«Bases pour une nouvelle relation
entre les peuples aborigènes et non-aborigènes de ce
pays»
L'impératif d'aborder
les enjeux
à partir d'un cadre radicalement nouveau,
à savoir:
Á international
Á interculturel
Á interpersonnel
Á pluraliste
Á dialogal
par
Robert Vachon
Directeur de Recherche
Institut Interculturel de Montréal
4917, rue St-Urbain, Montréal (Québec) H2T 2W1
(Une déclaration préliminaire et provisoire)
Une présentation faite aux Audiences Publiques de la
Commission Royale sur les Peuples Aborigènes, Deuxième série: «Les Enjeux»,
Kahnawake, le 5 mai 1993.
Salutations à tous les frères et à les soeurs aînés —
les Nations Autochtones de ce pays — symbolisées par les membres autochtones de
cette Commission.
Salutations aussi à tous les frères et soeurs cadets —
les Nations non-autochtones — symbolisées par les membres non-autochtones de
cette Commission.
À certains points de vue, une commission vraiment
bi-culturelle et internationale, bien que ceux qui vous ont donné votre mandat
la définissent de façon restrictive comme une commission nationale, oeuvrant
dans le cadre de la culture moderne et démocratique occidentale de
l'État-Nation canadien, et de sa tradition pyramidale, basée sur la Couronne,
vous appelant donc une Commission Royale.
L'essentiel de mon propos portera sur la question de
l'encadrement des enjeux de notre relation. Puis-je suggérer que les compromis,
les adaptations, les réformes ne suffiront pas. Nous avons besoin d'une
mutation. Je voudrais proposer quelques pas préliminaires dans cette direction.
Ce bref exposé sera consacré à la découverte et au dépassement du cadre
mononational et monculturel qui est généralement — et inconsciemment — le
nôtre. Il s'attachera à considérer les cultures autochtones et non-autochtones
avec sérieux, c'est-à-dire religieusement. Il s'attachera aussi à approcher nos
relations Autochtones/non-Autochtones d'une manière internationale,
interculturelle, interpersonnelle, pluraliste et dialogique. Il traite de la
source d'où provient notre mandat de parler et de vivre, et par conséquent à
qui nous sommes redevables et donc à qui nous devons rendre des comptes. Je me
limiterai à la façon dont les non-Autochtones pourraient adopter une telle
approche dans la relation Autochtones/non-Autochtones.
Mais tout d'abord, une mise en garde.
Les peuples autochtones ne constituent ni une branche
inférieure de l'homo sapiens devant accéder à l'état d'homo sapiens civilis et
habilis, ni le seul modèle d'humanité pure, authentique et unique d'humanité.
Parallèlement, la culture et la civilisation modernes occidentales sont
peut-être fort malades aujourd'hui, mais la civilisation n'est pas qu'une
maladie (syphilisation), ni la modernité qu'un cancer. La culture occidentale
doit certainement surmonter son impérialisme culturel pronfond et inconscient,
apprendre des traditions aborigènes et récupérer également ses propres racines
primordiales; mais elle ne doit pas substituer la vision indienne à la sienne
pour recouvrer sa santé, ni retourner simplement au passé.
A. La nÉcessitÉ d'un cadre international
Le problème fondamental reste que nous concevons et
définissons inconsciemment les questions exclusivement ou principalement à
l'intérieur du cadre mononational du Canada, à savoir de l'État-Nation et du
gouvernement canadien, et du système stato-national des Nations-Unies. Le
cadre, cependant, ne peut plus rester exclusivement ou principalement le
Canada, l'État-Nation canadien, son gouvernement et ses citoyens; il doit, dès
le départ, être un contexte international, c'est-à-dire basé — à titre égal —
sur les nations autochtones de ce pays et sur leurs peuples.
J'ajouterai même que le système stato-national des
Nations-Unies et son droit international — fait de main d'homme — ne sauraient
présenter un cadre adéquat, car il s'agit d'un club exclusif d'états-nations,
reposant sur le cadre occidental moderne, qu'est le système stato-national,
lequel repose lui-même sur la culture politique occidentale et sur des
présupposés anthropologiques qui sont loin d'être des valeurs transculturelles
et universelles, comme il le prétend.
En élaborant une nouvelle relation entre les peuples
autochtones et non-autochtones de ce pays, nous ne pouvons recevoir notre
mandat exclusivement ou même principalement — comme nous le faisons
malheureusement à l'heure actuelle — de la Nation des frères et soeurs cadets
que sont le Canada, l'État-Nation canadienne, son gouvernement, voire son
peuple. Nous devons également recevoir notre mandat de nos frères et soeurs
aînés, les nations autochtones et leurs peuples, et ceci sur une base
égalitaire.
La question, en d'autres termes, n'est pas exclusivement
ou même principalement le Canada, l'État-Nation et le gouvernement canadiens,
ses citoyens, ni son intégrité territoriale, mais aussi l'Ile de la Tortue, les
nations autochtones, leurs peuples et l'intégrité de la terre.
C'est principalement le fait que notre cadre est
inconsciemment monoculturel, impersonnel, emprisonné dans le dilemne du monisme
et du dualisme et dans l'esprit pyramidal de monarchie, qui nous fait échouer
dans cette entreprise. C'est aussi le fait que notre cadre se confine trop au
paradigme objectivité/subjectivité, à la rationalité, à la dialectique, au
"logos", et en fin de compte à une approche de la vérité et de la
réalité exclusivement anthropocentrique, cosmocentrique ou théocentrique. Je
m'explique.
B. La nÉcessitÉ de fondements interculturels
Pour prendre au sérieux nos cultures
respectives, nous devons cesser de considérer la culture comme un élément
résiduel, à côté de beaucoup d'autres tels que le politique, le droit, la
religion et l'économie. Tout doit être considéré comme culturel. Par exemple,
dire que les Autochtones ont une culture signifie qu'ils ont une culture politique,
une culture légale, une culture socio-éducative et médicale, qui n'est ni une
simple variante de la culture occidentale (politique, économique, légale,
éducative et médicale) ou d'une supposée culture humaine a-culturelle,
transculturelle et universelle, qui, en fait n'existe pas. Les cultures ne sont
pas simplement des cas particuliers d'une culture humaine qui serait générale,
que cette dernière soit définie par la raison scientifique, l'esprit
occidental, ou shamanique.
La culture n'est pas simplement une perspective, une
grille de l'esprit ou un système, mais bien le mythe englobant d'un peuple dans
un temps et un espace concrets; il s'agit de toute un façon d'être, d'un
univers entier et d'un microcosme qui n'est pas objectifiable en dernière
analyse. La culture ne peut être comprise en profondeur qu'avec le coeur, par
la participation, la foi en elle et la communion avec elle. En fait, elle n'a
pas toujours besoin d'être comprise, mais bien d'être acceptée, qu'on la laisse
vivre ou d'être mise en liberté. Les
cultures peuvent être radicalement différentes. Leur harmonie ne requiert pas
l'unité malgré leurs différences, mais dans et à cause de ces différences.
Aujourd'hui, tout problème qui n'est pas abordé
interculturellement est déjà mal posé méthodologiquement. Pour le faire il ne
suffit pas de rassembler des Autochtones et non-Autochtones autour d'une table
ou autour du feu sacré. Nous devrions éviter d'utiliser le mot interculturel
quand nous voulons dire seulement l'étude des relations entre deux cultures ou
façons de vivre, avec les catégories d'une seule d'entre elles — dans notre cas
soit la non-autochtone (occidentale), soit l'autochtone. Une approche
interculturelle traite de la perspective même avec laquelle nous définissons et
approchons le problème. Elle reformule
le problème en utilisant les langages et les critères issus des deux cultures
en question. Elle prend au sérieux les
deux cultures. Elle présuppose qu'il
n'existe pas de language, de politique, d'économie, de religion, de façon de
vivre universelle, transculturelle, ni de critères universels d'après lesquels
nous pourrions juger tout ce qu'il y a sous le soleil. Cette approche présuppose encore que nous
nous trouvons toujours dans une culture concrète, quoi que nous fassions,
disions ou pensions et qu'aucune culture, religion, ou mode de vie ne saurait
prétendre — de façon convainquante — être le seul, unique et meilleur système
ou voie qui soit, en un sens absolu.
Elle présuppose enfin qu'aucune façon de vivre et qu'aucune culture n'a,
ni peut avoir le monopole de la vérité.
Ceci signifie en fin de compte qu'il faut considérer l'autre culture
aussi sérieusement que la nôtre.
Cependant, ce qui se passe en général dans nos relations
envers les peuples et les cultures autochtones est exactement l'opposé. Même lorsque nous partons avec un esprit qui
se veut grand et ouvert et avec des termes de référence que l'on veut larges et
englobants, nous présupposons inconsciemment que la culture est une chose
mineure, secondaire par rapport aux valeurs prétendument transculturelles du
politique, de l'économique et du droit. Bien plus, notre cadre de référence
reste strictement monoculturel.
1. Au-delà du monolinguisme. Prendre au sérieux les
mots et les langues autochtones
Notre dialogue se déroule d'habitude exclusivement dans
les langues occidentales, l'anglais et le français. C'est un piège. La
plupart des mots-clés que nous utilisons n'ont pas d'équivalents, par exemple,
en Mohawk. Les mots comme
"démocratie", "politique", "gouvernement",
"État-Nation", "prospérité", "droits",
"chefs", "revendications territoriales",
"souveraineté", "propriété", "territoire",
"frontières", "Canada", "Québec",
"citoyenneté", "Commission Royale", "économie",
"loi", "système juridique", etc... sont des mots
occidentaux qui portent en eux le bagage de notre anthropologie politique
occidentale et de notre cosmologie anthropocentrique, liées aux notions que
l'être humain est le centre, qu'il doit être l'artisan du monde, la mesure et
finalement le contrôleur et le maître de toutes les choses. Ils portent les
présupposés selon lesquels la liberté réside uniquement dans l'autonomie et le
choix. que nous avons besoin de chefs, de gouverne, de propriété, d'un état et
d'un état-nation, d'un territoire, de règle par la majorité et de souveraineté
etc... Toutes notions que nous considérons comme étant universelles mais qui ne
le sont pas. Le fait est que deux tiers de la population mondiale (autochtones
inclus) ne pensent pas de cette façon, ne définissent pas leur dignité ou leur
ordre social sur la base de droits, de gouvernements, de chefs, etc. même s'ils
utilisent ces mots lorsqu'ils parlent avec nous. La plupart des mots-clé en Mohawk n'ont pas d'équivalents dans
nos langues occidentales, par exemple "rotianeson",
"rotianer", "Kayanerekowa", etc.
Mais nous ne nous donnons guère la peine de comprendre
leurs mots, leur langage. Nous présupposons erronément que tout mot est
traduisible en une autre langue alors que ce n'est pas nécessairement le cas.
Bien sûr il nous faut trouver un langage et une langue
commune. Mais ce ne peut être uniquement l'anglais, le français ou le
Mohawk. Elle doit être ancrée dans les
deux, elle doit respecter les deux. Il (Elle) doit être ancré dans les deux et
émerger du respect des deux. Il (Elle) sera distincte des deux, et cependant en
continuité avec le meilleur des deux.
Ce ne peut être un esperanto imposé et concocté de façon artificielle ou
imposé; il doit découler d'un dialogue interne entre les deux. Ce doit être une
entreprise commune, bi-culturelle, que nous, les non-autochtones, avons à peine
commencé à entamer. Mais nous devons le faire. Il est impératif que nous
dépassions un cadre monolingue, à la fois au niveau de l'idiome et du language.
2. Surmonter le cadre de l'état-nation. Prendre leur culture politique au sérieux.
Récemment, lors d'une conférence publique, l'éminent
géographe québécois Louis-Edmond Hamelin affirmait que dans leur ensemble les
peuples blancs occidentaux n'avaient même pas encore accepté l'hypothèse que
les peuples autochtones aient une culture ou une tradition (politique) dont les
expressions et les présupposés puissent être radicalement différents de ceux de
la culture occidentale, néanmoins également valables et toujours vivants
aujourd'hui.
Il a raison. En outre nous avons considéré notre culture
politique de démocratie représentative/élective (et d'État-Nation) tellement
supérieure que nous avons toujours essayé de l'imposer, et de substituer notre
système électoral majoritaire aux systèmes de tous les autochtones de ce pays.
Nos gouvernements ont refusé et refusent toujours de dialoguer avec tout autre
"gouvernement" autochtone qui ne serait pas conforme aux standards de
notre propre culture politique. Par exemple, notre gouvernement refuse à ce
jour de reconnaître la Confédération des Six Nations Iroquoises; il ne traite
qu'avec les conseils de bande élus et leurs associations nationales. Les
cultures politiques propres aux autochtones sont perçues à priori comme primitives,
féodales, sous-développées, non-existantes, si bien que maintenant nous
proposons que les autochtones adoptent des auto-gouvernements occidentaux bien
à eux, bien entendu au sein du cadre de notre culture d'état-nation moderne et
démocratique occidentale et selon nos critères de représentation, de majorité,
d'élection, de démocratie, comme s'il ne pouvait y en avoir d'autres. Nous
équivalons la vie politique et l'ordre politique à l'État et à la
démocratie. Nous ne réalisons pas que
le fait de ne donner de choix qu'entre la démocratie et le totalitarisme, c'est
du totalitarisme.
Nous disons que nous voulons dialoguer à l'intérieur d'un
cadre politique élargi et en des termes de réference étendus, mais nous ne
dépassons jamais le cadre monoculturel occidental, même aux Nations Unies. Nous
nous mouvons toujours à l'intérieur d'une anthropologie politique occidentale
du système démocratique et stato-national moderne occidental — que cela soit le
Canada ou les Nations-Unies. Par conséquent, nous présupposons de façon
unilatérale que tous les gens de ce pays se trouvent au Canada, alors que la
plupart des autochtones estiment être principalement non dans cette réalité
artificielle, créée de main d'homme, administrative et impersonnelle qu'on
appelle Canada ou État Nation Canadien, mais
sur l'Ile de la Tortue, sans aucune frontière légiférée, créée par
l'homme. mais cette perception est rejetée par les non-Autochtones comme un
cadre et un horizon romantiques, poétiques, irréalistes. Elle est rejetée
péremptoirement et remplacée par le Canada, c'est-à-dire l'État Nation
Canadien. Lorsque les peuples autochtones disent qu'ils sont des nations et
qu'ils ont leurs propres cultures politiques, nous déduisons à tort qu'ils
veulent devenir des états-nations. Lorsqu'ils parlent d'auto-gouvernement, nous
supposons qu'ils n'ont pas encore de gouvernement et qu'ils veulent en créer
un, ou encore qu'ils veulent nécessairement — enfin! — avoir leur propre
système électif, moderne, démocratique, occidental, leur propre gouvernement
soumis à la loi de la majorité, tout cela sous la Constitution d'une Couronne
ou d'un État-Nation. Nous faisons de la projection, avançant qu'ils veulent,
soit être ultimement des sujets de la Couronne ou de l'État-Nation Canadien,
soit devenir des États-Nations indépendants ou des gouvernements distincts de
type municipal. Nous semblons être incapables de concevoir qu'ils peuvent
simplement vouloir être ce qu'ils ont été, et continuer d'organiser leur ordre
politique selon leur propre matrice et propres critères politiques
traditionnels, en y intégrant (ou en refusant d'y intégrer) des notions et
systèmes politiques extérieurs.
Cette Commission devrait insister pour que le
gouvernement et le peuple canadien cessent d'imposer leur culture politique
occidentale aux peuples autochtones; qu'ils reprennent le dialogue avec la
Confédération des Six Nations et ses chefs traditionnels nationaux, sur une
base de nation à nation. Non comme des nations domestiques, ni comme des
états-nations étrangers (ce qu'ils ne sont pas et n'ont toujours pas
l'intention de devenir) mais comme un régime politique radicalement différent
qui a autant d'importance que l'état-nation moderne éléctif, sans
nécessairement avoir à devenir un état-nation. Cette Commission, en d'autres
termes, devrait demander au gouvernement canadien et aux peuples
non-autochtones de ce pays de retourner aux traités et en particulier aux
Traités du Wampum-à-deux-rangs entre les Iroquois et les nations étrangères de
ce pays.
Nous devons cesser de parler exclusivement ou
principalement d'auto-gouvernement autochtone comme de quelque chose qui
n'existe pas encore ou comme s'il doit toujours être établi dans le cadre du
système d'État-Nation du Canada ou de la culture politique occidentale des
Nations-Unies, comme c'est le cas aujourd'hui. Nous devons cesser de parler des
Mohawks comme étant nécessairement ou prioritairement des citoyens de
l'État-Nation du Canada ou des États-Unis. Ils ne le sont pas. Il faudrait
laisser à leur propre choix, selon qu'ils veulent ou pas, peuvent ou pas, avoir
une double citoyenneté, ou n'être nullement citoyen d'aucun nation du tout.
3. Prendre leur relation unique à la terre au sérieux.
Intégrité territoriale ou intégrité de la terre et de nos relations de
gardienneage et de parenté à son égard?
L'état-nation moderne — s'écartant du meilleur de la
tradition occidentale de tenure de la terre (propriété personnelle et
communautaire, terroir, gardiennage, patrie et matrie), et ignorant le meilleur
de la relation traditionnelle autochtone à la terre en tant que parenté,
terre-mère qui elle même est la gardienne de tous les êtres vivants (l'homme
inclus) — considère la terre seulement
ou primordialement comme un objet qui peut être défini et divisé en des
portions abstraites et exclusives. Il revendique même la souvaireneté,
c'est-à-dire les pleins pouvoirs sur une portion de terre qu'il appelle le
"territoire" canadien. Son souci principal reste l'intégrité
territoriale, c'est-à-dire détenir le pouvoir souverain et exclusif sur cet
objet: «J'ai le droit d'utiliser et d'abuser. Je l'ai acquis ce droit grâce à
une législation édictée de main d'homme, à savoir la législation de
l'État-Nation. Et il est légitime ce droit, parce que j'ai le pouvoir de le
faire respecter.»
La propriété personnelle et communautaire a été remplacée
par des juridictions abstraties individuelles, soit privées, soit collectives.
Les relations de parenté avec la terre et la terre-mère ont été remplacées par
des relations monarchiques, des proclamations et des décrets royaux, et
récemment par une diarrhée législative et une bureaucratie légiférée complexe.
La terre, le terroir, le pays, la patrie et la matrie ont été remplacés par des
unités administratives abstraites, appelées territoire ou propriétés privées, à
savoir des objets impersonnels gérés par des experts légaux. L'État-Nation
Canadien (et autre) est plus intéressé à l'intégrité territoriale qu'il ne
l'est soit à la terre, soit à notre relation personnelle de parenté à son
égard, en tant que mère, frère, soeur, ou encore en tant que dimension de notre
propre être profond. En un mot, il s'intéresse moins à l'intégrité de la terre
et de la terre-mère, l'intégrité de l'Ile de la Tortue. L'intérêt est davantage
porté sur le contrôle individuel et collectif de ressources que sur les
relations d'amour et de parenté avec cette autre dimension profonde de
nous-mêmes.
Cette Commission devrait clairement faire remarquer
comment la sur-importance donnée à ces notions stato-nationales, de propriété
exclusive et d'intégrité territoriale est profondément nuisible à l'intégrité
de la terre et finalement aux personnes, communautés et nations qui
appartiennent à ce pays. La question de la terre autochtone pourrait être une
occasion unique pour tous les non-autochtones occidentaux surtout, de reprendre
contact avec leur tradition occidentale de propriété personnelle/communautaire,
de gardiennage et de l'enrichir des belles et puissantes relations
d'appartenance et de parenté qui existent entre les autochtones et la
Terre-Mère. Ceci signifie, bien sûr, une mutation à laquelle nous pouvons
travailler ensemble, autochtones et non-autochtones.
4. Surmonter le mythe du développement
Aujourd'hui, les autorités
gouvernementales canadiennes voudraient nous faire croire que tous nous voulons
et avons besoin de développement et de prospérité. Elles présentente le
développement comme étant l'équivalent de la bonne vie ou encore la société des
biens comme étant l'équivalent d'une bonne société. Il faut en finir avec ce mythe.
Certes, nous cherchons tous et avons besoin de bonheur et de bonne vie. Mais ce
que cela signifie dépend de notre cuture ou façon de concevoir la bonne vie. Il
serait prétentieux et arrogant d'identifier la bonne vie avec le développement.
Le développement n'est pas une notion universelle, un prérequis ou point de
référence nécessaire à la bonne vie. Penser qu'il en est ainsi est le plus
sérieux obstacle aujourd'hui pour accepter des façons de vivre qui différent de
cette vue totalitaire. Nous avons tous besoin de prendre nos distances par
rapport à une telle religion du développement comme étant la seule et la
meilleure façon de vivre bien aujourd'hui.
5. Prendre au sérieux l'unique tradition juridique
autochtone
Les Nations-Unies sont un club exclusif de 189 quelques
États-Nations, alors qu'il existe quelques 5000 nations dans le monde qui ne
sentent pas le besoin de devenir des états-nations pour être de véritables et
aussi importantes nations. Depuis plusieurs années, le droit international a
été réduit au droit établi par ce club exclusif. Il a élaboré ce qu'il appelle
la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, oubliant que les 2/3 de la
population mondiale n'organisent pas leur ordre social à partir de droits, mais
à partir de devoirs, "dharma", "li",
"Kayanerekowa". Donc non sur des lois élaborées par l'Homme, encore
moins sur les lois d'État-Nations, mais sur le "Grand Beau", les
dispositions inscrites dans la nature des choses. L'Occident attend cependant
d'eux qu'ils prouvent leurs droits et qu'ils le fassent à partir du système
légal unilatéral de l'État-Nation canadien et du club exclusif des
Nations-Unies, qui pensent détenir le monopole de la notion d'ordre. Les
autochtones font tout pour les accommoder, en parlant maintenant de leurs
droits, même si cela va à l'encontre de leurs propres façon de vivre; ils sont
contraints de se soumettre à ces lois (faites de main d'homme) de ce club
exclusif, au lieu de s'en tenir à leurs propres traditions juridiques. Ces
traditions juridiques autochtones — qui ne sont pas élaborées par l'homme et
qui ne sont pas basées sur la notion de droits — sont complètement ignorées par
le système d'État-Nation du Canada et des Nations-Unies. Le cadre légal,
unilatéral et monoculturel est celui des droits et des lois de l'État-Nation.
Et on appelle ça la justice! Les autochtones l'appellent avec raison la justice
de l'homme blanc. Jouant sur les mots, ils disent «justice = just us».
Les autochtones font déjà des concessions majeures à ce
système juridique en parlant de leurs droits autochtones. Mais pour ne pas
vendre leur âme, ils appelent ces droits des droits aborigènes inhérents, étant
donné qu'ils ne sont issus d'aucune loi conçue par l'homme ou par
l'État-Nation. L'État-Nation veut toutefois que tout soit défini, même
l'indéfinissable, défini en outre selon les critères occidentaux, quand ce
n'est pas par les officiels occidentaux eux-mêmes. Cela est complètement
irréaliste! Comme si la réalité et la vie se réduisaient à la Raison et à la
Conscience.
Cette Commission pourrait-elle simplement éveiller les
non-autochtones au fait que les autochtones ont leur propre tradition
juridique, qui n'a nullement besoin d'être réduite ou soumise au système
moderne non-autochtone de l'État-Nation et du club exclusif actuel des
Nations-Unies? Elle pourrait demander la révision de l'article 38 de la Cour
Internationale de Justice (La Haye), avec l'aide des nations autochtones, par
exemple celle de la Confédération des Six Nations. Elle pourrait recommander la
mise sur pied d'un véritable dialogue entre les traditions juridiques
occidentales et autochtones, entre les droits et les devoirs, entre le système
légal de justice occidentale et le monde légal de la Kayanerekowa.
6. D'une Commission Royale à un cercle familial de
parenté de Nations Aînées et Cadettes
C'est un fait historique bien établi que les nations
autochtones de ce continent n'ont jamais eu de notions de royauté, de
gouvernement de sujets. Leur culture politique a toujours été et demeure de
nature parentale. Ceci est particulièrement vrai dans le cas des Mohawks et de
la Confédération des Six Nations, qui n'ont jamais appelé leurs chefs rois,
premiers ministres, ou même chefs dans leurs propres langues, mais
"rotianeson" ou "rotiane", signifiant la femme ou l'homme
bon, celui qui jamais ne dicte, n'ordonne, ne représente, mais qui symbolise le
Grand Beau, la Grande Paix. Leurs relations politiques ont toujours été et sont
toujours basées sur la parenté plutôt que sur la royauté. Sachant cela, je fus
triste d'apprendre que cette Commission, qui se veut bi-culturelle, se disait
Commission Royale, "piégeant" ainsi les autochtones dans le cadre
monoculturel étranger habituel.
Gandhi connaissait la force des gestes symboliques.
Est-ce que cette Commission pourrait reproduire un geste symbolique et demander
à ce que son nom soit changé de "Commission Royale sur les peuples
aborigènes" à quelque chose comme "le Cercle familial (ou de parenté)
des Nations Aînées et Cadettes de ce pays que certains appellent Canada ou
États-Unis, et d'autres l'Ile de la Tortue"?
Oui, cela demandra une mutation pour passer de notre
cadre monoculturel à un contexte interculturel, ou mieux, à un horizon
interculturel ouvert.
C. La nÉcessitÉ d'une approche interpersonnelle
Nous avons confondu la personne et
l'individu, la communauté et l'individu collectif appelé collectivité. Aucun
d'entre nous - Autochtone ou non-Autochtone - n'est d'abord un individu, un
contribuable ou un citoyen d'une collectivité impersonnelle appelée État-Nation
du Canada. Nous sommes finalement des personnes humaines uniques et
indéfinissables. Nous ne sommes pas principalement des collectivités
d'individus, appelées minorités, majorités ou un État-Nation impersonnel appelé
Canada, mais des communautés interpersonnelles. Cette relation
intercommunautaire et interpersonnelle s'étend à cette terre: nous lui
appartenons tous et elle appartient à nous tous. Nous ne sommes pas ses maîtres
et elle n'est pas notre maîtresse. Elle est vraiment nous-mêmes et nous sommes
vraiment elle-même. Nous sommes ses gardiens et elle est notre gardienne. La
relation n'est pas d'abord juridique. La terre n'est pas principalement un
territoire défini par l'homme, doté de frontières exclusives, appelé Canada ou
États-Unis, mais un terre appelé Ile de la Tortue, Amérique du Nord et bien
d'autres noms non-légiférés. Comme nous, la terre n'est pas qu'un
environnement, un objet, une ressource, mais un merveilleux mystère de la Vie.
La nouvelle relation entre les peuples autochtones et non-autochtones
de ce pays doit être construite principalement sur des relations
interpersonnelles et intercommunautaires, et non sur des relations
impersonnelles de collectivités, d'États-Nations et d'individus. Elle doit être
principalement construite sur une relation interpersonnelle et
intercommunautaire avec la terre et avec tous les êtres vivants qui la
peuplent, non en la dépeçant en juridictions objectives et exclusives,
maintenues par des petits maîtres souverains dans leurs domaines très fermés et
leurs juridictions administratives. Ce problème n'est pas tant celui de gestion
et de juridictions pyramidales, que de relations horizontales de parenté entre
d'une part des frères et soeurs aînés et des frères et soeurs cadets, et
d'autre part entre frères aînés et cadets et leur Terre Mère.
D. La nÉcessitÉ d'un cadre pluraliste
Pluraliste signifie bien entendu
qu'il faut éviter un cadre moniste: un seul gouvernement, une seule autorité,
un seul système économique, légal, politique, éducationnel et socio-médical.
Mais pluraliste ne veut pas non plus dire un cadre dualiste ou pluriel. Il faut
éviter de confondre la pluralité — qui est dualiste — avec le pluralisme, qui
n'est ni un ni deux. La pluralité est de l'ordre du logos pur, tandis que le
pluralisme est aussi de l'ordre du mythe. Je n'entrerai pas dans la philosophie
de tout ceci, ce qui est pourtant extrêmement important, mais je ne ferai que
quelques suggestions concrètes:
1. Une confédération de Nations
Je crois sincèrement que nous devrons réfléchir ensemble
à la possibilité d'une Confédération des Nations: autochtones et
non-autochtones, irréductibles les unes aux autres ou à un dénominateur commun,
demeurant ainsi radicalement uniques et différentes, mais non-dualistes dans
leurs relations. Primo, je ne parle évidemment pas d'une Confédération
d'États-Nations pour les raisons déjà mentionnées. Secundo, les nations
autochtones ne peuvent être réduites à une seule nation autochtone, ni même à
une association élue ou Assemblée des Premières Nations. Tertio, les notions de
souveraineté de type exclusif et plénipotentiaire du système moderne
d'État-Nation devront être surmontées et les principes de démocratie
occidentale basés sur des notions simplement quantitatives d'individu, de
collectivité, de majorité, de minorité et de territorialité devront être
révisés en profondeur sans pour autant rejeter les valeurs primordiales
occidentales uniques de démocratie et de tenure de la terre.
Quarto, je parle d'une Confédération pluraliste de
Nations; en d'autres termes, il ne doit pas s'agir d'une ou de plusieurs
confédérations mais d'un réseau pluraliste de confédérations. Nous avons déjà
une Confédération des Six Nations, une Confédération Wabanaki, etc...
2. Une autorité pluraliste
À nouveau, il ne s'agit ni d'une autorité moniste,
dualiste ou plurielle, mais bien pluraliste (non-dualiste). Ce type d'autorité
est une tradition millénaire dans les cultures africaines où, par exemple, vous
avez une famille, un clan, une tribu ou une nation qui est "chef de
terre" à côté des représentants de l'autorité comme le Conseil des Aînés,
etc... On trouve un type similaire d'autorité dans le système Indien
["Indic" dans le texte anglais] de laJati . Plus proche de nous,
il existe l'autorité pluraliste dans la Confédération des Six Nations et même à
l'intérieur de chaque nation, grâce au système de clans, et à l'intérieur de
chaque clan, grâce à la famille politique du "royaner", du
"rarontaron", des gardiens du feu et des mères du clan. Je ne
prétends pas que ceux-ci devraient être les modèles d'une autorité pluraliste à
l'intérieur de Confédération(s) des nations autochtones/non-autochtones, je
prétends seulement que nous pouvons apprendre beaucoup de ceux que je viens de
mentionner et d'autres, par exemple, du système péruvien ayllu. L'autorité ne doit pas nécessairement toujours être
pyramidale; elle peut aussi être un cercle.
3. Une relation familiale entre Nations Aînées et
Cadettes (frère-soeur): Autochtones/Non-Autochtones
Je pense que nous pourrions commencer par établir ce
cadre pluraliste d'une Confédération des Nations et d'autorités pluralistes,
simplement en considérant nos frères et nos soeurs autochtones comme Frères et
Nations Aînés et en nous considérant comme les Frères et Soeurs et Nations
Cadets; ceci en gardant à l'esprit, malgré que nos devoirs les uns envers les
autres (et envers la terre) soient différents, que personne n'est sujet de
l'autre, que ce soit en tant que personnes ou en tant que nations, même si nous
sommes tous profondément interdépendants, au point que l'autre n'est pas
simplement un autre, un non-Moi, mais un Toi, une dimension de nous-mêmes, de
manière à ce que nous puissions réellement dire Nous, sans devoir être les
mêmes.
E. La nÉcessitÉ d'une approche dialogique
La méthode pour réaliser ce qui
précède est celle du dialogue dialogique (dia:
à travers; logos: la pensée). Cela signifie dépasser le
dialogue dialectique sans toutefois rejeter ce dernier. Cela veut dire
surmonter le syndrôme du modèle, l'hypnose du légal et de l'ordre. Certes, il n'y a rien de mal au logos , c'est-à-dire au fait de chercher
l'ordre, la rationalité, et l'objectivité, la rationalité, la science, de
chercher à comprendre. Mais la réalité n'a pas à être totalement logique,
ordonnée, ni à être restreinte à ce que l'esprit postule et saisit, ni
dépendante de la pensée.
Les lois de l'être et de la vie ne sont pas toujours — et
n'ont pas toujours à être — les lois de la pensée. La vie ne doit pas nécessairement et toujours comporter ou suivre
des lois, aussi utiles que ces dernières puissent être. L'ètre est toujours plus grand que notre
esprit et il en est libre aussi.
Le dialogue dialogique signifie aller à travers et
au-délà du logos pour atteindre le mythos , le mystère, sans y réduire la pensée. Cela veut dire allier notre pensée à un
petit peu plus de confiance cosmique, ou encore reconnaître le pluralisme (pas
seulement la pluralité) de la Vérité et de la Réalité. La Réalité n'est pas
entièrement objectifiable, définissable, modélisable, systématisable;
c'est-à-dire qu'elle n'est pas donnée une fois pour toute, mais est réelle
précisément parce qu'elle continue à se créer.
En somme, ceci signifie qu'il ne peut y avoir de cadre
interculturel et pluraliste à moins que nous n'ayons un horizon commun, un
mythe commun auquel nous puissions puiser ensemble, vers lequel nous puissions
regarder et auquel nous puissions croire ensemble. Un horizon ou un mythe
commun n'est pas simplement un logos commun, une doctrine commune, une loi ou
une constitution commune. Comme le dit la tradition mystique de la Longue
Maison: la Longue Maison n'est pas seulement le sol sur lequel nous nous
trouvons mais aussi le ciel au-dessus de nous qui est notre toit.
Restaurer ou installer le dialogue dialogique dans les
relations humaines entre personnes, familles, communautés, nations et cultures
autochtones et non-autochtones: il pourrait s'agir là d'une des choses les plus
urgentes et les plus importantes à réaliser pour notre époque, menacée par
l'opposition dialectique entre individus, collectivités, majorités et
minorités, États-Nations, couronnes et entre l'Homme et la Nature, le Séculier
et le Sacré, la Nature et la Culture.
CONCLUSION
Notre mandat et contexte ultime
Par conséquent, nous ne devrions pas prendre notre mandat
principalement et ultimement d'aucun Premier Ministre ou état-nation, d'aucune
religion ou culture; ni de l'Homme seul, de Dieu seul ou de la Nature seule;
mais de la Réalité entière que chacun et nous tous sommes; donc de la culture
et de la nature ensemble et aussi d'une source mystérieuse que personne ne peut
même définir ou comprendre totalement. C'est au Cercle que nous devons
ultimement rendre des comptes et non à l'État-Nation canadien, ni au
gouvernement canadien ou à aucun autre gouvernement.
Cela veut dire, utlimement, garder humblement le Rythme
de l'Etre, parce que nous sommes tous plus et moins que ce que nous pensons
être. L'Effort Humain oui, mais aussi la confiance cosmique et un sens profond
du mystère toujours insondable de la vie.
Il n'y a pas une alternative mais des alternatives. Il
n'y a pas de voie: le chemin est dans le cheminement ensemble. Il ne peut y
avoir de réponses adéquates à aucune de nos questions parce que chaque question
porte sur l'infini. Au delà de tous nos cadres, il y a la Réalité irréductible,
indéfinissable, cosmique et divine: le cercle cosmothéandrique dont nous sommes
tous des membres constituants et créateurs. Le cadre, en d'autres termes, est
le cercle dynamique, ultime et insondable de la Vie elle-même. N'oublions
jamais cela alors que nous essayons "d'encadrer les enjeux".
Notre tentative de réduire le bien-être au développement,
l'ordre politique à la démocratie, la nation à l'état-nation, la terre au
territoire, la personne à l'individu, la communauté aux collectivités de
majorités et minorités, la réalité à l'homme, à Dieu, à la nature ou à la pure
conscience, au mythe ou au logos; c'est la principale raison de notre
aliénation et de l'impasse.
De plus, ne supposons pas que nous posons tous les mêmes
questions ou devons même le faire. La vie nous interroge parfois davantage que
nous pouvons l'interroger. Et c'est ainsi que ça devrait être. C'est la base
commune de notre espoir et notre liberté.
RÉfÉrences
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