La pyramide mise mal : quelle place pour les
rseaux ?
Stratgies d'acteurs au Chili entre dictature et transition.
Sandrine Revet
Juristes-Solidarits / DEA Institut des Hautes tudes
dAmrique Latine (IHEAL - Paris 3 - Sorbonne Nouvelle)
(paru dans RIEJ 49, p 211-231)
Je rappellerai tout dabord que ma participation cette rflexion se
fait en premier lieu en tant que membre de lassociation Juristes-Solidarits,
qui est un rseau international dinformation et de formation laction
juridique et judiciaire. Mais ma participation Juristes-Solidarits ma
galement permis de me pencher, lanne dernire, pour un travail de recherche[1],
sur une des expriences avec laquelle Juristes-Solidarits a pu tre en contact
dans ses 12 annes dexistence. Il sagit de celle de lassociation Quercum, constitue par un groupe de juristes et de
non-juristes chiliens, qui, sous la dictature puis dans la priode de
transition vers la dmocratie, ont dcid de travailler avec des communauts
urbaines marginalises pour dfendre un usage alternatif du
droit .
Lintrt de cette exprience pour la question qui nous occupe
aujourdhui, qui est celle de la remise en question du paradigme de la pyramide
par celui du rseau et en particulier, de savoir comment ce nouveau paradigme
permet de repenser lEtat de droit, est quelle se situe dans un contexte
politique en transformation. Nous avons en effet travaill sur une priode qui
va de 1987 1994, qui correspond au Chili aux dernires annes de la dictature
militaire du Gnral Pinochet (jusquen 1989) puis larrive au pouvoir du
premier gouvernement de coalition dmocratique, celui de Patricio Alwyn, suivi
en 1993 par celui de Eduardo Frei.
Dans ce contexte de transition dmocratique, dont on peut dire quil
entame, au Chili comme dans dautres pays dAmrique latine, un processus de
transformation fondamental dans le mode de pense de toutes les sciences
sociales, apparat ce que certains appelleront crise de la modernit, dautres
crise du positivisme. Le fait de se situer un instant charnire de lhistoire
dmocratique dun pays peut nous conduire explorer les changements qui sy
produisent avec la vision de lentre-deux, du passage et peut-tre de la
cration ou de la naissance de nouvelles pratiques donnant lieu la recherche
de nouveaux paradigmes pour les comprendre. Nous pouvons nous demander dans
quelle mesure le travail de cette association permet de dceler les lments du
passage dune vision du droit pyramidale une vision en rseau, et en quoi nous
pensons que ces pratiques se situent dans un jeu de tensions duquel le rapport
de force et la question du pouvoir ne sont pas absents.
Peut-tre est-il utile de rappeler certains vnements fondamentaux pour
le sujet qui nous occupe.
Le contexte tout dabord. Le Chili, partir du coup dEtat de 1973, vit
sous un rgime militaire, qui conduit des rformes conomiques qui sinscrivent
dans le cadre de lidologie no-librale. Ce rgime militaire, en qute de
lgitimit, et, comme cest souvent la tradition en Amrique latine, cherchant
asseoir travers le droit les bases dune nouvelle socit, rdige et met en
fonctionnement en 1980 une nouvelle Constitution. On y assiste donc un double
processus de distance entre lEtat et la socit : par le biais du droit
dune part, et par laccroissement non contrl des ingalits dautre part.
Le droit au service de la force.
Sans nous aventurer dans une analyse approfondie de la Constitution de
1980, il nous parat important de souligner quen faisant coexister dans ce
texte le vocabulaire propre aux rgimes dmocratiques et des mesures
autoritaires propres aux rgimes autocratiques tels que la restriction des
droits de lhomme, la concentration des pouvoirs, les prrogatives militaires
et limmuabilit de la Constitution[2],
Juan Guzman, lidologue de cette Constitution a russi un vritable tour de
force, dont une des consquences nous intresse ici, savoir celle de
participer la perte de confiance de la population dans le texte de loi et
dans la justice ou tout simplement dans le Droit en tant quinstitution dՃtat.
Lapplication du modle conomique
nolibral, de manire particulirement dogmatique au Chili de
1974 1983 participe aussi certainement de ce processus. En effet lՃtat, dans
une socit organise selon les principes no-libraux, en rduisant ses
dpenses sociales, ne remplit plus les fonctions qui taient les siennes dans
la priode prcdente. Conservant nanmoins sa fonction rgulatrice, il reste le
seul producteur de normes officielles (les lois) et le seul pouvoir les faire
respecter (par la contrainte). Dautre part, ces politiques conomiques auront pour consquence
daccrotre considrablement les ingalits sociales, en dpit dune croissance
souligne dans le monde entier comme le miracle chilien . Cela
contribue aiguiser le sentiment dexclusion et la distance qui sopre dans
ce processus entre la population et lEtat.
Marginalit urbaine.
Sans nous attarder sur les conditions dans lesquelles lurbanisation
chilienne sest produite, il nous faut prciser que lexprience de
lassociation chilienne Quercum se situe dans des contextes urbains, de quartiers construits au cours
du XXme sicle, essentiellement de manire anarchique , coup
dinvasions et de prises de terrains. Ces quartiers, les poblaciones, possdent un haut niveau dexclusion, la
fois spatiale et conomique, dans la mesure o lon sy sent exclus des prises
de dcisions dun centre inaccessible, dans le mme temps que lon doit avant
tout sy proccuper de survivre avant que de se sentir citoyen .
Ces petites prcisions en guise dintroduction peuvent paratre
laborieuses, mais elles permettent de situer les raisons dՎmergence des
pratiques dveloppes par Quercum. Elles nous amnent par ailleurs rflchir sur le fait quen se
basant sur les pratiques elles-mmes, on est toujours amen penser en termes
de contexte, politique et conomique. Le droit nest donc pas, quil soit
pyramidal ou non, dconnect des autres secteurs de la socit, et il constitue
en cela un espace darticulation ou de dsarticulation tout fait rvlateur.
Dautre part, la question ici sera moins de savoir si le droit est ou non conu
de manire pyramidale, mais de saisir la perception quen a la population, et
en particulier celle qui vit dans les poblaciones. Cette perception est celle dun droit vertical, de
dcisions de justice arbitraires, dans lesquelles on ne peut intervenir. La
confiance en une justice neutre, qui rgule de manire efficace les conflits
est perdue ou semble loigne.
La perspective que lon propose est donc, si lon se place dans le
paradigme de la pyramide, celle de la base de celle-ci, soit les acteurs
sociaux qui sont les destinataires des normes institues par la
succession de niveaux au sein du droit.
I.
Stratgies de
Quercum.
Dans ce contexte chilien, comment peut agir
la population pour viter la rpression institutionnalise par le Droit ?
Jacobo Timerman, un journaliste argentin commentait en 1987 dans un essai sur
le Chili : Les Chiliens se sont transforms en des juristes
imaginatifs. Pour survivre, ils doivent dcouvrir chaque jour de nouvelles
stratgies qui leur permettent de traverser indemnes les vingt et une
possibilits rpressives la disposition du gnral Pinochet suivant la
Constitution que le dictateur fit approuver en 1980. Mais pour peu quun
Chilien tudie ces formules juridiques avec laide davocats experts en matire
de rpression, il ne pourra organiser sa vie de tous les jours sans sombrer
dans un tat de panique. Car il narrivera jamais deviner les diffrentes
interprtations que donneront ces lois les militaires qui larrtent ou les
magistrats qui le jugent. (). La seule alternative qui lui reste, cest
dessayer de vivre le moins possible, de rduire au maximum lenvironnement
dans lequel se droule sa vie. [3].
Pourtant Quercum
fait le pari de parvenir dpasser cette tendance rduire ses actions et son
environnement, et propose dintroduire au sein des poblaciones une vision critique du droit .
Cette vision peut-tre assez bien rsume par cette phrase, extraite
dun des numros du bulletin de Quercum[4]: Il ne suffit pas de savoir quels
droits nous avons, mais il faut se demander si le Droit contient tout ce que nous
voudrions, () et remettre en question les obligations que nous impose la
loi.
De 1985 1994, Quercum va
chercher changer, au sein des communauts avec lesquelles lassociation
travaille, le rapport qua la population avec le droit. En travaillant avec les
organisations de base prsentes dans les communauts, les stratgies de Quercum
iront de linformation la formation juridique, de la mobilisation au soutien
des actions parfois illgales, du conseil juridique la collectivisation des
conflits. Toutes sortes doutils seront mis la disposition de ces
stratgies : bulletins, jeux, thtre, missions de radio, centres
juridiques alternatifs, runions dinformation, et programmes de formation pour
parvenir travailler, en 1989, avec 60 professionnels (moniteurs
juridiques, avocats, ducateurs populaires) et une quarantaine de bnvoles.
1.
Elargir la
notion de droit en introduisant celle de conflit juridique
En introduisant la notion de droit subjectif
et celle de conflit juridique ds lors que les ncessits fondamentales ne sont
pas satisfaites, les membres de Quercum
tentent de faire prendre conscience des secteurs marginaliss des droits et
des devoirs que devrait leur assurer le Droit.
Mais il sagit surtout dun travail sur un double registre : dune
part la prise de conscience de ses droits, et la ncessit de les revendiquer,
ce qui doit conduire laction. Dautre part, la prise de conscience que si la
loi ne consacre pas ce que je considre comme des ncessits fondamentales,
cest quelle est injuste et quil va falloir tenter de la transformer. Ce
deuxime volet ne conduit pas forcment laction, mais la rflexion, puis
la ngociation avec les diffrents niveaux du pouvoir lgislatif, excutif et
judiciaire. Cest un travail sur le plus long terme, qui possde le risque de
ne jamais exister, si laction permet de manire immdiate de rsoudre le
problme de la ncessit non satisfaite. Ds lors, on comprend lutilisation de
la notion de conflit juridique telle que lentrevoit Quercum.
Je prfre ce concept, car il conduit
une situation dynamique dirrsolution. Au contraire, le problme conduit
une solution. Pour moi, le conflit ne se rsout pas. Le conflit est un tat
permanent dinsatisfaction des ncessits humaines fondamentales. Cest
permanent. Ce qui peut changer, ce sont les sujets de linsatisfaction et les
gens qui la provoquent. () Le conflit nest pas une situation danarchie et de
chaos, mais un tat dans lequel on va rsoudre des choses spcifiques[5] .
2.
Soutenir les
actions
Au Chili, la question du sol et du logement est
une question cruciale. Les tomas de terrenos
sont ds les annes 50 devenues un moyen trs utilis pour
rquilibrer la mauvaise distribution de lespace urbain. Il
sagissait alors dun groupe organis qui prenait en une nuit le
plus souvent, un terrain priv ou appartenant lՃtat et qui y installait un
campement, pour y loger lensemble des familles du groupe. Les principales
caractristiques des tomas ds les annes 50 taient quelles taient
diriges par un parti politique et quelles taient ralises en une seule
fois, violemment, en prenant les autorits par surprise.[6] Ainsi utilise par les partis
politiques, la question du logement devient une arme lectorale fondamentale.
Cest sous le gouvernement de Salvador Allende que les tomas se
gnralisent. Pour les pobladores,
chaque toma tait une conqute inamovible et avec la
gauche au pouvoir, les actions qui permettaient de rquilibrer ou de supprimer
laccumulation des richesses par la bourgeoisie ne pouvaient tre considres
comme illgales [7].On assiste ce moment-l un
renversement du rapport lgalit / lgitimit.
Mais avec le coup dՃtat, le rgime militaire
et la rpression, les tomas deviennent difficiles
voire impossible. Pourtant, la question du logement Santiago, comme dans les
autres grandes villes chiliennes, nest pas rsolue. On assiste alors la
naissance de nombreux comits de mal logs et de sans-domicile. Peu
peu, certains ont commenc oser refaire des tomas.
LՎquipe de Quercum viendra
en appui de nombreux groupes sur la question des tomas,
selon des modalits diffrentes. Un exemple, celui de Pealoln, une commune
situe dans la priphrie Est de Santiago, lors dune toma qui
a eu lieu en 1990. Lintervention de Quercum a
consist en un appui juridique, dans une stratgie de
concertation plus quune stratgie de rupture vis vis des
autorits.
A Pealoln, 700 personnes ont envahi un
terrain. Manuel Jacques raconte ainsi la stratgie qua dvelopp Quercum lors
de cette action.
Partant de lexistence dune subvention de lՃtat
ayant comme but laide laccs la proprit pour les personnes qui avaient
un livret dՎpargne logement, le comit communautaire sest organis de manire
ce que chacun ait son livret, preuve de la volont dՎpargne et du srieux
des personnes. Le comit sest adress deux reprises au Ministre du logement
pour demander une subvention pour lensemble des gens, dmarche qui na pas eu
de suite. Cest alors quils ont occup le terrain et demand notre soutien. La
premire chose faire est de lgitimer loccupation et dutiliser la lgalit
informelle comme un instrument de lutte pour lgaliser loccupation. Cest le
moment de ngocier avec les autorits. Ces personnes ne sont ni des
gurilleros, ni des irresponsables, mais une communaut organise. Avec laide
de juristes, de campagnes de signatures et de comits de soutien, nous avons pu
prparer la convention dengagement pour lachat du terrain. Devant le srieux
de la dmarche, la rpression devient impossible. Quand les dossiers sont
prts, cest le moment de construire rapidement des logements pendant la nuit,
pour formaliser encore plus la situation. [8].
Dautre part, au cours des tomas, un
travail dappui lorganisation interne des groupes faisant partie de la
communaut se met en place. Quercum instaure
en effet lՎlaboration des statuts communautaires .
Quand on prenait un endroit, on commenait par
laborer les statuts communautaires , qui devenaient au fond la
loi du voisinage.() Une sorte de loi qui rgulait la situation du logement
dans chaque situation spcifique, en passant par-dessus la loi officielle.
Cette loi devenait le lien de la communaut, qui discutait les statuts. Ceux-ci
passaient dans les mains de tous les dirigeants communautaires, et nous
permettaient en nous runissant, de rgulariser certaines situations, par
exemple sur les familles qui demandaient avoir leur propre espace.[9]
On voit donc que le soutien aux actions des
communauts va dune part dans le sens dune recherche de lgalisation, et
dautre part, dans lappui la recherche de solutions alternatives aux
conflits qui surgissent dans ce cadre, par la cration dun
autre droit . Pas de rejet, donc, fondamentalement, du principe de
la ncessit du droit. On nest pas devant la ngation du droit, mais dans la
recherche dune utilisation de celui qui existe au service dune
cause : celle des mal logs et des sans domicile dans le cas des tomas
de terrenos, ou de la production de droit quand le droit
officiel ne permet pas de rpondre aux problmes rencontrs.
Si le droit consiste normaliser des aspects de la
ralit, dans le cas des occupations de terrain par les groupes populaires,
dans la mesure o ils parviennent maintenir leur occupation et concrtiser
leur droit un logement, ce quils font cest normaliser cet espace de leur
ralit. Si par exemple, le groupe mobilis obtient la reconnaissance de lՃtat
de son droit rester dans le lieu occup, ce quil a fait cest rgulariser
son droit au logement, et lgitimer son tat juridique de sjour dans
lendroit. [10]
Dans le cas du soutien aux actions de tomas de terrenos,
nous nous trouvons face un double enjeu : celui de la lgalisation dune
pratique considre comme illgale vis vis du droit de proprit, dautre
part, celui de lexistence ou de la cration de systmes juridiques parallles
au systme juridique de lՃtat.
3. Dmystifier le droit
En partant du constat que la perception du
droit, particulirement pour les populations marginalises, participe dune
conception excluante plus globale et par consquent vhicule le sentiment que
le Droit , et tout ce qui fait partie du systme juridique, est construit
de manire verticale, et devient par ses attributs symboliques et son fonctionnement
rituel, quasiment sacr et intouchable, les membres de Quercum
vont tenter de dsacraliser le droit . Ce
travail consistera tablir laide dun certain nombre dacteurs et
doutils, des liens, des ponts entre la population et le droit.
Les
passeurs :
Les fondateurs de Quercum, des
avocats populaires, sont conscients dexister la frontire entre deux
mondes : dune part le monde juridique auquel ils appartiennent et par
lequel ils ont t forms ; de lautre, le monde des poblaciones, physiquement
en marge puisquen priphrie urbaine, et socialement exclu. Jusque l
dfenseurs des causes des exclus ou des plus pauvres, ils
entrevoient les limites de leurs actions tant que celles-ci ne reposeront que
sur leur seule capacit rsoudre individuellement et de manire ponctuelle
les cas auxquels ils sont confronts. Ds lors, afin de rduire la distance qui
existe entre ces deux mondes, Quercum
dtecte la ncessit de former des personnes, dun
ct comme de lautre de la frontire .
Les
tudiants en droit
Il sagira tout dabord de former des tudiants en droit, ou de les
d-former pour garder la terminologie employe par Manuel
Jacques, un des fondateurs de Quercum.
-
Une critique de
lՎducation lgaliste, classique et monopolisante de la
connaissance juridique.
Formation aux mthodes de lEducation Populaire.
-
Une remise en
cause du systme dassistance juridique individuelle et du systme judiciaire
lui-mme.
-
Lintgration
de la formation juridique populaire,
-
La ncessit de
la cration de centres juridiques dans les poblaciones,
favorisant la participation de la communaut.
Les avocats constituent galement des passeurs
indispensables pour la mise en place du projet de Quercum. Si lide nat deux, pendant toute la
priode que nous tudions, Quercum naura de cesse damener de nouveaux avocats
rejoindre le travail qui se fait avec les communauts. Il
faut souligner que le simple fait de participer ce travail peut contribuer
mettre le professionnel du droit dans une situation marginale vis
vis de la branche la plus traditionaliste de la profession. En effet, le travail de dmystification
du droit et du systme juridique passe par labandon dun certain nombre de
privilges habituellement reconnus au juriste, notamment en terme
de statut social. Cet abandon passera au niveau
symbolique par ladoption dune tenue vestimentaire informelle, dun langage
populaire , ou de comportements sociaux plus informels que ceux de
lensemble de la profession.[11] Il faudra galement que les avocats apprennent et acceptent
le travail en quipe, et en particulier avec des non-juristes : ducateurs
populaires, psychologues, travailleurs sociaux, tudiants en droit, moniteurs
juridiques La pluridisciplinarit est donc un exercice tout fait innovante
pour ces professionnels, qui, mme acquis la cause pratiquaient
gnralement de manire plutt individuelle dans le cadre du travail populaire
avant la cration des centres juridiques alternatifs de Quercum.
Le moniteur juridique est ainsi dfini dans
un article de Quercum sur La formation des moniteurs
juridiques dans les centres juridiques[12] :
Le terme de passeur nous parat particulirement appropri
pour ces moniteurs juridiques qui semblent permettre un vritable point de
contact entre deux mondes, celui, apparemment formel, du Droit et du systme
juridique, et celui, plus informel et marginalis, des poblaciones.
Simultanment la formation des tudiants en droit qui formaient leur
tour des leaders des communauts, Quercum encourageait la cration de centres juridiques
populaires ou alternatifs. Implants au cur des communauts ces lieux avaient
pour principal objectif de matrialiser le travail qui se faisait, en un espace
reconnu par tous. Le fait quon puisse y rencontrer la fois des ducateurs
populaires, des leaders des groupes de base, des tudiants en droit et des
juristes, et que le nom donn ce lieu soit celui de centre
juridique laisse supposer que les centres eux-mmes sont porteurs dun
message et dune symbolique. La Justice parat loigne ? Rapprochons-l
des communauts. Elle parat difficile daccs ? Implantons dans ce lieu
des passeurs . Et si dans les programmes juridiques habituellement
destins aux populations les plus dfavorises on trouve une assistance
juridique gratuite et individuelle, Quercum propose de dpasser cette vision, et organise le
travail qui se fait dans les centres autour des conflits collectifs.
II.
Lusage alternatif
du droit dans le rapport lEtat.
1.
Confrontation
Dans le contexte de la dictature, les stratgies de Quercum seront
essentiellement des stratgies de confrontation vis vis de lEtat. En effet,
dans cette phase de naissance de Quercum, les acteurs du conflit sont nettement identifis,
et la vise politique est simple : le retour la dmocratie. La cl de
vote des Droits de lHomme permet mme une reconnaissance et un soutien
international. Le sentiment de la lgitimit de la lutte permet dacqurir un
certain potentiel mobilisateur, en particulier au fur et mesure que la
socit intgre la ncessit de se mobiliser pour le retour la dmocratie en
1988.
La perte de lgitimit nationale et internationale du rgime autoritaire
procde ce renversement de la perception sociale de la source lgitime
dordre et conduira au passage du pouvoir par les militaires un gouvernement
dmocratique.
2.
Ngociation,
conciliation ? Rupture ?
A partir de 1989, la dfense des Droits de
lHomme va cesser dՐtre le centre du discours de Quercum, et
laction va se recentrer sur une approche critique du systme conomique et du
pouvoir local mis en place par le rgime militaire dont la Concertation
Dmocratique hritera son arrive au pouvoir.
La transition nous dit Norbert Lechner, est
au Chili fonde sur deux consensus de base : la dmocratie comme
ordre politique et lՎconomie sociale de march comme ordre conomique [13] ce
qui implique un certain nombre daccords tacites. Celui qui parat le plus
significatif Lechner est le fait que la gouvernabilit soit
privilgie, dans la mesure o cela implique le fait quon ne remette pas en question
lordre conomique et politique tabli, quon vite les sujets connotation
idologique et les effets mobilisateurs. Dans lopinion publique tout comme au
sein du systme politique sintroduit la peur des conflits
dstabilisateurs .[14]
Ds 1990, le
Ministre de la Justice du gouvernement de Patricio Alwyn convoque une
commission de sept personnalits du monde juridique pour travailler
lՎlaboration dun projet juridique pour le pays. Manuel Jacques, un des
fondateurs de Quercum fait partie de ce groupe de travail. Des propositions
surgissent, et en 1991, des financements arrivent de la Banque Interamricaine
de Dveloppement (BID) pour le projet labor par le groupe en vue de la
modernisation du travail juridique et social . Le gouvernement qui
avait propos, au cours de lՎlaboration du projet aux Organisations Non
Gouvernementales prsentes dans le groupe de travail, de participer son
excution, dcidera, aprs avoir reu les financements dexcuter le projet
lui-mme.
Projet de loi
de cration des Tribunaux de voisinage
Prsent au Congrs en 1992 par le
gouvernement de Patricio Alwyn, ce projet avait pour objectif de crer une
justice moins formelle et plus rapide, oriente par les principes
doralit et de proximit [15].
Les juges devaient tre remplacs, dans ces tribunaux, par des avocats qui auraient
eu pour mission dagir comme conciliateurs .
On y reconnat une partie du discours dfendu
par Quercum : la ncessit de la proximit, les
tentatives de dmystification du droit, mme si dans les
propositions de Quercum[16], la
prsence mme de lavocat dans les Tribunales vecinales tait
remise en question pour introduire une personnalit reconnue dans le quartier
pour prendre le rle du mdiateur.
Ce projet est rest bloqu au Snat et na
jamais pu voir le jour.
Projet de loi
de cration du Service National dAssistance Juridique.
galement propos par le gouvernement de
Patricio Alwyn en 1992, ce projet devait permettre dՎlargir la couverture
nationale des services dAssistance Juridique et de rpondre, au-del des
conflits judiciaires, aux actes extrajudiciaires de la population. Il
comprenait une partie de conseil et de formation des bnficiaires pour les
actes juridiques cits et devait encourager lutilisation de la mdiation et de
la conciliation pour la rsolution des conflits juridiques.[17]
Il reprenait un bon nombre de notions
dfendues par Quercum, comme on la vu prcdemment. Parmi
elles : la notion de conflit juridique, qui largit considrablement le
domaine de travail, ce qui incluait donc la mise en place dՎquipes pluridisciplinaires
(avocats, psychologues et autres professionnels)[18] ;
mais aussi, la rsolution alternative des conflits ainsi que linformation et
la formation de la population concerne.
Ce projet est rest bloqu au Congrs et na
donc pas t mis en place.
Les
Corporations rgionales dAssistance Juridique
Il sagit dun projet qui, lui, a vu le jour
en 1995 sous le gouvernement dEduardo Frei et qui rpond la mme volont. Il
sagit dՎlargir, de dcentraliser, et damliorer le systme des Corporations
dAssistance Juridique, en incorporant larbitrage, la conciliation et la
mdiation comme des voies alternatives de rsolution des conflits, en crant
un systme dcentralis, efficace et hautement professionnel , et
en agissant au niveau de la prvention en procurant des connaissances
juridiques et des informations[19].
Des trois projets cits, celui qui a vu le
jour est donc celui des Corporations Rgionales dAssistance Juridique, qui met
en avant l efficacit et le
professionnalisme . On peut donc en dduire que les grandes lignes
du mouvement pour un Usage Alternatif du Droit ne sy retrouvent pas
rellement. Pour Manuel Jacques, il sagit avant tout de trouver le
moyen de dsengorger les tribunaux pour rpondre aux critres defficacit imposs
par les institutions internationales plutt que dune relle volont de crer
dans la population une autre approche du droit [20].
Lanalyse critique du droit, la collectivisation des conflits, lappropriation
de la rsolution des conflits tels que les dfendaient Quercum ne
sont en effet pas abordes dans ce projet.
Doit-on alors faire avec Quercum le constat que la pyramide sest maintenue, ne
permettant pas lՎmergence du rseau ? Ou doit-on plutt se situer dans
une perspective de transition, dentre-deux, o lon voit merger, sintroduire
au sein du droit des lments qui viennent questionner la pyramide comme la
proximit, linterdisciplinarit, une certaine flexibilit ? Pour Quercum, se situer dans cette perspective serait
mettre fin laction. Pour nous qui rflchissons sur les volutions que cette
exprience a pu apporter, en termes non plus de dichotomie pyramide/rseau mais
de tension entre ces deux ples, on doit mettre en vidence que les mesures de transformation de lappareil juridique
chilien, bien que limites, ont t impulses sur la base de la pression qua
su faire jouer la socit civile sur les institutions de lՃtat,
au moment o louverture dmocratique voyait le jour, elle-mme limite par le
contexte autoritaire que lon connat. Le caractre centripte du mouvement
parat donc vrifi, mme si dans ce jeu de pressions et de tensions, les
acteurs de la socit civile -et notamment Quercum-
dveloppent le sentiment dune rcupration plutt que celui
dune victoire .
Cependant, si lon devait dcrire le contenu des rformes mises en
uvres par les gouvernements de concertation au dbut des annes 90, on
pourrait certainement le dessiner sous forme de mini-pyramides, fruits de la
dcentralisation, plutt que sous la forme de rseaux.
III.
Changement de
paradigme ? Mise en perspective.
Cet tat de fait nous permet de nous poser la question de savoir en quoi
lEtat de droit peut ou non tre renforc par lintroduction des lments du
rseau au sein de la pyramide. Le danger le plus tangible et le plus souvent
voqu est celui dune certaine "informalisation" du droit. Le
remplacement des procdures officielles, de lenveloppe symbolique du droit
travers sa dsacralisation, les tribunaux de proximit, les instances de
mdiation et surtout, la prise en charge par une partie des acteurs concerns
des conflits juridiques que lEtat devrait assumer peut nous amener penser
que ces pratiques portent en elles une certaine contradiction : le Droit
de lEtat devrait assumer ces fonctions, il ne le fait pas, il sagit donc de
prendre en charge ce travail. Nest-ce pas l rentrer dans le jeu du
dmantlement de lEtat en tant quespace darticulation des relations
sociales ? Nest-ce pas participer de cette idologie qui dclare les
Etats incapables, trop faibles, impuissants et qui regarde avec bienveillance
tout ce qui procde de lauto-rgulation (si tant est quelle existe) ?
Pourtant, en se situant dans la perspective de la lgitimit des acteurs
des pratiques, on en vient plutt, comme le propose Alain Rochegude[21]
distinguer diffrents niveaux de lois en fonction des
diffrents niveaux de lgitimit. Mais dans cette nouvelle perspective, il
devient parfois difficile de dpasser le niveau du local en ce qui concerne
lintroduction de la lgitimit des acteurs sociaux et politiques dans la
cration du droit.
Voyons ce quune mise en perspective avec dautres contextes peut nous
apporter. On a assist dans les dix dernires annes dans dautres pays
dAmrique latine une sorte de vague constitutionnelle qui
tente de raffirmer par le droit le fonctionnement de lEtat de droit. Les
exemples les plus marquants pour lՎtude de ces phnomnes sont notamment le
cas colombien, o une nouvelle constitution est mise en place en 1991[22],
le Brsil, o le projet constituant sentame en 1988 et le Venezuela, o le
nouveau prsident Chvez a organis en 1999 une assemble constituante qui
dbouchera sur une nouvelle Constitution approuve par rfrendum en dcembre
1999.
Les points communs de ces nouvelles constitutions sarticulent autour de
quelques grands points. Dune part le renforcement de la sparation de pouvoirs
qui passe par le renforcement du pouvoir judiciaire et par lintroduction de
certains lments du parlementarisme pour attnuer la tendance prsidentialiste
et son effet de concentration du pouvoir. On pourrait dire que lon voit
sintroduire avec les nouvelles Constitutions un nouveau pouvoir, qui est celui
du contrle avec la cration de nouvelles Cours charges de veiller la
lgalit du systme.
Dans le mme temps, ces nouvelles Constitutions consacrent une multitude
de droits et gnrent par consquent une multiplicit dinstitutions permettant
la garantie de ces droits, ainsi quune multiplicit des procdures. On pense par
exemple au cas colombien o lon voit apparatre une Cour Constitutionnelle, un
fiscal gnral , ainsi quun dfenseur du peuple qui
viennent sajouter aux institutions prexistantes. De mme des procdures comme
laction de tutelle, nouvellement introduite pour permettre la garantie de la
Charte des droits (85 articles portants sur les droits
fondamentaux, les droits sociaux, conomiques et culturels, les droits
collectifs, les mcanismes de protection et dapplication des droits et les
droits et devoirs du citoyen) rvlent assez bien cette tentative de consacrer
dans la Constitution la multiplicit des droits.[23]
On pourrait y lire une certaine incursion du droit dans la ralit
politique, qui ne serait pas sans lien avec une baisse en parallle de la
capacit et/ou de la lgitimit des acteurs de la reprsentation politique
traditionnels (partis, syndicats) rsoudre un certain nombre de problmes,
dont le droit sempare alors. Mais en changeant de perspective, on peut
galement proposer une lecture qui permettre de dceler dans cette prise en
considration par le Droit de la demande de reconnaissance dun certain nombre
de droits, soit lincursion, linverse, des acteurs et de leurs rseaux au
sein de la production du droit.
La crise du positivisme juridique qui a lieu en Amrique latine au
moment des transitions , ou des processus de dmocratisation
politique, branle dans le mme temps la vision dveloppe par Hans Kelsen
dune hirarchie des normes et dun droit autonome . On en arrive
galement et par voie de consquence une concurrence entre les diffrents
droits, une rivalit qui sera rgule en partie par la capacit que
dvelopperont les acteurs pour mettre en uvre des stratgies. Cest le cas
notamment des droits indignes[24]
ou des stratgies dveloppes par exemple par les populations
noires du pacifique colombien pour la titularisation de
territoires collectifs.[25]
On assisterait alors selon certains auteurs avec cette nouvelle vague de
Constitutions en Amrique latine au dveloppement dun nouveau paradigme, celui
de la Socit de droits [26],
dans la mesure o lacteur social se trouve dans la situation davoir
effectuer des choix rationnels de combinaison doutils juridiques qui sont sa
disposition.
On pourrait cependant nuancer quelque peu cette vision en rappelant que
tant que ces volutions ont lieu dans un contexte social et conomique o se
creusent les ingalits et o le problme de lexclusion nest pas rsolu, les
conditions ne sont pas vraiment runies pour quon voie lacteur social se
transformer en acteur de droit.
***
Si le travail de groupes comme Quercum semblait pouvoir proposer de
transformer des sujets de droits en acteurs de droits susceptibles dagir au
sein de la pyramide ou en tant que rseau, les transformations
constitutionnelles rcentes en Amrique latine gardent encore de vritables
rsistances remettre en question la hirarchie impose par la pense
positiviste.
Il est donc difficile daffirmer quon est pass, en Amrique latine du
paradigme de la pyramide celui du rseau et la vision de lentre-deux, du
point de tension nous parat plus apte envisager la ralit actuelle. Les
pratiques, dans cette rflexion, nous questionnent. Les
interrogations que les acteurs des pratiques de droit dites
populaires ou alternatives soumettent aux
chercheurs sont nombreuses. Linterdisciplinarit semble alors plus que jamais
indispensable, pour aborder cette priode transformatrice avec une perception
la plus accrue possible dune ralit mouvante, et profondment en devenir.
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[2] ENSALACO,M., "In the
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[4] Los derechos de todos n 5, Quercum, aot 1988
[5] Entretiens avec Manuel Jacques, fondateur et responsable de lassociation Quercum, Paris, 7 et 14 mai 2001.
[6] de RAMON Armando La poblacion informal. Poblamiento de la periferia de Santiago de Chile. 1920-1970 , EURE, Vol. 16, n50, Santiago, Dcembre 1990, p. 13.
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[9] Entretiens avec Manuel Jacques, fondateur et responsable de lassociation Quercum, Paris, 7 et 14 mai 2001.
[10] CALDERON ASTETE,Rodrigo, Uso
alternativo del derecho u derecho alternativo, Thse Universidad de Concepcion, Faculdada de
Ciencias juridicas y sociales, Santiago de Chile,1995, p.182
Rodrigo
Calderon attire lattention du lecteur sur le fait quil utilise lexpression
occupation de terrain plutt que celle de prise de
terrain dans le sens o lexpression toma lui semble dlgitimer et rendre
laction illgale.
[11] ROJAS HURTADO, F. Les services juridiques en Amrique latine . Rflexions partir dune recherche , Droit et Socit (Paris) n22,1992, p. 424
[12] Bulletin Los derechos de todos n 7, mai 1989, p.15
[13] LECHNER, Norbert,
Chile 2000 : las sombras del maana , Estudios Sociales, vol. 27, n105, 1994, Santiago, p.6
[14] ibid, pp.6-7
[15] GONZALEZ ,M.U., PAVEZ, M.V,
Polticas pblicas y necesidades de justicia de los sectores pobres , Estudios
Sociales, Santiago,n83,1995,
p.69
[16] Manuel dՎducation juridique
populaire : Seguridad ciudadana y justicia vecinal, Mai 1992
[17] GONZALEZ ,M.U., PAVEZ, M.V,
Polticas pblicas y necesidades de justicia de los sectores pobres , Estudios
Sociales, Santiago,n83,1995,
p.70
[18] ABARCA DIAZ,A., "Trabajo
social : de lo para-juridico a lo juridico-social", Estudios Sociales, Santiago, n104, 2000, p. 38
[19] GONZALEZ ,M.U., PAVEZ, M.V, Polticas pblicas y necesidades de justicia de los sectores pobres , Estudios Sociales, Santiago,n83,1995, p. 71.
[20] Entretiens avec Manuel Jacques, fondateur et responsable de lassociation Quercum, Paris, 7 et 14 mai 2001.
[21] Alain ROCHEGUDE, De la pyramide au rseau ? De la ncessit du politique dans la production du droit , p.2
[22] Voir Jean-Michel Blanquer Les institutions lՎpreuve de la pratique in La Colombie laube du 3me millnaire, Paris, IHEAL,1996.
[23] On peut lire une prsentation de laction de tutelle par Manuel Jos CEPEDA, qui fut conseiller lors de la rforme constitutionnelle en Colombie dans Laction de tutelle, arme du citoyen contre larbitraire , in J.M. Blanquer, C. Gros, La Colombie laube du troisime millnaire, IHEAL, Paris, 1996.
[24] Lire par exemple propos de la Colombie : Christian Gros
Derechos Indigenas y nueva constitucion in Analisis Politico n19, mayo-agosto 1993, pp.8-24
[25] Michel Agier, Odile Hoffmann Les terres des communauts noires dans le Pacifique colombien. Interprtations de la loi et stratgies dacteurs in Problmes dAmrique latine, n32, janvier-mars 1999, pp.17-22.
[26] Jean Michel BLANQUER Etat de droit et Socit de droits : lAmrique latine la recherche dun concept directeur in Forum Dveloppement et Culture Tome4, BID/UNESCO Sciences Po / Fondation Herrera, Paris, 11 et 12 mai 1999, p.10.