels ou collectifs) menŽs sur les praticiens du droit du Moyen åge ˆ l'Žpoque
contemporaine, afin
d'Žclairer leur place au sein de la sociŽtŽ Žlitaire, ainsi que leur r™le dans
le fonctionnement de la justice et la construction de l'Etat.
MalgrŽ
l'essor indŽniable de l'histoire de la justice, le champ de recherche que
constitue les Ç professions È juridiques et judiciaires est loin d'tre ŽpuisŽ
si l'on veut bien considŽrer dans ce large Žventail les personnes qui occupent
des fonctions, charges ou offices et dont l'activitŽ correspond ˆ l'exercice
d'une prŽrogative de souverainetŽ (juges, procureurs, etc), mais Žgalement
toutes celles qui sont ˆ mme d'assurer des fonctions de reprŽsentations ou de
dŽfense, de rŽdiger des actes et de participer de manire plus ou moins
formelle ˆ l'¦uvre de justice (qu'il s'agisse des sergents, des
huissiers ou des greffiers, des notaires, des avouŽs, des avocats, etc.). En ce
sens, l'ambition des organisateurs sera d'aborder l'histoire de la justice dans
ses tensions avec l'histoire sociale des acteurs, l'histoire politique des
institutions et l'histoire culturelle des Žlites. Sans tre exclusifs, plusieurs
axes seront privilŽgiŽs :
0.
Il est
d'abord souhaitable que certaines contributions puissent prŽsenter un Žtat des
lieux des recherches ˆ caractre prosopographique qui, dans leur propre champ
chronologique, relvent de cette histoire des Ç gens de justice È. Quels en
sont les principaux apports (sont-ils d'ailleurs spŽcifiques ?) et peut-on
entrevoir certaines limites ? Quels sont les terrains d'enqute
privilŽgiŽs et y a-t-il un glissement progressif des centres d'intŽrts
(problŽmatiques abordŽes) ? Le caractre empirique de la dŽmarche
prosopographique (plaant l'historien dans une posture expŽrimentale) ne
conduit-il pas ˆ un morcellement des Žtudes, dommageable ˆ une histoire plus
globale et diachronique de ces professions (dont on sait par ailleurs qu'elles
ont des traits communs, notamment culturels) ? Une perspective comparatiste
est-elle Žgalement possible en la matire ?
0.
Si toute
Žtude de nature prosopographique doit reposer sur une analyse quantitative
fournissant matire ˆ description de frŽquences, de moyennes ou de corrŽlations
d'indices, il s'agit cependant d'un horizon ˆ dŽpasser puisqu'ˆ elle seule elle
ne peut donner sens. Par la reprŽsentation Ç modŽlisŽe È qu'elles produisent,
les statistiques risquent toujours de rŽduire la complexitŽ du rŽel et de
biaiser notre perception en masquant notamment la densitŽ des existences
passŽes. Aussi conviendra t-il de revenir sur la pratique du Ç prosopographe È
et de rŽflŽchir sur ce qui constitue son outillage dans le cadre d'une Žtude
spŽcifiquement centrŽe sur les praticiens du droit (conception et mise en
¦uvre de bases de donnŽes, architecture des applications informatiques,
possibles extensions, etc.). Ce sont lˆ autant de sujets qui donnent prise au
dŽbat sur la collecte des informations, sur leur classement et leur Ç encodage
È, mais aussi sur la comparabilitŽ des recherches entreprises.
0.
Les donnŽes
recueillies n'Žtant que le reflet de la documentation disponible et des traces
qu'ont bien voulu laisser les individus ou les institutions, on voit ds lors
toute la nŽcessitŽ qu'il y a aussi dans le cadre d'une enqute
prosopographique, ˆ considŽrer les silences des sources autant que les indices
non mesurables pour parvenir ˆ la connaissance du groupe que l'on apprŽhende.
Les ressorts des actions individuelles comme les postures collectives ne sont
gure intelligibles ˆ l'aune de l'analyse sŽrielle des trajectoires et des
ajustements qualitatifs sont toujours nŽcessaires. Aussi est-il souhaitable que
certaines communications reviennent (par exemples) sur les apports singuliers
de la gŽnŽalogie sociale ou de la biographie ˆ la comprŽhension de la dynamique
d'un groupe, qu'elles montrent comment elles permettent de retrouver la densitŽ
des expŽriences vŽcues et en quoi elles rendent perceptibles certaines discontinuitŽs
qui Žchappent aux approches strictement quantitatives du social.
0.
En atteignant
les hommes, la mise en ¦uvre de la mŽthode prosopographique autorise que
l'on aborde au plus prs la configuration des diffŽrents groupes, corps ou
institutions auxquels ils appartiennent pour en dŽgager les traits originaux,
leurs permanences et leurs Žvolutions. En ce sens, il sera donc judicieux
d'aborder la sociographie des milieux judiciaires par le biais des origines,
des alliances, des fortunes ou des parentŽs de leurs membres. Il conviendra ici
de s'interroger sur les mŽcanismes de construction des identitŽs judiciaires,
individuelles ou collectives, de s'attarder sur les phŽnomnes de domination et
de reproduction sociale au sein des Žlites juridiques et de prter attention
aux dynamiques qui les traversent (on prendra soin, en particulier, de mettre
en Žvidence les phŽnomnes dynastiques, voire claniques, ainsi que la
circulation entre fractions et les recompositions Žventuelles des groupes
ŽtudiŽs, au grŽ des alŽas politiques, religieux ou intellectuels).
0.
Facilitant
une plongŽe dans la vie quotidienne des praticiens du droit, la prosopographie
invite aussi ˆ apprŽhender les processus de sŽlection qui oprent au sein des
milieux judiciaires et ˆ observer la structuration des parcours suivis. Les
formes et le degrŽ de lŽgitimitŽ Žtant liŽs pour partie ˆ la question des
savoirs et des compŽtences, il conviendra ici de s'appesantir sur la nature et
le contenu de la formation, et plus gŽnŽralement d'interroger la culture
juridique comme fondement symbolique de la supŽrioritŽ sociale et comme vecteur
du prestige Žlitaire. A l'intŽrieur des diffŽrents espaces professionnels, il
sera pertinent aussi d'observer quelles sont les modalitŽs de recrutement et
d'avancement, de voir s'il existe un cursus honorum et si la morphologie des filires dŽtermine ou non l'Žmergence de
stratŽgies professionnelles spŽcifiques. Ce sont lˆ quelques pistes d'autant
plus intŽressantes ˆ suivre que les contours des groupes dont il est question
sont demeurŽs longtemps flous et que les structures dont ils se sont dotŽs
n'ont ŽtŽ modelŽes que par lentes et successives sŽdimentations.
0.
Enfin, en
favorisant la mise ˆ plat des relations qui enserrent les praticiens du droit
dans leur environnement, la prosopographie donne ˆ voir les logiques (sociales,
culturelles, professionnelles, etc) qui, ˆ une Žpoque donnŽe, sont ˆ
l'¦uvre au sein des groupes auxquels ils appartiennent. Elle autorise la
comprŽhension des dynamiques individuelles ou collectives qui les sous-tendent
et laisse entrevoir les rapports de/au pouvoir qu'ils dissimulent, autant que
leurs enjeux sous-jacents (d'ordre parfois symbolique). Aussi conviendra t-il ˆ
travers l'apprŽhension de sujets actifs, saisissables au plus prs de leurs expŽriences
et de leur(s) engagement(s), d'envisager les formes et le poids de ces
solidaritŽs dŽveloppŽes ˆ l'intŽrieur de la structure o ils prennent place.
Mais il sera tout aussi judicieux de scruter les rŽseaux d'inter-connaissances
qui se forgent ˆ l'extŽrieur de l'espace professionnel de chacun, afin de
jauger les interactions continues et non moins opŽrantes qui existent entre ces
individus ou groupes et le reste de la sociŽtŽ Žlitaire (politique, Žconomique,
intellectuelle). De la nature et de la densitŽ de ces rŽseaux polymorphes
mlant fidŽlitŽs idŽologiques, solidaritŽs sociales et connivences
professionnelles, surgissent en effet des ŽlŽments de comprŽhension sur la
communautŽ de valeurs qui fondent leurs attitudes et forgent leurs discours.
ComitŽ
d'organisation : Vincent
Bernaudeau (Post-doctorant FNRS auprs des FUSL, Bruxelles), Franoise Muller
(Doctorante, UCL), Jean-Pierre Nandrin (Pr. hist. et Doyen de la FacultŽ de
Philosophie et Lettres aux FUSL, Bruxelles), BŽnŽdicte Rochet (Chercheuse
FUNDP, Namur), Xavier Rousseaux (Chercheur qualifiŽ FNRS, UCL), Axel Tixhon
(Pr. hist., FUNDP, Namur).
Propositions
de communication. RŽdigŽes
en franais ou en anglais, elles devront tre adressŽes par courrier
Žlectronique ˆ bernaudeau@fusl.ac.be, avant le 15 mai 2006. Elles comprendront
les nom, prŽnom et adresse de l'auteur, ainsi que sa qualitŽ et son institution
ou laboratoire de rattachement. Assorties d'un titre et d'un rŽsumŽ d'une page
maximum, elles indiqueront la problŽmatique envisagŽe et les sources
mobilisŽes.
Contact :
Bernaudeau Vincent (bernaudeau@fusl.ac.be)
FacultŽs
universitaires Saint-Louis Boulevard du Jardin Botanique, 43 B - 1000.
Bruxelles
Liens utiles
Document de travail du SŽnat franais
Le
regroupement familial
ƒtude de
lŽgislation comparŽe n¡ 158
Le service des
Žtudes juridiques du SŽnat vient de publier une Žtude de lŽgislation comparŽe
sur le regroupement familial.
Cette Žtude
porte sur sept pays europŽens : l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne,
l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni.
Elle montre
que :
0.
tous les pays
limitent le regroupement familial ˆ la cellule familiale stricto sensu et le subordonnent ˆ certaines conditions de
logement et de revenus;
0.
le
regroupement familial est devenu trs difficile dans les pays du Nord, en
particulier au Danemark.
Lire le document : http://www.senat.fr/lc/lc158/lc158.html
La
lutte contre les mariages de complaisance
ƒtude de
lŽgislation comparŽe n¡ 159
Le service des
Žtudes juridiques du SŽnat vient de publier une Žtude de lŽgislation comparŽe
sur la lutte contre les mariages de complaisance.
L'analyse porte
sur sept pays europŽens : l'Allemagne, l'Angleterre et le pays de Galles,
la Belgique, le Danemark, l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas.
Elle fait appara”tre
que :
0.
l'Allemagne,
la Belgique, le Danemark, l'Espagne et l'Italie luttent contre les mariages de
complaisance en recourant ˆ des mesures similaires ˆ celles qui existent en
France...
0.
...tandis que
l'Angleterre et le pays de Galles ainsi que les Pays-Bas ont adoptŽ des
dispositions qui visent spŽcifiquement les mariages mixtes. Les Žtrangers qui
souhaitent se marier dans ces deux pays doivent en effet produire une
autorisation des services de l'immigration.
Lire le document : http://www.senat.fr/lc/lc159/lc159.html
------------------------------------------------------------------------
Vous
ne recevez pas bien lÕafad en ligne ?
lignes
incompltes, liens inactifs...?
des
signes cabalistiques ou des hiŽroglyphes indŽchiffrablesÉ ?
la
solution (peut-tre) : xavier.abeberry@freesbee.fr