Av Saint-Antoine,74 - 1700 Dilbeek
Bruxelles--Belgique
Mobil : 0032 497 99 08 52
Fax : 0032 2-469 44 50
Mail : fen.he@free.fr or fen.he@hotmail.com
Une longue marche vers lÕEtat de droit
-----La Transformation du Systme Judiciaire Chinois
HE Fen
Tuteur : EBERHARD Christoph
Remerciements
LÕauteur tient exprimer sa gratitude tous les professeurs quÕelle formais pendant ces deux ans, lÕAcadmie Europenne, pour leur comprhension, leur gentillesse, et leurs encouragements. Je voudrais remercier plus particulirement M. Ost et M. Van Hoecke, qui mÕont soutenue moralement et matriellement dans les moments difficiles ; M. Eberhard et M. Zhu Jingwen pour leurs ides nouvelles et leurs riches rflexions.
Je remercie aussi mes collgues dont les dbats et les changes tellement stimulants mÕont ouvert de nouveaux points de vue. Parmi tous les connaissances que jÕai acquises, lÕesprit critique est le plus important. Il me permettra dÕapprofondir ma comprhension des autres et de moi-mme, de la Chine et des pays occidentaux.
En fin, je voudrais remercier Madame De la Royre et mon compagnon M. Vieira pour toutes leurs corrections.
Trs sincrement,
Fen HE
Rsum
Dans cette publication, nous rsumerons tout dÕabord rapidement lÕhistoire juridique chinoise dans la premire partie. Nous prsenterons ainsi la pense antique et le systme de justice en Chine impriale. Cette source culturelle nous aidera mieux comprendre en profondeur la socit chinoise, Quelle place la Justice prenait par rapport au peuple et la souverainet.
En deuxime partie, nous exposerons la priode de passage entre la priode impriale et la priode moderne en Chine, de 1912 1978. Cette priode est tellement riche sur le plan politique, juridique et idologique. Mais cause des tentions politiques entre Mao Zedong et Chiang Kai-shek, lÕimportance de cette priode nÕest toujours pas suffisamment reconnue, la recherche est donc plus limite. On peut donc dire quÕentre 1912 et 1949, lÕElite chinoise porte seule le monopole de la pense : Les notions de Dmocratie, de Droit de lÕhomme, dÕEgalit et de Justice occidentale. A partir de 1949, la Sovitisation dbute en Chine ; elle a rejet ses propres traditions, a dclar le Marxisme comme idologie orthodoxe. En consquence, la Loi a suivi cette idologie.
En troisime partie, on analysera la transformation du systme juridique contemporain sous sept aspects. Nous commencerons par les changements idologieques, la thorie du droit et les problmes dans lÕapplication du droit. Ensuite, le chapitre des droits de la personne en Chine, est une rflexion indpendante. Les deux chapitres suivants, la mutation des professions juridiques et la Codification centre sur lÕconomie retracent les problmes de cette transformation juridique. En fin, un expos du Droit HongKong nous permet une conclusion prospective.
Toutes ces analyses seront faites dans lÕapproche de lÕanthropologie juridique. CÕest du moins la voie que jÕai essay de suivre.
La Chine a besoin dÕides nouvelles, pour stimuler une rflexion profonde par rapport sa longue histoire et sa lourde tradition, pour trouver sa propre voie pour rendre une Ē Justice absolue Č - la Voie du Ciel - pour son peuple.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Sommaire
Introduction
Premire partie Culture juridique chinoise
1.1 Les fondements du droit en Chine antique
La tradition confucenne
Le dbat des Lgistes et le Confucianisme
La loi crite
1.2 LÕorganisation de la justice en Chine impriale
Le magistrat de district
La justice clanique
La justice des villages
Deuxime partie LÕvolution sur le droit de la fin de lÕempire (1911) la Chine des rformes (1979)
2.1 1912-1949 lÕintroduction du droit occidental
2.2 1949-1979 La thorie marxiste du Droit
Point de vue idologique
Les institutions juridiques
Troisime partie La transformation du systme juridique chinois contemporain
3.1 Le cadre idologique des rformes
Contexte conomique
Nouveau dpart aprs 1989
3.2 La thorie du droit contemporain
3. 3 Les problmes de lÕapplication du droit
3.4 La conception chinoise des droits de la personne
La rponse officielle
La source traditionnelle
3.5 La mutation des professions juridiques.
LÕadaptation de la magistrature chinoise
LÕorganisation des Parquets chinois
La profession dÕavocat aujourdÕhui
3.6 La Codification centre sur lÕconomie
Le dveloppement juridique
Les lacunes et les faiblesses
3.7 Le droit de HongKong intgration et influence
LÕorganisation judiciaire
Le droit applicable HongKong
Conclusion
Bibliographie
Abrviations
A.C.L.A. All China Lawyers Association
APN Assemble Populaire National
CC Comit Central
G.I.T.I.C. Guangdong International Trust & Investment Corp.
KMT KuominTang (Parti nationaliste)
OMC Organisation Mondiale du Commerce
PCC Parti Communiste Chinois
RAS Rgion Administrative Spciale
RPC Rpublique Populaire Chine
URSS Union des Rpubliques Socialistes Sovitiques
En Chine, le pass est prsent partout dans la vie quotidienne. Cette prsence se manifeste souvent dans les endroits les plus imprvus, o elle frappe le visiteur avec une intensit accrue: les affiches de cinma, les rclames de machine laver, dÕappareils de tlvision ou de ptes dentifrice- qui couvrent les murs des rues sont rdiges dans une langue crite qui est demeure pratiquement inchange depuis plus de deux mille ans. Dans les jardins dÕenfant, les marmots psalmodient des pomes Tang qui furent composs il y a quelque douze cents ans. Dans les gares, sur les horaire lectriques, tous les noms de villes demeure attache la glorieuse mmoire de tant de dynasties passes. Mais- paradoxalement, ce mme pass qui semble tout pntrer, qui sÕexprime parfois dans les lieux les plus inattendus avec une surprenante vigueur, demeure aussi curieusement insaisissable. La grande absence physique du le pass frappe souvent les voyageurs occidentaux. Cette monumentale absence du pass est encore rendue de plus en plus visible, par lÕ acclration de la modernisation et de lÕindustrialisation. Les nombreux chantiers effacent les traces historiques rapidement et brutalement. On peut donc dire que le pass qui continue animer la vie chinoise de tant de faons saisissantes, inattendues et subtiles semble habiter les gens plutt que les pierres. Ce mme pass est la fois spirituellement actif et physiquement invisible.
DÕaprs Simon LEYS, LÕattitude des chinois lÕgard du pass[1]
Introduction
La nouvelle approche de lÕanthropologie envers le droit, aborde les points de recherche suivants : lÕanalyser de la substance et de la fonction des tablissements juridiques dans le contexte des diverses cultures et -traditions culturelles.
Le point de dpart de cette mthode est la comparaison de la Loi "moderne occidentale" et celle d'autres cultures juridiques. Cette tude du dcalage entre les traditions occidentales et non occidentales est intressante dans la perspective de la thorie et de la pratique du droit.
L'anthropologie juridique offre aussi une nouvelle vision qui implique l'examen des conflits entre les cultures traditionnelles non occidentales et la notion de Droits de lÕHomme. La polmique entoure le concept mme des droits de l'homme. Les Droits de l'Homme se sont dvelopps partir des contextes politiques spcifiques du monde occidental et sont souvent critiqus comme mcanisme imprialiste occidental.
Cependant, la non-reconnaissance des droits de l'homme est parfois employe pour justifier des rgimes accablants. Afin d'tre accept dans un monde multiculturel, et pour accomplir ses propres buts, l'interprtation des droits de l'homme doit voluer d'une manire dynamique. L'anthropologie juridique, comme champ d'tude et de recherche, analyse cette tension complexe qui entoure le concept des droits de l'homme et enrichit le concept de Ē droits de l'homme Č en augmentant les dialogues multiculturels et interdisciplinaires.
Jusque rcemment, la loi occidentale a appliqu le principe "la justice est aveugle". Toutes distinctions juridiques bases sur la culture ou la "race" qui taient tires ont t immdiatement moules en tant qu'tant prjudicielles, et indicative d'une loi ou d'une cour dcentre. Maintenant, bas sur dvelopper des normes de droits de l'homme, des aspects culturels des individus et les groupes sont regards en tant que facteurs appropris qui devraient tre considrs par la loi et les cours.
L'anthropologie juridique se concentre sur le nouveau dialogue entre le droit et la culture ces des rsultats de l'identification des diffrences culturelles par la Loi.
Les recherches interdisciplinaires d'anthropologie juridique, ont amen progressivement les droits des minorits ethniques et religieuses.
Rcemment, les nouvelles normes de liberts religieuses et des droits des minorits ont comme consquence une identification de l'autonomie et de lÕautodtermination des groupes ethniques et religieux qui sont distincts du courant culturel principal Nanmoins, l'identification des droits collectifs et de l'autonomie des groupes minoritaires rend ncessaire d'quilibrer les pouvoirs lgitimes des rgimes autonomes avec les autres droits fondamentaux. LÕapproche de l'anthropologie juridique analyse ces complexits, et essaye de les intgrer dans la socit moderne et dans la thorie du droit contemporain. Cependant, elle contribue, d'une manire acadmique, la coexistence paisible des tres humains dans leurs cultures diverses.
Associer la question du droit des minorits, aux droits du peuple indigne est une autre question importante dans lÕvolution des mcanismes du pluralisme juridique dans beaucoup de pays. Beaucoup de peuples indignes vivent dans des tats qui utilisent un systme juridique unifi, bas sur une tradition juridique occidentale ou au moins inspire par la Loi occidentale. Il y a cependant une tendance croissante d'identifier les droits collectifs des peuples autochtones. Cette tendance qui stimule les dbats concerne tous les aspects thoriques du Droit. Bas sur le systme de l' Ē auto-government Č, et dÕun nouveau genre de droit "interculturel", les Droits des peuples autochtones affectent galement des champs comme la loi de la famille, la loi de proprit immobilire, et les nouvelles normes d'volution de la loi environnementale, la proprit intellectuelle, la gestion de ressources naturelles, le partage d'avantages, la Sant, lÕ Hritage culturel, et la Libert religieuse.
LÕanthropologie juridique, se subdivise en deux branches distinctes : les mthodes alternatives de rsolution de conflit et lÕapproche des cultures non occidentales.
Dans une socit multiculturelle et pluraliste, coexistent beaucoup de formes institutionnalises de rsolution de conflits bases sur des visions diverses du monde et des cultures.
Dans beaucoup de pays lÕ approche juridique a eu comme consquence l'application formelle de mthodes de rsolution de conflit qui, par le pass, taient officieuses. Cependant, certaines mthodes alternatives ont parfois t considres illgales.
La recherche de lÕanthropologie juridique doit donc actuellement se concentrer au dveloppement des critres pratiques pour rendre ces "mthodes alternatives de rsolution de conflit" compatibles plus largement avec le systme juridique de lÕEtat. La mdiation, par exemple, est une mthode nouvelle qui intresse particulirement lÕanthropologie juridique.
Cette citation de Ch. Eberhard illustre clairement lÕvolution de lÕapproche de lÕanthropologie vers le Droit :
Au dpart lÕanthropologie tait fondamentalement la science de la diversit culturelle, de Ē lÕautre Č. Elle se dfinissait, par rapport la sociologie, autre science du social, par ses terrains Ē exotiques Č, lointains, Ē non-modernes Č, Ē non-civiliss Č. Puis son regard sÕest progressivement rorient vers nos socits occidentales se rapprochant ainsi de la sociologie, mais continuant sÕen distinguer par le regard neuf que pouvaient porter les anthropologues sur leur propre socit aprs le dtour anthropologique par dÕautres socits.
En anthropologie du Droit, la prise en compte de lÕaltrit sÕest traduite par la mise en Ļuvre dÕune dmarche diatopique et dialogale (Le Roy 1990 ; Vachon 1990b). Face la non-universalit du droit (toutes les cultures ne connaissent pas la notion de droit, voire nÕont mme pas de terme pour traduire ce concept), celle-ci ncessitait aussi au pralable de dfinir un champ de comparaison. En effet, la dmarche diatopique et dialogale vise dans une premire acceptation du terme de comprendre les constructions dÕune culture partir du topos dÕune autre culture en mettant travers un dialogue dialogal en tension cratrice deux topoi culturels et leurs mythoi et logoi respectifs. CÕest un processus de dvoilement mutuel dialogal o lÕon essaye de comprendre comment une autre culture, par rapport sa vision du monde, pose certaines questions que nous posons de notre faon.[2]
En suivant cette mthode de Ē dmarche diatopique et dialogale Č, je vous invite entrer dans le champ de lÕtude de la transformation du systme juridique chinois ces vingt dernires annes.
Avec l'ouverture de la Chine et son dveloppement conomique rapide depuis vingt ans, le droit chinois suscite de plus en plus d'intrt dans le monde.
Mais les travaux dans ce domaine se limitent souvent de simples prsentations du droit positif. On constate aussi un pragmatisme important dans l'activit lgislative ou la recherche juridique chinoises. JÕai essay de mener une rflexion sur les mthodes de cration de rgles de droit travers l'histoire du droit chinois et le droit compar.
Premire partie Culture Juridique Chinoise
Ici, lÕexpression Ēculture juridique Č est utilise dans le sens le plus vaste : ensemble de valeurs et de concepts aidant faonner une certaine dmarche. Comme lÕa soulign Ernst Gellner[3], lÕhritage gntique humain permet la prolifration de ces ensembles. La Ēculture juridiqueČ illustre ici une attitude implicite ou explicite de la culture ou des cultures chinoises par rapport au droit, considr comme ensemble de rglements sanctionns par lÕEtat ayant pour but la rsolution formelle des conflits au nom de la justice.
1.1 Les Fondements du Droit en Chine Antique
Dans la tradition, la Chine nÕest pas une culture axe sur le Droit. Elle privilgie les relations sociales ainsi que les devoirs qui sÕy rattachent au dtriment dÕune conception abstraite et impersonnelle des lois et des droits. Cette tradition de la Chine impriale fut prserve un degr remarquable par le pouvoir occidentalis des Nationalistes de 1911 1949, puis par les communistes qui leur succdrent.
La Tradition Confucenne
A la base du Confucianisme, systme philosophique, adopt par lÕEtat et largement responsable depuis plus de 2000 ans des principes directeurs de lÕadministration, de la morale et la vie publique chinoisesŠ se trouve une vision de la socit base fondamentalement sur une conception morale extra juridique et non contractuelle de la vie en socit. [4]Un texte de Confucius bien connu de tous les Chinois lettrs dit :
Si le peuple est assujetti aux lois et si lÕuniformit est impose au moyen de sanctions, les gens chercheront sÕy soustraire et ne connatront pas la honte, alors que si le peuple est gouvern par la vertu et que lÕuniformit est recherche au moyen des Li [5] les gens auront un sentiment de honte et deviendront par consquent justes.
La pense traditionnelle chinoise estime quÕun constant recours au fa ou droit positif, est la preuve dÕun effondrement de lÕordre social et dÕun manque dÕharmonie entre lÕEtat et la socit. Cette conception fut encore renforce par les principes du bouddhisme populaire et du taosme qui constiturent la fois des courants rivaux et complmentaires du confucianisme. Les confucianistes considrent que lÕharmonie sociale se trouve menace, et non protge, par toute conception qui envisage lÕindividu comme une unit isole et autonome, ayant ses droits propres, gaux ceux de son voisin. La personne suprieure guide par les Li sera prte ajuster la conception de ses droits aux besoins et aux exigences des autres, afin dÕviter toute confrontation hostile. Ainsi une personne prouve sa supriorit morale en se montrant dispose cder. (Rang en chinois).
Une thique sociale oriente vers la pit filiale et le sens de la hirarchie, de la mdiation et du compromis---- incline reconnatre plus le degr auquel les personnes investissent leurs motions et leur dignit dans leurs revendications respectives, que le problme abstrait du bien-fond de ces revendications---- vitera naturellement de dfinir ds le dpart, de faon tranche, des droits et des revendications. En Occident, la tendance de la procdure est de dpersonnaliser toute revendication afin de mettre le litige mieux en lumire ; en Chine, au contraire, il sÕagit traditionnellement de personnaliser toutes les revendications en les situant dans leur contexte de relations sociales. Cette tradition rejette lÕide quÕune distinction juridique prcise ou un jugement en bonne et due forme soient en eux-mmes aptes rsoudre le conflit entre les parties et rtablir lÕharmonie et le respect mutuel.---------
Le droit positif est une intervention Ē terroriste Č de lÕEtat ; la justice est rendue au coin du feu. Les crits confucens abondent en dclarations comme Ē cÕest le jugement et non la loi qui fait la justice Č, ou encore Ē les anciens rois tiennent compte des circonstances dans leurs dcisions Č.
Par consquent, pendant des millnaires, la tradition populaire aussi bien que les gouvernements chinois ont toujours prfr la conciliation dans les questions civiles, l o les intrts du gouvernement nÕtaient pas impliqus. En fait, ils ont activement dcourag tous recours aux tribunaux. Au niveau communautaire, les familles et groupes de familles, les clans, les corporations et autres associations avaient le devoir de rsoudre les conflits ns en leur sein sous peine de punition en cas dÕchec. Dans la mesure o les Chinois taient soumis des lois et rglements, le droit voluait divers niveaux sous une multiplicit de systmes juridique non- formaliss. [6]
Cette conception prvaut toujours en Chine contemporaine, quoiquÕelle soit plus prononce au niveau des relations personnelles ou dÕaffaire, quÕen matire politique. Cette mme attitude se retrouve Taiwan et dans les communauts chinoises surtouts du sud-est asiatique. Elle se retrouve aussi dans la faon dont les hommes dÕaffaires et les fonctionnaires chinois sÕappuient sur le respect mutuel et la bonne foi, tandis quÕils nÕaccordent quÕun rle mineur aux contrats et aux accords crits. De mme, cette attitude se retrouve au niveau tatique, o il est coutumier dÕavoir recours des mthodes dÕimprovisation pragmatique, dÕaccumuler dÕabord une exprience pratique et de ne lgifrer que lentement et de faon floue, imprcise et souple.
LÕinfluence du bouddhisme et du taosme sur la mentalit populaire a par ailleurs renforc la primaut dÕune recherche de lÕharmonie, de la srnit et de la paix intrieure en conformit aux lois de la nature Š Ē La voie Č[7] sur les manifestations dÕune autorit extrieure, avec ses rglements.
Le Dbat des Lgistes et Confucianisme
Un autre courant sÕest encore dvelopp en Chine : lÕEcole des Lgistes. Cette Ecole trouva son origine lÕpoque fodale aux sixime et cinquime sicles avant J.C. dans lÕEtat de Qin et aux troisimes et quatrimes sicles dans les Etats de Han et de Wei. Son plus illustre reprsentant, Han Feizi [8] se passionna pour lÕtude des chtiments et des normes, il souligna lÕimportance de la rforme des lois et des institutions ainsi que celle du contrle du Pouvoir. Le Pouvoir est le moyen de contrler les masses, le Pouvoir doit appliquer strictement les lois et les rglements au moyen de rcompenses et de punitions. Cependant, mme les lgistes considrent la loi, pour systmatique quÕelle tait, comme tant essentiellement un moyen de coercition externe.
On peut considrer que le dbat entre le Lgisme et le Confucianisme est aux sources de la tradition juridique chinoise. Ces deux courants de pense de la Chine antique ont nourri une philosophe du droit.
On trouve chez les Confucianistes la grande rgle Ē Li Č, donc pour eux, la justice doit tre rendue conformment au Li . Cela implique pratiquement de respecter les privilges confrs aux nobles, qui chappaient lÕapplication du droit commun. Cependant, le peuple est indigne de connatre du Li , et doit tre soumis lÕemprise de la loi pnale[9].
Contrairement, Lgistes instaure le principe de lÕgalit devant la loi[10]--Fa. Ce principe explique que rien ne pouvait davantage hrisser les nobles et les lettrs. Les confucianistes ont attaqu ce principe de lgalit devant la loi. Sima Qian, un grand historien chinoise qui exprimait :
Le Lgisme ne distingue pas entre les proches et les trangers; il ne fait pas de diffrence entre le noble et le vulgaire ; il les fait juger tous ensemble par la loi, de telle sorte que amnit avec laquelle on aime ses proches et lÕon vnre ceux quÕon doit respecter la diffrence des autres, est, hlas abolie. [11]
Les lgistes ont voulu soumettre lÕEtat et ses sujets la souverainet de la loi. Cette conception de la loi est rigoureusement objective, et cette loi, dsormais applicable tous, est Ēpurement punitiveČ. CÕest ce qui explique une autre caractristique du droit chinois, que Ēla matire lgale est donc exclusivement matire de droit publicČ[12]
LÕempreinte de ces deux doctrines sur le droit chinois imprial est profonde. La dynastie Qin eut la vie courte, et par la suite, aucun empereur nÕa choisi le Lgisme comme doctrine de gouvernement. Cependant, partir des Qin , le droit imprial a conserv son caractre essentiellement pnal et administratif .>>>>> Toutefois, les confucianistes ont vite regagn leur place, et ont pu faire intgrer dans le droit les diffrences de statut au sein de la famille et dans la socit. Le Li a t Ēlgalis Č tandis que le Fa sÕest imprgn de la morale. Depuis lors, le droit chinois imprial a t marqu par la coexistence du Li et du Fa dans tous les codes jusquÕen 1912. Au dbut de vingtime sicle le droit chinois subit de profondes modifications, au contact des systmes juridiques occidentaux. Un point doit tre clair : dans la Chine impriale, la conception du droit est un instrument de domination du pouvoir. LÕEmpereur ne recourait au droit que pour maintenir lÕordre et chtier les criminels.
La Loi Ecrite
La notion que lois crites et droits spcifiques tendent polariser les relations humaines et intensifier les disputes est la base de la critique faite par un haut dignitaire dÕun Etat fodal, le premier ministre de lÕEtat de Zheng[13] qui prescrivit un Code pnal inscrit sur une srie dÕobjets en bronze. Cette objection mentionne dans lÕhistoire de Zuo Zhuan[14] dit :
Ē Quand les gens connaissent les punition, ils cessent de craindre les autorits et acquirent un esprit de chicane qui les poussent faire appel contre le droit crit en esprant que cela leur apportera le succs. Aussitt que les gens apprennent les moyens de mener un litige, ils rejettent les principes de bonne conduite (Li) et font appel au droit crit en se querellant prement pour des choses insignifiantes comme un couteau ou une alne.Č
Mais, ces litiges nÕapportaient pas lÕharmonie pour de royaume, bien au contraire, ces litiges dsordonns se multiplirent et la corruption devint chose courante, ce qui amnera trs vite la fin de Zheng. Pour les historiens, le grand nombre de rglements gouvernementaux, tait une cause importante de la chute du royaume.
Les textes complets des Codes, du dernier Code Tang (651 ap.J.C.) qui compte 502 articles, au Code Qing (Mandchou), rdig en 1740, se composant de 436 lois et 1409 rglements complmentaires, atteignaient, en 1870, le chiffre de 1892 articles. De plus, il convient de mentionner les chapitres traitant de questions juridiques dans les Histoires dynastiques incluant un trait sur la bureaucratie ainsi que les recueils dÕarrts.[15] Il convient de mentionner les sections juridiques de diverses encyclopdies>>>> des institutions gouvernementales. Il est difficile dÕtudier avec prcision les nombreux rglements et coutumes caractre infra juridique : rgles des clans, statuts des corps de mtiers, des villages et des assembles de notables, etc. En raison dÕune part de leur parpillement et dÕautre part de la nature non-officielle de leur sphre dÕapplication. Les volumineux codes de chaque dynastie, partir de la dynastie Tang en particulier, fournissent un panorama du dveloppement juridique et social plus complet que celui dont nous disposons pour nÕimporte quelle nation europenne sur une priode comparable.
Le droit chinois de lÕre dynastique tait essentiellement caractre pnal. Ce caractre pnal est lÕempreinte la plus profonde quÕait laisse le Lgisme sur le droit imprial chinois. LÕinfluence confucianiste, pour sa part, se traduit par lÕinscription dans le droit de statuts diffrents et le scrupuleux respect de ces diffrences lorsquŌil sÕagit de dterminer le chtiment. Le droit nÕtait pas de la source de lÕautonomie individuelle. Un individu tait toujours considr par rapport position dans la famille, dans le clan, jamais isolment.
1.2 LÕorganisation de la Justice en Chine Impriale
La socit chinoise qui, pendant la majeure partie de son histoire, avit plac la moralit au dessus de la loi, fut aussi une socit possdant une bureaucratie et un systme dÕadministration extrmement dvelopps et complexes. Les trangers ont souvent sous-estim dans une large mesure la quantit, lÕanciennet, le caractre dtaill et systmatique de la lgislation chinoise, lÕtendue de la codification, les travaux ainsi que les traits juridiques publis sous le rgne des empereurs de Chine, de mme que la formation et la supervision auxquelles les fonctionnaires taient soumis.
Le magistrat de district
Le magistrat de district a constitu la figure centrale du systme judiciaire chinois, depuis plus de deux millnaires. Ce magistrat tait la plus petite unit administrative dans lÕempire. Le juge, par sa fonction devait consacrer son temps dÕimportantes et absorbantes tches administratives.[16] ĒIl devait assumer la responsabilit de tout dans lÕimmense territoire quÕil prsidait Š maintien de lÕordre, perception des impts, prononcer des arrts dans la plupart des affaires judiciaires qui se prsentaient, et lÕadministration gnrale du monopole du sel, des greniers publics, des communication, du service postal, de la police, de lÕenseignement, etcČ[17]. Toutes ces tches faisaient que lÕinfluence du magistrat se faisait sentir toutes les tapes de la vie de ses administrs. En cette raison, on lÕappel : ¬fonctionnaire pre et mre de tous¬ ( Fu mu guan en chinois ). >>>>
Le magistrat ne sigeait jamais dans son district natal, afin de rduire la risque de se laisser influencer par les pressions que lÕlite locale nÕaurait pas manqu dÕexercer sur lui. La dure de mandat du magistrat nÕexcdait pas trois ans. Habituellement, le magistrat ne parlait mme pas le dialecte du district quÕil administrait, aussi il devait se faire aider par du personnel originaire du district. [18] Le magistrat de district pouvait user dÕun important pouvoir discrtionnaire dans lÕapplication des articles du Code.[19] Les parties concernes par un litige nÕtaient pas reprsentes par un avocat, et ne pouvaient pas faire comparatre de tmoins. Cependant, le magistrat possdait des pouvoirs dÕenqute tendus. Il tenait trois audiences par jour, une le matin, une au milieu du jour et une le soir.[20]
Il existait des moyens de limiter les abus de pouvoir juridique. Tout dÕabord, le magistrat tait imputable devant ses suprieurs immdiats, jusquÕ lÕEmpereur. Le magistrat devait fournir tous les documents originaux des affaires quÕil tranchait ses suprieurs, et les condamnations mort devaient recevoir lÕapprobation pralable du Trne. Ensuite, chaque magistrat tait lgalement responsable des actes de ses subordonns. Thoriquement, les parties avaient un droit dÕappel jusquÕau Trne. Il fallait aussi compter avec les censeurs impriaux, qui arpentaient lÕempire incognito et disposaient des pleins pouvoirs pour faire arrter sur le champ un fonctionnaire incomptent. [21]
La Justice Clanique
LÕtendue du territoire en Chine tait telle que le magistrat de district ne pouvait exercer de contrle direct sur tout ce qui se passait dans sa juridiction, dÕautant plus quÕil ne sigeait pas dans son district et tait perptuellement surcharg de travail. Aussi, pour toutes ces raisons, les autorits chinoises permettaient-elle aux clans, suivant un pouvoir soigneusement circonscrit, de veiller au maintien de lÕordre et de la cohsion clanique.[22] Ds lors, les autorits appliquaient le principe de responsabilit collective des clans.
Certains clans dictaient leurs propres rgles, quÕils codifiaient. Ils dtenaient un certain pouvoir de chtiment lÕendroit des membres ayant transgress ces rgles. Toutefois, ce pouvoir quasi autonome ne portait que sur des cas mineurs entre les membres du clan. Les tribunaux des clans pouvaient entendre des litiges ayant trait au culte des anctres, et la succession. Par ailleurs, la dcision du tribunal dÕun clan ne comportait pas de force contraignante, et une partie insatisfaite de la dcision pouvait >>> en tout temps la porter en appel auprs du magistrat. Les cas graves (actes de trahison, meurtres, actes criminels), les cas dÕadultre entre parents et de blessures infliges aux parents par les enfants, devaient tre soumis au magistrat car la loi prvoyait la tenue dÕun procs dans ces cas prcis.
La Justice des Villages
Une autre faon de rgler les litiges, consistait faire appel aux an du village pour quÕils appliquent la coutume approprie aux fais de lÕespce. La juridiction des ans du village sÕtendait tous ses habitants et toutes les personnes qui y passaient, de mme quÕ lÕensemble des activits exerces par les habitants.[23] Cependant, lÕinstar des guildes et des clans la juridiction des ains du village tait limite des questions bien prcises, car certains types de litiges devaient automatiquement tre soumis au magistrat de district.
La justice de village oprait deux niveaux. Dans un premier temps, les parties en litige recouraient la mdiation prive. Si cela chouait, le litige tait alors soumis aux ans du village, qui faisaient office dÕarbitre.[24] Ces derniers proposaient des solutions fondes sur la coutume. Il fallait toutefois amener les parties accepter le compromis. Le tout se terminait par un banquet. Les cots taient dfrays par la partie en faute, si elle admettait avoir t la seule fautive, ou bien partags par les deux parties si elles reconnaissaient toutes deux leur responsabilit dans le litige. Le banquet servait marquer le fait que les parties taient parvenues un accord et le rendre public. La justification officielle du banquet tait de remercier les mdiateurs ou arbitres, mais, en ralit le banquet constituait de la part du perdant une admission de sa dfaite et une excuse. Une partie insatisfaite pouvait faire appel au magistrat de district.[25]
En effet, dÕune part les litiges qui touchaient au droit des biens et aux prts occupaient une proportion importante des affaires soumises au magistrat de district ; dÕautre part, les paysans eux-mmes recouraient au magistrat de district sÕils lÕestimaient opportun.[26] Les paysans nÕhsitaient pas jouer sur la juxtaposition des Ē justice de village Č et Ē justice rendue par le magistrat Č, devant qui certains dÕentre eux portaient le litige afin, prcisment, dÕexercer des pressions sur lÕautre partie. [27] Ils utilisaient ce quÕils anticipaient tre la dcision du magistrat comme lment pour inciter les parties rgler leur diffrend avant que le magistrat ne le tranche, surtout si celui-ci avait mis une opinion prliminaire.[28]
Les Chinois recouraient bel et bien ces tribunaux qui opraient comme maillon infrieur, et pas en marge ni par substitution du systme judiciaire de lÕEtat. En fait , les tribunaux des clans et des guildes, de mme que la justice de village, peuvent tre compars des organes subsidiaires des cours, exerant des pouvoirs dlgus pour trancher des litiges relevant de leur juridiction. Ainsi, ces tribunaux font partie intgrante du systme judiciaire chinois, dont la cour du magistrat de district constituait la premire cour dÕappel.[29] Ceci est une bonne illustration des propos de L. Assier-Andrieu : Ē En bref, ce nÕest pas parce quÕon rgle un diffrend hors du tribunal quÕon le rgle hors de lÕEtat et de son droit. Le mode tatis dÕorganisation de la socit accepte le pluralisme interne du droit Č[30]. La Chine acceptait le pluralisme interne du droit. On pourrait qualifier la justice clanique, celle des guildes et mme celle de village comme Ē un degr infra-juridictionnel de filtrage des litiges Č[31] .
Les tribunaux claniques et ceux des guildes oprent avec lÕapprobation des autorits administratives de lÕEtat et font partie du systme, dans la mesure o la cour du magistrat de district fait office de tribunal dÕappel des dcisions des guildes, clan etc. De plus, jusquÕ un certain point, les rgles de clan et des guildes ont une certaine valeur dÕautorit aux yeux des magistrats. Les tribunaux claniques ou ceux des guildes pargnaient un temps prcieux au magistrat surcharg, et dans certains cas, taient mieux placs pour rsoudre les litiges que les tribunaux dits officiels. Dans cette perspective, lÕimage selon laquelle Ē lÕhomme de bien Č rpugne recourir aux tribunaux trouve sans doute un certain fondement, non seulement dans le discours officiel mais aussi dans la ralit, dans la mesure o, en raison de leur imprgnation de la culture confucenne le Li , les fonctionnaires lettrs, qui appartenaient aux classes exemptes de comparatre devant les tribunaux, devaient entretenir un profond ddain pour tout tribunal. Si toutefois lÕon considre les tribunaux des guildes de marchands et dÕartisans, les tribunaux des clans et la justice de village, le recours aux tribunaux tait, somme toute plus frquent que ce qui ressort de la plupart des tudes sur le droit chinois.[32]
Deuxime partie
LÕvolution sur le Droit de la Fin de lÕEmpire (1911)
Ė la Chine des Rformes (1979)
Brve introduction historique
La dernire dynastie (les Qing), dÕorigine manchoue, prend le pouvoir en 1644. Elle le conserve, malgr des rbellions qui laissent exsangue au XIX Sicle, jusquÕen 1911, anne de lÕabdication impriale. DÕune manire gnrale, la Chine est nouveau la proie du chaos lorsquÕun nouveau pouvoir tente de sÕinstaller en 1913, domin par Yuan Shikai[33] qui subitement, meurt en 1916. Commence alors la priode de lÕhistoire de Chine appele Ē Les seigneurs de la guerre Č, qui dure jusquÕen 1928. La Chine est comme dsintgre, morcele, les provinces sont gouvernes par des Ē seigneurs Č en rivalit les uns avec les autres, et le pouvoir central est marqu par la prcarit et lÕinstabilit. Pour troubles que soient ces annes, elles sont aussi celles dÕun grand bouillonnement intellectuel, social, et politique.[34]
Le Parti Communiste Chinois (PCC) voit le jour en 1921.il est dirig par Moscou, qui lui impose de sÕallier au Parti nationaliste Chinois, le KuominTang (KMT) [35] dirig par Chiang Kai-Shek depuis 1925, anne de la mort de Sun Yat-Sen, son fondateur rvolutionnaire. Cette coopration tait impose par Moscou, qui avait promis de financer cette alliance. Ė la fin de seconde guerre mondiale, une guerre civile naquit entre les deux partis avec le soutien de lÕ Union Sovitique et des Etats-Unis. En 1949, la Rpublique Populaire de Chine fut fonde. Historiquement, la Chine redevient unie.
Ė partir de 1911, le droit en Chine peut tre dcrit comme tant Ē non occidental Č. Les nationalistes, autant que les communistes, ont tent, des degrs divers, avec plus dÕun objectif lÕesprit, de moderniser la Chine. Leurs projets de rforme visaient particulirement le systme juridique, la procdure et, certains gards, la vie sociale, en conformit avec des principes largement inspirs de lÕesprit europen des lumires, du rationalisme, de lÕutilitarisme, du socialisme et du marxisme et en rponse aux exigences des ralits de lÕconomie moderne, du commerce international et de la coopration.
Cependant, il ne faut pas l'oublier, cette poque, les pays occidentaux qui apportaient les modles juridiques et les ides dmocratiques, le faisaient par la force, souvent trs brutalement. Par une srie de traits ingaux aprs la guerre de lÕopium, la Chine perd non seulement son intgrit territoriale mais galement toute indpendance en matire douanire. Les puissances occidentales y instaurent alors un rgime semi colonial.[36]
2.1 1912-1949 lÕIntroduction du Droit Occidental
Une rforme juridique base sur la conception occidentale du droit a commenc dans les dernires annes de la dynastie Qing. Cette rforme entra en vigueur aprs la Rvolution de 1911. Bien que ces codes aient t hautement labors et sophistiqus, ils nÕoctroyaient pourtant aucun droit aux citoyens, ne concevaient pas que lÕappareil des lois puisse tre distinct de lÕtat et nÕopraient pas de distinction entre le droit civil et droit pnal. Ils constituaient un ensemble de directives adresses aux fonctionnaires. CÕtaient bien la continuit de la logique impriale.
La dynastie Qing sÕeffondra en 1911 sous lÕassaut des exigences nationalistes dmocratiques. Elle fut remplace par la Rpublique dirige par Sun Yat-Sen et le prit pour modle les systmes constitutionnels, juridiques et politiques de lÕEurope continentale et du monde anglo-amricain. Ces principes furent finalement incorpors dans les Six Codes du KMT selon le style occidental. Aprs 1917, Sun Yat-Sen lui-mme fut sduit par le modle sovitique dans le domaine des structures du parti et de lÕducation politique. LÕinfluence de ce modle demeure prdominante dans la Rpublique Populaire de Chine, mais on en retrouve galement des traces Taiwan. Cependant, la priode 1911-1949 fut fondamentalement une priode de guerre civile endmique, encore complique et rendue plus difficile par lÕinvasion japonaise.
Le processus de rforme juridique avait commenc au XIX sicle sous la pression de lÕOccident: cela reprsentait une tentative pour contrecarrer les exigences occidentales en matire dÕextraterritorialit. Ce processus fut grandement acclr par la chute de la dynastie Qing en 1911 et la proclamation de la Rpublique. La commission pour la codification des lois, institue sous les Qing, poursuivit donc ses travaux. Le Code pnal prpar sous les Qing en 1912, a finalement t remplac par les Codes pnaux de 1928 et 1935.
Pendant les quinze dÕannes suivantes, le gouvernement de la Rpublique a lutt contre les bandits et les Seigneurs de la Guerre, par la cration des conditions ncessaire lÕtablissement dÕune administration centrale, qui fut finalement tablie Nankin en 1927. Entre 1929 et 1935, le gouvernement acheva lÕbauche de plusieurs codes provisoires qui seront promulgus sous lÕappellation des Six Codes: (Loi organique, Droit commercial, Code civil, Code pnal, Code de procdure civile et Code de procdure pnale.) DÕautres lois relatives certains aspects spcifiques du commerce et de lÕactivit commerciale virent le jour, notamment en matire de droit des faillites, des socits et des assurances. Le Code civil, largement inspir des codes suisses de 1907, attira les loges de Roscoe Pound[37] qui agissait comme conseiller auprs du ministre de la Justice Nankin en 1946. Il en alla de mme pour le Code de procdure civile, bas sur le Code autrichien, et dcrit comme tant de caractre Ē avanc, souple et simple Č.[38]
Par consquent, durant la priode rpublicaine, le droit formel chinois se mua en droit occidental, car il prenait pour modle le systme occidental et tait rdig avec lÕaide dÕminents juristes occidentaux. Les tribunaux furent organiss suivant le modle franais, mais en mme temps la Chine adopta le style anglo-amricain de sparation du judicaire et de lÕexcutif. Le procureur gnral chinois combina divers traits emprunts au systme anglo-amricain et au modle franais. Le systme de dfense suivait plutt le modle anglo-amricain. Le rsultat fut un mlange de: juge enquteur, grand jury, procureur public et juge dÕinstruction. Ė cette poque-l, en fait, la codification avait bien suivi le modle franco-allemand et en pratique juridique, le systme anglo-amricain qui sÕintgrait mieux dans la tradition chinoise.
Le Code civil chinois appartient donc la famille du Code Napolon et des codes allemand et suisse. Le Code pnal abrogea plus de 2000 dispositions des anciens codes dynastiques, renversa le principe de la responsabilit collective et celui de la responsabilit par substitution, et suivit la tradition anglo-amricaine en matire de prsomption dÕinnocence et de rejet de lÕanalogie. Le concept dÕun tat de droit et lÕlaboration dÕun systme juridique fond sur la rsolution judiciaire des conflits en lieu et place dÕun systme administratif eut quelque faveur durant la priode o les nationalistes furent au pouvoir. Mais les effets de ces notions furent srieusement freins en premier lieu par les conditions prcaires du pays et les tendances autoritaires dans la pense de Sun Yat-sen et de son successeur Chiang Kai-shek, aussi bien que par lÕincessante malhonntet et la corruption qui caractrisaient le gouvernement nationaliste chinois et ses organes administratifs. Il est vrai que depuis 1911, jusquÕ son expulsion de la Chine continentale en 1949, le gouvernement nationaliste d sÕefforcer en premier lieu de crer en Chine un tat central et unifi. Il avait lutter contre les seigneurs de la guerre autant que contre les communistes, sans compter quÕil d repousser une invasion trangre (lutter contre les japonais).[39]
Les leaders nationalistes pensaient que le problme chinois tait essentiellement de trouver un moyen de mobiliser ou de contrler le peuple, de le forcer poursuivre lÕintrt national, ou de lui inspirer un idal. (AujourdÕhui, on nÕa pas trs progress).
Chiang Kai-shek, dans son ouvrage qui parlait du principe de Ē Fa zhi Č - le respect de la loi - nÕenvisageait pas les droits de lÕindividu ou lÕassujettissement du gouvernement la loi. Ce quÕil avait esprit, cÕtait la subordination de lÕindividu lÕintrt social. Le peuple, pour sa part, continuait se mfier tant du gouvernement que de la loi. Les gens continuaient sÕaccrocher aux institutions officieuses destines rsoudre les conflits et effectuer des ajustements sociaux un niveau infra-judiciaire. Les injonctions gouvernementales nÕavaient aucun effet dans la plus grande partie du territoire.
Durant la guerre, la corruption et une justice militaire arbitraire se substiturent pratiquement toute procdure judiciaire normale. Bien avant que les gens eussent pu apprcier lÕeffet des nouvelles lois sur leurs mthodes traditionnelles de traiter les questions de succession, de relations familiales et sociales, de divorce et de commerce, les Facults de droit durent tre vacues, les tribunaux furent incendis et les centres de gouvernement furent rinstalls loin des Japonais. La restauration du gouvernement rpublicain en Chine, la fin de la Seconde Guerre mondiale, fut suivie de son renversement par les communistes moins de quatre ans plus tard.
Pendant cette priode, dans le domaine du commerce, certaines associations professionnelles ont jou un rle important pour rgler les conflits par des techniques de mdiation et dÕarbitrage.
2.2 1949-1979 - La Thorie Marxiste du Droit
En 1949, la proclamation de la Rpublique populaire de Chine (RPC) est un moment historique. Le Parti Communiste Chinois (PCC) impose le marxisme comme idologie officielle, or Mao Zedong, grand rvolutionnaire, interprtait le Marxisme-lninisme avec son propre accent.
Point de vue idologique
Ė ce moment-l, la Chine vit une situation dvaste par les guerres successives. Les dgts matriels sont tels, que les fondements de lÕagriculture et de lÕindustrie sont atteints en profondeur, et le systme montaire plong dans le chaos[40]. La population est durement prouve par quelque dizaine dÕannes de guerre, elle exprimait son mcontentement vers le gouvernement de KMT. Donc, une grande partie de la population met son espoir dans PCC, et est prte collaborer avec lui lorsquÕil arrive au pouvoir[41]. La RPC est isole sur la scne internationale. Dans ce contexte, le soutien de lÕURSS est trs important pour le nouveau rgime, qui sÕinspire beaucoup du modle sovitique, mais en lÕadaptant.[42]
Le PCC sÕattelle tt la mise sur pied dÕun nouveau systme juridique. Toutefois, en raison de la tournante politique qui svit en Chine partir de 1957, ce systme cesse peu prs compltement de fonctionner en 1959, anne de lÕabolition du Ministre de la Justice. Ė partir de 1957, le systme juridique est remplac par la Ē justice de masse Č, qui atteindra son point culminant durant la Rvolution Culturelle.[43]
Le PCC fait immdiatement table rase du systme juridique labor sous le KMT, en abrogeant toutes les lois adoptes, de mme que la Constitution. Les diffrentes institutions judiciaires du KMT ont t abolies. Pour les communistes, cependant, il nÕest pas question de restaurer le droit imprial. Les juristes chinois font donc face un vide juridique, vide dÕautant plus grand quÕils ne peuvent sÕinspirer ni des sources occidentales ni du droit ayant exist sous le KMT. LÕabsence de prcdents et de tradition juridique sur lesquels sÕappuyer conduit le PCC copier le systme constitutionnel et juridique de lÕURSS[44]. Par ailleurs, les juristes chinois du nouveau rgime sont forms par des experts sovitiques.[45] Dans ce contexte que lÕon peut parler dÕune influence marxiste et sovitique sur le droit chinois en mergence, influence qui touche les fondements idologiques du droit que les rgles de procdure[46].
On peut trouver plusieurs lments tmoignant de lÕinfluence durable du modle sovitique sur le droit chinois. Tout dÕabord, une dfinition du mot droit qui est trs proche de celle donne par un juriste sovitique auquel les dirigeants chinois se rfraient beaucoup. En vertu de cette dfinition, le droit consiste en un agrgat de rgles de conduite dictes et approuves par lÕEtat. Le droit exprime la volont de la classe dominante et la mise en Ļuvre du droit est garantie par la force coercitive de lÕtat .Ensuite, lÕide lniniste quÕil appartient au seul Parti Communiste, qui est lÕavant-garde du proltariat, de diriger la lutte des classes et dÕassurer la transition vers le socialisme. LÕinfluence du modle sovitique sÕtend bien au-del du droit, car il inspire aussi entre autres, lÕorganisation de lÕétat, une stratgie de dveloppement urbain, et des techniques militaires modernes.[47]
Mao Zedong tait fort influenc par Marxisme-Lninisme. Pour Mao comme pour Marx et Lnine, la rvolution proltarienne a son caractre ncessairement violent, et la fonction de lÕtat socialiste doit liminer lÕordre bourgeois. Cette dernire, tait caractrise par la proprit prive et le capitalisme. Mais, plus tard, Mao introduisit sa thorie de la Lutte des Classes. Selon Mao, pour consolider une socit o rgnera en matre la Ē classe ouvrire Č, il ne suffit pas seulement dÕliminer la proprit prive, il faut aussi identifier les ennemis de classe, leur faire subir des purges et les punir. Dans cette idologie, le systme juridique avait une fonction de suppression des ennemis de classes[48] ainsi, le droit et le systme juridique se voient attribuer un rle politique. Cette vision maoste du droit influera profondment sur la nature des relations entre le PCC et le pouvoir judiciaire. Cela explique lÕaccent mis sur lÕide de Ē justice de masse Č.
M. Yu Xingzhong[49] rsume ainsi cette conception marxiste: les droits sont lis des classes particulires, dont ils servent les intrts et il sÕensuit que lÕon peut distinguer des droits bourgeois et des droits proltariens. Les droits naturels nÕexistent pas. Par consquent, les droits ne sont ni inhrents ni inalinables, mais ils sont octroys par lÕtat et la classe dirigeante. Ė ce titre, si lÕtat peut confrer des droits, il peut aussi les modifier, ou mme les confisquer leurs titulaires. Ces droits lgaux ne constituent donc pas un reflet de Ē droit naturel Č. Enfin, les droits sont par nature relatifs, et indissociables des obligations. Ė chaque droit correspond un devoir.
Il ressort, de cette conception, que le Droit nÕa pas pour fonction de protger les droits individuels. Cette vision personnalise des droits correspond encore la tradition confucianiste, toujours profondment encre dans les socits chinoises, mme une poque o elle est manifestement martyrise.
Les Institutions Juridiques
On peut distinguer deux priodes dans la mise en pratique du nouveau systme juridique chinois. La premire tape, de 1949 1953 est la priode de formation. Certaines institutions voient le jour, parmi lesquelles la Cour populaire Suprme, le Parquet populaire Suprme, et quelques ministres sont crs dont le ministre de la Scurit Publique et le ministre de la Justice. En mme temps, des cours et des agences administratives sont tablies au niveau provincial et local. Ė cette poque, le gouvernement central cumule les pouvoirs lgislatifs, excutif, judicaire et militaire. Il en va de mme, plus petite chelle, pour les gouvernements locaux.
Ds 1950, le PCC dicte et promulgue des lois trs importantes, dont la loi sur le mariage, la loi sur la rforme agraire, etc. On voir bien que, la justice t considre comme une branche de lÕadministration. Cela rappelle la logique du droit imprial.
Cependant, le PCC dveloppe la justice de masse, incarne par les tribunaux du peuple.[50] Le prsident du tribunal tait habituellement le leader dÕune unit de travail, alors que des activistes politiques occupaient les fonctions de Ē juges Č. Les pouvoirs judiciaires immenses de ces tribunaux allaient de la convocation jusquÕau prononc dÕune sentence de mort. Ces tribunaux opraient dj dans les rgions sous contrle communiste avant 1949, mais ils deviennent plus rpandus avec la rforme agraire, puis avec les diverses campagnes politiques. La justice de masse est exerce contre les cibles du moment, quÕil sÕagisse des paysans riches, des industriels, des Ē contre-rvolutionnaires Č, etc. Les parodies de procs se droulaient en public et lÕissue tait le plus souvent une condamnation mort. Le PCC a dvelopp en mme temps le systme de rvision et dÕapprobation interne des dcisions, en vertu duquel aucun jugement ne pouvait tre rendu avant dÕavoir reu lÕapprobation du comit de parti ou des groupes du parti dans les institutions judiciaires. Cette porte ouverte lÕingrence directe du parti dans lÕopration de la justice ne sÕest jamais referme. Par ailleurs, les tribunaux populaires, initialement destins une courte existence, ont dur plus de quatre dcennies[51].
Ces deux systmes ont cohabit un certain temps. Les causes de droit pnal taient entendues dans les Cours du systme juridique ordinaire. Celles mettant en jeu la scurit nationale taient juges sous le contrle du Bureau de la Scurit Publique, devenu un vritable Ē tat dans lÕtat Č et les causes caractre civil taient tranches par des mdiateurs au niveau local. Les tribunaux populaires connaissaient une grande activit pendant les campagnes politiques[52]. Mais ce phnomne nÕtait pas isol, ce modle de juridique existait galement dans lÕURSS de Staline.
LÕanne 1954 est une date importante pour le systme juridique de la RPC. DÕabord, la premire constitution est adopte. Les principes de lÕindpendance du pouvoir juridique et de lÕgalit de tous les citoyens devant la loi y sont dclars. Malheureusement, ils nÕ existaient que sur le papier. Ensuite, le systme judiciaire tablissait trois niveaux de cours, sous la Cour populaire suprme et une lgislation nationale.
Aprs 1957, pendant le mouvement de la Campagne des Cent Fleurs[53] une nouvelle chasse aux opposants prsums se traduit par une attaque aux droits constitutionnels des citoyens chinois. Pour atteindre les droitiers et chtier les contre-rvolutionnaires efficacement, le PCC abolit toutes les institutions judiciaires. Enfin, le ministre de la Justice est supprim en 1959. Les Cent Fleurs marquent un tournant dans les relations entre le PCC et le pouvoir judiciaire, et partir de 1957, le PCC prne le principe du Ē gouvernement par les hommes Č par opposition au Ē rule of law Č. Les partisans de lÕdification dÕun systme juridique et de la lgitimation des droits et intrts individuels sont dsormais assimils des droitiers bourgeois, et on leur impute lÕopinion dÕtre opposs lÕidologie communiste et au leadership du PCC[54].
Aprs les trois annes noires 1959-1961, les millions de morts par famine, cause de politiques dsastreuses cumules la scheresse, Mao encore lanc la Grande Rvolution Culturelle Proltarienne en 1966. Cette tragdie historique durera dix ans. La Chine en soufre encore aujourdÕhui sous certains points.
Mao a remis lÕordre du jour le concept de lutte des classes, et ce mouvement a vite pris la forme de perscutions tenaces et sans merci contre toutes les personnes prsumes hostiles au rgime. Il ressort des tmoignages des personnes ayant travers cette tourmente que les membres dÕune mme famille ont t dresss les uns contre les autres, des enfants ont dnonc leurs parents, et bon nombre de rancunes se sont assouvies alors en dnonant le voisin, le collgue, etc. En pratique, les accuss comparaissaient devant les tribunaux populaires et subissaient des procs lÕissue desquels ils taient excuts ou condamns aux travaux forcs, aprs avoir t humilis et torturs. Lors de cette parodie de procs, dont lÕissue tait dcide dÕavance, les tmoins agissant sous la menace tantt directe, tantt indirecte, lÕaccus nÕavait pas le droit la dfense et ne bnficiait dÕaucune possibilit dÕappel. De grands intellectuels se sont alors suicids.
Mao a lanc les Gardes Rouges, commandos de jeunes gens chargs de faire la Rvolution, lÕassaut de tout ce qui incarnait la Ē bourgeoisie Č, le Ē fodalisme Č, Ē lÕopposition la rvolution Č. Dans leur ferveur, les Gardes Rouges sÕen sont pris aux trsors archologique de la Chine, des temples et bibliothques ont t mis sac. Certaines familles ont d se rsoudre dtruire des livres, peintures et autres objets dÕart, de peur que leur possession, si elle tait dcouverte, ne dchane contre elles le fanatisme des Gardes Rouges. Les condamnations se faisaient sur la base de prtextes fallacieux, et il suffisait de peu pour tre envoy dans les camps de rducation ou condamn mort. Des factions rivales sÕaffrontaient dans les coles et les usines, et les luttes faisaient des morts. Toutes les institutions dÕenseignement ont t fermes, ce qui a eu pour consquence de crer une gnration sacrifie. Par moments, des rgions entires du pays taient en proie la guerre civile et Mao fut oblig de faire appel lÕarme pour rtablir lÕordre[55].
Ce mouvement a dcim les lites chinoises et a laiss aux survivants une mfiance amre et un profond sentiment de trahison lÕgard du PCC. Surtout, la Rvolution Cultuelle est devenue dans lÕesprit des Chinois - particulirement des dirigeants actuels - lÕarchtype du rgne de lÕarbitraire, associ lÕabsence de toute protection juridique.
Troisime partie
La transformation du systme juridique chinois contemporain
Aprs la mort de Mao en 1978, la Chine tourne la page[56]. Pour remettre le pays sur les rails, le PCC adopte un programme de rformes et dÕouverture conomique au plnum du Comit central du PCC. Il annonce le but des rformes: raliser Ē quatre modernisations Č[57].
3.1 Le cadre idologique des rformes
Le PCC rvise alors lÕidologie officielle en amorant un changement de cap dÕimportance capitale. Ds lors, lÕaccent est mis sur le dveloppement conomique et non plus sur la lutte des classes. Cette nouvelle orientation affecte tous les secteurs de lÕconomie et comporte de profondes rpercussions, entre autres, sur le monde ouvrier. Ces rformes ne vont pas sans poser de dlicats problmes de lgitimit idologique pour le PCC. Aussi, la faction rformiste au sein du PCC sÕattelle trs tt, sur une base pragmatique, une rvision en profondeur de lÕidologie, qui permettra de concilier ces rformes et lÕorthodoxie marxiste[58].
En 1978, Deng Xiaoping annonait au troisime plnum du Comit central du PCC[59] que la tche fondamentale du socialisme consistait librer et dvelopper les forces productives. Le critre de la productivit, ou, en dÕautres termes, du dveloppement conomique, devient alors celui qui sert valuer les politiques et les dirigeants.
Les rformistes justifient la priorit accorde au dveloppement conomique en sÕappuyant sur le nouvel argument que la Chine se trouve au Ē premier stade du socialisme Č. La caractristique de ce stade est la pauvret, et le moyen dÕen sortir rside dans le dveloppement conomique. Ici se produit une rupture idologique importante avec lÕorthodoxie de la priode prcdente. On associe dsormais le socialisme la productivit, et non plus lÕgalit. Donc, cette notion dÕgalit tait rinterprte autrement. Dans la pratique, cela consiste admettre que certains types dÕingalits dans les relations conomiques, dans les relations de production, sont rationnels parce quÕils contribuent promouvoir la productivit. Il faut donc non seulement accepter lÕmergence des ingalits, mais aussi ajuster les relations de production aux exigences de la croissance: dans ce contexte, nÕimporte quelle pratique peut tre considre comme socialiste si elle contribue la croissance conomique.
Contexte conomique
Le changement dÕidologie stimula une forte croissance conomique de 1979 1989. Le produit intrieur brut par tte doubla en lÕespace dÕune dcennie, un rsultat quivalent trente annes de dveloppement maoste. Cette croissance fut lie la dcentralisation et au dsengagement progressif de lÕEtat. Cette dizaine dÕannes furent marques par la dcentralisation de la gestion des ressources, un progrs continu des changes marchands et une dilution du discours idologique du pouvoir, qui opte pour le pragmatisme et les valeurs dÕenrichissement individuel. Il faut y ajouter lÕouverture sur lÕOccident, une vritable rvolution copernicienne pour un pays saign par un sicle de guerres civiles et dÕinterventions trangres. La progression remarquable du commerce extrieur, des investissements directs et des prts bilatraux ou multilatraux dans les annes 1980, atteste que la Chine a su utiliser ses avantages comparatifs tout en rattrapant une part du retard technologique et industriel[60]. Paradoxalement, la libert dÕexpression est reste toujours troitement surveille et soumise aux alas du climat politique, malgr les dizains dÕannes du rveil tonnant de la socit civile[61]. Le mouvement vers plus de libert se dveloppait progressivement lÕintrieur des frontires mais restait limit vers lÕtranger. Ce mouvement bouleversait la population, qui avait une vie assigne rsidence, entre des espaces urbains ou ruraux scinds par les barrires conomiques et culturelles, dresses ou entretenues par le maosme pendant des annes. Le mouvement de renaissance culturelle dans les villes[62] et lÕurbanisation acclre dater de 1984, sont les signes les plus manifestes de cette nouvelle mobilit sociale qui sÕaccommode de plus en plus mal des blocages idologiques du pouvoir. Dans ce contexte, en 1989, la crise inflationniste et un puissant rejet de la corruption bureaucratique sont lÕorigine des manifestations dÕtudiants et dÕouvriers. Cette manifestation illustrait le divorce qui sÕtait cr entre une socit civile naissante et un tat progressivement gangren par la commercialisation du pouvoir. Le problme de la transition de la socit chinoise, nÕtait pas seulement politique et conomique mais aussi social et institutionnel. On observe dans la vision conomique de lÕtat, un dsinvestissement tendanciel des tches dÕappui conomique, qui se reflte dans la grande misre des secteurs de lÕducation, de la sant et des infrastructures. Cette ngligence existe encore aujourdÕhui, et le gouvernement du Prsident Hu Jintao[63] commence prendre conscience de ce problme, mais les ractions restent toujours sur le papier[64], les solutions concrtes ne sont pas encore au point.
Nouveau dpart aprs 1989
La rpression qui a suivi les manifestations place Tian An Men a renforc la position des conservateurs opposs aux rformes, et les luttes intestines entre rformistes et conservateurs ont t aigus entre 1989 et 1992 au sein du PCC. Cependant, Deng Xiaoping prit conscience de la dsaffection des Chinois lÕendroit du Parti. Considrant que le seul moyen de conserver le pouvoir, consistait acclrer les rformes conomiques. CÕest dans ce contexte quÕen 1992, il entreprend son voyage dans le sud, dÕo il envoie le signal de la consolidation et de la poursuite des rformes conomiques. La priode qui sÕouvre alors est caractrise par un pacte tacite entre Deng et les Chinois: le PCC sÕengage amliorer le niveau de vie de lÕensemble de la population ; il joue alors sa survie, qui dpend du bon droulement de la poursuite des rformes. Aussi, les dirigeants chinois ont recours, de faon continue, surtout depuis Tian An Men, lÕusage du mot Ē stabilit Č. Elle est pour eux la pierre angulaire des rformes en cours. Les Chinois aspirent la stabilit. LÕhistoire tumultueuse de la Chine depuis le dbut du sicle ponctue de guerre civile, dÕinvasions trangres, de politique dÕincertitude au quotidien, explique cette aspiration. Aussi, un parti qui peut assurer la stabilit aux Chinois, peut se rallier la population, du moins jusquÕ un certain point. La ncessit de maintenir la stabilit sociale et politique pour poursuivre les rformes conomiques suscite un certain consensus en Chine, surtout depuis la conclusion du pacte tacite entre le PCC et le peuple chinois aprs Tian Anmen.
Deng Xiaoping proclamait Ē lÕconomie socialiste de march Č en 1992, ce qui mit fin aux hsitations dans lÕorientation et la poursuite des rformes. Cette notion a largi le champ des interprtations acceptables du marxisme afin dÕen arriver justifier les rformes par lÕidologie officielle elle-mme.
Dans ce march socialiste, le gouvernement central a adopt une politique de dcentralisation au profit des autorits locales depuis le dbut des rformes. Ce fait a des rpercussions lorsquÕil sÕagit de mettre en Ļuvre des lois, des rglements et des directives dictes par le gouvernement central. Cette dcentralisation a accru lÕautonomie financire des provinces, et a rduit la capacit du budget de lÕtat redistribuer les ressources.
CÕest dans ce contexte que le droit des affaires et les rglements concernant les investissements trangers ont t tablis en Chine.
3.2 La thorie du droit contemporain
La thorie du droit chinois contemporain est en pleine volution dans cette priode de transition sociale. Cependant, deux courants restent toujours dominants : les partisans de la thorie conventionnelle marxiste du droit et les partisans de lÕapproche pragmatique du droit[65]. Ces derniers contestent que la thorie marxiste du droit se soit dveloppe en Chine en combinant les principes de base du marxisme avec lÕexprience chinoise. Selon eux, la thorie du droit marxiste chinois ne serait quÕune imitation du modle sovitique, dveloppe il y a plus dÕun demi-sicle. Ils appellent les juristes chinois dpasser la mthodologie dogmatique et la rhtorique des fondateurs du marxisme pour dvelopper une nouvelle thorie du marxisme vraiment adapte aux besoins de la Chine. La recherche en droit devrait se concentrer sur des problmes qui sollicitent lÕattention de faon urgente. Soit, ceux gnrs par les rformes en cours. Cette approche pragmatique du droit nÕa jamais vraiment t explicite en Chine, ni par les dirigeants, ni par les juristes. Elle se fonde encore sur les principes de dogme marxiste lorsquÕil faut trouver une justification thorique, mais dans la pratique, la rhtorique marxiste demeure largement ignore.
Les caractristiques de lÕapproche pragmatique du droit peuvent se rsumer ainsi: un accent dmesur est mis sur la vision du droit comme instrument, le droit est un produit de la ralit, le droit est le serviteur de la politique du PCC, les droits lgaux ne sont pas pris au srieux. Le concept des Ē droits Č est prsent dans la thorie marxiste chinoise du droit. Il en en ressort lÕexistence dÕun lien entre les droits des citoyens et leurs obligations envers lÕEtat. Donc, les droits spars des devoirs et obligations, nÕont aucune place dans cette thorie. On comprend que les droits qui concernent la libert nÕentrent pas dans cette logique, pas plus que les Ē droits naturels Č.
La vision instrumentale du droit est commune aux marxistes et aux tenants du pragmatisme. Dans les universits, mme dans les cours dÕintroduction de la politique lÕcole, on apprend que le droit est un instrument du pouvoir politique. En Chine, le PCC utilise le droit afin dŌasseoir leur politique. Le contenu du droit est une formalisation de la politique du PCC. Sur ce point-l, PCC est bien lÕhritier des principes de la tradition impriale.
Depuis 1978, lÕobjet de la politique du PCC est pass de la lutte des classes au dveloppement conomique. Nous avons vu plus haut comment le PCC justifie ce changement de cap. La ralit de lÕheure est lie aux besoins du dveloppement, et le droit est un instrument au service du dveloppement conomique. Les personnes en position de dfinir le sens de la politique possdent un moyen puissant pour laborer le droit et dcider de la direction imprimer au dveloppement social. LÕide selon laquelle le droit est un produit de la ralit vient en partie des ides marxistes relatives la ncessit dÕune rforme juridique continue, et a jou un rle trs important dans le dveloppement lgislatif en Chine ces quarante dernires annes.[66] Les thoriciens chinois du droit croient quÕil faut dicter des lois convenant chaque stade de dveloppement de la socit. Cette vision des choses explique le dveloppement foisonnant de la lgislation conomique depuis le dbut des rformes.
3. 3 Les problmes de lÕapplication du droit
LÕeffectivit du droit fait problme en Chine. Les juristes chinois soulvent souvent la question. La Rvolution Cultuelle ayant dcim les lites, tout lÕenseignement a souffert et le droit nÕa pas fait exception. Il y a lieu aussi de garder en mmoire le sort qui a t fait aux juristes pendant les annes 60. Les juristes ont t qualifis par des non juristes, en fonction de leur loyaut envers le PCC et de leur bonne origine de classe.
Les universits ont rouvert la fin des annes soixante-dix, mais encore fallait-il trouver des juristes forms et capables dÕenseigner. Or, sur les 170.000 juges que compte aujourdÕhui la Chine, peu ont une scolarit en droit.[67] Par ailleurs, une des consquences de la vision pragmatique du droit rside dans la perception du PCC que les juges sont des instruments politiques, plutt que des arbitres impartiaux. Ici, les juges ne sont mme pas Ē la bouche de la Loi Č, juste des instruments. Cette faon de voir est ancre dans lÕhistoire du PCC et dans son idologie. Il faut aussi savoir que, dans les cours de comt o le plus gros des causes est entendu, les juges sont en majorit des militaires dmobiliss nÕayant aucune formation en droit. Le systme judiciaire chinois permet une personne qui nÕa pas de diplme de droit de devenir juge, si elle a satisfait une valuation dont la nature nÕest pas prcise.
Les conditions de travail des juges sont difficiles et peu attrayantes. Ė lÕheure actuelle, les meilleurs juristes travaillent souvent pour des cabinets dÕavocat ou encore pour des compagnies capitaux mixtes. Les juges sont sous-pays et exposs bien des tentations. La corruption est prsente chez certains membres du pouvoir judiciaire[68]. En Chine, les juges sont rmunrs par les gouvernements locaux. Aussi arrive-t-il souvent que leurs dcisions soient rendues en faveur de celui qui les paye. Ceux qui agissent contre-courant - et il y en a - courent des risques.
Le degr dÕinterfrence du pouvoir politique dans les dcisions du pouvoir judiciaire est tel que lÕavnement du Ē Rule of law Č en Chine risque de ne pas se raliser dans un avenir immdiat. Quel que soit le degr dÕindpendance, confr au pouvoir judiciaire en Chine, le rle dirigeant du PCC, tel que lÕnonce la Constitution, prime.
Il existe plusieurs divergences de fond entre la vision occidentale du Ē Rule of law Č et la vision chinoise. La question qui se pose alors est: pourquoi le PCC est-il au-dessus des lois? La rponse met en lumire une rhtorique que le PCC a longtemps employe propose des relation entre la classe ouvrire et le pouvoir, soit celle du consensus, de la communaut dÕintrts.
M. Liu Nanping fait tat dÕune prsomption de consensus entre le pouvoir (lÕtat) et les sujets de droits[69]. Alors que ces deux derniers sont souvent considrs comme opposs en occident, et que la doctrine du Ē Rule of law Č est conue pour limiter lÕarbitraire possible dans lÕexercice du pouvoir, le PCC pose que le gouvernement ne fait quÕexcuter la volont populaire. Il est stipul lÕarticle 13 de la Constitution que tout appartient au peuple, que tout pouvoir de lÕtat sÕincarne dans le peuple. Il sÕensuit, selon le PCC, que, dans ce type dÕEtat, la relation entre les gouvernements et les gouverns en est une de consensus et non de conflit. Ce raisonnement imprgne une partie importante de la thorie du droit en Chine. Il convient enfin de souligner aussi lÕexistence de difficults relatives lÕexcution des jugements, qui a des causes complexes[70]. Sur ce point-l, une analyse prcise se dveloppera dans le chapitre 3.5----La mutation des professions juridiques.
Tous ces problmes font que les chinois ont une confiance mitige dans leur systme judiciaire. Par ailleurs, certaines perceptions traditionnelle par rapport au droit ont encore cours. Ainsi, on trouve au sein de la population une vieille antipathie face au droit.
3.4 La conception chinoise des droits de la personne
Depuis le commencement de la politique dÕouverture de la Chine vers lÕoccident, le gouvernement essaye toujours de bien sÕintgrer dans la communaut internationale, mais souvent, il doit faire face aux institutions occidentales sur certaines notions essentielles. Comme il y a dcalage de langage politique, la rponse nÕest pas toujours adquate, ni bien cible. Le dbat sur les droits de la personne ou les droits de lÕhomme en est une bonne illustration.
La rponse officielle
Les vnements politiques dÕordre interne dictent les positions officielles chinoises sur les droits de la personne. Aprs le massacre de la place Tian Anmen, une rponse aux critiques de la communaut internationale sur la situation des droits de la personne devenait essentielle. DÕabord, la Chine sÕemploie trouver des distinctions entre les standards chinois des droits de la personne et les standards quÕelle qualifie dÕoccidentaux. Donc, le premier Livre Blanc chinois sur les droits de la personne est paru en 1991, le second en 1995, le troisime en 1996. LÕasiatisme[71]arrivait point nomm pour aider la Chine formuler une rponse lÕOccident, et cela lui tait encore plus facile du fait de son essor conomique, qui autorisait joindre sa voix aux pays dÕAsie dont on vantait les performances. Aussi, le fait que la Chine ait activement pris part la rdaction de la Dclaration de Bangkok sÕexplique-t-il aisment. La Chine a ajout un concept qui ne se retrouve pas dans lÕasiatisme comme tel, celui du droit la subsistance, et insiste sur lÕimportance du droit au dveloppement, li au premier. Le contenu de ces deux concepts, vu par les Chinois, sera brivement retrac dans la prsente section.
Le contenu du concept du droit la subsistance a volu, au fil du temps. La constante est que le gouvernement affirme quÕil sÕagit du plus important des droits de la personne pour tous les pays, et donc pour la Chine. En 1991, deux ans aprs Tian Anmen, le gouvernement chinois admet quÕil existe des problmes de droits de la personne dans le pays et pose que leur rsolution passe par la ralisation du droit la subsistance du peuple chinois. Le contenu de ce concept semble alors dsigner essentiellement le droit de manger sa faim et le droit des vtements chauds. Le gouvernement chinois affirme dans le mme document, statistiques lÕappui, que le droit la subsistance est ralis, et quÕil sÕagit l dÕune tape considrable dans la protection des droits de la personne en Chine. Cependant, la protection du droit la subsistance et lÕamlioration des conditions de vie du peuple chinois demeurent des questions dÕimportance cruciale. Le gouvernement chinois doit veiller prserver
lÕindpendance du pays face lÕimprialisme, car mme si le problme de la nourriture et des vtements est rsolu, lÕconomie chinoise reste peu dveloppe. Dans ce contexte, le dsordre social ou tout autre dsastre constitue une menace pour le droit la subsistance du peuple. Il sÕensuit que la tche urgente, et long terme, du gouvernement chinois, consiste, conformment au vĻu et aux aspirations des Chinois, maintenir la stabilit et concentrer ses efforts sur le Ē dveloppement des forces productives Č. Depuis, le gouvernement central reprend priodiquement cet argument, qui sert justifier la poursuite des rformes conomiques et une politique essentiellement rpressive envers toute forme de contestation.
Dans les instrument internationaux, le droit au dveloppement social et culturel, va bien au-del du simple dveloppement conomique. Le discours officiel des dirigeants chinois entrine cette vision, et fait grand cas des droits conomiques, sociaux et culturels, perus comme des droits collectifs. Cette position a longtemps t celle des pays du bloc sovitique, qui disaient faire primer les droits collectifs sur les droits individuels du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Le droit au dveloppement vu par la Chine fait peu de cas des droits individuels. En cela, il existe une certaine continuit entre la tradition juridique chinoise impriale et confucianiste, qui fait passer les droits de lÕindividu aprs ceux du clan et de la socit, et la vision du droit au dveloppement mise aujourdÕhui de lÕavant par les autorits. Dans les deux cas, lÕaccent est mis sur lÕintrt collectif, et le discours contemporain qui rfre aux obligations des individus avant de rfrer leurs droits trouve un cho profond dans la culture juridique traditionnelle chinoise.
En ce qui concerne les droits internationaux de la personne, la Chine reconnat le caractre universel de certains droits, mais elle affirme que la ralisation des droits de la personne sÕeffectue suivant des modles varis. Chaque pays a le droit de choisir le modle qui lui convient, en raison des diffrences de dveloppement conomique et culturel entre les pays ainsi que des diffrences de mentalit et de traditions historiquesÉ
La source traditionnelle
La version officielle des droits de la personne est trop politique pour le peuple chinois, cette notion ressemble plutt encore une outil de propagande du gouvernement pour se dfendre contre Ē lÕattaque Čpolitique des occidentaux. Si on prend lÕapproche de lÕanthropologie juridique, et quÕon pntre dans lÕhistoire et la culture chinoises, on trouve certaine conception originale qui peut mieux accorder les deux cts chinois et occidental. Ici, je voudrais introduire la notion de Ē droits du peuple Č (min chuan)[72], qui pourrait correspondre mieux la civilisation chinoise par rapport la traduction officielle. Cette notion t inclue dans la doctrine des Ē Trois Principes du Peuple Č que fut implantee pendant les annes trente par Sun Yat-Sen, Prsident de la Rpublique de Chine (premire Rpublique, 1912-1949). Ē Les Trois Principes du Peuple Č sont : Le Nationalisme du Peuple, La Souverainet du Peuple et le Bien-tre du peuple. Ces deux dernires, mettent lÕaccent sur la protection de lÕgalit des individus, contre les privilges, et offrent lÕducation gratuite pour tout le peuple. Ainsi il souligne que le gouvernement doit assurer les ncessits vitales pour chaque citoyen en tablissant un systme de distribution gale des richesses, etc. Cette idologie tait la lumire pour guider la Rpublique pendant un certain temps, et mme de nos jours, le gouvernement de Taiwan continue sÕinspirer de cette idologie. Il me semble donc que la notion de Ēdroits du peuple Č est une notion bien enracine dans la culture chinoise et qui inclut lÕ essentiel des droits de la personnelle.[73]
Quand on remonte lÕhistoire au dbut de vingtime sicle, on trouve encore que beaucoup dÕautre notion dmocratiques, par exemple les Ē droits naturels Č, les Ē droits des individus Č avaient t voqus par des lites chinois.
En conclusion, dans la tradition chinoise, les lments qui quivalent aux droits de la personne existent bien, mais il manque le moyen dÕexpliquer cette notion au peuple chinois. Tous ces concepts doivent tre redfinis dans leur propre vocabulaire. Cependant, on observe quÕun courant No-confucianiste merge dans la socit et ainsi que dans les pouvoirs politiques. Il essaye dÕexprimer les exigences du droit, de la dmocratie et des droits de la personne avec lÕapproche de la continuit des valeurs traditionnelles chinoises. Ce systme de valeurs pourrait sÕadapter aux exigences novelles, pour construire sa propre modernit. Puisse la srie de dbats qui ont lieu en Chine sur les droits de la personne en comparaison avec le systme occidental, servir stimuler leur intelligence et ouvrir leur esprit. La Chine a besoin dÕune transformation crative de sa tradition.
3.5 La mutation des professions juridiques.
Depuis une dizaine dÕannes, il sÕest opr une vritable volution des conditions de travail de la Magistrature Chinoise. LÕorganisation judiciaire nÕa pas t modifie au cours de ces dernires annes, mais depuis 1995, la profession de juge, de procureur, et dÕavocat sont organises par des dispositions lgislatives et rglementaires spcifiques qui traitent notamment du recrutement, de lÕavancement, de la hirarchie, de la rmunration et de la discipline.
LÕadaptation de la magistrature chinoise
Dans le chapitre prcdent Les problmes de lÕapplication du droit, on a dj prsent la situation de magistrat chinois pendant les annes quatre-vingt, la plupart des magistrats chinois nÕont pas de formation de juriste. Les juges de la Cour suprme sont tous au moins titulaires dÕun baccalaurat en droit, et souvent dÕune matrise en droit. Mais dans les cours infrieures, il est rare quÕun juge possde un diplme en droit. Le manque de formation en droit de certains juristes explique sans doute en partie le fait quÕil y a place pour une nette amlioration dans la technique lgislative. Aprs 1995 un rglement de recrutement du personnel des Cours et Parquets est mise en place, qui permet une ouverture pour que les juristes qualifis puissent rentrer dans le systme judiciaire.
Les Cours des quatre niveaux de juridiction recrutent les nouveaux magistrats par concours ouverts aux diplms de lÕenseignement suprieur en droit, conomie et dÕautres disciplines. Lors de sa prise de fonction, le candidat admis est affect en qualit dÕauxiliaire de justice un service administratif. Il nÕaccdera lÕexercice de fonction juridictionnelle quÕ lÕissue de plusieurs annes de formation au Ē greffe Č de la juridiction. Pour obtenir le grade de juge assistant il doit russir le concours organis tous les deux ans par la Cour suprme qui lui ouvre le droit de se prsenter lÕexamen propos au niveau de chacune des juridictions. La commission dÕexamen est constitue par le prsident de la Cour, les vice-prsidents et les prsidents de chambre. Le juge assistant doit attendre, en moyenne cinq huit ans, pour tre nomm juge. CÕest le prsident de la juridiction qui tablit la liste des propositions de nomination suivant un classement qui prend en compte lÕapprciation porte sur le travail et le niveau de comptence. La dcision est prise par le Comit permanent de lÕassemble populaire territoriale au niveau du Tribunal. Les propositions sont le plus souvent entrines sans difficult.
Un projet de rforme, dont la mise en application est prvue dans les cinq prochaines annes, va introduire une sparation entre la fonction administrative et la fonction judiciaire.
Il est frquent quÕun magistrat demeure pendant toute sa carrire au sein dÕune mme juridiction ou du moins dans le ressort de la mme Cour suprieure mais lÕon constate, dans les limites des garanties inscrites dans le nouveau statut de la magistrature, une tendance plus de mobilit.
La formation continue qui tait assure par la Cour suprme a t transfre lÕcole nationale des juges, institue trs rcemment, mais est aussi dispense dans les centres mis en place auprs de chacune des Cours suprieures.
Les juges peroivent de lÕEtat une fraction de leur traitement, le complment tant la charge des provinces, des rgions autonomes ou des villes ayant rang administratif de province. Cette seconde partie, dont le montant est en rgle gnrale plus lev, est variable selon le niveau conomique de la collectivit territoriale publique.
La Cour est saisie par requte du demandeur et une chambre spcialise se prononce sur la recevabilit de ces actes introductifs. En cas dÕadmission, ce sont les services du greffe qui convoquent les parties et ouvrent la procdure. En cas de refus, le requrant dispose dÕune voie de recours devant la juridiction dÕappel.
LorsquÕune dcision est dfinitive et que la partie qui est condamne refuse de sÕexcuter, la Cour qui a statu en premier niveau de juridiction doit, sur requte de la partie intresse, mettre en Ļuvre les voies dÕexcution prvues par la loi et les moyens de police judiciaire dont elle dispose. Ė chacun des niveaux de juridiction, les Cours comprennent une ou plusieurs formations de magistrats spcialiss dans cette fonction.
La procdure civile chinoise prsente quelques spcificits qui confrent aux juges un rle prminent dans la conduite du procs.
La mdiation, dont la pratique vient dÕtre introduite devant les tribunaux en Europe, est une tradition anciennement tablie en Chine avec une diffrence notable. Lorsque, au cours du procs, les parties acceptent une suspension de la procdure et le recours la mdiation, cÕest le juge ou lÕun des juges de la formation de jugement qui intervient comme mdiateur. En cas dÕchec de la mdiation, la formation de jugement antrieurement en charge de lÕinstance reprend ses fonctions jusquÕau prononc de la dcision.
Les preuves peuvent tre produites tout moment de la procdure, y compris au cours de lÕaudience de plaidoiries. Il appartient au juge de faire respecter le dbat contradictoire et de sÕassurer que chacune des parties dispose du temps ncessaire la prise de connaissance des pices produites par son adversaire.
Les juges sont parfaitement conscients des insuffisances des rgles en vigueur et appellent une rforme qui est en cours de prparation. Rgulirement consultes par la Cour suprme, les juridictions populaires sont associes lÕtablissement des projets lgislatifs et rglementaires. Les runions organises par les chefs de Cours pour prparer les rponses ces consultations sont trs apprcies des magistrats. Ce sont des occasions de concertation et dÕchanges dÕexpriences avec leurs collgues des autres niveaux de juridictions.
Au cours de ces cinq dernires annes, les juridictions dont le ressort couvre les grandes agglomrations et les territoires fort dveloppement conomique ont d faire face un accroissement rgulier et soutenu du nombre des litiges (environ 15 % par an)[74]. Dans le mme temps, lÕacclration de la cration lgislative impose aux magistrats un travail important de mise jour de leurs connaissances, dÕassimilation et dÕinterprtation des nouveaux textes.
Cette situation traduit aussi une volution des mentalits. Au sein des milieux dÕaffaires, la place prminente et traditionnelle que tient le rglement amiable dans la rsolution des conflits tend sÕaffaiblir et le recours la voie judiciaire ou du moins sa menace nÕest plus ncessairement charg dÕune connotation morale ngative.
En outre, la politique de restructuration du secteur public et le dveloppement du secteur priv suscitent un certain nombre de procdures collectives qui requirent lÕapplication de la loi sur la faillite[75].
Pour faire face ces volutions, les magistrats responsables de la direction des Cours populaires, dont il ne semble pas que les effectifs aient t renforcs, ont pris un certain nombre de dispositions et notamment :
Š la cration de chambres spcialises dans les affaires conomiques
Š lÕorganisation de sessions de formation et lÕinformation auprs de juridictions trangres
Š la mise en place de cellules dÕtudes et de recherches
Š lÕintroduction de procdures rapides ou simplifies pour le traitement des demandes en paiement ou de celles qui relvent, en France, de la juridiction du Prsident : injonctions de payer, ordonnances sur requtes et rfrs.
Les Cours intermdiaires et suprieures ont d crer des chambres spcialises dans le traitement des litiges dÕordre conomique : proprit intellectuelle et industrielle, contrefaon, droit civil et droit pnal des affaires. Des juges ont t affects au traitement des difficults des entreprises et des situations de cessation des paiements.
En rgle gnrale, il semble que les magistrats
en charge de ces affaires privilgient une approche conomique et la recherche de solution de reprises en coopration avec les autorits rgionales administratives. En pratique, la hirarchie des objectifs est identique celle adopte par la loi du 25 janvier 1985.
Sur ces diffrents points, les Cours populaires suprieures de Pkin et de Shanghai se sont montres trs intresses par lÕexprience des magistrats europens.
Dans lÕexercice quotidien de leur mission, les juges se trouvent, en outre, confronts dÕautres difficults qui tiennent la complexit des sources lgislatives et rglementaires. LÕimportante cration lgislative de cette dernire dcennie suscite dÕinvitables conflits dÕapplication des textes dans le temps.
Dans ce contexte difficile, les magistrats, conscients du rle quÕils devraient tenir pour favoriser le dveloppement conomique au sein dÕun tat de droit, se disent soucieux de faire progresser la fiabilit de lÕorganisation judiciaire et la confiance que le juge se doit dÕinspirer aux justiciables.
LÕorganisation des Parquets Chinois
Les Parquets Chinois ont connu la mme volution que les magistrats. En 1978, la premire session du cinquime congrs de lÕAssemble populaire nationale (APN) a dcid de rtablir les Parquets populaires aux diffrents chelons.
Selon la loi constitutionnelle et la loi organique des Parquets populaires, la tche des Parquets chinois consiste : en lÕexercice du droit de contrle ; ils punissent les criminels menaant la scurit de lÕEtat et les autres criminels ; ils dfendent la scurit de lÕEtat, maintiennent lÕordre social et protgent la proprit de lÕEtat, les biens collectifs et les proprits prives des citoyens ; ils protgent les droits de la personne, les droits de la dmocratie et les autres droits ; ils surveillent et maintiennent lÕunit et lÕapplication correcte du systme lgal.[76]
Dans leur organisation, les Parquets chinois sont compltement indpendants des organes administratifs et des organes judiciaires. Mais comme les organes administratifs et judiciaires, ils manent de lÕorgane du pouvoir de lÕEtat ---- lÕAPN, auprs de laquelle ils rendent compte.
Les Parquets ont quatre chelons : Le Parquet suprme, les Parquets des provinces, les Parquets des villes qui ont des arrondissements et les Parquets populaires des cantons. Le Parquet suprieur dirigent les travaux des Parquets locaux aux diffrents chelons et les travaux des Parquets spciaux[77] . En mme temps, il sont chargs de la mission de contrle de lÕEtat[78] .
Les parquets locaux de diffrents chelons sont composs par :
Š les Parquets des provinces, des rgions autonomes, des municipalits relevant directement de lÕautorit centrale ;
Š les sous-Parquets des provinces, des rgions autonomes, des municipalits relevant directement de lÕautorit centrale ; les Parquets des dpartements autonomes, des municipalits relevant de lÕautorit provinciale ;
Š les Parquets des cantons, des villes, des cantons autonomes et des arrondissements relevant de lÕautorit municipale. Selon les besoins, avec lÕapprobation du comit permanent de lÕAssemble populaire de mme chelon, ils peuvent avoir une antenne extrieure : un Parquet populaire dans des zones industrielles minires, les zones agricoles, forestires, etc.
La profession dÕavocat dÕaujourdÕhui
La profession dÕavocat, qui avait t supprime pendant les annes 50, a t restaure partir de 1979. Mais, elle nÕavait jamais connu auparavant le dveloppement quÕon lui connat dans le monde occidental. Aussi, elle nÕa rellement commenc voluer, pour tenter de se rapprocher de lÕorganisation de la profession dÕavocat dans les autres pays du monde, quÕ partir de juillet 1986, date laquelle a t cre lÕAssociation nationale des avocats chinois (en anglais Ē All China Lawyers AssociationČŠ A.C.L.A.) JusquÕalors et pendant de nombreuses annes encore, les avocats chinois taient des fonctionnaires appartenant des cabinets crs par les administrations comme le Ministre du commerce extrieur, le Conseil chinois pour la promotion du commerce extrieur ou les municipalits (Pkin et Shanghai par exemple). Ces cabinets dpendaient troitement la fois de leur administration dÕorigine et du ministre de la Justice qui avait la charge de leur gestion. En effet, il convient de prciser quÕen Chine, seules dpendent du ministre de la Justice les professions dÕavocat et de notaire, lÕadministration pnitentiaire et les organes de conciliation et de prvention.
En revanche, les juges dpendent de la Cour populaire suprme dont le Prsident est lu par lÕAssemble nationale populaire (ANP). Les Procureurs dpendent du Procureur gnral de Chine galement lu par lÕANP. Dans cette situation, lÕA.C.L.A. avait essentiellement pour rle le dveloppement des relations internationales des cabinets dÕavocats chinois, dont lÕorganisation et le contrle taient, en pratique, assurs par les directeurs des bureaux de la Justice, dans chacune des villes considres.
Depuis lors, la situation a considrablement volu. Ds lÕanne 1988, des initiatives de cabinets de deux ou trois avocats pouvant exercer de manire indpendante, en fixant librement leurs honoraires et en choisissant librement leurs clients, ont t encourages titre dÕessai, sous le contrle de lÕA.C.L.A. et du ministre de la Justice.
Un nouveau pas dans lÕvolution de la profession a t accompli avec la loi sur les avocats du 15 mai 1996 entre en vigueur le 1re janvier 1997, qui a abrog le rglement provisoire de la RPC. Sur les avocats adopte le 26 aot 1980[79] .
Si lÕon se rfre aux dispositions gnrales de cette nouvelle loi, celle-ci se rapproche en de nombreux domaines des modes dÕexercices de la profession dÕavocat dans les pays occidentaux mais il est important de sÕattacher lÕinterprtation et lÕapplication qui en est faite.
1 Š Le rle et les obligations de lÕavocat
LÕavocat peut assurer la fonction de conseil juridique, rdiger ou contrler des projets dÕactes juridiques, reprsenter son client dans les procdures judiciaires, dans la conciliation et dans lÕarbitrage. Il peut accomplir toute mission juridique confie par son client et assurer la dfense de ses intrts.
Il est, par ailleurs, interdit lÕavocat ou au cabinet dÕobtenir des dossiers par des procds dloyaux tels que le dnigrement ou le paiement dÕune prime dÕintroduction. Il est galement interdit dÕtre lÕavocat des deux parties un dossier.
2 Š Le secret professionnel
Si la loi sur les avocats de 1996 protge le secret et la confidentialit, lÕinterprtation de ce texte est souvent trs restrictive puisque lorsque la Cour, lors dÕune enqute sur un dossier, demande un avocat de lui faire connatre les lments constituant un dlit dont il a connaissance et quÕil refuse, il peut tre sanctionn.
3 Š Les droits de la dfense
Si un certain progrs a t accompli dans le domaine de lÕaccs de lÕavocat dans la dfense de son client par les dispositions de la loi sur la procdure pnale de 1996 qui lui permettent de le rencontrer ds son arrestation, cette disposition apparat souvent vide en partie de son sens[80]. Selon les nouvelles dispositions de la Loi en vigueur, lÕavocat peut prendre connaissance du dossier ds son transfert par la police au Parquet. Ce dernier, est le matre de lÕinstruction et de la dcision de renvoi devant le Tribunal ou dÕun ventuel non-lieu.
Cependant, en pratique, par manque de diligence du Parquet, il arrive souvent que les avocats de la dfense nÕaient lÕaccs au dossier quÕau moment de lÕaudience. Ceci tant contraire aux dispositions de la Loi de procdure pnale de 1996, les avocats dposent plainte lÕencontre de la Police et du Parquet.
4 Š LÕorganisation de la profession
Les associations professionnelles dÕavocats sont des personnes morales existant auprs des grandes municipalits et des provinces et une association nationale (All China Lawyers Association) coiffe lÕensemble des associations locales. LÕinscription lÕassociation locale des avocats du lieu dÕexercice est une obligation pour tout avocat.
Le rle de ces associations est en particulier :
Š de sauvegarder les droits des avocats exercer librement dans le cadre de la loi
Š dÕassurer la recherche, les changes et les expriences pratiques
Š dÕassurer lÕducation, le contrle et la surveillance de la dontologie et de la discipline professionnelle
Š dÕorganiser les changes internationaux.
Tant lÕchelon local, quÕ lÕchelon national, les organes dirigeants des associations locales et de lÕassociation nationale sont lus par leurs pairs. Toutefois, cÕest le ministre de la Justice, par lÕintermdiaire du directeur local du bureau de la
Justice, qui exerce un contrle disciplinaire sur tout avocat qui enfreint la loi, de mme que cÕest galement ce bureau qui a autorit pour dlivrer les licences dÕexercice.
5 Š LÕexercice de la profession dÕavocat chinois
Dans ce domaine, une volution remarquable est intervenue ces dernires annes.
De trs importants cabinets dÕavocats se sont crs, notamment dans le domaine du droit des affaires, dans les principales villes chinoises et paraissent exercer de manire trs indpendante. En outre, semblent se multiplier, en particulier Shanghai, la cration de nombreux cabinets dÕavocats chinois regroupant trois ou quatre jeunes avocats pour partager les frais dÕexercice, chacun bnficiant dÕune grande indpendance dÕexercice.
6 Š LÕexercice de la profession dÕavocat pour les avocats trangers installs en Chine
Ė partir des annes 1990, les firmes dÕavocats trangers ont t progressivement autorises sous forme de bureau de reprsentation commerciale, traiter exclusivement les affaires commerciales concernant les ressortissants des pays dont ils taient originaires, lÕexclusion de tout ce qui tait du domaine du droit chinois.
En 1992, la Chine a promulgu un rglement concernant les juristes trangers autoriss exercer en Chine dans les domaines exclusifs de leur droit dÕorigine et sous rserve dÕavoir obtenu une licence auprs du ministre de la Justice chinois.
Dans lÕEtat actuel du droit chinois, les firmes dÕavocats trangers sont autorises exercer en Chine sous les conditions suivantes :
Š tre titulaire dÕune licence dÕexercice dlivre par le Ministre de la Justice,
Š ne pratiquer que le droit international et leur droit national avec interdiction formelle de pratiquer le droit chinois,
Š ne pas avoir pour collaborateur ou associ des avocats chinois.
En outre, un cabinet dÕavocats trangers ne peut disposer que dÕun seul bureau en Chine. Il est donc impossible dÕavoir officiellement deux bureaux dans deux villes diffrentes.
Ė ce jour, 105 licences ont t accordes des avocats trangers soit: 5 Franais, 33 amricains, 14 britanniques, 7 allemands, 7 japonais, 5 canadiens.[81]
Toutefois, on peut constater que: a) les rgles se sont quelque peu assouplies, b) dans la pratique, nombreuses situations particulires sont tolres, c) lÕentre de la Chine dans lÕOMC devrait faire voluer lÕexercice de la profession dÕavocat en Chine vers une plus grande ouverture dans ce domaine.
En conclusion, depuis le rtablissement de la profession en 1979, le nombre dÕavocats nÕa cess de crotre : 212 avocats en 1979, 41.000 en 1990, 110.000 avocats en 1999, et certainement autour de 150.000 en lÕan 2005[82] .
La loi de 1996 sur la profession dÕavocat en Chine apparat bien des gards comme lÕexpression dÕune volution remarquable vers lÕexercice dÕune profession librale.
Il faut toutefois nuancer le propos. Dans la pratique, si les dirigeants des associations locales dÕavocats chinois sont lus par leurs pairs, les bureaux de la justice locaux, reprsentant province le ministre de la Justice, dsignent un reprsentant dans chacun des organes de direction de ces associations locales. Celles-ci sont donc troitement soumises la tutelle des fonctionnaires et il est trs frquent, pour ne pas dire gnral, que les prsidents des associations dÕavocats des grandes municipalits et provinces soient des fonctionnaires, nomms par le bureau de la Justice locale.
En plus, de nombreuses interrogations font actuellement lÕobjet de discussions : la rglementation ou la libre implantation des cabinets dÕavocats trangers en Chine, la constitution terme de cabinets sino-trangers, la leve des restrictions sur les prestations relatives au droit chinois, la leve des restrictions gographiques, lÕaccord du titre dÕavocat un tranger, etc. LÕentre de la Chine dans lÕOMC apporte des rponses bon nombre de ces interrogations et devrait permettre le dveloppement dÕune volution de plus en plus librale de la profession.
3.6 La Codification centre sur lÕconomie
Depuis lÕadoption par lÕAssemble Nationale Populaire le 1er juillet 1979 de la loi sur les entreprises capitaux mixtes sino-trangers et des codes pnal et de procdure pnale, la Chine, en vingt ans, a parcouru un chemin considrable partir du nant pour se doter dÕune codification moderne et de plus en plus complte[83]. Alors que la Chine entre dans la dernire ligne droite des ngociations pour son entre lÕOMC, cette volution est particulirement observable depuis 1993 en droit conomique. Mais le foisonnement juridique observ et lÕapparente volont de lgalisation nÕen cache pas moins encore des lacunes et des faiblesses.
LÕEvolution juridique
Cette codification en Chine sÕest dveloppe en deux phases distinctes. La premire phase, celle des annes 80, celle de la construction juridique, a t marque par trois traits majeurs : la sparation entre le droit conomique interne et un droit spcifique pour les investisseurs trangers, priorit de lÕpoque ; le caractre gnraliste, embryonnaire et incomplet des textes adopts ; et enfin un processus prudent, exprimental, souvent provisoire et progressif dÕlaboration du droit.
La deuxime phase, celle des annes 90, celle de lÕtablissement dÕun systme juridique, est caractrise par lÕunification progressive du droit entre le droit conomique interne et le droit des relations conomiques avec lÕtranger, lÕexemple du droit des contrats ; et par la modification et la modernisation de tous les textes adopts dans les annes 80, lÕexemple du rgime des investissements trangers, de la fiscalit ou de la proprit industrielle. Les textes adopts ont un caractre de plus en plus exhaustif, prcis et technique, preuve dÕune professionnalisation du travail lgislatif. Mais surtout lÕadoption dans la deuxime moiti des annes 90 de lois majeures reprsente le dbut dÕun processus de codification.
Outre les lois sur les socits (230 articles, adopte le 29 dcembre 1993 et entre en vigueur le 1er juillet 1994), sur le travail (107 articles, adopte le 5 juillet 1994 et entre en vigueur le 1er janvier 1995), sur les effets de commerce (adopte le 10 mai 1995 et entre en vigueur le 1er janvier 1996), et sur la sret (adopte le 30 juin 1995 et entre en vigueur le 1er octobre 1995), lÕadoption du nouveau code pnal (452 articles, entr en vigueur le 1er octobre 1997), du nouveau Code de procdure pnale (entr en vigueur le 1er janvier 1997) et de la loi uniforme sur les contrats (428 articles, adopte le 15 mars 1999 et entre en vigueur le 1er octobre 1999) illustre cette codification[84] .
AujourdÕhui, la Chine se prpare entrer dans une troisime phase, celle de la codification qui implique une hirarchie des normes plus stricte et un ncessaire rforme constitutionnelle. Mais la Chine reprsente aussi un march du droit en construction qui donne lieu une intense lutte dÕinfluences entre anglo-saxons et Europens, entre Ē common law Č et le Ē droit romano germanique Č.
La procdure de la codification et la ratification de nombreuses conventions internationales accompagnent une ouverture croissante du march chinois. Les entreprises trangres peuvent dsormais investir, bien que de manire limite, dans de nouveaux secteurs dÕactivit : dans les services (banque, assurance, htellerie, agences de voyages), la distribution (le commerce de dtail et de gros), et bientt les tlcommunications. De plus, ct des trois formes classiques dÕentreprises capitaux trangers, les entreprises trangres peuvent maintenant crer des socits par actions investissement tranger, des socits en participation ou constituer des socits Holdings et peuvent surtout envisager des restructurations de leurs activits, et des fusions acquisitions de socits chinoises. Paralllement, lÕaccs au commerce international pour les entreprises prives chinoises se libralise.
Ce dveloppement du droit sÕappuie dÕune part sur un renforcement des institutions judiciaires, avec la cration de chambres administratives en 1988 et de chambres spcialises en proprit intellectuelle en 1995, et dÕautre part sur une professionnalisation croissante des professions juridiques, juges, procureurs, et notaires dont le champ dÕactivit a t largi, et sur un fort dveloppement de la profession dÕavocat accompagn dÕun engouement pour cette fonction, phnomne nouveau dans la socit chinoise.
Symbole de lÕvolution de la relation au droit et des mentalits, on constate un recours de plus en plus important au juge dans les litiges conomiques et sociaux, bouleversant les comportements traditionnels en matire de rglement des litiges (cf. rapport annuel dÕactivit de la Cour suprme). Cependant la conciliation continue tre largement privilgie dans les relations entre personnes physiques. Illustration de ce rle croissant de la justice, mais en mme temps de ses difficults, la Cour populaire suprme a dclar lÕanne 1999 Ē lÕanne des procs de qualit Č et Ē lÕanne de lÕexcution des dcisions de justice et des ordonnances Č. Cette volution juridique a t consacre par les rvisions constitutionnelles de 1988, 1993 et 1999, qui garantissent par l-mme le maintien des rformes conomiques. Six amendements ont t introduits en 1999. Lgitime en 1988 comme Ē complment du secteur socialiste Č , lÕconomie prive est ainsi devenue en 1999 Ē une partie importante de lÕconomie socialiste de march Č . Mais surtout lÕalina premier de lÕarticle 5 introduit le principe du gouvernement par la loi qui, sans tre une nouveaut, est considr en Chine comme une garantie importante de la stabilit long terme du pays[85].
Les lacunes et les faiblesses
En Chine, malgr les pressions lies lÕintgration de la Chine dans lÕOMC et la mondialisation du droit, les lacunes et les faiblesses en matire dÕapplication et de respect du droit restent encore considrables. La Chine ne pas encore acqurir une mentalit et un comportement juridiques comparables avec les pays occidentaux.
Le premier facteur concerne lÕimperfection du systme juridique. Le difficile tablissement dÕune hirarchie des normes tant au plan national quÕentre lÕEtat et les collectivits locales est entrav par lÕautonomie de fait de certaines collectivits locales et lÕinitiative personnelle de certains fonctionnaires. LÕinefficacit de la procdure de vrification et de contrle des textes locaux par le gouvernement contribue au dsordre normatif et au morcellement du droit. La fragmentation des sources du droit des contrats (avant la nouvelle loi), du droit des entreprises avec plus dÕune vingtaine de lois et rglements, ou du droit du travail avec une centaine de textes nationaux et locaux sous deux ministres de tutelle, rend alatoire le cadre juridique des affaires. Le droit des affaires peut varier selon les zones gographiques, le statut de lÕentreprise ou le type dÕactivit. Ė ce constat, peuvent sÕajouter les retards dans la mise en Ļuvre des textes, les incertitudes lies lÕinterprtation, les risques de rtroactivit des textes juridiques, lÕabsence dÕun vritable Journal Officiel quotidien et exhaustif et lÕarbitraire de lÕadministration.
Le deuxime facteur concerne les carences de lÕinstitution judiciaire avec un engorgement et un retard croissants et un nombre considrable de jugements non excuts. Et bien que la Cour populaire suprme et le Parquet Populaire Suprme aient adopt rcemment toute une srie de mesures [86]visant amliorer le fonctionnement des Tribunaux, lÕexcution des jugements et lÕapplication du droit en matire civile et conomique, ce qui a permis de constater une amlioration fin 1998 et dbut 1999, il reste un long chemin parcourir. Ainsi, il convient dÕobserver la quasi-absence de poursuites pnales en matire de contrefaons de marques (11 cas sur 6.328 au 1er semestre 1999). Les causes nombreuses et complexes tiennent principalement une faible formation juridique dans les juridictions infrieures, une culture juridique peu procdurire, une absence dÕindpendance des juges lÕgard des pouvoirs locaux et un protectionnisme local li la dcentralisation.
Troisime facteur, lÕlaboration du droit des affaires reste empreinte dÕun fort contrle tatique, politico-administratif, particulirement en matire dÕinvestissement tranger, comme de commerce international. Les investisseurs trangers doivent se conformer au Catalogue dÕorientation des investissements trangers et sont soumis un double contrle administratif a priori et a posteriori, toujours tatillon, malgr une autonomie locale plus grande. La rglementation du commerce extrieur impose toujours une licence dÕoprateur du commerce extrieur et la pratique de quotas. Le contenu du droit des affaires demeure trs dpendant des choix de politique conomique tant en ce qui concerne la restructuration des entreprises dÕtat et ses consquences sociales, lÕouverture du march intrieur, le dveloppement de la Bourse ou la drgulation, les rformes de la fiscalit, du systme financier et du droit de proprit.
Deux courtes illustrations parmi beaucoup dÕautres peuvent tre fournies. La premire montre les limites du droit des entreprises en difficult. La loi provisoire de 1986 sur la faillite[87], sujet tabou, est un texte isol, peu appliqu et insuffisant, o lÕide de prvention des difficults des entreprises est absente. Alors que le droit franais aborde le traitement et la prvention des difficults, il nÕexiste pas en Chine de procdures de redressement dÕentreprise en difficult. Seul lÕaspect liquidation est rglement et de surcrot par plus dÕune dizaine de textes nationaux et locaux [88]. Gnralement, cÕest la loi qui institue une des formes dÕentreprises qui en organise galement la liquidation. Une seule loi traite exclusivement de la liquidation dÕentreprise. Elle ne concerne que les entreprises capitaux trangers et ne vise pas les socits par actions et les socits responsabilit limite. LÕaffaire de la faillite du G.I.T.I.C. a dmontr les lacunes de la rglementation actuelle, mais aussi la volont du pouvoir dÕen tirer des leons au moment mme o circule un nouveau projet de loi sur la faillite.
La seconde illustration tient l encore aux incertitudes sur le cadre juridique, quÕentretiennent les autorits chinoises face des oprations et des montages raliss par des investisseurs trangers et dont la valeur juridique peut tre remise en cause, comme cÕ tait le cas en 1999 pour les investissements dans le commerce de dtail pour des supermarchs et pour lÕaffaire Unicom[89].
Enfin et surtout, il faut ajouter des facteurs aggravants : la corruption, les fraudes conomiques, le racket et la contrebande. Le nombre trs important de condamnations de fonctionnaires, dÕhommes dÕaffaires et mme dÕhommes politiques par les Tribunaux ces deux dernires annes pour fait de corruption et fraude ainsi que le coup de balai dans la magistrature en 1998 atteste de la volont de lutter contre ces flaux mais aussi de lÕimportance du phnomne [90]. Comme lÕcrivait, il y a quelques mois le Fazhi Ribao (Quotidien de la lgalit), lÕheure est au Ē nettoyage Č contre des pratiques dÕaffaires illicites et le Premier Ministre Zhu Rongji, lors de lÕouverture de la session annuelle de lÕA.N.P., le 5 mars 2000, a fait de la moralisation de la vie publique sa priorit.
Le passage dÕun tat de lois, situation actuelle, un tat de droit , ne se fera quÕ travers une vritable rforme constitutionnelle, dfinissant plus clairement la sparation des pouvoirs, la dfense des droits des personnes et instaurant un vritable contrle de constitutionnalit. La Constitution actuelle de 1982 est une entrave une relle transition conomique et juridique. La contradiction entre le principe de suprmatie de la Constitution et le principe fondamental de direction du Parti nÕest pas lev. Ē Comme lÕont reconnu quelques universitaires chinois, pour que la Chine se dote dÕun tat de droit, il est ncessaire de changer certains principes fondamentaux de la Constitution et non dÕajouter quelques simples amendements qui intgrent les nouvelles politiques du Parti Č[91].
3.7 Le droit de HongKong intgrer et influencer
HongKong est retourn la Chine dj depuis neuf ans. Le monde entier a constat que le concept Ē un tat, deux systmes Č devient une ralit et marche bien.
Il sÕagit de lÕun des vnements les plus intressants de lÕhistoire judiciaire. Le systme lgal chinois est bas sur des concepts socialistes Marxiste- Lniniste- Maoste, avec des influences tires de quatre mille annes de civilisation chinoise et des codes europens, alors que le systme hongkongais est bas sur la Common Law anglaise. Il existe dÕautres exemples du concept Ē un pays, deux systmes Č travers le monde, mais pas aussi radicalement diffrents que la Chine et Hong-Kong.
Le statut de la Rgion administrative spciale (RAS) de HongKong a t organis par la Loi fondamentale de HongKong, adopte, il y a plus dix ans dj, le 4 avril 1990 par le 7e Congrs national du peuple de la Rpublique populaire de Chine, et en vigueur depuis le 1re juillet 1997. Le prambule de la Loi fondamentale prcise : Ē Eu gard au principe --un pays, deux systmes --, le systme et les politiques socialistes ne seront pas pratiqus HongKong Č.
Ė lÕexception des affaires trangres et de la dfense, symboles de la souverainet de lÕEtat et domaines rservs du gouvernement central de la Rpublique populaire de Chine, la RAS de HongKong bnficie toujours dÕune autonomie trs large. La Loi fondamentale a dot HongKong de pouvoirs excutif, lgislatif et judiciaire autonomes, y compris la juridiction de dernier ressort, et lui permet de conserver pour cinquante ans le systme et le mode de vie capitalistes existants. Il est donc clairement tabli que la RAS de HongKong est un rgime de droit dans lequel les liberts fondamentales sont garanties ainsi que le systme conomique sur lequel HongKong a fond son dveloppement et sa prosprit. Les entreprises trangres ont, pour cette raison, plutt intrt monter leurs affaires dans la rgion partir dÕune structure de droit hongkongais, que sur la base dÕune structure rgie par le droit chinois.
Toute lÕoriginalit et la nouveaut du systme rsident dans ce compromis entre la reprise de la souverainet de la Rpublique populaire de Chine sur HongKong et le maintien dÕune autonomie politique, conomique et judiciaire. Symboles de ce compromis : deux langues et deux drapeaux. Le chinois et lÕanglais sont dsormais les deux langues officielles de la RAS et ce titre, les autorits administratives, lgislatives et judiciaires de la Rgion peuvent les employer indiffremment. La RAS de HongKong est galement le seul territoire autoris utiliser, outre les drapeaux et emblme de la RPC, ses propres drapeaux et emblme sur lesquels figure la fleur de Bauhinia.
LÕorganisation judiciaire
La RAS de HongKong dispose actuellement dÕun systme judiciaire indpendant de la Chine, organis en Court of Final Appeal, High Court, District Courts, Magistrate Courts, ainsi que dÕautres juridictions spcialises. La High Court runit les juridictions de premier degr et dÕappel, et le dernier degr de juridiction est exerc par la Court of Final Appeal qui a la particularit de pouvoir proposer des magistrats de juridictions dÕtats de Common Law de siger aux audiences quÕelle tient.
La Court of Final Appeal a repris la fonction exerce prcdemment par le Privy Council Londres, sous lÕAdministration britannique, et son fonctionnement est similaire, tout en prsentant lÕavantage de se situer HongKong et non plus lÕautre bout du monde, comme dans le pass.
LÕinterprtation de la Loi fondamentale est du ressort du Comit permanent de lÕassemble populaire nationale. Toutefois, les Tribunaux de HongKong sont autoriss interprter toutes les dispositions de la Loi fondamentale, lÕexception de celles concernant les affaires, qui sont de la responsabilit du gouvernement central du peuple ou celles concernant la relation entre les Autorits centrales et la Rgion, chaque fois quÕune interprtation est ncessaire lÕoccasion dÕune procdure judiciaire.
Beaucoup de discussions ont eu lieu, quand le gouvernement de HongKong a sollicit lÕinterprtation dÕun article de la Loi fondamentale concernant le droit de sjour par le Comit permanent de lÕAssemble populaire nationale, suite un arrt de la Cour suprme de HongKong, accordant ce droit un plus grand nombre de personnes, que voulu par le gouvernement. Cet acte tait considr comme une atteinte lÕindpendance de lÕautorit judiciaire. Le Comit permanent de lÕAssemble populaire nationale a donn une interprtation plus restrictive lÕarticle litigieux, donnant raison au gouvernement et en dsavouant en quelque sorte la Cour suprme. Cette dernire nÕa pas maintenu sa position dans des affaires juges aprs cet incident.
Les juridictions jugent les affaires conformment aux lois de la RAS, et peuvent se rfrer la jurisprudence des autres juridictions de la Common Law. Par ailleurs, le systme de jury a t maintenu. Au pnal, comme au civil, les principes directeurs du procs et les droits des parties reconnus avant 1997, comme le droit dÕtre jug rapidement, le droit un procs quitable et la prsomption dÕinnocence, ont t maintenus.
Les procdures devant les Cours et les Tribunaux de la RAS de HongKong se droulent maintenant soit en anglais, soit en chinois. La qualit et lÕindpendance du systme judiciaire en cas dÕutilisation du chinois comme langue ont t maintenues. Ainsi, mme si le juge peut dcider quelle langue utiliser au cours dÕun procs, les parties, les tmoins et les reprsentants lgaux sont nanmoins libres dÕutiliser une des deux langues officielles, mme si leur choix est diffrent de celui du juge.
LÕutilisation du chinois devant les juridictions est de plus en plus frquente. Mme si actuellement les deux systmes juridiques sont diffrents, il est vident quÕil y aura de plus en plus un lien troit entre le systme juridique de la RAS et la Chine. Cela sera une processus de commun accord. Des relations dÕassistance mutuelle et de coopration sont actuellement mises en place entre les autorits judiciaires de la RAS et leurs homologues du reste de la Chine, afin de contribuer une meilleure comprhension des deux systmes.
Le droit applicable HongKong
La scurit juridique des affaires dans la RAS de HongKong est assure par des conventions internationales, des normes de source Ē interne Č, comme la Loi fondamentale, les lois antrieures lÕtablissement de la RAS de HongKong, celles adoptes par les autorits lgislatives de la Rgion et quelques lois nationales vises lÕannexe 3.
Outre les lois internes, les conventions internationales auxquelles HongKong a adhr font galement partie du droit applicable dans la RAS. Mais il faut prciser que certains accords internationaux conclus par la Chine ne sÕappliquent pas la RAS et inversement, ce qui peut affecter les relations juridiques entre des socits trangres et des socits chinoises.
Aussi est-il primordial de prciser dans les contrats conclus entre une socit trangre et une socit chinoise de HongKong si le contrat est soumis au droit de la Chine ou celui de la RAS de HongKong. En cas de rfrence un accord international, il faudra galement vrifier le domaine dÕapplication de celui-ci.
La Loi fondamentale est une constitution crite, comportant 160 articles et 3 annexes. Les systmes et politiques pratiqus dans la RAS, le systme de sauvegarde des droits et liberts fondamentaux des rsidents, et les pouvoirs excutif, lgislatif et judiciaire, doivent se baser sur les dispositions de la Loi fondamentale. Toutes les lois adoptes par les autorits lgislatives de la RAS doivent tre conformes la Loi fondamentale.
En vertu de la Loi fondamentale toutes les lois existantes avant le 1er juillet 1997 sont restes en vigueur, sauf 24 Ordonnances considres par le Comit du congrs national du peuple comme tant contraires la Loi fondamentale. Mme si la RAS de HongKong jouit dÕune grande autonomie, elle nÕen demeure pas moins partie intgrante de la Chine.
Certaines lois nationales de Chine sont dotes dÕun effet direct dans la RAS de HongKong, il sÕagit des lois relatives aux domaines de la dfense et des affaires trangres dans lesquels la RAS ne possde aucune comptence.
DÕautres, pour tre efficaces, ont d faire lÕobjet dÕune loi spciale les intgrant au droit de la RAS . Ces lois sont numres lÕannexe 3 de la Loi fondamentale et sont au nombre de six :
„ La rsolution de 1949 relative la capitale, au calendrier, lÕhymne national et au drapeau national ;
„ La rsolution de 1949 relative la date de la fte nationale, les 1er et 2 octobre
„ LÕordre du gouvernement populaire central de 1950 relatif lÕemblme national de la Chine ;
„ La dclaration gouvernementale de 1958 sur la mer territoriale ;
„ La loi de 1980 sur la nationalit ;
„ Les rglements de 1986 relatifs aux privilges et immunits diplomatiques.
Les lois nationales ne figurant pas sur cette liste ne sont thoriquement pas applicables dans la RAS. Cependant, il faut prciser que la Loi fondamentale donne pouvoir au Comit permanent de lÕAssemble populaire nationale pour modifier cette liste, aprs avis de la Commission de la Loi fondamentale et du gouvernement de la RAS. Toutes les conditions sont donc runies pour permettre la RAS de HongKong dÕassurer une vritable scurit juridique des affaires, de faon actuellement autonome du pouvoir central de la Chine.
Pour conclure, le systme contractuel et judiciaire de HongKong a fait ses preuves et permet aux entreprises qui font le choix de sÕimplanter HongKong de bnficier pour leurs oprations en Chine dÕun systme juridique performant et dÕune protection juridique accrue.
Sur le long terme, le concept de Ē un tat, deux systmes Č est intrinsquement instable, en particulier lorsque les deux systmes sont aussi diffrents que la RAS de HongKong et la Chine. LÕide dÕune totale indpendance de la RAS de HongKong, en matire de scurit juridique pour les affaires, ou de faon gnrale, est difficilement concevable dans lÕavenir.
Invitablement, avec le dveloppement des communications et des mouvements de population entre les deux systmes, ceux-ci tendront vers une intgration.
Les optimistes pensent que la Chine voluera vers le systme juridique de HongKong, les pessimistes, quant eux, estiment que la petite RAS de HongKong aura peu dÕimpact sur une Chine de 1,2 milliards dÕhabitants et 4.000 ans dÕhistoire. Une chose est sre, la situation ne peut encore quÕvoluer et il nÕy a pas de lieu ou dÕpoque plus intressante pour un avocat.
Conclusion
La rforme du droit chinois reste un difice en construction. Cette Longue Marche inacheve nÕempruntera donc pas un chemin unique, mais traversera au contraire un certain nombre de voies alternatives, y compris celle qui prolonge lÕexistence du rgime autoritaire actuel en ignorant lÕapparition de ce qui pourrait devenir une opposition politique organise et la monte en puissance dÕune socit civile vivante. Le pouvoir chinois ne connat pas encore le but dfinitif des rformes conomiques quÕil a entreprises et rsiste activement toute transformation du rgime en une dmocratie librale. LÕabsence de volont politique partage nuit la qualit de la loi et lÕtablissement dÕun vritable tat de droit. Mais de quelle sorte de rationalit juridique a-t-on besoin dans une conomie de march ? Il semble quÕune rationalit informelle pareille celle quÕoffre le systme chinois dÕaujourdÕhui suffise crer un environnement propice aux affaires sans poser les fondements lgaux dÕun futur tat, si ce nÕest immdiatement dmocratique, du moins transparent, respectueux de la personne humaine et contrl indpendamment[92]. Cette hypothse remettrait profondment en cause les critres dÕanalyse sur lesquels les organisations internationales fondent leur apprciation de la qualit dÕune gouvernance qui a remplac lÕide de conditionnalit dmocratique.
Le despotisme chinois sÕaccommode fort bien dÕun capitalisme revisit car dpourvu de son fondement dmocratique. Se satisfera-t il aussi dÕun tat de droit travesti ? En proie des bouleversements continus et ncessaires au renouvellement dÕune grande culture qui tend par essence vers une certaine forme dÕuniversalit protectrice des diffrences et de lÕindividu, la Chine doit dsormais trouver sa propre voie (Dao)[93].
La coopration juridique et judiciaire avec des pays occidentaux, permet des juristes chinois de rflchir dÕautres voies de rforme, de se poser des questions sur leurs propres traditions et habitudes. Cependant, par lÕapproche de lÕanthropologie juridique, lÕexprience de lÕtude comparative avec le systme Chinois, mettra en lumire les diffrents paramtres du jeu des lois, et ouvrira de nouveaux lieux de rflexion[94].
Bibliographie
Assier-Andrieu, Louis, Le Droit dans les Socits Humaines. Coll. Ē Essais et Recherches ČParis, Nathan, 1996.
Balazs, Etienne La Bureaucratie Clcste. Gallimard, Paris, 1968.
Bergre, Marrie-claire La Chine au XXm sicle, de 1949 aujourdÕhui, Paris, Fayard 1990.
Bergre, Marrie-claire, La Rpublique Populaire de Chine de 1949 nos jours, U Histoire, Armand Colin, Paris, 1989.
Bissonnett ,Alain La coopration avec la Chine dans le domaine de la rforme juridique et judiciaire R.I.E.J.,2002.
Cabestan, J.P., Chine : un tat de lois sans tat de droit , Revue Tirer Monde, no 147, juillet-septembre 1996.
Cai, Chongguo ,O va la Chine : Dix ans aprs la rpression de Tien'anmen, vingt ans aprs le lancement des rformes conomiques, Edition du Flin, 2000.
ChÕu TÕung-tsu, Law and Society in Traditional China, Paris, Mouton, 1961.
CHING, Frank, Ē Rough Justice, The Law is no longer an ass, but many judges still are Č,Far Eastern Economic Review 1998.
Clarke, Donald C. Economic Development and the Rights Hypothesis: The China Problem, The American Journal of Comparative Law, vol. LI, 2003
Eberhard, Christoph, Un Itinraire entre altrit, complexit et inter-culturalit, 2002.
FABRE, Guilhem : Chine: Crises et mutation. LÕHarmattan, Paris, 2002.
FENG Chen , Economic Transition and Political Legitimacy in Post-Mao China. State University of New York Press, 1995.
Gulik, Robert van, Trois affaires criminelles rsolues par le juge Ti Christian Bourgois, Paris, 1987.
Huang, Philip C.C., Civil Justice in China /Representation and Practice in the Qing , Stanford university Press 1996.
Lasterle, Philippe, La France, la Marine et la Chine : aperu des relations franco-chinoises travers le prisme naval, Etudes bilatrales, 2001.
LEYS ,Simon , LÕhumeur, lÕhonneur, lÕhorreur, S.A.Robert Laffont, Paris 1991.
LI Yuwen, Avocat : une profession florissante , Perspectives Chinoises, no 56, 1999,
LIU Nanping, Judicial Interpretation in China [Opinions of the Supreme PeopleÕs Court] , Sweet &Maxwell Asia ,1997.
Lubman, Stanley LÕIncomplete Reforme par le Droit, Press University of California,2004.
Meissner, Werner, La Voie Orthodoxe Paris, Fayard ,1990.
Pospisil, L., Legal Levels and Multiplicit of Legal systems in Human Societies , Journal of Conflict Resolution, 1967.
Ren Xin , Tradition of the law and law of tradition /Law, State, and Social Control in China, Greenwood Press, 1997.
Spence, Joanthan D. The Gate of Heavenly Peace/The Chinese and their Revolution, 1895-1980,New York, Penguin Books, 1981.
Spence, Jonathan D., The Search for Modern China, New York, W.W. Norton & Company 1990.
Sprenkel, Sybille van der, Legal institutions in Mandchu China A Sociological Analysis, University of London, The Athlone Press, 1962.
TAY, Alice Ehr-soon, Culture Juridique Chinoise. Dans Une Introduction aux Cultures Juridiques Non occidentales, Bruxelles, 1998.
Teiwes, Frederic C., Establisment and Consolidation of the new regime, in Cambridge history of China, 1949-1956 , 1987.
TONG ,Yanqi, Ņpolitical development in Reforming ChinaÓ The Chinese University Press, 1998,
Vandermeersch, Lon, Pouvoir dÕEtat et socit civile dans la tradition confucianiste, Etudes Sinologiques, Paris PUF, 1994.
Wang Lui, hui chen, The Traditional Chinese clan rules. New York, J.J. Augustin Incorporated Publisher, 1959.
YU Xingzhong, Legal pragmatism in the peopleÕs of ChinaÓ 1989, Journal of Chinese law, 1997
ZHENG Shiping, Party vs. State in Post-Mao China. Cambridge University Press, 1997.
Zheng, Shiping, Party vs. State in Post-Mao China. The Institutional Dilemma, Cambridge University Press, 1997.
Zhou Yezhong, La suprmatie de la Constitution : LÕesprit dÕun mouvement chinois vers lÕtat de droit in Faxue Pinglun (Tribune juridique), 2002.
List de rglements
Ē Explications relatives au projet dÕamendement constitutionnel Č prsentes lors de la 9e APN. le 9 mars 1999, Renmin Ribao (China Daily)
Loi organisation courte et parquet 1996
Rapport annuelle de la Cour populaire suprme le 1998
Loi sur les faillites dÕentreprises ( lÕessai) adopte le 2/12/86 et entre en vigueur le 1/11/88
La nouvelle loi sur la profession dÕavocat en Chine Č dans Ē La Chine et le Droit : les volutions rcentes Č du 14 au 16 dcembre 1997
Mesures provisoires sur le travail dÕexcution des Tribunaux populaires adoptes par la Cour populaire suprme le 11/06/98
Principes Gnraux du Droit Civil du 12/04/86
Loi sur les faillites dÕentreprises ( lÕessai) adopte le 2/12/86 et entre en vigueur le 1/11/88
Loi sur les socits du 29/12/93
Loi sur les entreprises capitaux mixtes du 1/07/79 modifie le 4/04/90
Rglement dÕapplication sur les entreprises mixtes coopratives du 7/08/95
Loi sur les entreprises capitaux entirement trangers du 12/04/86
Loi sur les socits en participation du 23/02/97
Rgles sur les Socits de la Province du Guangdong du 14/05/93
The Basic Law of the Hong Kong Special Administrative Region (The Basic Law) was adopted 04/04/1990 by the Seventh National People's Congress (NPC) of the PRC. It came into effect
01/07 /1997
Sites Internet
http://www.chinacourt.org Site du Courte populaire
http://www.jcrb.com.cn Le quotidien des Parquets chinois est
http://www.china.com.cn/french/ LÕInstitution chinoise
http://www.hkba.org Hongkong Bar Association
http://www.legainfo.gov.cn. Les lois chinoise en traduction anglaise
http://www.chieselawyer.com.cn. All China Lawyer Association
[1]Simon LEYS LÕhumeur lÕHonneur LÕHorreur Robert Laffont, S.A.Paris 1991 P 13-15
[2] Christoph Eberhard, Un itinraire entre altrit, complexit et interculturalit, 2002
[3] 1925 - 1995, professeur de philosophie et d'anthropologie sociologique. Ses publications principals : Cause and meaning in the social sciences (Routledge and Kegan Paul, London 1973); Contemporary thought and politics (Routledge and Kegan Paul, London, 1973); Reason and culture: the historic role of rationality and rationalism (Blackwell, Oxford, 1992)
[4] Alice Ehr-soon TAY, Culture Juridique Chinoise. Dans Une Introduction aux cultures juridiques non occidentales, Bruxelles,1998 p. 208
[5] Li, Rituel protgeant lÕordre social et impliquant donc la rectitude morale, autrement dit, Ē comportement correct Č .Le sens donn au mot Li varie selon le contexte, mais se rapporte le plus souvent lÕide de rgle de conduite, de rite, ou de loi morale. Les penseurs chinois de lÕantiquit dcrivent ainsi les fonctions du Li : Sans ces rgles, les devoirs mutuels du prince et du sujet, du suprieur et de lÕinfrieur, du pre et du fils, du frre plus g et pun, ne peuvent tre dtermins. Le Li sert donc tablir et maintenir les diffrences de statut. Et la justice doit tre rendue conformment au Li .
[6] L. Pospisil, Legal Levels and Multiplicit of Legal systems in Human Societies , journal of Conflict Resolution, 1967, vil 2
[7] Tao ou parfois Dao signifiant : Ē la voie Č, Ē le chemin Č. La recherche de la sagesse en Chine se fonde principalement sur l'harmonie. L'harmonie, pour les taostes, se trouve en plaant son cĻur (et son esprit, le caractre chinois du cĻur dsigne les deux entits) dans la Voie (le Tao), c'est--dire dans la mme voie que la nature. En retournant l'authenticit primordiale et naturelle, en imitant la passivit fconde de la nature qui produit spontanment les Ē dix mille tres Č, l'homme peut se librer des contraintes et son esprit peut Ē chevaucher les nuages Č.
[8] Han Feizi philosophe et penseur politique chinois (233 av. J.C.) du courant lgiste. Selon lui, l'ordre et la prosprit ne peuvent tre apports que par un tat fort, qui repose sur des lois trs strictes et non sur la morale et la comprhension, contrairement au confucianisme. Han Feizi reprend de son matre le confucianiste Xun Zi (environ 310 av.J.C.)LÕide que l'homme est foncirement goste. Il ne partage pas son optimisme et ne pense pas qu'il peut s'amliorer par l'ducation, ni que l'intrt particulier d'un individu ne puisse jamais s'accorder avec l'intrt gnral. Il s'agit plutt, d'une part, d'empcher le sujet de commettre des actions contrevenant aux intrts de l'Etat et du souverain en appliquant des lois aussi infaillibles et invitables que la loi naturelle, et d'autre part, de l'inciter obir et se soumettre l'autorit du Fils du Ciel par l'octroi tout aussi infaillible et automatique de rcompenses en proportion, non des mrites, mais de l'obissance. Han Feizi appelle ces deux principes essentiels de chtiment et de rcompense Ē les Deux Manipules Č. Han Feizi s'inspire ici de la nature, tout comme les taostes. Les prceptes taostes sont la base de la doctrine lgiste qui professe qu'un souverain exemplaire doit gouverner de faon ce qu'il ne lui soit mme plus ncessaire de sanctionner. En effet, comme la doctrine taoste incite le pratiquant de la Voie pratiquer le non-agir, c'est--dire l'action dans l'inaction, gouverner conformment au Tao implique de ne pas accomplir d'acte au sens positif du terme.
[9] Dans la Chine impriale, le droit, comme rgulateur des rapports sociaux, tait aussi prsent car la vision politique confucianiste est une vision idalise, celle de lÕlite, de ce qui devrait tre.
[10] Lon Vandermeersch, Pouvoir dÕEtat et socit civile dans la tradition confucianiste, Etudes Sinologiques, Paris PUF, 1994p.193. Citons ici un article qui prcise les diffrents mots chinois employs pour parler de loi,Tsisen Tche-hao, Le concept de Ē Loi Č en chine .dans Archives de Philosophie du droit. 1980,25.
[11] Traduction de Lon Vandermeersch, ibid., p 6,du passage dÕun autre classique chinois, le Shi ji.
[12] Lon Vandermeersch , La formation du lgisme, op.cit, p.194
[13] Etat fodal de Zheng ,en 536 avant J.-C.,
[14] Rdige au III s. avant J.-C.
[15] Robert van Gulik . (1910 Ń1967) Il a traduit des recueils dÕarrt comme Arrts parallles rendus sous le poirier en anglais. Robert van Gulik ,crivain de langue nerlandaise, anglaise, japonaise, voire latine. Diplomate (Japon, Chine, tats-Unis, Indes, Indonsie, Liban, Core) et sinologue fort rput, en 1948, il traduit un roman policier chinois, le Dee Gong An, trois affaires criminelles rsolues par le juge Dee-Jen Djieh,
Fonctionnaire de l'poque T'ang (7e sicle de notre re). Puis, s'inspirant de vieux rcits chinois, il crira dix-sept rcits policiers fictifs, affaires mystrieuses dbrouilles par son juge Dee (rebaptis Ti en franais).
[16] Robert van Gulik, Trois affaires criminelles rsolues par le juge Ti Christian Bourgois, Paris, 1987. P 9-11
[17] Etienne Balazs, La Bureaucratie Clcste. Gallimard, Paris, 1968.p. 271.
[18] Ibid, p.272
[19] Le Code Tang est le premire Code Chinois on a trouv completement.qui etait le Code pour la dynastie Tang (618-907) . Ce Code a influenc aussi le droit japonais et le droit annamite, entre autres.
[20] Robert van Gulik, Trois affaires criminelles rsolues par le juge Ti Christian Bourgois, Paris, 1987. p.30
[21] Ibid., p.32
[22] Wang Lui hui chen The Traditional Chinese Clan Rules. New York, J.J. Augustin Incorporated Publisher, Locust Valley, 1959, Ē Monographs of the Association for Asian Studies VII Č, P37
[23] Sybille van der Sprenkel, Legal institutions in Mandchu China A Sociological Analysis, London, University of London, The Athlone Press, 1962, coll. London School of Economics Monographs on Social Anthropology, n”24,180 pages, p.98
[24] Ibid., P. 101. Dans certains cas, les Aines de villages avoisinants pouvaient tre sollicits comme arbitres.
[25] Ibidem.
[26] Philip C.C.Huang , Civil Justice in China /Representation and Practice in the Qing , Stanford university Press 1996, p.11
[27] Ibid., p. 123.
[28] Ibid., p. 125.
[29] Sybille van der Sprenkel, op. cit., p. 96.
[30] Louis Assier-Andrieu, Le Droit dans les Socits Humaines. Coll. Ē Essais et Recherches ČParis, Nathan, 1996, p.187.
[31] Ibid., p.188
[32] ChÕu TÕung-tsu, Law and Society in Traditional China, Paris, Mouton, 1961, p. 178-185
[33]En
octobre 1911, une rbellion clate dans le sud de la Chine. Les insurgs
proclament la Rpublique et forment un gouvernement provisoire. Trs vite, 14
des 18 provinces de l'empire chinois se rallient la Rpublique. Sun Yat-sen,
est proclam prsident provisoire de la Rpublique.
Cependant, Pkin, le pouvoir tombe entre les mains de Yuan Shikai, ancien
conseiller de l'Impratrice, Ts'eu-hi. Il oblige le petit empereur abdiquer,
proclame son tour la Rpublique le 13 fvrier 1912 et se pose en rival des
rpublicains du sud. Sun Yat-sen, peu dsireux de provoquer la division du
pays, laisse Yuan Shikai la Prsidence de la Rpublique.
En janvier 1914, Yuan Chekai dissout l'Assemble en mai, abroge la Constitution Provisoire et la remplace par la "Constitution de la Rpublique de Chine". Enfin, il proclame la restauration de l'Empire le 12 dcembre 1915. Sa mort, le 6 juin 1916, rduit nant son rve Imprial.
[34]Voir Joanthan D.Spence, The Gate of Heavenly Peace/The Chinese and their Revolution, 1895-1980,New York, Penguin Books, 1981. Cet ouvrage trace toute lÕhistoire intellectuelle de cette priode.
[35]Le Kuomintang (KMT) ou Guomindang, Parti Nationaliste Chinois a t fond dans la province du Guangdon le 25 aot 1912 par le docteur Sun Yat-sen. Le KMT tait form par plusieurs groupes rvolutionnaires, incluant le Tongmenghui, parti dmocratique et socialiste modr. Le Parti Communiste Chinois fut alli du KMT jusqu' la mort de Sun Yat-Sen. Chiang Kai-sheks furent tous deux aids par le Parti Communiste Russe dans la lutte contre l'imprialisme chinois, japonais, Europen (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Portugal et Amricain). Chiang Kai-Shek prit le pouvoir et dcida de commencer la guerre entre les deux partis la fin de la seconde guerre mondiale. Cette guerre civile a dur quatre ans. En 1949, Le Kuomintang se rfugia Taiwan.
[36]Philippe Lasterle, La France, la Marine et la Chine : aperu des relations franco-chinoises travers le prisme naval ,2001 ,Etudes bilatrales
[37] Roscoe Pound (1870 Š 1964) est un sociologue et juriste amricain.
38 Mireille Delmas-Marty : professeur au Collge de France, titulaire de la chaire dÕtudes juridiques comparatives et dÕinternationalisation du droit.
ĒAprs la chute de lÕEmpire, les rvolutionnaires ne renoncent pas lÕoccidentalisation.
Bien au contraire, Ē la Chine avait eu tort de trop copier la lettre des thories trangres dans les premires annes de sa Rvolution, sans considration de sa propre histoire Č. Aussi les rformateurs de la priode suivante dfendront-ils des formes plus innovantes dÕhybridation intgrant la tradition chinoise, comme la Ē thorie des Cinq pouvoirs Č. Mais la priode des Seigneurs de la Guerre, puis le rgime nationaliste qui sÕinstaure de 1927 1949 sont marqus par le retour la spcificit chinoise, dÕailleurs soutenue par des juristes occidentaux comme Escarra.
Aussi lÕeffort de modernisation, lanc la fin de la dynastie des Qing par des juristes rformateurs comme Shen Jiaben, fut-il largement abandonn aprs la rvolution de 1911, la Rpublique, entre 1912 et 1949, ayant davantage import des textes trangers que systmatis des rgles existantes.
[39] Le Japon a envahi la rgion du nord-est de la Chine en 1931 et la guerre de rsistance aux envahisseurs japonais a dur 8 ans en Chine.
[40] Werner Meissner, La Voie Orthodoxe Paris, Fayard 1990 p. 11
[41] Ibid.p.23
[42] Marie-Claire Bergre, la Chine au XX sicle, de 1949 aujourdÕhui, Paris, Fayard 1990. p.184
[43] En 1957, dÕabord il y a la Campagne des Cent Fleurs, suivie par la compagne anti-droite.
Le dsastreux Grand Bond En Avant est lanc en 1958, et fait des millions de morts par la famine pendant les trois ans de sa dure. Ensuite, de 1962 1965, le Mouvement dÕduction socialiste, qui drape vite en purges contre les intellectuels et les artistes, perscutions qui culmineront durant la Rvolution culturelle jusquÕen 1976.
Ds 1950, le PCC recourt aux campagnes de masse, avec les simulacres de procs quÕon leur connat. JusquÕen 1957, il y a un systme juridique dment dot de diverses institutions, qui coexistait avec ce systme de justice de masse. Ė partir de 1957, la Chine sombre dans un chaos eu sein duquel lÕordre et la justice disparaissent, pour cder la place une vindicte populaire savamment dirige contre tout opposant rel ou prsum.
[44]Zheng Shiping, Party vs. State in Post-Mao China. The Institutional Dilemma, Cambridge University Press, 1997.p.58.
[45]Nous sommes en Guerre Froide, et la majorit des pays occidentaux refusent de reconnatre la Rpublique Populaire de Chine. Cette dernire nÕa de relations quÕavec les pays du Ē bloc sovitique Č .Plus tard, aprs la rupture entre Chine et lÕUnion sovitique en 1965, la RPC se tourne vers les pays non-aligns.
[46]Ren Xin , Tradition of the law and law of tradition /Law, State, and Social Control in China, Greenwood Press, 1997 p.58
[47]Frederic C. Teiwes, Establisment and Consolidation of the New Rgime in Cambridge history of china , 1949-1956 1987, p.108
[48]Ibid ,p.52
[49]Yu Xingzhong, ŅLegal pragmatism in the peopleÕs of ChinaÓ 1989 , journal of Chinese law, He obtained a BA in English Literature from Lanzhou University in China, and an LLM (Master of Laws) and SJD (Doctor of Juridical Science) from the Harvard Law School. His research interests include social and political theory, cultural studies of law, jurisprudence, constitutional and administrative law, constitutionalism in Hong Kong and China, comparative law, Chinese legal history, and PRC law.
[50] Au niveau du comt ou au niveau municipal.
[51] ZHENG Shiping, op. cit . p.45 .Party vs. State in Post-Mao China
[52] Jonathan D. Spence, The Search for Modern China, New York , W.W.Norton & company 1990, p. 705.
[53]La Campagne des Cent Fleurs est lance par le PCC, officiellement pour recueillir lÕopinion de la population sur lÕensemble de la situation. Peu dÕintellectuels souponnent alors que, lorsquÕils sÕexpriment, leurs propos seront retenus contre eux et leur vaudront dÕtre envoys en camp de rducation ou dÕtre autrement perscuts.
Ce mouvement marque une vritable contestation politique contre le rgime. Outre les revendications ouvrires, qui effraient le rgime, ce dernier doit aussi faire face au dsaccord des juges qui se plaignent de lÕinterfrence du PCC dans la sphre judiciaire. Plusieurs expriment leur rprobation face la faon dont la campagne contre les contre-rvolutionnaires a t mene, qui a abouti la condamnation dÕun grand nombre dÕinnocents.
[54]ZHENG Shiping, op. cit . p.73 .Party vs. State in Post-Mao China.
[55] Bergre M.C, La Rpublique Populaire de Chine de 1949 nos jours, U Histoire, Armand Colin, Paris, 1989
[56]Avec le soutien de certains leaders dans le Comit central du PCC, Deng Xiaoping revient en force en 1978 et devient la figure centrale des rformes. Cependant, un vnement marquant de cette priode est le procs de la Bande des Quatre, juge responsable des abus de la Rvolution Culturelle. La Bande des Quatre est accuse, entre autres, dÕavoir fait preuve dÕ Ē ultra gauchisme Č. Le procs de Jiang Qing, la veuve de Mao, sÕest poursuivi aprs lÕavnement de Deng Xiaoping.
[57]Modernisation de lÕagriculture, de lÕindustrie, de la technologie et dfense. La dmocratie est la Ē cinquime modernisation Č in Jonathan D. Spence, The Searche for Mondern China. Op.
[58]TONG Yanqi, Ņpolitical development in Reforming ChinaÓ The Chinese University Press, 1998, p.86
[59] FENG Chen , Economic Transition and Political Legitimacy in Post-Mao China. State University of New York Press, 1995,p. 54.
[60]Guilhem FABRE: Chine: crises et mutation. LÕHarmattan, 2002 p. 36 -37
[61]Ė ce moment-l, certaines socits civiles, dans le sens originel du terme, furent cres spontanment. Aprs 1992, le terme Ē socit civile Č tait appliqu par le gouvernement certaines institutions (forcement para gouvernementales), pour rpondre aux interrogations de lÕOccident.
[62]Ė cette poque, est n un courant de Ē littrature des cicatrices Č o des crivains essayent, avec une autocensure assez stricte, de dnoncer certains mfaits de la rvolution culturelle; dÕautres courants. Ils remettaient en cause lÕidologie du marxisme et du maosme. DÕautres encore interprtaient les penses sociopolitiques Occidentales.
[63]Hu Jintao, ayant t lu officiellement nouveau chef suprme du PCC a commenc la formation de son nouveau gouvernement en 2002 au 16e Congrs du PCC.
[64]Rcemment, Le terme "construit une socit harmonieuse", utilis par le Gouvernement, tait en ralit un message d'espoir! Ė travers son message, le Gouvernement voulait rassurer la population qu'une mutation trop brutale serait contraire aux intrts des diffrentes couches sociales.
[65]YU Xingzong, op. cit. [note 48]
[66]En 1949, le PCC a dcid que la ralit la plus pressante tait la ncessit de btir un appareil tatique, considr alors comme la composante essentielle de la dictature du proltariat. Par consquent, plusieurs lois et rglements relatifs certaines institutions ont vu le jour. En 1952, lorsque le PCC constate que la corruption constitue le problme du moment, une lgislation destine lutter contre la corruption est alors dicte. Mentionnons aussi que chaque constitution chinoise de la RPC porte la marque de lÕenvironnement conomique dans lequel elle a t dicte. Les frquentes rvisions de la Constitution refltent lÕvolution de la dtermination du contenu de la ralit effectue par PCC. Entre autres, la Constitution 1982 enchsse les Quatre Modernisations, celle de 1988 lÕexistence du secteur priv, et celle de 1993 Ē lÕconomie socialiste de march Č.
[67]Frank CHING, Ē Rough Justice, The Law is no longer an ass, but many judges still are Č, Far Eastern Economic Review 1998,
[68]Aprs 1995, situation en train de changer.
[69]LIU Nanping, Judicial Interpretation in China [Opinions of the Supreme PeopleÕs Court] , Sweet &Maxwell Asia ,1997. p. 197
[70] Ainsi Pkin, la fin de lÕanne 1998, il y avait 9.882 jugements en attente dÕexcution, pour des litiges civils reprsentant un montant de plusieurs milliards de Yuan.
[71] Le contenu de la conception asiatique des droits de la personne consiste en un amalgame dÕlments comme : la solidarit familiale, lÕardeur au travail, lÕexaltation de la frugalit et de la loyaut envers lÕEtat Écet valeurs seraient le fondement de la russite conomique.
LÕasiatisme a connu son apoge en 1993, dans la Ē dclaration de Bangkok Č .Dans cette dclaration rgionale lÕ ide affirme est que les droits de la personne sont fonction des contextes culturel et politique spcifiques de chaque Etat, et aussi que le dveloppement conomique constitue lÕobjectif prioritaire des pays concerns.
Voir lÕarticle de Pitman B.Potter Ē defining the Right to Development/ Philosophiecal Differences and their Political Implications Č 1996
[72]Cette notion t prononce par Sun Yat-Sen, le fondateur de la Chine moderne. Dans la Rpublique populaire de Chine, il a labor les Trois Principes du Peuple. Parmi ces trois principes, Ņ droits du peuple Ó t bien incluent dans le deuxime principe La Souverainet du peuple.
[73] Voir Annexe 5
[74]Rapport annuel de la Cour populaire suprme de 1998.
[75] Loi sur les faillites dÕentreprises ( lÕessai) adopte le 2/12/86 et entre en vigueur le 1/11/88.
[76] Cette nature est dfinie par la loi constitutionnelle et la loi organique des Parquets populaires. LÕarticle 129 de la Constitution de la Rpublique populaire de Chine adopte en 1982 stipule que : Ē Les Parquets populaires de la Rpublique populaire de Chine sont les organes dÕtat chargs de contrler lÕapplication des lois. Č Les dispositions de lÕarticle 131 de la Constitution : Ē Les Parquets populaires exercent indpendamment le droit de contrle prvu par la loi, et sans cder aux interventions des institutions administratives et aux interventions des groupes sociaux et des individus. Č
[77] En Chine, il existe deux Parquets spciaux : Le Parquet militaire et Le Parquet du transport par chemin de fer. Le Parquet militaire est un organe spcial de contrle judiciaire au sein de lÕarme de libration du peuple. En vertu de la loi, il exerce le droit de contrle des crimes dans la fonction militaire et les autres crimes pnaux pour les militaires en service.
Le Parquet du transport par chemin de fer comprend : les sous Parquets du transport par chemin de fer qui se trouvent au mme endroit que les siges des directions de chemin de fer, et les Parquets locaux du transport par chemin de fer, qui se trouvent au mme endroit que les siges des sous-directions du chemin de fer.
[78] Au sein du parquet suprme, il y a : le cabinet du parquet, le dpartement politique, le dpartement des enqutes et de lÕapprobation de lÕarrestation, le dpartement de vrification et dÕaccusation, la direction gnrale contre les malversations et la corruption, le dpartement de contrle de la discipline, le dpartement de contrle des prisons, le dpartement de contrle civil et administratif, le dpartement de contrle dÕaccusation et de requte, le centre de dnonciation, le dpartement du contrle du transport par le chemin de fer, le bureau de recherche de la politique juridique, le dpartement de surveillance, le dpartement des affaires trangres, le dpartement de la planification, des finances et des quipements, le dpartement de gestion des affaires gnrales, lÕInstitut national des procureurs, la maison dÕdition du parquet, le bureau du journal du parquet chinois, lÕInstitut de recherche thorique des Parquets de Chine, lÕInstitut de recherches scientifiques et techniques des Parquets de Chine, etc.
[79]Ē La nouvelle loi sur la profession dÕavocat en Chine Č dans Ē La Chine et le Droit : les volutions rcentes Č du 14 au 16 dcembre 1997,
[80]Voir le site http://www.chineselawyer.com.cn/html/union/englishunion/briefintroduction.html.
[81] Voir le site de la Ministre Justice, http://www.legalinfo.gov.cn.
[82] Comme en tmoignent les 200.000 candidats qui se sont prsents en 1999 lÕexamen dÕaccs la profession dÕavocat. En 1998, il y avait 110.000 avocats chinois travaillant dans 8.400 cabinets dÕavocats ainsi que 207 cabinets dÕavocats trangers (cf. China Law Update, septembre 1998, p. 10). Voir aussi Li Yuwen, Ē Avocat : une profession florissante ? Č, Perspectives Chinoises, no 56, novembre,dcembre 1999, p. 20
[83] Voir J.P. Cabestan, Ē Chine : un tat de lois sans tat de droit Č, Revue Tiers Monde, no 147, juillet-septembre 1996, p. 649-668
[84] Voir le site http://www.legalinfo.gov.cn/english/englishindex.htm
[85] Voir les Ē Explications relatives au projet dÕamendement constitutionnel Č prsentes lors de la 9e APN. Par Tian Jiyun le 9 mars 1999, Renmin Ribao, dition Internet, 9 mars 1999.
[86] Mesures provisoires sur le travail dÕexcution des Tribunaux populaires adoptes par la Cour populaire suprme le 11/06/98.
[87] Loi sur les faillites dÕentreprises ( lÕessai) adopte le 2/12/86 et entre en vigueur le 1/11/88
[88] Loi sur les socits du 29/12/93, art. 189 198 ; Loi sur les entreprises capitaux mixtes du 1/07/79 modifie le 4/04/90, art. 13 ; Rglement dÕapplication de la loi sur les entreprises capitaux mixtes du 20/09/83, art. 12 et 100 108 ; Rglement dÕapplication sur les entreprises mixtes coopratives du 7/08/95, art. 47 49 ; Loi sur les entreprises capitaux entirement trangers du 12/04/86, art. 21 et 22 ; Loi sur les socits en participation du 23/02/97, art. 57 64 ; Principes Gnraux du Droit Civil du 12/04/86, art. 45 47 ; Rgles sur les Socits de la Province du Guangdong du 14/05/93, art. 58 65 et 155 163.
[89] Deuxime oprateur chinois de tlphonie, Unicom a t contraint par les autorits chinoises de se dfaire de 45 Joint-ventures avant son introduction en Bourse. Les diffrents contrats, connus sous la formule C.C.F. (China-China-Foreign) avaient permis de contourner lÕinterdiction faite aux socits trangres dÕinvestir dans le secteur des tlcommunications Il devait tre mis fin ceux-ci avant la fin septembre 1999.
Parmi les groupes trangers, France Tlcom a investi 49 millions de dollars dans deux rseaux G.S.M.
[90] Ē Des organisations du Parti, du Gouvernement, de lÕarme, de la justice et de la police participent la contrebande Č crit le Renmin Ribao (Quotidien du Peuple).
[91] Chen Jianfu, ibid., p. 73 et Voir par exemple Zhou Yezhong, Ē La suprmatie de la Constitution : lÕesprit dÕun mouvement chinois vers lÕtat de droit Č in Faxue Pinglun (Tribune juridique), no 6, 1995, p. 1.
[92] Donald C. Clarke, ŅEconomic Development and the Rights Hypothesis: The China ProblemÓ,
The American Journal of Comparative Law, vol. LI, no 1, hiver 2003, p. 89-111
[93] Stanley Lubman LÕIncomplete Reforme par le Droit, press University of California,2004, p.26
[94] Alain Bissonnette : La coopration avec la Chine dans le domaine de la rforme juridique et judiciaire R.I.E.J.,2002, 49, p.282