LĠIMPERATIF CATEGORIQUE DU PRINCIPE HUMANITAIRE.

RŽflexion sur les responsabilitŽs du droit dĠingŽrence humanitaire

 

Article paru dans Mouvements et enjeux sociaux, Revue de la Chaire dynamique sociale, nĦ 26, Mai-Juin 2005, Kinshasa, pp. 127-139.

Par

 

Jean Paul SEGIHOBE Bigira

Assistant ˆ la FacultŽ de Droit de lĠUniversitŽ de Kinshasa

Avocat au Barreau de Kinshasa/Gombe

sebijean@yahoo.fr

 

 

La problŽmatique de lĠhumanitaire constitue un ingrŽdient majeur des mutations de notre monde. LĠ Ç humanitaire È, qualificatif devenu substantif selon une logique de lĠidŽologie dominante aujourdĠhui, sĠaborde essentiellement sous lĠangle juridique des droits de lĠhomme et du droit international ou encore sous lĠangle politique de la gestion des rŽfugiŽs, des conflits, des catastrophes naturelles (comme le raz de marrŽe provoquŽ par le sŽisme (Tsunami) qui sĠest produit en Asie du Sud et du Sud-Est en dŽcembre 2004 notamment en Inde, IndonŽsie, Sri Lanka, Tha•lande,  etc), de lĠingŽrence mais rarement de manire Žthique. Ici, lĠinflation du fatras Žmotionnel mŽdiatique masque plusieurs aspects dans ses rouages constitutifs.

Pourtant, lĠingŽrence au nom de lĠhumanitŽ (I) confre un droit ambigu et sujet ˆ controverses qui se butte souvent au principe de souverainetŽ cher aux Etats. CĠest peut-tre pour cela que depuis quelques annŽes lĠassistance humanitaire fait lĠobjet de commentaires sur ses excs, ses dŽbordements ou dŽrapages, sans que ces rŽserves altrent le caractre dominant du discours humanitaire devenu comme Žvident ˆ force dĠtre rŽpŽtŽ, montrŽ et partagŽ.

 Ce temps de tous les possibles est aussi un temps de dŽsarroi dans lequel, par des combines de haute facture, lĠassistance humanitaire se convertit en commerce de lĠhumanitaire (II). LĠanalyse de cette rŽalitŽ nous pousse ˆ affirmer que lĠheuristique dĠun cosmopolitisme humanitaire doit irrŽvocablement trouver ses fondements en lĠhomme, cĠest-ˆ-dire, en tout homme et en tout lĠhomme. CĠest pourquoi nous pensons quĠil importe de trouver un commandement qui, en amont, permette ˆ chacun de subordonner tout le reste ˆ ce principe premier. Comme lĠhumanitŽ est une, il importe que le principe de sa protection et de son assistance reste le mme et ne soit pas ˆ chercher dans les circonstances o se trouve placŽ lĠhomme qui souffre. LĠhumanitaire pourra, ds lors, engendrer un impŽratif catŽgorique (III).

Face ˆ cette situation, nous sommes dŽsarrimŽs les uns des autres et secrtement r™dent notre angoisse, notre perte dĠestime et de confiance, un autrui dont les contours se sont estompŽs. DŽsarroi sans doute, mais opportunitŽ aussi dĠaborder un questionnement qui se pose, sĠexpose et sĠimpose  ˆ notre rŽflexion : le sens profond dĠune assistance humanitaire. CĠest sur fond de controverse rŽelle que nous avons ˆ rŽexplorer la question de la responsabilitŽ du droit dĠingŽrence humanitaire (IV).

 

 

 

 

I.               LĠINGERENCE AU NOM DE LĠHUMANITE

 

Le devoir dĠassistance humanitaire est nŽ dĠune pratique mŽdicale, celle des French doctors. Depuis la guerre du Biafra, ils ont voulu sĠaffranchir des rgles du droit international humanitaire classique qui leur faisait obstacle et qui les empchait dĠaccŽder aux victimes des catastrophes naturelles, industrielles ou politiques sans lĠagrŽment des parties. CĠest de leur confrontation avec les juristes quĠest nŽ ce que les journalistes appellent dŽsormais le droit dĠingŽrence humanitaire[1].

Reprochant aux juristes de servir un droit qui faisait de lĠEtat le propriŽtaire absolu des souffrances de son peuple et  interdisait ˆ ceux quĠil nĠavait pas autorisŽs, de venir sauver les victimes des ses nŽgligences ou de ses turpitudes, Bernard Kouchner a conceptualisŽ ˆ partir de 1987, avec la collaboration de M.Bettati, un droit qui a remis en cause des conceptions restrictives de la souverainetŽ des Etats, gŽnŽratrice de ces obstacles. Autrement dit, B.Kouchner voulait quĠon change le droit international, pour quĠon puisse affirmer Ç plus jamais Auschwitz È, plus de gŽnocides ˆ lĠabri  des frontires, plus de massacres sans que de lĠextŽrieur on puisse se rendre auprs des victimes et leur porter secours[2]. LĠhumanitŽ se trouvait ainsi revalorisŽe dans un monde privŽ de sens[3] et pouvait ds lors tre comprise comme la rŽalisation concrte intŽrieure et extŽrieure de lĠhumanisme. Elle sĠimpose comme condition nŽcessaire pour que lĠon comprenne authentiquement le monde humain et pour que se rŽalisent des communautŽs dans les peuples et dans les cultures. Ce qui poussera Max Huber dĠŽcrire : Ç Un vŽritable droit de lĠhumanitŽ sĠest crŽŽ en vertu duquel la personne humaine, son intŽgritŽ, sa dignitŽ sont dŽfendus au nom dĠun principe moral qui sĠŽlve bien au-dessus des limites du droit national et de la politique È[4].

Mais en rŽalitŽ quel est lĠobjectif poursuivi par une intervention dĠhumanitŽ ? CĠest lĠintervention qui, comme le dit Joblin, conduite diplomatiquement ou militairement est le fait dĠun Etat vis-ˆ-vis dĠun autre Etat ; elle nĠa habituellement dĠautre titre juridique que de venir en aide ˆ ses propres nationaux dont les biens ou la vie sont menacŽs ou de faire cesser des violations graves et rŽpŽtŽes des droits fondamentaux des ressortissants dĠun autre Etat[5].

Les interventions de ce type se sont multipliŽes depuis plus de 50 ans. DĠaprs Mario Bettati, elles rŽpondent ˆ des situations extrmement diverses comme le montrent les interventions des Etats-Unis au Liban en 1958, de la Belgique au Congo (Stanleyville) en 1964, le raid israŽlien sur lĠaŽroport dĠEntebbe en 1976 en vue de libŽrer des prisonniers des mains des terroristes, de lĠexpŽdition franaise de Kolwezi en 1978 en vue dĠŽvacuer des civils europŽens menacŽs de massacre par des irrŽguliers, lĠintervention amŽricaine au Panama en 1989 afin de rŽtablir la lŽgalitŽ constitutionnelle ˆ la demande dĠun prŽsident rŽgulirement Žlu et de protŽger la vie des amŽricains vivant dans ce pays, lĠintervention de la Tanzanie en Ouganda en 1979, de la France au Za•re en 1991, etc[6].

Il va sans dire que cette dŽmarche de fonder en raison la constitution dĠun humanisme cosmopolite soulve des questions comme celles de lĠaltŽritŽ et de la porositŽ des frontires Žtatiques, et partant, celle de la relativitŽ de la souverainetŽ des Etats.

La question de lĠaltŽritŽ ne devrait pas, en fait, porter sur des pratiques folklorisŽes, mais plut™t sur la capacitŽ et le droit quĠont les hommes en sociŽtŽ de produire le sens de leur vie individuelle et collective. SŽnque a eu le mŽrite de dire que Ç autrui est pour lĠhomme quelque chose de supŽrieur, de sacrŽ È[7] et non pas seulement la fonction de ses intŽrts.

Au regard de ce qui se passe ˆ travers le monde, lĠon a comme lĠimpression que des questions comme Ç qui est mon frre ? È, Ç suis-je le gardien dĠautrui ? È ne devraient pas se poser parce quĠayant dŽjˆ trouvŽ leur rŽponse. Pourtant, le tragique de la fraternitŽ universelle reste lĠun des problmes sŽrieux auquel nous sommes confrontŽs quotidiennement. Il nous semble ds lors que la question de lĠaltŽritŽ exige quĠelle soit reformulŽe. Dans le contexte humanitaire, Alain Finkielkraut nĠa pas tort lorsquĠil Žcrit : Ç LĠidŽe de similitude des hommes sĠatteste dŽsormais sous la forme dĠune condolŽance illimitŽe, cĠest-ˆ-dire dĠune participation affective ˆ tous les maux qui frappent lĠespce humaine È[8].

La responsabilitŽ appara”t comme la rŽponse ˆ cette prŽoccupation. En effet, se porter garant[9], sĠengager pour lĠautre et devant la loi, la communautŽ des autres, cĠest rŽpondre prŽsent, rŽpondre de lĠautre par ma prŽsence[10], une prŽsence vivante. Nous devons tre lĠotage de lĠautre, avec ou sans Dieu.

Cependant, le droit dĠingŽrence humanitaire reste ambigu parce quĠaux fondements incertains, au contenu imprŽcis et ˆ gŽomŽtrie variable[11]. Il appara”t mme suspect car pouvant justifier toutes sortes dĠinterventions qui seraient dissimulŽes de visŽes hŽgŽmoniques[12] ds lors quĠil fait reculer lĠabsoluitŽ de la souverainetŽ des Etats. Marie Dominique Perrot nĠhŽsite pas dĠaffirmer qu Ç avec lĠintroduction du droit dĠingŽrence humanitaire, les puissances qui comptent sur lĠŽchiquier international ont maintenant les coudŽes encore plus franches. Elles peuvent laisser pourrir une situation ou provoquer dŽlibŽrŽment la dŽchŽance dĠun Etat (pour des raisons propres ˆ la vision quĠelles se font de leurs intŽrts) pour ensuite intervenir au nom de lĠhumanitaire. Mais elles peuvent tout aussi bien provoquer la dŽgradation dĠune sociŽtŽ et de son gouvernement, sans pour autant intervenir et en invoquant le principe de non-ingŽrence dans les affaires intŽrieures dĠun Etat[13] pour justifier leur abstention È[14].

Le droit dĠingŽrence suscite actuellement pas mal dĠinquiŽtudes car on ne sait plus quand il y a ingŽrence ou sĠil y a ingŽrence, de mme on ne distingue plus clairement lĠhumanitaire du politique ou du militaire[15]. Tout se passe comme si nous Žtions entrŽs dans une re o le droit et la morale se mettent au service de lĠhumanitaire, tandis que ce dernier sert de couverture aux nouveaux enjeux politiques et stratŽgiques[16].

LĠhumanitŽ ne cherchant pas autre chose que la comprŽhension de soi-mme et le devoir de son respect, ne devait pas tre au centre des calculs et des discours dĠun certain consumŽrisme mercantilisŽ et parfois mercantilisant.

 

II. LĠASSISTANCE HUMANITAIRE OU LE COMMERCE DE LĠHUMANITAIRE

 

Si la sincŽritŽ de la collaboration des humanitaires est mise en cause, la paix peut-elle rŽgner entre les hommes quelles que soient leurs tendances idŽologiques ou croyances si chacun tente de se faire le propagandiste de sa vision du monde ˆ lĠoccasion de lĠassistance quĠil apporte ? Quel sens peut avoir la volontŽ humanitaire de servir lĠhomme si elle en fait un moyen dĠexploitation politique, Žconomique, religieuse ? LĠaide humanitaire ne repose-t-elle pas sur la conviction que tout homme vaut un autre homme et quĠil y a obligation morale de donner ˆ chacun les moyens de Ç progrs matŽriel et dŽveloppement spirituel È ?[17]

Les interventions politiques qui se sont produites ˆ lĠŽpoque contemporaine dans les affaires intŽrieures des Etats ont reu diverses justifications qui lŽgitiment toutes que la force soit mise au service dĠun certain ordre international. La difficultŽ de la mise en Ïuvre des interventions humanitaires vient, il nous semble, de ce que la solidaritŽ dont elles se rŽclament est compromise par des calculs politiques qui caractŽrisent les gouvernements qui la soutiennent.

LĠassistance humanitaire dispose dĠun pouvoir politique indirect. La pression humanitaire qui en dŽcoule constitue un outil manipulŽ sŽlectivement par des Etats ou des groupes de pression. Bernard Hours nĠhŽsite pas dĠaffirmer dans ses analyses que Ç lĠargument humanitaire nĠest parfois quĠun habillage commode pour masquer les contraintes politico-Žconomiques et cacher le cynisme et la violence qui rgne dans les rapports internationaux. Cette morale humanitaire appara”t finalement comme un bon moyen pour abuser, avec des rŽfŽrences morales, les citoyens du Nord, une partie des Žlites du Sud, sur le dos du reste de lĠhumanitŽ È[18].

LĠinterfŽrence de lĠhumanitaire et du politique dŽtourne lĠhumanitaire de sa mission fondamentale et le fait passer pour un instrument dĠhŽgŽmonie sans scrupule et sans considŽration vŽritable de lĠhomme quĠil prŽtend pourtant servir. CĠest certainement ce qui a poussŽ Robert Redeker ˆ dire que ÇlĠhumanitaire nĠenvisage lĠhomme que comme animal biologique dont on doit prŽserver lĠexistence ; les devoirs de lĠhumanitaire nĠont rien de devoirs Žthiques : il sĠagit simplement des devoirs devant lĠhomme comme un tre vivant ; en fait lĠhumanitaire est profondŽment nihiliste dans la mesure o il porte en lui la nŽgation de lĠhomme en tant quĠautre chose quĠanimal mortel. (É) Sous cet aspect, lĠhumanitaire nĠest rien dĠautre quĠune Žcologie de lĠhumain et les fivres de bienfaisance qui rŽgulirement secouent par lĠintermŽdiaire de la tŽlŽvision le public ne sont rien dĠautre que le pardon de cette inquiŽtante zoophilie qui ravage les mentalitŽs È[19].

 

Ce rŽquisitoire peut para”tre sŽvre, mais il y a lieu de se rendre  compte que lĠangŽlisme humanitaire prŽsente plusieurs limites. Il parle des droits abstraits lˆ o prŽvalent des exploitations rŽelles dont il sĠabstient dĠanalyser les causes sociales et politiques. La morale sommaire de bons sentiments appliquŽe ˆ des sociŽtŽs dont les intervenants ignorent profondŽment les valeurs et donc la vraie nature de la souffrance endurŽe, constitue un spectacle gratuit en trompe-Ïil, destinŽ ˆ justifier les affrontements entre les Etats, la concurrence internationale, y compris  ce que Bernard Hours appelle Ç Charity business È[20].

Que cherche-t-on ˆ conserver, protŽger ou prolonger sous cet Žtalage mŽdiatisŽ dĠindignations collectives et de bons sentiments ? Le nouvel ordre humanitaire, comme sĠinterroge Marie-Dominique Perrot, servirait-il ˆ faire oublier ce qui de Ç lĠordre international È est inacceptable et injuste ?[21]

Au regard de ce qui vient dĠtre dit, nous pensons que le spectacle de la misre du monde, au nom duquel sĠorganise lĠassistance humanitaire, nĠest nullement un signe de bonne solidaritŽ. Il manifeste, par contre, le voyeurisme, parfois obscne, dĠune certaine opinion qui se rŽconforte de sa propre situation en regardant la misre des autres. Cela nous amne ˆ dire que lĠassistance humanitaire et le droit dĠingŽrence qui en dŽcoule doivent tre repensŽs dans leur nature et leur matŽrialitŽ. A ce niveau lĠŽthique, plus prŽcisŽment, lĠŽthique de la responsabilitŽ se pose et sĠimpose comme un impŽratif catŽgorique. La morale de Kant peut nous tre utile. De manire que lĠaction soit valable pour tous les tres raisonnables, il enseigne : Ç Agis comme si la maxime de ton action devait tre ŽrigŽe par ta volontŽ en loi universelle de la nature È[22].

 

III. LĠHUMANITAIRE ENGENDRE LĠIMPERATIF CATEGORIQUE

 

Selon que lĠon met lĠaccent sur le juridique ou lĠŽthique,  droit dĠingŽrence humanitaire  ou  devoir dĠingŽrence , obŽit ˆ cette tournure dĠesprit occidental[23]qui sĠattache ˆ jumeler Žtroitement des logiques contradictoires. On fait comme si on avait trouvŽ la formule magique qui permet de gagner sur deux tableaux opposŽs sans rien avoir ˆ cŽder pour autant. Double contrainte qui, loin de nĠtre quĠun paradoxe logique, reflte et dŽtermine des pratiques importantes. Celles-ci ne sont pas aussi nouvelles quĠon veut le croire, mais elles sont lŽgitimŽes diffŽremment, comme si le produit dĠingŽrence nŽcessitait une publicitŽ plus moderne, mieux ˆ mme de mettre en valeur lĠempressement humanitaire ˆ allŽger les souffrances dĠautrui. Il se pose alors un rŽel problme Žthique.

La plaidoirie pour une Žthique planŽtaire du principe humanitaire reste un dŽbat dĠactualitŽ qui trouve aussi inspiration dans lĠhŽritage nous lŽguŽ par plusieurs penseurs, en lĠoccurrence Kant. La distinction quĠil fait entre lĠimpŽratif catŽgorique et lĠimpŽratif hypothŽtique concerne lĠŽthique de la simultanŽitŽ qui sĠapplique Žgalement ˆ notre propos. LĠimpŽratif moral nĠest donc pas un impŽratif hypothŽtique, qui soumettrait le bien au dŽsir (fais ton devoir si tu y trouves ton intŽrt, ou bien si les sentiments spontanŽs tĠy poussent), mais un impŽratif catŽgorique (fais ton devoir sans conditions)[24].

Le principe humanitaire passe comme un impŽratif catŽgorique pour toute action dĠassistance ˆ autrui Žtant entendu que la reconnaissance pratique de lĠautre comme reprŽsentant de lĠhumanitŽ implique lĠobligation gŽnŽrale dĠune intervention et dĠun engagement actifs pour tout homme incapable de dŽfendre son droit dĠtre ic™ne de lĠhumanitŽ. Ç Agis de telle sorte que tu traites  lĠhumanitŽ aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en mme temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen È[25]. Ainsi, le devoir dĠassistance humanitaire qui dŽcoule du droit dĠingŽrence, parce quĠil oblige lĠhumanitaire ˆ considŽrer tout homme en souffrance comme une fin, proscrit tout autant la domination, lĠesclavage, la sŽgrŽgation que de considŽrer lĠassistŽ simplement comme un moyen. Car sĠil y a devoir, cĠest donc quĠil y a dans le droit dĠingŽrence autre chose, et par quoi il soit liŽ. CĠest au fait reconna”tre quĠon a raison de sĠingŽrer dans les affaires intŽrieures dĠun Etat mais quĠon ne saurait faire ce qui ne soit pas, ni qui nĠait ŽtŽ aperu comme raison. Or, ce motif, raison dŽterminante de lĠingŽrence humanitaire, ne peut tre quĠune fin, cĠest-ˆ-dire, lĠhomme en souffrance. Non seulement terme o lĠon aboutit, mais aussi but o lĠon tend.

Il importe de constater dans cette Žthique kantienne un rigorisme o la raison parle sous la forme sŽvre du devoir parce quĠil faut imposer silence ˆ notre nature charnelle, parce quĠil faut, au prix dĠun effort, plier lĠhumaine volontŽ ˆ la loi du devoir : je veux faire ceci parce que je le dois, mutatis mutandis, je veux apporter assistance ˆ lĠhumanitŽ parce que je le dois. En effet, dire Ç je veux assister lĠhumanitŽ parce que je le dois È, cĠest Žvidemment affirmer une libertŽ. Car cĠest exclure une dŽtermination extŽrieure. CĠest nĠtre liŽ par rien, qui soit autre chose que ce Ç je dois È. Et il faut bien, si ne sont morales que les actions proprement humaines, issues de la spontanŽitŽ dĠun sujet libre. Mais cĠest affirmer en mme temps, ˆ lĠintŽrieur de cette libertŽ, une nŽcessitŽ qui la dŽpasse. Car sĠil y a devoir, cĠest donc quĠil y a dans ce vouloir autre chose qui nĠest pas lui, et par quoi il soit liŽ. CĠest au fait reconna”tre quĠon a raison dĠagir et qui dŽtermine maintenant cette libertŽ[26]. CĠest le motif quĠon se donne, la raison dĠagir quĠon a perue et dont on peut sans doute ne tenir aucun compte ; mais lĠon ne saurait faire quĠelle ne soit pas, ni quĠelle nĠait ŽtŽ aperue comme raison.

Cette rŽflexion dŽbouche ˆ poser Žvidemment la question de la responsabilitŽ. PrŽcisons cependant toute suite que, dans le cadre de notre Žtude, la problŽmatique de la responsabilitŽ sera abordŽe plus sous lĠangle transcendantal, cĠest-ˆ-dire une rŽflexion qui dŽborde les faits, le vŽcu quotidien pour envisager les conditions de possibilitŽ, le contrafactuel, bref une lecture du futur ˆ partir des faits prŽsents que dans ses aspects purement juridiques. Bien quĠŽtant juriste, nous pensons que le droit trouve indŽniablement fondement dans les considŽrations philosophiques des questions quĠil rŽgit.

 

IV.  LA RESPONSABILITE COMME FACE CACHEE DU DROIT DĠINGERENCE HUMANITAIRE

 

Le droit dĠingŽrence humanitaire est un droit ˆ lĠassistance pour les victimes, un droit dĠassistance pour lĠhomme qui apporte lĠaide aux victimes et est mme un droit du devoir dĠingŽrence pour tout citoyen, comme obligation dĠassistance ˆ personne en danger, de sorte que sĠy dŽrober pourrait constituer un manquement juridiquement et moralement sanctionnable[27]. Il para”t revtir une double face : dĠun c™te comme un droit naturel des hommes en dŽtresse qui attendent assistance et de lĠautre comme un droit du devoir dĠingŽrence dans les affaires intŽrieures dĠun Etat. Ce droit fait appel ˆ des responsabilitŽs qui incombent ˆ ceux qui assument la charge et qui prennent sur eux la mission dĠingŽrence : responsabilitŽ envers tel ou tel Žtat de choses (la prŽservation dĠun conflit armŽ ou dĠune catastrophe qui cause la situation de dŽtresse) qui prendrait plusieurs formes dans le but de prŽserver la vie collective et ses institutions[28], la responsabilitŽ envers la personne en souffrance et la responsabilitŽ envers soi-mme lĠingŽrant qui traduit lĠidŽe de la dignitŽ partagŽe, en ce sens que lĠingŽrant Žprouve le sentiment ˆ quelque chose qui tout ˆ la fois le comprend, le dŽpasse et est compris par lui et dŽpend pourtant partiellement de lui (lĠuniversalitŽ de la condition humaine). LĠexistence de lĠhumanitŽ et sa sauvegarde sĠimpose comme un premier commandement.

Parlant de la prioritŽ de lĠhomme parmi les candidats ˆ la responsabilitŽ humaine, Hans Jonas estime quĠil faut dire quĠelle nĠa rien ˆ voir avec un bilan Žvaluatif du comportement de lĠhumanitŽ sur terre. A lĠexistence de Socrate ou ˆ celle de la symphonie de Beethoven qui peuvent bien tre citŽes afin de justifier lĠensemble, on peut toujours opposer un catalogue comparable dĠatrocitŽs constantes : de la sorte, selon la disposition du juge, le bilan peut tre nŽgatif. La commisŽration et lĠindignation du pessimisme ne peuvent pas tre rŽfutŽes ici[29]. Dans tous les cas, le prix Žnorme, la mesquinerie humaine est au moins Žquivalente ˆ sa grandeur, et globalement, dit H. Jonas, le dŽfenseur de lĠhumanitŽ mme sĠil a pour lui les grands purificateurs comme Franois dĠAssise, est dans la plus mauvaise position. Face ˆ tout cela lĠexistence de lĠhomme a toujours la prioritŽ, peu importe quĠil a le mŽrite au vu de ce qui a ŽtŽ fait jusquĠici et au vu de sa continuation probable : cĠest la possibilitŽ, comportant sa propre existence, toujours transcendante, qui doit tre maintenue ouverte par lĠexistence. PrŽcisŽment le maintien de cette possibilitŽ en tant que responsabilitŽ cosmique signifie lĠobligation dĠexister. Sous  forme pointue, on peut dire : la possibilitŽ quĠil ait de la responsabilitŽ, est la responsabilitŽ qui a la prioritŽ absolue[30].

Les responsabilitŽs dŽcoulant du droit dĠingŽrence Žtant comprises, lĠon ne devrait plus assister ˆ lĠhumanitaire qui dŽshumanise, lĠhumanitaire qui tue parce que tŽlŽguidŽ par des vecteurs dĠinhumanitŽ. LĠhumanitaire doit cesser dĠtre une entreprise de philanthropisme cynique qui prŽtend dĠun c™tŽ venir au secours de lĠhomme et de lĠautre exploiter sa situation de dŽtresse pour des fins essentiellement inhumanitaires.

La question de responsabilitŽ suscite finalement dĠautres questions surtout lorsquĠon doit chercher ˆ comprendre pourquoi lĠingŽrence humanitaire sĠest facilement imposŽe. En effet, pourquoi lĠon admet gŽnŽralement avec relative facilitŽ ou alors dans lĠindiffŽrence, la suprŽmatie dĠun systme de relations Žconomiques internationales, aujourdĠhui la mondialisation et lĠOMC son porte-Žtendard , pourvoyeur dĠinŽgalitŽs inadmissibles, alors quĠen revanche on trouve inacceptables les souffrances physiques, causŽes par la guerre, les catastrophes naturelles ? LĠingŽrence humanitaire ne serait-elle pas devenue la continuation de la coopŽration au dŽveloppement par dĠautres moyens, une prolongation du type rŽgressif de lĠaide aux pays pauvres, un aveu dĠŽchec converti en urgence ? Quel est lĠeffet pour les populations, pour les sociŽtŽs, de la substitution progressive des objectifs politiques ou des projets de dŽveloppement par une assistance humanitaire dictŽe par le caractre immŽdiat des problmes ? Comment lĠingŽrence humanitaire sĠy prend-t-elle pour cacher la volontŽ de non-ingŽrence, la hantise et la peur dĠintervenir ? Quels sont les rŽsultats politiques de lĠorganisation de la charitŽ par ceux-lˆ mme qui la rendront forcŽment indispensable ? DĠo vient finalement ce souci humanitaire, que lĠon trouve, certes, codifiŽ ˆ lĠintŽrieur de chaque sociŽtŽ, mais jamais, si ce nĠest de la part des sociŽtŽs industrielles occidentales, projetŽ aux quatre coins du monde ?[31]

Somme toute, disons que la responsabilitŽ du droit dĠingŽrence hante et obsde sans pouvoir tre dŽfinie car elle Žchappe au savoir et reste ˆ dire indŽfiniment. Elle prend diverses formes dont la forme Žconomique est donc de produire pour partager, et de partager ce qui est produit. Et la responsabilitŽ politique, de nature collective[32], consiste ˆ diriger pour protŽger lĠordre lŽgitime, et assurer la lŽgitimitŽ des dirigeants. Dans ce sens le contenu de la responsabilitŽ peut tre compris comme le dŽveloppement de la paix internationale associŽ ˆ la justice sociale[33].

La responsabilitŽ sĠavre dans ce contexte irrŽcusable, lĠhumanitaire ne peut y Žchapper. Ce nĠest pas un r™le pour lequel il peut se faire remplacer car elle est ce qui constitue le sens de son engagement, de son intervention. CĠest donc dans lĠhorizon qui Žveille ˆ lĠidŽe quĠen tant que crŽature, il nĠest pas crŽateur mais responsable de la crŽation. Dans cet Žveil, le sujet est immŽdiatement convoquŽ ˆ rŽpondre, non seulement de ses actes propres mais aussi, de ceux dĠautrui. Se rŽsigner de porter secours ˆ lĠautre est un signe de solitude. Celle-ci nĠa plus de sens si ce nĠest que comme refus dĠtre dŽterminŽ par le bien, le refus dĠtre crŽe le refus dĠtre humain, la haine de soi qui mne ˆ la fuite, Žvasion impossible, ou au meurtre dĠautrui dont la rŽpŽtition infinie dans lĠhistoire vient affirmer sans cesse lĠimpuissance de la violence ˆ nier lĠaltŽritŽ, qui fait de la responsabilitŽ Ç la violence du bien È[34].

Cette responsabilitŽ doit pouvoir interpeller tous les acteurs humanitaires et se traduire dans une mobilisation gŽnŽrale. LĠinvocation et la mise en pratique de lĠingŽrence humanitaire doit toujours sĠaccompagner de la prise en compte des responsabilitŽs qui en dŽcoulent.

 

 

 

CONCLUSION

        

 

            Que dire pour conclure cette rŽflexion, du reste inachevŽe ? Nous sommes tentŽ de dire simplement rien. Peut-tre rien que ce travail aura, parmi tant dĠautres, essayŽ dĠŽveiller, dĠinterpeller, de prŽvenir lĠhomme sur lĠhomme. Le principe dĠingŽrence humanitaire a certes ŽtŽ consacrŽ par la coutume qui est une source par excellence du droit international, mais nous avons dŽplorŽ et dŽnoncŽ les machinations politiques, Žconomiques qui le justifient et les mesquineries qui lĠaccompagnent.

            Sans mŽconna”tre par ailleurs le bien-fondŽ de ce droit dĠingŽrence humanitaire, nous pensons nŽcessaire quĠil soit fondŽ sur une morale planŽtaire qui sert lĠhomme et chaque homme dans sa grandeur comme dans sa dŽchŽance.

 Nous demeurons convaincu que la pratique humanitaire reste un processus dĠhumanisation croissante. Ce qui incite en dernire analyse ˆ la nŽcessitŽ de maintenir toujours ŽveillŽs les idŽaux sur lesquels se fonde toute vie dans ce monde en pleine mutation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

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13.  NGOMA BINDA, Ç IndŽpendance, Droit dĠingŽrence et Politiques HŽgŽmoniques È, in Les enjeux de la mondialisation pour lĠAfrique, Actes des journŽes philosophiques de Canisius, Kimwenza, Kinshasa, Edition Loyola, 1998, pp.132-155.

 

14.  SIMON R., Ethique de responsabilitŽ, Cerf, Paris, 1993.

15.  VACQUIN Monette (dir), La responsabilitŽ. La condition de notre humanitŽ, SŽries Morales, nĦ14, Autrement, Paris, 1994.

16.  VON RINTELEN F. J., Ç Signification et importance actuelles de lĠhumanisme et de lĠhumanitŽ È, in Archives de Philosophie, Janvier-Mars 1978, Tome 41, Cahier 1, pp. 93-101.

17.  ZAKI La•di, Un monde privŽ de sens, Fayard, Paris, 1996 .

 

 

 



[1] Mario BETTATI, Ç LĠingŽrence au nom de la subsidiaritŽ È, in M-J. DOMESTICI-MET(dir), Aide humanitaire internationale : un consensus conflictuel ?, Ed. Economica, Paris, 1996,  p. 257.

[2] CĠest ce qui a motivŽ la publication de lĠouvrage commun de M.Bettati et B.Kouchner, Le Devoir dĠingŽrence, Deno‘l, Paris, 1987.

[3] Voir ZAKI La•di, Un monde privŽ de sens, Fayard, Paris, 1996 ; voir aussi, A. FINKIELKRAULT, LĠhumanitŽ perdue. Essai sur le XX sicle, Seuil, Paris, 1996.

[4] Max HUBERT, citŽ par J.L. HIEBEL, Assistance spirituelle et conflits armŽs, Institut Henri Dunant, Genve, 1980, p.36.

[5] .JOBLIN, Ç IngŽrence des Etats en temps de guerre. Actions des organisations bŽnŽvoles chrŽtiennes et tŽmoignage de lĠŽvangile È, in Gregorianum, nĦ1, Rome, 1995, p.105.

[6] Mario BETTATI, Ç Un droit dĠingŽrence È, in Revue GŽnŽrale de Droit International, 1991, p.648.

[7] SENEQUE, citŽ par  F. J.VON RINTELEN, Ç Signification et importance actuelles de lĠhumanisme et de lĠhumanitŽ È, in Archives de Philosophie, Janvier-Mars 1978, Tome 41, Cahier 1, p.94.

[8] Alain FINKIELRAUT, Op. cit., p.33.

[9] Lire avec intŽrt, F. EWALD, Ç LĠexpŽrience de la responsabilitŽ È, in T. FERENZI (dir), De quoi sommes-nous responsables ?, Žd. Le Monde,Paris, 1997pp.15-24.

[10] Voir aussi, J-L. NANCY, Ç RŽpondre de lĠexistence È, in T. FERENZI, Op. cit., pp.37-50.

[11] DJIENA WEMBOU, Ç Le droit dĠingŽrence humanitaire : un droit aux fondements incertains, au contenu imprŽcis et ˆ gŽomŽtrie variable È, in Temps Nouveaux, nĦ72, 1993, pp.1-4.

[12] Voir M BEDJAOUI dans son Žtude prŽsentŽe en 1991 ˆ lĠAcadŽmie Royale du Maroc, La portŽe incertaine du concept nouveau Ç devoir dĠingŽrence È dans un monde troublŽ : quelques interrogations ; J.M. Sorel, Le devoir dĠingŽrence : longue histoire et ambigu•tŽ constante, in Relations internationales et stratŽgiques, 1991, nĦ3, pp.95-96 ; NGOMA BINDA, Ç IndŽpendance, Droit dĠingŽrence et Politiques HŽgŽmoniques È, in Les enjeux de la mondialisation pour lĠAfrique, Actes des journŽes philosophiques de Canisius, Kimwenza, Kinshasa, Edition Loyola, 1998, pp.132-155.

[13] Cfr les RŽsolutions 2131 (XX) du 21 dŽcembre 1969 et 2625 (XXV) du 14 octobre 1970 de lĠAssemble GŽnŽrale des Nations Unies, cĠest nous qui soulignons.

[14] Marie-Dominique PERROT (dir), DŽrives humanitaires. Etats dĠurgence et droit dĠingŽrence, PUF, Paris, 1994, p.12.

[15] Pour ce dernier aspect, lire avec fruit, Bernard ADAM et cie, Militaires-Humanitaires. A chacun son r™le, Ed. Complexe, GRIP, Bruxelles, 2002, 278p.

[16] Voy Marie-Dominique PERROT, Op.cit., p.13.

[17] J.JOBLIN, Art. cit., p.99.

[18] B. HOURS,  LĠidŽologie humanitaire ou le spectacle de lĠaltŽritŽ perdue, LĠHarmattan, 1998, p.142.

[19] R. REDEKER, citŽ par B. HOURS, op.cit., p.55.

[20] Idem, p.52.

[21] Marie-Dominique PERROTt, Op. cit., p.12.

[22] E. KANT, Fondement de la mŽtaphysique des mÏurs, Traduction de Victor Delbos, Delagrave, Paris, 1976, p.137.

[23] LĠexpression est de M-D PERROT, Op. cit., p. 13.

[24] HUISMAN D. et VERGEZ A.,  Histoire des philosophes, Nathan, 1996, p.191.

[25] E. KANT, Op.cit., p. 150.

[26] Voir J.P SEGIHOBE BIGIRA, LĠimpŽratif catŽgorique du principe humanitaire. Heuristique dĠun cosmopolitisme humanitaire, MŽmoire de Licence en Philosophie, FacultŽ des Lettres et Sciences Humaines, Unikin, 1999-2000, p.60.

[27] NGOMA BINDA, Art. Cit., p.142.

[28] J. LADRIERE, Ç La responsabilitŽ È,  in LĠŽthique dans lĠunivers de la rationalitŽ, MontrŽal, Catalyses, 1997, p. 155 et s.

[29] H. JONAS, Le Principe ResponsabilitŽ. Une Žthique pour la civilisation technologique, Cerf, Paris, 1997, p. 141.

[30] Idem, p. 142

[31] M-D., PERROT, Op. Cit., p. 14.

[32] Voir aussi, R. SIMON, Ethique de responsabilitŽ, Cerf, Paris, 1993,  p.181.

[33] C. BIRMAN, in Monette VACQUIN (dir), La responsabilitŽ. La condition de notre humanitŽ, SŽries Morales, nĦ14, Autrement, Paris, 1994, p.10

[34] Mylne BAUM-BOTBOL, Ç Aprs vous Monsieur È, in M. VACQUIN(dir), op.cit., p.58.