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Une longue marche vers lÕEtat de droit

-----La Transformation du Systme Judiciaire Chinois

 

 

 

 

HE Fen

Tuteur : EBERHARD Christoph

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Remerciements

LÕauteur tient ˆ exprimer sa gratitude ˆ tous les professeurs quÕelle formais pendant ces deux ans, ˆ lÕAcadŽmie EuropŽenne, pour leur comprŽhension, leur gentillesse, et leurs encouragements. Je voudrais remercier plus particulirement M. Ost et M. Van Hoecke, qui mÕont soutenue moralement et matŽriellement dans les moments difficiles ; M. Eberhard et M. Zhu Jingwen pour leurs idŽes nouvelles et leurs riches rŽflexions.

Je remercie aussi mes collgues dont les dŽbats et les Žchanges tellement stimulants mÕont ouvert de nouveaux points de vue. Parmi tous les connaissances que jÕai acquises, lÕesprit critique est le plus important. Il me permettra dÕapprofondir ma comprŽhension des autres et de moi-mme, de la Chine et des pays occidentaux.

En fin, je voudrais remercier Madame De la Royre et mon compagnon M. Vieira pour toutes leurs corrections.

 

 

 

 

Trs sincrement,

Fen HE


 

RŽsumŽ

Dans cette publication, nous rŽsumerons tout dÕabord rapidement lÕhistoire juridique chinoise dans la premire partie. Nous prŽsenterons ainsi la pensŽe antique et le systme de justice en Chine impŽriale. Cette source culturelle nous aidera ˆ mieux comprendre en profondeur la sociŽtŽ chinoise, Quelle place la Justice prenait par rapport au peuple et ˆ la souverainetŽ.

En deuxime partie, nous exposerons la pŽriode de passage entre la pŽriode impŽriale et la pŽriode moderne en Chine, de 1912 ˆ 1978. Cette pŽriode est tellement riche sur le plan politique, juridique et idŽologique. Mais ˆ cause des tentions politiques entre Mao Zedong et Chiang Kai-shek, lÕimportance de cette pŽriode nÕest toujours pas suffisamment reconnue, la recherche est donc plus limitŽe. On peut donc dire quÕentre 1912 et 1949, lÕElite chinoise porte seule le monopole de la pensŽe : Les notions de DŽmocratie, de Droit de lÕhomme, dÕEgalitŽ et de Justice occidentale. A partir de 1949, la SoviŽtisation dŽbute en Chine ; elle a rejetŽ ses propres traditions, a dŽclarŽ le Marxisme comme idŽologie orthodoxe. En consŽquence, la Loi a suivi cette idŽologie.

En troisime partie, on analysera la transformation du systme juridique contemporain sous sept aspects. Nous commencerons par les changements idŽologieques, la thŽorie du droit et les problmes dans lÕapplication du droit. Ensuite, le chapitre des droits de la personne en Chine, est une rŽflexion indŽpendante. Les deux chapitres suivants, la mutation des professions juridiques et la Codification centrŽe sur lՎconomie retracent les problmes de cette transformation juridique. En fin, un exposŽ du Droit ˆ HongKong nous permet une conclusion prospective.

Toutes ces analyses seront faites dans lÕapproche de lÕanthropologie juridique. CÕest du moins la voie que jÕai essayŽ de suivre.

La Chine a besoin dÕidŽes nouvelles, pour stimuler une rŽflexion profonde par rapport ˆ sa longue histoire et sa lourde tradition, pour trouver sa propre voie pour rendre une Ē Justice absolue Č - la Voie du Ciel - pour son peuple.

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Sommaire

 

Introduction

Premire partie Culture juridique chinoise

1.1 Les fondements du droit en Chine antique

La tradition confucŽenne

Le dŽbat des LŽgistes et le Confucianisme

La loi Žcrite

1.2 LÕorganisation de la justice en Chine impŽriale

Le magistrat de district

La justice clanique

La justice des villages

Deuxime partie LՎvolution sur le droit de la fin de lÕempire (1911)ˆ la Chine des rŽformes (1979)

2.1 1912-1949 lÕintroduction du droit occidental

2.2 1949-1979 La thŽorie marxiste du Droit

Point de vue idŽologique

Les institutions juridiques

Troisime partie La transformation du systme juridique chinois contemporain

3.1 Le cadre idŽologique des rŽformes

Contexte Žconomique

Nouveau dŽpart aprs 1989

3.2 La thŽorie du droit contemporain

3. 3 Les problmes de lÕapplication du droit

3.4 La conception chinoise des droits de la personne

La rŽponse officielle

La source traditionnelle

3.5 La mutation des professions juridiques.

LÕadaptation de la magistrature chinoise

LÕorganisation des Parquets chinois

La profession dÕavocat aujourdÕhui

 

3.6 La Codification centrŽe sur lՎconomie

Le dŽveloppement juridique

Les lacunes et les faiblesses

3.7 Le droit de HongKong intŽgration et influence

LÕorganisation judiciaire

Le droit applicable ˆ HongKong

Conclusion

Bibliographie

 

AbrŽviations

 

 

 

 

 

A.C.L.A.         All China Lawyers Association

APN                 AssemblŽe Populaire National

CC                    ComitŽ Central

G.I.T.I.C.         Guangdong International Trust & Investment Corp.

KMT                 KuominTang (Parti nationaliste)

OMC                Organisation Mondiale du Commerce

PCC                 Parti Communiste Chinois

RAS                 RŽgion Administrative SpŽciale

RPC                 RŽpublique Populaire Chine

URSS              Union des RŽpubliques Socialistes SoviŽtiques


 

 

En Chine, le passŽ est prŽsent partout dans la vie quotidienne. Cette prŽsence se manifeste souvent dans les endroits les plus imprŽvus, o elle frappe le visiteur avec une intensitŽ accrue: les affiches de cinŽma, les rŽclames de machine ˆ laver, dÕappareils de tŽlŽvision ou de p‰tes dentifrice- qui couvrent les murs des rues sont rŽdigŽes dans une langue Žcrite qui est demeurŽe pratiquement inchangŽe depuis plus de deux mille ans. Dans les jardins dÕenfant, les marmots psalmodient des pomes Tang qui furent composŽs il y a quelque douze cents ans. Dans les gares, sur les horaire Žlectriques, ˆ tous les noms de villes demeure attachŽe la glorieuse mŽmoire de tant de dynasties passŽes. Mais- paradoxalement, ce mme passŽ qui semble tout pŽnŽtrer, qui sÕexprime parfois dans les lieux les plus inattendus avec une surprenante vigueur, demeure aussi curieusement insaisissable. La grande absence physique du le passŽ frappe souvent les voyageurs occidentaux. Cette monumentale absence du passŽ est encore rendue de plus en plus visible, par lÕ accŽlŽration de la modernisation et de lÕindustrialisation. Les nombreux chantiers effacent les traces historiques rapidement et brutalement. On peut donc dire que le passŽ qui continue ˆ animer la vie chinoise de tant de faons saisissantes, inattendues et subtiles semble habiter les gens plut™t que les pierres. Ce mme passŽ est ˆ la fois spirituellement actif et physiquement invisible.

 

DÕaprs Simon LEYS, LÕattitude des chinois ˆ lՎgard du passŽ[1]


Introduction

La nouvelle approche de lÕanthropologie envers le droit, aborde les points de recherche suivants : lÕanalyser de la substance et de la fonction des Žtablissements juridiques dans le contexte des diverses cultures et -traditions culturelles.

Le point de dŽpart de cette mŽthode est la comparaison de la Loi "moderne occidentale" et celle d'autres cultures juridiques. Cette Žtude du dŽcalage entre les traditions occidentales et non occidentales est intŽressante dans la perspective de la thŽorie et de la pratique du droit.

L'anthropologie juridique offre aussi une nouvelle vision qui implique l'examen des conflits entre les cultures traditionnelles non occidentales et la notion de Droits de lÕHomme. La polŽmique entoure le concept mme des droits de l'homme. Les Droits de l'Homme se sont dŽveloppŽs ˆ partir des contextes politiques spŽcifiques du monde occidental et sont souvent critiquŽs comme mŽcanisme impŽrialiste occidental.

Cependant, la non-reconnaissance des droits de l'homme est parfois employŽe pour justifier des rŽgimes accablants. Afin d'tre acceptŽ dans un monde multiculturel, et pour accomplir ses propres buts, l'interprŽtation des droits de l'homme doit Žvoluer d'une manire dynamique. L'anthropologie juridique, comme champ d'Žtude et de recherche, analyse cette tension complexe qui entoure le concept des droits de l'homme et enrichit le concept de Ē droits de l'homme Č en augmentant les dialogues multiculturels et interdisciplinaires.

Jusque rŽcemment, la loi occidentale a appliquŽ le principe "la justice est aveugle". Toutes distinctions juridiques basŽes sur la culture ou la "race" qui Žtaient tirŽes ont ŽtŽ immŽdiatement moulŽes en tant qu'Žtant prŽjudicielles, et indicative d'une loi ou d'une cour dŽcentrŽe. Maintenant, basŽ sur dŽvelopper des normes de droits de l'homme, des aspects culturels des individus et les groupes sont regardŽs en tant que facteurs appropriŽs qui devraient tre considŽrŽs par la loi et les cours.

L'anthropologie juridique se concentre sur le nouveau dialogue entre le droit et la culture ces des rŽsultats de l'identification des diffŽrences culturelles par la Loi.

Les recherches interdisciplinaires d'anthropologie juridique, ont amenŽ progressivement les droits des minoritŽs ethniques et religieuses.

RŽcemment, les nouvelles normes de libertŽs religieuses et des droits des minoritŽs ont comme consŽquence une identification de l'autonomie et de lÕautodŽtermination des groupes ethniques et religieux qui sont distincts du courant culturel principal NŽanmoins, l'identification des droits collectifs et de l'autonomie des groupes minoritaires rend nŽcessaire d'Žquilibrer les pouvoirs lŽgitimes des rŽgimes autonomes avec les autres droits fondamentaux. LÕapproche de l'anthropologie juridique analyse ces complexitŽs, et essaye de les intŽgrer dans la sociŽtŽ moderne et dans la thŽorie du droit contemporain. Cependant, elle contribue, d'une manire acadŽmique, ˆ la coexistence paisible des tres humains dans leurs cultures diverses.

Associer la question du droit des minoritŽs, aux droits du peuple indigne est une autre question importante dans lՎvolution des mŽcanismes du pluralisme juridique dans beaucoup de pays. Beaucoup de peuples indignes vivent dans des Žtats qui utilisent un systme juridique unifiŽ, basŽ sur une tradition juridique occidentale ou au moins inspirŽe par la Loi occidentale. Il y a cependant une tendance croissante d'identifier les droits collectifs des peuples autochtones. Cette tendance qui stimule les dŽbats concerne tous les aspects thŽoriques du Droit. BasŽ sur le systme de l' Ē auto-government Č, et dÕun nouveau genre de droit "interculturel", les Droits des peuples autochtones affectent Žgalement des champs comme la loi de la famille, la loi de propriŽtŽ immobilire, et les nouvelles normes d'Žvolution de la loi environnementale, la propriŽtŽ intellectuelle, la gestion de ressources naturelles, le partage d'avantages, la SantŽ, lÕ HŽritage culturel, et la LibertŽ religieuse.

LÕanthropologie juridique, se subdivise en deux branches distinctes : les mŽthodes alternatives de rŽsolution de conflit et lÕapproche des cultures non occidentales.

Dans une sociŽtŽ multiculturelle et pluraliste, coexistent beaucoup de formes institutionnalisŽes de rŽsolution de conflits basŽes sur des visions diverses du monde et des cultures.

Dans beaucoup de pays lÕ approche juridique a eu comme consŽquence l'application formelle de mŽthodes de rŽsolution de conflit qui, par le passŽ, Žtaient officieuses. Cependant, certaines mŽthodes alternatives ont parfois ŽtŽ considŽrŽes illŽgales.

La recherche de lÕanthropologie juridique doit donc actuellement se concentrer au dŽveloppement des critres pratiques pour rendre ces "mŽthodes alternatives de rŽsolution de conflit" compatibles plus largement avec le systme juridique de lÕEtat. La mŽdiation, par exemple, est une mŽthode nouvelle qui intŽresse particulirement lÕanthropologie juridique.

Cette citation de Ch. Eberhard illustre clairement lՎvolution de lÕapproche de lÕanthropologie vers le Droit :

Au dŽpart lÕanthropologie Žtait fondamentalement la science de la diversitŽ culturelle, de Ē lÕautre Č. Elle se dŽfinissait, par rapport ˆ la sociologie, autre science du social, par ses terrains Ē exotiques Č, lointains, Ē non-modernes Č, Ē non-civilisŽs Č. Puis son regard sÕest progressivement rŽorientŽ vers nos sociŽtŽs occidentales se rapprochant ainsi de la sociologie, mais continuant ˆ sÕen distinguer par le regard neuf que pouvaient porter les anthropologues sur leur propre sociŽtŽ aprs le dŽtour anthropologique par dÕautres sociŽtŽs.

En anthropologie du Droit, la prise en compte de lÕaltŽritŽ sÕest traduite par la mise en Ļuvre dÕune dŽmarche diatopique et dialogale (Le Roy 1990 ; Vachon 1990b). Face ˆ la non-universalitŽ du droit (toutes les cultures ne connaissent pas la notion de droit, voire nÕont mme pas de terme pour traduire ce concept), celle-ci nŽcessitait aussi au prŽalable de dŽfinir un champ de comparaison. En effet, la dŽmarche diatopique et dialogale vise dans une premire acceptation du terme de comprendre les constructions dÕune culture ˆ partir du topos dÕune autre culture en mettant ˆ travers un dialogue dialogal en tension crŽatrice deux topoi culturels et leurs mythoi et logoi respectifs. CÕest un processus de dŽvoilement mutuel dialogal o lÕon essaye de comprendre comment une autre culture, par rapport ˆ sa vision du monde, pose certaines questions que nous posons de notre faon.[2]

En suivant cette mŽthode de Ē dŽmarche diatopique et dialogale Č, je vous invite ˆ entrer dans le champ de lՎtude de la transformation du systme juridique chinois ces vingt dernires annŽes.

Avec l'ouverture de la Chine et son dŽveloppement Žconomique rapide depuis vingt ans, le droit chinois suscite de plus en plus d'intŽrt dans le monde.

Mais les travaux dans ce domaine se limitent souvent ˆ de simples prŽsentations du droit positif. On constate aussi un pragmatisme important dans l'activitŽ lŽgislative ou la recherche juridique chinoises. JÕai essayŽ de mener une rŽflexion sur les mŽthodes de crŽation de rgles de droit ˆ travers l'histoire du droit chinois et le droit comparŽ.


Premire partie Culture Juridique Chinoise

 

Ici, lÕexpression  Ēculture juridique Č est utilisŽe dans le sens le plus vaste : ensemble de valeurs et de concepts aidant ˆ faonner une certaine dŽmarche. Comme lÕa soulignŽ Ernst Gellner[3], lÕhŽritage gŽnŽtique humain permet la prolifŽration de ces ensembles. La  Ēculture juridiqueČ illustre ici une attitude implicite ou explicite de la culture ou des cultures chinoises par rapport au droit, considŽrŽ comme ensemble de rglements sanctionnŽs par lÕEtat ayant pour but la rŽsolution formelle des conflits au nom de la justice.

1.1 Les Fondements du Droit en Chine Antique

Dans la tradition, la Chine nÕest pas une culture axŽe sur le Droit. Elle privilŽgie les relations sociales ainsi que les devoirs qui sÕy rattachent au dŽtriment dÕune conception abstraite et impersonnelle des lois et des droits. Cette tradition de la Chine impŽriale fut prŽservŽe ˆ un degrŽ remarquable par le pouvoir occidentalisŽ des Nationalistes de 1911 ˆ 1949, puis par les communistes qui leur succŽdrent.

La Tradition ConfucŽenne

A la base du Confucianisme, systme philosophique, adoptŽ par lÕEtat et largement responsable depuis plus de 2000 ans des principes directeurs de lÕadministration, de la morale et la vie publique chinoisesŠ se trouve une vision de la sociŽtŽ basŽe fondamentalement sur une conception morale extra juridique et non contractuelle de la vie en sociŽtŽ. [4]Un texte de Confucius bien connu de tous les Chinois lettrŽs dit :

Si le peuple est assujetti aux lois et si lÕuniformitŽ est imposŽe au moyen de sanctions, les gens chercheront ˆ sÕy soustraire et ne conna”tront pas la honte, alors que si le peuple est gouvernŽ par la vertu et que lÕuniformitŽ est recherchŽe au moyen des Li [5] les gens auront un sentiment de honte et deviendront par consŽquent justes.

La pensŽe traditionnelle chinoise estime quÕun constant recours au fa ou droit positif, est la preuve dÕun effondrement de lÕordre social et dÕun manque dÕharmonie entre lÕEtat et la sociŽtŽ. Cette conception fut encore renforcŽe par les principes du bouddhisme populaire et du tao•sme qui constiturent ˆ la fois des courants rivaux et complŽmentaires du confucianisme. Les confucianistes considrent que lÕharmonie sociale se trouve menacŽe, et non protŽgŽe, par toute conception qui envisage lÕindividu comme une unitŽ isolŽe et autonome, ayant ses droits propres, Žgaux ˆ ceux de son voisin. La personne supŽrieure guidŽe par les Li sera prte ˆ ajuster la conception de ses droits aux besoins et aux exigences des autres, afin dՎviter toute confrontation hostile. Ainsi une personne prouve sa supŽrioritŽ morale en se montrant disposŽe ˆ cŽder. (Rang en chinois).

Une Žthique sociale orientŽe vers la piŽtŽ filiale et le sens de la hiŽrarchie, de la mŽdiation et du compromis---- incline ˆ reconna”tre plus le degrŽ auquel les personnes investissent leurs Žmotions et leur dignitŽ dans leurs revendications respectives, que le problme abstrait du bien-fondŽ de ces revendications---- Žvitera naturellement de dŽfinir ds le dŽpart, de faon tranchŽe, des droits et des revendications. En Occident, la tendance de la procŽdure est de dŽpersonnaliser toute revendication afin de mettre le litige mieux en lumire ; en Chine, au contraire, il sÕagit traditionnellement de personnaliser toutes les revendications en les situant dans leur contexte de relations sociales. Cette tradition rejette lÕidŽe quÕune distinction juridique prŽcise ou un jugement en bonne et due forme soient en eux-mmes aptes ˆ rŽsoudre le conflit entre les parties et ˆ rŽtablir lÕharmonie et le respect mutuel.---------

Le droit positif est une intervention Ē terroriste Č de lÕEtat ; la justice est rendue au coin du feu. Les Žcrits confucŽens abondent en dŽclarations comme Ē cÕest le jugement et non la loi qui fait la justice Č, ou encore Ē les anciens rois tiennent compte des circonstances dans leurs dŽcisions  Č.

Par consŽquent, pendant des millŽnaires, la tradition populaire aussi bien que les gouvernements chinois ont toujours prŽfŽrŽ la conciliation dans les questions civiles, lˆ o les intŽrts du gouvernement nՎtaient pas impliquŽs. En fait, ils ont activement dŽcouragŽ tous recours aux tribunaux. Au niveau communautaire, les familles et groupes de familles, les clans, les corporations et autres associations avaient le devoir de rŽsoudre les conflits nŽs en leur sein sous peine de punition en cas dՎchec. Dans la mesure o les Chinois Žtaient soumis ˆ des lois et rglements, le droit Žvoluait ˆ divers niveaux sous une multiplicitŽ de systmes juridique non- formalisŽs. [6]

Cette conception prŽvaut toujours en Chine contemporaine, quoiquÕelle soit plus prononcŽe au niveau des relations personnelles ou dÕaffaire, quÕen matire politique. Cette mme attitude se retrouve ˆ Taiwan et dans les communautŽs chinoises surtouts du sud-est asiatique. Elle se retrouve aussi dans la faon dont les hommes dÕaffaires et les fonctionnaires chinois sÕappuient sur le respect mutuel et la bonne foi, tandis quÕils nÕaccordent quÕun r™le mineur aux contrats et aux accords Žcrits. De mme, cette attitude se retrouve au niveau Žtatique, o il est coutumier dÕavoir recours ˆ des mŽthodes dÕimprovisation pragmatique, dÕaccumuler dÕabord une expŽrience pratique et de ne lŽgifŽrer que lentement et de faon floue, imprŽcise et souple.

LÕinfluence du bouddhisme et du tao•sme sur la mentalitŽ populaire a par ailleurs renforcŽ la primautŽ dÕune recherche de lÕharmonie, de la sŽrŽnitŽ et de la paix intŽrieure en conformitŽ aux lois de la nature Š Ē La voie Č[7] sur les manifestations dÕune autoritŽ extŽrieure, avec ses rglements.

Le DŽbat des LŽgistes et Confucianisme

Un autre courant sÕest encore dŽveloppŽ en Chine : lÕEcole des LŽgistes. Cette Ecole trouva son origine ˆ lՎpoque fŽodale aux sixime et cinquime sicles avant J.C. dans lÕEtat de Qin et aux troisimes et quatrimes sicles dans les Etats de Han et de Wei. Son plus illustre reprŽsentant, Han Feizi [8] se passionna pour lՎtude des ch‰timents et des normes, il souligna lÕimportance de la rŽforme des lois et des institutions ainsi que celle du contr™le du Pouvoir. Le Pouvoir est le moyen de contr™ler les masses, le Pouvoir doit appliquer strictement les lois et les rglements au moyen de rŽcompenses et de punitions. Cependant, mme les lŽgistes considŽrent la loi, pour systŽmatique quÕelle Žtait, comme Žtant essentiellement un moyen de coercition externe.

On peut considŽrer que le dŽbat entre le LŽgisme et le Confucianisme est aux sources de la tradition juridique chinoise. Ces deux courants de pensŽe de la Chine antique ont nourri une philosophe du droit.

On trouve chez les Confucianistes la grande rgle Ē Li Č, donc pour eux, la justice doit tre rendue conformŽment au Li . Cela implique pratiquement de respecter les privilges confŽrŽs aux nobles, qui Žchappaient ˆ lÕapplication du droit commun. Cependant, le peuple est indigne de conna”tre du Li , et doit tre soumis ˆ lÕemprise de la loi pŽnale[9].

Contrairement, LŽgistes instaure le principe de lՎgalitŽ devant la loi[10]--Fa. Ce principe explique que rien ne pouvait davantage hŽrisser les nobles et les lettrŽs. Les confucianistes ont attaquŽ ce principe de lŽgalitŽ devant la loi. Sima Qian, un grand historien chinoise qui exprimait :

Le LŽgisme ne distingue pas entre les proches et les Žtrangers; il ne fait pas de diffŽrence entre le noble et le vulgaire ; il les fait juger tous ensemble par la loi, de telle sorte que amŽnitŽ avec laquelle on aime ses proches et lÕon vŽnre ceux quÕon doit respecter ˆ la diffŽrence des autres, est, hŽlas abolie. [11]

Les lŽgistes ont voulu soumettre lÕEtat et ses sujets ˆ la souverainetŽ de la loi. Cette conception de la loi est rigoureusement objective, et cette loi, dŽsormais applicable ˆ tous, est Ēpurement punitiveČ. CÕest ce qui explique une autre caractŽristique du droit chinois, que Ēla matire lŽgale est donc exclusivement matire de droit publicČ[12]

LÕempreinte de ces deux doctrines sur le droit chinois impŽrial est profonde. La dynastie Qin eut la vie courte, et par la suite, aucun empereur nÕa choisi le LŽgisme comme doctrine de gouvernement. Cependant, ˆ partir des Qin , le droit impŽrial a conservŽ son caractre essentiellement pŽnal et administratif .>>>>> Toutefois, les confucianistes ont vite regagnŽ leur place, et ont pu faire intŽgrer dans le droit les diffŽrences de statut au sein de la famille et dans la sociŽtŽ. Le Li a ŽtŽ ĒlŽgalisŽ Č tandis que le Fa sÕest imprŽgnŽ de la morale. Depuis lors, le droit chinois impŽrial a ŽtŽ marquŽ par la coexistence du Li et du Fa dans tous les codes jusquÕen 1912. Au dŽbut de vingtime sicle le droit chinois subit de profondes modifications, au contact des systmes juridiques occidentaux. Un point doit tre clair : dans la Chine impŽriale, la conception du droit est un instrument de domination du pouvoir. LÕEmpereur ne recourait au droit que pour maintenir lÕordre et ch‰tier les criminels.

La Loi Ecrite

La notion que lois Žcrites et droits spŽcifiques tendent ˆ polariser les relations humaines et ˆ intensifier les disputes est ˆ la base de la critique faite par un haut dignitaire dÕun Etat fŽodal, le premier ministre de lÕEtat de Zheng[13] qui prescrivit un Code pŽnal inscrit sur une sŽrie dÕobjets en bronze. Cette objection mentionnŽe dans lÕhistoire de Zuo Zhuan[14] dit :

Ē Quand les gens connaissent les punition, ils cessent de craindre les autoritŽs et acquirent un esprit de chicane qui les poussent ˆ faire appel contre le droit Žcrit en espŽrant que cela leur apportera le succs. Aussit™t que les gens apprennent les moyens de mener un litige, ils rejettent les principes de bonne conduite (Li) et font appel au droit Žcrit en se querellant ‰prement pour des choses insignifiantes comme un couteau ou une alne.Č

Mais, ces litiges nÕapportaient pas lÕharmonie pour de royaume, bien au contraire, ces litiges dŽsordonnŽs se multiplirent et la corruption devint chose courante, ce qui amnera trs vite la fin de Zheng. Pour les historiens, le grand nombre de rglements gouvernementaux, Žtait une cause importante de la chute du royaume.

Les textes complets des Codes, du dernier Code Tang (651 ap.J.C.) qui compte 502 articles, au Code Qing (Mandchou), rŽdigŽ en 1740, se composant de 436 lois et 1409 rglements complŽmentaires, atteignaient, en 1870, le chiffre de 1892 articles. De plus, il convient de mentionner les chapitres traitant de questions juridiques dans les Histoires dynastiques incluant un traitŽ sur la bureaucratie ainsi que les recueils dÕarrts.[15] Il convient de mentionner les sections juridiques de diverses encyclopŽdies>>>> des institutions gouvernementales. Il est difficile dՎtudier avec prŽcision les nombreux rglements et coutumes ˆ caractre infra juridique : rgles des clans, statuts des corps de mŽtiers, des villages et des assemblŽes de notables, etc. En raison dÕune part de leur Žparpillement et dÕautre part de la nature non-officielle de leur sphre dÕapplication. Les volumineux codes de chaque dynastie, ˆ partir de la dynastie Tang en particulier, fournissent un panorama du dŽveloppement juridique et social plus complet que celui dont nous disposons pour nÕimporte quelle nation europŽenne sur une pŽriode comparable.

Le droit chinois de lՏre dynastique Žtait essentiellement ˆ caractre pŽnal. Ce caractre pŽnal est lÕempreinte la plus profonde quÕait laissŽe le LŽgisme sur le droit impŽrial chinois. LÕinfluence confucianiste, pour sa part, se traduit par lÕinscription dans le droit de statuts diffŽrents et le scrupuleux respect de ces diffŽrences lorsquŌil sÕagit de dŽterminer le ch‰timent. Le droit nՎtait pas de la source de lÕautonomie individuelle. Un individu Žtait toujours considŽrŽ par rapport ˆ position dans la famille, dans le clan, jamais isolŽment.

 

1.2 LÕorganisation de la Justice en Chine ImpŽriale

La sociŽtŽ chinoise qui, pendant la majeure partie de son histoire, avit placŽ la moralitŽ au dessus de la loi, fut aussi une sociŽtŽ possŽdant une bureaucratie et un systme dÕadministration extrmement dŽveloppŽs et complexes. Les Žtrangers ont souvent sous-estimŽ dans une large mesure la quantitŽ, lÕanciennetŽ, le caractre dŽtaillŽ et systŽmatique de la lŽgislation chinoise, lՎtendue de la codification, les travaux ainsi que les traitŽs juridiques publiŽs sous le rgne des empereurs de Chine, de mme que la formation et la supervision auxquelles les fonctionnaires Žtaient soumis.

Le magistrat de district

Le magistrat de district a constituŽ la figure centrale du systme judiciaire chinois, depuis plus de deux millŽnaires. Ce magistrat Žtait la plus petite unitŽ administrative dans lÕempire. Le juge, par sa fonction devait consacrer son temps ˆ dÕimportantes et absorbantes t‰ches administratives.[16]  ĒIl devait assumer la responsabilitŽ de tout dans lÕimmense territoire quÕil prŽsidait Š maintien de lÕordre, perception des imp™ts, prononcer des arrts dans la plupart des affaires judiciaires qui se prŽsentaient, et lÕadministration gŽnŽrale du monopole du sel, des greniers publics, des communication, du service postal, de la police, de lÕenseignement, etcČ[17]. Toutes ces t‰ches faisaient que lÕinfluence du magistrat se faisait sentir ˆ toutes les Žtapes de la vie de ses administrŽs. En cette raison, on lÕappelŽ : ¬fonctionnaire pre et mre de tous¬ ( Fu mu guan en chinois ). >>>>

Le magistrat ne siŽgeait jamais dans son district natal, afin de rŽduire la risque de se laisser influencer par les pressions que lՎlite locale nÕaurait pas manquŽ dÕexercer sur lui. La durŽe de mandat du magistrat nÕexcŽdait pas trois ans. Habituellement, le magistrat ne parlait mme pas le dialecte du district quÕil administrait, aussi il devait se faire aider par du personnel originaire du district. [18] Le magistrat de district pouvait user dÕun important pouvoir discrŽtionnaire dans lÕapplication des articles du Code.[19] Les parties concernŽes par un litige nՎtaient pas reprŽsentŽes par un avocat, et ne pouvaient pas faire compara”tre de tŽmoins. Cependant, le magistrat possŽdait des pouvoirs dÕenqute Žtendus. Il tenait trois audiences par jour, une le matin, une au milieu du jour et une le soir.[20]

Il existait des moyens de limiter les abus de pouvoir juridique. Tout dÕabord, le magistrat Žtait imputable devant ses supŽrieurs immŽdiats, jusquՈ lÕEmpereur. Le magistrat devait fournir tous les documents originaux des affaires quÕil tranchait ˆ ses supŽrieurs, et les condamnations ˆ mort devaient recevoir lÕapprobation prŽalable du Tr™ne. Ensuite, chaque magistrat Žtait lŽgalement responsable des actes de ses subordonnŽs. ThŽoriquement, les parties avaient un droit dÕappel jusquÕau Tr™ne. Il fallait aussi compter avec les censeurs impŽriaux, qui arpentaient lÕempire incognito et disposaient des pleins pouvoirs pour faire arrter sur le champ un fonctionnaire incompŽtent. [21]

La Justice Clanique

LՎtendue du territoire en Chine Žtait telle que le magistrat de district ne pouvait exercer de contr™le direct sur tout ce qui se passait dans sa juridiction, dÕautant plus quÕil ne siŽgeait pas dans son district et Žtait perpŽtuellement surchargŽ de travail. Aussi, pour toutes ces raisons, les autoritŽs chinoises permettaient-elle aux clans, suivant un pouvoir soigneusement circonscrit, de veiller au maintien de lÕordre et de la cohŽsion clanique.[22] Ds lors, les autoritŽs appliquaient le principe de responsabilitŽ collective des clans.

Certains clans Ždictaient leurs propres rgles, quÕils codifiaient. Ils dŽtenaient un certain pouvoir de ch‰timent ˆ lÕendroit des membres ayant transgressŽ ces rgles. Toutefois, ce pouvoir quasi autonome ne portait que sur des cas mineurs entre les membres du clan. Les tribunaux des clans pouvaient entendre des litiges ayant trait au culte des anctres, et ˆ la succession. Par ailleurs, la dŽcision du tribunal dÕun clan ne comportait pas de force contraignante, et une partie insatisfaite de la dŽcision pouvait >>> en tout temps la porter en appel auprs du magistrat. Les cas graves (actes de trahison, meurtres, actes criminels), les cas dÕadultre entre parents et de blessures infligŽes aux parents par les enfants, devaient tre soumis au magistrat car la loi prŽvoyait la tenue dÕun procs dans ces cas prŽcis.

La Justice des Villages

Une autre faon de rŽgler les litiges, consistait ˆ faire appel aux a”nŽ du village pour quÕils appliquent la coutume appropriŽe aux fais de lÕespce. La juridiction des a”nŽs du village sՎtendait ˆ tous ses habitants et ˆ toutes les personnes qui y passaient, de mme quՈ lÕensemble des activitŽs exercŽes par les habitants.[23] Cependant, ˆ lÕinstar des guildes et des clans la juridiction des ainŽs du village Žtait limitŽe ˆ des questions bien prŽcises, car certains types de litiges devaient automatiquement tre soumis au magistrat de district.

La justice de village opŽrait ˆ deux niveaux. Dans un premier temps, les parties en litige recouraient ˆ la mŽdiation privŽe. Si cela Žchouait, le litige Žtait alors soumis aux a”nŽs du village, qui faisaient office dÕarbitre.[24] Ces derniers proposaient des solutions fondŽes sur la coutume. Il fallait toutefois amener les parties ˆ accepter le compromis. Le tout se terminait par un banquet. Les cožts Žtaient dŽfrayŽs par la partie en faute, si elle admettait avoir ŽtŽ la seule fautive, ou bien partagŽs par les deux parties si elles reconnaissaient toutes deux leur responsabilitŽ dans le litige. Le banquet servait ˆ marquer le fait que les parties Žtaient parvenues ˆ un accord et ˆ le rendre public. La justification officielle du banquet Žtait de remercier les mŽdiateurs ou arbitres, mais, en rŽalitŽ le banquet constituait de la part du perdant une admission de sa dŽfaite et une excuse. Une partie insatisfaite pouvait faire appel au magistrat de district.[25]

En effet, dÕune part les litiges qui touchaient au droit des biens et aux prts occupaient une proportion importante des affaires soumises au magistrat de district ; dÕautre part, les paysans eux-mmes recouraient au magistrat de district sÕils lÕestimaient opportun.[26] Les paysans nÕhŽsitaient pas ˆ jouer sur la juxtaposition des Ē justice de village Č et Ē  justice rendue par le magistrat Č, devant qui certains dÕentre eux portaient le litige afin, prŽcisŽment, dÕexercer des pressions sur lÕautre partie. [27] Ils utilisaient ce quÕils anticipaient tre la dŽcision du magistrat comme ŽlŽment pour inciter les parties ˆ rŽgler leur diffŽrend avant que le magistrat ne le tranche, surtout si celui-ci avait Žmis une opinion prŽliminaire.[28]

Les Chinois recouraient bel et bien ˆ ces tribunaux qui opŽraient comme maillon infŽrieur, et pas en marge ni par substitution du systme judiciaire de lÕEtat. En fait , les tribunaux des clans et des guildes, de mme que la justice de village, peuvent tre comparŽs ˆ des organes subsidiaires des cours, exerant des pouvoirs dŽlŽguŽs pour trancher des litiges relevant de leur juridiction. Ainsi, ces tribunaux font partie intŽgrante du systme judiciaire chinois, dont la cour du magistrat de district constituait la premire cour dÕappel.[29] Ceci est une bonne illustration des propos de L. Assier-Andrieu : Ē En bref, ce nÕest pas parce quÕon rgle un diffŽrend hors du tribunal quÕon le rgle hors de lÕEtat et de son droit. Le mode ŽtatisŽ dÕorganisation de la sociŽtŽ accepte le pluralisme interne du droit Č[30]. La Chine acceptait le pluralisme interne du droit. On pourrait qualifier la justice clanique, celle des guildes et mme celle de village comme Ē un degrŽ infra-juridictionnel de filtrage des litiges Č[31] .

Les tribunaux claniques et ceux des guildes oprent avec lÕapprobation des autoritŽs administratives de lÕEtat et font partie du systme, dans la mesure o la cour du magistrat de district fait office de tribunal dÕappel des dŽcisions des guildes, clan etc. De plus, jusquՈ un certain point, les rgles de clan et des guildes ont une certaine valeur dÕautoritŽ aux yeux des magistrats. Les tribunaux claniques ou ceux des guildes Žpargnaient un temps prŽcieux au magistrat surchargŽ, et dans certains cas, Žtaient mieux placŽs pour rŽsoudre les litiges que les tribunaux dits officiels. Dans cette perspective, lÕimage selon laquelle Ē lÕhomme de bien Č rŽpugne ˆ recourir aux tribunaux trouve sans doute un certain fondement, non seulement dans le discours officiel mais aussi dans la rŽalitŽ, dans la mesure o, en raison de leur imprŽgnation de la culture confucŽenne le Li , les fonctionnaires lettrŽs, qui appartenaient aux classes exemptŽes de compara”tre devant les tribunaux, devaient entretenir un profond dŽdain pour tout tribunal. Si toutefois lÕon considre les tribunaux des guildes de marchands et dÕartisans, les tribunaux des clans et la justice de village, le recours aux tribunaux Žtait, somme toute plus frŽquent que ce qui ressort de la plupart des Žtudes sur le droit chinois.[32]


Deuxime partie

LՃvolution sur le Droit de la Fin de lÕEmpire (1911)

Ė la Chine des RŽformes (1979)

Brve introduction historique

La dernire dynastie (les Qing), dÕorigine manchoue, prend le pouvoir en 1644. Elle le conserve, malgrŽ des rŽbellions qui laissent exsangue au XIX  Sicle, jusquÕen 1911, annŽe de lÕabdication impŽriale. DÕune manire gŽnŽrale, la Chine est ˆ nouveau la proie du chaos lorsquÕun nouveau pouvoir tente de sÕinstaller en 1913, dominŽ par Yuan Shikai[33] qui subitement, meurt en 1916. Commence alors la pŽriode de lÕhistoire de Chine appelŽe Ē Les seigneurs de la guerre Č, qui dure jusquÕen 1928. La Chine est comme dŽsintŽgrŽe, morcelŽe, les provinces sont gouvernŽes par des Ē seigneurs Č en rivalitŽ les uns avec les autres, et le pouvoir central est marquŽ par la prŽcaritŽ et lÕinstabilitŽ. Pour troublŽes que soient ces annŽes, elles sont aussi celles dÕun grand bouillonnement intellectuel, social, et politique.[34]

Le Parti Communiste Chinois (PCC) voit le jour en 1921.il est dirigŽ par Moscou, qui lui impose de sÕallier au Parti nationaliste Chinois, le KuominTang (KMT) [35] dirigŽ par Chiang Kai-Shek depuis 1925, annŽe de la mort de Sun Yat-Sen, son fondateur rŽvolutionnaire. Cette coopŽration Žtait imposŽe par Moscou, qui avait promis de financer cette alliance. Ė la fin de seconde guerre mondiale, une guerre civile naquit entre les deux partis avec le soutien de lÕ Union SoviŽtique et des Etats-Unis. En 1949, la RŽpublique Populaire de Chine fut fondŽe. Historiquement, la Chine redevient unie.

Ė partir de 1911, le droit en Chine peut tre dŽcrit comme Žtant Ē non occidental Č. Les nationalistes, autant que les communistes, ont tentŽ, ˆ des degrŽs divers, avec plus dÕun objectif ˆ lÕesprit, de moderniser la Chine. Leurs projets de rŽforme visaient particulirement le systme juridique, la procŽdure et, ˆ certains Žgards, la vie sociale, en conformitŽ avec des principes largement inspirŽs de lÕesprit europŽen des lumires, du rationalisme, de lÕutilitarisme, du socialisme et du marxisme et en rŽponse aux exigences des rŽalitŽs de lՎconomie moderne, du commerce international et de la coopŽration.

Cependant, il ne faut pas l'oublier, ˆ cette Žpoque, les pays occidentaux qui apportaient les modles juridiques et les idŽes dŽmocratiques, le faisaient par la force, souvent trs brutalement. Par une sŽrie de traitŽs inŽgaux aprs la guerre de lÕopium, la Chine perd non seulement son intŽgritŽ territoriale mais Žgalement toute indŽpendance en matire douanire. Les puissances occidentales y instaurent alors un rŽgime semi colonial.[36]

2.1 1912-1949 lÕIntroduction du Droit Occidental

Une rŽforme juridique basŽe sur la conception occidentale du droit a commencŽ dans les dernires annŽes de la dynastie Qing. Cette rŽforme entra en vigueur aprs la RŽvolution de 1911. Bien que ces codes aient ŽtŽ hautement ŽlaborŽs et sophistiquŽs, ils nÕoctroyaient pourtant aucun droit aux citoyens, ne concevaient pas que lÕappareil des lois puisse tre distinct de lՃtat et nÕopŽraient pas de distinction entre le droit civil et droit pŽnal. Ils constituaient un ensemble de directives adressŽes aux fonctionnaires. CՎtaient bien la continuitŽ de la logique impŽriale.

La dynastie Qing sÕeffondra en 1911 sous lÕassaut des exigences nationalistes dŽmocratiques. Elle fut remplacŽe par la RŽpublique dirigŽe par Sun Yat-Sen et le prit pour modle les systmes constitutionnels, juridiques et politiques de lÕEurope continentale et du monde anglo-amŽricain. Ces principes furent finalement incorporŽs dans les Six Codes du KMT selon le style occidental. Aprs 1917, Sun Yat-Sen lui-mme fut sŽduit par le modle soviŽtique dans le domaine des structures du parti et de lՎducation politique. LÕinfluence de ce modle demeure prŽdominante dans la RŽpublique Populaire de Chine, mais on en retrouve Žgalement des traces ˆ Taiwan. Cependant, la pŽriode 1911-1949 fut fondamentalement une pŽriode de guerre civile endŽmique, encore compliquŽe et rendue plus difficile par lÕinvasion japonaise.

Le processus de rŽforme juridique avait commencŽ au XIX  sicle sous la pression de lÕOccident: cela reprŽsentait une tentative pour contrecarrer les exigences occidentales en matire dÕextraterritorialitŽ. Ce processus fut grandement accŽlŽrŽ par la chute de la dynastie Qing en 1911 et la proclamation de la RŽpublique. La commission pour la codification des lois, instituŽe sous les Qing, poursuivit donc ses travaux. Le Code pŽnal prŽparŽ sous les Qing en 1912, a finalement ŽtŽ remplacŽ ˆ par les Codes pŽnaux de 1928 et 1935.

Pendant les quinze dÕannŽes suivantes, le gouvernement de la RŽpublique a luttŽ contre les bandits et les Seigneurs de la Guerre, par la crŽation des conditions nŽcessaire ˆ lՎtablissement dÕune administration centrale, qui fut finalement Žtablie ˆ Nankin en 1927. Entre 1929 et 1935, le gouvernement acheva lՎbauche de plusieurs codes provisoires qui seront promulguŽs sous lÕappellation des Six Codes: (Loi organique, Droit commercial, Code civil, Code pŽnal, Code de procŽdure civile et Code de procŽdure pŽnale.) DÕautres lois relatives ˆ certains aspects spŽcifiques du commerce et de lÕactivitŽ commerciale virent le jour, notamment en matire de droit des faillites, des sociŽtŽs et des assurances. Le Code civil, largement inspirŽ des codes suisses de 1907, attira les Žloges de Roscoe Pound[37] qui agissait comme conseiller auprs du ministre de la Justice ˆ Nankin en 1946. Il en alla de mme pour le Code de procŽdure civile, basŽ sur le Code autrichien, et dŽcrit comme Žtant de caractre Ē avancŽ, souple et simple Č.[38]

Par consŽquent, durant la pŽriode rŽpublicaine, le droit formel chinois se mua en droit occidental, car il prenait pour modle le systme occidental et Žtait rŽdigŽ avec lÕaide dՎminents juristes occidentaux. Les tribunaux furent organisŽs suivant le modle franais, mais en mme temps la Chine adopta le style anglo-amŽricain de sŽparation du judicaire et de lÕexŽcutif. Le procureur gŽnŽral chinois combina divers traits empruntŽs au systme anglo-amŽricain et au modle franais. Le systme de dŽfense suivait plut™t le modle anglo-amŽricain. Le rŽsultat fut un mŽlange de: juge enquteur, grand jury, procureur public et juge dÕinstruction. Ė cette Žpoque-lˆ, en fait, la codification avait bien suivi le modle franco-allemand et en pratique juridique, le systme anglo-amŽricain qui sÕintŽgrait mieux dans la tradition chinoise.

Le Code civil chinois appartient donc ˆ la famille du Code NapolŽon et des codes allemand et suisse. Le Code pŽnal abrogea plus de 2000 dispositions des anciens codes dynastiques, renversa le principe de la responsabilitŽ collective et celui de la responsabilitŽ par substitution, et suivit la tradition anglo-amŽricaine en matire de prŽsomption dÕinnocence et de rejet de lÕanalogie. Le concept dÕun Žtat de droit et lՎlaboration dÕun systme juridique fondŽ sur la rŽsolution judiciaire des conflits en lieu et place dÕun systme administratif eut quelque faveur durant la pŽriode o les nationalistes furent au pouvoir. Mais les effets de ces notions furent sŽrieusement freinŽs en premier lieu par les conditions prŽcaires du pays et les tendances autoritaires dans la pensŽe de Sun Yat-sen et de son successeur Chiang Kai-shek, aussi bien que par lÕincessante malhonntetŽ et la corruption qui caractŽrisaient le gouvernement nationaliste chinois et ses organes administratifs. Il est vrai que depuis 1911, jusquՈ son expulsion de la Chine continentale en 1949, le gouvernement nationaliste dž sÕefforcer en premier lieu de crŽer en Chine un Žtat central et unifiŽ. Il avait ˆ lutter contre les seigneurs de la guerre autant que contre les communistes, sans compter quÕil dž repousser une invasion Žtrangre (lutter contre les japonais).[39]

Les leaders nationalistes pensaient que le problme chinois Žtait essentiellement de trouver un moyen de mobiliser ou de contr™ler le peuple, de le forcer ˆ poursuivre lÕintŽrt national, ou de lui inspirer un idŽal. (AujourdÕhui, on nÕa pas trs progressŽ).

Chiang Kai-shek, dans son ouvrage qui parlait du principe de Ē Fa zhi Č - le respect de la loi - nÕenvisageait pas les droits de lÕindividu ou lÕassujettissement du gouvernement ˆ la loi. Ce quÕil avait ˆ esprit, cՎtait la subordination de lÕindividu ˆ lÕintŽrt social. Le peuple, pour sa part, continuait ˆ se mŽfier tant du gouvernement que de la loi. Les gens continuaient ˆ sÕaccrocher aux institutions officieuses destinŽes ˆ rŽsoudre les conflits et ˆ effectuer des ajustements sociaux ˆ un niveau infra-judiciaire. Les injonctions gouvernementales nÕavaient aucun effet dans la plus grande partie du territoire.

Durant la guerre, la corruption et une justice militaire arbitraire se substiturent pratiquement ˆ toute procŽdure judiciaire normale. Bien avant que les gens eussent pu apprŽcier lÕeffet des nouvelles lois sur leurs mŽthodes traditionnelles de traiter les questions de succession, de relations familiales et sociales, de divorce et de commerce, les FacultŽs de droit durent tre ŽvacuŽes, les tribunaux furent incendiŽs et les centres de gouvernement furent rŽinstallŽs loin des Japonais. La restauration du gouvernement rŽpublicain en Chine, ˆ la fin de la Seconde Guerre mondiale, fut suivie de son renversement par les communistes moins de quatre ans plus tard.

Pendant cette pŽriode, dans le domaine du commerce, certaines associations professionnelles ont jouŽ un r™le important pour rŽgler les conflits par des techniques de mŽdiation et dÕarbitrage.

2.2 1949-1979 - La ThŽorie Marxiste du Droit

En 1949, la proclamation de la RŽpublique populaire de Chine (RPC) est un moment historique. Le Parti Communiste Chinois (PCC) impose le marxisme comme idŽologie officielle, or Mao Zedong, grand rŽvolutionnaire, interprŽtait le Marxisme-lŽninisme avec son propre accent.

Point de vue idŽologique

Ė ce moment-lˆ, la Chine vit une situation dŽvastŽe par les guerres successives. Les dŽg‰ts matŽriels sont tels, que les fondements de lÕagriculture et de lÕindustrie sont atteints en profondeur, et le systme monŽtaire plongŽ dans le chaos[40]. La population est durement ŽprouvŽe par quelque dizaine dÕannŽes de guerre, elle exprimait son mŽcontentement vers le gouvernement de KMT. Donc, une grande partie de la population met son espoir dans PCC, et est prte ˆ collaborer avec lui lorsquÕil arrive au pouvoir[41]. La RPC est isolŽe sur la scne internationale. Dans ce contexte, le soutien de lÕURSS est trs important pour le nouveau rŽgime, qui sÕinspire beaucoup du modle soviŽtique, mais en lÕadaptant.[42]

Le PCC sÕattelle t™t ˆ la mise sur pied dÕun nouveau systme juridique. Toutefois, en raison de la tournante politique qui sŽvit en Chine ˆ partir de 1957, ce systme cesse ˆ peu prs compltement de fonctionner en 1959, annŽe de lÕabolition du Ministre de la Justice. Ė partir de 1957, le systme juridique est remplacŽ par la Ē justice de masse Č, qui atteindra son point culminant durant la RŽvolution Culturelle.[43]

Le PCC fait immŽdiatement table rase du systme juridique ŽlaborŽ sous le KMT, en abrogeant toutes les lois adoptŽes, de mme que la Constitution. Les diffŽrentes institutions judiciaires du KMT ont ŽtŽ abolies. Pour les communistes, cependant, il nÕest pas question de restaurer le droit impŽrial. Les juristes chinois font donc face ˆ un vide juridique, vide dÕautant plus grand quÕils ne peuvent sÕinspirer ni des sources occidentales ni du droit ayant existŽ sous le KMT. LÕabsence de prŽcŽdents et de tradition juridique sur lesquels sÕappuyer conduit le PCC ˆ copier le systme constitutionnel et juridique de lÕURSS[44]. Par ailleurs, les juristes chinois du nouveau rŽgime sont formŽs par des experts soviŽtiques.[45] Dans ce contexte que lÕon peut parler dÕune influence marxiste et soviŽtique sur le droit chinois en Žmergence, influence qui touche les fondements idŽologiques du droit que les rgles de procŽdure[46].

On peut trouver plusieurs ŽlŽments tŽmoignant de lÕinfluence durable du modle soviŽtique sur le droit chinois. Tout dÕabord, une dŽfinition du mot droit qui est trs proche de celle donnŽe par un juriste soviŽtique auquel les dirigeants chinois se rŽfŽraient beaucoup. En vertu de cette dŽfinition, le droit consiste en un agrŽgat de rgles de conduite ŽdictŽes et approuvŽes par lÕEtat. Le droit exprime la volontŽ de la classe dominante et la mise en Ļuvre du droit est garantie par la force coercitive de lՃtat .Ensuite, lÕidŽe lŽniniste quÕil appartient au seul Parti Communiste, qui est lÕavant-garde du prolŽtariat, de diriger la lutte des classes et dÕassurer la transition vers le socialisme. LÕinfluence du modle soviŽtique sՎtend bien au-delˆ du droit, car il inspire aussi entre autres, lÕorganisation de lÕétat, une stratŽgie de dŽveloppement urbain, et des techniques militaires modernes.[47]

Mao Zedong Žtait fort influencŽ par Marxisme-LŽninisme. Pour Mao comme pour Marx et LŽnine, la rŽvolution prolŽtarienne a son caractre nŽcessairement violent, et la fonction de lՃtat socialiste doit Žliminer lÕordre bourgeois. Cette dernire, Žtait caractŽrisŽe par la propriŽtŽ privŽe et le capitalisme. Mais, plus tard, Mao introduisit sa thŽorie de la Lutte des Classes. Selon Mao, pour consolider une sociŽtŽ o rŽgnera en ma”tre la Ē classe ouvrire Č, il ne suffit pas seulement dՎliminer la propriŽtŽ privŽe, il faut aussi identifier les ennemis de classe, leur faire subir des purges et les punir. Dans cette idŽologie, le systme juridique avait une fonction de suppression des ennemis de classes[48] ainsi, le droit et le systme juridique se voient attribuer un r™le politique. Cette vision mao•ste du droit influera profondŽment sur la nature des relations entre le PCC et le pouvoir judiciaire. Cela explique lÕaccent mis sur lÕidŽe de Ē justice de masse Č.

M. Yu Xingzhong[49] rŽsume ainsi cette conception  marxiste: les droits sont liŽs ˆ des classes particulires, dont ils servent les intŽrts et il sÕensuit que lÕon peut distinguer des droits bourgeois et des droits prolŽtariens. Les droits naturels nÕexistent pas. Par consŽquent, les droits ne sont ni inhŽrents ni inaliŽnables, mais ils sont octroyŽs par lՃtat et la classe dirigeante. Ė ce titre, si lՃtat peut confŽrer des droits, il peut aussi les modifier, ou mme les confisquer ˆ leurs titulaires. Ces droits lŽgaux ne constituent donc pas un reflet de Ē droit naturel Č. Enfin, les droits sont par nature relatifs, et indissociables des obligations. Ė chaque droit correspond un devoir.

Il ressort, de cette conception, que le Droit nÕa pas pour fonction de protŽger les droits individuels. Cette vision personnalisŽe des droits correspond encore ˆ la tradition confucianiste, toujours profondŽment encrŽe dans les sociŽtŽs chinoises, mme ˆ une Žpoque o elle est manifestement martyrisŽe.

Les Institutions Juridiques

On peut distinguer deux pŽriodes dans la mise en pratique du nouveau systme juridique chinois. La premire Žtape, de 1949 ˆ 1953 est la pŽriode de formation. Certaines institutions voient le jour, parmi lesquelles la Cour populaire Suprme, le Parquet populaire Suprme, et quelques ministres sont crŽŽs dont le ministre de la SŽcuritŽ Publique et le ministre de la Justice. En mme temps, des cours et des agences administratives sont Žtablies au niveau provincial et local. Ė cette Žpoque, le gouvernement central cumule les pouvoirs lŽgislatifs, exŽcutif, judicaire et militaire. Il en va de mme, ˆ plus petite Žchelle, pour les gouvernements locaux.

Ds 1950, le PCC Ždicte et promulgue des lois trs importantes, dont la loi sur le mariage, la loi sur la rŽforme agraire, etc. On voir bien que, la justice ŽtŽ considŽrŽe comme une branche de lÕadministration. Cela rappelle la logique du droit impŽrial.

Cependant, le PCC dŽveloppe la justice de masse, incarnŽe par les tribunaux du peuple.[50] Le prŽsident du tribunal Žtait habituellement le leader dÕune unitŽ de travail, alors que des activistes politiques occupaient les fonctions de Ē juges Č. Les pouvoirs judiciaires immenses de ces tribunaux allaient de la convocation jusquÕau prononcŽ dÕune sentence de mort. Ces tribunaux opŽraient dŽjˆ dans les rŽgions sous contr™le communiste avant 1949, mais ils deviennent plus rŽpandus avec la rŽforme agraire, puis avec les diverses campagnes politiques. La justice de masse est exercŽe contre les cibles du moment, quÕil sÕagisse des paysans riches, des industriels, des Ē contre-rŽvolutionnaires Č, etc. Les parodies de procs se dŽroulaient en public et lÕissue Žtait le plus souvent une condamnation ˆ mort. Le PCC a dŽveloppŽ en mme temps le systme de rŽvision et dÕapprobation interne des dŽcisions, en vertu duquel aucun jugement ne pouvait tre rendu avant dÕavoir reu lÕapprobation du comitŽ de parti ou des groupes du parti dans les institutions judiciaires. Cette porte ouverte ˆ lÕingŽrence directe du parti dans lÕopŽration de la justice ne sÕest jamais refermŽe. Par ailleurs, les tribunaux populaires, initialement destinŽs ˆ une courte existence, ont durŽ plus de quatre dŽcennies[51].

Ces deux systmes ont cohabitŽ un certain temps. Les causes de droit pŽnal Žtaient entendues dans les Cours du systme juridique ordinaire. Celles mettant en jeu la sŽcuritŽ nationale Žtaient jugŽes sous le contr™le du Bureau de la SŽcuritŽ Publique, devenu un vŽritable Ē ƒtat dans lՃtat Č et les causes ˆ caractre civil Žtaient tranchŽes par des mŽdiateurs au niveau local. Les tribunaux populaires connaissaient une grande activitŽ pendant les campagnes politiques[52]. Mais ce phŽnomne nՎtait pas isolŽ, ce modle de juridique existait Žgalement dans lÕURSS de Staline.

LÕannŽe 1954 est une date importante pour le systme juridique de la RPC. DÕabord, la premire constitution est adoptŽe. Les principes de lÕindŽpendance du pouvoir juridique et de lՎgalitŽ de tous les citoyens devant la loi y sont dŽclarŽs. Malheureusement, ils nÕ existaient que sur le papier. Ensuite, le systme judiciaire Žtablissait trois niveaux de cours, sous la Cour populaire suprme et une lŽgislation nationale.

Aprs 1957, pendant le mouvement de la Campagne des Cent Fleurs[53] une nouvelle chasse aux opposants prŽsumŽs se traduit par une attaque aux droits constitutionnels des citoyens chinois. Pour atteindre les droitiers et ch‰tier les contre-rŽvolutionnaires efficacement, le PCC abolit toutes les institutions judiciaires. Enfin, le ministre de la Justice est supprimŽ en 1959. Les Cent Fleurs marquent un tournant dans les relations entre le PCC et le pouvoir judiciaire, et ˆ partir de 1957, le PCC pr™ne le principe du Ē gouvernement par les hommes Č par opposition au Ē rule of law Č. Les partisans de lՎdification dÕun systme juridique et de la lŽgitimation des droits et intŽrts individuels sont dŽsormais assimilŽs ˆ des droitiers bourgeois, et on leur impute lÕopinion dՐtre opposŽs ˆ lÕidŽologie communiste et au leadership du PCC[54].

Aprs les trois annŽes noires 1959-1961, les millions de morts par famine, ˆ cause de politiques dŽsastreuses cumulŽes ˆ la sŽcheresse, Mao encore lancŽ la Grande RŽvolution Culturelle ProlŽtarienne en 1966. Cette tragŽdie historique durera dix ans. La Chine en soufre encore aujourdÕhui sous certains points.

Mao a remis ˆ lÕordre du jour le concept de lutte des classes, et ce mouvement a vite pris la forme de persŽcutions tenaces et sans merci contre toutes les personnes prŽsumŽes hostiles au rŽgime. Il ressort des tŽmoignages des personnes ayant traversŽ cette tourmente que les membres dÕune mme famille ont ŽtŽ dressŽs les uns contre les autres, des enfants ont dŽnoncŽ leurs parents, et bon nombre de rancunes se sont assouvies alors en dŽnonant le voisin, le collgue, etc. En pratique, les accusŽs comparaissaient devant les tribunaux populaires et subissaient des procs ˆ lÕissue desquels ils Žtaient exŽcutŽs ou condamnŽs aux travaux forcŽs, aprs avoir ŽtŽ humiliŽs et torturŽs. Lors de cette parodie de procs, dont lÕissue Žtait dŽcidŽe dÕavance, les tŽmoins agissant sous la menace tant™t directe, tant™t indirecte, lÕaccusŽ nÕavait pas le droit ˆ la dŽfense et ne bŽnŽficiait dÕaucune possibilitŽ dÕappel. De grands intellectuels se sont alors suicidŽs.

Mao a lancŽ les Gardes Rouges, commandos de jeunes gens chargŽs de faire la RŽvolution, ˆ lÕassaut de tout ce qui incarnait la Ē bourgeoisie Č, le Ē fŽodalisme Č, Ē lÕopposition ˆ la rŽvolution Č. Dans leur ferveur, les Gardes Rouges sÕen sont pris aux trŽsors archŽologique de la Chine, des temples et bibliothques ont ŽtŽ mis ˆ sac. Certaines familles ont dž se rŽsoudre ˆ dŽtruire des livres, peintures et autres objets dÕart, de peur que leur possession, si elle Žtait dŽcouverte, ne dŽcha”ne contre elles le fanatisme des Gardes Rouges. Les condamnations se faisaient sur la base de prŽtextes fallacieux, et il suffisait de peu pour tre envoyŽ dans les camps de rŽŽducation ou condamnŽ ˆ mort. Des factions rivales sÕaffrontaient dans les Žcoles et les usines, et les luttes faisaient des morts. Toutes les institutions dÕenseignement ont ŽtŽ fermŽes, ce qui a eu pour consŽquence de crŽer une gŽnŽration sacrifiŽe. Par moments, des rŽgions entires du pays Žtaient en proie ˆ la guerre civile et Mao fut obligŽ de faire appel ˆ lÕarmŽe pour rŽtablir lÕordre[55].

Ce mouvement a dŽcimŽ les Žlites chinoises et a laissŽ aux survivants une mŽfiance amre et un profond sentiment de trahison ˆ lՎgard du PCC. Surtout, la RŽvolution Cultuelle est devenue dans lÕesprit des Chinois - particulirement des dirigeants actuels - lÕarchŽtype du rgne de lÕarbitraire, associŽ ˆ lÕabsence de toute protection juridique.


Troisime partie

La transformation du systme juridique chinois contemporain

Aprs la mort de Mao en 1978, la Chine tourne la page[56]. Pour remettre le pays sur les rails, le PCC adopte un programme de rŽformes et dÕouverture Žconomique au plŽnum du ComitŽ central du PCC. Il annonce le but des rŽformes: rŽaliser Ē quatre modernisations Č[57].

3.1 Le cadre idŽologique des rŽformes

Le PCC rŽvise alors lÕidŽologie officielle en amorant un changement de cap dÕimportance capitale. Ds lors, lÕaccent est mis sur le dŽveloppement Žconomique et non plus sur la lutte des classes. Cette nouvelle orientation affecte tous les secteurs de lՎconomie et comporte de profondes rŽpercussions, entre autres, sur le monde ouvrier. Ces rŽformes ne vont pas sans poser de dŽlicats problmes de lŽgitimitŽ idŽologique pour le PCC. Aussi, la faction rŽformiste au sein du PCC sÕattelle trs t™t, sur une base pragmatique, ˆ une rŽvision en profondeur de lÕidŽologie, qui permettra de concilier ces rŽformes et lÕorthodoxie marxiste[58].

En 1978, Deng Xiaoping annonait au troisime plŽnum du ComitŽ central du PCC[59] que la t‰che fondamentale du socialisme consistait ˆ libŽrer et ˆ dŽvelopper les forces productives. Le critre de la productivitŽ, ou, en dÕautres termes, du dŽveloppement Žconomique, devient alors celui qui sert ˆ Žvaluer les politiques et les dirigeants.

Les rŽformistes justifient la prioritŽ accordŽe au dŽveloppement Žconomique en sÕappuyant sur le nouvel argument que la Chine se trouve au Ē premier stade du socialisme Č. La caractŽristique de ce stade est la pauvretŽ, et le moyen dÕen sortir rŽside dans le dŽveloppement Žconomique. Ici se produit une rupture idŽologique importante avec lÕorthodoxie de la pŽriode prŽcŽdente. On associe dŽsormais le socialisme ˆ la productivitŽ, et non plus ˆ lՎgalitŽ. Donc, cette notion dՎgalitŽ Žtait rŽinterprŽtŽe autrement. Dans la pratique, cela consiste ˆ admettre que certains types dÕinŽgalitŽs dans les relations Žconomiques, dans les relations de production, sont rationnels parce quÕils contribuent ˆ promouvoir la productivitŽ. Il faut donc non seulement accepter lՎmergence des inŽgalitŽs, mais aussi ajuster les relations de production aux exigences de la croissance: dans ce contexte, nÕimporte quelle pratique peut tre considŽrŽe comme socialiste si elle contribue ˆ la croissance Žconomique.

Contexte Žconomique

Le changement dÕidŽologie stimula une forte croissance Žconomique de 1979 ˆ 1989. Le produit intŽrieur brut par tte doubla en lÕespace dÕune dŽcennie, un rŽsultat Žquivalent ˆ trente annŽes de dŽveloppement mao•ste. Cette croissance fut liŽe ˆ la dŽcentralisation et au dŽsengagement progressif de lÕEtat. Cette dizaine dÕannŽes furent marquŽes par la dŽcentralisation de la gestion des ressources, un progrs continu des Žchanges marchands et une dilution du discours idŽologique du pouvoir, qui opte pour le pragmatisme et les valeurs dÕenrichissement individuel. Il faut y ajouter lÕouverture sur lÕOccident, une vŽritable rŽvolution copernicienne pour un pays saignŽ par un sicle de guerres civiles et dÕinterventions Žtrangres. La progression remarquable du commerce extŽrieur, des investissements directs et des prts bilatŽraux ou multilatŽraux dans les annŽes 1980, atteste que la Chine a su utiliser ses avantages comparatifs tout en rattrapant une part du retard technologique et industriel[60]. Paradoxalement, la libertŽ dÕexpression est restŽe toujours Žtroitement surveillŽe et soumise aux alŽas du climat politique, malgrŽ les dizains dÕannŽes du rŽveil Žtonnant de la sociŽtŽ civile[61]. Le mouvement vers plus de libertŽ se dŽveloppait progressivement ˆ lÕintŽrieur des frontires mais restait limitŽ vers lՎtranger. Ce mouvement bouleversait la population, qui avait une vie assignŽe ˆ rŽsidence, entre des espaces urbains ou ruraux scindŽs par les barrires Žconomiques et culturelles, dressŽes ou entretenues par le mao•sme pendant des annŽes. Le mouvement de renaissance culturelle dans les villes[62] et lÕurbanisation accŽlŽrŽe ˆ dater de 1984, sont les signes les plus manifestes de cette nouvelle mobilitŽ sociale qui sÕaccommode de plus en plus mal des blocages idŽologiques du pouvoir. Dans ce contexte, en 1989, la crise inflationniste et un puissant rejet de la corruption bureaucratique sont ˆ lÕorigine des manifestations dՎtudiants et dÕouvriers. Cette manifestation illustrait le divorce qui sՎtait crŽŽ entre une sociŽtŽ civile naissante et un ƒtat progressivement gangrenŽ par la commercialisation du pouvoir. Le problme de la transition de la sociŽtŽ chinoise, nՎtait pas seulement politique et Žconomique mais aussi social et institutionnel. On observe dans la vision Žconomique de lՃtat, un dŽsinvestissement tendanciel des t‰ches dÕappui Žconomique, qui se reflte dans la grande misre des secteurs de lՎducation, de la santŽ et des infrastructures. Cette nŽgligence existe encore aujourdÕhui, et le gouvernement du PrŽsident Hu Jintao[63] commence ˆ prendre conscience de ce problme, mais les rŽactions restent toujours sur le papier[64], les solutions concrtes ne sont pas encore au point.

Nouveau dŽpart aprs 1989

La rŽpression qui a suivi les manifestations place Tian An Men a renforcŽ la position des conservateurs opposŽs aux rŽformes, et les luttes intestines entre rŽformistes et conservateurs ont ŽtŽ aigu‘s entre 1989 et 1992 au sein du PCC. Cependant, Deng Xiaoping prit conscience de la dŽsaffection des Chinois ˆ lÕendroit du Parti. ConsidŽrant que le seul moyen de conserver le pouvoir, consistait ˆ accŽlŽrer les rŽformes Žconomiques. CÕest dans ce contexte quÕen 1992, il entreprend son voyage dans le sud, dÕo il envoie le signal de la consolidation et de la poursuite des rŽformes Žconomiques. La pŽriode qui sÕouvre alors est caractŽrisŽe par un pacte tacite entre Deng et les Chinois: le PCC sÕengage ˆ amŽliorer le niveau de vie de lÕensemble de la population ; il joue alors sa survie, qui dŽpend du bon dŽroulement de la poursuite des rŽformes. Aussi, les dirigeants chinois ont recours, de faon continue, surtout depuis Tian An Men, ˆ lÕusage du mot Ē stabilitŽ Č. Elle est pour eux la pierre angulaire des rŽformes en cours. Les Chinois aspirent ˆ la stabilitŽ. LÕhistoire tumultueuse de la Chine depuis le dŽbut du sicle ponctuŽe de guerre civile, dÕinvasions Žtrangres, de politique dÕincertitude au quotidien, explique cette aspiration. Aussi, un parti qui peut assurer la stabilitŽ aux Chinois, peut se rallier la population, du moins jusquՈ un certain point. La nŽcessitŽ de maintenir la stabilitŽ sociale et politique pour poursuivre les rŽformes Žconomiques suscite un certain consensus en Chine, surtout depuis la conclusion du pacte tacite entre le PCC et le peuple chinois aprs Tian Anmen.

Deng Xiaoping proclamait Ē lՎconomie socialiste de marchŽ Č en 1992, ce qui mit fin aux hŽsitations dans lÕorientation et la poursuite des rŽformes. Cette notion a Žlargi le champ des interprŽtations acceptables du marxisme afin dÕen arriver ˆ justifier les rŽformes par lÕidŽologie officielle elle-mme.

Dans ce marchŽ socialiste, le gouvernement central a adoptŽ une politique de dŽcentralisation au profit des autoritŽs locales depuis le dŽbut des rŽformes. Ce fait a des rŽpercussions lorsquÕil sÕagit de mettre en Ļuvre des lois, des rglements et des directives ŽdictŽes par le gouvernement central. Cette dŽcentralisation a accru lÕautonomie financire des provinces, et a rŽduit la capacitŽ du budget de lՃtat ˆ redistribuer les ressources.

CÕest dans ce contexte que le droit des affaires et les rglements concernant les investissements Žtrangers ont ŽtŽ Žtablis en Chine.

3.2 La thŽorie du droit contemporain

La thŽorie du droit chinois contemporain est en pleine Žvolution dans cette pŽriode de transition sociale. Cependant, deux courants restent toujours dominants : les partisans de la thŽorie conventionnelle marxiste du droit et les partisans de lÕapproche pragmatique du droit[65]. Ces derniers contestent que la thŽorie marxiste du droit se soit dŽveloppŽe en Chine en combinant les principes de base du marxisme avec lÕexpŽrience chinoise. Selon eux, la thŽorie du droit marxiste chinois ne serait quÕune imitation du modle soviŽtique, dŽveloppŽe il y a plus dÕun demi-sicle. Ils appellent les juristes chinois ˆ dŽpasser la mŽthodologie dogmatique et la rhŽtorique des fondateurs du marxisme pour dŽvelopper une nouvelle thŽorie du marxisme vraiment adaptŽe aux besoins de la Chine. La recherche en droit devrait se concentrer sur des problmes qui sollicitent lÕattention de faon urgente. Soit, ceux gŽnŽrŽs par les rŽformes en cours. Cette approche pragmatique du droit nÕa jamais vraiment ŽtŽ explicitŽe en Chine, ni par les dirigeants, ni par les juristes. Elle se fonde encore sur les principes de dogme marxiste lorsquÕil faut trouver une justification thŽorique, mais dans la pratique, la rhŽtorique marxiste demeure largement ignorŽe.

Les caractŽristiques de lÕapproche pragmatique du droit peuvent se rŽsumer ainsi: un accent dŽmesurŽ est mis sur la vision du droit comme instrument, le droit est un produit de la rŽalitŽ, le droit est le serviteur de la politique du PCC, les droits lŽgaux ne sont pas pris au sŽrieux. Le concept des Ē droits Č est prŽsent dans la thŽorie marxiste chinoise du droit. Il en en ressort lÕexistence dÕun lien entre les droits des citoyens et leurs obligations envers lÕEtat. Donc, les droits sŽparŽs des devoirs et obligations, nÕont aucune place dans cette thŽorie. On comprend que les droits qui concernent la libertŽ nÕentrent pas dans cette logique, pas plus que les Ē droits naturels Č.

La vision instrumentale du droit est commune aux marxistes et aux tenants du pragmatisme. Dans les universitŽs, mme dans les cours dÕintroduction de la politique ˆ lՎcole, on apprend que le droit est un instrument du pouvoir politique. En Chine, le PCC utilise le droit afin dŌasseoir leur politique. Le contenu du droit est une formalisation de la politique du PCC. Sur ce point-lˆ, PCC est bien lÕhŽritier des principes de la tradition impŽriale.

Depuis 1978, lÕobjet de la politique du PCC est passŽ de la lutte des classes au dŽveloppement Žconomique. Nous avons vu plus haut comment le PCC justifie ce changement de cap. La rŽalitŽ de lÕheure est liŽe aux besoins du dŽveloppement, et le droit est un instrument au service du dŽveloppement Žconomique. Les personnes en position de dŽfinir le sens de la politique possdent un moyen puissant pour Žlaborer le droit et dŽcider de la direction ˆ imprimer au dŽveloppement social. LÕidŽe selon laquelle le droit est un produit de la rŽalitŽ vient en partie des idŽes marxistes relatives ˆ la nŽcessitŽ dÕune rŽforme juridique continue, et a jouŽ un r™le trs important dans le dŽveloppement lŽgislatif en Chine ces quarante dernires annŽes.[66] Les thŽoriciens chinois du droit croient quÕil faut Ždicter des lois convenant ˆ chaque stade de dŽveloppement de la sociŽtŽ. Cette vision des choses explique le dŽveloppement foisonnant de la lŽgislation Žconomique depuis le dŽbut des rŽformes.

3. 3 Les problmes de lÕapplication du droit

LÕeffectivitŽ du droit fait problme en Chine. Les juristes chinois soulvent souvent la question. La RŽvolution Cultuelle ayant dŽcimŽ les Žlites, tout lÕenseignement a souffert et le droit nÕa pas fait exception. Il y a lieu aussi de garder en mŽmoire le sort qui a ŽtŽ fait aux juristes pendant les annŽes 60. Les juristes ont ŽtŽ qualifiŽs par des non juristes, en fonction de leur loyautŽ envers le PCC et de leur bonne origine de classe.

Les universitŽs ont rouvert ˆ la fin des annŽes soixante-dix, mais encore fallait-il trouver des juristes formŽs et capables dÕenseigner. Or, sur les 170.000 juges que compte aujourdÕhui la Chine, peu ont une scolaritŽ en droit.[67] Par ailleurs, une des consŽquences de la vision pragmatique du droit rŽside dans la perception du PCC que les juges sont des instruments politiques, plut™t que des arbitres impartiaux. Ici, les juges ne sont mme pas Ē la bouche de la Loi Č, juste des instruments. Cette faon de voir est ancrŽe dans lÕhistoire du PCC et dans son idŽologie. Il faut aussi savoir que, dans les cours de comtŽ o le plus gros des causes est entendu, les juges sont en majoritŽ des militaires dŽmobilisŽs nÕayant aucune formation en droit. Le systme judiciaire chinois permet ˆ une personne qui nÕa pas de dipl™me de droit de devenir juge, si elle a satisfait ˆ une Žvaluation dont la nature nÕest pas prŽcisŽe.

Les conditions de travail des juges sont difficiles et peu attrayantes. Ė lÕheure actuelle, les meilleurs juristes travaillent souvent pour des cabinets dÕavocat ou encore pour des compagnies ˆ capitaux mixtes. Les juges sont sous-payŽs et exposŽs ˆ bien des tentations. La corruption est prŽsente chez certains membres du pouvoir judiciaire[68]. En Chine, les juges sont rŽmunŽrŽs par les gouvernements locaux. Aussi arrive-t-il souvent que leurs dŽcisions soient rendues en faveur de celui qui les paye. Ceux qui agissent ˆ contre-courant - et il y en a - courent des risques.

Le degrŽ dÕinterfŽrence du pouvoir politique dans les dŽcisions du pouvoir judiciaire est tel que lÕavnement du Ē Rule of law Č en Chine risque de ne pas se rŽaliser dans un avenir immŽdiat. Quel que soit le degrŽ dÕindŽpendance, confŽrŽ au pouvoir judiciaire en Chine, le r™le dirigeant du PCC, tel que lՎnonce la Constitution, prime.

Il existe plusieurs divergences de fond entre la vision occidentale du Ē Rule of law Č et la vision chinoise. La question qui se pose alors est: pourquoi le PCC est-il au-dessus des lois? La rŽponse met en lumire une rhŽtorique que le PCC a longtemps employŽe ˆ propose des relation entre la classe ouvrire et le pouvoir, soit celle du consensus, de la communautŽ dÕintŽrts.

M. Liu Nanping fait Žtat dÕune prŽsomption de consensus entre le pouvoir (lՃtat) et les sujets de droits[69]. Alors que ces deux derniers sont souvent considŽrŽs comme opposŽs en occident, et que la doctrine du Ē Rule of law Č est conue pour limiter lÕarbitraire possible dans lÕexercice du pouvoir, le PCC pose que le gouvernement ne fait quÕexŽcuter la volontŽ populaire. Il est stipulŽ ˆ lÕarticle 13 de la Constitution que tout appartient au peuple, que tout pouvoir de lՃtat sÕincarne dans le peuple. Il sÕensuit, selon le PCC, que, dans ce type dÕEtat, la relation entre les gouvernements et les gouvernŽs en est une de consensus et non de conflit. Ce raisonnement imprgne une partie importante de la thŽorie du droit en Chine. Il convient enfin de souligner aussi lÕexistence de difficultŽs relatives ˆ lÕexŽcution des jugements, qui a des causes complexes[70]. Sur ce point-lˆ, une analyse prŽcise se dŽveloppera dans le chapitre 3.5----La mutation des professions juridiques.

Tous ces problmes font que les chinois ont une confiance mitigŽe dans leur systme judiciaire. Par ailleurs, certaines perceptions traditionnelle par rapport au droit ont encore cours. Ainsi, on trouve au sein de la population une vieille antipathie face au droit.

3.4 La conception chinoise des droits de la personne

Depuis le commencement de la politique dÕouverture de la Chine vers lÕoccident, le gouvernement essaye toujours de bien sÕintŽgrer dans la communautŽ internationale, mais souvent, il doit faire face aux institutions occidentales sur certaines notions essentielles. Comme il y a dŽcalage de langage politique, la rŽponse nÕest pas toujours adŽquate, ni bien ciblŽe. Le dŽbat sur les droits de la personne ou les droits de lÕhomme en est une bonne illustration.

La rŽponse officielle

Les ŽvŽnements politiques dÕordre interne dictent les positions officielles chinoises sur les droits de la personne. Aprs le massacre de la place Tian Anmen, une rŽponse aux critiques de la communautŽ internationale sur la situation des droits de la personne devenait essentielle. DÕabord, la Chine sÕemploie ˆ trouver des distinctions entre les standards chinois des droits de la personne et les standards quÕelle qualifie dÕoccidentaux. Donc, le premier Livre Blanc chinois sur les droits de la personne est paru en 1991, le second en 1995, le troisime en 1996. LÕasiatisme[71]arrivait ˆ point nommŽ pour aider la Chine ˆ formuler une rŽponse ˆ lÕOccident, et cela lui Žtait encore plus facile du fait de son essor Žconomique, qui autorisait ˆ joindre sa voix aux pays dÕAsie dont on vantait les performances. Aussi, le fait que la Chine ait activement pris part ˆ la rŽdaction de la DŽclaration de Bangkok sÕexplique-t-il aisŽment. La Chine a ajoutŽ un concept qui ne se retrouve pas dans lÕasiatisme comme tel, celui du droit ˆ la subsistance, et insiste sur lÕimportance du droit au dŽveloppement, liŽ au premier. Le contenu de ces deux concepts, vu par les Chinois, sera brivement retracŽ dans la prŽsente section.

Le contenu du concept du droit ˆ la subsistance a ŽvoluŽ, au fil du temps. La constante est que le gouvernement affirme quÕil sÕagit du plus important des droits de la personne pour tous les pays, et donc pour la Chine. En 1991, deux ans aprs Tian Anmen, le gouvernement chinois admet quÕil existe des problmes de droits de la personne dans le pays et pose que leur rŽsolution passe par la rŽalisation du droit ˆ la subsistance du peuple chinois. Le contenu de ce concept semble alors dŽsigner essentiellement le droit de manger ˆ sa faim et le droit ˆ des vtements chauds. Le gouvernement chinois affirme dans le mme document, statistiques ˆ lÕappui, que le droit ˆ la subsistance est rŽalisŽ, et quÕil sÕagit lˆ dÕune Žtape considŽrable dans la protection des droits de la personne en Chine. Cependant, la protection du droit ˆ la subsistance et lÕamŽlioration des conditions de vie du peuple chinois demeurent des questions dÕimportance cruciale. Le gouvernement chinois doit veiller ˆ prŽserver

lÕindŽpendance du pays face ˆ lÕimpŽrialisme, car mme si le problme de la nourriture et des vtements est rŽsolu, lՎconomie chinoise reste peu dŽveloppŽe. Dans ce contexte, le dŽsordre social ou tout autre dŽsastre constitue une menace pour le droit ˆ la subsistance du peuple. Il sÕensuit que la t‰che urgente, et ˆ long terme, du gouvernement chinois, consiste, conformŽment au vĻu et aux aspirations des Chinois, ˆ maintenir la stabilitŽ et ˆ concentrer ses efforts sur le Ē dŽveloppement des forces productives Č. Depuis, le gouvernement central reprend pŽriodiquement cet argument, qui sert ˆ justifier la poursuite des rŽformes Žconomiques et une politique essentiellement rŽpressive envers toute forme de contestation.

Dans les instrument internationaux, le droit au dŽveloppement social et culturel, va bien au-delˆ du simple dŽveloppement Žconomique. Le discours officiel des dirigeants chinois entŽrine cette vision, et fait grand cas des droits Žconomiques, sociaux et culturels, perus comme des droits collectifs. Cette position a longtemps ŽtŽ celle des pays du bloc soviŽtique, qui disaient faire primer les droits collectifs sur les droits individuels du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Le droit au dŽveloppement vu par la Chine fait peu de cas des droits individuels. En cela, il existe une certaine continuitŽ entre la tradition juridique chinoise impŽriale et confucianiste, qui fait passer les droits de lÕindividu aprs ceux du clan et de la sociŽtŽ, et la vision du droit au dŽveloppement mise aujourdÕhui de lÕavant par les autoritŽs. Dans les deux cas, lÕaccent est mis sur lÕintŽrt collectif, et le discours contemporain qui rŽfre aux obligations des individus avant de rŽfŽrer ˆ leurs droits trouve un Žcho profond dans la culture juridique traditionnelle chinoise.

En ce qui concerne les droits internationaux de la personne, la Chine reconna”t le caractre universel de certains droits, mais elle affirme que la rŽalisation des droits de la personne sÕeffectue suivant des modles variŽs. Chaque pays a le droit de choisir le modle qui lui convient, en raison des diffŽrences de dŽveloppement Žconomique et culturel entre les pays ainsi que des diffŽrences de mentalitŽ et de traditions historiquesÉ

La source traditionnelle

La version officielle des droits de la personne est trop politique pour le peuple chinois, cette notion ressemble plut™t encore ˆ une outil de propagande du gouvernement pour se dŽfendre contre Ē lÕattaque Čpolitique des occidentaux. Si on prend lÕapproche de lÕanthropologie juridique, et quÕon pŽntre dans lÕhistoire et la culture chinoises, on trouve certaine conception originale qui peut mieux accorder les deux c™tŽs chinois et occidental. Ici, je voudrais introduire la notion de Ē droits du peuple Č (min chuan)[72], qui pourrait correspondre mieux ˆ la civilisation chinoise par rapport ˆ la traduction officielle. Cette notion ŽtŽ inclue dans la doctrine des Ē Trois Principes du Peuple Č que fut implantee pendant les annŽes trente par Sun Yat-Sen, PrŽsident de la RŽpublique de Chine (premire RŽpublique, 1912-1949). Ē Les Trois Principes du Peuple Č sont : Le Nationalisme du Peuple, La SouverainetŽ du Peuple et le Bien-tre du peuple. Ces deux dernires, mettent lÕaccent sur la protection de lՎgalitŽ des individus, contre les privilges, et offrent lՎducation gratuite pour tout le peuple. Ainsi il souligne que le gouvernement doit assurer les nŽcessitŽs vitales pour chaque citoyen en Žtablissant un systme de distribution Žgale des richesses, etc. Cette idŽologie Žtait la lumire pour guider la RŽpublique pendant un certain temps, et mme de nos jours, le gouvernement de Taiwan continue sÕinspirer de cette idŽologie. Il me semble donc que la notion de Ēdroits du peuple Č est une notion bien enracinŽe dans la culture chinoise et qui inclut lÕ essentiel des droits de la personnelle.[73]

Quand on remonte lÕhistoire au dŽbut de vingtime sicle, on trouve encore que beaucoup dÕautre notion dŽmocratiques, par exemple les Ē droits naturels Č, les Ē droits des individus Č avaient ŽtŽ ŽvoquŽs par des Žlites chinois.

En conclusion, dans la tradition chinoise, les ŽlŽments qui Žquivalent aux droits de la personne existent bien, mais il manque le moyen dÕexpliquer cette notion au peuple chinois. Tous ces concepts doivent tre redŽfinis dans leur propre vocabulaire. Cependant, on observe quÕun courant NŽo-confucianiste Žmerge dans la sociŽtŽ et ainsi que dans les pouvoirs politiques. Il essaye dÕexprimer les exigences du droit, de la dŽmocratie et des droits de la personne avec lÕapproche de la continuitŽ des valeurs traditionnelles chinoises. Ce systme de valeurs pourrait sÕadapter aux exigences novelles, pour construire sa propre modernitŽ. Puisse la sŽrie de dŽbats qui ont lieu en Chine sur les droits de la personne en comparaison avec le systme occidental, servir ˆ stimuler leur intelligence et ouvrir leur esprit. La Chine a besoin dÕune transformation crŽative de sa tradition.

3.5 La mutation des professions juridiques.

Depuis une dizaine dÕannŽes, il sÕest opŽrŽ une vŽritable Žvolution des conditions de travail de la Magistrature Chinoise. LÕorganisation judiciaire nÕa pas ŽtŽ modifiŽe au cours de ces dernires annŽes, mais depuis 1995, la profession de juge, de procureur, et dÕavocat sont organisŽes par des dispositions lŽgislatives et rŽglementaires spŽcifiques qui traitent notamment du recrutement, de lÕavancement, de la hiŽrarchie, de la rŽmunŽration et de la discipline.

 

LÕadaptation de la magistrature chinoise

 

Dans le chapitre prŽcŽdent Les problmes de lÕapplication du droit, on a dŽjˆ prŽsentŽ la situation de magistrat chinois pendant les annŽes quatre-vingt, la plupart des magistrats chinois nÕont pas de formation de juriste. Les juges de la Cour suprme sont tous au moins titulaires dÕun baccalaurŽat en droit, et souvent dÕune ma”trise en droit. Mais dans les cours infŽrieures, il est rare quÕun juge possde un dipl™me en droit. Le manque de formation en droit de certains juristes explique sans doute en partie le fait quÕil y a place pour une nette amŽlioration dans la technique lŽgislative. Aprs 1995 un rglement de recrutement du personnel des Cours et Parquets est mise en place, qui permet une ouverture pour que les juristes qualifiŽs puissent rentrer dans le systme judiciaire.

Les Cours des quatre niveaux de juridiction recrutent les nouveaux magistrats par concours ouverts aux dipl™mŽs de lÕenseignement supŽrieur en droit, Žconomie et dÕautres disciplines. Lors de sa prise de fonction, le candidat admis est affectŽ en qualitŽ dÕauxiliaire de justice ˆ un service administratif. Il nÕaccŽdera ˆ lÕexercice de fonction juridictionnelle quՈ lÕissue de plusieurs annŽes de formation au Ē greffe Č de la juridiction. Pour obtenir le grade de juge assistant il doit rŽussir le concours organisŽ tous les deux ans par la Cour suprme qui lui ouvre le droit de se prŽsenter ˆ lÕexamen proposŽ au niveau de chacune des juridictions. La commission dÕexamen est constituŽe par le prŽsident de la Cour, les vice-prŽsidents et les prŽsidents de chambre. Le juge assistant doit attendre, en moyenne cinq ˆ huit ans, pour tre nommŽ juge. CÕest le prŽsident de la juridiction qui Žtablit la liste des propositions de nomination suivant un classement qui prend en compte lÕapprŽciation portŽe sur le travail et le niveau de compŽtence. La dŽcision est prise par le ComitŽ permanent de lÕassemblŽe populaire territoriale au niveau du Tribunal. Les propositions sont le plus souvent entŽrinŽes sans difficultŽ.

Un projet de rŽforme, dont la mise en application est prŽvue dans les cinq prochaines annŽes, va introduire une sŽparation entre la fonction administrative et la fonction judiciaire.

Il est frŽquent quÕun magistrat demeure pendant toute sa carrire au sein dÕune mme juridiction ou du moins dans le ressort de la mme Cour supŽrieure mais lÕon constate, dans les limites des garanties inscrites dans le nouveau statut de la magistrature, une tendance ˆ plus de mobilitŽ.

La formation continue qui Žtait assurŽe par la Cour suprme a ŽtŽ transfŽrŽe ˆ lՃcole nationale des juges, instituŽe trs rŽcemment, mais est aussi dispensŽe dans les centres mis en place auprs de chacune des Cours supŽrieures.

Les juges peroivent de lÕEtat une fraction de leur traitement, le complŽment Žtant ˆ la charge des provinces, des rŽgions autonomes ou des villes ayant rang administratif de province. Cette seconde partie, dont le montant est en rgle gŽnŽrale plus ŽlevŽ, est variable selon le niveau Žconomique de la collectivitŽ territoriale publique.

La Cour est saisie par requte du demandeur et une chambre spŽcialisŽe se prononce sur la recevabilitŽ de ces actes introductifs. En cas dÕadmission, ce sont les services du greffe qui convoquent les parties et ouvrent la procŽdure. En cas de refus, le requŽrant dispose dÕune voie de recours devant la juridiction dÕappel.

LorsquÕune dŽcision est dŽfinitive et que la partie qui est condamnŽe refuse de sÕexŽcuter, la Cour qui a statuŽ en premier niveau de juridiction doit, sur requte de la partie intŽressŽe, mettre en Ļuvre les voies dÕexŽcution prŽvues par la loi et les moyens de police judiciaire dont elle dispose. Ė chacun des niveaux de juridiction, les Cours comprennent une ou plusieurs formations de magistrats spŽcialisŽs dans cette fonction.

La procŽdure civile chinoise prŽsente quelques spŽcificitŽs qui confrent aux juges un r™le prŽŽminent dans la conduite du procs.

La mŽdiation, dont la pratique vient dՐtre introduite devant les tribunaux en Europe, est une tradition anciennement Žtablie en Chine avec une diffŽrence notable. Lorsque, au cours du procs, les parties acceptent une suspension de la procŽdure et le recours ˆ la mŽdiation, cÕest le juge ou lÕun des juges de la formation de jugement qui intervient comme mŽdiateur. En cas dՎchec de la mŽdiation, la formation de jugement antŽrieurement en charge de lÕinstance reprend ses fonctions jusquÕau prononcŽ de la dŽcision.

Les preuves peuvent tre produites ˆ tout moment de la procŽdure, y compris au cours de lÕaudience de plaidoiries. Il appartient au juge de faire respecter le dŽbat contradictoire et de sÕassurer que chacune des parties dispose du temps nŽcessaire ˆ la prise de connaissance des pices produites par son adversaire.

Les juges sont parfaitement conscients des insuffisances des rgles en vigueur et appellent ˆ une rŽforme qui est en cours de prŽparation. RŽgulirement consultŽes par la Cour suprme, les juridictions populaires sont associŽes ˆ lՎtablissement des projets lŽgislatifs et rŽglementaires. Les rŽunions organisŽes par les chefs de Cours pour prŽparer les rŽponses ˆ ces consultations sont trs apprŽciŽes des magistrats. Ce sont des occasions de concertation et dՎchanges dÕexpŽriences avec leurs collgues des autres niveaux de juridictions.

Au cours de ces cinq dernires annŽes, les juridictions dont le ressort couvre les grandes agglomŽrations et les territoires ˆ fort dŽveloppement Žconomique ont dž faire face ˆ un accroissement rŽgulier et soutenu du nombre des litiges (environ 15 % par an)[74]. Dans le mme temps, lÕaccŽlŽration de la crŽation lŽgislative impose aux magistrats un travail important de mise ˆ jour de leurs connaissances, dÕassimilation et dÕinterprŽtation des nouveaux textes.

Cette situation traduit aussi une Žvolution des mentalitŽs. Au sein des milieux dÕaffaires, la place prŽŽminente et traditionnelle que tient le rglement amiable dans la rŽsolution des conflits tend ˆ sÕaffaiblir et le recours ˆ la voie judiciaire ou du moins ˆ sa menace nÕest plus nŽcessairement chargŽ dÕune connotation morale nŽgative.

En outre, la politique de restructuration du secteur public et le dŽveloppement du secteur privŽ suscitent un certain nombre de procŽdures collectives qui requirent lÕapplication de la loi sur la faillite[75].

Pour faire face ˆ ces Žvolutions, les magistrats responsables de la direction des Cours populaires, dont il ne semble pas que les effectifs aient ŽtŽ renforcŽs, ont pris un certain nombre de dispositions et notamment :

Š la crŽation de chambres spŽcialisŽes dans les affaires Žconomiques

Š lÕorganisation de sessions de formation et lÕinformation auprs de juridictions Žtrangres

Š la mise en place de cellules dՎtudes et de recherches

Š lÕintroduction de procŽdures rapides ou simplifiŽes pour le traitement des demandes en paiement ou de celles qui relvent, en France, de la juridiction du PrŽsident : injonctions de payer, ordonnances sur requtes et rŽfŽrŽs.

Les Cours intermŽdiaires et supŽrieures ont dž crŽer des chambres spŽcialisŽes dans le traitement des litiges dÕordre Žconomique : propriŽtŽ intellectuelle et industrielle, contrefaon, droit civil et droit pŽnal des affaires. Des juges ont ŽtŽ affectŽs au traitement des difficultŽs des entreprises et des situations de cessation des paiements.

En rgle gŽnŽrale, il semble que les magistrats

en charge de ces affaires privilŽgient une approche Žconomique et la recherche de solution de reprises en coopŽration avec les autoritŽs rŽgionales administratives. En pratique, la hiŽrarchie des objectifs est identique ˆ celle adoptŽe par la loi du 25 janvier 1985.

Sur ces diffŽrents points, les Cours populaires supŽrieures de PŽkin et de Shanghai se sont montrŽes trs intŽressŽes par lÕexpŽrience des magistrats europŽens.

Dans lÕexercice quotidien de leur mission, les juges se trouvent, en outre, confrontŽs ˆ dÕautres difficultŽs qui tiennent ˆ la complexitŽ des sources lŽgislatives et rŽglementaires. LÕimportante crŽation lŽgislative de cette dernire dŽcennie suscite dÕinŽvitables conflits dÕapplication des textes dans le temps.

Dans ce contexte difficile, les magistrats, conscients du r™le quÕils devraient tenir pour favoriser le dŽveloppement Žconomique au sein dÕun ƒtat de droit, se disent soucieux de faire progresser la fiabilitŽ de lÕorganisation judiciaire et la confiance que le juge se doit dÕinspirer aux justiciables.

 

LÕorganisation des Parquets Chinois

 

Les Parquets Chinois ont connu la mme Žvolution que les magistrats. En 1978, la premire session du cinquime congrs de lÕAssemblŽe populaire nationale (APN) a dŽcidŽ de rŽtablir les Parquets populaires aux diffŽrents Žchelons.

Selon la loi constitutionnelle et la loi organique des Parquets populaires, la t‰che des Parquets chinois consiste : en lÕexercice du droit de contr™le ; ils punissent les criminels menaant la sŽcuritŽ de lÕEtat et les autres criminels ; ils dŽfendent la sŽcuritŽ de lÕEtat, maintiennent lÕordre social et protgent la propriŽtŽ de lÕEtat, les biens collectifs et les propriŽtŽs privŽes des citoyens ; ils protgent les droits de la personne, les droits de la dŽmocratie et les autres droits ; ils surveillent et maintiennent lÕunitŽ et lÕapplication correcte du systme lŽgal.[76]

Dans leur organisation, les Parquets chinois sont compltement indŽpendants des organes administratifs et des organes judiciaires. Mais comme les organes administratifs et judiciaires, ils Žmanent de lÕorgane du pouvoir de lÕEtat ---- lÕAPN, auprs de laquelle ils rendent compte.

Les Parquets ont quatre Žchelons : Le Parquet suprme, les Parquets des provinces, les Parquets des villes qui ont des arrondissements et les Parquets populaires des cantons. Le Parquet supŽrieur dirigent les travaux des Parquets locaux aux diffŽrents Žchelons et les travaux des Parquets spŽciaux[77] . En mme temps, il sont chargŽs de la mission de contr™le de lÕEtat[78] .

Les parquets locaux de diffŽrents Žchelons sont composŽs par :

Š les Parquets des provinces, des rŽgions autonomes, des municipalitŽs relevant directement de lÕautoritŽ centrale ;

Š les sous-Parquets des provinces, des rŽgions autonomes, des municipalitŽs relevant directement de lÕautoritŽ centrale ; les Parquets des dŽpartements autonomes, des municipalitŽs relevant de lÕautoritŽ provinciale ;

Š les Parquets des cantons, des villes, des cantons autonomes et des arrondissements relevant de lÕautoritŽ municipale. Selon les besoins, avec lÕapprobation du comitŽ permanent de lÕAssemblŽe populaire de mme Žchelon, ils peuvent avoir une antenne extŽrieure : un Parquet populaire dans des zones industrielles minires, les zones agricoles, forestires, etc.

 

La profession dÕavocat dÕaujourdÕhui

 

La profession dÕavocat, qui avait ŽtŽ supprimŽe pendant les annŽes 50, a ŽtŽ restaurŽe ˆ partir de 1979. Mais, elle nÕavait jamais connu auparavant le dŽveloppement quÕon lui conna”t dans le monde occidental. Aussi, elle nÕa rŽellement commencŽ ˆ Žvoluer, pour tenter de se rapprocher de lÕorganisation de la profession dÕavocat dans les autres pays du monde, quՈ partir de juillet 1986, date ˆ laquelle a ŽtŽ crŽŽe lÕAssociation nationale des avocats chinois (en anglais Ē All China Lawyers AssociationČŠ A.C.L.A.) JusquÕalors et pendant de nombreuses annŽes encore, les avocats chinois Žtaient des fonctionnaires appartenant ˆ des cabinets crŽŽs par les administrations comme le Ministre du commerce extŽrieur, le Conseil chinois pour la promotion du commerce extŽrieur ou les municipalitŽs (PŽkin et Shanghai par exemple). Ces cabinets dŽpendaient Žtroitement ˆ la fois de leur administration dÕorigine et du ministre de la Justice qui avait la charge de leur gestion. En effet, il convient de prŽciser quÕen Chine, seules dŽpendent du ministre de la Justice les professions dÕavocat et de notaire, lÕadministration pŽnitentiaire et les organes de conciliation et de prŽvention.

En revanche, les juges dŽpendent de la Cour populaire suprme dont le PrŽsident est Žlu par lÕAssemblŽe nationale populaire (ANP). Les Procureurs dŽpendent du Procureur gŽnŽral de Chine Žgalement Žlu par lÕANP. Dans cette situation, lÕA.C.L.A. avait essentiellement pour r™le le dŽveloppement des relations internationales des cabinets dÕavocats chinois, dont lÕorganisation et le contr™le Žtaient, en pratique, assurŽs par les directeurs des bureaux de la Justice, dans chacune des villes considŽrŽes.

Depuis lors, la situation a considŽrablement ŽvoluŽ. Ds lÕannŽe 1988, des initiatives de cabinets de deux ou trois avocats pouvant exercer de manire indŽpendante, en fixant librement leurs honoraires et en choisissant librement leurs clients, ont ŽtŽ encouragŽes ˆ titre dÕessai, sous le contr™le de lÕA.C.L.A. et du ministre de la Justice.

Un nouveau pas dans lՎvolution de la profession a ŽtŽ accompli avec la loi sur les avocats du 15 mai 1996 entrŽe en vigueur le 1re janvier 1997, qui a abrogŽ le rglement provisoire de la RPC. Sur les avocats adoptŽe le 26 aožt 1980[79] .

Si lÕon se rŽfre aux dispositions gŽnŽrales de cette nouvelle loi, celle-ci se rapproche en de nombreux domaines des modes dÕexercices de la profession dÕavocat dans les pays occidentaux mais il est important de sÕattacher ˆ lÕinterprŽtation et ˆ lÕapplication qui en est faite.

1 Š Le r™le et les obligations de lÕavocat

LÕavocat peut assurer la fonction de conseil juridique, rŽdiger ou contr™ler des projets dÕactes juridiques, reprŽsenter son client dans les procŽdures judiciaires, dans la conciliation et dans lÕarbitrage. Il peut accomplir toute mission juridique confiŽe par son client et assurer la dŽfense de ses intŽrts.

Il est, par ailleurs, interdit ˆ lÕavocat ou au cabinet dÕobtenir des dossiers par des procŽdŽs dŽloyaux tels que le dŽnigrement ou le paiement dÕune prime dÕintroduction. Il est Žgalement interdit dՐtre lÕavocat des deux parties ˆ un dossier.

2 Š Le secret professionnel

Si la loi sur les avocats de 1996 protge le secret et la confidentialitŽ, lÕinterprŽtation de ce texte est souvent trs restrictive puisque lorsque la Cour, lors dÕune enqute sur un dossier, demande ˆ un avocat de lui faire conna”tre les ŽlŽments constituant un dŽlit dont il a connaissance et quÕil refuse, il peut tre sanctionnŽ.

3 Š Les droits de la dŽfense

Si un certain progrs a ŽtŽ accompli dans le domaine de lÕaccs de lÕavocat dans la dŽfense de son client par les dispositions de la loi sur la procŽdure pŽnale de 1996 qui lui permettent de le rencontrer ds son arrestation, cette disposition appara”t souvent vidŽe en partie de son sens[80]. Selon les nouvelles dispositions de la Loi en vigueur, lÕavocat peut prendre connaissance du dossier ds son transfert par la police au Parquet. Ce dernier, est le ma”tre de lÕinstruction et de la dŽcision de renvoi devant le Tribunal ou dÕun Žventuel non-lieu.

Cependant, en pratique, par manque de diligence du Parquet, il arrive souvent que les avocats de la dŽfense nÕaient lÕaccs au dossier quÕau moment de lÕaudience. Ceci Žtant contraire aux dispositions de la Loi de procŽdure pŽnale de 1996, les avocats dŽposent plainte ˆ lÕencontre de la Police et du Parquet.

4 Š LÕorganisation de la profession

Les associations professionnelles dÕavocats sont des personnes morales existant auprs des grandes municipalitŽs et des provinces et une association nationale (All China Lawyers Association) coiffe lÕensemble des associations locales. LÕinscription ˆ lÕassociation locale des avocats du lieu dÕexercice est une obligation pour tout avocat.

Le r™le de ces associations est en particulier :

Š de sauvegarder les droits des avocats ˆ exercer librement dans le cadre de la loi

Š dÕassurer la recherche, les Žchanges et les expŽriences pratiques

Š dÕassurer lՎducation, le contr™le et la surveillance de la dŽontologie et de la discipline professionnelle

Š dÕorganiser les Žchanges internationaux.

Tant ˆ lՎchelon local, quՈ lՎchelon national, les organes dirigeants des associations locales et de lÕassociation nationale sont Žlus par leurs pairs. Toutefois, cÕest le ministre de la Justice, par lÕintermŽdiaire du directeur local du bureau de la

Justice, qui exerce un contr™le disciplinaire sur tout avocat qui enfreint la loi, de mme que cÕest Žgalement ce bureau qui a autoritŽ pour dŽlivrer les licences dÕexercice.

5 Š LÕexercice de la profession dÕavocat chinois

Dans ce domaine, une Žvolution remarquable est intervenue ces dernires annŽes.

De trs importants cabinets dÕavocats se sont crŽŽs, notamment dans le domaine du droit des affaires, dans les principales villes chinoises et paraissent exercer de manire trs indŽpendante. En outre, semblent se multiplier, en particulier ˆ Shanghai, la crŽation de nombreux cabinets dÕavocats chinois regroupant trois ou quatre jeunes avocats pour partager les frais dÕexercice, chacun bŽnŽficiant dÕune grande indŽpendance dÕexercice.

6 Š LÕexercice de la profession dÕavocat pour les avocats Žtrangers installŽs en Chine

Ė partir des annŽes 1990, les firmes dÕavocats Žtrangers ont ŽtŽ progressivement autorisŽes sous forme de bureau de reprŽsentation commerciale, ˆ traiter exclusivement les affaires commerciales concernant les ressortissants des pays dont ils Žtaient originaires, ˆ lÕexclusion de tout ce qui Žtait du domaine du droit chinois.

En 1992, la Chine a promulguŽ un rglement concernant les juristes Žtrangers autorisŽs ˆ exercer en Chine dans les domaines exclusifs de leur droit dÕorigine et sous rŽserve dÕavoir obtenu une licence auprs du ministre de la Justice chinois.

Dans lÕEtat actuel du droit chinois, les firmes dÕavocats Žtrangers sont autorisŽes ˆ exercer en Chine sous les conditions suivantes :

Š tre titulaire dÕune licence dÕexercice dŽlivrŽe par le Ministre de la Justice,

Š ne pratiquer que le droit international et leur droit national avec interdiction formelle de pratiquer le droit chinois,

Š ne pas avoir pour collaborateur ou associŽ des avocats chinois.

En outre, un cabinet dÕavocats Žtrangers ne peut disposer que dÕun seul bureau en Chine. Il est donc impossible dÕavoir officiellement deux bureaux dans deux villes diffŽrentes.

Ė ce jour, 105 licences ont ŽtŽ accordŽes ˆ des avocats Žtrangers soit: 5 Franais, 33 amŽricains, 14 britanniques, 7 allemands, 7 japonais, 5 canadiens.[81]

Toutefois, on peut constater que: a) les rgles se sont quelque peu assouplies, b) dans la pratique, nombreuses situations particulires sont tolŽrŽes, c) lÕentrŽe de la Chine dans lÕOMC devrait faire Žvoluer lÕexercice de la profession dÕavocat en Chine vers une plus grande ouverture dans ce domaine.

En conclusion, depuis le rŽtablissement de la profession en 1979, le nombre dÕavocats nÕa cessŽ de cro”tre : 212 avocats en 1979, 41.000 en 1990, 110.000 avocats en 1999, et certainement autour de 150.000 en lÕan 2005[82] .

La loi de 1996 sur la profession dÕavocat en Chine appara”t ˆ bien des Žgards comme lÕexpression dÕune Žvolution remarquable vers lÕexercice dÕune profession libŽrale.

Il faut toutefois nuancer le propos. Dans la pratique, si les dirigeants des associations locales dÕavocats chinois sont Žlus par leurs pairs, les bureaux de la justice locaux, reprŽsentant province le ministre de la Justice, dŽsignent un reprŽsentant dans chacun des organes de direction de ces associations locales. Celles-ci sont donc Žtroitement soumises ˆ la tutelle des fonctionnaires et il est trs frŽquent, pour ne pas dire gŽnŽral, que les prŽsidents des associations dÕavocats des grandes municipalitŽs et provinces soient des fonctionnaires, nommŽs par le bureau de la Justice locale.

En plus, de nombreuses interrogations font actuellement lÕobjet de discussions : la rŽglementation ou la libre implantation des cabinets dÕavocats Žtrangers en Chine, la constitution ˆ terme de cabinets sino-Žtrangers, la levŽe des restrictions sur les prestations relatives au droit chinois, la levŽe des restrictions gŽographiques, lÕaccord du titre dÕavocat ˆ un Žtranger, etc. LÕentrŽe de la Chine dans lÕOMC apporte des rŽponses ˆ bon nombre de ces interrogations et devrait permettre le dŽveloppement dÕune Žvolution de plus en plus libŽrale de la profession.

3.6 La Codification centrŽe sur lՎconomie

Depuis lÕadoption par lÕAssemblŽe Nationale Populaire le 1er juillet 1979 de la loi sur les entreprises ˆ capitaux mixtes sino-Žtrangers et des codes pŽnal et de procŽdure pŽnale, la Chine, en vingt ans, a parcouru un chemin considŽrable ˆ partir du nŽant pour se doter dÕune codification moderne et de plus en plus complte[83]. Alors que la Chine entre dans la dernire ligne droite des nŽgociations pour son entrŽe ˆ lÕOMC, cette Žvolution est particulirement observable depuis 1993 en droit Žconomique. Mais le foisonnement juridique observŽ et lÕapparente volontŽ de lŽgalisation nÕen cache pas moins encore des lacunes et des faiblesses.

LÕEvolution juridique

Cette codification en Chine sÕest dŽveloppŽe en deux phases distinctes. La premire phase, celle des annŽes 80, celle de la construction juridique, a ŽtŽ marquŽe par trois traits majeurs : la sŽparation entre le droit Žconomique interne et un droit spŽcifique pour les investisseurs Žtrangers, prioritŽ de lՎpoque ; le caractre gŽnŽraliste, embryonnaire et incomplet des textes adoptŽs ; et enfin un processus prudent, expŽrimental, souvent provisoire et progressif dՎlaboration du droit.

La deuxime phase, celle des annŽes 90, celle de lՎtablissement dÕun systme juridique, est caractŽrisŽe par lÕunification progressive du droit entre le droit Žconomique interne et le droit des relations Žconomiques avec lՎtranger, ˆ lÕexemple du droit des contrats ; et par la modification et la modernisation de tous les textes adoptŽs dans les annŽes 80, ˆ lÕexemple du rŽgime des investissements Žtrangers, de la fiscalitŽ ou de la propriŽtŽ industrielle. Les textes adoptŽs ont un caractre de plus en plus exhaustif, prŽcis et technique, preuve dÕune professionnalisation du travail lŽgislatif. Mais surtout lÕadoption dans la deuxime moitiŽ des annŽes 90 de lois majeures reprŽsente le dŽbut dÕun processus de codification.

Outre les lois sur les sociŽtŽs (230 articles, adoptŽe le 29 dŽcembre 1993 et entrŽe en vigueur le 1er juillet 1994), sur le travail (107 articles, adoptŽe le 5 juillet 1994 et entrŽe en vigueur le 1er janvier 1995), sur les effets de commerce (adoptŽe le 10 mai 1995 et entrŽe en vigueur le 1er janvier 1996), et sur la sžretŽ (adoptŽe le 30 juin 1995 et entrŽe en vigueur le 1er octobre 1995), lÕadoption du nouveau code pŽnal (452 articles, entrŽ en vigueur le 1er octobre 1997), du nouveau Code de procŽdure pŽnale (entrŽ en vigueur le 1er janvier 1997) et de la loi uniforme sur les contrats (428 articles, adoptŽe le 15 mars 1999 et entrŽe en vigueur le 1er octobre 1999) illustre cette codification[84] .

AujourdÕhui, la Chine se prŽpare ˆ entrer dans une troisime phase, celle de la codification qui implique une hiŽrarchie des normes plus stricte et un nŽcessaire rŽforme constitutionnelle. Mais la Chine reprŽsente aussi un marchŽ du droit en construction qui donne lieu ˆ une intense lutte dÕinfluences entre anglo-saxons et EuropŽens, entre Ē common law Č et le Ē droit romano germanique Č.

La procŽdure de la codification et la ratification de nombreuses conventions internationales accompagnent une ouverture croissante du marchŽ chinois. Les entreprises Žtrangres peuvent dŽsormais investir, bien que de manire limitŽe, dans de nouveaux secteurs dÕactivitŽ : dans les services (banque, assurance, h™tellerie, agences de voyages), la distribution (le commerce de dŽtail et de gros), et bient™t les tŽlŽcommunications. De plus, ˆ c™tŽ des trois formes classiques dÕentreprises ˆ capitaux Žtrangers, les entreprises Žtrangres peuvent maintenant crŽer des sociŽtŽs par actions ˆ investissement Žtranger, des sociŽtŽs en participation ou constituer des sociŽtŽs Holdings et peuvent surtout envisager des restructurations de leurs activitŽs, et des fusions acquisitions de sociŽtŽs chinoises. Paralllement, lÕaccs au commerce international pour les entreprises privŽes chinoises se libŽralise.

Ce dŽveloppement du droit sÕappuie dÕune part sur un renforcement des institutions judiciaires, avec la crŽation de chambres administratives en 1988 et de chambres spŽcialisŽes en propriŽtŽ intellectuelle en 1995, et dÕautre part sur une professionnalisation croissante des professions juridiques, juges, procureurs, et notaires dont le champ dÕactivitŽ a ŽtŽ Žlargi, et sur un fort dŽveloppement de la profession dÕavocat accompagnŽ dÕun engouement pour cette fonction, phŽnomne nouveau dans la sociŽtŽ chinoise.

Symbole de lՎvolution de la relation au droit et des mentalitŽs, on constate un recours de plus en plus important au juge dans les litiges Žconomiques et sociaux, bouleversant les comportements traditionnels en matire de rglement des litiges (cf. rapport annuel dÕactivitŽ de la Cour suprme). Cependant la conciliation continue ˆ tre largement privilŽgiŽe dans les relations entre personnes physiques. Illustration de ce r™le croissant de la justice, mais en mme temps de ses difficultŽs, la Cour populaire suprme a dŽclarŽ lÕannŽe 1999 Ē lÕannŽe des procs de qualitŽ Č et Ē lÕannŽe de lÕexŽcution des dŽcisions de justice et des ordonnances Č. Cette Žvolution juridique a ŽtŽ consacrŽe par les rŽvisions constitutionnelles de 1988, 1993 et 1999, qui garantissent par lˆ-mme le maintien des rŽformes Žconomiques. Six amendements ont ŽtŽ introduits en 1999. LŽgitimŽe en 1988 comme Ē complŽment du secteur socialiste Č , lՎconomie privŽe est ainsi devenue en 1999 Ē une partie importante de lՎconomie socialiste de marchŽ Č . Mais surtout lÕalinŽa premier de lÕarticle 5 introduit le principe du gouvernement par la loi qui, sans tre une nouveautŽ, est considŽrŽ en Chine comme une garantie importante de la stabilitŽ ˆ long terme du pays[85].

Les lacunes et les faiblesses

En Chine, malgrŽ les pressions liŽes ˆ lÕintŽgration de la Chine dans lÕOMC et ˆ la mondialisation du droit, les lacunes et les faiblesses en matire dÕapplication et de respect du droit restent encore considŽrables. La Chine ne pas encore acquŽrir une mentalitŽ et un comportement juridiques comparables avec les pays occidentaux.

 

Le premier facteur concerne lÕimperfection du systme juridique. Le difficile Žtablissement dÕune hiŽrarchie des normes tant au plan national quÕentre lÕEtat et les collectivitŽs locales est entravŽ par lÕautonomie de fait de certaines collectivitŽs locales et lÕinitiative personnelle de certains fonctionnaires. LÕinefficacitŽ de la procŽdure de vŽrification et de contr™le des textes locaux par le gouvernement contribue au dŽsordre normatif et au morcellement du droit. La fragmentation des sources du droit des contrats (avant la nouvelle loi), du droit des entreprises avec plus dÕune vingtaine de lois et rglements, ou du droit du travail avec une centaine de textes nationaux et locaux sous deux ministres de tutelle, rend alŽatoire le cadre juridique des affaires. Le droit des affaires peut varier selon les zones gŽographiques, le statut de lÕentreprise ou le type dÕactivitŽ. Ė ce constat, peuvent sÕajouter les retards dans la mise en Ļuvre des textes, les incertitudes liŽes ˆ lÕinterprŽtation, les risques de rŽtroactivitŽ des textes juridiques, lÕabsence dÕun vŽritable Journal Officiel quotidien et exhaustif et lÕarbitraire de lÕadministration.

 

Le deuxime facteur concerne les carences de lÕinstitution judiciaire avec un engorgement et un retard croissants et un nombre considŽrable de jugements non exŽcutŽs. Et bien que la Cour populaire suprme et le Parquet Populaire Suprme aient adoptŽ rŽcemment toute une sŽrie de mesures [86]visant ˆ amŽliorer le fonctionnement des Tribunaux, lÕexŽcution des jugements et lÕapplication du droit en matire civile et Žconomique, ce qui a permis de constater une amŽlioration fin 1998 et dŽbut 1999, il reste un long chemin ˆ parcourir. Ainsi, il convient dÕobserver la quasi-absence de poursuites pŽnales en matire de contrefaons de marques (11 cas sur 6.328 au 1er semestre 1999). Les causes nombreuses et complexes tiennent principalement ˆ une faible formation juridique dans les juridictions infŽrieures, ˆ une culture juridique peu procŽdurire, ˆ une absence dÕindŽpendance des juges ˆ lՎgard des pouvoirs locaux et ˆ un protectionnisme local liŽ ˆ la dŽcentralisation.

 

Troisime facteur, lՎlaboration du droit des affaires reste empreinte dÕun fort contr™le Žtatique, politico-administratif, particulirement en matire dÕinvestissement Žtranger, comme de commerce international. Les investisseurs Žtrangers doivent se conformer au Catalogue dÕorientation des investissements Žtrangers et sont soumis ˆ un double contr™le administratif a priori et a posteriori, toujours tatillon, malgrŽ une autonomie locale plus grande. La rŽglementation du commerce extŽrieur impose toujours une licence dÕopŽrateur du commerce extŽrieur et la pratique de quotas. Le contenu du droit des affaires demeure trs dŽpendant des choix de politique Žconomique tant en ce qui concerne la restructuration des entreprises dՃtat et ses consŽquences sociales, lÕouverture du marchŽ intŽrieur, le dŽveloppement de la Bourse ou la dŽrŽgulation, les rŽformes de la fiscalitŽ, du systme financier et du droit de propriŽtŽ.

 

Deux courtes illustrations parmi beaucoup dÕautres peuvent tre fournies. La premire montre les limites du droit des entreprises en difficultŽ. La loi provisoire de 1986 sur la faillite[87], sujet tabou, est un texte isolŽ, peu appliquŽ et insuffisant, o lÕidŽe de prŽvention des difficultŽs des entreprises est absente. Alors que le droit franais aborde le traitement et la prŽvention des difficultŽs, il nÕexiste pas en Chine de procŽdures de redressement dÕentreprise en difficultŽ. Seul lÕaspect liquidation est rŽglementŽ et de surcro”t par plus dÕune dizaine de textes nationaux et locaux [88]. GŽnŽralement, cÕest la loi qui institue une des formes dÕentreprises qui en organise Žgalement la liquidation. Une seule loi traite exclusivement de la liquidation dÕentreprise. Elle ne concerne que les entreprises ˆ capitaux Žtrangers et ne vise pas les sociŽtŽs par actions et les sociŽtŽs ˆ responsabilitŽ limitŽe. LÕaffaire de la faillite du G.I.T.I.C. a dŽmontrŽ les lacunes de la rŽglementation actuelle, mais aussi la volontŽ du pouvoir dÕen tirer des leons au moment mme o circule un nouveau projet de loi sur la faillite.

La seconde illustration tient lˆ encore aux incertitudes sur le cadre juridique, quÕentretiennent les autoritŽs chinoises face ˆ des opŽrations et des montages rŽalisŽs par des investisseurs Žtrangers et dont la valeur juridique peut tre remise en cause, comme cÕ Žtait le cas en 1999 pour les investissements dans le commerce de dŽtail pour des supermarchŽs et pour lÕaffaire Unicom[89].

 

Enfin et surtout, il faut ajouter des facteurs aggravants : la corruption, les fraudes Žconomiques, le racket et la contrebande. Le nombre trs important de condamnations de fonctionnaires, dÕhommes dÕaffaires et mme dÕhommes politiques par les Tribunaux ces deux dernires annŽes pour fait de corruption et fraude ainsi que le coup de balai dans la magistrature en 1998 atteste de la volontŽ de lutter contre ces flŽaux mais aussi de lÕimportance du phŽnomne [90]. Comme lՎcrivait, il y a quelques mois le Fazhi Ribao (Quotidien de la lŽgalitŽ), lÕheure est au Ē nettoyage Č contre des pratiques dÕaffaires illicites et le Premier Ministre Zhu Rongji, lors de lÕouverture de la session annuelle de lÕA.N.P., le 5 mars 2000, a fait de la moralisation de la vie publique sa prioritŽ.

Le passage dÕun ƒtat de lois, situation actuelle, ˆ un ƒtat de droit , ne se fera quՈ travers une vŽritable rŽforme constitutionnelle, dŽfinissant plus clairement la sŽparation des pouvoirs, la dŽfense des droits des personnes et instaurant un vŽritable contr™le de constitutionnalitŽ. La Constitution actuelle de 1982 est une entrave ˆ une rŽelle transition Žconomique et juridique. La contradiction entre le principe de suprŽmatie de la Constitution et le principe fondamental de direction du Parti nÕest pas levŽ. Ē Comme lÕont reconnu quelques universitaires chinois, pour que la Chine se dote dÕun ƒtat de droit, il est nŽcessaire de changer certains principes fondamentaux de la Constitution et non dÕajouter quelques simples amendements qui intgrent les nouvelles politiques du Parti Č[91].

 

3.7 Le droit de HongKong intŽgrer et influencer

 

HongKong est retournŽ ˆ la Chine dŽjˆ depuis neuf ans. Le monde entier a constatŽ que le concept Ē un ƒtat, deux systmes Č devient une rŽalitŽ et marche bien.

Il sÕagit de lÕun des ŽvŽnements les plus intŽressants de lÕhistoire judiciaire. Le systme lŽgal chinois est basŽ sur des concepts socialistes Marxiste- LŽniniste- Mao•ste, avec des influences tirŽes de quatre mille annŽes de civilisation chinoise et des codes europŽens, alors que le systme hongkongais est basŽ sur la Common Law anglaise. Il existe dÕautres exemples du concept Ē un pays, deux systmes Č ˆ travers le monde, mais pas aussi radicalement diffŽrents que la Chine et Hong-Kong.

Le statut de la RŽgion administrative spŽciale (RAS) de HongKong a ŽtŽ organisŽ par la Loi fondamentale de HongKong, adoptŽe, il y a plus dix ans dŽjˆ, le 4 avril 1990 par le 7e Congrs national du peuple de la RŽpublique populaire de Chine, et en vigueur depuis le 1re juillet 1997. Le prŽambule de la Loi fondamentale prŽcise : Ē Eu Žgard au principe --un pays, deux systmes --, le systme et les politiques socialistes ne seront pas pratiquŽs ˆ HongKong Č.

Ė lÕexception des affaires Žtrangres et de la dŽfense, symboles de la souverainetŽ de lÕEtat et domaines rŽservŽs du gouvernement central de la RŽpublique populaire de Chine, la RAS de HongKong bŽnŽficie toujours dÕune autonomie trs large. La Loi fondamentale a dotŽ HongKong de pouvoirs exŽcutif, lŽgislatif et judiciaire autonomes, y compris la juridiction de dernier ressort, et lui permet de conserver pour cinquante ans le systme et le mode de vie capitalistes existants. Il est donc clairement Žtabli que la RAS de HongKong est un rŽgime de droit dans lequel les libertŽs fondamentales sont garanties ainsi que le systme Žconomique sur lequel HongKong a fondŽ son dŽveloppement et sa prospŽritŽ. Les entreprises Žtrangres ont, pour cette raison, plut™t intŽrt ˆ monter leurs affaires dans la rŽgion ˆ partir dÕune structure de droit hongkongais, que sur la base dÕune structure rŽgie par le droit chinois.

Toute lÕoriginalitŽ et la nouveautŽ du systme rŽsident dans ce compromis entre la reprise de la souverainetŽ de la RŽpublique populaire de Chine sur HongKong et le maintien dÕune autonomie politique, Žconomique et judiciaire. Symboles de ce compromis : deux langues et deux drapeaux. Le chinois et lÕanglais sont dŽsormais les deux langues officielles de la RAS et ˆ ce titre, les autoritŽs administratives, lŽgislatives et judiciaires de la RŽgion peuvent les employer indiffŽremment. La RAS de HongKong est Žgalement le seul territoire autorisŽ ˆ utiliser, outre les drapeaux et emblme de la RPC, ses propres drapeaux et emblme sur lesquels figure la fleur de Bauhinia.

LÕorganisation judiciaire

La RAS de HongKong dispose actuellement dÕun systme judiciaire indŽpendant de la Chine, organisŽ en Court of Final Appeal, High Court, District Courts, Magistrate Courts, ainsi que dÕautres juridictions spŽcialisŽes. La High Court rŽunit les juridictions de premier degrŽ et dÕappel, et le dernier degrŽ de juridiction est exercŽ par la Court of Final Appeal qui a la particularitŽ de pouvoir proposer ˆ des magistrats de juridictions dՃtats de Common Law de siŽger aux audiences quÕelle tient.

La Court of Final Appeal a repris la fonction exercŽe prŽcŽdemment par le Privy Council ˆ Londres, sous lÕAdministration britannique, et son fonctionnement est similaire, tout en prŽsentant lÕavantage de se situer ˆ HongKong et non plus ˆ lÕautre bout du monde, comme dans le passŽ.

LÕinterprŽtation de la Loi fondamentale est du ressort du ComitŽ permanent de lÕassemblŽe populaire nationale. Toutefois, les Tribunaux de HongKong sont autorisŽs ˆ interprŽter toutes les dispositions de la Loi fondamentale, ˆ lÕexception de celles concernant les affaires, qui sont de la responsabilitŽ du gouvernement central du peuple ou celles concernant la relation entre les AutoritŽs centrales et la RŽgion, chaque fois quÕune interprŽtation est nŽcessaire ˆ lÕoccasion dÕune procŽdure judiciaire.

Beaucoup de discussions ont eu lieu, quand le gouvernement de HongKong a sollicitŽ lÕinterprŽtation dÕun article de la Loi fondamentale concernant le droit de sŽjour par le ComitŽ permanent de lÕAssemblŽe populaire nationale, suite ˆ un arrt de la Cour suprme de HongKong, accordant ce droit ˆ un plus grand nombre de personnes, que voulu par le gouvernement. Cet acte Žtait considŽrŽ comme une atteinte ˆ lÕindŽpendance de lÕautoritŽ judiciaire. Le ComitŽ permanent de lÕAssemblŽe populaire nationale a donnŽ une interprŽtation plus restrictive ˆ lÕarticle litigieux, donnant raison au gouvernement et en dŽsavouant en quelque sorte la Cour suprme. Cette dernire nÕa pas maintenu sa position dans des affaires jugŽes aprs cet incident.

Les juridictions jugent les affaires conformŽment aux lois de la RAS, et peuvent se rŽfŽrer ˆ la jurisprudence des autres juridictions de la Common Law. Par ailleurs, le systme de jury a ŽtŽ maintenu. Au pŽnal, comme au civil, les principes directeurs du procs et les droits des parties reconnus avant 1997, comme le droit dՐtre jugŽ rapidement, le droit ˆ un procs Žquitable et la prŽsomption dÕinnocence, ont ŽtŽ maintenus.

Les procŽdures devant les Cours et les Tribunaux de la RAS de HongKong se dŽroulent maintenant soit en anglais, soit en chinois. La qualitŽ et lÕindŽpendance du systme judiciaire en cas dÕutilisation du chinois comme langue ont ŽtŽ maintenues. Ainsi, mme si le juge peut dŽcider quelle langue utiliser au cours dÕun procs, les parties, les tŽmoins et les reprŽsentants lŽgaux sont nŽanmoins libres dÕutiliser une des deux langues officielles, mme si leur choix est diffŽrent de celui du juge.

LÕutilisation du chinois devant les juridictions est de plus en plus frŽquente. Mme si actuellement les deux systmes juridiques sont diffŽrents, il est Žvident quÕil y aura de plus en plus un lien Žtroit entre le systme juridique de la RAS et la Chine. Cela sera une processus de commun accord. Des relations dÕassistance mutuelle et de coopŽration sont actuellement mises en place entre les autoritŽs judiciaires de la RAS et leurs homologues du reste de la Chine, afin de contribuer ˆ une meilleure comprŽhension des deux systmes.

Le droit applicable ˆ HongKong

La sŽcuritŽ juridique des affaires dans la RAS de HongKong est assurŽe par des conventions internationales, des normes de source Ē interne Č, comme la Loi fondamentale, les lois antŽrieures ˆ lՎtablissement de la RAS de HongKong, celles adoptŽes par les autoritŽs lŽgislatives de la RŽgion et quelques lois nationales visŽes ˆ lÕannexe 3.

Outre les lois internes, les conventions internationales auxquelles HongKong a adhŽrŽ font Žgalement partie du droit applicable dans la RAS. Mais il faut prŽciser que certains accords internationaux conclus par la Chine ne sÕappliquent pas ˆ la RAS et inversement, ce qui peut affecter les relations juridiques entre des sociŽtŽs Žtrangres et des sociŽtŽs chinoises.

Aussi est-il primordial de prŽciser dans les contrats conclus entre une sociŽtŽ Žtrangre et une sociŽtŽ chinoise de HongKong si le contrat est soumis au droit de la Chine ou ˆ celui de la RAS de HongKong. En cas de rŽfŽrence ˆ un accord international, il faudra Žgalement vŽrifier le domaine dÕapplication de celui-ci.

La Loi fondamentale est une constitution Žcrite, comportant 160 articles et 3 annexes. Les systmes et politiques pratiquŽs dans la RAS, le systme de sauvegarde des droits et libertŽs fondamentaux des rŽsidents, et les pouvoirs exŽcutif, lŽgislatif et judiciaire, doivent se baser sur les dispositions de la Loi fondamentale. Toutes les lois adoptŽes par les autoritŽs lŽgislatives de la RAS doivent tre conformes ˆ la Loi fondamentale.

En vertu de la Loi fondamentale toutes les lois existantes avant le 1er juillet 1997 sont restŽes en vigueur, sauf 24 Ordonnances considŽrŽes par le ComitŽ du congrs national du peuple comme Žtant contraires ˆ la Loi fondamentale. Mme si la RAS de HongKong jouit dÕune grande autonomie, elle nÕen demeure pas moins partie intŽgrante de la Chine.

Certaines lois nationales de Chine sont dotŽes dÕun effet direct dans la RAS de HongKong, il sÕagit des lois relatives aux domaines de la dŽfense et des affaires Žtrangres dans lesquels la RAS ne possde aucune compŽtence.

DÕautres, pour tre efficaces, ont dž faire lÕobjet dÕune loi spŽciale les intŽgrant au droit de la RAS . Ces lois sont ŽnumŽrŽes ˆ lÕannexe 3 de la Loi fondamentale et sont au nombre de six :

„ La rŽsolution de 1949 relative ˆ la capitale, au calendrier, ˆ lÕhymne national et au drapeau national ;

„ La rŽsolution de 1949 relative ˆ la date de la fte nationale, les 1er et 2 octobre

„ LÕordre du gouvernement populaire central de 1950 relatif ˆ lÕemblme national de la Chine ;

„ La dŽclaration gouvernementale de 1958 sur la mer territoriale ;

„ La loi de 1980 sur la nationalitŽ ;

„ Les rglements de 1986 relatifs aux privilges et immunitŽs diplomatiques.

Les lois nationales ne figurant pas sur cette liste ne sont thŽoriquement pas applicables dans la RAS. Cependant, il faut prŽciser que la Loi fondamentale donne pouvoir au ComitŽ permanent de lÕAssemblŽe populaire nationale pour modifier cette liste, aprs avis de la Commission de la Loi fondamentale et du gouvernement de la RAS. Toutes les conditions sont donc rŽunies pour permettre ˆ la RAS de HongKong dÕassurer une vŽritable sŽcuritŽ juridique des affaires, de faon actuellement autonome du pouvoir central de la Chine.

 

Pour conclure, le systme contractuel et judiciaire de HongKong a fait ses preuves et permet aux entreprises qui font le choix de sÕimplanter ˆ HongKong de bŽnŽficier pour leurs opŽrations en Chine dÕun systme juridique performant et dÕune protection juridique accrue.

Sur le long terme, le concept de Ē un ƒtat, deux systmes Č est intrinsquement instable, en particulier lorsque les deux systmes sont aussi diffŽrents que la RAS de HongKong et la Chine. LÕidŽe dÕune totale indŽpendance de la RAS de HongKong, en matire de sŽcuritŽ juridique pour les affaires, ou de faon gŽnŽrale, est difficilement concevable dans lÕavenir.

InŽvitablement, avec le dŽveloppement des communications et des mouvements de population entre les deux systmes, ceux-ci tendront vers une intŽgration.

Les optimistes pensent que la Chine Žvoluera vers le systme juridique de HongKong, les pessimistes, quant ˆ eux, estiment que la petite RAS de HongKong aura peu dÕimpact sur une Chine de 1,2 milliards dÕhabitants et 4.000 ans dÕhistoire. Une chose est sžre, la situation ne peut encore quՎvoluer et il nÕy a pas de lieu ou dՎpoque plus intŽressante pour un avocat.


Conclusion

La rŽforme du droit chinois reste un Ždifice en construction. Cette Longue Marche inachevŽe nÕempruntera donc pas un chemin unique, mais traversera au contraire un certain nombre de voies alternatives, y compris celle qui prolonge lÕexistence du rŽgime autoritaire actuel en ignorant lÕapparition de ce qui pourrait devenir une opposition politique organisŽe et la montŽe en puissance dÕune sociŽtŽ civile vivante. Le pouvoir chinois ne conna”t pas encore le but dŽfinitif des rŽformes Žconomiques quÕil a entreprises et rŽsiste activement ˆ toute transformation du rŽgime en une dŽmocratie libŽrale. LÕabsence de volontŽ politique partagŽe nuit ˆ la qualitŽ de la loi et ˆ lՎtablissement dÕun vŽritable ƒtat de droit. Mais de quelle sorte de rationalitŽ juridique a-t-on besoin dans une Žconomie de marchŽ ? Il semble quÕune rationalitŽ informelle pareille ˆ celle quÕoffre le systme chinois dÕaujourdÕhui suffise ˆ crŽer un environnement propice aux affaires sans poser les fondements lŽgaux dÕun futur ƒtat, si ce nÕest immŽdiatement dŽmocratique, du moins transparent, respectueux de la personne humaine et contr™lŽ indŽpendamment[92]. Cette hypothse remettrait profondŽment en cause les critres dÕanalyse sur lesquels les organisations internationales fondent leur apprŽciation de la qualitŽ dÕune gouvernance qui a remplacŽ lÕidŽe de conditionnalitŽ dŽmocratique.

Le despotisme chinois sÕaccommode fort bien dÕun capitalisme revisitŽ car dŽpourvu de son fondement dŽmocratique. Se satisfera-t il aussi dÕun ƒtat de droit travesti ? En proie ˆ des bouleversements continus et nŽcessaires au renouvellement dÕune grande culture qui tend par essence vers une certaine forme dÕuniversalitŽ protectrice des diffŽrences et de lÕindividu, la Chine doit dŽsormais trouver sa propre voie (Dao)[93].

La coopŽration juridique et judiciaire avec des pays occidentaux, permet ˆ des juristes chinois de rŽflŽchir ˆ dÕautres voies de rŽforme, de se poser des questions sur leurs propres traditions et habitudes. Cependant, par lÕapproche de lÕanthropologie juridique, lÕexpŽrience de lՎtude comparative avec le systme Chinois, mettra en lumire les diffŽrents paramtres du jeu des lois, et ouvrira de nouveaux lieux de rŽflexion[94].


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List de rglements

 

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Loi organisation courte et parquet 1996

Rapport annuelle de la Cour populaire suprme le 1998

Loi sur les faillites dÕentreprises (ˆ lÕessai) adoptŽe le 2/12/86 et entrŽe en vigueur le 1/11/88

La nouvelle loi sur la profession dÕavocat en Chine Č dans Ē La Chine et le Droit : les Žvolutions rŽcentes Č du 14 au 16 dŽcembre 1997

 

Mesures provisoires sur le travail dÕexŽcution des Tribunaux populaires adoptŽes par la Cour populaire suprme le 11/06/98

 

Principes GŽnŽraux du Droit Civil du 12/04/86

 

Loi sur les faillites dÕentreprises (ˆ lÕessai) adoptŽe le 2/12/86 et entrŽe en vigueur le 1/11/88

Loi sur les sociŽtŽs du 29/12/93

Loi sur les entreprises ˆ capitaux mixtes du 1/07/79 modifiŽe le 4/04/90

Rglement dÕapplication sur les entreprises mixtes coopŽratives du 7/08/95

Loi sur les entreprises ˆ capitaux entirement Žtrangers du 12/04/86

Loi sur les sociŽtŽs en participation du 23/02/97

Rgles sur les SociŽtŽs de la Province du Guangdong du 14/05/93

 

The Basic Law of the Hong Kong Special Administrative Region (The Basic Law) was adopted 04/04/1990 by the Seventh National People's Congress (NPC) of the PRC. It came into effect

01/07 /1997

 

 

 

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http://www.jcrb.com.cn               Le quotidien des Parquets chinois est

 

 

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http://www.hkba.org                                 Hongkong Bar Association

 

 

http://www.legainfo.gov.cn.                      Les lois chinoise en traduction anglaise

 

http://www.chieselawyer.com.cn. All China Lawyer Association

 

 



[1]Simon LEYS LÕhumeur lÕHonneur LÕHorreur Robert Laffont, S.A.Paris 1991 P 13-15

[2] Christoph Eberhard, Un itinŽraire entre altŽritŽ, complexitŽ et interculturalitŽ, 2002

[3] 1925 - 1995, professeur de philosophie et d'anthropologie sociologique. Ses publications principals : Cause and meaning in the social sciences (Routledge and Kegan Paul, London 1973); Contemporary thought and politics (Routledge and Kegan Paul, London, 1973); Reason and culture: the historic role of rationality and rationalism (Blackwell, Oxford, 1992)

[4] Alice Ehr-soon TAY, Culture Juridique Chinoise. Dans Une Introduction aux cultures juridiques non occidentales, Bruxelles,1998 p. 208

[5] Li, Rituel protŽgeant lÕordre social et impliquant donc la rectitude morale, autrement dit, Ē comportement correct Č .Le sens donnŽ au mot Li varie selon le contexte, mais se rapporte le plus souvent ˆ lÕidŽe de rgle de conduite, de rite, ou de loi morale. Les penseurs chinois de lÕantiquitŽ dŽcrivent ainsi les fonctions du Li : Sans ces rgles, les devoirs mutuels du prince et du sujet, du supŽrieur et de lÕinfŽrieur, du pre et du fils, du frre plus ‰gŽ et pu”nŽ, ne peuvent tre dŽterminŽs. Le Li sert donc ˆ Žtablir et ˆ maintenir les diffŽrences de statut. Et la justice doit tre rendue conformŽment au Li .

[6] L. Pospisil, Legal Levels and Multiplicit of Legal systems in Human Societies , journal of Conflict Resolution, 1967, vil 2

[7] Tao ou parfois Dao signifiant : Ē la voie Č, Ē le chemin Č. La recherche de la sagesse en Chine se fonde principalement sur l'harmonie. L'harmonie, pour les tao•stes, se trouve en plaant son cĻur (et son esprit, le caractre chinois du cĻur dŽsigne les deux entitŽs) dans la Voie (le Tao), c'est-ˆ-dire dans la mme voie que la nature. En retournant ˆ l'authenticitŽ primordiale et naturelle, en imitant la passivitŽ fŽconde de la nature qui produit spontanŽment les Ē dix mille tres Č, l'homme peut se libŽrer des contraintes et son esprit peut Ē chevaucher les nuages Č.

[8] Han Feizi philosophe et penseur politique chinois (233 av. J.C.) du courant lŽgiste. Selon lui, l'ordre et la prospŽritŽ ne peuvent tre apportŽs que par un ƒtat fort, qui repose sur des lois trs strictes et non sur la morale et la comprŽhension, contrairement au confucianisme. Han Feizi reprend de son ma”tre le confucianiste Xun Zi (environ 310 av.J.C.)LÕidŽe que l'homme est foncirement Žgo•ste. Il ne partage pas son optimisme et ne pense pas qu'il peut s'amŽliorer par l'Žducation, ni que l'intŽrt particulier d'un individu ne puisse jamais s'accorder avec l'intŽrt gŽnŽral. Il s'agit plut™t, d'une part, d'empcher le sujet de commettre des actions contrevenant aux intŽrts de l'Etat et du souverain en appliquant des lois aussi infaillibles et inŽvitables que la loi naturelle, et d'autre part, de l'inciter ˆ obŽir et ˆ se soumettre ˆ l'autoritŽ du Fils du Ciel par l'octroi tout aussi infaillible et automatique de rŽcompenses en proportion, non des mŽrites, mais de l'obŽissance. Han Feizi appelle ces deux principes essentiels de ch‰timent et de rŽcompense Ē les Deux Manipules Č. Han Feizi s'inspire ici de la nature, tout comme les tao•stes. Les prŽceptes tao•stes sont ˆ la base de la doctrine lŽgiste qui professe qu'un souverain exemplaire doit gouverner de faon ˆ ce qu'il ne lui soit mme plus nŽcessaire de sanctionner. En effet, comme la doctrine tao•ste incite le pratiquant de la Voie ˆ pratiquer le non-agir, c'est-ˆ-dire l'action dans l'inaction, gouverner conformŽment au Tao implique de ne pas accomplir d'acte au sens positif du terme.

[9] Dans la Chine impŽriale, le droit, comme rŽgulateur des rapports sociaux, Žtait aussi prŽsent car la vision politique confucianiste est une vision idŽalisŽe, celle de lՎlite, de ce qui devrait tre.

[10] LŽon Vandermeersch, Pouvoir dÕEtat et sociŽtŽ civile dans la tradition confucianiste, Etudes Sinologiques, Paris PUF, 1994p.193. Citons ici un article qui prŽcise les diffŽrents mots chinois employŽs pour parler de loi,Tsisen Tche-hao, Le concept de Ē Loi Č en chine .dans Archives de Philosophie du droit. 1980,25.

[11] Traduction de LŽon Vandermeersch, ibid., p 6,du passage dÕun autre classique chinois, le Shi ji.

[12] LŽon Vandermeersch , La formation du lŽgisme, op.cit, p.194

[13] Etat fŽodal de Zheng ,en 536 avant J.-C.,

[14] RŽdigŽe au III s. avant J.-C.

[15] Robert van Gulik . (1910 Ń1967) Il a traduit des recueils dÕarrt comme Arrts parallles rendus sous le poirier en anglais. Robert van Gulik ,ƒcrivain de langue nŽerlandaise, anglaise, japonaise, voire latine. Diplomate (Japon, Chine, ƒtats-Unis, Indes, IndonŽsie, Liban, CorŽe) et sinologue fort rŽputŽ, en 1948, il traduit un roman policier chinois, le Dee Gong An, trois affaires criminelles rŽsolues par le juge Dee-Jen Djieh,

Fonctionnaire de l'Žpoque T'ang (7e sicle de notre re). Puis, s'inspirant de vieux rŽcits chinois, il Žcrira dix-sept rŽcits policiers fictifs, affaires mystŽrieuses dŽbrouillŽes par son juge Dee (rebaptisŽ Ti en franais).

[16] Robert van Gulik, Trois affaires criminelles rŽsolues par le juge Ti Christian Bourgois, Paris, 1987. P 9-11

[17] Etienne Balazs, La Bureaucratie CŽlcste. Gallimard, Paris, 1968.p. 271.

[18] Ibid, p.272

[19] Le Code Tang est le premire Code Chinois on a trouvŽ completement.qui etait le Code pour la dynastie Tang (618-907) . Ce Code a influencŽ aussi le droit japonais et le droit annamite, entre autres.

[20] Robert van Gulik, Trois affaires criminelles rŽsolues par le juge Ti Christian Bourgois, Paris, 1987. p.30

[21] Ibid., p.32

[22] Wang Lui hui chen The Traditional Chinese Clan Rules. New York, J.J. Augustin Incorporated Publisher, Locust Valley, 1959, Ē Monographs of the Association for Asian Studies VII Č, P37

[23] Sybille van der Sprenkel, Legal institutions in Mandchu China A Sociological Analysis, London, University of London, The Athlone Press, 1962, coll. London School of Economics Monographs on Social Anthropology, n”24,180 pages, p.98

[24] Ibid., P. 101. Dans certains cas, les Aines de villages avoisinants pouvaient tre sollicitŽs comme arbitres.

[25] Ibidem.

[26] Philip C.C.Huang , Civil Justice in China /Representation and Practice in the Qing , Stanford university Press 1996, p.11

[27] Ibid., p. 123.

[28] Ibid., p. 125.

[29] Sybille van der Sprenkel, op. cit., p. 96.

[30] Louis Assier-Andrieu, Le Droit dans les SociŽtŽs Humaines. Coll. Ē Essais et Recherches ČParis, Nathan, 1996, p.187.

[31] Ibid., p.188

[32] ChÕu TÕung-tsu, Law and Society in Traditional China, Paris, Mouton, 1961, p. 178-185

[33]En octobre 1911, une rŽbellion Žclate dans le sud de la Chine. Les insurgŽs proclament la RŽpublique et forment un gouvernement provisoire. Trs vite, 14 des 18 provinces de l'empire chinois se rallient ˆ la RŽpublique. Sun Yat-sen, est proclamŽ prŽsident provisoire de la RŽpublique.
Cependant, ˆ PŽkin, le pouvoir tombe entre les mains de Yuan Shikai, ancien conseiller de l'ImpŽratrice, Ts'eu-hi. Il oblige le petit empereur ˆ abdiquer, proclame ˆ son tour la RŽpublique le 13 fŽvrier 1912 et se pose en rival des rŽpublicains du sud. Sun Yat-sen, peu dŽsireux de provoquer la division du pays, laisse ˆ Yuan Shikai la PrŽsidence de la RŽpublique.

En janvier 1914, Yuan Chekai dissout l'AssemblŽe en mai, abroge la Constitution Provisoire et la remplace par la "Constitution de la RŽpublique de Chine". Enfin, il proclame la restauration de l'Empire le 12 dŽcembre 1915. Sa mort, le 6 juin 1916, rŽduit ˆ nŽant son rve ImpŽrial.

[34]Voir Joanthan D.Spence, The Gate of Heavenly Peace/The Chinese and their Revolution, 1895-1980,New York, Penguin Books, 1981. Cet ouvrage trace toute lÕhistoire intellectuelle de cette pŽriode.

[35]Le Kuomintang (KMT) ou Guomindang, Parti Nationaliste Chinois a ŽtŽ fondŽ dans la province du Guangdon le 25 aožt 1912 par le docteur Sun Yat-sen. Le KMT Žtait formŽ par plusieurs groupes rŽvolutionnaires, incluant le Tongmenghui, parti dŽmocratique et socialiste modŽrŽ. Le Parti Communiste Chinois fut alliŽ du KMT jusqu'ˆ la mort de Sun Yat-Sen. Chiang Kai-sheks furent tous deux aidŽs par le Parti Communiste Russe dans la lutte contre l'impŽrialisme chinois, japonais, EuropŽen (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Portugal et AmŽricain). Chiang Kai-Shek prit le pouvoir et dŽcida de commencer la guerre entre les deux partis ˆ la fin de la seconde guerre mondiale. Cette guerre civile a durŽ quatre ans. En 1949, Le Kuomintang se rŽfugia ˆ Taiwan.

[36]Philippe Lasterle, La France, la Marine et la Chine : aperu des relations franco-chinoises ˆ travers le prisme naval ,2001 ,Etudes bilatŽrales

[37] Roscoe Pound (1870 Š 1964) est un sociologue et juriste amŽricain.

38 Mireille Delmas-Marty : professeur au Collge de France, titulaire de la chaire dՎtudes juridiques comparatives et dÕinternationalisation du droit.

ĒAprs la chute de lÕEmpire, les rŽvolutionnaires ne renoncent pas ˆ lÕoccidentalisation.

Bien au contraire, Ē la Chine avait eu tort de trop copier ˆ la lettre des thŽories Žtrangres dans les premires annŽes de sa RŽvolution, sans considŽration de sa propre histoire Č. Aussi les rŽformateurs de la pŽriode suivante dŽfendront-ils des formes plus innovantes dÕhybridation intŽgrant la tradition chinoise, comme la Ē thŽorie des Cinq pouvoirs Č. Mais la pŽriode des Seigneurs de la Guerre, puis le rŽgime nationaliste qui sÕinstaure de 1927 ˆ 1949 sont marquŽs par le retour ˆ la spŽcificitŽ chinoise, dÕailleurs soutenue par des juristes occidentaux comme Escarra.

Aussi lÕeffort de modernisation, lancŽ ˆ la fin de la dynastie des Qing par des juristes rŽformateurs comme Shen Jiaben, fut-il largement abandonnŽ aprs la rŽvolution de 1911, la RŽpublique, entre 1912 et 1949, ayant davantage importŽ des textes Žtrangers que systŽmatisŽ des rgles existantes.

[39] Le Japon a envahi la rŽgion du nord-est de la Chine en 1931 et la guerre de rŽsistance aux envahisseurs japonais a durŽ 8 ans en Chine.

[40] Werner Meissner, La Voie Orthodoxe Paris, Fayard 1990 p. 11

[41] Ibid.p.23

[42] Marie-Claire Bergre, la Chine au XX sicle, de 1949 ˆ aujourdÕhui, Paris, Fayard 1990. p.184

[43] En 1957, dÕabord il y a la Campagne des Cent Fleurs, suivie par la compagne anti-droite.

Le dŽsastreux Grand Bond En Avant est lancŽ en 1958, et fait des millions de morts par la famine pendant les trois ans de sa durŽe. Ensuite, de 1962 ˆ 1965, le Mouvement dՎduction socialiste, qui dŽrape vite en purges contre les intellectuels et les artistes, persŽcutions qui culmineront durant la RŽvolution culturelle jusquÕen 1976.

Ds 1950, le PCC recourt aux campagnes de masse, avec les simulacres de procs quÕon leur conna”t. JusquÕen 1957, il y a un systme juridique džment dotŽ de diverses institutions, qui coexistait avec ce systme de justice de masse. Ė partir de 1957, la Chine sombre dans un chaos eu sein duquel lÕordre et la justice disparaissent, pour cŽder la place ˆ une vindicte populaire savamment dirigŽe contre tout opposant rŽel ou prŽsumŽ.

 

[44]Zheng Shiping, Party vs. State in Post-Mao China. The Institutional Dilemma, Cambridge University Press, 1997.p.58.

[45]Nous sommes en Guerre Froide, et la majoritŽ des pays occidentaux refusent de reconna”tre la RŽpublique Populaire de Chine. Cette dernire nÕa de relations quÕavec les pays du Ē bloc soviŽtique Č .Plus tard, aprs la rupture entre Chine et lÕUnion soviŽtique en 1965, la RPC se tourne vers les pays non-alignŽs.

[46]Ren Xin , Tradition of the law and law of tradition /Law, State, and Social Control in China, Greenwood Press, 1997 p.58

[47]Frederic C. Teiwes, Establisment and Consolidation of the New Rgime in Cambridge history of china , 1949-1956 1987, p.108

[48]Ibid ,p.52

[49]Yu Xingzhong, ŅLegal pragmatism in the peopleÕs of ChinaÓ 1989 , journal of Chinese law, He obtained a BA in English Literature from Lanzhou University in China, and an LLM (Master of Laws) and SJD (Doctor of Juridical Science) from the Harvard Law School. His research interests include social and political theory, cultural studies of law, jurisprudence, constitutional and administrative law, constitutionalism in Hong Kong and China, comparative law, Chinese legal history, and PRC law.

[50] Au niveau du comtŽ ou au niveau municipal.

[51] ZHENG Shiping, op. cit . p.45 .Party vs. State in Post-Mao China

[52] Jonathan D. Spence, The Search for Modern China, New York , W.W.Norton & company 1990, p. 705.

[53]La Campagne des Cent Fleurs est lancŽe par le PCC, officiellement pour recueillir lÕopinion de la population sur lÕensemble de la situation. Peu dÕintellectuels souponnent alors que, lorsquÕils sÕexpriment, leurs propos seront retenus contre eux et leur vaudront dՐtre envoyŽs en camp de rŽŽducation ou dՐtre autrement persŽcutŽs.

Ce mouvement marque une vŽritable contestation politique contre le rŽgime. Outre les revendications ouvrires, qui effraient le rŽgime, ce dernier doit aussi faire face au dŽsaccord des juges qui se plaignent de lÕinterfŽrence du PCC dans la sphre judiciaire. Plusieurs expriment leur rŽprobation face ˆ la faon dont la campagne contre les contre-rŽvolutionnaires a ŽtŽ menŽe, qui a abouti ˆ la condamnation dÕun grand nombre dÕinnocents.

[54]ZHENG Shiping, op. cit . p.73 .Party vs. State in Post-Mao China.

 

[55] Bergre M.C, La RŽpublique Populaire de Chine de 1949 ˆ nos jours, U Histoire, Armand Colin, Paris, 1989

[56]Avec le soutien de certains leaders dans le ComitŽ central du PCC, Deng Xiaoping revient en force en 1978 et devient la figure centrale des rŽformes. Cependant, un ŽvŽnement marquant de cette pŽriode est le procs de la Bande des Quatre, jugŽe responsable des abus de la RŽvolution Culturelle. La Bande des Quatre est accusŽe, entre autres, dÕavoir fait preuve dÕ Ē ultra gauchisme Č. Le procs de Jiang Qing, la veuve de Mao, sÕest poursuivi aprs lÕavnement de Deng Xiaoping.

[57]Modernisation de lÕagriculture, de lÕindustrie, de la technologie et dŽfense. La dŽmocratie est la Ē cinquime modernisation  Č in Jonathan D. Spence, The Searche for Mondern China. Op.

[58]TONG Yanqi, Ņpolitical development in Reforming ChinaÓ The Chinese University Press, 1998, p.86

[59] FENG Chen , Economic Transition and Political Legitimacy in Post-Mao China. State University of New York Press, 1995,p. 54.

[60]Guilhem FABRE: Chine: crises et mutation. LÕHarmattan, 2002 p. 36 -37

[61]Ė ce moment-lˆ, certaines sociŽtŽs civiles, dans le sens originel du terme, furent crŽŽes spontanŽment. Aprs 1992, le terme Ē sociŽtŽ civile Č Žtait appliquŽ par le gouvernement ˆ certaines institutions (forcement para gouvernementales), pour rŽpondre aux interrogations de lÕOccident.

[62]Ė cette Žpoque, est nŽ un courant de Ē littŽrature des cicatrices Č o des Žcrivains essayent, avec une autocensure assez stricte, de dŽnoncer certains mŽfaits de la rŽvolution culturelle; dÕautres courants. Ils remettaient en cause lÕidŽologie du marxisme et du mao•sme. DÕautres encore interprŽtaient les pensŽes sociopolitiques Occidentales.

[63]Hu Jintao, ayant ŽtŽ Žlu officiellement nouveau chef suprme du PCC a commencŽ la formation de son nouveau gouvernement en 2002 au 16e Congrs du PCC.

[64]RŽcemment, Le terme "construit une sociŽtŽ harmonieuse", utilisŽ par le Gouvernement, Žtait en rŽalitŽ un message d'espoir! Ė travers son message, le Gouvernement voulait rassurer la population qu'une mutation trop brutale serait contraire aux intŽrts des diffŽrentes couches sociales.

 

[65]YU Xingzong, op. cit. [note 48]

[66]En 1949, le PCC a dŽcidŽ que la rŽalitŽ la plus pressante Žtait la nŽcessitŽ de b‰tir un appareil Žtatique, considŽrŽ alors comme la composante essentielle de la dictature du prolŽtariat. Par consŽquent, plusieurs lois et rglements relatifs ˆ certaines institutions ont vu le jour. En 1952, lorsque le PCC constate que la corruption constitue le problme du moment, une lŽgislation destinŽe ˆ lutter contre la corruption est alors ŽdictŽe. Mentionnons aussi que chaque constitution chinoise de la RPC porte la marque de lÕenvironnement Žconomique dans lequel elle a ŽtŽ ŽdictŽe. Les frŽquentes rŽvisions de la Constitution refltent lՎvolution de la dŽtermination du contenu de la rŽalitŽ effectuŽe par PCC. Entre autres, la Constitution 1982 ench‰sse les Quatre Modernisations, celle de 1988 lÕexistence du secteur privŽ, et celle de 1993 Ē lՎconomie socialiste de marchŽ Č.

[67]Frank CHING, Ē Rough Justice, The Law is no longer an ass, but many judges still are Č, Far Eastern Economic Review 1998,

[68]Aprs 1995, situation en train de changer.

[69]LIU Nanping, Judicial Interpretation in China [Opinions of the Supreme PeopleÕs Court] , Sweet &Maxwell Asia ,1997. p. 197

[70] Ainsi ˆ PŽkin, ˆ la fin de lÕannŽe 1998, il y avait 9.882 jugements en attente dÕexŽcution, pour des litiges civils reprŽsentant un montant de plusieurs milliards de Yuan.

 

[71] Le contenu de la conception asiatique des droits de la personne consiste en un amalgame dՎlŽments comme : la solidaritŽ familiale, lÕardeur au travail, lÕexaltation de la frugalitŽ et de la loyautŽ envers lÕEtat Écet valeurs seraient le fondement de la rŽussite Žconomique.

LÕasiatisme a connu son apogŽe en 1993, dans la Ē dŽclaration de Bangkok Č .Dans cette dŽclaration rŽgionale lÕ idŽe affirmŽe est que les droits de la personne sont fonction des contextes culturel et politique spŽcifiques de chaque Etat, et aussi que le dŽveloppement Žconomique constitue lÕobjectif prioritaire des pays concernŽs.

Voir lÕarticle de Pitman B.Potter Ē defining the Right to Development/ Philosophiecal Differences and their Political Implications Č 1996

[72]Cette notion ŽtŽ prononcŽe par Sun Yat-Sen, le fondateur de la Chine moderne. Dans la RŽpublique populaire de Chine, il a ŽlaborŽ les Trois Principes du Peuple. Parmi ces trois principes, Ņ droits du peuple Ó ŽtŽ bien incluent dans le deuxime principe La SouverainetŽ du peuple.

[73] Voir Annexe 5

[74]Rapport annuel de la Cour populaire suprme de 1998.

[75] Loi sur les faillites dÕentreprises (ˆ lÕessai) adoptŽe le 2/12/86 et entrŽe en vigueur le 1/11/88.

[76] Cette nature est dŽfinie par la loi constitutionnelle et la loi organique des Parquets populaires. LÕarticle 129 de la Constitution de la RŽpublique populaire de Chine adoptŽe en 1982 stipule que : Ē Les Parquets populaires de la RŽpublique populaire de Chine sont les organes dՃtat chargŽs de contr™ler lÕapplication des lois. Č Les dispositions de lÕarticle 131 de la Constitution : Ē Les Parquets populaires exercent indŽpendamment le droit de contr™le prŽvu par la loi, et sans cŽder aux interventions des institutions administratives et aux interventions des groupes sociaux et des individus. Č

[77] En Chine, il existe deux Parquets spŽciaux : Le Parquet militaire et Le Parquet du transport par chemin de fer. Le Parquet militaire est un organe spŽcial de contr™le judiciaire au sein de lÕarmŽe de libŽration du peuple. En vertu de la loi, il exerce le droit de contr™le des crimes dans la fonction militaire et les autres crimes pŽnaux pour les militaires en service.

Le Parquet du transport par chemin de fer comprend : les sous Parquets du transport par chemin de fer qui se trouvent au mme endroit que les siges des directions de chemin de fer, et les Parquets locaux du transport par chemin de fer, qui se trouvent au mme endroit que les siges des sous-directions du chemin de fer.

 

[78] Au sein du parquet suprme, il y a : le cabinet du parquet, le dŽpartement politique, le dŽpartement des enqutes et de lÕapprobation de lÕarrestation, le dŽpartement de vŽrification et dÕaccusation, la direction gŽnŽrale contre les malversations et la corruption, le dŽpartement de contr™le de la discipline, le dŽpartement de contr™le des prisons, le dŽpartement de contr™le civil et administratif, le dŽpartement de contr™le dÕaccusation et de requte, le centre de dŽnonciation, le dŽpartement du contr™le du transport par le chemin de fer, le bureau de recherche de la politique juridique, le dŽpartement de surveillance, le dŽpartement des affaires Žtrangres, le dŽpartement de la planification, des finances et des Žquipements, le dŽpartement de gestion des affaires gŽnŽrales, lÕInstitut national des procureurs, la maison dՎdition du parquet, le bureau du journal du parquet chinois, lÕInstitut de recherche thŽorique des Parquets de Chine, lÕInstitut de recherches scientifiques et techniques des Parquets de Chine, etc.

 

[79]Ē La nouvelle loi sur la profession dÕavocat en Chine Č dans Ē La Chine et le Droit : les Žvolutions rŽcentes Č du 14 au 16 dŽcembre 1997,

[80]Voir le site http://www.chineselawyer.com.cn/html/union/englishunion/briefintroduction.html.

[81] Voir le site de la Ministre Justice, http://www.legalinfo.gov.cn.

[82] Comme en tŽmoignent les 200.000 candidats qui se sont prŽsentŽs en 1999 ˆ lÕexamen dÕaccs ˆ la profession dÕavocat. En 1998, il y avait 110.000 avocats chinois travaillant dans 8.400 cabinets dÕavocats ainsi que 207 cabinets dÕavocats Žtrangers (cf. China Law Update, septembre 1998, p. 10). Voir aussi Li Yuwen, Ē Avocat : une profession florissante ? Č, Perspectives Chinoises, no 56, novembre,dŽcembre 1999, p. 20

[83] Voir J.P. Cabestan, Ē Chine : un ƒtat de lois sans ƒtat de droit Č, Revue Tiers Monde, no 147, juillet-septembre 1996, p. 649-668

[84] Voir le site http://www.legalinfo.gov.cn/english/englishindex.htm

[85] Voir les Ē Explications relatives au projet dÕamendement constitutionnel Č prŽsentŽes lors de la 9e APN. Par Tian Jiyun le 9 mars 1999, Renmin Ribao, Ždition Internet, 9 mars 1999.

 

[86] Mesures provisoires sur le travail dÕexŽcution des Tribunaux populaires adoptŽes par la Cour populaire suprme le 11/06/98.

[87] Loi sur les faillites dÕentreprises (ˆ lÕessai) adoptŽe le 2/12/86 et entrŽe en vigueur le 1/11/88

[88] Loi sur les sociŽtŽs du 29/12/93, art. 189 ˆ 198 ; Loi sur les entreprises ˆ capitaux mixtes du 1/07/79 modifiŽe le 4/04/90, art. 13 ; Rglement dÕapplication de la loi sur les entreprises ˆ capitaux mixtes du 20/09/83, art. 12 et 100 ˆ 108 ; Rglement dÕapplication sur les entreprises mixtes coopŽratives du 7/08/95, art. 47 ˆ 49 ; Loi sur les entreprises ˆ capitaux entirement Žtrangers du 12/04/86, art. 21 et 22 ; Loi sur les sociŽtŽs en participation du 23/02/97, art. 57 ˆ 64 ; Principes GŽnŽraux du Droit Civil du 12/04/86, art. 45 ˆ 47 ; Rgles sur les SociŽtŽs de la Province du Guangdong du 14/05/93, art. 58 ˆ 65 et 155 ˆ 163.

 

[89] Deuxime opŽrateur chinois de tŽlŽphonie, Unicom a ŽtŽ contraint par les autoritŽs chinoises de se dŽfaire de 45 Joint-ventures avant son introduction en Bourse. Les diffŽrents contrats, connus sous la formule C.C.F. (China-China-Foreign) avaient permis de contourner lÕinterdiction faite aux sociŽtŽs Žtrangres dÕinvestir dans le secteur des tŽlŽcommunications Il devait tre mis fin ˆ ceux-ci avant la fin septembre 1999.

Parmi les groupes Žtrangers, France TŽlŽcom a investi 49 millions de dollars dans deux rŽseaux G.S.M.

[90] Ē Des organisations du Parti, du Gouvernement, de lÕarmŽe, de la justice et de la police participent ˆ la contrebande Č Žcrit le Renmin Ribao (Quotidien du Peuple).

[91] Chen Jianfu, ibid., p. 73 et Voir par exemple Zhou Yezhong, Ē La suprŽmatie de la Constitution : lÕesprit dÕun mouvement chinois vers lՃtat de droit Č in Faxue Pinglun (Tribune juridique), no 6, 1995, p. 1.

 

[92] Donald C. Clarke, ŅEconomic Development and the Rights Hypothesis: The China ProblemÓ,

The American Journal of Comparative Law, vol. LI, no 1, hiver 2003, p. 89-111

[93] Stanley Lubman LÕIncomplete Reforme par le Droit, press University of California,2004, p.26

 

[94] Alain Bissonnette : La coopŽration avec la Chine dans le domaine de la rŽforme juridique et judiciaire R.I.E.J.,2002, 49, p.282