1er
septembre 2004
Professeur : C. EBERHARD
Ce devoir pour le cours dAnthropologie du Droit constitue une occasion intressante de prendre comme toile de fond la question de savoir sil est pertinent de parler ou de prtendre lexistence dune comptence universelle dans le chef dun pays. En 2002, javais eu loccasion dapprocher, dans le cadre de mon cursus universitaire du DEC dՎthique conomique et sociale (UCL), la loi belge dite de comptence universelle laquelle la revue Politique consacrait un dossier en raison de la polmique suscite lՎpoque[1]. A cette occasion, jexprimais un sentiment favorable une telle comptence, valorisant ce qui mapparaissait alors comme dinestimables traits dhumanit, au-del des problmes dapplicabilit ou dopportunit de la procdure pnale et, je lavoue, dans lignorance des recherches menes partir de lAnthropologie du Droit. Tout entier dans mon point de vue, javais alors retenu comme titre de cet essai : La loi de comptence universelle : un dlit dhumanit, en rponse un auteur se demandant si la Belgique ne se rendait pas tout simplement coupable d un dlit dimmodestie ? [2], ouvrant ma rflexion sur lide que toute initiative, mme partielle, mme imparfaite, pour rduire les souffrances du monde sera toujours prfrable au cynisme de ceux qui les infligent ou les provoquent et lindiffrence des autres [3]. En ces temps de souvenirs et de commmoration du gnocide rwandais (1994-2004), et dans le temps forcment long de mise en place dune justice l-bas et ici ou de justices qui se veut rparatrice dharmonie ou sanctionnante (ou un mixe des deux), mon interrogation de dpart se voit relance et ma rflexion remise sur louvrage : poursuivre et tenter dapprofondir et, ce qui est important, dՎlargir un tant soit peu mes propos en prenant comme fil rouge et, je lavoue, comme prtexte une analyse plus charpente, la question du lien entre altrit et complexit dans les approches anthropologiques du phnomne juridique et la manire dont le diatopisme et le dialogisme, sous-tendus par une vision pluraliste du Droit, vont pouvoir ou non enrichir ma propre rflexion sur le Droit. En cela, jespre rpondre aux exigences de la dmarche dAnthropologie juridique enseigne au cours.
Ce devoir dAnthropologie du Droit est envisag comme prtexte la poursuite de lՎtude dune problmatique qui a veill mon intrt il y a quelques temps dj. Lhypothse de travail prsente en arrire-plan de ces pages peut se rsumer de la faon suivante. La Belgique a adopt en 1993 une loi dite de comptence universelle , modifie en 1999, relative la rpression des violations graves du droit international humanitaire pour les besoins de la cause, on ne tient pas compte ici de la modification lgislative de 2003, par ailleurs signale, fortement restrictive quant au champ dapplication de ladite loi. Sans aller plus loin, on peut dire que cette lgislation, le Royaume de Belgique devait ladopter en raison de ses engagements internationaux dont les Conventions de Genve de 1949 en sont la plus claire illustration. Sans doute, la Belgique a-t-elle conduit lexercice plus loin, au del de ce quoi dautres Etats-parties sՎtaient arrts, en permettant aux tribunaux belges de connatre des crimes de gnocide et contre lhumanit indpendamment du lieu de la commission de ces infractions, cest--dire en labsence de tout lien de rattachement avec la Belgique. Disons demble que je mattacherai davantage, sinon compltement, lesprit initial qui prsidait ladoption dune telle loi par la Belgique en 1993 ou du moins celui qui ressort de ma lecture de larticle que lui consacre, dans la revue dj cite, le professeur David, considr sauf erreur de ma part comme un des pres spirituels de cette loi plutt quՈ la lettre du texte actuel lui coupant singulirement les ailes. Deux raisons commandent ce choix. Dune part, et de manire fort simple, nombreux sont ceux qui parmi ses dfenseurs considrent aujourdhui comme perdu et enterr le rle de pionnier dont sՎtait vtu la Belgique en adoptant une telle comptence universelle . En effet, la dernire modification lgislative intervenue en juillet 2003 a eu pour effet de diminuer considrablement son champ dapplication. Notre pays rentrant en quelque sorte dans le rang, faut-il ds lors lui consacrer un article sur base de cette ultime modification ( valeur dabrogation dans sa porte) quand, dautre part, la dmarche dAnthropologie du Droit telle quelle nous a t prsente me semble pouvoir soit informer adquatement une prtention de comptence universelle , pour le dire dune manire, en la situant au cur dun dialogue interculturel, cadre rvlateur mon sens de sa pertinence, soit, au contraire, la convaincre au mieux dimpertinence paternaliste, au pire dimprialisme, voire dune nime tentative nocolonialiste de la part de lOccident, sournoisement dguise sous les traits de la compassion ? A titre dillustration, on se souvient du commentaire tenu par le professeur Verhoeven lorsquil affirmait quau moment de voter cette loi les parlementaires nimaginaient sans doute pas quils crivaient un nouveau chapitre de la prtention occidentale dominer le monde [4]. Trs modestement, et dans lespoir de ne pas tre rendue caduque par dfaut dobjet, ma recherche sappuiera sur la fiction bienvenue dune loi non modifie.
Ce qui mintresse ici, cest justement de mieux approcher et de voir dans quelle mesure on peut considrer comme valide une telle prtention une comptence universelle qui soit en accord, ou du moins qui ne heurte pas frontalement, la dmarche dAnthropologie du Droit propose au cours. En parallle, il sera intressant de questionner les expriences de la justice rendue sur le lherbe (juridictions gacaca), savant mlange de modernit et de traditions qui cherche concilier, dans la recherche dune harmonie vanouie dans les horreurs du gnocide, la coutume du temps davant - mais toujours vivante - et les institutions dites classiques dune justice dite moderne. Face nous, et sur fond de tragdie humaine, deux pays, deux visions du monde ayant chacun un systme de justice, deux volonts de faire uvre utile en qute, on lespre, dun dialogue vrai aussi nourrissant que rparateur. Ce questionnement se fera bien entendu depuis ma fentre lointaine de la Belgique. On en prend note. Quimporte finalement, pourvu que, renonant tre en trompe-lil, elle soit grande (dc)ouverte vers lextrieur et lautre dans sa richesse et sa complexit.
I.
Dune thorie eclairante
Comme annonc, on demande aux deux questions poses de nous servir de guide pour ce qui ne pourra que constituer une premire tentative de rponse, tout le moins une bauche. Dans un premier temps, on tente de rpondre aux questions poses partir du matriel thorique dont on dispose avant de voir, dans un second temps, quels sont les points dattache pertinents avec notre fil rouge.
1. Comment comprenez-vous le lien entre altrit et complexit dans les approches anthropologiques du phnomne juridique[5] ?
Pour approcher le lien entre
altrit et complexit dans les approches anthropologiques du phnomne
juridique, il me semble intressant dadopter en premier lieu une approche
segmente de la notion daltrit. En effet, le lien que je considre entre les
deux notions se comprend plutt comme un changement de la ralit que lon
entend dsigner par le concept daltrit. Il ouvre un passage. Laltrit peut
rendre compte de la diversit humaine qui nous entoure dont notre culture
juridique europenne rend(ait) compte en adoptant une logique binaire sous la
forme dappartenance - non appartenance du type national/tranger,
priv/public, etc. Mais peine pose, cette faon de penser laltrit pose,
selon moi, problme : elle place lindividu ou le groupe humain qui me
fait face dans la bote exigu dune appartenance uniforme. Au contraire, on
peut se demander aujourdhui dans quelle mesure laltrit nest pas dcliner
au pluriel, qualifiant au passage le continuum de nos appartenances comme autant de racines
de notre prsence au monde.
A mon sens, laltrit peut supposer une
double approche qui, sans chapper un ancrage culturellement dfini, relve
davantage de deux modes de pense antagonistes. Une premire faon dentendre
laltrit serait de considrer lautre dans une perspective volutionniste,
qui ncessairement sera hirarchique. Tous les individus de lespce humaine
participent dun mme moule qui doit les orienter ncessairement dans une mme
direction. A mmes causes, mmes effets. Lobservateur, se considrant mieux
plac, se situe au-dessus du groupe tudi. Cette position lui
permet de comprendre son propre pass, dexpliquer leur prsent et de prdire ce
que devra tre leur futur. En effet, puisque les groupes humains voluent
obligatoirement dans une seule et mme direction, la diffrence observe sur le
terrain trouve sexpliquer par le dcalage sur lՎchelle de lՎvolution. On considre sa vision du monde comme
modle exclusif de comprhension et dexplication du fonctionnement du monde et
on assiste linstrumentalisation de lautre comme miroir du pass et comme
objet dune mission civilisatrice.
Cette approche nest plus, pour autant
quelle lait t un jour, compatible avec les dfis qui se posent la
dmarche de lanthropologie juridique qui vise le dialogue interculturel et la
reconnaissance du pluralisme juridique. On arrive une nouvelle comprhension
de laltrit qui entend lautre, non seulement comme radicalement diffrent
mais, au contraire de le rduire ce qui spare, entend le reconnatre comme
partageant une vision du monde qui nest pas la mienne. Lautre ne se prsente
pas comme ngatif de ce que je suis sil ne trouve en quelque sorte pas
concider avec mon talon de mesure. Il nest pas susceptible dune
apprhension uniformisante et unidirectionnelle de ma part. Ce saut qualitatif
dans la faon de comprendre laltrit engendre invitablement de profonds
changements quant lapproche des phnomnes juridiques. Chaque socit adopte
un mode de rgulation sociale et de rsolution des conflits qui lui est propre
selon la vision du monde dans laquelle elle est inscrite. Un des dfis que pose
laltrit est de reconnatre loriginalit de la socit que jentends
observer et de tenter de ne pas lui plaquer un savoir construit
qui, dans le but de la comprendre, viendrait en quelque sorte asscher ce qui
la rend autre justement , par le recours aux concepts de sa socit dappartenance
ce qui oblige dpasser la seule interprtation dialectique. Et cela, sans
empcher que des ponts soient jets entre les cultures. Bien au contraire.
La dmarche dAnthropologie du Droit
emprunt entend chapper la tendance luniversalisation de la culture
(juridique) occidentale qui ne laisserait aucune place - ou pas assez ou qui
ne prendrait pas au srieux lautre et sa conception du phnomne juridique.
Par exemple, R. Panikkar ne se demande-t-il pas si la notion des droits de
lHomme est un concept occidental ?[6]
Dans le mme temps, on prtend viter les piges du relativisme qui constitue
un obstacle au dialogue interculturel que lon entend btir. Ce dialogue
nambitionne pas de faire une synthse forcment rductrice des apports de tous
mais bien de se montrer lՎcoute de toutes les traditions afin que chacun
puisse en retirer quelque chose.
Laltrit que nous envisageons se
fonde sur la reconnaissance parmi les hommes dune diversit qui trouve sa
source dans lappartenance diffrentes cultures supposant diffrentes visions
du monde, cratrices de diffrents systmes dorganisation sociale autour de
traditions, croyances, coutumes et modes de rsolution de conflit. En chaque
socit rside un mythe fondateur qui modle les comportements de ses membres
et qui constitue une cl de lecture ce qui la diffrencie et la rend
originale par rapport aux autres socits humaines.
Cest dans ce cadre, mon sens, quil est
fait place la notion de complexit. Ds lors quelle nest plus bride par
une approche dformante car uniformisante des phnomnes juridiques, la
complexit peut apparatre la lumire et cristalliser momentanment ce quil y a lieu de qualifier de Droit
(ou juridicit) sous peine de rduire lautre ce que mes seules catgories
rationnelles peuvent exprimer faisant montre non seulement de la diversit
des solutions de cohsion sociale et de reproduction du vivre ensemble mais
encore des relations enchevtres quelles entretiennent sur fond dinstantan,
tantt de hirarchisations, tantt de rseaux, ici selon un ordre impos, l
dans la digestion dun ordre ngoci. Sans oublier la multiplicit des acteurs
qui y prennent part, bien au-del de ceux que lon reconnat classiquement.
La manire dont jenvisage les liens entre
altrit et complexit sont de lordre du passage, de louverture et de la cl
daccs dautres cultures (qui sous-tendent autant de faons de comprendre et
dinterprter les modes de rgulations des rapports sociaux au sein dune
socit). Laltrit sapprhende dans un tout premier temps, me semble-t-il,
en termes de dcodage-recodage, savoir que la socit humaine observe le
sera au moyen des outils conceptuels propres sa culture
dappartenances : la ralit ne peut se comprendre dans un premier temps
quaprs une opration de traduction ou plutt de transcodage. Mais celle-ci
devra viter par la suite les piges de luniversalisme ne comprendre lautre
quau travers de ses propres conceptions, ne cherchant lidentifier que dans
la ralit aborde partir de son seul cadre de rfrence ou du relativisme
(qui considre laltrit comme obstacle indpassable pour toute approche
pluraliste du Droit. La thorie, outil de comprhension parmi dautres, prtend
la reconstruction du rel. La complexit entend faire prendre conscience que
la ralit humaine tudie est la fois plus dense mais aussi plus opaque que
ce quelle ne laisse apparatre : il faut prserver laltrit de
linterlocuteur observ sans tomber dans le pige de la simplification ou de la
caricature facile. Cette problmatique entend souligner, je pense, les enjeux
dune approche interculturelle du Droit (lapproche dialogale et non
dialectique de la deuxime question).
Les liens tisss entre laltrit et la
complexit sont dautant plus prgnants quils servent en quelque sorte de
caisse de rsonance aux profondes mutations qui touchent notre monde et nous
rvlent combien les solutions que nous pensions immuables et estampilles du
sceau de lexportable, sont en dfinitive culturellement rfrences et
europocentres. Et ce qui se passe l-bas trouve cho ici. En tmoigne la
transformation de notre tissu socio-conomique ou la diversit de la ralit
sociologique de notre socit. On pense par exemple aux dfis que posent
limmigration et la ncessaire rflexion quant aux exigences de dveloppement
dun terreau dintgration respectueux dune socit multiculturelle. On se
tourne alors vers les solutions importables dun droit ngoci par exemple et
pour peu que lon prtende lexistence de modles chimiquement purs, on est
confront de plus en plus des phnomnes de mtissage juridique.
2. Le diatopisme et le dialogisme, ainsi que la vision pluraliste du Droit qui les sous-tend, vous semblent-ils pouvoir (ou non) enrichir vos propres rflexions sur le Droit ? Comment ?
Comme cela nous tait suggr, la rponse cette question qui demble est affirmative sera, je lespre, intgre de manire intressante dans le traitement des diffrents points dancrage reprs dans le thme de rflexion sur le gnocide rwandais. Il semble que les enjeux de la mise en uvre de la comptence universelle par les tribunaux belges qui, comme la loi les y autorise, peuvent connatre du gnocide , au mme moment de linstauration des juridictions gacaca, sinscrivent assez bien dans le contexte dune vision pluraliste du Droit, requrant que lon adopte les outils de lhermneutique diatopique et de lhermneutique dialogique. Avant cela, il convient de fixer quelques lments sur ces notions, avec laide du professeur R. Vachon[7].
Par interprtation diatopique, on entend celle qui essaie de dcouvrir ces diverses cultures juridiques radicalement diffrentes, les rassemble dans un dialogue qui permette lՎmergence dun mythe dans lequel on peut entrer en communion et qui nous permet de nous entendre en nous mettant ensemble sous le mme horizon dintelligibilit, sans que cet horizon soit exclusivement le sien propre () .[8] On retire de cette trop brve description de linterprtation diatopique la ncessit de reconnatre loriginalit radicale de lautre : il se distingue radicalement de moi en ce que la distance qui nous spare, trouve sa source, au-del de la gographie, dans linscription en un topos ou vision du monde radicalement diffrente de la mienne. De cette reconnaissance du topos et du mythos partir desquels je dcouvre, en mme temps quelle simpose moi, laltrit de mon alter non ego, dpend lentre en dialogue vritable et la construction dun mythe commun, sous les cieux duquel le pluralisme juridique est envisag et lhumanit peut se comprendre. Par interprtation dialogique, quil faut comprendre comme dpassant la dialectique, on vise un dialogue o on laisse lautre et sa vrit nous interpeller dans notre propre vie et nos valeurs personnelles [9].
Et revenant brivement sur les dfis poss par limmigration et lavnement dune socit multiculturelle qui impose la recherche dune voie respectueuse des originalits de chacun, les approches diatopiques et dialogales me semblent pouvoir tre galement mobilises. Oserait-on dire que cest la rencontre sous un mme ciel de plusieurs topoi ? Comment en rendre compte ? Et si le Procs Bruxelles des quatre Rwandais, dlimit dans le temps quant son droulement, mais non quant ses effets, nous interpelle dj sur cette situation, il faut en imaginer lՎtude sur le long terme qui est celui ncessaire de lintgration. La vision pluraliste du Droit devra rpondre aux individus frontire a caballo entre dos formas diferentes de entender el mundo () [10].
II.
une pratique claire ? Quelques
rflexions
Les nombreux exemples prsents au cours sont autant dinvitations tenter de rendre plus vivante, partir dune situation concrte, ma comprhension du lien entre altrit et complexit dans les approches anthropologiques du phnomne juridique. Dans ce cadre strict, je tenterai de mettre en uvre une approche interculturelle du Droit ou, dfaut de mettre en lumire, les piges dune approche par trop occidentale. Jessaierai galement de montrer comment le diatopisme et le dialogisme, ainsi que la vision pluraliste du Droit qui les sous-tend, me semblent pouvoir enrichir ma rflexion sur le Droit. Avant cela, il convient de rappeler que cest depuis une fentre bruxelloise que nous jetons un regard, ouvert et sincre dans sa volont de comprendre, en direction des vnements tragiques qui ont touch le Rwanda voici 10 ans.
Comme annonc en introduction, et prenant garde comme lindique R. Vachon ne pas identifier lՎtude du pluralisme juridique au droit compar[11], je souhaite mettre en relief, dans une approche diatopique et dialogale, deux modes dapprhension dune mme ralit que reprsente le gnocide rwandais de 1994. Comprenons bien quil ne sagit pas, dans notre chef, de les considrer comme deux rponses une mme question (qui loignerait de lapproche envisage telle que R. Vachon en parle sagissant du multiperspectivisme ). On parle, dune part, de la dmarche mise en branle par le Rwanda, frapp en son corps par cette tragdie et, dautre part, de la dmarche opre par la Belgique dont les institutions judiciaires furent actives sur base de sa loi de comptence universelle dj voque. Que dire dans ce dernier cas sinon que laltrit nous touche de plein fouet dans lextrmit et la complexit de la situation. La dmarche anthropologique envisage ne doit pas tudier ces deux modes sous langle procdural. Cela reviendrait en effet comparer des termes non comparables car appartenant deux topoi diffrents, deux visions du monde, deux cultures juridiques radicalement diffrentes auxquelles appartiennent des conceptions propres du Droit. Les juridictions gacaca visent-elles la mme finalit que la Cour dassises de Bruxelles lorsquelle fait application de la loi de comptence universelle ?
A mon sens lenjeu de notre dmarche se situe ici : prendre conscience que parler de la gacaca ou rendre compte du procs dassises de quatre Rwandais, accuss de crime de gnocide et jugs en Belgique pour des faits commis au Rwanda, ne peut se faire, dans un premier temps, quՈ partir dun point de vue particulier, labor sous le mythe fondateur de ses appartenances. Toute culture juridique a une dimension mythique. En effet, elle nest pas seulement ce dont jai conscience et ce que je pense delle objectivement ou de faon vrifiable, mais cest aussi et surtout ce qui rend possible que jen prenne conscience (le mythe) [12]. Il me faut situer et comprendre lindividu dans son cadre de vie et dans le jeu complexe de ses relations avec autrui (identification des diffrents acteurs et des dynamiques dinteractions) et de ses appartenances et de mme les enjeux sous-jacents. La question des rponses donner pareil drame humain se pose avec force. En effet, ce qui tranche videmment avec des approches du droit de la famille ou du droit foncier ou de leur quivalent homomorphe, cest la radicalit du gnocide[13]. Quelle que soit son appartenance une culture de lՎcrit ou de loralit, sa conception de la rgulation sociale ou des modes de production normative, le gnocide refuse systmatiquement un groupe dՐtres humains la possibilit mme de vivre. Il foule aux pieds les crits dclaratifs de nos droits ou rend aphones les coutumes. () le professeur Vanderlinden admet que, devant lampleur dun tel crime, la coutume navait pas de rponse sauf une rponse qui aurait t celle de la vengeance ultime [14]. Voil le cadre des rponses. Nous envisagerons celles qui prennent la forme du Droit, ici ou l-bas.
Et tout dabord, au Rwanda, la ncessit du recours linstitution coutumire de la gacaca, la justice sur lherbe que les autorits rwandaises ont reprise des traditions ancestrales de rsolution des conflits et associe aux mcanismes judiciaires dits classiques, traces de limportation coloniale et rpondant une vision du monde de type occidental cet gard, ne pourrait-on pas mettre en lumire un travail dappropriation et de transformation par le vcu de concepts venus dailleurs de la part des Africains ? . Il sagit dun mode participatif de justice dont le principe est de runir sur la colline, proche du lieu du crime, les protagonistes du gnocide : rescaps, tmoins, personnes suspectes. Les juridictions gacaca sont charges de rcolter leur rcit des faits afin dՎtablir la vrit, de dresser la liste des victimes et de dsigner les coupables [15] et dont le but clairement avou est de retrouver une cohsion au sein de la socit rwandaise. Cette ralit du recours la gacaca face une situation hors-cadre prsente les caractres du mtissage juridique, tel que lexpose clairement larticle de Camille KUYU[16]. Lampleur du drame oblige trouver des rponses adaptes conciliant deux visions du monde qui, loin dՐtre exclusives, trouvent dans ce cas prcis une forme dinteraction bienfaisante puisquelles visent, au-del de lutter contre limpunit, retrouver lharmonie et la cohsion sociale au Rwanda en renouant les liens, dabord entre lindividu et le groupe, ensuite entre les groupes eux-mmes (appartenance au village, la colline, au pays). Le professeur Kuyu souligne que les juridictions gacaca relvent de lentre-deux. Mieux il sagit dune innovation judiciaire partir dune union de deux visions contraires du droit et de la justice [17]. Cette brve citation permet de rendre plus clairs les dfis du lien existant entre altrit et complexit puisquelle met en lumire les difficults non seulement auxquelles une socit particulire peut tre confronte mais galement les foyers denjeux pour une dmarche dAnthropologie du Droit. Par exemple, comment comprendre la diffrence entre les termes de la loi rwandaise instituant les juridictions gacaca qui se divisent en juridictions de cellule, de secteurs et de districts notons que les tribunaux classiques restent comptents pour connatre des crimes les plus graves et le vocabulaire courant utilis par la population dsignant tel village ou telle colline ?
Lexprience de la gacaca semble donner quelques raisons desprer[18] dune part, parce quelle permet la population de mieux comprendre ce qui sest pass afin de digrer au sein du groupe la tragdie du gnocide et que, dautre part, la reprise crite de la coutume de la gacaca parat reconnue par la socit rwandaise (et bon nombre dobservateurs) comme un mode valide de rsolution des conflits. Et partant, pourrait-on la considrer comme une source originale du droit, permettant, peut-tre, devant lampleur de la tche, de combler un hiatus cr entre droit officiel (droit de lEtat) et droit rel (tel quil se vit au sein de la population) ? On sait que le lgislateur rwandais a eu recours la voie lgislative pour instituer ces juridictions gacaca. Ce qui doit tre pris en compte, puisque, selon J. Vanderlinden, la coutume est finalement la production du droit par le peuple . () Dans cette optique, la coutume () est toujours vivante et sa mise par crit signifierait donc sa mise mort dans la mesure o tant fige, elle perdrait sa plasticit, sa capacit dadaptation [19].
On se permettra depuis notre fentre bruxelloise de questionner une autre voie de justice, considre, tantt par les uns comme tendance luniversalisme de la culture (juridique) occidentale, tantt par les autres comme un tmoignage empreint dhumanisme sincre (anthropocentrisme quand tu nous tiens) : lexprience belge du procs dassises dit des quatre Rwandais, sur base de la loi de comptence universelle.
Il me semble intressant de pouvoir discuter cette loi belge de comptence universelle partir dune approche dAnthropologie du Droit. En effet, au-del de la lgitimit questionne de semblable comptence, il y a un fait important considrer qui est celui de la saisine de la justice belge dune infraction qualifie crime de gnocide. Cest ce dernier terme que lon veut souligner car au-del de ne pas natre sous un mythe commun - qui est cependant rechercher et construire par le dialogue , au-del de lappartenance des cultures diffrentes, loin de partager des fondements historiques et mme si les droits de lhomme se doivent dՐtre relus laide des lunettes de lAnthropologie du Droit, il y a malgr tout un fond dhumanit partag qui se voit ni purement et simplement par le gnocide. Le gnocide, cest la-diversit assassine. Ne peut-on ds lors pas dans une perspective diatopique considrer comme victimes ici, les plaignants qui, au regard de leur systme de valeurs, de leur culture ou de leur conception du Droit, se sentent victimes l-bas et voient, au travers de la justice belge, une manire de se faire entendre, dexprimer ce quils ont vu, dՐtre reconnus comme ayant vcu ce gnocide et partant, de pouvoir commencer un lourd cheminement de reconstruction.
On est frapp par la terrible complexit de la situation qui rend, on la dit, aphone. Le gnocide est de lordre de lindicible, de linexprimable voire de lingurissable. Jacques Vanderlinden le confiait prcdemment sagissant de la coutume en Afrique. Est-ce dire que la Belgique, par exemple, en adoptant et en activant sa loi de comptence universelle, entend dnier au Rwanda sa capacit originale retrouver une cohsion sociale ou encore affirmer la suprmatie du droit crit sur le droit coutumier et loralit des traditions ? Ce serait, mon sens, crier un peu vite au loup. On le voit bien, on ne peut affronter seul une telle horreur. La plaie est bien trop vive parce que bante. Il y a une prise de distance ncessaire, la mdiation dun tiers, afin dՎchapper la vengeance, pour mettre des mots et rendre une justice conforme sa vision du monde, au mythos. Ne peut-on pas limaginer dans une salle daudience du palais de justice de Bruxelles ? Ne peut-on pas croire en une souffrance humaine qui dpasserait pour les concilier les diffrentes visions du monde ?
Il ne sagit pas pour autant de passer sous silence lappartenance des Occidentaux et des Africains diffrentes visions du monde. Le Prsident de la Cour dAssises de Bruxelles demandant au tmoin rwandais venu la barre de dcliner ses noms et qualits nest pas sans rappeler lՎpisode du procs de Tidjani Thiam, servant mettre en relief les deux conceptions de la justice impose ou ngocie[20]. Et de justice impose, il en est question. Les quatre accuss, comparaissant libres au procs, se sont vus condamns des peines de prison. Un arrt a t rendu sur base de lapplication dune loi pnale visant la rpression des violations graves du droit international humanitaire.
On peut se demander, par exemple, en quoi cette justice rpond aux exigences dune justice ngocie dans le ventre du village correspondant la vision africaine[21] et concrtement, quel sera limpact, autre que symbolique, de cette dcision de justice sur le quotidien de la population rwandaise qui doit grer une histoire marque rcemment par le drame du gnocide et renouer les liens de la cohsion sociale. On peut galement questionner les finalits de la justice (pnale) en Europe et en Afrique. Les rflexions sont nombreuses sur lutilit et la lourdeur de la peine, sur la nature et les modalits de la rparation. Une peine pour qui et pour quoi ?[22] Arrtons-nous quelques instant pour apercevoir dans cette question toute la difficult de penser laltrit. Parler de la peine, poser la question de la sanction dnote une reprsentation particulire du Droit parce que faisant reposer notre dfinition du juridique sur lexistence de cette sanction[23].
Et si lapproche dialogale que sous-tend lՎtude du pluralisme juridique permettait justement dinitier des premiers pas de rponse. En voyant, par exemple, dans la poursuite du respect des droits de lHomme au nom desquels on prtend une comptence universelle (vision occidentale), un quivalent fonctionnel la recherche de cohsion et dharmonie au sein du groupe et la prservation du caractre premier de ce dernier face lindividu (vision africaine). Ne serait-ce pas une manire possible de comprendre lapproche dialogale prsente par R. Vachon lorsquil dit que le dialogue dialogal repose sur le postulat que personne na accs lhorizon universel de lexprience humaine et que cest seulement en ne postulant pas dun seul ct les rgles du dialogue que lHomme peut procder une intelligence plus profonde et plus universelle de lui-mme et ainsi en arriver sa propre ralisation [24].
Et au sein de cette Cour dassises, serait-il impossible de voir dans les questions poses par les tmoins directement au Prsident qui laisse faire, renversant en quelque sorte momentanment les rles, une manire originale dinviter les coutumes africaines au cur de la justice belge, sous forme de palabres et dՐtre transports notre tour au cur du gnocide par une mise en mots des souffrances, des doutes et des questionnements de la part de ceux qui lont vcu ? Ne faut-il pas y voir une volont de prendre conscience dun topos particulier[25].
Il nest pas chose aise de vouloir rendre compte de manire charpente dune intuition initiale, qui prend la forme, au fil des pages dune rflexion chaque fois plus dense mais surtout dinterrogations chaque fois plus nombreuses. Cest pourtant lexercice auquel on a tent modestement de se confronter dans le cadre de ce travail dAnthropologie du Droit.
Aprs avoir abord les liens aperus entre altrit et complexit dans les approches anthropologiques du phnomne juridique et avoir eu recours la dfinition des notions de diatopisme et de dialogisme, il ma sembl important de prendre un cas pratique pour le confronter prcisment une approche danthropologie du Droit. Mon choix sest port sur le gnocide perptr au Rwanda voici dix ans. En effet, javais eu loccasion il y a quelques temps daborder ce thme, prenant comme cl daccs la loi belge dite de comptence universelle . La tenue du procs de quatre Rwandais devant la Cour dassises de Bruxelles et la mise en place des juridictions gacaca au Rwanda constituent mon sens une belle opportunit de rflchir les enjeux de lapproche anthropologique, particulirement dans lՎtude du pluralisme juridique.
Beaucoup de choses restent dire. Il ne sagit ici que dune bauche de rflexion qui ne prtend pas avoir cern tous les contours du problme, avoir mis en lumire toutes les difficults dune telle approche, ni certainement avoir chapp aux piges de lappartenance une vision particulire du monde.
Juridictions gacaca et/ou comptence universelle ? Qui peut trancher ? En conclusion, il me semble important de livrer mon sentiment. En adoptant une loi de comptence universelle, la Belgique na pas prtendu avoir le monopole de la Vrit ; ni celui de la Justice. Elle a souhait sengager, maladroitement peut-tre, imparfaitement sans doute, sur le chemin de la solidarit, cherchant au travers des drames humains qui secouent le monde, raffirmer ce qui, selon le mythe qui est le sien, est un dans la diversit : notre humanit. Et consciente de limportance de lengagement, elle a recours ce qui fait sens pour elle : la loi telle la parole dans une culture de loralit.
Bibliographie
des documents consults
-
Belgique :
Loi du 16 juin 1993 relative la rpression des violations graves du
droit international humanitaire, modifie par la loi du 10 fvrier 1999, M.B., 23 mars 1999, modifie par la loi
du 23 avril 2003, M.B., 05 juillet 2003.
-
Rwanda :
Loi sur la poursuite des infractions constitutives du crime de gnocide
du 30 aot 1996, J.O.R.R., n 17 du 1er septembre 1996.
Loi organique N40/2000 du 26 janvier 2001 portant cration des
juridictions gacaca et organisation des poursuites des
infractions constitutives du crime de gnocide ou de crimes contre lhumanit
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www.web.amnesty.org : Voyez Archives. Dossiers Rwanda Gacaca et Comptence universelle. 14 principes pour lexercice effectif de la comptence universelle .
[1] Voyez P. VIELLE et A. SCHAUS (sous la direction de), La Belgique, justicier du monde ? La loi de comptence universelle sur la sellette , Politique, n23, fvrier 2002, p. 8-39. Il sagit de la Loi du 16 juin 1993 relative la rpression des violations graves du droit international humanitaire, modifie par la loi du 10 fvrier 1999, M.B., 23 mars 1999, modifie par la loi du 23 avril 2003, M.B., 05 juillet 2003. Cette dernire modification a considrablement diminu son champ dapplication. Au point que certains la considrent comme ayant disparu.
[2] Voyez lentretien accord par B. De Jemeppe, alors Procureur du Roi de Bruxelles, in Politique, n23, fvrier 2002, p. 11 et 13.
[3] C. DEMAN, Limpunit est-elle soluble dans le droit international , in Politique, n23, fvrier 2002, p.31.
[4] J. VERHOEVEN, Prtentieuse et bricole , Politique, n23, fvrier 2002, p. 18.
[5] Voyez larticle de C. EBERHARD, Prrequis pistmologiques pour une approche interculturelle du Droit.
Le dfi de laltrit ( www.dhdi.org ).
[6] R. PANIKKAR, La notion des droits de lHomme est-elle un concept occidental ? , INTERculture, n 143, octobre 2002, p.41 60.
[7] Pour traiter de ces notions quelque peu nouvelles pour ma part, je prends appui sur larticle de R. VACHON, LՎtude du pluralisme juridique une approche diatopique et dialogale , Journal of Legal Pluralism and Unofficial Law, n29, 1990, p. 163-173
[8] R. VACHON, Op.cit., p.167.
[9] R. VACHON, Op.cit., p.170.
[10] M. J. CRIADO, Los testimonios personales en el campo de la migracin : sentido y prctica , Historias de vida e inmigracin, Ofrim, Madrid, 2001, p.13.
[11] Voyez R. VACHON, , Op.cit., p.171.
[12] Ibidem, p. 169.
[13] Jacques Vanderlinden dit que ce qui frappe, cest la dimension du gnocide, le fait quelle chappe entirement une conception coutumire de la justice par la nature de linfraction . Voyez lentretien quaccorde J. VANDERLINDEN RCN Justice et Dmocratie : La coutume en Afrique : un tour dhorizon , in RCN Justice & Dmocratie. Le Bulletin, 2me trimestre 2004, p.24.
[14] Ibidem, p.24.
[15] I. PLUMAT, Les juridictions gacaca : faonner des solutions adaptes une ralit unique , RCN Justice & Dmocratie. Le Bulletin, 2me trimestre 2004, p.6.
[16] C. KUYU, Les juridictions gacaca : un modle de mtissage juridique et institutionnel en Afrique , RCN Justice & Dmocratie. Le Bulletin, 2me trimestre 2004, pp. 10 et 11. Pour la clart, nous reproduisons cet article en annexe.
[17] Ibidem, p.10.
[18] Voyez M. MUREKATETE, Espoirs , RCN Justice & Dmocratie. Le Bulletin, 2me trimestre 2004, pp. 9.
[19] Entretien de J. Vanderlinden RCN Justice & Dmocratie : La coutume en Afrique : un tour dhorizon , in RCN Justice & Dmocratie. Le Bulletin, 2me trimestre 2004, p.23.
[20] C. EBERHARD, A. S. NDONGO, Relire Amadou Hampat B pour une approche africaine du Droit. Images rflchies de la pyramide et du rseau , Revue Interdisciplinaire dEtudes Juridiques, n47, p. 76.
[21] Voyez C. KUYU, Op.cit., p. 10 citant M. ALLIOT, Le droit et le service public au miroir de lanthropologie, Paris, Karthala, 2003.
[22] Voyez par exemple le trs beau texte de P. RICOEUR, Sanction, rhabilitation, pardon , in Le Juste, Ed. Esprit, 1995, pp. 193-208 et larticle de J. FIERENS, Sanction ou pardon au Rwanda. A propos de Sanction, rhabilitation, pardon de Paul Ricoeur , in F.-X. DRUET et E. GANTY, Rendre justice au droit. En lisant Le Juste de Paul Ricoeur, Namur, Presses Universitaires de Namur, 1999, pp. 269-282.
[23] Voyez N. ROULAND, Anthropologie juridique, Paris, PUF, Col. Droit fondamental Droit politique et thorique, 1988, p. 134 et s.
[24] R. VACHON, Op.cit., p.168.
[25] Voyez les tmoignages recueillis au sortir des audiences : www.rcn-ong.be .