DHDI
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Rapport de l'assemblée constitutive du groupe de travail
Etaient présents : Abraham Catherine (INALCO), Caruajal Liliah R.
(Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine), Coulnecheff-Eloi
Philippe (INALCO), de Graverol Gaël (INALCO), Designe Jean
(Juristes-Solidarités), Dubois Jean (LAJP), Eberhard Christoph (LAJP),
Gbago B. Georges (LAJP), Gincel Anne (LAJP), Huyghebaert Patricia
(Juristes-Solidarités), Jouan Marie-Pierre (LAJP), Le Roy Etienne
(LAJP), Martin Boris (Juristes-Solidarités), Nké Eyebe
Véronique (LAJP), Parmentier Ingrid (LAJP), Soykan Muazzez (INALCO)
et Zelmar Stéphane (INALCO).
La séance était divisée en trois parties. Christoph
Eberhard a d'abord pendant une vingtaine de minutes exposé les grandes
lignes de ce que pourrait être le groupe de travail DHDI. Puis les
différents participants se sont présentés au cour d'un
tour de table ou ils ont aussi exprimé leurs attentes et perspectives
pour le groupe de travail. Enfin nous avons abordé les démarches
concrètes à entreprendre et les problèmes techniques
à résoudre.
Les grandes lignes du groupe de travail DHDI :
Le groupe de travail Droits de l'Homme et Dialogue Interculturel (DHDI) a
pour but de créer un espace de rencontre, de dialogue et de recherche
sur des problématiques relatives aux Droits de l'Homme et au Dialogue
Interculturel. Il s'inscrit dans la continuité des démarches
développées ces dix dernières années au sein
du Laboratoire d'anthropologie juridique de Paris (LAJP). Il a pour vocation
de canaliser ces différentes démarches en encourageant un travail
d'équipe et en offrant un cadre dans lequel peut se développer
une dynamique de travail continue sur la problématique des droits
de l'homme et du dialogue interculturel. En outre le DHDI cherchera à
faire un effort de communication envers des instituts de recherche ou
d'organismes interpellés par cette problématique afin d'entrer
en dialogue avec eux. Il n'est donc pas réservé aux chercheurs
du LAJP mais est ouvert à tous, chercheurs ou praticiens, qui sont
interpellés par notre dynamique.
(1) L'objet du DHDI est de réfléchir aux droits de l'homme dans une perspective interculturelle. En effet, il semble nécessaire de nos jours, de repenser les droits de l'homme et leur universalité, dans leur théorie aussi bien que dans leur pratique, dans le dialogue interculturel puisqu'ils apparaissent de plus en plus comme des requis que comme des acquis. Ils ne sont pas réalisés universellement dans les faits (l'idéal d'un "Etat de Droit" est loin d'être réalisé partout sur la planète) et leur universalité conceptuelle est de plus en plus remise en question par les différentes traditions culturelles (voir la Conférence de Vienne sur les droits de l'homme de 1993). Il s'agit donc de s'interroger sur les raisons de cette non-universalité et de réfléchir à des alternatives pouvant permettre la réalisation et l'acceptation universelle de l'idéal qu'incarnent pour nous les droits de l'homme, c'est à dire d'une vie humaine harmonieuse dans le respect et l'entraide mutuels et dans la paix. Engager un dialogue interculturel sur les droits de l'homme semble donc inévitable. En effet, ce n'est qu'ainsi qu'il semble possible d'enrichir l'universalisme occidental par les autres traditions afin de faire accéder les "Droits de l'Homme" au rang d'un symbole pouvant être véritablement partagé par les différentes cultures et permettant à chacune de le vivre à sa manière.
La démarche de l'anthropologie du droit, telle que pratiquée
au LAJP, dont l'exigence fondamentale est de toujours ramener les discours
et les pratiques observées aux logiques qui les sous-tendent, et qui
a par son objet même un caractère fondamentalement dialogique,
semble constituer un angle d'approche prometteur pour réfléchir
aux droits de l'homme dans une perspective de dialogue interculturel. En
effet le dialogue n'est pas uniquement échange de paroles mais voyages
à travers différentes logiques qui nous mène au coeur
des différentes perspectives sur notre commune humanité dont
ces différentes logiques sont un reflet. La démarche dialogique
est donc fondamentalement diatopique, c'est à dire qu'elle essaye
de comprendre les différentes logiques et pratiques à partir
de leur lieu de naissance (donc de l'intérieur) et ne se limite pas
à observer l'autre uniquement à partir de son propre point
de vue (donc uniquement de l'extérieur et en en donnant ainsi des
vues réductrices et souvent caricaturales). La démarche dialogale
en prenant l'autre au sérieux et en le traitant comme sujet et non
pas uniquement comme objet nous permet de nous rendre compte de nos
manières différentes de vivre et de mettre en lumière
nos présupposés implicites quant à nos propres choix.
Ainsi semble-t-il possible de créer un espace de partage ou nous pouvons
véritablement apprécier nos différences et nous enrichir
mutuellement en évitant les écueils de l'universalisme et du
relativisme.
(2) Le DHDI se veut avant tout lieu de partage, d'échange et
de dialogue comme défini ci-dessus. C'est en nous rencontrant
régulièrement et en apprenant petit à petit à
mieux nous connaître qu'il nous sera possible d'enrichir notre propre
perspective par celle des autres, en apprenant petit à petit à
voir la réalité des droits de l'homme et du dialogue interculturel
en partie à travers leurs yeux. Mais si le DHDI a pour vocation de
nous permettre de partager une démarche de recherche il a aussi pour
vocation de faire connaître nos démarches. Il a une vocation
à la communication de nos résultats aux instituts de recherche
ou autres organismes (ex : ONG) intéressés. En effet, ce n'est
que par cet effort de communication que nos démarches pourront devenir
connaissables et connues, ce qui les rendra ensuite praticables et espérons
le pratiquées.
Le tour de table :
Le tour de table nous a permis de faire connaissance et a
révélé la diversité de nos recherches. Les aires
géographiques étudiées sont l'Afrique, l'Amérique
latine, l'Asie et l'Europe. Les thèmes sont, dans un angle d'approche
anthropologique, rattachées à la problématique
générale des droits de l'homme dans le dialogue interculturel,
à l'Etat de droit, à l'immigration, aux droits de l'enfant
et aux droits de la femme. Etienne Le Roy a soulevé deux axes fondamentaux
pour notre recherche : réfléchir aux fondements d'un
véritable dialogue interculturel et à la relation entre droits
de l'homme et culture de la paix. L'UNESCO a en effet au début des
années 1990 décidé d'inscrire l'anthropologie du droit
et des droits de l'homme comme axe principal de sa pédagogie au niveau
international et a mis en place un programme pour une culture de la paix.
Mais "anthropologie des droits de l'homme" et "culture de la paix" restent
des concepts vagues demandant à être travaillés, bien
qu'il existe déjà depuis quelques années un cour sur
les fondements anthropologiques des droits de l'homme à l'Institut
International des Droits de l'Homme à Strasbourg. Jean Designe de
Juristes-Solidarités a souligné l'enrichissement que pouvait
constituer les apports de l'anthropologie du droit au travail des ONG. Ils
peuvent leur permettre d'éclairer leurs pratiques et de leur donner
un soubassement théorique solide. Dans certains cas ils peuvent permettre
à des ONG de sortir de cercles vicieux générés
par la reproduction de manières de penser et de faire pas toujours
adaptées aux réalités des terrains. Il a aussi
souligné l'importance de la communication et a suggéré
d'aller au delà de la simple organisation de séminaires pour
aller vers une véritable collaboration entre chercheurs du Laboratoire
et des ONG pour que théories et pratiques puissent véritablement
s'enrichir mutuellement. Il a proposé de démarrer une collaboration
entre Juristes-Solidarités et le DHDI et plus largement le LAJP. C'est
Boris Martin de Juristes-Solidarités qui sera notre interlocuteur
pour ce projet.
Perspectives et détails techniques :
Une recherche sur l'évolution de la pensée sur les droits de
l'homme au sein du LAJP ainsi qu'une mise en ordre des archives du LAJP sur
les Droits de l'Homme est en cours. A partir du 07/01/1997 le DHDI se
réunira toutes les deux semaines le Mercredi de 18h00 à 19h45
dans la bibliothèque du LAJP. Les chercheurs du Laboratoire y exposeront
l'état de leurs recherches respectives. Des conférenciers
extérieurs pourront aussi être invités. Les séminaires
proprement dit commenceront à 18h30. De 18h00 à 18h30 nous
aurons la possibilité de nous rencontrer de manière informelle
afin de dialoguer et de nous tenir au courant de nos différentes
initiatives. Tous les séminaires seront enregistrés et un compte
rendu en sera fait. Nous aurons peut-être la possibilité de
créer un site sur internet par l'intermédiaire du LAJP et nous
avons un casier au secrétariat du LAJP qui pourra servir de "boîte
aux lettres". Reste à trouver un logo et à nous organiser pour
répartir les frais de photocopies, les frais postaux et celui de l'achat
des cassettes. N'oublions pas non plus qu'en 1998 la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme fête ses 50 ans. A nous de voir ce
que nous pourrions faire à cette occasion.
Bonne année à tous et à bientôt !
(Christoph Eberhard)