La pyramide mise mal : quelle place pour les rseaux ?
Stratgies d'acteurs au Chili entre dictature et transition.

 

Sandrine Revet 

Juristes-Solidarits / DEA Institut des Hautes tudes dAmrique Latine (IHEAL - Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)

 

 

(paru dans RIEJ 49, p 211-231)

 

Je rappellerai tout dabord que ma participation cette rflexion se fait en premier lieu en tant que membre de lassociation Juristes-Solidarits, qui est un rseau international dinformation et de formation laction juridique et judiciaire. Mais ma participation Juristes-Solidarits ma galement permis de me pencher, lanne dernire, pour un travail de recherche[1], sur une des expriences avec laquelle Juristes-Solidarits a pu tre en contact dans ses 12 annes dexistence. Il sagit de celle de lassociation Quercum, constitue par un groupe de juristes et de non-juristes chiliens, qui, sous la dictature puis dans la priode de transition vers la dmocratie, ont dcid de travailler avec des communauts urbaines marginalises pour dfendre  un usage alternatif du droit .

Lintrt de cette exprience pour la question qui nous occupe aujourdhui, qui est celle de la remise en question du paradigme de la pyramide par celui du rseau et en particulier, de savoir comment ce nouveau paradigme permet de repenser lEtat de droit, est quelle se situe dans un contexte politique en transformation. Nous avons en effet travaill sur une priode qui va de 1987 1994, qui correspond au Chili aux dernires annes de la dictature militaire du Gnral Pinochet (jusquen 1989) puis larrive au pouvoir du premier gouvernement de coalition dmocratique, celui de Patricio Alwyn, suivi en 1993 par celui de Eduardo Frei.

Dans ce contexte de transition dmocratique, dont on peut dire quil entame, au Chili comme dans dautres pays dAmrique latine, un processus de transformation fondamental dans le mode de pense de toutes les sciences sociales, apparat ce que certains appelleront crise de la modernit, dautres crise du positivisme. Le fait de se situer un instant charnire de lhistoire dmocratique dun pays peut nous conduire explorer les changements qui sy produisent avec la vision de lentre-deux, du passage et peut-tre de la cration ou de la naissance de nouvelles pratiques donnant lieu la recherche de nouveaux paradigmes pour les comprendre. Nous pouvons nous demander dans quelle mesure le travail de cette association permet de dceler les lments du passage dune vision du droit pyramidale une vision en rseau, et en quoi nous pensons que ces pratiques se situent dans un jeu de tensions duquel le rapport de force et la question du pouvoir ne sont pas absents.

Peut-tre est-il utile de rappeler certains vnements fondamentaux pour le sujet qui nous occupe.

Le contexte tout dabord. Le Chili, partir du coup dEtat de 1973, vit sous un rgime militaire, qui conduit des rformes conomiques qui sinscrivent dans le cadre de lidologie no-librale. Ce rgime militaire, en qute de lgitimit, et, comme cest souvent la tradition en Amrique latine, cherchant asseoir travers le droit les bases dune nouvelle socit, rdige et met en fonctionnement en 1980 une nouvelle Constitution. On y assiste donc un double processus de distance entre lEtat et la socit : par le biais du droit dune part, et par laccroissement non contrl des ingalits dautre part.

 

Le droit au service de la force.

Sans nous aventurer dans une analyse approfondie de la Constitution de 1980, il nous parat important de souligner quen faisant coexister dans ce texte le vocabulaire propre aux rgimes dmocratiques et des mesures autoritaires propres aux rgimes autocratiques tels que la restriction des droits de lhomme, la concentration des pouvoirs, les prrogatives militaires et limmuabilit de la Constitution[2], Juan Guzman, lidologue de cette Constitution a russi un vritable tour de force, dont une des consquences nous intresse ici, savoir celle de participer la perte de confiance de la population dans le texte de loi et dans la justice ou tout simplement dans le Droit en tant quinstitution dՃtat.

 

Les effets du modle conomique.

Lapplication du modle conomique nolibral, de manire particulirement  dogmatique  au Chili de 1974 1983 participe aussi certainement de ce processus. En effet lՃtat, dans une socit organise selon les principes no-libraux, en rduisant ses dpenses sociales, ne remplit plus les fonctions qui taient les siennes dans la priode prcdente. Conservant nanmoins sa fonction rgulatrice, il reste le seul producteur de normes officielles (les lois) et le seul pouvoir les faire respecter (par la contrainte). Dautre part, ces politiques conomiques auront pour consquence daccrotre considrablement les ingalits sociales, en dpit dune croissance souligne dans le monde entier comme le  miracle chilien . Cela contribue aiguiser le sentiment dexclusion et la distance qui sopre dans ce processus entre la population et lEtat.

 

Marginalit urbaine.

Sans nous attarder sur les conditions dans lesquelles lurbanisation chilienne sest produite, il nous faut prciser que lexprience de lassociation chilienne Quercum se situe dans des contextes urbains, de quartiers construits au cours du XXme sicle, essentiellement de manire  anarchique , coup dinvasions et de prises de terrains. Ces quartiers, les poblaciones, possdent un haut niveau dexclusion, la fois spatiale et conomique, dans la mesure o lon sy sent exclus des prises de dcisions dun centre inaccessible, dans le mme temps que lon doit avant tout sy proccuper de survivre avant que de se sentir  citoyen .

 

Ces petites prcisions en guise dintroduction peuvent paratre laborieuses, mais elles permettent de situer les raisons dՎmergence des pratiques dveloppes par Quercum. Elles nous amnent par ailleurs rflchir sur le fait quen se basant sur les pratiques elles-mmes, on est toujours amen penser en termes de contexte, politique et conomique. Le droit nest donc pas, quil soit pyramidal ou non, dconnect des autres secteurs de la socit, et il constitue en cela un espace darticulation ou de dsarticulation tout fait rvlateur. Dautre part, la question ici sera moins de savoir si le droit est ou non conu de manire pyramidale, mais de saisir la perception quen a la population, et en particulier celle qui vit dans les poblaciones. Cette perception est celle dun droit vertical, de dcisions de justice arbitraires, dans lesquelles on ne peut intervenir. La confiance en une justice neutre, qui rgule de manire efficace les conflits est perdue ou semble loigne.

La perspective que lon propose est donc, si lon se place dans le paradigme de la pyramide, celle de la base de celle-ci, soit les acteurs sociaux qui sont les  destinataires  des normes institues par la succession de niveaux au sein du droit.

 

 

I.                      Stratgies de Quercum.

 

Dans ce contexte chilien, comment peut agir la population pour viter la rpression institutionnalise par le Droit ? Jacobo Timerman, un journaliste argentin commentait en 1987 dans un essai sur le Chili :  Les Chiliens se sont transforms en des juristes imaginatifs. Pour survivre, ils doivent dcouvrir chaque jour de nouvelles stratgies qui leur permettent de traverser indemnes les vingt et une possibilits rpressives la disposition du gnral Pinochet suivant la Constitution que le dictateur fit approuver en 1980. Mais pour peu quun Chilien tudie ces formules juridiques avec laide davocats experts en matire de rpression, il ne pourra organiser sa vie de tous les jours sans sombrer dans un tat de panique. Car il narrivera jamais deviner les diffrentes interprtations que donneront ces lois les militaires qui larrtent ou les magistrats qui le jugent. (). La seule alternative qui lui reste, cest dessayer de vivre le moins possible, de rduire au maximum lenvironnement dans lequel se droule sa vie. [3].

Pourtant Quercum fait le pari de parvenir dpasser cette tendance rduire ses actions et son environnement, et propose dintroduire au sein des poblaciones une  vision critique du droit .

Cette vision peut-tre assez bien rsume par cette phrase, extraite dun des numros du bulletin de Quercum[4]:  Il ne suffit pas de savoir quels droits nous avons, mais il faut se demander si le Droit contient tout ce que nous voudrions, () et remettre en question les obligations que nous impose la loi. 

De 1985 1994, Quercum va chercher changer, au sein des communauts avec lesquelles lassociation travaille, le rapport qua la population avec le droit. En travaillant avec les organisations de base prsentes dans les communauts, les stratgies de Quercum iront de linformation la formation juridique, de la mobilisation au soutien des actions parfois illgales, du conseil juridique la collectivisation des conflits. Toutes sortes doutils seront mis la disposition de ces stratgies : bulletins, jeux, thtre, missions de radio, centres juridiques alternatifs, runions dinformation, et programmes de formation pour parvenir travailler, en 1989, avec 60 professionnels (moniteurs juridiques, avocats, ducateurs populaires) et une quarantaine de bnvoles.

 

1.       Elargir la notion de droit en introduisant celle de conflit juridique

 

Les membres de Quercum constatent lincapacit du Droit, dans son utilisation traditionnelle, rpondre aux besoins fondamentaux de lhomme : la sant, le logement, lՎducation, la justice.

En introduisant la notion de droit subjectif et celle de conflit juridique ds lors que les ncessits fondamentales ne sont pas satisfaites, les membres de Quercum tentent de faire prendre conscience des secteurs marginaliss des droits et des devoirs que devrait leur assurer le Droit.

Mais il sagit surtout dun travail sur un double registre : dune part la prise de conscience de ses droits, et la ncessit de les revendiquer, ce qui doit conduire laction. Dautre part, la prise de conscience que si la loi ne consacre pas ce que je considre comme des ncessits fondamentales, cest quelle est injuste et quil va falloir tenter de la transformer. Ce deuxime volet ne conduit pas forcment laction, mais la rflexion, puis la ngociation avec les diffrents niveaux du pouvoir lgislatif, excutif et judiciaire. Cest un travail sur le plus long terme, qui possde le risque de ne jamais exister, si laction permet de manire immdiate de rsoudre le problme de la ncessit non satisfaite. Ds lors, on comprend lutilisation de la notion de conflit juridique telle que lentrevoit Quercum.

 

 Je prfre ce concept, car il conduit une situation dynamique dirrsolution. Au contraire, le problme conduit une solution. Pour moi, le conflit ne se rsout pas. Le conflit est un tat permanent dinsatisfaction des ncessits humaines fondamentales. Cest permanent. Ce qui peut changer, ce sont les sujets de linsatisfaction et les gens qui la provoquent. () Le conflit nest pas une situation danarchie et de chaos, mais un tat dans lequel on va rsoudre des choses spcifiques[5] . 

 

 

2.       Soutenir les actions 

Au Chili, la question du sol et du logement est une question cruciale. Les tomas de terrenos  sont ds les annes 50 devenues un moyen trs utilis pour  rquilibrer  la mauvaise distribution de lespace urbain. Il sagissait alors dun groupe organis qui  prenait  en une nuit le plus souvent, un terrain priv ou appartenant lՃtat et qui y installait un campement, pour y loger lensemble des familles du groupe. Les principales caractristiques des tomas ds les annes 50 taient quelles taient diriges par un parti politique et quelles taient ralises en une seule fois, violemment, en prenant les autorits par surprise.[6]  Ainsi utilise par les partis politiques, la question du logement devient une arme lectorale fondamentale. Cest sous le gouvernement de Salvador Allende que les tomas se gnralisent.  Pour les pobladores, chaque toma tait une conqute inamovible et avec la gauche au pouvoir, les actions qui permettaient de rquilibrer ou de supprimer laccumulation des richesses par la bourgeoisie ne pouvaient tre considres comme illgales [7].On assiste ce moment-l un  renversement  du rapport lgalit / lgitimit.

Mais avec le coup dՃtat, le rgime militaire et la rpression, les tomas deviennent difficiles voire impossible. Pourtant, la question du logement Santiago, comme dans les autres grandes villes chiliennes, nest pas rsolue. On assiste alors la naissance de nombreux comits de mal logs et de sans-domicile.  Peu peu, certains ont commenc oser refaire des tomas.

LՎquipe de Quercum viendra en appui de nombreux groupes sur la question des tomas, selon des modalits diffrentes. Un exemple, celui de Pealoln, une commune situe dans la priphrie Est de Santiago, lors dune toma qui a eu  lieu en 1990. Lintervention de Quercum a consist en un appui juridique, dans une stratgie de  concertation  plus quune stratgie de rupture vis vis des autorits.

A Pealoln, 700 personnes ont envahi un terrain. Manuel Jacques raconte ainsi la stratgie qua dvelopp Quercum lors de cette action.

 Partant de lexistence dune subvention de lՃtat ayant comme but laide laccs la proprit pour les personnes qui avaient un livret dՎpargne logement, le comit communautaire sest organis de manire ce que chacun ait son livret, preuve de la volont dՎpargne et du srieux des personnes. Le comit sest adress deux reprises au Ministre du logement pour demander une subvention pour lensemble des gens, dmarche qui na pas eu de suite. Cest alors quils ont occup le terrain et demand notre soutien. La premire chose faire est de lgitimer loccupation et dutiliser la lgalit informelle comme un instrument de lutte pour lgaliser loccupation. Cest le moment de ngocier avec les autorits. Ces personnes ne sont ni des gurilleros, ni des irresponsables, mais une communaut organise. Avec laide de juristes, de campagnes de signatures et de comits de soutien, nous avons pu prparer la convention dengagement pour lachat du terrain. Devant le srieux de la dmarche, la rpression devient impossible. Quand les dossiers sont prts, cest le moment de construire rapidement des logements pendant la nuit, pour formaliser encore plus la situation. [8].

 

Dautre part, au cours des tomas, un travail dappui lorganisation interne des groupes faisant partie de la communaut se met en place. Quercum instaure en effet lՎlaboration des  statuts communautaires .

  Quand on prenait un endroit, on commenait par laborer les  statuts communautaires , qui devenaient au fond la loi du voisinage.() Une sorte de loi qui rgulait la situation du logement dans chaque situation spcifique, en passant par-dessus la loi officielle. Cette loi devenait le lien de la communaut, qui discutait les statuts. Ceux-ci passaient dans les mains de tous les dirigeants communautaires, et nous permettaient en nous runissant, de rgulariser certaines situations, par exemple sur les familles qui demandaient avoir leur propre espace.[9] 

 

On voit donc que le soutien aux actions des communauts va dune part dans le sens dune recherche de lgalisation, et dautre part, dans lappui la recherche de solutions alternatives aux conflits qui surgissent dans ce cadre, par la  cration  dun  autre droit . Pas de rejet, donc, fondamentalement, du principe de la ncessit du droit. On nest pas devant la ngation du droit, mais dans la recherche dune utilisation de celui qui existe  au service  dune cause : celle des mal logs et des sans domicile dans le cas des tomas de terrenos, ou de la production de droit quand le droit officiel ne permet pas de rpondre aux problmes rencontrs.

 Si le droit consiste normaliser des aspects de la ralit, dans le cas des occupations de terrain par les groupes populaires, dans la mesure o ils parviennent maintenir leur occupation et concrtiser leur droit un logement, ce quils font cest normaliser cet espace de leur ralit. Si par exemple, le groupe mobilis obtient la reconnaissance de lՃtat de son droit rester dans le lieu occup, ce quil a fait cest rgulariser son droit au logement, et lgitimer son tat juridique de sjour dans lendroit. [10]

 

Dans le cas du soutien aux actions de tomas de terrenos, nous nous trouvons face un double enjeu : celui de la lgalisation dune pratique considre comme illgale vis vis du droit de proprit, dautre part, celui de lexistence ou de la cration de systmes juridiques parallles au systme juridique de lՃtat.

 

3.       Dmystifier le droit

En partant du constat que la perception du droit, particulirement pour les populations marginalises, participe dune conception excluante plus globale et par consquent vhicule le sentiment que le Droit , et tout ce qui fait partie du systme juridique, est construit de manire verticale, et devient par ses attributs symboliques et son fonctionnement rituel, quasiment  sacr  et intouchable, les membres de Quercum vont tenter de  dsacraliser le droit .  Ce travail consistera tablir laide dun certain nombre dacteurs et doutils, des liens, des  ponts  entre la population et le droit.

 

Les passeurs :

Les fondateurs de Quercum, des avocats populaires, sont conscients dexister la frontire entre deux mondes : dune part le monde juridique auquel ils appartiennent et par lequel ils ont t forms ; de lautre, le monde des poblaciones, physiquement en marge puisquen priphrie urbaine, et socialement exclu. Jusque l  dfenseurs  des causes des exclus ou des plus pauvres, ils entrevoient les limites de leurs actions tant que celles-ci ne reposeront que sur leur seule capacit rsoudre individuellement et de manire ponctuelle les cas auxquels ils sont confronts. Ds lors, afin de rduire la distance qui existe entre ces deux mondes,  Quercum dtecte la ncessit de former des personnes, dun ct comme de lautre de la  frontire .

 

Les tudiants en droit

Il sagira tout dabord de former des tudiants en droit, ou de les  d-former  pour garder la terminologie employe par Manuel Jacques, un des fondateurs de Quercum.

Cette d-construction ou d-formation se formulera dans le contenu des cours qui seront dispenss de 1985 1993 chaque anne, et qui reprennent les diffrents points qui fondent lexistence de Quercum :

-           Une critique de lՎducation lgaliste, classique et  monopolisante  de la connaissance juridique. Formation aux mthodes de lEducation Populaire.

-           Une remise en cause du systme dassistance juridique individuelle et du systme judiciaire lui-mme.

-           Lintgration de la formation juridique populaire,

-           Lintroduction de la notion de conflits juridiques comme quelque chose de plus large que les problmes lgaux,

-           La ncessit de la cration de centres juridiques dans les poblaciones, favorisant la participation de la communaut.

 

Les avocats 

Les avocats constituent galement des  passeurs  indispensables pour la mise en place du projet de Quercum. Si lide nat deux, pendant toute la priode que nous tudions, Quercum naura de cesse damener de nouveaux avocats rejoindre le travail qui se fait avec les communauts. Il faut souligner que le simple fait de participer ce travail peut contribuer mettre le professionnel du droit dans une situation  marginale  vis vis de la branche la plus traditionaliste de la profession.  En effet, le travail de  dmystification  du droit et du systme juridique passe par labandon dun certain nombre de  privilges  habituellement reconnus au juriste, notamment en terme de statut social. Cet abandon passera au niveau symbolique par ladoption dune tenue vestimentaire informelle, dun langage  populaire , ou de comportements sociaux plus informels que ceux de lensemble de la profession.[11]  Il faudra galement que les avocats apprennent et acceptent le travail en quipe, et en particulier avec des non-juristes : ducateurs populaires, psychologues, travailleurs sociaux, tudiants en droit, moniteurs juridiques La pluridisciplinarit est donc un exercice tout fait innovante pour ces professionnels, qui, mme  acquis la cause  pratiquaient gnralement de manire plutt individuelle dans le cadre du travail populaire avant la cration des centres juridiques alternatifs de Quercum.

 

Les moniteurs juridiques 

Le moniteur juridique est ainsi dfini dans un article de Quercum sur  La formation des moniteurs juridiques dans les centres juridiques[12]  :

 Cest un agent populaire, membre dorganisations ou de groupes de base, qui se prpare pour travailler pratiquement, depuis et avec la communaut, dans une tche multiple de reconnaissance des conflits que vit sa communaut locale, sectorielle ou communale, afin de donner ces conflits (manque deau, dՎlectricit ou de services, problmes des mal logs, manque de participation du quartier, mauvaise attention au niveau de la sant, abus dautorit, etc.), une dimension collective et juridique. 

Plus loin dans larticle est souligne  limportance  de son insertion ou de son appartenance des groupes ou des organisations actives dans laction populaire  .

 

Le terme de  passeur  nous parat particulirement appropri pour ces moniteurs juridiques qui semblent permettre un vritable point de contact entre deux mondes, celui, apparemment formel, du Droit et du systme juridique, et celui, plus  informel  et marginalis, des poblaciones.

 

Les centres juridiques

Simultanment la formation des tudiants en droit qui formaient leur tour des leaders des communauts, Quercum encourageait la cration de centres juridiques populaires ou alternatifs. Implants au cur des communauts ces lieux avaient pour principal objectif de matrialiser le travail qui se faisait, en un espace reconnu par tous. Le fait quon puisse y rencontrer la fois des ducateurs populaires, des leaders des groupes de base, des tudiants en droit et des juristes, et que le nom donn ce lieu soit celui de  centre juridique  laisse supposer que les centres eux-mmes sont porteurs dun message et dune symbolique. La Justice parat loigne ? Rapprochons-l des communauts. Elle parat difficile daccs ? Implantons dans ce lieu des  passeurs . Et si dans les programmes juridiques habituellement destins aux populations les plus dfavorises on trouve une  assistance juridique  gratuite et individuelle, Quercum propose de dpasser cette vision, et organise le travail qui se fait dans les centres autour des conflits collectifs.

 

 

II.                  Lusage alternatif du droit dans le rapport lEtat.

 

1.       Confrontation

Dans le contexte de la dictature, les stratgies de Quercum seront essentiellement des stratgies de confrontation vis vis de lEtat. En effet, dans cette phase de naissance de Quercum, les acteurs du conflit sont nettement identifis, et la vise politique est simple : le retour la dmocratie. La cl de vote des Droits de lHomme permet mme une reconnaissance et un soutien international. Le sentiment de la lgitimit de la lutte permet dacqurir un certain potentiel mobilisateur, en particulier au fur et mesure que la socit intgre la ncessit de se mobiliser pour le retour la dmocratie en 1988.

La perte de lgitimit nationale et internationale du rgime autoritaire procde ce renversement de la perception sociale de la source lgitime dordre et conduira au passage du pouvoir par les militaires un gouvernement dmocratique.

 

 

2.       Ngociation, conciliation ? Rupture ?

A partir de 1989, la dfense des Droits de lHomme va cesser dՐtre le centre du discours de Quercum, et laction va se recentrer sur une approche critique du systme conomique et du pouvoir local mis en place par le rgime militaire dont la Concertation Dmocratique hritera son arrive au pouvoir.

Cependant, cette priode qui souvre sannonce plus difficile grer. La premire raison de cette difficult est que la pression semble avoir diminu et que les organisations de base, tout comme la grande majorit de la population, ressentent un certain besoin de confiance dans les nouveaux reprsentants au pouvoir. Lordre, longtemps symbolis par le rgime militaire, est progressivement pass dans le camp de la dmocratie. Les discours qui tendent remettre en question cette volution peuvent alors tre ressentis comme des risques de dstabilisation, qui font penser au  retour du chaos  craint par lensemble de la socit.

La transition nous dit Norbert Lechner, est au Chili fonde sur  deux consensus de base : la dmocratie comme ordre politique et lՎconomie sociale de march comme ordre conomique [13] ce qui implique un certain nombre daccords tacites. Celui qui parat le plus significatif Lechner est le fait que la  gouvernabilit  soit privilgie, dans la mesure o cela implique le fait quon ne remette pas en question lordre conomique et politique tabli, quon vite les sujets connotation idologique et les effets mobilisateurs. Dans lopinion publique tout comme au sein du systme politique sintroduit la  peur des conflits dstabilisateurs .[14]

 

Ds 1990, le Ministre de la Justice du gouvernement de Patricio Alwyn convoque une commission de sept personnalits du monde juridique pour travailler lՎlaboration dun projet juridique pour le pays. Manuel Jacques, un des fondateurs de Quercum fait partie de ce groupe de travail. Des propositions surgissent, et en 1991, des financements arrivent de la Banque Interamricaine de Dveloppement (BID) pour le projet labor par le groupe en vue de la  modernisation du travail juridique et social . Le gouvernement qui avait propos, au cours de lՎlaboration du projet aux Organisations Non Gouvernementales prsentes dans le groupe de travail, de participer son excution, dcidera, aprs avoir reu les financements dexcuter le projet lui-mme.

Les gouvernements de transition, sur la base de cette rflexion, proposeront plusieurs projets de loi pour tenter de palier le mauvais accs la justice constat dans les secteurs marginaux.

 

 

          Projet de loi de cration des Tribunaux de voisinage

Prsent au Congrs en 1992 par le gouvernement de Patricio Alwyn, ce projet avait pour objectif de crer une justice  moins formelle et plus rapide, oriente par les principes doralit et de proximit [15]. Les juges devaient tre remplacs, dans ces tribunaux, par des avocats qui auraient eu pour mission dagir comme  conciliateurs .

On y reconnat une partie du discours dfendu par Quercum : la ncessit de la proximit, les tentatives de  dmystification  du droit, mme si dans les propositions de Quercum[16], la prsence mme de lavocat dans les Tribunales vecinales tait remise en question pour introduire une personnalit reconnue dans le quartier pour prendre le rle du mdiateur.

Ce projet est rest bloqu au Snat et na jamais pu voir le jour.

 

 

          Projet de loi de cration du Service National dAssistance Juridique.

galement propos par le gouvernement de Patricio Alwyn en 1992, ce projet devait permettre dՎlargir la couverture nationale des services dAssistance Juridique et de rpondre, au-del des conflits judiciaires, aux actes extrajudiciaires de la population. Il comprenait une partie de conseil et de formation des bnficiaires pour les actes juridiques cits et devait encourager lutilisation de la mdiation et de la conciliation pour la rsolution des conflits juridiques.[17]

Il reprenait un bon nombre de notions dfendues par Quercum, comme on la vu prcdemment. Parmi elles : la notion de conflit juridique, qui largit considrablement le domaine de travail, ce qui incluait donc la mise en place dՎquipes pluridisciplinaires (avocats, psychologues et autres professionnels)[18] ; mais aussi, la rsolution alternative des conflits ainsi que linformation et la formation de la population concerne.

Ce projet est rest bloqu au Congrs et na donc pas t mis en place.

 

 

          Les Corporations rgionales dAssistance Juridique

Il sagit dun projet qui, lui, a vu le jour en 1995 sous le gouvernement dEduardo Frei et qui rpond la mme volont. Il sagit dՎlargir, de dcentraliser, et damliorer le systme des Corporations dAssistance Juridique, en incorporant larbitrage, la conciliation et la mdiation comme des voies alternatives de rsolution des conflits, en crant  un systme dcentralis, efficace et hautement professionnel , et en agissant au niveau de la prvention en procurant des connaissances juridiques et des informations[19].

Des trois projets cits, celui qui a vu le jour est donc celui des Corporations Rgionales dAssistance Juridique, qui met en avant l  efficacit  et le  professionnalisme . On peut donc en dduire que les grandes lignes du mouvement pour un Usage Alternatif du Droit ne sy retrouvent pas rellement. Pour Manuel Jacques,  il sagit avant tout de trouver le moyen de dsengorger les tribunaux pour rpondre aux critres defficacit imposs par les institutions internationales plutt que dune relle volont de crer dans la population une autre approche du droit [20]. Lanalyse critique du droit, la collectivisation des conflits, lappropriation de la rsolution des conflits tels que les dfendaient Quercum ne sont en effet pas abordes dans ce projet.

Doit-on alors faire avec Quercum le constat que la pyramide sest maintenue, ne permettant pas lՎmergence du rseau ? Ou doit-on plutt se situer dans une perspective de transition, dentre-deux, o lon voit merger, sintroduire au sein du droit des lments qui viennent questionner la pyramide comme la proximit, linterdisciplinarit, une certaine flexibilit ? Pour Quercum, se situer dans cette perspective serait mettre fin laction. Pour nous qui rflchissons sur les volutions que cette exprience a pu apporter, en termes non plus de dichotomie pyramide/rseau mais de tension entre ces deux ples, on doit mettre en vidence que les mesures de transformation de lappareil juridique chilien, bien que limites, ont t impulses sur la base de la pression qua su faire jouer la  socit civile  sur les institutions de lՃtat, au moment o louverture dmocratique voyait le jour, elle-mme limite par le contexte autoritaire que lon connat. Le caractre centripte du mouvement parat donc vrifi, mme si dans ce jeu de pressions et de tensions, les acteurs de la socit civile -et notamment Quercum- dveloppent le sentiment dune  rcupration  plutt que celui dune  victoire .

Cependant, si lon devait dcrire le contenu des rformes mises en uvres par les gouvernements de concertation au dbut des annes 90, on pourrait certainement le dessiner sous forme de mini-pyramides, fruits de la dcentralisation, plutt que sous la forme de rseaux.

 

III.               Changement de paradigme ? Mise en perspective.

 

Cet tat de fait nous permet de nous poser la question de savoir en quoi lEtat de droit peut ou non tre renforc par lintroduction des lments du rseau au sein de la pyramide. Le danger le plus tangible et le plus souvent voqu est celui dune certaine "informalisation" du droit. Le remplacement des procdures officielles, de lenveloppe symbolique du droit travers sa dsacralisation, les tribunaux de proximit, les instances de mdiation et surtout, la prise en charge par une partie des acteurs concerns des conflits juridiques que lEtat devrait assumer peut nous amener penser que ces pratiques portent en elles une certaine contradiction : le Droit de lEtat devrait assumer ces fonctions, il ne le fait pas, il sagit donc de prendre en charge ce travail. Nest-ce pas l rentrer dans le jeu du dmantlement de lEtat en tant quespace darticulation des relations sociales ? Nest-ce pas participer de cette idologie qui dclare les Etats incapables, trop faibles, impuissants et qui regarde avec bienveillance tout ce qui procde de lauto-rgulation (si tant est quelle existe) ?

Pourtant, en se situant dans la perspective de la lgitimit des acteurs des pratiques, on en vient plutt, comme le propose Alain Rochegude[21] distinguer diffrents  niveaux de lois  en fonction des diffrents niveaux de lgitimit. Mais dans cette nouvelle perspective, il devient parfois difficile de dpasser le niveau du local en ce qui concerne lintroduction de la lgitimit des acteurs sociaux et politiques dans la cration du droit.

Voyons ce quune mise en perspective avec dautres contextes peut nous apporter. On a assist dans les dix dernires annes dans dautres pays dAmrique latine une sorte de  vague constitutionnelle  qui tente de raffirmer par le droit le fonctionnement de lEtat de droit. Les exemples les plus marquants pour lՎtude de ces phnomnes sont notamment le cas colombien, o une nouvelle constitution est mise en place en 1991[22], le Brsil, o le projet constituant sentame en 1988 et le Venezuela, o le nouveau prsident Chvez a organis en 1999 une assemble constituante qui dbouchera sur une nouvelle Constitution approuve par rfrendum en dcembre 1999.

Les points communs de ces nouvelles constitutions sarticulent autour de quelques grands points. Dune part le renforcement de la sparation de pouvoirs qui passe par le renforcement du pouvoir judiciaire et par lintroduction de certains lments du parlementarisme pour attnuer la tendance prsidentialiste et son effet de concentration du pouvoir. On pourrait dire que lon voit sintroduire avec les nouvelles Constitutions un nouveau pouvoir, qui est celui du contrle avec la cration de nouvelles Cours charges de veiller la lgalit du systme.

Dans le mme temps, ces nouvelles Constitutions consacrent une multitude de droits et gnrent par consquent une multiplicit dinstitutions permettant la garantie de ces droits, ainsi quune multiplicit des procdures. On pense par exemple au cas colombien o lon voit apparatre une Cour Constitutionnelle, un  fiscal gnral , ainsi quun  dfenseur du peuple  qui viennent sajouter aux institutions prexistantes. De mme des procdures comme laction de tutelle, nouvellement introduite pour permettre la garantie de la  Charte des droits  (85 articles portants sur les droits fondamentaux, les droits sociaux, conomiques et culturels, les droits collectifs, les mcanismes de protection et dapplication des droits et les droits et devoirs du citoyen) rvlent assez bien cette tentative de consacrer dans la Constitution la multiplicit des droits.[23]

On pourrait y lire une certaine incursion du droit dans la ralit politique, qui ne serait pas sans lien avec une baisse en parallle de la capacit et/ou de la lgitimit des acteurs de la reprsentation politique traditionnels (partis, syndicats) rsoudre un certain nombre de problmes, dont le droit sempare alors. Mais en changeant de perspective, on peut galement proposer une lecture qui permettre de dceler dans cette prise en considration par le Droit de la demande de reconnaissance dun certain nombre de droits, soit lincursion, linverse, des acteurs et de leurs rseaux au sein de la production du droit.

La crise du positivisme juridique qui a lieu en Amrique latine au moment des  transitions , ou des processus de dmocratisation politique, branle dans le mme temps la vision dveloppe par Hans Kelsen dune hirarchie des normes et dun droit  autonome . On en arrive galement et par voie de consquence une concurrence entre les diffrents droits, une  rivalit qui sera rgule en partie par la capacit que dvelopperont les acteurs pour mettre en uvre des stratgies. Cest le cas notamment des droits indignes[24] ou des stratgies dveloppes par exemple par les populations  noires  du pacifique colombien pour la titularisation de territoires collectifs.[25]

On assisterait alors selon certains auteurs avec cette nouvelle vague de Constitutions en Amrique latine au dveloppement dun nouveau paradigme, celui de la  Socit de droits [26], dans la mesure o lacteur social se trouve dans la situation davoir effectuer des choix rationnels de combinaison doutils juridiques qui sont sa disposition.

On pourrait cependant nuancer quelque peu cette vision en rappelant que tant que ces volutions ont lieu dans un contexte social et conomique o se creusent les ingalits et o le problme de lexclusion nest pas rsolu, les conditions ne sont pas vraiment runies pour quon voie lacteur social se transformer en acteur de droit.

 

 

***

 

Si le travail de groupes comme Quercum semblait pouvoir proposer de transformer des sujets de droits en acteurs de droits susceptibles dagir au sein de la pyramide ou en tant que rseau, les transformations constitutionnelles rcentes en Amrique latine gardent encore de vritables rsistances remettre en question la hirarchie impose par la pense positiviste.

Il est donc difficile daffirmer quon est pass, en Amrique latine du paradigme de la pyramide celui du rseau et la vision de lentre-deux, du point de tension nous parat plus apte envisager la ralit actuelle. Les pratiques, dans cette rflexion, nous questionnent. Les interrogations que les acteurs des pratiques de droit dites  populaires  ou  alternatives  soumettent aux chercheurs sont nombreuses. Linterdisciplinarit semble alors plus que jamais indispensable, pour aborder cette priode transformatrice avec une perception la plus accrue possible dune ralit mouvante, et profondment en devenir.

 

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[1] Sandrine REVET, Usage alternatif du droit et transformation sociale. Appropriation, utilisation et largissement de la notion de droit au Chili sous le rgime militaire puis en priode de transition dmocratique. Mmoire de DESAL, Dir. J.M. BLANQUER,  IHEAL, Paris III, 2001, 103p.

 

[2] ENSALACO,M., "In the New, Out with the Old ? The democratising impact of constitutional reform in Chile", Journal of Latin American Studies, Cambridge, vol. 26, n2,1994, pp.409-429.

[3] TIMERMAN, J.,  Chile : El galope muerto.  Editorial El Pas, Madrid, 1987, cit par De RYCK, S., Prsentation de Chili, la force contre le droit, Critique de la lgalit du systme chilien. (TAPIA, J., ALVAREZ, M., HALES, A., CASTILLO, J., TEITLBOIM, S., ALMEYDA, C.),  LHarmattan, Paris, 1989, p. 12.

[4] Los derechos de todos  n 5, Quercum, aot 1988

[5] Entretiens avec Manuel Jacques, fondateur et responsable de lassociation Quercum, Paris, 7 et 14 mai 2001.

 

[6] de RAMON Armando  La poblacion informal. Poblamiento de la periferia de Santiago de Chile. 1920-1970 , EURE, Vol. 16, n50, Santiago, Dcembre 1990, p. 13.

 

[7] GROSS, Patricio,  Santiago de Chile (1925-1990) : Planificacion urbana y modelos politicos , EURE, Vol. 17, n52/53, 1991, p. 45

 

[8] JACQUES, M.,  Stratgie de concertation et stratgie de conflit au Chili , Fiche n8, Pratiques du droit, production de droit : initiatives populaires Ed.,Juristes-Solidarits, coll. Les documents de travail de la Fondation pour le Progrs de l'Homme , Tome 1, n81, Paris,1996, pp. 31-32

 

[9] Entretiens avec Manuel Jacques, fondateur et responsable de lassociation Quercum, Paris, 7 et 14 mai 2001.

 

[10] CALDERON ASTETE,Rodrigo, Uso alternativo del derecho u derecho alternativo, Thse Universidad de Concepcion, Faculdada de Ciencias juridicas y sociales, Santiago de Chile,1995, p.182

Rodrigo Calderon attire lattention du lecteur sur le fait quil utilise lexpression  occupation de terrain  plutt que celle de  prise de terrain  dans le sens o lexpression  toma  lui semble dlgitimer et rendre laction illgale.

 

[11] ROJAS HURTADO, F.  Les services juridiques en Amrique latine . Rflexions partir dune recherche , Droit et Socit (Paris) n22,1992, p. 424

[12] Bulletin Los derechos de todos  n 7, mai 1989, p.15

[13] LECHNER, Norbert,  Chile 2000 : las sombras del maana , Estudios Sociales, vol. 27, n105, 1994, Santiago, p.6

 

[14] ibid, pp.6-7

[15] GONZALEZ ,M.U., PAVEZ, M.V, Polticas pblicas y necesidades de justicia de los sectores pobres , Estudios Sociales, Santiago,n83,1995, p.69

 

[16] Manuel dՎducation juridique populaire : Seguridad ciudadana y justicia vecinal, Mai 1992

 

[17] GONZALEZ ,M.U., PAVEZ, M.V, Polticas pblicas y necesidades de justicia de los sectores pobres , Estudios Sociales, Santiago,n83,1995, p.70

 

[18] ABARCA DIAZ,A., "Trabajo social : de lo para-juridico a lo juridico-social", Estudios Sociales, Santiago, n104, 2000, p. 38

 

[19] GONZALEZ ,M.U., PAVEZ, M.V, Polticas pblicas y necesidades de justicia de los sectores pobres , Estudios Sociales, Santiago,n83,1995, p. 71.

[20] Entretiens avec Manuel Jacques, fondateur et responsable de lassociation Quercum, Paris, 7 et 14 mai 2001.

 

[21] Alain ROCHEGUDE,   De la pyramide au rseau ? De la ncessit du politique dans la production du droit , p.2

[22] Voir Jean-Michel Blanquer  Les institutions lՎpreuve de la pratique  in La Colombie laube du 3me millnaire, Paris, IHEAL,1996.

[23] On peut lire une prsentation de laction de tutelle par Manuel Jos CEPEDA, qui fut conseiller lors de la rforme constitutionnelle en Colombie dans  Laction de tutelle, arme du citoyen contre larbitraire , in J.M. Blanquer, C. Gros, La Colombie laube du troisime millnaire, IHEAL, Paris, 1996.

[24] Lire par exemple propos de la Colombie : Christian Gros  Derechos Indigenas y nueva constitucion  in Analisis Politico n19, mayo-agosto 1993, pp.8-24

[25] Michel Agier, Odile Hoffmann  Les terres des communauts noires dans le Pacifique colombien. Interprtations de la loi et stratgies dacteurs  in Problmes dAmrique latine, n32, janvier-mars 1999, pp.17-22.

[26] Jean Michel BLANQUER  Etat de droit  et  Socit de droits  : lAmrique latine la recherche dun concept directeur  in Forum Dveloppement et Culture Tome4, BID/UNESCO Sciences Po / Fondation Herrera, Paris, 11 et 12 mai 1999, p.10.