UNIVERSITE DE PARIS I
PANTHEON-SORBONNE
U.F.R. 07 : ETUDES INTERNATIONALES ET EUROPEENNES
DIPLOME DÕETUDES APPROFONDIES (D.E.A.)
Ē ETUDES AFRICAINES Č OPTION DROIT
MEMOIRE DE D.E.A.
LE TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE :
DE LÕIDEAL PANAFRICAIN A LÕIMPERATIF
DÕUNITE
Prsent et soutenu par Directeur de recherche :
Mademoiselle Monsieur le professeur
Stphanie DUJARDIN
myosotis@doret.com Joseph JOHN-NAMBO
Anne universitaire 2000-2001
(Session
de septembre 2001)
REMERCIEMENTS
Ė Monsieur le Professeur Joseph
JOHN-NAMBO, le directeur de ce mmoire, je voudrais adresser ma gratitude pour
la disponibilit, les conseils et le soutien quÕil mÕa apport tout au long de
mes travaux.
Ė Monsieur le Professeur Alain ROCHEGUDE,
un grand merci pour les orientations quÕil a pu me donner cette anne.
Ė mon compagnon Guillaume DORET, qui a
su me soutenir dans mes moments de doute et de difficult, et son grand-pre Robert DORET, un grand
merci.
Ė mon ami Jean-Christ NKAKTCHAM YONGA,
je voudrais exprimer ma plus grande sympathie et ma joie dÕavoir travaill avec
lui de concert, tout au long de lÕanne.
Ė mon pre.
ABREVIATIONS
A.L.E.N.A. : Accord
de Libre change Nord-Amricain ;
A.S.E.A.N. : Association
des Nations du Sud-Est Asiatique ;
B.A.D. : Banque
Africaine de Dveloppement ;
B.M. : Banque
Mondiale ;
C.E.A. : Communaut
conomique Africaine ;
C.E.A.O. : Communaut
conomique Des tats de lÕAfrique Centrale ;
C.E.D.E.A.O. : Communaut
conomique des tats de lÕAfrique de lÕOuest ;
C.E.E.A.C. : Communaut
conomique de lÕAfrique de lÕOuest ;
C.N.U.C.E.D : Confrence
des Nations Unies pour le Commerce et le Dveloppement ;
F.A.D. : Fond
Africain de Dveloppement ;
F.M.I. : Fond
Montaire International ;
MERCOSUR : March
Commun du Sud;
O.C.D.E. : Organisation
de Coopration et de Dveloppement conomique ;
O.S.C.A. : Organisation
de la Socit Civile Africaine ;
O.U.A. : Organisation
de lÕUnit Africaine ;
O.N.U. : Organisation
des Nations Unies ;
O.M.C. : Organisation
Mondiale du Commerce ;
O.N.G. : Organisations
Non Gouvernementales ;
P.N.U.D. : Programme
des Nations Unies pour le Dveloppement ;
P.R.A. : Programme
de Renaissance de lÕAfrique pour le Millnaire ;
S.A.D.C.C. : Confrence
pour la Coordination du Dveloppement en Afrique ;
U.D.E.A.C. : Union
Douanire et conomique de lÕAfrique Centrale.
Le 12 juillet 2000, les membres de
lÕOrganisation de lÕUnit Africaine (O.U.A.) ont dcid, lors du 36me
Sommet ordinaire de lÕOrganisation Lom au Togo, lÕadoption de lÕActe
constitutif de lÕUnion Africaine.
Entr en vigueur le 26 mai 2001, le
trait de lÕUnion Africaine vise lÕintgration politique et socio-conomique du
continent africain.
La perspective dÕintgration de
lÕAfrique nÕest pas nouvelle, et sÕinscrit plus globalement dans un mouvement
mondial initi il y a un demi-sicle.
En effet, au cours des trente dernires
dcennies du 20me sicle, les tentatives de coopration
multilatrale sur une base rgionale se sont multiplies dans le monde entier.
Le mouvement a t initi en 1957 en
Europe par la signature du trait de Rome, organisant les relations conomiques
entre six Etats europens autour du charbon et de lÕacier.
Depuis lors, de nouvelles solidarits
rgionales ont merg sur lÕensemble des continents, permettant de constituer
avec plus ou moins de succs, des ensembles rgionaux ns de la volont des
Etats dÕorganiser leurs relations avec leurs voisins de faon constructive.
Ces intgrations rgionales (comme
lÕUnion Europenne, lÕAccord de Libre Echange Nord-Amricain (A.L.E.N.A.), le
march commun sud-amricain (MERCOSUR), lÕAssociation des Nations du Sud-Est
Asiatique (A.S.E.A.N.), la confrence pour la coordination du dveloppement en
Afrique australe (S.A.D.C.C.), entre autres), peuvent sembler aujourdÕhui un
modle de dveloppement associ
lÕide dÕessor conomique.
Pour les pays en dveloppement
lÕintgration rgionale nÕest pas une fin en soi ; elle nÕest quÕun volet
dÕune stratgie plus large pour promouvoir une croissance quitable.
Une intgration rgionale russie
permettrait dÕamliorer la concurrence, de rduire les cots de transaction, de
permettre des conomies dÕchelle, dÕattirer les investissements directs trangers
et de faciliter les politiques de coordination macro-conomiques.[1]
Dans les annes 1990, les politiques
librales, la clarification et la modification des rgles commerciales
notamment par la cration en 1995 de lÕOrganisation Mondiale du Commerce (O.M.C.)
et la conclusion de lÕUruguay Round ont renforc lÕintrt et facilit le
rgionalisme.
Dans le cadre de lÕOrganisation de
Coopration et de Dveloppement Economique (O.C.D.E.), le Comit dÕAide au
Dveloppement a ds 1992, encourag les donateurs soutenir les efforts
dÕintgration rgionale.
Paralllement, la Confrence des
Nations Unies pour le Commerce et le Dveloppement (C.N.U.C.E.D.) a incit la
cration dÕun forum de dialogue pour les donateurs et les institutions
rgionales, permettant dÕanalyser et dÕencourager lÕappui aux initiatives
dÕintgration rgionale des pays en dveloppement.[2]
Dans cette perspective, lÕAccord de
Cotonou, sign au Bnin le 23 juin 2000, entre lÕUnion Europenne et les
membres du Groupe des Etats dÕAfrique, des Carabes et du Pacifique ou ACP,
vise promouvoir la conclusion de nouveaux accords commerciaux sur la base des
futures communauts rgionales des ACP en supprimant les entraves aux changes
entre elles et lÕUnion afin dÕaboutir en 2020 des zones de libre-change.[3]
Si lÕengouement pour les intgrations
rgionales est le fruit ou la consquence de Ē la mondialisation Č, nous pouvons considrer que les encouragements
la constitution dÕintgrations rgionales de la part des institutions
internationales, sÕinscrivent directement dans les politiques dÕajustement
structurel prnes massivement depuis les annes 1990 destination des pays
les moins dvelopps et notamment les pays africains.
Cependant, en Afrique, la cration de
communauts rgionales est largement antrieure aux politiques publiques
internationales.
Ces intgrations rsultent dÕune
idologie centenaire, propre aux Africains : le panafricanisme ;
mouvement qui vise regrouper lÕensemble des peuples africains au sein dÕune
mme nation.
Le panafricanisme, qui trouve son
origine dans la traite esclavagiste et la discrimination raciale contre la
population dÕorigine africaine, sÕest matrialis par deux courants qui se
superposent : le rgionalisme et le continentalisme.
Les intgrations africaines au niveau
rgional et sous-rgional, cres dans les annes 1960, se sont multiplies
partir des annes 1970. Fondes gnralement sur la proximit gographique et
la communaut linguistique des pays qui les composent, ces intgrations
rgionales poursuivent les mmes objectifs et notamment, la coordination des
programmes et politiques afin de favoriser la croissance conomique et le
dveloppement.
Dans sa dclinaison continentale, le
panafricanisme sÕest concrtis par la cration de lÕO.U.A. en 1963 Addis
Abeba, capitale du Ē berceau de lÕhumanit Č, quÕest lÕEthiopie.
Organisation interafricaine de
coopration trouvant son origine dans la lutte anti-coloniale, lÕOrganisation
panafricaine ne prvoit pas de stratgie spcifique propre assurer le dveloppement
conomique du continent africain.
CÕest en considration de cette carence
que le trait dÕAbuja crant la Communaut Economique Africaine (C.E.A.) fut
sign en 1991, par les Etats africains, dans le but de raliser, par tapes
successives, le March Commun africain.
Cependant, en dpit de lÕentre en
vigueur du trait dÕAbuja en 1994 et de la tenue dÕun premier Sommet le 3 juin
1997 Harare (Zimbabwe), les structures de la C.E.A. nÕont jamais vu le jour.
A la fin du 20me sicle,
lÕheure du libralisme conomique lÕchelle mondiale, les maux qui touchent
le continent africain restent inchangs : pauvret, dpendance conomique,
endettement, faible productivit, troitesse des marchs, maladies, rpression
politique, conflits, etc.
CÕest dans ce contexte que fut adopt
le trait de lÕUnion Africaine le 12 juillet 2000 Lom.
Il constitue un bouleversement massif
du droit international africain, dans la mesure o il prvoit, dans une priode
transitoire dÕun an au maximum, la suppression de lÕO.U.A. et son remplacement
par lÕUnion Africaine.
A lÕorigine de ce trait, se trouve le
prsident libyen, Mouammar Kadhafi qui, sensibilis par la solidarit dont ont
fait preuve les Etats africains son gard dans lÕaffaire Lockerbie (que nous
dvelopperons), sÕest ralli la cause panafricaniste et a propos, le 9
septembre 1999 lors du Sommet extraordinaire de lÕO.U.A. Syrte (Libye), de
raliser lÕidal panafricain tel que prn par le Dr Kwame NÕKrumah, savoir,
la cration des Etats-Unis dÕAfrique.
Le projet du Ē Guide Č de constituer des Etats-Unis dÕAfrique sur la base
dÕun gouvernement fdral et dÕun March Commun africain, a t rejet par
lÕensemble des Etats africains.
Ces derniers sont encore trs jaloux de
leur souverainet acquise lors des indpendances et ne sont pas prts
concder leurs comptences au profit dÕune organisation supranationale.
Cependant, sous la pression des
contraintes nouvelles lies la Ē mondialisation Č, la majorit des dirigeants africains est tombe
dÕaccord sur la ncessit de crer une nouvelle entit panafricaine, quÕest
aujourdÕhui, lÕUnion Africaine ; une organisation visant promouvoir la
dmocratie et les droits de lÕHomme ainsi que la ralisation terme, de
lÕintgration politique et socio-conomique du continent africain.
LÕunit de lÕAfrique, qui tait un
idal tout au long du 20me sicle, est devenue un impratif en lÕan
2000. Envisage lÕpoque et encore aujourdÕhui comme une utopie, nous
considrons nanmoins que lÕunit africaine sÕimpose comme solution aux
diffrents problmes qui touchent les Etats africains.
Dans les tribunes internationales,
lÕOrganisation des Nations Unies (O.N.U.) comme lÕO.M.C., les Etats africains
nÕont peu ou pas la parole. Leur faiblesse conomique et leur dficit
dmocratique manifeste les rendent peu crdibles sur la scne internationale.
Les Etats africains ont agit jusquÕ prsent en ordre dispers, ce qui les
fragilisent et les soumettent aux politiques conomiques globales prnes par
les pays industrialiss.
Les pays et peuples africains ne sont
plus matres de leur destin et risquent de perdre terme, le contrle de leurs
richesses naturelles et de leur identit culturelle.
Leur unit permettrait, comme le
montrent les diffrentes thses panafricanistes, de rassembler leurs richesses
minires et agricoles, leurs viviers intellectuels afin de crer un front
commun africain, permettant de sÕimposer dans la communaut internationale.
Cependant, en lÕtat actuel des choses,
la question essentielle qui se pose et qui guidera nos recherches est la
suivante : les dispositions du trait de lÕUnion Africaine
permettent-elles de raliser le rve panafricain ?
LÕO.U.A., cre dans lÕespoir de
promouvoir un panafricanisme authentique sur le continent africain, nÕa pas
russi raliser lÕidal panafricain. Pourquoi ?
Le trait de lÕUnion Africaine comble
tÕil les carences de lÕO.U.A. ? Permet-il dÕacclrer le processus mis en
place par le trait dÕAbuja ?
LÕanalyse juridique du trait de
lÕUnion Africaine est indissociable de lÕtude pralable de trois grands
thmes :
-
Puisque le trait de lÕUnion
Africaine consacre le Ē rveil Č de lÕidologie panafricaniste, il
convient dÕtudier la signification de ce mouvement, ses figures emblmatiques
et son volution travers les diffrentes tentatives de concrtisation de
lÕidal panafricain, afin de comprendre ce que le trait de lÕUnion Africaine
peut apporter lÕĻuvre panafricaine ;
-
Dans la mesure o il est prvu que
le trait de lÕUnion Africaine remplace lÕO.U.A., il sÕagit dÕidentifier les
limites et les carences de lÕorganisation panafricaine vieille de trente-huit
ans, afin de projeter les apports et les limites de la nouvelle
organisation ;
-
Enfin, si le trait dÕAbuja
portant cration de la C.E.A. nÕa jusquÕ prsent connu aucune application, il
a nanmoins servi de base juridique, avec la Charte de lÕO.U.A., la rdaction
des statuts de lÕUnion Africaine. Il est prvu que seules les dispositions qui
seront en contradiction avec les politiques et programmes de lÕUnion Africaine,
seront remplaces. Le trait dÕAbuja reste donc en vigueur ; il sÕagit de
savoir si le trait de lÕUnion Africaine offre un dispositif juridique propre
assurer son application effective.
Si les intgrations rgionales et
sous-rgionales africaines, consacrant lÕune des formes du panafricanisme, ne
sont pas vinces de notre tude, nous les traiterons que dÕune manire
superficielle ; elles sont beaucoup trop nombreuses pour faire lÕobjet
dÕune analyse prcise, dans le cadre de nos recherches. Ainsi, lÕattention sera
essentiellement porte sur les organisations africaines continentales, dans une
perspective de comparaison avec la nouvelle organisation quÕest lÕUnion
Africaine.
Ainsi, le trait de lÕUnion Africaine
prvoit la cration de nouvelles structures et la mise en place de nouveaux
dispositifs quÕil convient dÕanalyser afin, terme, de saisir sa porte au
regard des grands thmes quÕil dgage, ainsi que ses dfis et ses enjeux.
Le recul temporel est loin dÕtre
suffisant pour tre catgorique sur la nature et lÕeffectivit de lÕapplication
des dispositions que le Trait prvoit. Mais son tude demeure intressante si
elle est place dans une perspective comparative avec les dispositions de
lÕO.U.A. et de la C.E.A. ; cette analyse juridique permettra de savoir si
le trait de lÕUnion Africaine consacre une relle volution, un progrs, au
moins sur le plan formel. (Partie II)
Mais lÕanalyse du Trait passe au
pralable par lÕtude de ses fondements. En effet le trait de lÕUnion Africaine
sÕinscrit dans un cadre idologique particulier quÕest celui du panafricanisme
et plus prcisment de sa revitalisation. Une dmarche historique et politique
sera ainsi ncessaire la comprhension des statuts de la nouvelle
organisation panafricaine.
DÕautre part, lÕadoption du trait de
lÕUnion Africaine rvle un constat, celui des limites inhrentes aux
organisations panafricaines. LÕtude des dispositions de la Charte de lÕO.U.A.
et du trait dÕAbuja, ainsi que du comportement des Etats qui les ont
adopts, permettra de mettre en
vidence les lacunes et limites qui ont entrav la ralisation de lÕidal
panafricain. (Partie I)
FONDEMENTS DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE
LÕActe constitutif de lÕUnion Africaine adopt le 12 juillet 2000 Lom, repose sur deux ides essentielles.
La premire concerne un rve centenaire : la ralisation de
lÕunit de lÕAfrique par le biais dÕune organisation continentale ; rve
qui sÕest matrialis par la naissance dÕun mouvement, le panafricanisme.
LÕidal panafricain, parfois considr comme une utopie, fait
aujourdÕhui lÕobjet dÕune revitalisation et constitue le cadre idologique de
lÕActe constitutif tel quÕadopt rcemment. (Chapitre I)
La seconde part dÕun constat : les organisations continentales
africaines, cÕest dire, lÕOrganisation de lÕUnit Africaine et la Communaut
Economique Africaine, ont montr leurs limites, tant lÕgard de la
ralisation du panafricanisme, quÕ lÕgard de la gestion des problmes
affectant le continent. (Chapitre II)
CHAPITRE I- CADRE IDEOLOGIQUE DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE
LÕActe constitutif de lÕUnion Africaine, devenu le 26 mai 2001 trait de lÕUnion Africaine, trouve place dans le mouvement panafricain initi il y a plus dÕun sicle (Section I) ; on assiste ainsi la renaissance du panafricanisme. (Section II)
SECTION I : LE PANAFRICANISME OU LE REVE DÕUNITE AFRICAINE
Le panafricanisme peut tre dfini comme Ņ ÉlÕidologie de la
dmocratie et des droits de lÕhomme dans un cadre fdral africain Ó[4], visant ainsi ŅÉraliser le gouvernement
des Africains par les Africains pour les Africains, en respectant les minorits
raciales et religieuses qui dsirent vivre en Afrique avec la majorit
noire. Ó[5]
Le terme Ņ panafricanisme Ó correspond un vaste programme comme le pangermanisme ou le panamricanisme[6] (visant regrouper en un Etat unique toutes les populations de mme origine.)
Nanmoins, les courants doctrinaux quÕil implique sont diffrents selon ses promoteurs et selon lÕpoque laquelle nous le considrons. Le panafricanisme fut dÕabord racial, culturel, et reu une relle expression politique partir des annes cinquante. (I)
Si lÕidologie panafricaniste fit lÕunanimit en Afrique, des difficults se prsentrent au moment de raliser de manire concrte, le rve dÕunit du continent. (II)
¤ I - Les diffrentes
expressions du panafricanisme
Le terme Ņ panafricanisme Ó aurait t prononc pour la premire fois en 1900, lors dÕune confrence Westminster Hall Londres, convoque par Henry Sylvester Williams, avocat de Trinidad inscrit au barreau de Londres, afin de protester contre la spoliation des terres coutumires dÕAfrique australe et la Gold Coast (actuel Ghana) par les Europens.
Nous pouvons ainsi considrer que le panafricanisme avait son origine une dimension raciale puisque ses premiers leaders, que nous dtaillerons plus loin, taient issus de la diaspora noire et revendiquaient lÕgalit de traitement entre les Noirs et les Blancs.[7] SÕtendant aux Antilles, puis en Afrique, le mouvement prit rapidement une dimension culturelle. (A) Enfin, dans un mme temps, le panafricanisme pouvait sÕanalyser comme un mouvement politique, car il sÕagissait de lutter contre le colonialisme et pour le dveloppement de lÕAfrique. A cet gard, lÕarrive du Dr NÕKhrumah dans les tribunes panafricaines marquait une tape fondamentale dans lÕvolution du mouvement. Ce dernier avait un rve, quÕil ne cessa de promouvoir tout au long de sa vie, celui de lÕunit africaine. (B)
A - Un mouvement racial et culturel : de la revendication la rsistance
Dans sa configuration raciale, le panafricanisme sÕest matrialis par une lutte, puis une revendication de lÕgalit de traitement entre les peuples de couleur noire et les peuples de couleur blanche.(1)
Dans un premier temps, le mouvement tait essentiellement amricain, rassemblant des populations issues de la diaspora noire.
Puis, les peuples antillais et africains sont venus enrichir le panafricanisme par le biais de la construction intellectuelle que constitue Ņ lÕafricanit Ó ou Ņ la ngritude Ó, dans une optique de rsistance lÕassimilation culturelle. (2)
1) Dimension raciale du panafricanisme
Le mouvement panafricain serait n du sentiment de solidarit ressenti
par les esclaves africains lors des traverses entre les deux rives de lÕocan
Atlantique, au moment de la traite. En effet, le premier mouvement dÕunit se
serait produit lorsque des Africains dÕorigines diffrentes se sont rvolts
bord des bateaux, contre leur ennemi commun, unis par leurs souffrances, puis
par leur conscience. Souffrance physique inflige dans les ngriers et,
conscience de tous, dÕappartenir un paradis, dsormais perdu.[8]
Le lutte sÕest poursuivie dans le sud des Etats-Unis dÕAmrique, puis
aux Antilles britanniques, par une diaspora noir rvolt, car dracine puis
marginalise. LÕesclavage a laiss place aux mesures rpressives, plus connues
sous le nom du Ņ Code Jim Crow Ó, affectant lÕHomme africain jusquÕau milieu du
vingtime sicle.[9]
La personne de couleur noire est ainsi mprise, infriorise, aline.
La prise de conscience de cette situation a conduit lÕdification de
la dimension raciale du mouvement panafricain, correspondant un mouvement
dÕmancipation des Noirs, de revendication de lÕgalit (notamment des droits
civiques et politiques) entre Noirs et Blancs.
Un certain nombre de leaders et de mouvements
de pense vont merger de cet tat de fait.
1.1 - Les figures emblmatiques
Marcus Garvey n en 1885 en Jamaque et William Edward Burghart Dubois n en 1868 prs de Boston, furent les principaux promoteurs du nationalisme africain et du panafricanisme dans sa dimension raciale.
Marcus Garvey voulait ragir au racisme blanc en lui opposant un front
commun noir. En 1920, il lanait au Liberty Hall de New York, une Ņ Dclaration
des Droits des Peuples Ngres du Monde Ó, programme de 54 points prconisant notamment le
retour de tous les Noirs en Afrique. Il cra dans ce but une compagnie
maritime, la Black Star Line, mais sa socit fit faillite.
La virulence de ses propos et sa dmagogie le heurtrent lÕhostilit
des intellectuels et bourgeois noirs, qui le considrait comme un ennemi de la
race noire. Son emprisonnement pour escroquerie mt fin ses projets.
Toutefois, malgr lÕchec de la cration dÕune nation indpendante en
Afrique, Marcus Garvey parvnt susciter un sentiment de solidarit entre les
Noirs amricains dsormais conscients de leurs origines.[10]
A la doctrine de M. Garvey parfois appele Ņ sionisme noir Ó,
sÕajoutait celle de W.E.B. Dubois, dont la contribution fut trs importante
puisquÕil initia les premiers congrs panafricains entre 1919 et 1945.
W.E.B. Dubois incitait les Noirs amricains renouer avec leurs
origines, tout en revendiquant chaque droit civil, politique et social
appartenant tout amricain n libre.
1.2 - Les congrs panafricains
Le premier Congrs panafricain fut tenu Paris en 1919. Cinquante-sept dlgus noirs de plusieurs colonies africaines, ainsi que des Etats-Unis et des Antilles furent prsents et confrontrent leurs problmes communs. Le Dr Dubois y rclama de droit des Noirs disposer dÕeux-mmes conformment aux principes proclams par le prsident amricain de lÕpoque, Woodrow Wilson.
Le deuxime et le troisime Congrs panafricain se tinrent Londres
respectivement en 1921 et en 1923. Cent treize dlgus taient prsents, loin
de reprsenter vraiment lÕopinion africaine. Une Ņ Dclaration au Monde Ó fut rdige par Dubois et publie la
fin des travaux se bornant rclamer la reconnaissance aux Noirs de droits
gaux aux Blancs.
Lors du Congrs de New York en 1927, les deux cent huit dlgus
revendiquaient le droit pour les Africains de faire entendre leur voix auprs
des gouvernements qui dirigeaient leurs affaires et le droit dÕaccder la
terre dÕAfrique et ses ressources.
En 1937, fut cre lÕInternational African Service Bureau, prdcesseur
de la Fdration panafricaine, dont le but tait de promouvoir lÕunit des
africains et des personnes dÕorigine africaine dans le monde entier. [11]
Contrairement au Ve Congrs ( qui sera tudi dans la partie consacre
la politique du Dr NÕKrumah) auquel participaient des ouvriers, des
syndicalistes, des agriculteurs et tudiants dont la majorit venaient
dÕAfrique, les quatre premiers Congrs furent soutenus par des intellectuels et
rformistes bourgeois, venus essentiellement des Etats-Unis et dÕEurope.
Quoi quÕil en soit, dans sa dimension raciale, le panafricanisme sÕest prsent dÕabord, comme un mouvement de revendication. Observons comment il sÕest prsent ensuite, dans sa dimension culturelle.
2) Dimension culturelle du panafricanisme
CÕest dans des runions tels les Congrs des crivains et artistes noirs, les festivals des arts ngres, et au sein dÕorganismes comme la Socit Africaine de Culture, que la notion de ngritude, expression littraire du panafricanisme, sÕest affirme.
Eclairant les notions dÕindpendance et de panafricanisme, la ngritude se manifesta comme le refus dÕaccepter les doctrines labores lÕextrieur.
Le panafricanisme devint alors un mouvement de rsistance contre lÕassimilation culturelle, le communisme, la colonisation et par consquent un mouvement dÕautodfense de la civilisation ngro-africaine.
Peu de temps aprs
la Confrence de Bandoeng (18-24 avril 1955), proclamant le droit des peuples disposer dÕeux-mmes ainsi
que la politique de non-alignement, lÕquipe intellectuelle de Prsence
Africaine, anime par Alioune Diop, organisait en 1956
Paris, le Ier Congrs International des crivains et artistes noirs.
LÕuniversalit de la culture noire, ainsi que le rayonnement de la Ņ Personnalit
africaine Ó y furent soulignes. A cet gard,
Lopold Sdar Senghor nonait : Ņ (É) si lÕEurope commence
compter avec lÕAfrique, cÕest parce que sa culture, sa musique, sa danse, sa
littrature et sa philosophie traditionnelles sÕimposent, dsormais au monde
tonn[12]. Ó
Le deuxime Congrs des crivains et artistes noirs tenu en 1959 Rome, insistait sur les thmes dÕindpendance et dÕunit africaine.
En 1966 Dakar, en 1969 Alger et en 1974 Lagos, le Festival des arts ngres consacrait la notion de Ņ ngritude Ó, qui est le refus de lÕassimilation et lÕaffirmation de lÕidentit des valeurs culturelles ngro-africaines et de leur apport la civilisation du monde.
Lopold Sdar Senghor, Cheick Hanta Diop et Aim Csaire, ( notamment Cahier dÕun retour au pays natal et Discours contre le colonialisme), furent les plus fervents animateurs de la ngritude, qui prit une dimension universelle dont le rayonnement sÕtendit dans les milieux europens puis amricains[13].
DÕautre part, le thoricien Georges Padmore avanait lÕide selon laquelle le rveil politique de lÕAfrique nÕa aucunement t influenc par le communisme, revendiquant lÕantriorit des luttes africaines par rapport la naissance de la politique mondiale de la Russie.
Le 15 fvrier 1960,
dans la prface consacre lÕouvrage de Georges Padmore, Dorothe Padmore, son
pouse, nonait : Ņ On sÕaperoit vite que la reconstruction de
lÕAfrique se ralisera plus efficacement sur la base continentale du moins dans
le cadre de formations de groupes. LorsquÕon lÕaborde dans des limites purement
nationales, on reconnat quÕelle ouvrira la voie au gaspillage, au double emploi,
la concurrence hostile. LÕunit panafricaine dans lÕindpendance est
implicite dans la monte de la Personnalit africaine. Ó [14]
Cette phrase prsageait le devenir politique, du panafricanisme.
Dans les annes 50-60, le panafricanisme prt un grand tournant ; cÕest ce moment quÕil pt rellement se dfinir comme une idologie, au service de la libration du joug colonial et simultanment de la construction de lÕunit de lÕAfrique, tant politique et conomique que culturelle.
B - Un mouvement politique : Ņ lÕAfrique doit sÕunir Ó[15]
Sous sa forme politique, le panafricanisme devnt un moyen de libration de la domination coloniale et de consolidation de lÕindpendance ; dÕautre part, il fut un moyen de raliser lÕunit des Etats africains.
Le Dr NÕKrumah est un des principaux leaders emblmatiques du panafricanisme qui conduisit son pays lÕindpendance et prna lÕunit africaine.
NÕKrumah avait un rve (1), quÕil vanta dans lÕhmicycle des grandes confrences panafricaines. (2) A cet gard, il fut lÕun de ceux qui posa les bases dÕune unit africaine, tant politique et conomique, que culturelle.
1) NÕKrumah et son rve de lÕunit
En sÕtendant sur le continent africain, le panafricanisme prt un lan nouveau, la personnalit africaine sÕaffirma.
Kwame NÕKrumah, originaire de la Gold Coast (Ghana actuel) fut cet gard, lÕun de ceux qui marqua le mouvement panafricain dÕune profonde volution.
En 1935, NÕKrumah obtint une bourse dÕtude lÕuniversit Lincoln, aux Etats-Unis. Son exprience amricaine et son contact avec les noyaux militants de la communaut noire de Philadelphie et de New York lÕentranrent vers la voie du panafricanisme et de lÕunit des gens de race noire. En effet, sous lÕinfluence considrable de Marcus Garvey et W.E.B. Dubois, NÕKrumah sÕengagea dans le mouvement panafricain et voulu en faire une doctrine au service de la libration et de lÕunit africaine.
En 1945, NÕKrumah arriva en Angleterre avec la ferme intention dÕtudier le droit, de terminer son doctorat en Philosophie et surtout, de prner la ncessit de lÕindpendance et lÕide de lÕunit. Il aida George Padmore pour lÕorganisation dÕune confrence panafricaine Manchester, en octobre 1945 ; ce fut le sixime congrs.
Ce congrs fut diffrent des prcdents dans la mesure o dÕune part, un grand nombre dÕafricains taient prsents, et dÕautre part, les dbats taient orients non plus vers lÕexaltation de la Ņ ngritude Ó mais vers les questions dÕactualit : la crise du colonialisme et la monte du nationalisme. Ds lors, panafricanisme et nationalisme africain reurent une expression vritablement concrte, le panafricanisme devint lÕexpression du nationalisme africain.
Peu de temps aprs Manchester, NÕKrumah et dÕautres Ņ activistes Ó crrent un mouvement supra-territorial ouest-africain dont le but tait lÕindpendance nationale menant lÕunit africaine.
De retour en Afrique, NÕKrumah adopta lÕunit comme doctrine de son parti, la Convention People Party (C.P.P.) et mena, en 1957, son pays natal lÕindpendance.
Aprs avoir transform la monarchie ghanenne en Rpublique, ce dernier, devenu prsident, fit inscrire dans lÕarticle II de la Constitution ghanenne la volont du peuple et du gouvernement de Ņ cder une partie ou lÕintgralit de la souverainet du Ghana en vue dÕune union des Etats africains Ó. A peine lÕindpendance obtenue, NÕKrumah tait donc dispos concder la souverainet de son pays une union continentale dans le but dÕune intgration totale de lÕAfrique, ce qui tait trs rare cette poque, et encore aujourdÕhui, la plupart des Etats tant Ņ jaloux Ó de leur souverainet.
DÕautre part, la lutte pour la libert ne se limitait pas, pour NÕKrumah, lÕindpendance du Ghana. LÕindpendance nationale nÕavait pas de sens sans la libration totale du continent africain.
Il Ļuvra nergiquement dans ce sens. Il considrait que la libert acquise tait en danger si les Etats indpendants restaient dsunis, dans la mesure o la menace imprialiste tait toujours prsente, notamment cette poque, sous la forme du rgime instaur par lÕUnion Sud-Africaine.
Ainsi,
pour rester libre et bnficier des ressources de lÕAfrique, les Etats devaient
sÕunir pour organiser une dfense parfaite et lÕexploitation du potentiel
matriel et humain du continent. La lutte devait continuer dans chaque
territoire pour raliser le rve dÕune Ņ É Afrique unie, indpendante,
grande et puissante, sans frontires et sans les autres barrires hrites du
colonialisme. Ó [16]
2) Les grandes confrences panafricaines
Ce fut dans ce contexte que lÕon assista, ds 1958, aux premires grandes confrences regroupant sur le continent noir des responsables politiques africains.
Lors de la Premire confrence de Etats africains Indpendants en avril 1958 Accra, le leader ghanen rclama lÕindpendance et le renforcement de lÕunit des Etats africains en resserrant les liens conomiques et culturels entre les pays et prconisa une aide tous les mouvements nationalistes africains dans les Etats dpendants.
Huit Etats indpendants taient prsents : le Ghana, lÕEgypte, le Soudan, la Libye, la Tunisie, le Libria, le Maroc et lÕEthiopie. Cette confrence fut ressentie comme un vnement historique, le panafricanisme sÕtait install et la personnalit africaine manifeste, dans la mesure o des Africains se runirent en Afrique pour examiner des proccupations africaines.
La Premire confrence des Peuples Africains Accra en dcembre 1958 condamna lÕimprialisme et le colonialisme, encouragea lÕacclration des mouvements dÕindpendance et cra un secrtariat permanent Accra charg du dveloppement du sentiment de solidarit panafricaine et la cration future des Etats Unis dÕAfrique. Les dlgus de soixante deux organisations nationalistes taient prsents.
La 2me confrence des Etats indpendants en aot 1959 Monrovia et la 2me confrence des peuples africains Tunis en janvier 1960 proclamrent notamment le droit lÕautodtermination des territoires coloniaux.
En novembre 1959, des reprsentants des syndicats de lÕAfrique se rencontrrent Accra pour organiser la Fdration Panafricaine des Syndicats. Le syndicalisme africain ayant toujours t associ la lutte pour la libert politique, ainsi quÕau dveloppement conomique et social.
Lors de la 3me confrence des Etats africains Addis Abba en juin 1960, tous les Etats africains furent invits boycotter lÕUnion Sud-Africaine et soutenir Gouvernement Provisoire de la Rpublique Algrienne. (G.P.R.A.)
De nombreuses autres rencontres entre leaders africains eurent lieu dans les annes 1959-1960. Elles eurent comme mrite de lier les Etats africains autour de problmes communs et dÕagir en consquence et notamment par le boycott du rgime de lÕApartheid.
Toutes ces runions tmoignrent dÕune prise de conscience collective : celle du ncessaire rveil politique de lÕAfrique au nom de la sauvegarde de la libert acquise contre la Ņ menace nocoloniale Ó et de lÕvolution vers le progrs conomique, social et culturel du continent. Le Dr NÕKrumah y joua un rle prpondrant. Sa politique africaine visait assurer lÕunit des Etats africains par le biais dÕun gouvernement continental. A cet gard, il considrait que si, dj cette poque (en juillet 1960), lÕAfrique disposait dÕun commandement militaire et une politique trangre commune, une solution africaine aurait t trouve aux vnements qui avaient lieu au Congo Lopoldville.
Ce fut par le biais des congrs et des grandes confrences que les leaders et populations africaines sÕveillrent lÕidal panafricain. Au-del de la conscience de chaque Africain dÕavoir un pass commun et des cultures communes, ces runions auraient permis dÕexalter ce sentiment intrinsque au point de le considrer comme une force : une force contre lÕesclavagisme et la sgrgation raciale ; une force contre lÕassimilation culturelle ; une force contre la colonisation et la menace imprialiste et enfin, une force pour offrir lÕensemble de la population africaine lÕpanouissement social, conomique et culturel.
Il sembla que cette ide emportait le consensus. Toutefois, au moment de passer la concrtisation de lÕidal dÕun continent uni, des divergences de point de vue apparurent.
¤II- Les difficults de concrtisation de lÕidal panafricain
En effet, la ncessit de sÕunir gagna lÕensemble du continent ; au moins par idal, il sembla que les Africains se soient attachs au panafricanisme. Mais au moment de passer la concrtisation du rve et dÕorganiser des unions entre Etats, des dissensions idologiques apparurent. Les Etats nÕtaient pas tous dÕaccord sur la forme et la nature de lÕunion adopter. (A)
Un clivage se dessina, manifeste dans lÕensemble des rassemblements sous rgionaux crs
entre 1958 et 1963
et dans les bases de
lÕOrganisation de lÕUnit Africaine. A cet gard, lÕunit gouvernementale
propose par NÕKrumah fut loin dÕemporter la majorit, son projet tomba peu
peu en dsutude. (B)
A - Les dissensions idologiques quant la forme et la nature de lÕunion
Quant la forme du panafricanisme, deux conceptions sÕaffrontaient, sans toutefois tre en complte opposition : le continentalisme et le rgionalisme. (1)
Concernant la nature du panafricanisme, certains et notamment le Dr NÕKrumah, prnaient le supranationalisme ; dÕautres se contentaient dÕune simple coopration. (2)
1) Forme du panafricanisme : continentalisme ou rgionalisme ?
Kwame NÕKrumah envisageait certes lÕunion des Etats africains comme un moyen de libration du continent, mais galement comme un moyen de parvenir au dveloppement conomique. Par consquent, lÕunion devait sÕorganiser lÕchelle du continent, au nom de tout ce qui pouvait rassembler les Africains :
Ņ Nanmoins,
je suis persuad que les forces qui nous unissent font plus que contrebalancer
celles qui nous divisent. Quand je rencontre dÕautres Africains, je suis
toujours impressionn par tout ce que nous avons en commun. Ce nÕest pas
seulement notre pass colonial, ou les buts que nous partageons : cela va
beaucoup plus profond. Le mieux est de dire que jÕai le sentiment de notre
unit en tant quÕAfricains. Ó[17]
NÕKrumah considrait que les forces unissant les Africains dpassaient les obstacles que constituaient pour certains les diversits tant culturelles que linguistiques.
A cet
gard, Cheik Anta Diop pensait au contraire lÕvidence de lÕunit culturelle de
lÕAfrique. LÕorganisation de la famille, lÕorganisation de lÕEtat, les
conceptions philosophiques et morales taient communes lÕensemble des
africains Ņ (É)dcoulant dÕune adaptation similaire aux mmes
conditions matrielles dÕexistence. Ó[18]
Cette communaut culturelle que Senghor qualifiait dÕ Ņ africanit Ó, justifiait une organisation commune lÕchelle du continent et notamment la cration dÕun March Commun africain permettant de grouper les ressources et de dfinir une politique commerciale commune lÕgard des trangers.
DÕune manire gnrale, les Africains taient attachs lÕidal dÕun continent uni. Plusieurs Constitutions en tmoignaient et notamment celle de la Guine, de la Tunisie, du Mali, prts sacrifier leur souverainet individuelle au profit de lÕunification gnrale de lÕAfrique.
Toutefois, le continentalisme heurtait de front le courrant rgionaliste.
Malgr lÕaccession des Etats africains lÕindpendance, les traditions coloniales, quÕelles soient anglaises, franaises, lusophones ou hispaniquesÉ restaient encore trs prsentes et la plupart des chefs dÕEtats ont prfr sÕunir lÕchelle dÕEtat ayant une tradition coloniale commune. Parfois, les Etats ont gard presque intacts les groupements, comme lÕAfrique Equatoriale Franaise, qui existaient pendant la priode coloniale. Cela pouvait sÕexpliquer notamment par la communaut de langue ou dÕorganisation administrative.
DÕautres au contraire, mais ce fut exceptionnel, ont dpass les oppositions hrites de la priode coloniale, en se fondant sur des solidarits culturelles, ethniques et gographiques : le cas de la Sngambie fut cet gard exceptionnel.[19]
DÕautre part, les unions rgionales se justifiaient quant aux solidarits fondes sur la langue, la race ou la religion (lÕexemple de lÕunion des Etats arabes est manifeste.)
Enfin, les divergences politiques pouvaient galement favoriser le rgionalisme. LÕorigine de lÕunion Ghana Š Guine fut leur tendance rvolutionnaire commune, nous le verrons en dtail dans la partie B- rserve aux regroupements rgionaux.
Toutefois, rgionalisme et continentalisme nÕtaient pas en opposition absolue. NÕKrumah notamment, malgr sa tendance continentaliste, considrait que le rgionalisme tait une premire tape, voire un moyen de raliser lÕunion lÕchelle du continent.
Les dissensions se sont manifestes de manire plus forte au sujet de la nature de lÕunion.
2) Nature du panafricanisme : supranationalisme ou simple coopration ?
Au-del dÕune union continentale, le Dr NÕKrumah envisageait lÕunit dans le cadre dÕune fdration, laquelle devait possder des pouvoirs supranationaux. Il faut prciser quÕune organisation Ņ super tatique Ó ou Ņ supranationale Ó est : Ņ une organisation pourvue de pouvoirs rels de dcision non seulement lÕgard des Etats membres mais aussi lÕgard des ressortissants de ces Etats. Ó[20]De surcrot, cela signifiait que les Etats devaient oprer un transfert de pouvoirs et de comptences souveraines au profit de lÕunion.
Les populations et les ressources devaient tre mises en commun pour se protger du colonialisme qui, selon le leader ghanen, revenait sous forme dguise.
LÕunion continentale tait indispensable pour construire un systme conomique et social fort comparable celui des pays les plus avancs. Cela passait par la cration dÕun March commun lÕchelle de toute lÕAfrique, ncessaire au dveloppement de lÕconomie et des moyens de transport ainsi quÕ lÕexploitation des richesses agricoles et minrales. Ceci dans le cadre dÕun gouvernement unifi des Etats africains qui aurait besoin dÕune monnaie unique, dÕune zone montaire et dÕune banque centrale dÕmission.
DÕautre part, les stratgies militaires et de dfense devaient tre unifies afin de protger le continent en cas dÕattaque dÕun Etat particulier. Un fondement politique commun tait ainsi ncessaire selon NÕKrumah pour lÕunification des politiques de planification conomique, de dfense et de relations diplomatiques avec lÕtranger.
La majorit des chefs dÕEtat africains se sont opposs au projet de NÕKrumah au nom de la prudence et du ralisme. Ils considraient que les solidarits qui les unissaient nÕtaient pas assez fortes pour crer une organisation supranationale.
DÕune manire gnrale la supranationalit et lÕide de fdration (mme au niveau rgional) emporta peu de succs. Les chefs dÕEtats ont prfr majoritairement sÕentendre au stade dÕune simple coopration, laissant intact les souverainets. En effet, la question se posait une poque o la plupart des Etats africains venaient dÕaccder lÕindpendance, ces derniers taient donc jaloux de leur souverainet rcemment acquise ; le supranationalisme heurtait ainsi de front le nationalisme naissant.
Les unions sont donc restes pour la plupart au stade dÕune coopration politique, conomique, sociale ou culturelle, souvent technique autour des transports ou de lÕducation.
Ainsi, la supranationalit a t rejete en raison de solidarits que les chefs dÕEtats africains ne considraient pas assez fortes pour crer une organisation super tatique.
Contrairement ce que pensaient Lopold Sdar Senghor et Cheick Anta Diop, les leaders africains considraient que les disparits tant culturelles que dmographiques et conomiques taient trop imposantes.
DÕautre part, dÕun point de vue politique, les Etats africains taient htrognes, les idologies comme les rgimes politiques laissaient apparatre des clivages.
Enfin, il ne faut pas nier lÕinfluence de la politique des anciennes puissances coloniales, qui fit obstacle selon un certain nombre dÕauteurs (Lansin Kaba et Philippe Decraene, entre autres), la ralisation de lÕunit de lÕAfrique.
Les anciennes mtropoles nÕauraient pas eu intrt lÕunification des Etats africains dans la mesure o il tait plus facile de traiter avec des Etats pris individuellement plutt quÕavec un ensemble unifi.
A cet gard la Grande Bretagne et la France sous De Gaulle ont t accuss de sÕtre opposes respectivement lÕinstitutionnalisation de la fdration Est-africaine ainsi quÕ lÕide de constitution des fdrations de lÕAfrique Occidentale Franaise (A.O.F) et de lÕAfrique Equatoriale Franaise (A.E.F.) ; lÕancienne administration coloniale tant rticente, selon Lansin Kaba, aux fdrations africaines qui, plus fortes que les Etats individuels, pouvaient lui chapper.
Pour ces diffrentes raisons les Etats devenus souverains ont rsist toute politique dÕintgration ; les diffrents rassemblements sous rgionaux et rgionaux qui ont lieu dans les annes soixante lÕillustrent. Malgr tout, la voie vers la ralisation de lÕunit africaine sÕest ouverte et tout semble indiquer que lÕidal panafricain se ralisera par tapes.
B - Vers la ralisation de lÕunit africaine
Le nombre dÕorganisations sous rgionales cres dans les annes soixante rvlait le dsir des Etats africains de sÕunir. Mais les obstacles taient trop nombreux. Ces unions furent souvent inefficaces et parfois chourent. (1)
Ces obstacles
taient les mmes la veille du sommet dÕAddis Abeba instituant lÕOrganisation
de lÕUnit Africaine. Les clivages idologiques quant la forme et la nature
de lÕunit continentale sÕexprimrent haute voix, mais lÕurgence et la
gravit de la situation politique africaine permirent dÕaboutir au consensus.
(2)
1) Les rassemblements sous rgionaux antrieurs au sommet dÕAddis Abeba de 1963
Unir les Etats ayant accd lÕindpendance apparu comme une premire tape la ralisation de lÕunit lÕchelle du continent africain.
Lorsque la Guine accda lÕindpendance en octobre 1958, NÕNkrumah reprit contact avec Skou Tour afin de lui proposer dÕunir la Guine et le Ghana.
Les discussions prcdant lÕalliance des deux Rpubliques rvlaient des divergences de point de vue dans la concrtisation du rve panafricain.
Selon Skou Tour, lÕunit devait se raliser de manire graduelle et entre pays de mme tradition coloniale. Dans ces conditions la Guine franaise et le Ghana anglophone ne pouvaient que difficilement sÕunir. Ces diffrences taient secondaires selon NÕKrumah, lÕassociation Guine- Ghana tant pour lui le noyau dÕune union plus grande former entre les Etats de lÕAfrique de lÕouest.
Malgr ces oppositions, un document fut sign en avril 1959 entre les deux leaders.
La Ņ Dclaration de Conakry Ó engageait les deux pays consolider lÕunion Guine-Ghana et raffirmait le soutien la cause de lÕunit africaine.
LÕunion Guine- Ghana ne fut jamais dote de structures juridiques propres, sur le plan politique les deux Rpubliques restrent autonomes et nÕentreprirent aucune dmarche commune. Les fortes personnalits de chacun des deux leaders, le dsquilibre conomique, la diffrence linguistique et de traditions coloniales furent autant dÕobstacles la ralisation du projet.
A la mme poque, les reprsentants du Sngal, du Dahomey (Bnin actuel), du Soudan (Mali actuel) et de la Haute Volta (Burkina Faso actuel) dcidrent, le 17 janvier 1959, de regrouper ces quatre Rpubliques au sein de Ņ la Fdration du Mali Ó.
Les institutions du Mali taient triples : un pouvoir excutif appartenant au chef du gouvernement, un pouvoir lgislatif fdral exerc par lÕassemble lgislative fdrale lue pour cinq ans et forme de douze dputs de chacun des territoires fdrs et un pouvoir judiciaire confi une Cour fdrale. La Fdration du Mali couvrait alors la moiti de lÕancienne Afrique Occidentale Franaise.
Il fut question dÕune union Guine-Ghana-Mali, mais le projet tomba en dsutude car il existait trop de divergences entre les dirigeants du Mali et ceux de lÕunion Guine- Ghana
La Fdration du Mali clata en 1960, la suite dÕun coup dÕEtat manqu le 20 aot de la mme anne. Mais ce nÕtait pas la seule raison de la rupture. LÕantagonisme entre Modibo Keita du Soudan et Lopold Sdar Senghor du Sngal, leur diffrence de style et de mthodes, leurs orientations idologiques opposes, faisaient partie des nombreux facteurs provoquant lÕclatement de la fdration du Mali.
Cet clatement constitua un chec srieux pour le panafricanisme ; il rvlait lÕincapacit des leaders africains dpasser leurs diffrences pour raliser lÕobjectif commun que constituait lÕunit des pays africains.
Nanmoins, la question de lÕunit se posa plus que jamais en 1960 ; cette anne l, dix pays africains obtinrent leur indpendance.
A cet gard, le Conseil de lÕentente ou lÕunion Sahel- Bnin, fut le regroupement qui travailla de manire la plus effective pour la cause de lÕunit africaine. Cette union comprenant les quatre Rpubliques de Haute Volta (Burkina Faso), du Niger, du Dahomey et de la Cte dÕIvoire tait pourvue dÕinstitutions certes modestes, mais fonctionnelles : un Conseil sigeant avec les Chefs dÕEtats, les ministres des affaires communes et les prsidents des Assembles Nationales. Une union douanire fut mise en place ainsi quÕune caisse dÕamortissement. Une coordination politique, conomique et militaire se dveloppa.
DÕautre part, en janvier 1959, les quatre rpubliques de lÕancienne Afrique Equatoriale Franaise (Rpublique centrafricaine, Tchad, Gabon et Congo Brazzaville) dcidrent le maintien de lÕunion douanire dÕAfrique Equatoriale, reposant sur une solidarit conomique et culturelle issue de la priode coloniale. LÕunion se prsentait comme une association dont le but tait de faire face ensemble certains problmes conomiques et stratgies communes.
Dans ce cadre, des accords bilatraux ou multilatraux ont t raliss, parmi lesquels figurent lÕaccord sur la cration au Gabon dÕune raffinerie commune aux quatre Etats de lÕancienne A.E.F. et au Cameroun, dÕune part ; et le plan de mise en valeur du Bassin du Tchad, labor en mai 1964, concernant le Tchad et le Cameroun, intressant la fois le Niger et le Nigeria, dÕautre part.
En juin 1963, la Fdration dÕAfrique orientale fut cre entre la Rpublique du Tanganyika (de Julius Nyerere), lÕOuganda (de Milton Obot) et le Kenya (de Jomo Kenyatta). LÕune des dcisions concrtes adoptes par les dirigeants de trois Etats fut la cration dÕune Universit de lÕAfrique orientale, qui dlivre aujourdÕhui des diplmes aux tudiants des trois collges universitaires de Makerere (Ouganda), Royal College (Kenya) et Dar-es-Salam (actuelle Tanzanie).[21]
Enfin, la Gambie et le Sngal notamment pour des raisons gographiques et ethniques, tablirent une coopration conomique et culturelle, qui donna naissance la Sngambie actuelle.
Cette numration
non exhaustive des diffrents regroupements sous rgionaux permet de
mettre de nouveau en vidence un
certain nombre dÕobstacles la ralisation du rve panafricain : la
jeunesse des nationalismes africains et le refus de dlguer la moindre
parcelle de souverainet, les particularismes tribaux, les fortes personnalits
des leaders, les langues, les disparits conomiques, etc. Autant dÕobstacles
qui se retrouvrent la veille du sommet dÕAddis Abeba en 1963.
2) Le sommet dÕAddis Abeba en 1963
Les dissensions et clivages politiques quant la nature dÕune organisation africaine sÕexprimrent la veille du sommet dÕAddis Abeba en Ethiopie.
CÕest ce moment que les antagonismes entre les groupes de Casablanca (Ghana, Guine, Mali, Libye, Egypte, Maroc et lÕAlgrie) et de Monrovia, compos de dix-huit pays dont le Cameroun, le Libria, le Nigeria et le Togo, entre autres, se sont exprims de la manire la plus forte.
Au dpart, il sÕagissait de clivages linguistiques et historiques suscitant une solidarit entre Etats francophones et Etats anglophones. Puis, le clivage devint politique lors confrences de Casablanca en janvier 1961 et de Monrovia en mai da la mme anne, opposant les progressistes (groupe de Casablanca) et les modrs (groupe de Monrovia).
Les premiers taient favorables la formation dÕun gouvernement continental, un march commun continental, une citoyennet africaine unique et un Haut Commandement africain ; les seconds, plus nombreux, taient davantage disposs sÕentendre sur une organisation consultative, de concertation et de coopration, et sÕtaient attachs aux principes dÕgalit absolue entre les Etats africains, la non-ingrence dans les affaires intrieures des Etats et lÕintangibilit des frontires hrites de la colonisation ; ce sont ces derniers principes qui prvalurent au Sommet dÕAddis Abeba, nous y reviendrons.
Le contexte idologique ne permettait pas de trouver un compromis sur une organisation continentale. Le groupe de Monrovia nÕtait pas dispos faire des concessions.
Mais, grce lÕinitiative thiopienne dÕlaborer un projet de Charte tenant compte des propositions des groupes de Casablanca et de Monrovia, ces derniers acceptrent lÕide dÕun sommet runissant lÕensemble des Etats africains. [22]
Ainsi dbuta le sommet dÕAddis Abeba, en mai 1963.
Les travaux commencrent au niveau ministriel, les ministres des affaires trangres devaient prsenter leur rapport aux chefs dÕEtat et faire des propositions quant la nature et aux institutions de lÕunit africaine.
La premire proposition mana de lÕempereur thiopien Hal Slassi, qui proposa une organisation des Etats africains caractre coopratif, disposant dÕune charte prcise et dÕun secrtariat gnral permanent, responsable des oprations de lÕorganisation.
Cette proposition pouvait largement satisfaire le groupe des modrs favorable une organisation consultative.
Au contraire, les Ghanens et notamment leur ministre des affaires trangres Kodjo Botsio sÕopposrent un secrtariat permanent et proposrent un organe excutif dont les dcisions devaient primer sur celles des Chefs dÕEtat.
Nous ne reviendrons pas sur le souhait des Ghanens de crer un gouvernement unitaire africain, avec un politique trangre, une zone montaire, un march commun, un parlement, etc. Thse qui fut vivement rejete par les chefs des autres dlgations. [23]
Selon Maurice Kamto, le discours du prsident algrien Ahmed Ben Bella le 25 mai 1963, changea la tournure que prenaient les travaux de la confrence. Le but nÕtait plus de dbattre de lÕunit africaine, mais dÕexaminer les problmes de dcolonisation. Ce dernier rappela le besoin dÕagir contre le colonialisme et la discrimination raciale en Afrique Noire.
A lÕissu du Sommet, une Charte de lÕOrganisation de lÕUnit Africaine (O.U.A.) fut adopte par les Etats africains.
Les diffrentes orientations prises par la confrence teinta lÕO.U.A. dÕune nature particulire.
La dfaite du leader ghanen fut ds lors entrine, dans la mesure o les dispositions de la Charte, prvoyant la primaut des Etats sur lÕUnion, nÕtaient pas conues pour raliser lÕunit africaine.
En 1963, les Etats africains nÕtaient pas prts concder la moindre parcelle de leur souverainet au profit dÕune organisation continentale. Cela pouvait se justifier par lÕaccession rcente lÕindpendance, la volont de construire des Etats-nations et la proccupation suprieure que revtait la lutte contre le colonialisme.
Quelques dcennies
aprs la cration de lÕO.U.A. ( dont la Charte et la pratique des Etats feront
lÕobjet dÕune tude dtaille dans le chapitre II ), la ncessit de raliser
une unit plus forte entre les Etats africains est ravive.
SECTION II Š LA REVITALISATION DE LÕIDEAL PANAFRICAIN
Les leaders issus des indpendances ont laiss place de nouvelles lites sensibilises des questions diffrentes de celles prsidant la cration de lÕO.U.A. Les problmes et dfis auxquels lÕAfrique devait rcemment faire face ont modifi les problmatiques autour desquelles les chefs dÕEtats et de gouvernement se sont runis.
Un renouveau doctrinal sur la question panafricaine sÕest produit ds les annes 1990 ainsi quÕune recrudescence des discours politiques en ce sens. Les propositions et projets de construction des Etats-Unis dÕAfrique ont nouveau mergs.
Plus rcemment, la
question de lÕunit africaine et du renforcement de la solidarit entre les
Etats africains est revenue lÕordre du jour dans les tribunes de lÕO.U.A.
¤I - Ņ Plaidoyer pour
la construction des Etats-Unis dÕAfriqueÓ[24]
Dans les annes 1990, lÕheure du rchauffement des relations internationales et du renouvellement des idologies politiques et conomiques mondiales, de nouvelles thories et propositions panafricanistes ont vu le jour.
LÕO.U.A. ayant t conue pour voluer vers une intgration toujours plus grande des Etats membres, le moment tait venu de ressortir le projet de construction des Etats-Unis dÕAfrique ; la doctrine (conomistes et juristes) en a pris conscience (A), le prsident libyen aussi. (B)
Le choix des deux analyses que nous allons prsenter repose sur la
volont de mettre en vidence les divergences actuelles sur le choix de la
structure continentale et de ses comptences. LÕobjectif reste le mme pour
chacun des deux auteurs ( savoir Hubert Kampang et Abdoulaye Wade), celui de
la construction des Etats-Unis dÕAfrique, mais les moyens pour y accder sont
diffrents. LÕun prne une union fdrale ayant tous pouvoirs, laissant
quelques pouvoirs rsiduels aux Etats (1), lÕautre rejette le fdralisme et
prfre tre raliste, savoir, les Etats nÕaccepteront jamais dÕabandonner en
bloc une grande partie de leur souverainet au profit dÕune organisation
continentale. (2)
1) Pour un Etat fdral africain
Il semble que les Chefs dÕEtat ont repouss le panafricanisme en adoptant la Charte de lÕO.U.A..
Au fils des annes lÕide dÕunit politique a recul au profit des principes prsents dans la Charte, notamment le respect de la souverainet et de lÕintgrit territoriale de chaque Etat, ce qui a entran une balkanisation des Etats.
Dans un ouvrage intitul au-del de la Confrence Nationale Pour les Etats-Unis dÕAfrique[25], Hubert Kampang considre que lÕAfrique se serait trompe de chemin. LÕauteur prsente, quant aux moyens dÕunir les Etats africains, lÕanalyse suivante : les Etats devraient mettre fin lÕO.U.A. et crer un Etat fdral continental.
Les bouleversements qui ont eu lieu dans les annes 1990, savoir les diffrentes vagues de dmocratisation qui ont dferl sur le continent, ne doivent pas sÕarrter lÕadoption de constitutions nationales dmocratiques. Les Africains doivent profiter de cet lan pour aller vers la constitution des Etats-Unis dÕAfrique sur le modle amricain, laquelle de vrais dmocrates ne pourraient sÕopposer. Ce ne sont pas les chefs dÕEtats qui doivent se runir afin de rdiger cette constitution, mais les forces vives de lÕAfrique : les intellectuels, les tudiants, les cadres, et de manire gnrale, les jeunes, plus ouverts aux grands rves.
Il faut un territoire vaste et peupl dÕo la ncessit de fdrer les Etats qui exerceraient des pouvoirs rsiduels dans le cadre dÕun gouvernement fdral comptent sur tout le territoire de la fdration et disposant des pouvoirs indispensables pour garantir lÕunit politique et conomique du continent.
Le dveloppement de lÕAfrique passe certes par la dmocratie, les droits de lÕhomme, lÕEtat de droit, mais elle passe surtout par lÕunit de lÕAfrique seule rponse aux problmes insolubles tels lÕconomie extravertie, la dette, le tribalisme facteur de scession, la maladie, etc.
Les Etats pris individuellement sont pour la plupart trop petits pour esprer un dveloppement conomique capable dÕassurer long terme leur indpendance politique.
Le caractre indpendant et multiple des centres de dcisions donne lÕoccasion aux puissances dÕopposer les Africains les uns aux autres ; ces derniers se dchirent et sÕaffaiblissent au lieu de mettre en commun leurs efforts afin de vaincre leurs difficults communes.
La supranationalit est ainsi indispensable, chaque Etat pris individuellement ne pouvant plus assurer au moins financirement les attributs de sa propre souverainet, attributs pesant trop peu de poids sur lÕchiquier international.
Territoires, populations, ressources doivent tre mis en commun au bnfice dÕune seule grande nation, avec une nationalit unique, une monnaie unique, une dfense unique, une diplomatie unique, une douane unique et une fiscalit unique ; le tout conformment lÕexemple des Etats-Unis dÕAmrique, qui propose un modle efficace dÕorganisation fdrale, mme si ce dernier peut tre nuanc pour sÕadapter aux particularits du continent africain.
Ainsi, la tte du pouvoir excutif, il y aurait un Prsident (ne pouvant exercer plus de deux mandats de cinq ans) et un Vice-Prsident, avec une tche bien dlimite savoir, lÕapplication des dcisions prises par le Parlement. Le gouvernement fdral aurait en charge la politique trangre commune et unique, voue dfendre la fdration contre lÕextrieur et notamment contre la menace hgmonique des grandes puissances de continuer dÕappliquer le principe de Ņ diviser pour rgner Ó.
A cet gard, lÕAfrique doit dfinir et appliquer une diplomatie unique et indpendante destine dfendre les intrts des Africains, et constituer une arme unique pour liminer les risques de guerre entre les Etats et prparer une dfense future.
Sur le plan lgislatif, lÕEtat fdral africain aurait besoin dÕun Snat et dÕune Chambre des dputs pour laborer des lois, que le pouvoir excutif appliquerait, alors que la Cour Suprme rglerait les litiges entre lÕEtat fdral et les Etats fdrs dÕune part, entre les Etats fdrs dÕautres part et enfin entre les Etats et leurs citoyens.
Sur le plan conomique, lÕEtat fdral sÕoccuperait de la gestion de la monnaie africaine, du commerce extrieur, de la douane et de la fiscalit communes. A cet gard, il serait ncessaire que les Etats-Unis dÕAfrique soient protectionnistes favorisant Ņ le passage dÕune conomie de prdation fonde sur lÕexportation de ressources naturelles brutes, une conomie de transformation et dÕchanges Ó, une concurrence intrieure doit se dvelopper afin de se hisser un haut niveau de comptitivit, lÕinstar des pays dvelopps qui ont agit de la mme manire, jusquÕau moment o ils se sont sentis assez fort pour affronter la concurrence extrieure.
Enfin,
lÕauteur prcise, juste titre, que la construction des Etats-Unis dÕAfrique
passe en premier lieu par un rfrendum dÕautodtermination des Africains
garantissant lÕaspect purement dmocratique de lÕunion.
2) Pour un espace politique continental non fdral
Dans un ouvrage crit quatre annes avant celui dÕHubert Kampang, Abdoulaye Wade, lÕactuel prsident de la Rpublique du Sngal prsente galement sa vision dÕun continent uni.
De la mme manire que lÕconomiste et statisticien camerounais, il considre quÕen adoptant le systme de lÕO.U.A., les Etats africains se sont tromps de chemin.
Le constat en est sans quivoque: des politiques de dveloppement dÕEtats spars qui ont chou malgr une aide extrieure importante, la balkanisation du continent, le cloisonnement en une multitude d'espaces conomiques et des petits marchs non viables.
Les maux actuels de lÕAfrique viendraient de cette mauvaise route emprunte, cÕest dire le refus de suivre la voie des grandes figures panafricaines au dbut du 20me sicle.
Or, lÕAfrique disposerait de suffisamment de ressources spirituelles, intellectuelles et morales pour difier une nation forte, dmocratique et prospre.
Ņ LÕunit africaine doit tre recherche par tous les moyens et se justifie pour des considrations historiques et culturelles, mais aussi et surtout pour des raisons conomiques. Ó [26]
Cependant, contrairement Hubert Kampang, lÕide de fdralisme ne lui parat pas Ņ compatible avec les donnes sociologiques actuelles Ó, il semblerait plus raliste de laisser une large souverainet aux Etats, ce que permettraient les Etats-Unis dÕAfrique.
Selon A. Wade, le panafricanisme passe par quelques axes qui sont
autant dÕtapes essentielles lÕatteinte de lÕobjectif final : lÕaxe de
lÕinformation (mdia continental consacr lÕinformation, la politique et la
culture, aux langues officielles) ; lÕaxe de la monnaie (Les pays
africains doivent redevenir matre de leur monnaie dont la dimension dpend
essentiellement du systme montaire international, cet gard une monnaie
africaine et une politique montaire unique sont ncessaires) ; lÕaxe de
lÕautofinancement et du dveloppement, lÕaxe de la science et de la technologie
( continentalisation de la recherche et cration dÕune cole continentale pour
la formation dÕingnieurs de niveau international) ; lÕaxe de la double
planification (articulation des plans rgionaux avec un plan continental pour harmoniser les
diffrents plans nationaux de dveloppement) ; lÕaxe de lÕinfrastructure
et des voies de communication (construire des routes et des voies ferres
continentales) ; et enfin lÕaxe politique que nous allons davantage
dvelopper.
Trois niveaux dÕinstitutions sont ncessaires : un gouvernement continental, un Parlement continental et un bipartisme politique, sans porter atteinte aux souverainets et comptences des Etats. Il sÕagirait dÕune association afin dÕobtenir des avantages auxquels un Etat pris individuellement ne pourrait pas prtendre.
Le gouvernement continental serait form dÕun nombre limit de ministres comptences restreintes sous la direction dÕun Premier ministre, lÕinstar des pays industriels comme les Etats-Unis, la France et le Japon. Les ministres seraient chargs de tches communes selon les objectifs que les Africains partagent, mais qui ne font lÕobjet dÕaucun suivi srieux par les Etats.
Le Parlement continental serait compos dÕune dizaine de dputs de chaque Parlement national, avec des comptences limites des domaines dfinis.
Les partis politiques devraient tre coordonns entre eux pour lÕlaboration de programmes continentaux.
Enfin, contrairement Hubert Kampang, A. Wade considre que lÕAfrique
doit adopter une politique dÕouverture en sÕappuyant notamment sur le centre
industriel europen.
Nous assistons ainsi un renouvellement doctrinal favorable au
panafricanisme, dont les deux analyses prsentes nÕen sont que des exemples.
Les deux propositions sÕopposent quant au choix de la structure adopter.
DÕautre part, lÕun est favorable au protectionnisme, lÕautre pour un
dveloppement conomique appuy sur les grandes puissances industrielles.
Les rsultats atteindre sont pourtant les mmes et les moyens
proposs, bien quÕils soient diffrents, semblent lÕun et lÕautre davantage
propices la ralisation des objectifs fixs que ne lÕont t et le sont les
moyens proposs par les organisations africaines anciennes et actuelles.
Cette doctrine sÕinscrit dans les bouleversements qui ont eu lieu en
Afrique et dans le monde partir des annes 1990: lÕobservation des
limites des organisations sous-rgionales et rgionales actuelles, les vagues
de dmocratisation et la mondialisation (le commerce international, les
nouvelles technologies, etc.)
Nanmoins, cette revitalisation du panafricanisme ne sÕarrte pas au
stade de lÕcriture ; lÕinitiative de reconsidrer lÕUnit Africaine a t
reprise par un leader africain et plus prcisment arabe, sous forme dÕune
proposition lÕensemble des chefs dÕEtats et de gouvernements africains, dans
les tribunes mmes de lÕO.U.A.
B - LÕinitiative du prsident libyen Mouammar Kadhafi : du panarabisme au panafricanisme
Le 9 septembre 1999, lors du sommet extraordinaire de lÕO.U.A. Syrte, en Libye, le prsident de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste, Mouammar Kadhafi, a propos un projet de texte dÕune organisation africaine supranationale, savoir, les Etats-Unis dÕAfrique. (2)
Il semblerait ainsi que ce dernier se serait dtourn des Etats arabes au profit de lÕAfrique subsaharienne. En effet, le colonel Kadhafi a toujours t proccup par lÕunification des Etats arabes et a soutenu de nombreux projets en ce sens. Pourquoi sÕintresse tÕil aujourdÕhui lÕAfrique ? (1)
1) Les ambitions africaines du Ņ Guide Ó
Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, sÕest en fait trs tt intress aux pays africains, mme si ses projets unionistes taient essentiellement tourns vers les Etats arabes et le concept de lÕUmma (communaut des croyants, lÕUmma exprimerait lÕambition universaliste de lÕIslam, surpassant ainsi toutes les anciennes solidarits tribales et ethniques.)
Unions qui ont pour la plupart chous, en lÕoccurrence lÕUnion des Rpubliques Arabes (URA) cre le 28 septembre 1970, organisant une fdration entre lÕEgypte, la Libye et le Soudan ; la Rpublique Arabe Islamique (RAI) cre le 12 janvier 1974 entre la Libye et la Tunisie, et lÕUnion arabo-africaine, nom donn au projet de fusion libyo-marocain le 13 aot 1984.
Ces checs sÕexpliquent notamment par les intrts divergents animant les diffrents leaders arabes. Kadhafi tait favorable une union totale du Maghreb avec la cration dÕinstitutions politiques communes et donc en conflit avec les Ņ modrs Ó, davantage enclins une intgration progressive.
A partir des annes 1973-1974, la Libye a ds lors orient sa politique vers lÕAfrique noire dÕune part, dans le but de rechercher un contrepoids aux menaces lies lÕexacerbation du conflit avec lÕEgypte et les Etats arabes Ņ modrs Ó et dÕautre part, dans la qute dÕune compensation ses dceptions unionistes dans le Machrek et le Maghreb.
LÕide serait de lutter contre lÕinfluence isralienne et dÕtendre lÕinfluence arabo-islamique au sud du Sahara dans le but de renforcer lÕunion arabe.
La diplomatie libyenne en Afrique Noire se manifeste par une aide financire massive, particulirement au profit des Etats de lÕAfrique occidentale. Toutefois, lÕaide libyenne ne sÕest pas concentre uniquement dans les pays islamiss, par consquent, lÕislam ne peut pas tre invoqu comme seul facteur de lÕactivisme libyen en Afrique. Le Guide esprait peut-tre simplement rallier les Etats africains la cause unioniste. [27]
La crise entre la Libye et les puissances occidentales suite aux actions terroristes dont il a t accus dans les annes 1980, savoir, lÕexplosion du Boeing 747 amricain au dessus de Lockerbie en 1988 et le DC-10 franais qui sÕest cras au Niger en 1989, a galement contribu au rapprochement avec les Etats africains.
En effet, le Conseil de Scurit des Nations Unies a vot une rsolution en 1992 imposant lÕembargo arien et militaire la Libye, et en 1993 imposant un embargo sur la technologie ncessaire lÕindustrie ptrolire et gelant les avoirs libyens lÕtranger
La Libye est ds lors isole internationalement et le rgime de Kadhafi marginalis.
Pour sortir de son isolement, Kadhafi renoue avec ses ambitions africaines. En juin 1998, il est prsent au sommet de lÕO.U.A. Ouagadougou (Burkina faso), et parvient faire accepter un projet relatif la leve unilatrale et partielle de lÕembargo qui pse sur son pays. LÕattitude de solidarit des Chefs dÕEtats africains semble avoir jou un rle dans la politique africaine de la Libye dans la mesure o Kadhafi dcide en septembre 1998 de se dtourner de lÕarabisme et de lÕunionisme et dÕorienter sa politique vers le continent africain. Dcision suivie par la suppression du Comit populaire gnral pour lÕUnit Arabe et son remplacement par un Comit populaire gnral pour lÕAfrique.[28]
Cette attitude de solidarit des Etats africains nÕa t-elle pas rveill le dsir de Kadhafi de raliser lÕUmma au moyen de lÕislamisation de lÕAfrique ?
Du
par lÕattitude des Etats arabes qui ont refus son projet de leve dÕembargo,
le colonel Kadhafi se tourne alors vers lÕAfrique et lui fait part de ses
intentions.
2) Le projet libyen en faveur de lÕUnion Africaine
Lors du sommet extraordinaire de lÕO.U.A Syrte en septembre 1999, convoque sur lÕinitiative du prsident Kadhafi, une seule question tait lÕordre du jour : Ņ comment renforcer la capacit de lÕAfrique faire face aux dfis du nouveau millnaire ? Ó
Une seule rponse tait possible selon le prsident libyen : la cration des Etats-Unis dÕAfrique.
A lÕheure des grands ensembles politiques et de la mondialisation, il est ncessaire lÕAfrique de sÕunir pour peser sur la scne internationale.
LÕre de lÕEtat nation, produit du colonialisme est termine selon le Ņ Guide Ó et les frontires nÕont plus de sens.
Kadhafi est favorable une union fdrale de lÕAfrique lÕimage des Etats-Unis dÕAmrique.
Le 8 septembre 1999, il prsente un projet de dclaration devant les ministres des affaires trangres nonant les principes suivants:
LÕgalit entre les Etats membres ; lÕautorit entre les mains du peuple ; lÕengagement des Etats mettre en Ļuvre la politique de lÕunion sous peine de sanctions dcides par le Congrs africain ; lÕUnion sÕengage dfendre le continent sur terre, mer et dans les airs ; le rglement pacifique des diffrents ; le droit de tout Etat membre de demander lÕaide de lÕUnion et le droit dÕintervenir, sur demande du Congrs, dans le but de restaurer la paix et la scurit dans tout Etat membre ; lÕ Ņ autodpendance collective Ó dans le cadre de lÕUnion en matire de dfense, de scurit, dÕconomie et de culture ; le respect des liberts civiles et politiques, des droits de lÕhomme et du droit lÕautodtermination ; la justice sociale, le dveloppement quilibr ; le socialisme populaire ; la libre circulation des biens et des capitaux ; la condamnation des actes subversifs et terroristes sous toutes leurs formes.[29]
Autant de principes propices la dmocratie, aux droits de lÕhomme, au libralisme conomique et la paix.
Concernant les organes de lÕUnion, Kadhafi propose la cration dÕun Congrs africain dont les membres lus pour quatre ans dcideraient la majorit absolue de la politique extrieure, de la dfense, de lÕconomie, des finances, du commerce extrieur, des questions de nationalit, de visas et dÕimmigration ; dÕun Conseil africain, organe excutif suprme responsable devant le Congrs, proposant la majorit absolue les lois fdrales ; un Conseil excutif fdral regroupant les chefs des autorits excutives nationales, les chefs des commissions fdrales spcialises et les secrtaires permanents ; quinze Commissions fdrales spcialises couvrant les domaines de comptence de lÕUnion ; une Cour fdrale suprme ; un Fond montaire africain ; une Banque centrale africaine et une Banque africaine dÕinvestissement.
Les organes ainsi proposs font penser aux institutions propres au systme fdral amricain dÕune part, aux institutions europennes dÕautre part, et sÕinspirent largement des organes prvus dans le trait dÕAbuja sign en 1991 crant la Communaut Economique Africaine.
La rgle de vote, savoir la majorit absolue, fait nanmoins penser au systme de consensus adopt implicitement dans les mcanismes de lÕO.U.A.
Le prsident Kadhafi aurait beaucoup tudi le mouvement panafricaniste, la Charte de lÕO.U.A. et le trait dÕAbuja crant la C.E.A. Son projet se prsente alors comme une rforme de la Charte et une mise en Ļuvre du trait dÕAbuja.
Face cette proposition du prsident Kadhafi, comment les Etats ont-ils ragis ? Sont-ils dsormais prts sÕengager sur la voie des Etats-Unis dÕAfrique ?
¤ II - La Ņ sentence Ó des leaders africains : le compromis de Syrte et de Lom
Le projet prsent par la Libye nÕa pas t retenu, tant par les chefs dÕEtats que par les ministres des affaires trangres.
Mais il semble que Kadhafi a convaincu ses interlocuteurs de la ncessit de renforcer lÕunit entre les Etats et peuples africains et de crer une union africaine. Ds lors de grandes ngociations ont eu lieu entre septembre 1999 et juillet 2000, dans le but dÕharmoniser les volonts de chacun propos de la forme et de la nature de lÕunion. Des clivages sont apparus non plus entre les rvolutionnaires et les modrs, mais entre les Etats qui taient pour un nouveau projet, et ceux qui taient contre, conforts dans les institutions de lÕO.U.A.
A cet gard, le rle jou par le personnel de lÕO.U.A. a fait la diffrence.
A - Du sommet extraordinaire de lÕO.U.A. Syrte le 8-9 septembre 1999É
Convoqu par le prsident Kadhafi, le sommet extraordinaire de lÕO.U.A. sÕouvra Syrte, en Libye, le 8 septembre 1999. Il runit les chefs dÕEtats (41) et dÕautres reprsentants des Etats membres.
LÕobjectif du sommet de Syrte tait de rflchir ensemble, aux moyens de renforcer lÕO.U.A. et notamment dÕassurer un meilleur fonctionnement de ses structures, afin de lui permettre de faire face aux problmes politiques et conomiques auxquels lÕAfrique tait (et est toujours) confronte.
Ds lÕouverture du sommet, le projet de Kadhafi passa entre les mains des ministres des affaires trangres celles des chefs dÕEtat, lesquels le rejetrent. Dans la crainte de lÕchec du sommet, un contreprojet de lÕO.U.A. fut labor, et fut galement rejet.
Chacun estimait que Kadhafi prcipitait les choses, quÕil fallait tre prudent et procder par tapes. Le prsident ghanen Jerry Rawling notamment, fit part de ses craintes concernant la possibilit de faire coexister ensembles les peuples africains au sein dÕune mme entit.
Mais lÕide en elle-mme, celle de renforcer lÕunion entre les Etats africains, ne semblait pas heurter tous les membres de lÕO.U.A.
Un certain nombre de chefs dÕEtats soutinrent lÕinitiative de Kadhafi, mme sÕils taient rticents au projet de constitution dÕune union fdrale. Le prsident Mozambicain Joacquim Chissano soulignait que les Etats africains nÕobtiendraient jamais lÕannulation de leur dette sÕils agissaient de manire disperse ; le prsident malien Alpha Oumar Konar sÕattacha montrer les limites de lÕO.U.A ; enfin, le prsident nigrien Olusegun Obasanjo proposa de ne pas quitter le sommet sans signer une dclaration.
Le 8 septembre, les chefs dÕEtat et les ministres des affaires trangres dcidrent ainsi dÕabandonner les deux projets et dÕen laborer un autre : le leur.
Toute la journe du 9 septembre fut consacre discuter dÕun projet de dclaration, laquelle prte dans la soire, fixait la date laquelle lÕacte constitutif devra tre approuv ainsi que le lieu de la crmonie, savoir Syrte en 2001. [30]
La Ņ Dclaration de Syrte Ó portant cration de lÕUnion Africaine, adopte lÕunanimit, posa des objectifs et dcisions tels : la cration de lÕUnion Africaine conformment aux buts prvus dans le prambule de la Charte de lÕO.U.A. et aux dispositions du trait dÕAbuja instituant la C.E.A. ; lÕacclration du processus de mise en Ļuvre du trait dÕAbuja ; de mandater le Conseil des ministres prendre les mesures ncessaires pour Ņ laborer les actes constitutifs de lÕUnion Ó ; de la ratification des actes par les Etats membres avant dcembre 2000 ; de mandater le prsident en exercice de lÕO.U.A. et le prsident sud-africain prendre contact avec les cranciers de lÕAfrique afin dÕobtenir lÕannulation totale de la dette de lÕAfrique ; la convocation dÕune confrence ministrielle africaine sur la scurit, la stabilit, le dveloppement et la coopration sur le continent ; de demander au Secrtaire gnral de prendre toutes les mesures ncessaires pour la mise en Ļuvre des dcisions, etc.
La Confrence de Syrte fixa un calendrier prcis : les propositions de texte devaient tre prsentes pour adoption dfinitive au XXXVIe sommet ordinaire de lÕO.U.A. du 10 au 12 juillet 2000.
B - É Au sommet ordinaire de lÕO.U.A. Lom du 10 au 12 juillet 2000
En avril 2000, le Secrtaire gnral adjoint de lÕO.U.A. charg aux affaires politiques, Sad Djinnit fit appel plusieurs dizaines de juristes et de parlementaires des pays membres, Addis Abeba, et les chargea de mettre en application la dclaration de Syrte, cÕest dire, de rdiger un projet dÕacte constitutif de lÕUnion Africaine.
Les experts disposaient pour ce faire de deux documents : la Charte de lÕO.U.A. et le trait dÕAbuja. Hsitant sur lÕtendue des pouvoirs de lÕUnion Africaine, les experts prsentrent un document technique dpourvus de statuts. Le travail de ces derniers fut ds lors dsapprouv par Kadhafi, pour deux raisons : le Ņ Guide Ó nÕavait pas eu connaissance de la tche confie aux experts et dÕautre part, son avant projet ne figurait pas parmi les documents de travail.
Le travail des juristes et parlementaires fut dclar nul et non avenu ; Salim Ahmed Salim (le Secrtaire gnral de lÕpoque) obtint cet gard que la runion extraordinaire des ministres des affaires trangres du 31 mai 2000 Tripoli, soit prcde dÕune 2e session des experts. Cette session fut ouverte du 27 au 30 mai, quarante sept Etats furent reprsents. Des divergences existaient encore sur le transfert de souverainet, la nature de lÕUnion, sa position par rapport lÕO.U.A. et la C.E.A., etc.
Chacun restait sur sa position : Kadhafi exigeait une Union dote de tous les pouvoirs, alors que les autres refusaient la supranationalit. Certains cherchaient un compromis autour dÕune organisation aux Ē pouvoirs consultatifs et volutifs Č, dÕautres voulaient se limiter une Ē revitalisation de lÕO.U.A. Č
DÕautres encore sÕaffirmrent favorables sur tout, mais quÕau pralable il fallait consulter lÕopinion publique.
En lÕan 2000, les divergences restrent ds lors les mmes que dans les annes 1950, lorsque Kwame NÕKrumah prnait une union fdrale.
Les travaux dÕexperts furent arrts et les prrogatives transfres aux ministres des affaires trangres.
La Confrence ministrielle extraordinaire sÕouvrit le 31 mai, Tripoli. Kadhafi fit un discours enflamm qui convainquit un certain nombre de chefs dÕEtats prsents la Confrence.
Le Secrtaire gnral de lÕO.U.A. dÕune part, considrait que les Etats taient prts pour une forme suprieure dÕintgration et dÕunit, mme si beaucoup dÕobstacles se prsentaient. Oumar El Bchir, le prsident soudanais et Charles Taylor (Libria) exprimrent leur soutien au projet du Ņ Guide Ó.
Le prsident malien Alpha Oumar Konar et le prsident sngalais Abdoulaye Wade prsentrent des propositions de projet de lÕUnion Africaine. Le premier proposa de reconstruire lÕO.U.A. sur de nouvelles bases politiques et conomiques, sans crer de fdration ; le second considra que le systme de lÕUnion Africaine ne devait pas porter atteinte aux souverainets et que les comptences confres lÕUnion devaient tre limites pour viter les conflits avec la gestion intrieure des Etats.
Kadhafi d cder ; le consensus[31] se fit autour dÕun projet dÕacte constitutif dÕune Union Africaine mieux structure que lÕO.U.A., avec un Conseil excutif, un Parlement consultatif, des organes spcialises, etc. La rdaction des protocoles y affrents, en lÕoccurrence celui fixant les statuts de Parlement africain, de la Cour de justice et du Conseil conomique et social, fut remis plus tard.
Il tait prvu que le texte serait remis aux ambassadeurs africains Addis Abeba, qui devaient les transmettre leurs autorits respectives. Les documents devaient revenir approuvs lÕO.U.A. pour tre remis au comit des ambassadeurs (4-6 juillet 2000), puis au Conseil des ministres (6-8 juillet), enfin au sommet des chefs dÕEtat Lom le 10-12 juillet 2000.[32]
Le XXXVIe sommet de lÕO.U.A. fut ainsi runi dans la capitale togolaise
les 10-12 juillet 2000. Gnassimb Eyadema, le prsident togolais devint ds
lors le prsident en exercice de lÕorganisation pendant un an. Eyadema tait
favorable la consolidation de lÕintgration des Etats africains qui nÕavaient
pas dÕautres choix, selon ce dernier, pour sÕadapter aux changements sociaux,
politiques et conomiques se produisant dans le monde.[33]
Sans son soutien et sans le travail inlassable des Salim Ahmed Salim et de son adjoint Sad Djinnit, le projet nÕaurait peut-tre pas abouti, tant les divergences taient grandes entre les chefs dÕEtat. Le soutien venait dÕautre part des prsidents malien et sngalais actuels.
Au contraire, parmi les Etats les plus hostiles doter lÕUnion dÕun quelconque pouvoir supranational figuraient : lÕAfrique du sud, le Nigeria, le Kenya, le Botswana, le Zimbabwe et tous les pays dÕAfrique du Nord except la Libye.
Nanmoins, vingt-sept pays signrent, le 12 juillet Lom, lÕacte constitutif de lÕUnion Africaine.[34] Nous pouvons constater que les Etats ayant sign lÕacte sont pour la plupart soit des petits Etats et notamment de lÕAfrique de lÕouest, soit des Etats ayant bnfici des capitaux libyens (sous forme dÕaide financire ou de la prsence de multiples socits mixtes) ds les annes 70, et parfois les deux. Les Etats seraient-ils attirs par la capacit dÕinvestissements futurs de la Libye dans les diffrents pays africains ? Probablement, mais cette considration nÕa pas rellement dÕimportance si elle cumule avec une vritable volont de sÕunir pour faire face aux dfis communs.
Ce fut dans ce contexte que naquit la nouvelle organisation panafricaine (dont nous tudierons les dispositions et mcanismes en dtail dans une seconde partie.)
En juin 2000, les ministres des affaires trangres conclurent aprs neuf mois de dbats, la dissolution de lÕO.U.A. pour la remplacer par lÕUnion Africaine qui se prsenterait ds lors comme une revitalisation de lÕancienne organisation et une avance dans le processus de mise en Ļuvre de la C.E.A.
LÕide de modifier lÕO.U.A. ou mme de la changer nÕest pas rcente, car lÕOrganisation a des limites quÕil faut examiner afin de comprendre ce qui permettrait dÕamliorer son systme. DÕune manire plus globale, un bilan doit sÕoprer quant au fonctionnement des diffrentes organisations continentales africaines.
CHAPITRE II - LIMITES INHERENTES AUX ORGANISATIONS CONTINENTALES AFRICAINES
LÕOrganisation de lÕUnit Africaine nÕa pas atteint tous les objectifs quÕelle sÕtait assigns en 1963 et plus tard dans les annes 1990 : objectifs politiques, sociaux et culturels dÕune part, et objectifs conomiques dÕautre part.
Les conflits actuels, civils ou ethniques, qui ravagent encore certains
pays ou rgions ; la pauprisation conomique, la dette et par del la
dpendance manifeste lÕgard des anciennes mtropoles coloniales, ne font que
rvler les limites de lÕorganisation.
Ces limites sont apparentes dans le contenu de la Charte, ainsi que
dans la pratique des Etats depuis 1963.
Par Ņ organisations continentales africaines Ó nous entendons
lÕOrganisation de lÕUnit Africaine cre la suite du sommet dÕAddis Abeba le
25 mai 1963 dÕune part, et la Communaut Economique Africaine institue par le
Trait dÕAbuja en 1991 dÕautre part, cette seconde organisation faisant partie
intgrante de la premire.
Ces deux organisations seront traites dans des sections diffrentes
afin de mettre en vidence lÕvolution de lÕO.U.A. depuis trente ans.
Le but ici est de mettre en vidence les limites des organisations
continentales africaines actuelles, afin de comprendre ce qui permettrait la
nouvelle organisation panafricaine, lÕUnion Africaine, de prendre une meilleure
voie vers lÕunit et lÕintgration politique, ainsi que le dveloppement
conomique de lÕAfrique.
Ds lors, il ne sÕagit pas de faire une critique immodre de lÕO.U.A.,
cÕest dire, sans tenir compte de lÕĻuvre quÕelle a pu accomplir, malgr une
marge de manĻuvre assez rduite confre dans la Charte.
SECTION I Š LÕORGANISATION DE LÕUNITE AFRICAINE ET LA REALISATION DU PANAFRICANISME POLITIQUE ?
La dcision des Chefs dÕEtat et de gouvernement de supprimer lÕO.U.A. au profit de lÕUnion africaine, tmoigne des faiblesses et limites de lÕOrganisation panafricaine.
Les limites de lÕO.U.A. quant la ralisation de lÕidal panafricain sont inscrites dans les textes de la Charte et dans le comportement des Etats. Ces limites sont dÕune part, les consquences des obstacles juridiques et idologiques (¤I) ; et dÕautre part, lis au mcanismes institutionnels de lÕO.U.A. (¤II).
¤ I - Les obstacles juridiques et idologiques la ralisation de lÕunit
Il semble que lÕO.U.A. nÕa pas ralis lÕidal panafricain, savoir lÕunit de lÕAfrique dans un cadre Ņ toujours plus vaste transcendant les divergences ethniques et nationales Ó.[35] Les raisons tiennent deux obstacles : la nature juridique de lÕO.U.A. (1), et le phnomne de persistance des groupes au sein de lÕOrganisation. (2)
A - La nature juridique de lÕO.U.A.
La Charte de lÕunit africaine[36] offre des instruments de comprhension de la nature juridique de lÕO.U.A. Il semble manifeste au regard des principes et objectifs prvus, que lÕOrganisation nÕa pas t cre dans le but de raliser lÕunit intgrative du continent. Un autre type dÕunion a t privilgi, rsultant de deux types de proccupation.
En effet, la lecture des principes et objectifs noncs dans la Charte, deux proccupations essentielles semblent avoir rapprochs les chefs dÕEtats et de gouvernement lors de la confrence : la lutte contre le colonialisme et pour le respect de le souverainet des Etats dÕune part, que nous qualifierons, lÕinstar de Jean Š Emmanuel Pondi[37], Ņunit ngative Ó (1), et le renforcement de lÕunit entre les peuples et le renforcement de la coopration entre les Etats (Ņ unit positive Ó), dÕautre part. (2)
La premire proccupation est lie au contexte politique du continent africain dans les annes 60, ainsi quÕau contexte idologique prsidant la confrence dÕAddis Abeba. Les Chefs dÕEtats africains semblrent sÕtre entendus sur lÕidentification des ennemis communs de lÕAfrique, cela revient dire quÕil sÕagissait dÕune Ņ unit ngative Ó.
Un certain nombre dÕEtats venaient dÕaccder lÕindpendance, mais dÕautres taient encore sous la domination coloniale.
La volont de raliser une unit entre les Etats tait la raison pour laquelle les Chefs dÕEtats et de gouvernement se runirent, malgr leurs divergences, dans la capitale thiopienne ; mais, le discours du prsident algrien Ahmed Ben Bella rappelant lÕurgence de la situation politique de lÕAfrique, changea lÕorientation du sommet.
Les
chefs dÕEtats et de gouvernement prirent conscience que lÕunit ne pouvaient se
raliser temps que lÕautorit coloniale tait encore prsente sur le continent.
Il sembla prioritaire de sÕunir autour dÕune proccupation commune, la lutte
contre le colonialisme ou le nocolonialisme, dans le cadre dÕune structure qui
allait prendre le nom dÕOrganisation de lÕUnit Africaine.
La Charte semble reflter cette situation dÕurgence.
En
effet, dans le prambule est rappel le principe du droit des peuples
lÕautodtermination, ainsi que les objectifs de libert, dÕgalit, de justice et de dignit. Dans lÕarticle
3 est affirm le Ņ dvouement sans rserve la cause de lÕmancipation
totale des territoires africains non encore indpendants Ó.
Pour
ce qui concerne les Etats ayant dj accd lÕindpendance, la lutte devait
continuer. La lutte contre la menace nocolonialiste dÕune part, et pour le
respect de la souverainet nouvellement acquise dÕautre part.
La Charte de lÕO.U.A. semble insister sur le principe de souverainet des Etats. Cela rvle en partie, la nature juridique de lÕOrganisation : lÕO.U.A. nÕest pas un Etat fdral, tel que souhait par Kwame NÕKrumah, ni une organisation supranationale dans laquelle les Etats cderaient leur souverainet ou une partie de cette dernire.
Il dcoule du principe de souverainet, le principe Ņ dÕgalit souveraine de tous les Etats -membres Ó qui se matrialisera par le fait que chaque Etat disposera dÕune voix dans les organes de lÕO.U.A. ; le principe de Ņ non-ingrence dans les affaires intrieures de lÕEtat Ó ; ainsi que le principe du respect de lÕintgrit territoriale de chaque Etat.
Les objectifs tant par consquent de dfendre la souverainet des Etats, leur intgrit territoriale, et leur indpendance ; Ņ dÕliminer sous toutes ses formes le colonialisme de lÕAfrique Ó.
Le respect de la souverainet est un principe dominant tant dans la Charte que, plus tard, dans la pratique des Etats. La consquence fut, nous le verrons, lÕempitement des organes de souverainet sur les autres institutions.
Il semble que la lutte contre lÕennemi commun, et lÕentente sur des stratgies communes adopter contre la menace imprialiste, unissait lÕensemble des participants de la confrence.
La notion dÕ Ņ unit positive Ó ouvra des perspectives diffrentes.
La deuxime proccupation resta lÕunit africaine et la coopration apparue comme un moyen de la raliser :
Ņ guids
par une commune volont de renforcer la comprhension et la coopration entre
nos Etats afin de rpondre aux aspirations de nos populations vers la
ralisation dÕune fraternit et dÕune solidarit intgres dans une unit plus
vaste qui transcende les divergences ethniques et nationales Ó.
La coopration tait ici un moyen, semble t-il, de renforcer le sentiment dÕ Ņ africanit Ó au sein des diffrents peuples dÕAfrique.
Les objectifs taient les suivant : " renforcer lÕunit et la solidarit des Etats africains et malgache Ó ; Ņ coordonner et intensifier leur coopration et leurs efforts pour offrir de meilleures conditions dÕexistence aux peuples dÕAfrique Ó.
Cette coopration
nÕest pas restreinte lÕAfrique, elle est ouverte sur lÕextrieur : Ņ favoriser la coopration
internationale, en tenant dment compte de la Charte des Nations Unies et de la
dclaration universelle des Droits de lÕhomme. Ó
Le prambule mentionne galement le devoir des Chefs dÕEtat et de gouvernement africains Ņ de mettre les ressources naturelles et humaines de notre continent au service du progrs gnral de nos peuples dans tous les domaines de lÕactivit humaine Ó et dÕ Ņ assurer le bien-tre de leurs peuples Ó. La coopration apparat ds lors comme un moyen de raliser le dveloppement des Etats africains, chaque Etat pris individuellement tant faible.
Ds lors, il appert que la coopration tait une tape ncessaire sur la voie de lÕunit politique de lÕAfrique, et se plaait donc dans une volution qui, terme permettrait dÕenvisager la construction des Etats-Unis dÕAfrique.
Les moyens proposs pour atteindre les objectifs fixs sont la coordination et lÕharmonisation des politiques gnrales des Etats membres dans des domaines quasiment illimits. Le domaine dÕaction de lÕO.U.A. concerne ainsi diffrents secteurs comme la politique internationale, lÕconomie, lÕducation et la culture, la sant et la science, la dfense et la scurit.
Mais nous verrons que les pouvoirs donns lÕOrganisation ne sont pas la hauteur de ces objectifs.
La nature juridique de lÕO.U.A. repose ainsi sur le choix de la coopration et de la consultation, au dtriment du supranationalisme.
Il sÕagit dÕune organisation de coopration intertatique, dont les dcisions prises sous forme de rsolutions nÕont pas de force obligatoire, puisque leur excution, nous le verrons, dpend du bon vouloir de chaque Etat. LÕO.U.A. a souvent t considre comme un lieu de rencontre et de concertation idal.
Mais, les fortes divergences idologiques prsidant la confrence dÕAddis Abeba, la puissance du groupe de Monrovia et lÕurgence, ne permirent pas de raliser le rve panafricain.
Le phnomne des groupes qui persista et dÕautre part, le rgionalisme qui se dveloppa paralllement lÕOrganisation continentale, constiturent autant dÕobstacles la ralisation de lÕunit africaine.
B- LÕhtrognit du continent
LÕune des proccupations des constituants de la Charte fut dÕliminer la formation des groupes et blocs sous rgionaux, facteur de division du continent.
Or, le groupe des Ņ modrs Ó et le groupe des Ņ progressistes Ó nÕont pas disparus, tandis que dÕautres clivages, constitus sur la base dÕ Ņ affinits particulires Ó sont apparus et ont perdurs. (1) DÕautres encore, ont t renforcs par lÕexistence de nombreuses organisations sous rgionales. (2)
Le
groupe, lÕO.U.A. peut se dfinir comme : Ņ Étout ensemble
dÕEtats membres que rapprochent des affinits particulires et qui forment au
sein de lÕOrganisation des coalitions plus ou moins formelles, plus ou moins
durables en vue dÕinflchir les dcisions et les actions de lÕOrganisation dans
le sens de leurs vues ou de leurs intrts communs Ó.[38]
Ces affinits particulires peuvent tre des liens historiques, idologiques ou culturels, des intrts conomiques et politiques, une proximit gographiqueÉ, et sont favoriss par des facteurs tant juridiques, que politiques.
Du point de vue juridique, la rgle de la majorit prvue dans la Charte pour inscrire une question lÕordre du jour, la dbattre et adopter une rsolution, conduit la cration de groupes cherchant le ralliement du plus grand nombre dÕEtats leur cause, afin dÕtablir un dbat sur une question dtermine et lÕadoption de la rsolution voulue.
Le quorum exig par la Charte pour dbattre dÕune question tant de 2/3 des Etats membres, Ņ il suffit de lÕopposition dÕun groupe runissant le tiers (plus un) des Etats pour paralyser lÕorganisation. Ó[39]
DÕautre part, la constitution de groupes est lie la rpartition gographique de postes. En effet, les postes dans les organes de lÕO.U.A., sont pourvus en tenant compte de la rpartition gographique, que ce soit les postes des secrtaires gnraux adjoints, les fonctions de membres du Comit consultatif sur les questions administratives, budgtaires et financires ou du Comit de Libration. Pour proposer leurs candidats ces postes, les Etats appartenant chaque rgion (Afrique du Nord, Afrique de lÕOuest, Afrique du Centre, Afrique de lÕEst et Afrique Australe), sÕallient pour parvenir un accord.
DÕun point de vue politique, dÕautres facteurs sont susceptibles de constituer des groupes. Jusque dans les annes 90, cÕest dire la fin de la guerre froide, certains Etats taient dÕorientation socialiste, parfois rallis au marxisme-lninisme. DÕautres taient affilis au camp des capitalistes. Il parat donc logique, quÕau sein de lÕO.U.A., ce clivage rapparaisse.
Enfin, certains Etats africains ont conserv des liens troits avec leur ancienne mtropole coloniale. Ds lors, persista le groupe francophone et le groupe anglophone.
Le phnomne des groupes ne pouvait en outre pas sÕestomper avec la cration de multiples organisations sous-rgionales.
2) La multiplicit des organisations sous - rgionales
En effet, les dissensions idologiques quant la forme du panafricanisme ont fait apparatre deux types dÕorganisations : lÕorganisation continentale (que constitue lÕO.U.A.) et lÕorganisation rgionale. Nous avons vu que le rgionalisme a t conu comme une premire tape vers le continentalisme. Mais, un problme de coordination sÕest pos entre ces deux types dÕorganisations et dÕautre part, les Etats-membres dÕune mme organisation sous-rgionale ont eu tendance crer des groupes au sein de lÕO.U.A.
Diverses organisations sous-rgionales ont ainsi t crs ds 1958, unissant les Etats africains, membres par la suite de lÕO.U.A. Il sÕagit dÕorganisations caractre politique, conomique, technique ou socio-culturelles. Unies par des intrts communs ou complmentaires, les organisations sous-regionales ont souvent manifest une certaine solidarit face aux problmes internationaux.
DÕune manire gnrale, la persistance du phnomne de groupe reflte les contradictions qui caractrisent lÕensemble de lÕAfrique. Si un des principes de la Charte est lÕgalit entre les Etats africains, on ne peut que constater leur ingalit quant leur puissance, leur taille et leur conomie. Ds lors, comment viter que les Etats se regroupent en fonction de leur poids sur la scne africaine, de leurs intrts ou de leurs affinits ?
Souvent, ces groupes ont bloqu le fonctionnement de lÕO.U.A., mais parfois, ils ont pu faciliter sa saisine et lÕorganisation de dbats.[40]
Quant la ralisation de lÕunit africaine, ces groupes sont un facteur de division du continent, mais ils sont la fois le reflet de la riche diversit de lÕAfrique.
Cependant, les limites de lÕO.U.A. ne sont pas constitues que dÕobstacles juridiques et idologiques nuisant la ralisation de lÕidal panafricain. Les limites sont galement, et surtout prsentes dans les institutions dont lÕOrganisation est dote pour atteindre ses objectifs.
¤ II - Les vicissitudes institutionnelles de lÕO.U.A.[41]
La Charte dÕAddis Abeba prvoit en son article 7 :
Ņ LÕOrganisation
poursuit les objectifs quÕelle sÕest assigns, principalement par
lÕintermdiaire des institutions ci-aprs :
1- La Confrence des chefs dÕEtat et de gouvernements ;
2- Le Conseil des Ministres ;
3- Le Secrtariat gnral ;
4- La Commission de mdiation, de conciliation et dÕarbitrage. Ó
Ces institutions peuvent tre regroupes en deux catgories : les organes Ņ de souverainet Ó dÕune part (A) et les organes administratifs et juridictionnels, dÕautre part. (B)
A - Les organes Ņ de souverainet Ó
La Confrence des chefs dÕEtat et de gouvernement et le Conseil des Ministres sont des organes de reprsentation des Etats. En tant quÕorganes dcisionnels, et surtout pour ce qui concerne la Confrence, ils semblent avoir subit un certain recul sur le plan pratique, dans la mesure o ils se sont souvent attachs sauvegarder la souverainet de leurs Etats, au dtriment des actions concrtes lÕchelle continentale.
1) La Confrence des chefs dÕEtat et de gouvernement : lÕinefficacit dcisionnelle
Les articles 8 11 [b1]de la Charte, ainsi que le rglement intrieur consacre le caractre suprme de la Confrence des chefs dÕEtats et de gouvernement. Cet organe est compos des chefs de lÕExcutif dans les diffrents Etats membres ou de leurs reprsentants accrdits, et se runit au moins une fois par an avec la possibilit de sessions extraordinaires ( article 9). Le principe de lÕgalit entre les Etats est assur par le fait que chaque Etat dispose dÕune voix ; les dcisions sont prises la majorit des deux tiers des Etats membres et les dcisions de procdure sont prises la majorit simple ( article 10). La confrence doit Ņ Étudier les questions dÕintrt commun pour lÕAfrique, afin de coordonner et dÕharmoniser la politique gnrale de lÕOrganisation. Ó (Article 8)
Il a t constat par de nombreux analystes de lÕOrganisation que, depuis 1963, le nombre de chefs dÕEtat prsents aux Confrences, avait chut. Profitant de lÕopportunit offerte par lÕarticle 9 de la Charte, ces derniers ont souvent prfr se faire reprsenter que se dplacer eux-mmes.
Selon Maurice Kamto, la raison de cet absentisme se trouve notamment dans la situation politique interne de la plupart des Etats africains.
Dans les annes 70-80, la plupart des rgimes africains taient instables, et donc perptuellement menacs par des coups dÕEtat. Les dates des dplacements taient officiellement dclares, des renversements purent ds lors avoir lieu pendant les sommets de lÕO.U.A.. Les chefs dÕEtat taient par consquent rticents quitter leur pays dont ils nÕavaient pas la matrise de la situation politique.
Il a dÕautre part t avanc que cet absentisme tait du la priodicit annuelle des sommets de lÕO.U.A.. A cet gard, la Tunisie et la Zambie avaient propos de runir la Confrence tous les deux ans seulement. Mais cette proposition ne fut pas retenue, probablement parce ce quÕelle nÕassurait pas forcment, lÕassiduit des chefs dÕEtat et de gouvernement.
Enfin,
la pratique des sommets dans des pays htes, a pu contribuer lÕabsentisme dans la mesure o les
divergences politiques entre les Etats taient parfois si profondes, quÕelles
rendaient inconcevable pour un Chef dÕEtat, de fouler le sol Ņ ennemi Ó.
La consquence fondamentale de cet absentisme est le changement de nature de la Confrence. Initialement conue comme un organe dcisionnel suprme, runissant chefs dÕEtats et de gouvernement, la Confrence sÕest abaisse au niveau du Conseil des Ministres, ce dernier faisant ds lors double emploi. En effet, les ministres prsents aux Conseils des Ministres, sont souvent les mmes qui reprsentent les chefs dÕEtat aux Confrences. LÕquilibre des pouvoirs est donc modifi et la Confrence est par consquent moins efficace dans son processus dcisionnel.
De
plus, lÕarticle 10 dispose que les dcisions sont prises la majorit simple
ou qualifie ; or, la plupart des dcisions sont prises lÕunanimit, car
Ņ les reprsentants de chefs dÕEtat sÕen tiennent gnralement des
positions minimums, en attendant dÕen rfrer leur mandataires. Ó[42]
DÕautre part, les principes de souverainet et de coopration qui fondent lÕO.U.A. excluent la prise de dcisions vritables, except pour ce qui concerne lÕorganisation et le fonctionnement de lÕOrganisation.
La Confrence sÕest davantage caractrise par la possibilit offerte aux Chefs dÕEtats et de gouvernements africains de dbattre sur les problmes communs. A cet gard, la Confrence de lÕO.U.A. a souvent t qualifie de Ņ syndicat de Chefs dÕEtat Ó.
Enfin, le problme majeur de la Confrence reste celui de la non application des rsolutions adoptes tant au niveau interne quÕau niveau international ; les intrts nationaux et le principe de souverainet consacr par la Charte prdominant. En effet, si les rsolutions constituant le droit interne de lÕOrganisation sont dotes de force obligatoire, les rsolutions qui ont pour objet de dicter la conduite des Etats membres sur le plan interne ou international, sont dnues dÕautorit.
Le fonctionnement de lÕOrganisation ne dpend ainsi que du bon vouloir des Chefs dÕEtat et de gouvernement.
2) Le Conseil des ministres : une faible autonomie dcisionnelle
Le Conseil des Ministres [b2]est le deuxime organe dans la pyramide institutionnelle de lÕO.U.A.. Quatre articles lui sont consacrs dans la Charte, ainsi quÕun rglement intrieur.
Il est compos des ministres des affaires trangres de chaque Etat membre de lÕOrganisation ou dÕautres ministres dsigns. Il se runit au moins deux fois par an et a la possibilit de se runir en session extraordinaire (article 12 de la Charte).
Au dbut de chaque session, il lit la majorit simple, un Prsident, deux Vice-Prsidents et un rapporteur (article 11 du rglement intrieur).
Le Conseil est charg de la prparation de la Confrence des Chefs dÕEtats et de gouvernement, connat toute question quÕelle lui renvoie et excute ses dcisions. Il met dÕautre part en Ļuvre la coopration interafricaine ( article 13 al. 2 et 3 de la Charte).
En outre, il discute et approuve le budget de lÕOrganisation vot par le Secrtaire gnral et approuve le rglement intrieur des commissions spcialises ( article 3 al. 4 et 5 du rglement intrieur).
En vertu du principe dÕgalit, chaque Etat dispose dÕune voix et les rsolutions sont prises la majorit simple (article 14 al. 1 et 2 de la Charte).
Dans la pratique, il semble que le Conseil des Ministres est le plus dynamique des organes de lÕO.U.A. Il dispose dÕun large panel de comptences. Toutefois ses pouvoirs sont trs limits, tant l'gard des comptences sur les matires internes de lÕOrganisation, que de son statut par rapport la Confrence.
En effet, le Conseil dispose de beaucoup dÕattributions, mais il nÕa pas de pouvoir de dcision propre,[43] mme sÕil peut exercer une certaine influence sur les dossiers.
Il reste dpendant des chefs dÕEtat et de gouvernement dans la mesure o la Charte prvoit explicitement que ses comptences sont exerces sous le contrle de la Confrence devant laquelle il est responsable (article 13 al. 1 de la Charte).
Ds lors ses initiatives ne sont retenues que si elles ne sont pas contraires la ligne politique suivie par les Chefs dÕEtat et de gouvernement.
En tant quÕorgane dÕexcution, il semble encore une fois trs dpendant de la volont des Chefs dÕEtat et de gouvernement ; cet gard, le Secrtariat gnral et la Commission de mdiation, de conciliation et dÕarbitrage sont davantage impliqus, au moins juridiquement, dans la mise en Ļuvre des dcisions.
B- Les organes administratifs et juridictionnels
LÕarticle 7 de la Charte prvoit, en outre deux autres organes : le secrtariat gnral et la Commission de mdiation, de conciliation et dÕarbitrage. La premier exerant une fonction administrative, le second un rle juridictionnel. Depuis leur cration, ces deux organes ont connu une importante volution.
1) Le Secrtariat gnral ou lÕambigut dÕune fonction
A ct des deux organes politiques, la Charte a cre un organe administratif, compos du Secrtaire gnral (dont les dispositions prcises son caractre administratif), et de quatre secrtaires gnraux adjoints. Nous nous attarderons davantage sur le rle et les comptences du Secrtaire gnral, fonction qui a connu en pratique une vritable mutation.
Trois articles de la Charte, et un rglement intrieur approuv par la Confrence lui sont consacr.
Le Secrtariat gnral, organe Ņ central et permanent Ó de lÕO.U.A. dispose essentiellement de comptences excutoires, il assure la continuit de lÕOrganisation.
Ses tches sont trs nombreuses, [44] et dans une certaine mesure, de nature dpasser ses fonctions administratives. Or, en 1963, les leaders africains ont refus de doter le Secrtaire gnral de toute initiative en matire politique, raison mme de son appellation : Secrtaire gnral administratif.
Cet pithte fut supprim lors de la rforme de Charte en 1979, par la Confrence des Chefs dÕEtat et de gouvernement runis au XVIe sommet de lÕO.U.A. Monrovia. Rforme qui modifia galement le mode de dsignation du Secrtaire gnral et de ses adjoints, quÕelle confia de manire exclusive la Confrence.[45]
Cette rforme pouvait sÕinterprter comme une reconnaissance de lÕimportance du rle jou par le Secrtaire gnral, voire comme un renforcement de son pouvoir.
Mais,
en pratique, cette rvision ne permit nullement dÕaccrotre ses pouvoirs. Si le
statut du Secrtariat gnral tait bien dfini, lÕtendue de ses pouvoirs et
son vritable rle restrent trs flous.
La fonction exclusivement internationale du Secrtaire gnral, lÕampleur des tches confies, les formes multiples de ses fonctions, ainsi que ses responsabilits, lui ont assur au cours des annes dÕexercice, une influence diplomatique, voire un rle politique.
LÕimportance de son rle varie en fonction de son charisme et sa capacit persvrer. En matire de rglement des conflits notamment, le Secrtaire gnral a pu jouer un rle de grande importance dans lÕhistoire de lÕOrganisation.
Mais ses initiatives personnelles se sont souvent heurtes la critique des organes de souverainet auxquels il reste subordonn. Les expriences de Diallo Telli (Premier Secrtaire gnral de lÕO.U.A. de 1964 1972) et dÕEdem Kodjo[b3] (1978-1983) en sont des exemples. [46] Diallo Telli en lÕoccurrence, fut lÕun de ceux qui marqua le plus lÕhistoire de lÕOrganisation de son empreinte en contribuant lui assurer une grande aura internationale.[47]
Cet exemple illustre bien en quoi la fonction de Secrtaire gnral est de la plus haute importance dans la poursuite des objectifs de lÕO.U.A. Or, les conflits de comptences quÕentrane lÕexercice de cette fonction, est un facteur dÕinefficacit et de nuisance aux activits de lÕOrganisation, cÕest pourquoi, il convient de la rformer.
Dans la pratique, le Secrtaire gnral a souvent prit la responsabilit de sÕexprimer au nom de lÕorganisation, alors que chaque chef dÕEtat prenait position pour son pays[48] ; il nous est donc permit de penser que cÕest le Secrtaire gnral qui dans une certaine mesure assure vis vis des puissances et organisations extrieures, lÕunit des Etats africainsÉ Mais cette hypothse peut tre nuance dans lÕtude de la fonction de Ņ prsident en exercice Ó ; fonction qui nÕa pas t prvue dans la Charte et qui a beaucoup volu, nous y reviendrons.
A cet gard, la Commission de mdiation, de conciliation et dÕarbitrage nÕa pas atteint les objectifs escompts.
A lÕissue du sommet de lÕO.U.A. au Caire en 1964, la Confrence des chefs dÕEtats et de gouvernement adopta le Protocole de mdiation, de conciliation et dÕarbitrage, et lÕintgra la Charte au nombre des institutions de lÕorganisation. (Article 19)
La Commission avait pour but de rgler les litiges entre les Etats membres, par voie de mdiation, de conciliation ou, en cas dÕabsence de compromis, par voie dÕarbitrage.
Le tribunal arbitral devait trancher les litiges conformment aux traits conclus entre les parties, au droit international, la Charte de lÕO.U.A., la Charte des Nations Unies ou avec lÕaccord des parties, en amiable composition (article 30 du protocole).
Par cet organe, lÕO.U.A. se donnait les moyens de consolider, sur le plan juridique, le rgionalisme africain et se conformait la pratique du rgionalisme international. Toute organisation internationale sÕtant dote, un moment ou un autre, dÕun instrument de rglement des litiges.
Toutefois, cet organe tait-il en conformit avec la nature de lÕO.U.A. ?
A cette question, Maurice Kamto a rpondu par la ngative. Se soumettre un tel organe, revenait privilgier le droit sur la politique dans la recherche des solutions aux litiges.
Or, lÕO.U.A. est avant tout une organisation caractre politique.
LÕchec de la Commission est inscrit dans les textes du protocole.
Les membres de la Commission lus par la Confrence (au nombre de 21) ne sont pas des chefs dÕEtat ou de gouvernement, mais des personnalits justifiant de comptences reconnues (article 2). Or, une Ņ personnalisation des diffrends interafricains Ó est manifeste dans la pratique de lÕOrganisation, le caractre personnel des diffrends interafricains dcoulant Ņ dÕune conception du pouvoir dans laquelle lÕEtat est coul dans la personne du chef .Ó[49]
Il semblait inconcevable que la personne du mdiateur, non aurole de la souverainet propre au prsident, puisse sÕinterposer entre les Etats.
Ds lors, les membres de la Commission ne furent lus par la Confrence que plusieurs annes aprs la cration de lÕorgane en 1964 et quand la Commission fut enfin compose, ses membres nÕintervinrent jamais dans le rglement des litiges africains.
Ainsi, les diffrends africains tant le plus souvent des conflits politiques, opposant des intrts personnels, les solutions ces litiges ne pouvaient pas tre juridiques. Les chefs dÕEtat auraient donc prfr le recours des modes politiques de rglement des litiges, par le biais notamment de commissions ad hoc, composs dÕEtats et non plus de personnalits reconnues pour leurs comptences.
Il semble que F. Meledje Djedjro ne partage pas lÕopinion de M. Kamto. Selon lui, les Etats africains ont peu peu privilgi la solution des diffrends sur la base du droit, portant le plus souvent leurs affaires devant les juridictions internationales comme la Cour internationale de justice.
Cette contradiction peut trouver sa justification dans la conception respective de chacun de la Commission : lÕun la considr comme un organe juridique, lÕautre semble la considrer comme un organe politique.
DÕautre part, F. Meledje Djedjro ajoute que lÕimmobilisme de la Commission trouverait sa justification dans une interprtation restrictive du principe dÕingrence, la comptence de la Commission sÕtendant uniquement aux litiges entre Etats (article 12 du protocole). Or, les conflits intertatiques auraient diminus, faisant place aux conflits internes pour lesquels la Commission nÕtait pas comptente.[50]
Ce fut probablement
pour lÕensemble de ces raisons, mmes contradictoires, que les Chefs dÕEtat et
de gouvernement adoptrent au sommet du Caire les 29 et 30 juin 1993, le
Mcanisme de lÕOUA pour la prvention, la gestion et le rglement des conflits.
Au regard de tout ce qui prcde, il semble que les Chefs dÕEtat et de gouvernement ont refus ds le dpart, de doter lÕO.U.A. de contre-pouvoirs en son sein, tant dans la Charte, que dans la pratique.
En effet, la Charte limite la possibilit dÕexpression contraignante du Conseil des Ministres et du Secrtariat gnral, bien que dans la pratique, ces organes se sont rvls essentiels au fonctionnement de lÕOrganisation. Au contraire, si les chefs dÕEtat ont accept en 1963 dÕoffrir lÕOrganisation un organe juridictionnel propre charg de rgler les litiges, il sÕest avr que les Etats ont souvent prfr recourir dÕautres modes de rglement des conflits, laissant ainsi dprir la Commission de mdiation, de conciliation et dÕarbitrage.
Il semble ainsi que lÕO.U.A. nÕest pas une organisation cre pour raliser lÕidal panafricain, mme si Ņ lÕesprit de famille Ó, le consensus ou Ņ la palabre Ó, ont toujours prvalu dans les dbats. CÕest pourtant lÕunit des Etats qui pourra sortir le continent africain de ses multiples problmes.
Nanmoins, la cause de la relative inefficacit de lÕO.U.A. rside surtout dans ses vices et dysfonctionnements institutionnels. Plusieurs rformes ont t proposes cet gard. LÕOrganisation de lÕUnit Africaine est une organisation essentielle qui a pu faire ses preuves dans certains domaines, mais il semble indispensable de la faire voluer et notamment lÕadapter aux ralits nouvelles. Nous y reviendrons, aprs avoir tudi comment lÕO.U.A. a tent de raliser un panafricanisme conomique.
En effet, pendant
la premire dcennie de lÕOrganisation, les Etats africains se sont surtout
proccups des aspects politiques de lÕunification de lÕAfrique :
lÕmancipation des Etats, la lutte contre lÕapartheid, le conflit congolais
(gurillas lumumbistes et problme katangais) , le problme biafraisÉ Dans une
seconde priode, les proccupations dÕunification conomique ont ouvert la voie
vers une autre forme de coopration, puis dÕintgration.
SECTION II Š LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE AFRICAINE ET LA REALISATION DU PANAFRICANISME ECONOMIQUE ?
Ds les indpendances, les problmes de malnutrition, de sous-production, de pauprisation, que lÕon pourrait rsumer sous le terme gnrique de sous-dveloppement, ont affect le continent africain. SÕest ajout la crise conomique mondiale altrant les conomies africaines depuis les annes 80.
Les chefs dÕEtats et de gouvernement membres de lÕO.U.A. ont pris conscience de cette situation ds 1963, lors de la confrence dÕAddis Abeba. En lÕoccurrence, certaines dispositions de la Charte consacrent implicitement la ncessit de raliser le progrs conomique lÕchelle du continent.
Mais, comme nous lÕavons vu prcdemment, le dveloppement conomique ne faisait pas partie des proccupations majeures de lÕheure.
Dcolonisation, lutte contre lÕapartheid et conflits opposant certains Etats africains ont longtemps occup les consciences panafricaines, au dtriment de la brlante question conomique.
Une dcennie sÕest coule avant que lÕO.U.A. ne sÕengage concrtement sur cette voie. Les consciences se sont rellement rveilles au moment de la dtrioration de la situation conomique des annes 70 et lorsque le Nouvel Ordre Economique International (N.O.E.I.) propos par lÕOrganisation des Nations Unies (O.N.U.) montrait ses limites.
Le Plan dÕAction de Lagos (P.A.L.) de 1980 adopt au cours du Colloque de Monrovia, marqua cet gard un tournant historique : lÕre du panafricanisme en tant que mouvement de dcolonisation politique tait rvolu, lui succdait lÕre du panafricanisme en tant quÕ instrument dÕintgration rgionale et de dcolonisation conomique.
Certes, ce fut un chec, mais la marche vers la ralisation du panafricanisme conomique tait enclenche (¤ I). La cration de la Communaut Economique Africaine (C.E.A.) le prouve, mme si de srieux obstacles ont bloqu sa mise en Ļuvre (¤ II).
¤ I - Aux origines de la Communaut Economique Africaine
Comprendre les causes puis les limites de la Communaut Economique Africaine, passe ncessairement par un dtour dans le temps. La C.E.A. ne fut pas cre du jour au lendemain ; elle fut lÕaboutissement dÕune importante volution initie en 1963, lorsque les chefs dÕEtats et de gouvernement dcidrent dÕinscrire dans la Charte de lÕO.U.A. leur volont de raliser le progrs conomique en Afrique.
Ce long processus est marqu par diffrentes tapes quÕil convient de restituer, afin de prsenter, terme, des perspectives quant la ralisation du panafricanisme conomique.
A - LÕaction conomique de lÕO.U.A. de 1963 1979
LÕaction de lÕO.U.A. dans le domaine conomique est marque, dans la premire dcennie de sa cration, par deux tapes fondamentales.
La premire phase est caractrise par la quasi-inactivit de lÕO.U.A., en raison du traitement prioritaire des questions politiques et du monopole exerc par lÕorgane institu par les Nations Unies charg du dveloppement conomique de lÕAfrique (1).
La seconde phase rvle une prise de conscience quant la gravit de la situation conomique dans la majorit des Etats africains (2).
En 1963, les Chefs dÕEtat et de gouvernement membres de lÕO.U.A. se donnrent comme objectif dÕharmoniser et de coordonner leurs politiques gnrales, notamment dans le domaine conomique, afin de raliser le Ņ progrs gnral Ó et le Ņ bien-tre de leurs peuples Ó.
A cet gard, la cration dÕune Ņ Commission conomique et sociale Ó fut prvue dans la Charte (article 20).
Mais, lÕurgence imposa lÕtablissement dÕun Ņ Comit conomique prparatoire Ó charg dÕtudier un certain nombre de problmes communs, avant lÕinstitution de la commission conomique et sociale.
Ce Comit ne pu jamais se runir, son mandat tant probablement trop ambitieux ; la Commission fut ds lors amene le remplacer rapidement.
La premire runion de la Commission conomique et sociale qui se tnt en dcembre 1963 Niamey (capitale du Niger), lui donna notamment pour mission de Ņ synchroniser et de coordonner divers projets de dveloppement conomique Ó.
Cette Commission se rvla inefficace, dans la mesure o paradoxalement, elle manquait dÕattention pour les questions conomiques. Plusieurs facteurs expliquent cet chec.
DÕune part, la Commission conomique et sociale compose de Ņ ministres comptents, ou de tous autres ministres ou plnipotentiaires, dsigns cet effet par leur gouvernement Ó (article 21), ne dtenait pas de comptences propres et exclusives.
La
Confrence des chefs dÕEtat et de gouvernement disposant dÕune comptence
gnrale reconnue lÕarticle 8, le Conseil des Ministres duquel la Commission
dpendait, et le Secrtariat gnral disposant dÕun dpartement du
dveloppement conomique et de la coopration, faisaient que la comptence de
lÕO.U.A. en matire conomique tait exerce par diffrents organes et non par
un organe principal charg du dveloppement conomique. Par consquent, Ņ la
comptence conomique de lÕOUA sÕest trouve noye dans la comptence globale
de lÕOUA, telle enseigne quÕil
est dlicat de porter un jugement sur la performance de lÕOUA sur le terrain
conomique. Ó[51]
DÕautre part, lÕOrganisation des Nations Unies avait, ds 1958, mt en place une Commission Economique pour lÕAfrique, qui entra directement en concurrence avec lÕO.U.A. dans ses comptences conomiques. Cette Commission, qui avait pour mission de dvelopper le systme conomique international tout en tenant compte des spcificits africaines, disposait de moyens financiers et humains suprieurs ceux confis lÕO.U.A. et tendait par consquent monopoliser le traitement des questions conomiques.
Une rivalit sÕinstaura entre les deux organisations et porta prjudice la cause du dveloppement conomique en Afrique.
Ce conflit de comptences sÕapaisa lorsquÕen 1969, la Commission Economique pour lÕAfrique reconnut la primaut de lÕO.U.A. dans le domaine conomique et social.
En 1970, le Conseil des Ministres de lÕO.U.A. adopta une rsolution sur Ņ les responsabilits et le rle de lÕOUA dans le domaine conomique et social Ó qui ne proposait pas de stratgies originales de dveloppement conomique.
Cependant, la crise des annes 70 lie au conflit isralo-arabe, la hausse des cours du ptrole, la chute des prix des produits de base, lÕeffondrement du systme montaire international ainsi quÕaux grandes scheresses en Afrique, amena lÕO.U.A. laborer sa propre stratgie de dveloppement conomique.
2) La prise de conscience de lÕO.U.A. de la gravit de la situation conomique
Dans les annes 70, lÕAssemble Gnrale des Nations Unies adopta une dclaration sur lÕtablissement dÕun Nouvel Ordre Economique International qui ne prenait pas en compte les spcificits africaines.
En 1973, la dclaration dÕAddis Abeba condamna cette initiative par le biais dÕune critique adresse la stratgie des Nations Unies pendant la dcennie coule et affirma la volont de raliser lÕindpendance conomique du continent africain.
Cette indpendance pouvait se raliser grce la mobilisation des Ņ immenses ressources humaines et naturelles Ó de lÕAfrique et lÕlimination de lÕinfluence extrieure que constituait lÕordre conomique international.[52]
La dclaration formula une srie de recommandations propres assurer lÕaction collective des pays africains en faveur dÕune coopration et dÕune intgration conomique, dans des matires touchant lÕagriculture, aux transports, aux communications, au domaine montaire et financier, lÕindustrialisation, lÕenvironnement, au tourismeÉ
Cette dclaration marquait ainsi une prise de conscience des leaders africains, de la ncessit de trouver des solutions aux problmes conomiques.
A cet gard, le Conseil des Ministres de lÕO.U.A. runi Kinshasa en dcembre 1976, ritra lÕide mise en 1967, de crer une communaut conomique africaine. Mais en raison des divergences entre les Etats membres de lÕO.U.A., cette ide et du mal convaincre. En effet, les Etats africains nÕtaient pas frapps de manire identique par la crise et taient ingalement dots de ressources.
Nanmoins, le cap
fut franchi lors du Colloque de Monrovia du 12 au 15 fvrier 1979, o une
quarantaine dÕexperts provenant de diverses rgions et reprsentant des
disciplines diverses, furent invits.[53]
Le travail des intellectuels africains en fvrier 1979 convainquit les Chefs dÕEtat et de gouvernement de lÕO.U.A., qui adoptrent en juillet de la mme anne, une dclaration relative aux Ņ principes directeurs respecter et les mesures prendre en faveur de lÕautosuffisance nationale et collective dans le dveloppement conomique et social, en vue de lÕinstauration dÕun nouvel ordre conomique international Ó.
Ce fut pour mettre en Ļuvre cet engagement que les Chefs dÕEtat et de gouvernement adoptrent, au cours dÕune session extraordinaire de lÕO.U.A. dans la capitale du Nigeria en avril 1980, le Plan dÕAction de Lagos.
B - Le Plan dÕAction de Lagos de 1980
Procdant dÕune vision critique des stratgies de dveloppement des Nations Unies pour lÕAfrique dans la premire dcennie suivant la cration de lÕO.U.A., le Plan dÕAction de Lagos proposa la ralisation du dveloppement conomique de lÕAfrique sur la base dÕune croissance autocentre et autosuffisante (1).
Au moment de sa mise en Ļuvre, le P.A.L. rvla ses carences et rendit impossible toute tentative dÕaction concrte. Le P.A.L. fut alors un chec, dont il convient de saisir les
causes (2).
1) Les objectifs et moyens proposs par le Plan dÕAction de Lagos
Le Plan dÕAction de Lagos, document trs volumineux adopt par les chefs dÕEtat et de gouvernement lÕissue de la session extraordinaire de Lagos en avril 1980, est lÕaboutissement de la rflexion des intellectuels et leaders africains sur les moyens de sortir lÕAfrique de la crise conomique et consacre cet gard le rveil conomique de lÕO.U.A.
Le
P.A.L. propose une stratgie africaine de dveloppement reposant sur une double
prise de conscience : les limites du nouvel ordre conomique international
propos par les Nations Unies mettant le continent dans un tat de stagnation[54],
et la ncessit pour les africains, de prendre en main leur destin conomique
en laborant des stratgies propres assurer le dveloppement conomique en
Afrique.
M. Kwam Kouassi[55] rsume les objectifs du P.A.L. de la manire suivante : les Chefs dÕEtat et de gouvernement se proposent de Š parvenir un important degr dÕautosuffisance Š mettre en place et sceller la solidarit conomique africaine Š peser dÕun plus grand poids dans les affaires mondiales.
LÕautosuffisance ncessite la mobilisation des ressources humaines et matrielles de chaque pays et implique la mise en place dÕun march commun permettant aux pays disposant de surplus, de combler les carences des pays dficitaires. Afin que lÕAfrique puisse assurer son autonomie, des politiques doivent tre labores pour lÕexploitation et lÕutilisation des abondantes ressources naturelles dont dispose le continent, en assurant notamment une transformation locale des matires premires.
LÕorganisation de la solidarit conomique africaine implique quant elle une harmonisation des politiques des Etats africains. Si ces derniers sÕorganisent en une communaut conomique, ils pourraient ngocier des meilleures conditions de contrat du fait de lÕtendue des marchs quÕils reprsenteraient. A cet gard, lÕobjectif final du P.A.L. tant de crer une Communaut Economique Africaine, dans laquelle les communauts conomiques sous-rgionales existantes seraient maintenues, avec la possibilit dÕen crer dÕautres pour couvrir lÕensemble du continent.
Les projets industriels, les projets de transports maritimes ou ariens deviendraient rentables au niveau de la Communaut Economique Africaine, ce qui nÕest pas le cas lÕchelle nationale.
LÕorganisation de la solidarit conomique continentale serait la condition permettant la ralisation du troisime objectif, cÕest dire, donner la possibilit lÕAfrique de peser dÕun plus grand poids dans les affaires mondiales.
En effet, un Etat africain ne peut peser, seul, face aux grandes puissances, alors que lÕO.U.A. pourrait atteindre ce rsultat en sÕorganisant en communaut conomique.
Les objectifs et moyens proposs par les auteurs du P.A.L. pour raliser le dveloppement conomique en Afrique nÕont pas t suivi dÕactes concrets. Un certain nombre dÕobstacles expliquent cet chec.
2) LÕchec du Plan dÕAction de Lagos ou les limites de lÕaction conomique de lÕO.U.A.
La mise en Ļuvre du Plan dÕAction de Lagos sÕest heurte un certain nombre dÕobstacles, inhrents tant aux faiblesses et silences du plan, quÕaux contraintes extrieures, pour certains prvisibles et pour dÕautres non.
La mobilisation des
ressources humaines (valorises par lÕducation et la formation), tel que le
recommandait le P.A.L., ne pouvait tre effective que si la population dans son
ensemble tait en mesure de participer de manire active la prise de
dcision, sa mise en Ļuvre et au contrle. Ainsi, le dveloppement conomique
auquel le P.A.L. aspirait tait li Ņ Éla dmocratisation de la vie
politique et conomique, ce qui tait loin dÕtre le cas partout au dbut des
annes 80. Ó[56]
Sur le plan institutionnel, lÕO.U.A. ne sÕest pas donn les moyens dÕagir efficacement dans le domaine conomique, dans la mesure o elle nÕa pas cre dÕorgane spcifique charg de suivre la mise en Ļuvre du P.A.L. ; cette responsabilit tant partage entre les diffrents organes de lÕOrganisation. Or, les organes se sont proccups prioritairement des affaires politiques, au dtriment de lÕexamen des moyens de raliser la coopration conomique.
Cette carence institutionnelle est lie la nature de lÕO.U.A., organisation de coopration intertatique et non dÕintgration, ainsi quÕaux pouvoirs attribus ses membres.[57]
DÕautre part, dfaut de moyens financiers et humains suffisants, des projets et programmes du P.A.L. ont d tre supprims[58] et pour le reste, le dpartement conomique de lÕO.U.A. nÕa pas t en mesure de travailler efficacement, faute dÕavoir reu les informations ncessaires des Etats membres.
Concernant la stratgie prvue par le P.A.L. pour assurer lÕindpendance conomique de lÕAfrique ainsi que son influence dcisive sur les conditions du commerce international, lÕchec tait galement manifeste ; en lÕoccurrence lÕimportance de lÕaide extrieure et par consquent, le fort endettement, ne lui ont pas permis de rsister aux pressions des entreprises transnationales prsentes sur ses territoires.[59]
Mais des circonstances imprvisibles ont galement contrari le plan : le second choc ptrolier et les conflits ; les grandes scheresses des annes 1980 et lÕavance du dsert dans certaines rgions, ont frapp de plein fouet le continent.
Le constat dÕchec du plan et plus largement des limites de lÕaction de lÕO.U.A. dans le domaine conomique, ont conduit les chefs dÕEtats et de gouvernement se runir nouveau autour de la question conomique ds 1984. Un Ņ Programme Prioritaire de Redressement Economique de lÕAfrique, 1986-1990 Ó, fut alors prpar, tenant compte des obstacles et contraintes qui ont contrari la mise en Ļuvre du P.A.L.
La prise en compte des limites et la raffirmation de certains principes du P.A.L., ont conduit la cration, dans le cadre du trait dÕAbuja, de la Communaut Economique Africaine.
¤ II - La cration de la Communaut Economique Africaine
Le 3 juin 1991, Abuja au Nigeria, les Chefs dÕEtat et de gouvernement membres de lÕOrganisation de lÕUnit Africaine ont dcid de crer une Communaut Economique Africaine (C.E.A.), faisant partie intgrante de la Charte de lÕO.U.A.
Le trait rappelle dans son prambule les diverses rsolutions et dclaration adoptes dans les annes 70 stipulant que Ņ lÕintgration conomique du Continent est une condition essentielle pour la ralisation des objectifs de lÕOUA Ó ; raffirme la dclaration de Kinshasa adopte en 1976 relative la cration de la C.E.A. et prend en compte le Plan dÕAction de Lagos et lÕacte final de Lagos dÕavril 1980.
Par ce trait, les Chefs dÕEtat et de gouvernement africains, semblent affirmer de manire plus ferme, leur volont de sÕengager sur la voie de lÕintgration et non plus de la simple coopration. A priori, ce document donne penser que les leaders africains se sont entendus sur les moyens de raliser lÕidal panafricain (comme le souhaitait le Dr NÕKrumah), au moins sur le plan conomique.
Mais posteriori, nous verrons que le trait nÕa pas t suivi dÕune mise en application concrte, celle-ci rvlant une fois de plus, les carences de lÕO.U.A. et des obstacles la ralisation de lÕidal panafricain.
A - Prsentation du trait dÕAbuja instituant la Communaut Economique Africaine
Le trait dÕAbuja est compos de 106 articles propres assurer le dveloppement conomique de lÕAfrique, par le biais dÕune intgration conomique du continent ; objectif qui doit tre atteint au terme dÕune priode de transition de trente quatre ans maximum subdivise en six tapes (article 6).
Le trait nonce des principes nouveaux mais tend raliser des objectifs dj prsents dans les rsolutions et dclarations antrieures.(1)
Certaines dispositions semblent prendre en considration les obstacles et difficults passs. La cration de nouveaux organes est cet gard significative et marque un progrs certain par rapport la Charte de lÕO.U.A. et aux traits instituant les organisations sous-rgionales. (2)
1) Les principes et objectifs de la C.E.A.
LÕensemble des principes noncs lÕarticle 3 du trait dÕAbuja, marquent une avance relle, tant lÕgard de la prise en compte des obstacles qui ont entrav la ralisation du P.A.L., que par rapport aux principes poss dans la Charte de lÕO.U.A.
En effet, le principe dÕgalit figurant dans la Charte de lÕOrganisation est accompagn de Ņ lÕinterdpendance des Etats membres Ó ; le principe de solidarit devient indissociable de Ņ lÕautonomie collective Ó et le principe de coopration entre les Etats est dsormais li lÕ Ņ intgration des programmes Ó.
Ces nouveaux principes semblent imprgns des diffrents stades de lÕvolution de lÕaction conomique de lÕO.U.A. de 1963 1990, et en sont le rsultat final.
DÕautre part, de nouvelles proccupations sont apparues, conformment aux principes fondamentaux du droit international : le rglement pacifique des conflits et le respect des droits de lÕhomme et des peuples.
Enfin, lÕinnovation est manifeste dans lÕinscription des principes de Ņ respect du systme juridique de la Communaut Ó et de Ņ participation populaire au dveloppement Ó A cet gard, pour la premire fois, les Chefs dÕEtat et de gouvernement semblent, au moins sur le plan formel, donner une valeur Ē obligatoire Č leur engagement et poser le cadre dÕune dmocratie lÕchelle continentale.
Concernant les objectifs, la Communaut se propose de Ņ promouvoir le dveloppement conomique, social et culturel ainsi que lÕintgration des conomies africaines en vue dÕaccrotre lÕautosuffisance conomique et favoriser un dveloppement endogne et auto-entretenu Ó ; Ņ crer, lÕchelle continentale, un cadre pour le dveloppement, la mobilisation et lÕutilisation des ressources humaines et matrielles de lÕAfrique en vue dÕun dveloppement autosuffisant Ó, etc.
Le trait prvoit en outre, lÕarticulation de la C.E.A. et des autres organisations sous rgionales africaines.
Les Etats se sont cet gard engags renforcer ces organisations et prendre les mesures ncessaires pour liminer les incompatibilits entre le trait dÕAbuja et les Chartes constitutives de ces organisations.
DÕautre
part, lÕarticle 4 ¤2 du trait prvoit que ces objectifs devront se raliser
par tapes et moyennant Ņ lÕadoption
dÕune politique commerciale commune lÕgard des Etats tiers Ó ; Ņ la cration et le maintien dÕun tarif
extrieur commun Ó ; Ņ la cration
dÕun march commun Ó ; Ņ la
libralisation des changes Ó par limination des
droits de douane et Ņ lÕabolition, entre les Etats membres, des
barrires non-tarrifaires Ó ; Ņ la
suppression progressive, entre les Etats membres, des obstacles la libre
circulation des personnes, des biens et des services Ó,
Ņ la cration de nouvelles institutions Ó,
etc.
Ces objectifs et moyens de les raliser ne sont pas nouveaux, ils figuraient dj dans le Plan dÕAction de Lagos, en 1980.
En revanche, lÕinnovation se trouve, outre les principes sus-mentionns, dans la cration de nouvelles institutions et dans le renforcement du pouvoir des organes existants.
Le trait dÕAbuja cre de nouvelles institutions, en sus des organes prvus par la Charte de lÕO.U.A.
Ces institutions ont plusieurs mrites : le prise en compte de lÕobstacle majeur entravant lÕaction conomique de lÕO.U.A. jusquÕen 1991, savoir lÕabsence dÕorganes propres assurer les objectifs conomiques ; la participation des peuples au dveloppement, aux dcisions et au contrle ; ainsi que le caractre obligatoire des dcisions prises et des sanctions en cas de violation persistante des dispositions du trait (article 5 ¤3).
Les Chefs dÕEtat et
de gouvernement se sont engags crer un Parlement panafricain Ņ en
vue dÕassurer la pleine participation des peuples africains au dveloppement et
lÕintgration conomique du Continent Ó, dont
Ņ la composition, les attributions, les pouvoirs et lÕorganisation (É)
sont dfinies dans un protocole y affrents Ó
(article 14).
LÕarticle 18 prvoit la cration dÕune Cour de Justice charge dÕassurer Ņ le respect du droit dans lÕinterprtation et lÕapplication du prsent trait et statue sur les litiges dont elle est saisie en vertu des dispositions du prsent trait. Ó Elle est saisie soit par un Etat membre, soit par la Confrence en cas de violation des dispositions du trait, dÕune dcision ou dÕun rglement, pour incomptence ou abus de pouvoir dÕun organe ou dÕun Etat membre. Elle peut, dÕautre part, donner des avis consultatifs sur toute question juridique la demande de la Confrence ou du Conseil des Ministres.
La Cour de Justice rend des arrts obligatoires lÕgard des Etats membres et des organes de la Communaut (article 19).
A cet gard, la Confrence a galement t dote dÕun vritable pouvoir de dcision, dans la mesure o lÕarticle 10 prvoit que ses dcisions sont excutoires de plein droit, trente jours aprs la date de leur signature par le Prsident de la Confrence et sont publis au Journal Officiel de la Communaut.
Les dcisions sont prises en principe par consensus ou dfaut, la majorit des deux tiers des Etats membres.
Concernant le Conseil des Ministres, ce dernier peut formuler des recommandations lÕintention de la Confrence et peut adopter des rglements par consensus (article 13), qui ont force obligatoire lÕgard des Etats membres, des organes et des communauts conomiques rgionales aprs approbation de la Confrence, sauf si cette dernire lui dlgue ses pouvoirs, auquel cas, ils ont dÕoffice force obligatoire et ont force excutoire trente jours aprs leur signature par le Prsident du Conseil. Les rglements sont galement adopts par consensus ou dfaut, la majorit des deux tiers.
En outre, la Commission Economique et Sociale de lÕO.U.A. est Ņ ressuscite Ó, compose de ministres responsables du dveloppement, de la planification et de lÕintgration conomique de chacun des Etats membres (article 15), ainsi que des Comits Techniques Spcialiss, chargs des questions dÕconomie rurale et agricole ; montaires et financires, commerciales, douanires et dÕimmigration ; des transports et communications ; de la sant, du travail et des affaires sociales, etc. (article 25).
La liste des missions, organes et pouvoirs que nous venons de prsenter nÕest pas exhaustive. Beaucoup dÕinnovations semblent caractriser le trait dÕAbuja, ainsi que la prise en compte des obstacles entravant les actions conomiques passes, et notamment le Plan dÕAction de Lagos.
Les institutions cres, qui en lÕoccurrence ressemblent celles de lÕUnion Europenne, tmoignent, au moins de manire formelle, de la volont des Etats africains de raliser un progrs conomique, social, politique et dmocratique.
Propices la ralisation de lÕintgration du continent, les objectifs et missions assigns la C.E.A., semblent sÕinscrire dans la perspective de concrtisation de lÕidal panafricain, au moins dans sa dimension conomique.
Cependant des obstacles, anciens et nouveaux, ont compromis la mise en place de la Communaut Economique Africaine, et par consquent de la ralisation du panafricanisme conomique. La nouvelle organisation continentale nÕa en fait jamais vu le jour ; il convient dÕen comprendre les raisons.
B - La permanence des obstacles la ralisation du panafricanisme conomique
Le trait dÕAbuja qui est entr en vigueur que trois ans aprs son adoption, nÕa pas t suivi dÕactions concrtes ; ses dispositions sont restes lettres mortes depuis son adoption. Les Chefs dÕEtat et de gouvernement ont ni un certain nombre dÕobstacles qui se sont rvls fatals.
1) Les obstacles politiques et internationaux
Le
trait dÕAbuja instituant la Communaut Economique Africaine prvoit
lÕharmonisation des politiques conomiques nationales, mais nÕa pas pris en
compte les divergences, encore trs prsentes, entre les diffrents Etats
membres.
En effet, depuis 1963 les configurations conomiques et gographiques nÕont pas rellement chang. Certains Etats demeurent plus grands et parfois plus riches que dÕautres. DÕautres encore sont plus disposs concder des parcelles de leur souverainet que leurs voisins. Enfin, chacun est anim par des intrts diffrents.
DÕautre part, lÕO.U.A. est une organisation de coopration intertatique et non une organisation dÕintgration comme le prvoit le trait dÕAbuja. La transition vers une Communaut Economique Afrique parat ds lors compromise si la volont politique dÕassurer cette transition est inexistante.
Certes les Etats africains se sont entendus formellement pour raliser lÕintgration de lÕAfrique, mais ont-ils rellement pris conscience des implications politiques et financires de cet engagement ?
Les institutions cres ne peuvent pas fonctionner sans moyens financiers ni dlgation de comptences de la part dÕEtats, fidlement attachs leur souverainet.
Enfin, les contraintes extrieures sont galement prendre en considration, de surcrot dans les annes 1990, cÕest dire au moment de la recrudescence des politiques dÕajustement structurels imposes par les institutions de Brettons Wood : la Banque Mondiale et le Fond Montaire International (F.M.I.).
La politique dÕajustement structurel consistant notamment provoquer le dsengagement de lÕEtat et rtablir lÕconomie de march, est en parfaite contradiction avec celle du P.A.L. et du trait instituant la C.E.A., qui privilgie davantage la planification conomique.
En effet, pour raliser les objectifs dÕ Ņ autosuffisance conomique Ó ou de Ņ dveloppement endogne et auto-entretenu Ó, lÕAfrique doit se doter de moyens financiers propres. Or, le continent compte normment sur lÕaide internationale, et aujourdÕhui, doit faire face un grave endettement.[60]
2) Les obstacles constitus par les communauts rgionales et sous-rgionales
A partir des annes 1970, le panafricanisme en tant que force dÕintgration au niveau rgional et sous-rgional a connu un regain dÕintrt. Le dsir des Etats africains et de leurs dirigeants de dterminer leurs propres politiques conomiques, en fonction de leurs ressources naturelles et de leurs idologies, en marge des politiques de dveloppement proposes par les pays dvelopps, a conduit la constitution de groupements rgionaux.
A cÕest gard, nous pouvons nouveau constater que le rgionalisme a prcd le continentalisme en tant quÕexpression du panafricanisme, cette fois-ci dans sa dclinaison conomique.
Ces diffrentes communauts rgionales sont notamment: la Communaut Economique des Etats de lÕAfrique de lÕOuest (C.E.D.E.A.O.), la Communaut Economique des Etats de lÕAfrique Centrale (C.E.E.A.C.), La Communaut Economique de lÕAfrique de lÕOuest (C.E.A.O.), lÕUnion Douanire et Economique de lÕAfrique Centrale (U.D.E.A.C.), la Confrence pour la Coordination du Dveloppement en Afrique (S.A.D.C.C.), etc.
Ces intgrations rgionales poursuivent les mmes objectifs: rduire la dpendance des Etats membres lÕgard des puissances occidentales; se protger de lÕinfluence que peuvent exercer ces forces extrieures sur les politiques conomiques des Etats africains; et coordonner les programmes de dveloppement afin de favoriser la croissance conomique et le dveloppement.
Or, la pratique a
rvl que ces groupements rgionaux nÕont pas servi les intrts des Etats
membres; paradoxalement ce sont les puissances trangres qui en ont tir les
bnfices, et notamment les organismes dÕaide et les socits transnationales,
dont lÕimplantation sÕest trouve facilite. Ds lors, les Etats membres nÕont
pas la matrise des secteurs cls de leur conomie et des ressources fondant
leurs projets communs.
Ce constat nous amne nous demander si les auteurs du Trait dÕAbuja ont rellement tenu compte des limites inhrentes aux intgrations rgionales, en se fixant comme objectif de construire la C.E.A. sur la base des diffrentes organisations rgionales existantes ou crer.
Ces communauts
conomiques rgionales sont-elles assez fortes pour en faire la base dÕune
organisation africaine lÕchelle continentale ?
DÕautre part, il semble que les Chefs dÕEtat et de gouvernement nÕont pas pris en considration les particularismes sur lesquels reposent ces diffrents regroupements rgionaux et sous-rgionaux.[61]En effet, ces organisations se sont pour la plupart constitues sur des bases linguistiques et historiques communes. Leur fusion parat cet gard difficile.
DÕautant plus, que la plupart des Etats qui les constituent sont dj trs attachs leur souverainet, mme sÕils ont pu en cder des parcelles au profit dÕune organisation sous-rgionale, sont-ils prt confier davantage de pouvoirs une organisation continentale ?
Nous avons vu que ces diffrentes organisations taient facteur de division du continent et constituaient ds lors un obstacle au panafricanisme. Mais nous ne pouvons pas nier que le rgionalisme constitue justement lÕune des formes du panafricanisme, et que dans le cadre dÕune intgration plus vaste, il faudra compter avec.
A cet gard, le pralable semble tre le renforcement de ces organisations, car ces dernires comportent beaucoup dÕimperfections quÕil est ncessaire de surmonter, pour ne pas les reproduire lÕchelle continentale.
Renforcement, coopration, coordination puis harmonisation de ces groupements rgionaux tel que le prvoit le trait dÕAbuja, ncessitent un organe propre assurer la liaison.
LÕarticle 15 du trait dÕAbuja prvoit cet gard, la cration ou plus exactement, la rhabilitation de la Commission Economique et Sociale. La Commission, compose des ministres responsables du dveloppement, de la planification et de lÕintgration conomique de chaque Etat membre, est charge de prparer des programmes, politiques et stratgies de coopration et de dveloppement conomique et social entre les Etats africains, entre autres.
Cet organe est nouveau pleinement dpendant des organes de souverainet (Confrence et Conseil des Ministres). Or, il semble que la mission de liaison entre les diffrentes communauts rgionales requiert un organe compos de responsables ou dÕexperts indpendants de leurs Etats et pleinement disponibles pour accomplir cette mission.
Nous avons vu que les ministres ont dj beaucoup faire dans le cadre de leur territoire national et au sein du Conseil des Ministres de lÕO.U.A. Comment, ds lors, peuvent-il accomplir efficacement une autre fonction qui est celle de rendre possible le renforcement, la coopration, la coordination et lÕharmonisation des Communauts rgionales ?
Il semble que les auteurs du trait dÕAbuja ont nglig les limites que constituaient, dj en 1963, la composition de la Commission et sa subordination la Confrence.
Preuve en est, cette Commission conomique et sociale nÕest toujours pas oprationnelle, ce jour.
Tant que les Chefs dÕEtat et de gouvernement nÕaccepteront pas de cder au moins quelques comptences des organes indpendants, la perspective dÕintgration de lÕAfrique semblera irraliste.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE.
Au regard de tout ce qui prcde, lÕattachement sans limites au principe de souverainet et la prdominance des intrts nationaux, semblent eux seuls expliquer la non ralisation de lÕidal panafricain.
En effet, si le dsir de raliser lÕunit africaine est rel, la volont des Etats africains de sÕen donner les moyens fait dfaut.
Il parat ds lors improbable que les multiples problmes auxquels lÕAfrique est confronte soient rsolus sans organe supranational dot de comptences propres et de moyens financiers.
La dlgation de comptences au profit dÕune entit plus vaste semble par consquent indispensable l Õimprative intgration de lÕAfrique, mais ncessite une relle volont politique dÕatteindre cet objectif.
Le 12 juillet 2000, les Chefs dÕEtats et de gouvernement africains ont dcid de supprimer lÕOrganisation de lÕUnit Africaine, pour la replacer par lÕUnion Africaine.
Le nouveau trait offre -il lÕUnion Africaine les moyens dÕaccomplir ce que lÕO.U.A. nÕest pas parvenue raliser ?
ANALYSE
ET PORTEE DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE
Le trait de lÕUnion africaine[62] est entr en vigueur le 26 mai 2001, soit trente jours aprs le dpt du 36me instrument de ratification, tel que le prvoit lÕarticle 28 de lÕActe constitutif instituant lÕUnion Africaine.
Le trait de lÕUnion Africaine remplacera la Charte de lÕOrganisation de lÕUnit Africaine dans une priode transitoire dÕun an maximum compter de son entre en vigueur, le temps ncessaire pour que lÕO.U.A./ C.E.A. assure le transfert de son actif et son passif lÕUnion. (article 33 al.1)
Cette suppression de lÕOrganisation ge de trente huit ans, appelle au questionnement suivant: les Chefs dÕEtat et de gouvernement sont-il aujourdÕhui disposs offrir une entit internationale africaine le pouvoir de dcider et dÕagir sur les multiples problmes et dfis du continent africain ? Le principe de coopration qui caractrisait lÕO.U.A. est-il remis en cause au profit dÕune intgration plus vaste, rpondant ainsi aux objectifs fixs en 1963 par lÕOrganisation ? Le cadre juridique propos permet-il lÕatteinte des objectifs de paix, de dmocratie, de dveloppement conomique et social, et dÕinsertion dans le systme politique et conomique mondial ?
Si lÕtude du fonctionnement dÕune organisation internationale ncessite un recul de plusieurs dcennies, lÕanalyse des textes juridiques de cette organisation reste possible et permet dÕlaborer un certain nombre de problmatiques, de projections et de perspectives pour lÕavenir.
Ainsi, nous analyserons dans un premier temps les dispositions du trait de lÕUnion africaine, afin dÕidentifier ses apports et ses limites par rapport lÕOrganisation quÕelle remplace (Chapitre I); et dans un deuxime temps, nous tenterons de saisir la porte de cette initiative. (Chapitre II)
CHAPITRE I : APPORTS
ET LIMITES DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE
Les dispositions et dispositifs mis en place par le trait de lÕUnion Africaine seront analyss la lumire de la Charte de lÕO.U.A., du trait dÕAbuja, et du droit international gnral.
LÕanalyse
comparative des dispositions du trait de lÕUnion Africaine avec les
dispositions de la Charte de lÕO.U.A. et du trait dÕAbuja, permettra de mettre
en vidence les progrs raliss par les dirigeants africains et les limites de
leur initiative, dans la prise en compte des dysfonctionnements reprochs
lÕancienne organisation.
DÕautre part, le trait sera simultanment replac dans le contexte du droit international gnral afin dÕobserver la position actuelle de lÕAfrique quant lÕacceptation des normes Ņ universellement Ó admises, et ce que le droit international africain peut apporter cet gard.
LÕanalyse portera sur le cadre gnral du trait de lÕUnion Africaine, constitu des divers principes, des objectifs et de lÕensemble des rgles procdurales figurant dans les dix derniers articles du texte (Section I).
Les diffrents
organes de lÕUnion Africaine, leur composition et leurs attributions seront
tudis, dÕautre part. (Section II)
SECTION I Š LE CADRE GENERAL DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE :
ENTRE CONSERVATISME ET PROGRESSISME
Les principes, objectifs ainsi que les rgles gnrales figurant dans les derniers articles dÕun trait, contiennent les lments permettant de dterminer la nature juridique dÕune organisation internationale.
Le trait de lÕUnion Africaine propose cet gard, un cadre gnral qui ne permet pas dÕidentifier clairement la nature de lÕUnion ; ses dispositions sont souvent quivoques
¤ I - Les objectifs et principes directeurs
Les objectifs et principes de lÕUnion Africaine figurent dans les articles 3 et 4 du trait, mais galement dans le prambule, quÕil convient dÕexaminer.
Le prambule du trait met en vidence deux proccupations: celle de poursuivre la promotion de lÕunit, de la solidarit et de la cohsion des peuples africains initie par les Pres fondateurs de lÕO.U.A. et les figures emblmatiques du panafricanisme ; et celle dÕacclrer la mise en Ļuvre du trait dÕAbuja instituant la C.E.A., dans le but de promouvoir le dveloppement socio-conomique de lÕAfrique et Ņ de faire face de manire plus efficace aux dfis de la mondialisation. Ó
A cet gard, les
chefs dÕEtat africains proposent de Ņ prendre toutes les mesures ncessaires
pour renforcer (les) institutions communes et (...)
les doter des ressources ncessaires afin de leur permettre de remplir
efficacement leur mission. Ó
Au regard du prambule, lÕunit africaine est un instrument pour parvenir, non plus lÕindpendance des Etats africains comme le prvoyait la Charte d lÕO.U.A., mais pour accder au dveloppement conomique et social, la promotion de la dmocratie, des droits de lÕHomme et des peuples, Ņ la bonne gouvernance et lÕEtat de droit Ó.
La lecture du prambule donne ainsi penser que les dirigeants africains ont progress dans la prise de conscience des problmes et dfis du continent africain, et semblent sÕtre entendus sur les moyens de les affronter.
Mais, lÕanalyse des objectifs et principes directeurs de lÕUnion africaine telles quÕnumrs dans le trait, ne permet pas dÕtre aussi affirmatif. Un mlange de conservatisme, de progrs, et lÕutilisation dÕun vocable nouveau non matris, nuisent la clart et la comprhension du texte constitutif.
B - Les objectifs poursuivis par lÕUnion africaine
Outre le dsir de raliser lÕintgration politique et socio-conomique de lÕAfrique, au moyen de la promotion de Ņ positions africaines Ó (1), les dirigeants africains se sont entendus sur les objectifs qui, paradoxalement, correspondent aux politiques prnes par les institutions internationales.
Ils sÕen approprient ici le vocabulaire. (2)
1) La poursuite de lÕidal panafricain
LÕobjectif principal de lÕUnion Africaine tel quÕinscrit dans le trait, est la ralisation de lÕintgration du continent africain, tant du point de vue politique, que dans le domaine conomique et social.
LÕintgration pouvant tre dfinie comme la Ņ fusion de certaines comptences tatiques dans un organe supertatique ou supranational Ó[63], une certaine avance semble ainsi consacre par le trait de lÕUnion Africaine ; la Charte de lÕO.U.A. ne prvoyant quÕune simple coopration entre les Etats africains.
En cela les Etats africains se conforment lÕobjectif de Ņ ralisation dÕune fraternit et dÕune solidarit intgres dans une unit plus vaste qui transcende les divergences ethniques et nationales Ó, prvu par la Charte de lÕOrganisation.
Cette intgration sera ralise graduellement, suite la coordination et lÕharmonisation des politiques entre les Communauts conomiques rgionales existantes et futures.
A cet objectif dÕintgration politique et socio-conomique du continent, sÕajoutent ceux de la promotion et la dfense des Ņ positions africaines communes sur les questions dÕintrt pour le continent et ses peuples Ó et de la cration des Ņ conditions appropries permettant au continent de jouer un rle qui est le sien dans lÕconomie mondiale et dans les ngociations internationales Ó.
Ces derniers objectifs, tirs en partie du trait dÕAbuja, semblent caractriser la volont des Etats africains de peser davantage dans les ngociations internationales et particulirement celles de lÕOrganisation Mondiale du Commerce (O.M.C.), du Fond Montaire International (F.M.I.) et de lÕOrganisation des Nations Unies (O.N.U.)
A cet gard, lÕunit de lÕAfrique nÕest plus un objectif, mais un moyen de renforcer la capacit des Etats africains dÕtre matres de leur destin politique et conomique, conformment des principes africains communs.
Nanmoins, contrairement au trait dÕAbuja, le trait de lÕUnion Africaine ne prvoit pas de repli identitaire total. La coopration internationale est favorise et les instruments internationaux comme la Charte des Nations Unies et la Dclaration des droits de lÕHomme, sont pris en compte.
DÕautre part, les Chefs dÕEtats africains ont dcid de faire appel aux Ņ partenaires internationaux pertinents Ó afin dÕradiquer les maladies et de promouvoir la sant sur le continent. Les dirigeants africains sont probablement anims ici par le souci dÕradiquer la pandmie du SIDA qui svit sur tout le continent et constitue, avec le paludisme, lÕune des premires causes de mortalit.
2) LÕutilisation dÕun vocable emprunt
La contradiction apparat dans lÕutilisation du vocabulaire propre aux institutions internationales, savoir, la promotion de Ņ la participation populaire Ó, de Ņ la bonne gouvernance Ó, du Ņ le dveloppement durable Ó, etc.
Ces termes sont constamment employs dans les diffrentes rsolutions de lÕO.N.U., dans les rapports de la Banque Mondiale et du F.M.I. depuis les annes 1990, et font partie des directives imposes aux Etats africains dans le cadre de lÕobtention de lÕaide internationale.
Pourtant les dirigeants africains refusent, depuis les annes 1970, que les puissances extrieures leur dictent les politiques adopter.
Il semble, en fait, que le vocable sus-voqu soit totalement intgr par les dirigeants africains, malgr que la dmocratie, Ņ la bonne gouvernance Ó et Ņ le dveloppement durable Ó ne soient pas issus de lÕvolution proprement africaine. (Nous y reviendrons dans le chapitre II)
DÕautre part, si ces objectifs semblent intgrs, ils sont loin de trouver une relle application dans la majorit des pays africains. LÕunit de lÕAfrique peut cet gard contribuer, sous rserve de la ncessaire volont politique, les raliser.
En outre, les
auteurs du trait entendent Ņ promouvoir et protger les droits de
lÕhomme et des peuples conformment la Charte africaine des droits de lÕhomme
et des peuples et aux autres instruments relatifs aux droits de lÕhomme Ó.
La promotion et la protection des droits de lÕHomme est galement une proccupation rcente. Si elle fait galement partie des politiques poursuivies par les institutions internationales conditionnant lÕaide publique, elle diffre de ce que qui a t dit prcdemment dans la mesure o, les Etats africains se sont dots ds 1981 dÕun instrument propre, la Charte africaine des Droits de lÕHomme et des Peuples.
En effet, la Charte sÕinspire certes des instruments internationaux relatifs aux Droits de lÕHomme, mais dgage une certaine conception africaine des droits de lÕHomme (lÕarticle 18 notamment raffirme le rle de la famille en tant que cellule de base de la socit, lÕEtat ayant le devoir de la protger), enrichissant ainsi le droit international africain.
Mais cette Charte contient des limites, notamment procdurales, qui ncessitent le recours aux autres instruments internationaux de protection des droits de lÕHomme.
Enfin, figurent parmi les buts du trait, la promotion de la paix, de la scurit et de la stabilit sur le continent, et lÕacclration du dveloppement du continent par le biais de la promotion de la recherche dans tous les domaines, en particulier en science et en technologie.
LÕensemble des objectifs voqus est tout fait louable ; toutefois leur ralisation ne sera possible que si les dirigeants africains dotent lÕUnion Africaine de moyens et de pouvoirs suffisants. A dfaut, ces objectifs resteront au stade dÕune simple numration de bonnes intentions.
A cet gard, observons les principes sur lesquels repose lÕUnion Africaine.
Si la lecture du prambule et des objectifs de lÕUnion africaine semble traduire une importante volution dans la prise en compte des problmes africains et des moyens de les affronter, les principes sur lesquels repose lÕUnion sont teints dÕun certain conservatisme. (1)
DÕautre part, un certain nombre de principes nouveaux sont noncs, loin de recevoir une application sur le plan interne. (2)
1) Le maintien du Ē statu quo ante Č
Si
lÕun des objectifs inscrits lÕarticle 3 du trait est la dfense de la
souverainet, lÕintgrit et
lÕindpendance des Etats membres, il est prvu lÕarticle 4 que lÕUnion
fonctionne conformment aux principes
dÕ Ņ galit souveraine et interdpendance de tous les Etats
membres de lÕUnion Ó et du Ņ respect des
frontires existant au moment de lÕaccession lÕindpendance Ó.
En
cela, le trait de lÕUnion Africaine ne constitue pas une avance par rapport
la Charte de lÕO.U.A. ; les dirigeants africains, faisant au contraire, preuve
de conservatisme.
Or, le maintien de ces principes ne semble pas conciliable avec lÕobjectif dÕintgration prvu par le trait de lÕUnion Africaine.
LÕexprience de lÕOrganisation panafricaine a pourtant prouv que la souverainet tatique entravait lÕexcution des rsolutions adoptes.
DÕautre
part, lÕajout des termes Ņ interdpendance de tous les Etats membres de
lÕUnion Ó semble paradoxal, interdpendance et
union supposant deux stratgies opposes sur le plan oprationnel.[64]
LÕexpression Ņ promotion de lÕautodpendance collective Ó ajoute cette confusion. Cette expression avait dj t utilise dans le projet du colonel Kadhafi et signifie probablement que les Etats africains doivent dpendre les uns des autres, et non plus dpendre de lÕextrieur.
Ainsi, les principes dÕgalit souveraine, dÕinterdpendance et dÕ Ņ autodpendance collective Ó ne semblent pas compatibles avec les objectifs dÕunit et dÕintgration, appelant au contraire une fusion.
En outre, le principe de non-ingrence dans les affaires intrieures dÕun Etat membre est maintenu. Or, lÕvolution du droit international gnral, montre la difficult de dfinir ce qui ressort des affaires intrieures de lÕEtat et ce qui relve des affaires internationales.
Nous pouvons donc nous interroger sur la pertinence du maintien de ce principe et surtout, de lÕexception au principe de non-ingrence prvu lÕalina suivant, savoir le Ņ droit de lÕUnion intervenir dans un Etat membre sur dcision de la Confrence, dans certaines circonstances graves, telles que le gnocide. Ó (Article 4 h )
Cet article prvoit en fait un droit dÕingrence humanitaire dans certaines conditions qui restent imprcises, les termes Ņ circonstances graves Ó nÕtant pas explicites.
DÕautre part, si un crime contre lÕhumanit venait se produire nouveau, le principe de souverainet tant maintenu, nous pouvons nous demander si les Etats membres de lÕUnion accepteraient dÕincriminer lÕEtat o les Etats coupables.
La reconnaissance du principe de droit dÕingrence humanitaire par les Chefs dÕEtat africains est une innovation ; elle semble toutefois inconciliable avec principe de souverainet, qui peut-tre est invoqu que pour viter lÕintervention des puissances extrieures[65].
LÕtude de ces principes met en vidence les divergences de point de vue entre les Chefs dÕEtat et de gouvernement africains au moment de lÕadoption du trait, dans la mesure o ces principes ne semblent pas conciliables ni entre eux ni avec lÕobjectif dÕintgration.
2) La promotion de principes nouveaux
Parmi les nouveaux principes numrs dans le trait, un certain nombre semblent davantage relever des objectifs atteindre.
En effet, la Ņ mise en place dÕune politique de dfense commune pour le continent africain et ses Etats membres Ó, peut-elle constituer un principe de lÕUnion, alors que lÕAfrique ne dispose pas de politique de dfense commune relle ?
DÕautre part, la Ņ coexistence pacifique entre les Etats membres de lÕUnion et leur droit de vivre dans la paix et la scurit Ó, le Ņ respect des principes dmocratiques, des droits de lÕhomme, de lÕtat de droit et de la bonne gouvernance Ó, ainsi que Ņ la promotion de la justice sociale pour assurer le dveloppement conomique quilibr Ó, font galement partie des principes contemporains, ayant Ņ berc Ó les dirigeants africains depuis une dcennie, mais ne trouvant toujours pas une application concrte et globale dans la plupart des pays.
Cependant, le principe de Ņ lÕgalit entre les hommes et les femmes Ó, en lÕoccurrence au sein des administrations publiques, connat une volution positive sur le continent africain.
Contrairement certains pays occidentaux, les dirigeants africains ont eu tendance, ces dernires annes, nommer des femmes aux postes cls de leur administration.
LÕexemple rcent du Sngal est manifeste : en mars 2001, le prsident sngalais Abdoulaye Wade nomm Mame Madior Boye, au poste de Premier ministre.
DÕautre part, la nomination dÕune femme la tte dÕun Commissariat de la future Commission Excutive de lÕUnion a t voque.[66]
Enfin, un certain nombre de principes semblent synthtiser les rsolutions adoptes par lÕO.U.A. depuis 1963 et notamment la coordination et le rejet de lÕimpunit, des assassinats politiques, des actes de terrorisme et des activits subversives ( les activits subversives ayant t le thme dÕune rsolution adopte au cours du sommet de lÕO.U.A. dÕoctobre 1965 Accra).
Le principe de Ņ condamnation et (É) rejet des changements anticonstitutionnels de gouvernement Ó, est en lÕoccurrence la consquence de la prise en compte des multiples coups dÕEtats qui ont eu lieu sur le continent africain depuis les annes 1970. Nous y reviendrons dans le cadre de lÕtude de lÕarticle 30 du trait, prvoyant une suspension du droit de participer aux activits de lÕUnion en cas de changement anticonstitutionnel.
Ainsi, lÕanalyse des principes et objectifs de lÕUnion ne permet pas dÕtre catgorique sur la nature juridique de la nouvelle organisation.
LÕobjectif est certes lÕintgration du continent, mais lÕUnion Africaine nÕest pas au regard des principes et objectifs, dote de pouvoirs supranationaux ; les principes de souverainet et dÕintgrit territoriale tant clairement raffirms.
Il semble vident que ce trait soit un compromis entre les Etats qui dsirent acclrer le processus dÕintgration et ceux qui sÕy opposent farouchement. Mais le compromis nÕa pas permis dÕaboutir la fixation dÕobjectifs et de principes clairs permettant lÕidentification des bases juridiques de la future organisation.
Toutefois, le dsir dÕvoluer vers le respect de la dmocratie et des droits de lÕHomme et des peuples semble unanime.
A cet gard, il est
indiqu dans le prambule, la Ņ ncessit dÕinstaurer un partenariat
entre les gouvernements et toutes les composantes de la socit civile, en
particulier les jeunes, les femmes, le secteur priv, afin de renforcer la
solidarit et la cohsion entre nos peuples Ó.
LÕutilisation du concept de Ņ socit civile Ó est galement trs rcente dans le cadre du processus de dmocratisation ; nous y reviendrons dans le chapitre II.
Aprs lÕtude des objectifs et principes de lÕUnion Afrique, examinons le contenu des rgles procdurales figurant dans les derniers articles du trait.
¤ II - Les rgles procdurales du trait
Par Ņ rgles procdurales Ó, nous entendons lÕensemble des principes gnraux rglementant les modalits dÕentre dans lÕUnion (A), la suspension ou la cessation des activits au sein de lÕUnion (B), le mode dÕamendement et de rvision du trait (C) et enfin, la fixation du sige et le choix des langues de travail (D).
A - Les modes dÕentre dans lÕUnion africaine
Deux types de procdures, classiques en droit international gnral, sont prvus par le trait: les procdures de signature et de ratification, antrieures lÕentre en vigueur du trait (1), et les procdures dÕadhsion et dÕadmission, postrieures lÕentre en vigueur du trait. (2)
1) La signature et la ratification
LÕarticle 27 du trait de lÕUnion africaine prvoit en effet:
Ņ 1. Le
prsent Acte est ouvert la signature et la ratification des Etats membres
de lÕO.U.A., conformment leurs procdures constitutionnelles respectives.
2. Les
instruments de ratification sont dposs auprs du Secrtaire gnral de
lÕO.U.A. Ó
La signature est une procdure souple et simplifie rpondant en principe au privilge de lÕexcutif engageant seul lÕEtat, sans intervention supplmentaire dÕun organe parlementaire. CÕest une formalit qui peut valoir engagement, mais qui peut simplement signifier lÕauthentification de lÕActe.[67]
Dans le cadre de lÕUnion Africaine, la signature vaut simple authentification de lÕActe constitutif ngoci, rdig, puis adopt lÕunanimit des Etats prsents le 12 juillet 2000 lors du Sommet de lÕO.U.A. Lom. Sur 53 Etat membres de lÕO.U.A., 27 signrent lÕacte le jour de son adoption.
Le nombre des signataires fut port 41 en fvrier 2001 et 53 en mars de la mme anne.
La ratification est
Ņ un acte solennel manant
gnralement du chef de lÕEtat. Elle se traduit par lÕenvoi de lettres de
ratification qui donnent lieu un change entre les contractants ou un
dpt. Ó[68]
La ratification ncessite la consultation des Parlements nationaux. Ces derniers doivent examiner si leur Constitution prvoit la possibilit dÕengagement de lÕEtat dans une organisation internationale, et dfaut une rvision de la Constitution doit tre propose.
La majorit des rgles constitutionnelles africaines prvoit que le projet ou la proposition de rvision adopte par le Parlement nÕest dfinitive quÕaprs consultation et approbation des populations par rfrendum.
Or, nous verrons que cette procdure constitutionnelle nÕa pas t respecte, dans la plupart des cas, au moment de la ratification de lÕActe constitutif de lÕUnion Africaine.
Nanmoins, pour des Etats comme le Mali, la question ne se pose pas dans la mesure o lÕarticle 117 de la Constitution malienne du 12 janvier 1992 dispose que Ņ La Rpublique du Mali peut conclure avec tout Etat africain des accords dÕassociation ou de Communaut comprenant lÕabandon partiel ou total de souverainet en vue de raliser lÕunit africaine. Ó[69]
Mais ce type de disposition est loin de figurer dans la majorit des Constitutions africaines.
Le 2 mars 2001, le Sommet extraordinaire de lÕO.U.A., Ņ Syrte II Ó, ne fut pas, comme lÕesprait le prsident Kadhafi, un Ņ sommet constitutif Ó de lÕUnion Africaine. Si lÕensemble des Etats africains avait sign lÕActe cette date, seuls 21 dÕentre eux avaient dpos les instruments de ratification auprs du Secrtariat gnral (lÕarticle 28 de lÕActe prvoyant lÕatteinte du quorum des 2/3 des Etats membres de lÕO.U.A.)
Conformment cet article, lÕActe, devenant trait, est entr en vigueur le 26 mai 2001, soit trente jours aprs le dpt du 36e instrument de ratification.
Pour le moment, 45 pays ont inform officiellement lÕorganisation panafricaine avoir ratifi lÕacte constitutif, mais seuls 40 dÕentre eux ont dpos les documents officiels de ratification Addis Abeba.[70]
LÕentre en vigueur
du trait entrane deux consquences:
dÕune part, le trait acquiert sa pleine force obligatoire lÕgard des
Etats contractants, qui sont dsormais lis en vertu du principe pacta sunt
servanda (signifiant que les traits doivent tre
respects par les parties qui les ont conclus). DÕautre part, lÕarticle 33 ¤3
prvoit quÕ compter de lÕentre en vigueur du trait, toutes mesures
appropries devront tre prises pour mettre en Ļuvre ses dispositions et pour
mettre en place les organes prvus Ņ conformment aux directives ou
dcisions qui pourraient tre adoptes cet gard par les Etats partis au
prsent Acte au cours de la priode de transition stipule ci-dessus. Ó
2) LÕAdhsion et lÕadmission comme membre de lÕUnion
La demande dÕadhsion telle que prvue par lÕarticle 29 du trait, est soumise au prsident de la Commission excutive (organe se substituant au Secrtariat gnral) qui la communique tous les Etats membres. Ces derniers dcident de lÕadmission la majorit simple. La dcision de chaque Etat membre est transmise au prsident de la Commission excutive qui communique la dcision lÕEtat intress aprs rception du nombre de voix requis.
Cette procdure sÕapplique aux Etats qui nÕont pas particip la ngociation, ni sign le texte du trait, mais qui entendent y participer ultrieurement.
En lÕoccurrence, cette disposition prvoit la possibilit dÕouverture de lÕUnion Africaine lÕadhsion du Maroc.
Ds 1963, le Maroc tait membre de lÕO.U.A., mais sÕest retir en 1984 suite lÕadhsion de la Rpublique Arabe Sahraouie Dmocratique (R.A.S.D.), quÕil administrait.
Le Maroc sÕest retir pour protester contre cette admission. quÕil considrait comme irrgulire, dans la mesure o le R.A.S.D. nÕtait pas Ņ un Etat indpendant et souverain Ó comme le prvoyait lÕarticle 4 de la Charte de lÕO.U.A.
Le Maroc nÕest aujourdÕhui plus membre de lÕO.U.A. mais son admission nÕest pas exclue puisque le trait prvoit la possibilit dÕadhsion de Ņ tout Etat africain Ó et non de tout Etat membre de lÕO.U.A.
LÕadmission du Maroc est par ailleurs vivement souhaite, dans la mesure o les plus grands panafricanistes, et notamment le prsident sngalais Wade, ne conoivent pas lÕUnion Africaine sans ce pays, qui nÕa pas pour le moment, manifest le moindre dsir dÕadhsion.
Le Maroc semble au contraire, davantage intress par une ventuelle admission au sein de la Communaut Europenne, ayant depuis les annes 1980, manifest son dsir dÕadhsion.
Au regard de tout ce qui prcde, nous pouvons constater que les procdures prvues par le trait de lÕUnion sont beaucoup plus claires, plus prcises et plus compltes que celles prvues dans la Charte de lÕO.U.A. LÕadoption des rgles classiques du droit international gnral ( la rgle des trente jours concernant lÕentre en vigueur du trait entre autres, identique celle adopte dans la Convention de Vienne de 1986 sur le droit des organisations internationales), donne penser que les membres de lÕO.U.A. ont acquis une certaine aisance dans les relations internationales aprs 38 annes dÕexprience au sein de lÕOrganisation.
LÕinsertion dans le trait, de nouvelles dispositions quant la suspension et la cessation des activits au sein de lÕUnion ne peut que confirmer cette avance.
B - La suspension ou la cessation des activits au sein de lÕUnion
La suspension de la participation aux activits de lÕUnion (2) peut tre considre comme une extension des sanctions prvues par le trait. (1)
La cessation de la qualit de membre rsulte au contraire dÕune dmarche volontaire. (2)
LÕarticle 23 al. 1 du trait prvoit lÕimposition de sanctions en cas de dfaut de paiement par tout Etat membre de ses contributions au budget de lÕUnion.
A cet gard, la Charte ne mentionne quÕun simple engagement (article 23), et il sÕest rvl que beaucoup dÕEtats membres ne payaient pas leurs crances.
Or, lÕun des grands handicaps de lÕO.U.A. est son manque de moyens financiers propres assurer le suivi des rsolutions adoptes et le fonctionnement des organes.
Un rglement
financier, entr en vigueur le 1er juin 1995, a ds lors t adopt par
lÕOrganisation, prvoyant dans son article 115 quÕ Ņ un Etat qui se
trouve en retard dans le paiement de sa contribution au budget de lÕO.U.A. et dont
le montant des arrirs est gal ou suprieur deux annes de contributions
est priv de certains droits. Ó
Si les sanctions prvues, savoir lÕinterdiction de participer au vote, de prendre la parole, de prsenter des candidats aux postes de lÕO.U.A., se sont rvles dissuasives, elles se sont avres insuffisantes ; la sanction de la privation du droit de vote ayant t plusieurs reprises, dtourne par des pays qui ont Ņ monnay Ó auprs dÕautres pays, un vote favorable.[71]
Il semble que les auteurs
du trait de lÕUnion ont pris en considration ce dernier constat, dans la
mesure o, outre la reprise des sanctions prvues dans lÕarticle 115 du
rglement financier, une nouvelle sanction est prvue: celle de la privation du
droit de Ē bnficier de toute activit ou de lÕexcution de tout engagement
dans le cadre de lÕUnion. Č
Cependant, une
prcision apparente dans la Charte, relative au budget, ne figure pas dans le
nouveau trait, savoir Ē la contribution dÕun Etat membre ne pourra
pas excder 20% du budget ordinaire annuel de lÕOrganisation. Č
Cette Ņ omission Ó nÕa tÕelle pas pour objectif de permettre la Libye, impatiente de mettre en place lÕUnion, de payer en toute Ņ lgalit Ó les contributions des pays africains en difficult ?
Probablement, car la veille du Sommet de lÕO.U.A. Lusaka (Zambie) du 5 au 8 juillet 2001, la Libye a rgl lÕintgralit des arrirs de cinq pays: le Cap-Vert, la Rpublique centrafricaine, Djibouti, la Guine-Bissau et le Niger.
A cet gard, les sanctions prvues lÕarticle 23 du trait ont dj trouv application: les Comores, la Rpublique Dmocratique du Congo; le Libria; Sao Tome et principe et les Seychelles, ayant encore deux ans dÕarrirs de cotisations, ont t priv de participer aux votes et ne pouvaient prsenter de candidats aux postes vacants, lors du Sommet de Lusaka.[72]
Enfin, lÕimposition
des sanctions ne concerne pas uniquement le dfaut de paiement des
contributions. Elle est galement la consquence dÕune non conformit par tout
Etat membre aux dcisions et politiques de lÕUnion, en effet, Ē tout Etat
membre qui ne se conformerait pas aux dcisions et politiques de lÕUnion peut
tre frapp de sanctions notamment en matire de transports et communications
et dans les domaines politiques et conomique Č. (Article 23 al.2)
Cette sanction sÕapparente ainsi une sorte dÕembargo continental.
Un autre type de sanction figure lÕarticle 30 du trait.
LÕarticle 30 dispose en effet que Ē les Gouvernements qui accdent au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont pas admis participer aux activits de lÕUnion Č
Cette disposition, non prvue dans la Charte de lÕO.U.A., tend condamner les coups dÕEtat comme moyen dÕaccession au pouvoir. Elle rsulte de la rsolution 142 adopte lors du Sommet de lÕO.U.A. Alger en 1999, sanctionnant les rgimes issus des coups dÕEtats.
A cet gard, le colonel Assoumane Azali arriv au pouvoir aux Comores en 1998, a t priv de la participation aux travaux de lÕOrganisation depuis lÕadoption de la rsolution, et le gnral Robert Guei, arriv au pouvoir en Cte dÕIvoire en dcembre 1999, nÕa pas t invit au Sommet de Lom le 12 juillet 2000.
DÕautre part, il sÕagit de savoir si lÕarticle 30 sous-tend la fraude lectorale (la plupart des Constitutions africaines stipulant des lections libres et sans fraudes.) Si cÕest le cas, nous pouvons nous demander si lÕOuganda et le Tchad seront admis participer aux prochains travaux de lÕUnion. Encore faut-il que les Etats africains aient reconnu la fraude manifeste commise par Yoweri Museveni et Idriss Dby aux lections prsidentielles de mars et mai 2001. Mais, cette question relve probablement des Ņ affaires intrieures Ó de lÕEtat, dans lesquelles il convient de ne pas Ņ sÕingrer Ó.
3) La cessation de qualit de membre
En vertu de lÕarticle 32 du trait, lÕEtat qui dsire se retirer de lÕUnion doit le notifier par crit au prsident de la future Commission excutive. Cette dernire en informe les Etats membres. LÕEtat cesse dÕtre membre de lÕUnion au terme dÕune anne aprs la notification. JusquÕ son retrait, lÕEtat dsireux de se retirer doit se conformer aux dispositions du trait et sÕacquitter de ses obligations.
Cette procdure de cessation de qualit de membre est plus prcise que celle prvue lÕarticle 32 de la Charte. LÕÕarticle 32 al. 2, particulirement, sur lÕobligation de lÕEtat de sÕacquitter de ses obligations jusquÕau jour de son retrait, semble rsulter de lÕexprience acquise par lÕorganisation ces dernires dcennies.
A cet gard, nous pouvons voquer nouveau le cas du Maroc qui ne sÕest pas acquitt de ses obligations, notamment financires, avant son dpart de lÕOrganisation. Il est ce jour encore, dbiteur dans le paiement des contributions au budget de lÕpoque.
La procdure dÕamendement et de rvision a galement volu.
C - La procdure dÕamendement et de rvision
La Charte de lÕO.U.A. prvoyait son article 33 la possibilit dÕamendement et de rvision de ses textes. La procdure tait la suivante: un Etat membre adressait une demande crite au Secrtaire gnral ; la Confrence tait par la suite saisie du projet dÕamendement lorsque que tous les Etats membres aient t aviss, et aprs un dlai dÕun an. LÕamendement ne prenait effet que lorsquÕil tait approuv par les deux tiers au moins des Etats membre.
LÕarticle 32 du trait de lÕUnion africaine affine cette procdure et ajoute des dlais.
Il est dsormais prvu que tout Etat peut soumettre des propositions dÕamendement ou de rvision du trait au Prsident de la Commission excutive qui en communique copie aux Etats membres dans un dlai de trente jours suivant la date de la rception.
La Confrence de lÕUnion, sur avis du Conseil excutif, examine ces propositions dans un dlai dÕun an suivant la notification des Etats membres.
Les amendements ou rvisions sont adoptes par la Confrence de lÕUnion par consensus ou, dfaut, la majorit des deux tiers, et par la suite soumis la ratification de tous les Etats membres, conformment leurs procdures constitutionnelles.
Ils entrent en vigueur trente jour aprs le dpt, auprs du prsident de la Commission excutive, des instruments de ratification par les deux tiers des Etats membres.
Cette nouvelle procdure est bien plus explicite que la prcdente, elle prcise clairement chaque tape, et grce aux nouveaux dlais, limite la dure de la procdure dans le temps.
La Confrence de lÕUnion, compose des Chefs dÕEtat et de gouvernement comme lÕtait la Confrence de lÕO.U.A. (nous y reviendrons), nÕa plus le monopole de lÕexamen des propositions dÕamendement ou de rvision. Elle est dsormais assiste par le Conseil excutif, qui lui donne son avis.
Toutefois, il nÕapparat pas que lÕavis du Conseil soit contraignant, il ne peut probablement quÕinfluencer la dcision de la Confrence, si cette dernire dcide de le prendre en considration.
Enfin, les auteurs du trait semblent avoir introduit des lments de lgalit dans la procdure, puisque la rvision est dsormais soumise la ratification des Etats membres Ņ conformment leurs procdures constitutionnelles. Ó
D - La fixation du sige de lÕUnion et le choix des langues de travail
1) Le sige de lÕUnion Africaine
Le sige de lÕUnion Africaine est fix comme celui de lÕO.U.A., Addis Abeba, la capitale de lÕEthiopie (article 24), dans les locaux destins initialement accueillir la police thiopienne.
En 1963 le choix du sige de lÕOrganisation sÕest effectu dans la prcipitation.
LÕEgypte tait certes le Ņ berceau de lÕHumanit Ó et le seul pays non colonis ; mais les dirigeants africains nÕont pas pris en considration que lÕEgypte tait aussi lÕun des pays les plus pauvres et des plus excentr.
LÕO.U.A. ne dispose pas de bureaux, de matriel suffisant, ni de salles de confrence. Les sommets et confrences ministrielles ont par consquent lieu dans lÕ Ņ Africa Hall Ó, sige de la Communaut Economique pour lÕAfrique offert par lÕO.N.U.
Le dfaut de moyens financiers, rend pour le moment impossible la ralisation du projet de transfert du sige dÕAddis Abeba vers une autre capitale moins excentre et plus hospitalire.[73]
Comme lÕO.U.A., lÕUnion Africaine restera donc, au moins pour un certain temps, loin des vnements culturels et loin des courants dÕinformation, les ressources dÕInternet ne pouvant tre utilises faute dÕinfrastructures le permettant, en Ethiopie.
Auparavant, lÕisolement de lÕO.U.A. faisait que ses sommets et ses confrences ministrielles passaient inaperues dans lÕopinion africaine et internationale ; cela ne peut plus tre le cas aujourdÕhui avec lÕUnion Africaine, cet isolement serait incompatible avec les objectifs et les principes quÕelle sÕest fixs.
CÕest probablement pour cette raison que les auteurs du trait, dfaut de dplacer le sige, ont prvu une disposition permettant la cration, par la Confrence sur la recommandation du Conseil, de bureaux de lÕUnion Africaine, relatifs aux fonctions de lÕUnion dans les Etats membres (article 24 al.)
La dcision de crer ces bureaux dans les Etats membres peut tre interprte comme une mesure de dcentralisation des informations. Si elle devient effective, les populations pourront accder plus aisment la connaissance des dcisions dÕAddis Abeba et par consquent, tre davantage intgre aux discussions sur lÕavenir de leur continent.
La traduction des travaux de lÕUnion dans toutes les langues officielles de lÕAfrique, pourrait dÕautre part, faciliter et susciter les intrts de chacun, pour la nouvelle organisation.
LÕarticle 25 de la Charte de lÕO.U.A. dispose:
Ņ Les
langues de travail de lÕUnion et de toutes ses institutions sont, si possible,
les langues africaines, lÕarabe, lÕanglais, le franais et le portugais. Ó
Outre lÕarabe et le portugais qui ne figuraient pas dans la Charte de lÕO.U.A., lÕespagnol serait en passe de devenir la cinquime langue officielle de lÕOrganisation, selon une dcision de principe adopte par le Conseil des Ministres de lÕO.U.A., en juillet 2001.[74] Or, un seul pays membre est hispanophone: la Guine quatoriale.
LÕajout de ces trois langues tmoigne probablement de la volont de mnager la susceptibilit des Etats dont les langues officielles nÕtaient pas reprsentes jusquÕ maintenant.
Si lÕajout de ces langues a permit dans une certaine mesure lÕadoption au consensus du trait de lÕUnion, il risque nanmoins de creuser le dficit budgtaire de lÕO.U.A. ; la traduction des documents et des confrences engendrant des frais importants.
A cet gard, il semble que le choix, plus ou moins long terme, dÕune langue unique au sein de lÕOrganisation faciliterait la communication entre les Etats membres; rduirait les cots financiers et permettrait lÕAfrique de donner lÕimage dÕun continent uni dans les tribunes internationales.
Mais le choix de cette langue unique nÕest pas ais et ne doit pas aboutir lÕhomognisation des cultures africaines, notamment par la disparition des multiples langues africaines.
Ainsi, si lÕtude des objectifs et principes sur lesquels reposent lÕUnion Africaine, offre une vision peu cohrente, confuse et contradictoire du trait, la Ņ maturit Ó des procdures retenues permettent au contraire dÕtre moins pessimiste sur le bien fond du nouveau texte et sur lÕavenir de lÕUnion.
Cependant, toutes les rgles procdurales prvues par le trait nÕont pas volues ; nous verrons dans lÕanalyse des dispositions relatives aux organes de lÕUnion, que certaines rgles vieilles de 38 ans sont restes inchanches, et ce malgr leur manifeste inefficacit.
SECTION II Š LES ORGANES DE LÕUNION AFRICAINE : LE RENOUVELLEMENT INSTITUTIONNEL
LÕarticle 5 du trait de lÕUnion Africaine dispose:
Ē 1.
Les organes de lÕUnion sont les suivant:
a) La Confrence
de lÕUnion;
b) Le Conseil
excutif;
c) La Parlement
Panafricain;
d) La Cour de
justice;
e) La Commission
excutive;
f) Le Comit des
reprsentants permanents;
g) Les Comits
techniques spcialiss;
h) Le Conseil
conomique, social et culturel;
i) Les
institutions financires.
2. La Confrence
peut dcider de crer dÕautres organes. Č
LÕarticle 5 du trait consacre ainsi une inflation institutionnelle qui a probablement pour origine le constat des limites structurelles de lÕO.U.A.
En effet, lÕarticle 7 de la Charte prvoyait quatre institutions charges de poursuivre les objectifs de lÕOrganisation; mais ces institutions, lorsquÕelles nÕtaient pas souveraines, dpendaient largement de lÕorgane suprme, la Confrence des Chefs et de gouvernement, faisant ainsi de lÕOrganisation un Ņ syndicat de chefs dÕEtat. Ó
A premire vue, les nouveaux organes permettent de confrer lÕUnion Africaine la qualit dÕentit supertatique. Mais, lÕtude prcdente des principes de lÕUnion, nous permet dÕors et dj dÕaffirmer le contraire: la souverainet des Etats dominera les relations entre les nouveaux organes.
Il est toutefois ncessaire dÕanalyser les dispositions instituant ces diffrents organes, afin dÕidentifier, les changements et apports de lÕUnion ou, au contraire, les limites quant lÕvolution du statu quo.
LÕexamen des articles 6 21 du trait permet de classer ces diffrents organes en deux catgories: les organes de souverainet (¤I), les organes permanents. (¤II)
Un organe consultatif est galement cre, le Conseil conomique, social et culturel, mais nous rservons son tude pour le deuxime chapitre.
¤I - Les organes de souverainet de lÕUnion africaine
Nous qualifions dÕ Ņ organes de souverainet Ó les organes composs de Chefs dÕEtat et de gouvernement, de ministres ou de tout autre reprsentant de lÕEtat.
Parmi ces organes de souverainet, lÕun est dcisionnel (A), et les autres sont excutifs. (B)
A - LÕorgane dcisionnel: la Confrence de lÕUnion
La Confrence de lÕUnion est amene remplacer la Confrence des Chefs dÕEtats et de gouvernement de lÕO.U.A., sa composition permet de lÕaffirmer (1); et lÕexamen de son processus dcisionnel, de ses pouvoirs et de ses attributions, permettra de dterminer si lÕorgane a volu. (2)
1.1 - Le maintien du statu quo
LÕarticle 6 du
trait prvoit que la Confrence
est Ē compose des chefs dÕEtat et de gouvernement ou de leurs
reprsentants dment accrdits. Č
Cette disposition est identique celle prvue dans la Charte lÕarticle 9 ; la composition de lÕorgane restant ainsi inchange.
Or, le choix de maintenir la possibilit de reprsentation des chefs dÕEtat et de gouvernement, ne prend pas en considration les limites que constituaient lÕabsentisme et la remise en cause de lÕquilibre des pouvoirs au sein de lÕOrganisation, sus-voques dans la premire partie.
Toutefois, nous pouvons nous demander si le problme de lÕabsentisme est toujours dÕactualit. En effet, lÕune des causes voques tait la crainte par les Chefs dÕEtat, dÕun renversement du pouvoir, pendant la priode o ils quittaient leur territoire pour participer aux sommets.
Or, depuis les rcentes vagues de dmocratisation et la chute de lÕautoritarisme en Afrique, les coups dÕEtat sont beaucoup moins frquents (bien quÕen recrudescence ces dernires annes); ils sont de plus aujourdÕhui, passibles de sanctions par lÕUnion.
LÕabsentisme nÕa ds lors, plus de vritables causes, sous rserve de la ncessaire volont politique, de sÕinvestir dans une organisation internationale, et donc, de participer ses sommets.
Depuis, quelques annes, le problme de lÕabsentisme ne se pose plus avec autant dÕacuit; lÕinitiative de Kadhafi et la revitalisation de lÕidal panafricain, ont largement contribu Ņ repeupler Ó les tribunes panafricaines.
Mais le problme de la modification de lÕquilibre des pouvoirs nÕa pas pour autant disparu.
Le maintien de la possibilit de reprsentation des Chefs dÕEtat, risque de conforter le double emploi des ministres composant le futur Conseil excutif. A cet gard, ne serait-il pas plus appropri de donner la reprsentation un caractre exceptionnel ?
DÕautre part, tout comme la Confrence des Chefs dÕEtat et de gouvernement, la Confrence de lÕUnion est lÕorgane suprme (article 6 al. 2) ; il se runit au moins une fois par an en session ordinaire et peut se runir en session extraordinaire sur approbation des deux tiers des Etats membres. (Article 6 al. 3)
Ainsi, les trois premiers alinas de lÕarticle 6 nÕapportent rien de nouveau.
1.2 - La fonction de Ņ Prsident
en exercice Ó
La nouveaut se
trouve dans la conscration, lÕalina 4, de la fonction de Ņ prsident
en exercice Ó: Ņ La Prsidence de la Confrence est assure
pendant un an par un chef dÕEtat
et de gouvernement lu, aprs consultations entre les Etats membres. Ó
Auparavant, cette disposition ne figurait pas dans la Charte de lÕO.U.A. Seul le rglement intrieur de la Confrence faisait rfrence la fonction de Ņ prsident de la Confrence. Ó (Article 10 et 11[b4])
Le Prsident de la Confrence a initialement pour rle de diriger les dbats et dÕassurer les protocoles pendant les sances. Comme le Secrtaire gnral, lÕimportance de ses attributions est fonction de lÕhabilet du titulaire du poste faire valoir son rle pendant les Confrences.
Ncessairement chef dÕEtat, le Ņ Prsident de la Confrence Ó, devenu Ņ Prsident en exercice Ó, a vu sa fonction voluer, au point de Ņ personnifier Ó lÕOrganisation. Il a jou un rle important pendant les intersessions de la Confrence de lÕO.U.A. et dans le rglement des conflits interafricains, il a veill lÕapplication des rsolutions adoptes par la session dont il a t prsident, et surtout, il est devenu lÕun des interlocuteurs principaux de lÕO.U.A. avec lÕextrieur, cÕest--dire les organisations internationales et les puissances trangres.
Or, lÕextension de ses missions est reste coutumire. Devant lÕvolution et lÕimportance du rle du Ņ Prsident en exercice Ó, et devant le risque dÕinteraction avec le rle du Secrtaire gnral, lui-mme ambigu, la question de lÕinstitutionnalisation de la fonction de Ņ Prsident en exercice Ó sÕest pose, dans le cadre du comit de rvision de la Charte de lÕO.U.A.
Finalement, le comit de rvision, anim par deux thses antagonistes, opta pour la non institutionnalisation de cette fonction.
Le risque prsum tait quÕun Ņ prsident en exercice Ó trop ambitieux abuse des pouvoirs qui lui seraient confrs par la Charte.
LÕinstitutionnalisation de ce poste, dÕautre part, reviendrait crer une Prsidence de lÕAfrique, ce que la majorit des chefs dÕEtat refusaient et refusent encore aujourdÕhui.
Enfin, il fut galement avanc que la non institutionnalisation initiale de cette fonction serait elle-mme responsable de la flexibilit du titulaire du poste et surtout de son succs.[75]
CÕest probablement en considration de ces derniers arguments que les auteurs du trait de lÕUnion Africaine, nÕont pas institutionnalis la fonction de Ņ Prsident en exercice Ó, sous rserve du futur rglement intrieur de la Confrence.
La disposition relative la prsidence de la Confrence, introduite dans le trait, tend privilgier lÕlection sur les autres modalits dÕaccession du chef de lÕEtat, la fonction de Ņ Prsident en exercice. Ó
En effet, une pratique courante de lÕOrganisation est celle de confier cette fonction au prsident du pays hte de la Confrence au sommet de lÕO.U.A.
Mais cette pratique a lÕinconvnient dÕtre coteuse pour le pays hte, et dangereuse pour le prestige de lÕOrganisation, dans la mesure, o souvent, le choix du pays hte a permis de confrer des Ņ dictateurs Ó la prsidence de lÕO.U.A.[76]
A cet gard, le choix de lÕlection, en fonction de critres tels le charisme et la sagesse des chefs dÕEtat candidats, et dÕautre part, la prise en compte de la fonction de Ņ prsident en exercice Ó sans lÕinstitutionnaliser, semble judicieux.
2) Dcisions, pouvoirs et attributions de la Confrence
LÕarticle 7 du trait prvoit que les dcisions de la Confrence sont prises par consensus ou, dfaut, la majorit des deux tiers des Etats membres. Les questions de procdures sont prises la majorit simple, et le quorum est constitu des deux tiers de Etats membres de lÕUnion.
La rgle du consensus, qui prvaut galement, nous le verrons, dans les autres organes de lÕUnion, nÕtait pas inscrite dans la Charte de lÕO.U.A. CÕest la pratique de lÕOrganisation qui a conduit lÕadoption de cette rgle.
Toutefois, lÕune des critiques adresse la rgle du consensus est celle de la position minimaliste quÕelle consacre quant la mesure adopte. En effet, il parat impossible que les Chefs dÕEtat puissent sÕentendre lÕunanimit sur des rsolutions importantes, remettant en cause, par exemple, les principes et fondements de leurs rapports au sein de lÕOrganisation panafricaine.
La rgle des deux tiers, dÕautre part, complique galement la prise de dcision; lÕexemple rcent de lÕlection du nouveau Secrtaire gnral de lÕO.U.A. le prouve.
En effet, le 9 juillet 2001, les membres de lÕOrganisation ont procd huit tours de scrutin pour lire le nouveau Secrtaire gnral de lÕO.U.A., Amara Essy.[77]
A cet gard, la prise de dcision la majorit simple ne serait-elle pas plus aise, plus efficace et dÕune plus grande porte quant aux rsolutions adoptes ?
Concernant les pouvoirs et attributions de la Confrence, il semble que le trait soit bien plus prcis que la Charte. A dfaut dÕobligations juridiques, de nouveaux pouvoirs et attributions lui sont confrs.
LÕarticle 9 semble consacrer le caractre dcisionnel de la Confrence, lÕun de ses pouvoirs et attribution tant de recevoir, examiner et Ē prendre des dcisions sur les rapports et les recommandations des autres organes de lÕUnion et prendre des dcisions ce sujet. Č ( alina b)
La Charte de lÕO.U.A. nÕtait pas explicite ce sujet, la pratique des Chefs dÕEtat non plus.
En outre, la Confrence doit dfinir les politiques communes de lÕUnion, examiner les demandes dÕadhsion, crer tout organe de lÕUnion, adopter le budget de lÕUnion, donner des directives au Conseil excutif sur la gestion des conflits et la gestion de la paix, nommer et rvoquer les juges de la Cour de justice, et nommer le prsident, le vice-prsident et les Commissaires de la Commission Excutive, dterminer leurs fonctions et leurs mandats.
DÕautre part, la
Confrence a un pouvoir de dlgation. En effet, lÕarticle 9 alina 2 prvoit
que la Confrence Ē peut
dlguer certains de ses pouvoirs et attributions lÕun ou lÕautre des organes
de lÕUnion. Č
Cette disposition sur la possibilit de dlgation est nouvelle; son inscription dans le trait permettra probablement de modifier la nature des diffrents organes, en cas dÕvolution de lÕUnion vers une ventuelle supranationalit, et ce en toute conformit avec le trait.
Enfin, une mission de contrle de la mise en Ļuvre des dcisions et politiques est attribue la Confrence, nous y reviendrons dans le chapitre II.
Pour le moment, la Confrence de lÕUnion demeure lÕorgane suprme, dont les statuts nÕont que trs peu volu, et les organes excutifs lui restent soumis.
Le trait de lÕUnion prvoit deux types dÕorganes excutifs: le Conseil excutif (1), assist de Comits (2).
LÕarticle 10 du
trait prvoit la cration dÕun Conseil excutif Ņ compos des
Ministres des Affaires trangres ou de tous les autres ministres ou autorits
dsignes par les gouvernements des Etats membres. Ó
Il se runit Ņ
en session ordinaire au moins deux fois par an. Il se runit aussi en session
extraordinaire la demande dÕun Etat membre et sous rserve de lÕapprobation
des deux tiers de tous les Etats membres. Ó
Cette disposition est identique celle prvue dans la Charte de lÕO.U.A. Le Conseil excutif remplace ds lors le Conseil des Ministres. Ce changement de dnomination permet probablement dÕappuyer le rle excutif du Conseil, au moins formellement, dans le mesure o au cours des dernires dcennies le Conseil des Ministres tait devenu un organe dcisionnel par procuration, au sein de la Confrence, contribuant ainsi la confusion des pouvoirs au sein de lÕOrganisation.
LÕarticle 10 du trait apporte toutefois une petite nouveaut par rapport lÕarticle 12 de la Charte: le Conseil de lÕexcutif est compos, outre les ministres, Ņ dÕautorits dsignes par les Etats membres. Ó Ces autorits seront probablement des responsables ou Haut fonctionnaires, chargs probablement dÕassurer le relais aux runions du Conseil excutif, lorsque les ministres ne sont pas disponibles ; et dans une certaine mesure elles permettront de raliser une relative dconcentration des pouvoirs au sein de lÕUnion.
Toutefois, le Conseil excutif dispose tÕil de rels pouvoirs ?
LÕintitul de lÕarticle 13 ne mentionne que des attributions. Nanmoins, lÕalina premier de cet article semble confrer au Conseil un pouvoir de dcision propre, contrairement lÕarticle 12 de la Charte.
En effet, le Conseil excutif a pour rle dÕassurer la coordination et de dcider des politiques dans les domaines dÕintrt communs pour les Etats membres, dans un certain nombre de domaines quasiment illimits (le commerce extrieur ; lÕnergie, lÕindustrie et les ressources minrales ; lÕagriculture ; les transports et communication ; la science et les technologies ; la nationalit, etc.).
Mais ce pouvoir de dcision semble interagir avec celui de la Confrence, charge de dfinir les politiques communes de lÕUnion. Le trait est cet gard confus.
Les rglements intrieurs de la Confrence et du Conseil excutif permettront certainement de prciser ces dispositions.
DÕautre part, le trait assigne au Conseil une mission de contrle de la mise en Ļuvre des politiques arrtes par la Confrence.
Enfin, lÕalina 3 de lÕarticle 13 confre au Conseil le pouvoir de dlguer ses attributions aux Comits Techniques Spcialiss.
Si le Conseil excutif reste responsable devant la Confrence, il semble toutefois dtenir aujourdÕhui un pouvoir de dcision propre, quÕil sera ncessaire de prciser, afin quÕil ne contribue pas remettre en cause lÕquilibre des pouvoirs.
A ce pouvoir de dcision, sÕajoute un pouvoir dÕexcution des dcisions de la Confrence, ainsi quÕun pouvoir de coordination des politiques dÕintrts communs.
Il tait reproch lÕO.U.A. de confrer beaucoup dÕattributions au Conseil des Ministres, mais peu dÕindpendance lÕgard de la Confrence. LÕampleur de sa tche, sans pouvoir de dcision propre, ne pouvait pas lui permettre dÕaccomplir efficacement sa mission.
AujourdÕhui, la tche du Conseil excutif est encore plus importante, dÕo la cration de Comits, avec lesquels il travaillera en collaboration.
Le trait cre deux types de comits: les Comits Techniques Spcialiss (a), et le Comit des reprsentants permanents. (b)
2.1 - Les Comits Techniques Spcialiss
LÕarticle 14 du trait prvoit la cration, outre les Comits que la Confrence peut juger ncessaire, de sept Comits techniques spcialiss.
Chaque Comit, compos dÕun reprsentant de chacun des Etats membres, est charg dÕune question particulire (les affaires montaires et financires ; la sant, le travail et les affaires sociales ; les transports, les communications et le tourisme, entre autres) ; autant de questions recoupant les domaines dÕaction du Conseil excutif.
En effet, chaque
Comit technique spcialis a pour mandat de Ē prparer des projets et
programmes de lÕUnion et de le soumettre au Conseil excutif Ó (article 15 a) et de Ē prsenter des rapports et des recommandations
au Conseil excutif, soit de sa propre initiative, soit la demande du Conseil
excutif, sur lÕexcution des dispositions du prsent acte Ó. (Article 15 d)
Au regard de ces dispositions, les Comits seraient chargs dÕassister le Conseil excutif dans les multiples tches quÕil a accomplir.
En outre, les Comits ont pour mission, dans chacun de leurs domaines, de suivre et valuer la mise en Ļuvre des dcisions prises par les organes de lÕUnion (article 15 b), et dÕautre part, dÕassurer la coordination et lÕharmonisation des projets et programmes de lÕUnion. (Article 15 c)
En rsum, les Comits sont chargs des mme missions que le Conseil excutif, et dans une certaine mesure de la Confrence (dans sa fonction de contrle de lÕapplication des dcisions), sauf quÕils sont subordonns aux deux premiers organes dans la pyramide institutionnelle de lÕUnion.
Enfin, les Comits sÕacquittent de toute tche qui pourrait leur tre confies (article 15 e), et ce, conformment au pouvoir de dlgation des comptences appartenant au Conseil excutif et la Confrence de lÕUnion.
Seules les attributions et la place de ces Comits dans la hirarchie institutionnelle est une nouveaut ; des Ņ Commissions spcialises Ó existaient dj dans le cadre de la Charte de lÕO.U.A.
Ces Commissions avaient toutefois des attributions peu prcises et trs limites, et ne figuraient pas parmi les organes de lÕOrganisation.
DÕautre part, les Commissions spcialises taient composes de ministres (alors que les Comits sont composs de Ņ Reprsentants de chacun des Etats membres Ó) ; les mmes ministres qui composaient les gouvernements nationaux, le Conseil des Ministres de lÕO.U.A. et parfois la Confrence des Chefs dÕEtat et de gouvernement.
Les ministres pouvaient-ils rellement accomplir efficacement leurs fonctions, avec autant dÕattributions et de Ņ casquettes Ó ?
Les Commissions spcialises ont cependant obtenu un vritable succs ; cÕest probablement pour cette raison que les auteurs du trait leur ont confi, sous la dnomination de Comits Techniques Spcialises, une place relativement plus importante dans le cadre de lÕUnion africaine (trois articles lui sont cet gard consacrs : articles 14, 15 et 16.)
Toutefois, composs de reprsentants des Etats membres, les Comits risquent, comme la Confrence de lÕUnion et le Conseil Excutif, dÕtre les tribunes dÕaffrontement des intrts nationaux.
Le Conseil excutif, est assist dÕun autre type de Comit: le Comit des reprsentants permanents.
2.2 - Le Comit des reprsentants permanents
LÕarticle 21 du trait porte cration dÕun Ņ Comit de reprsentants permanents Ó, compos de Ņ reprsentants permanents et autres plnipotentiaires des Etats membres. Ó
Ce Comit est Ē...
responsable de la prparation des travaux du Conseil excutif et agit sur
instruction du Conseil Ó.
Outre son caractre permanent, les fonctions et la place de ce Comit par rapport aux Comits techniques spcialiss sont obscures.
La confusion de sa mission avec celle des Comits techniques spcialiss est probable, si lÕarticle 21 nÕest pas prcis dans le cadre dÕun rglement intrieur.
Nous pouvons imaginer que ce Comit pourra, lÕavenir, servir de relais entre le niveau international et le niveau national, lÕintgration et la coopration exigeant gnralement une interaction coordonne et permanente entre les objectifs de lÕorganisation internationale et les politiques nationales.
Dans le contexte
europen, ce rle est, en lÕoccurrence jou par les Ņ Reprsentants
permanents. Ó[78]
Bien que le Comit des reprsentants permanents soit un organe excutif, et de surcrot, un organe de souverainet, la permanence de cette institution aurait d nous conduire, introduire son tude dans le cadre des organes permanents de lÕUnion Africaine.
Les organes permanents sont les organes disposant dÕun sige et dÕun personnel inamovible.
CÕest le cas de la Commission excutive (A), des organes lgislatifs et juridictionnels (B) et des institutions financires (C) de lÕUnion africaine.
La Commission excutive de lÕUnion africaine, cre au terme de lÕarticle 20 du trait, tend remplacer le Secrtariat gnral de lÕO.U.A. Elle est compose du Prsident, du ou des Vices-prsidents et des commissaires, assists du personnel ncessaire au bon fonctionnement de la Commission. (Alina 2)
Sa structure, ses attributions et son rglement seront dtermins par la Confrence. (Alina 3)
Seule la dnomination change, le trait ne prvoit, pour le moment, rien de nouveau quant au statut de la Commission et de son prsident.
La dnomination semble confiner le Ņ nouveau Ó Secrtariat dans une mission purement excutive.
Ce vide juridique traduit lÕurgence dans laquelle le trait a t adopt et probablement lÕhsitation des Chefs dÕEtat et de gouvernement quant au statut confrer la Commission.
La place de la Commission excutive dans la hirarchie des organes numrs dans le trait ( soit aprs les organes souverains, les organes juridictionnels et les institutions financires) semble indiquer le refus des auteurs du trait de confier au prsident de la Commission, un rle important au sein de lÕUnion.
Pour le moment, cÕest--dire dans lÕattente de la mise en place de la Commission excutive, le Secrtariat gnral de lÕO.U.A. est le secrtaire intrimaire de lÕUnion. (Article 33 al. 4)
Cela laissera le temps aux Chefs dÕEtat et de gouvernement de dcider sÕil convient de consacrer le rle politique du Secrtaire gnral ou, de le confiner dans sa mission excutive et ambigu.
Le mandat de lÕancien Secrtaire gnral, Salim Ahmed Salim, arrivant son terme, la Confrence de lÕUnion procd lors du sommet de Lusaka en juillet 2001, lÕlection du nouveau Secrtaire gnral.
Le colonel Kadhafi a propos de prolonger le mandat de Salim Ahmed Salim, en poste depuis 1989, pour assurer la transition entre lÕO.U.A. et lÕUnion Africaine, mais cette proposition nÕa pas t retenue.
Trois candidats ont t retenus pour lÕlection : Lansana Kouyat (Guine), secrtaire excutif de la C.E.D.E.A.O. ; Tho Ben Gurirab, chef de la diplomatie namibienne et Amara Essy, ancien ministre ivoirien des Affaires trangres, prsident de la 49e session (1994-1995) de lÕAssemble gnrale des Nations Unies.
Amara Essy fut lu au huitime tour de scrutin.
Le rle dÕAmara Essy sera dÕoprer la mutation des organes de lÕO.U.A. dans un dlai de dix mois. Il devra mettre en place les institutions de lÕUnion africaine, dfinir leurs attributions et trouver les ressources pcuniaires suffisantes pour le faire.[79]
Outre la Confrence de lÕUnion, le Conseil des Ministres, les Comits Techniques spcialiss et le Comit des reprsentants permanents, Amara Essy a pour mission dÕtablir en collaboration avec les Etats membres, les rglements intrieurs du Parlement panafricain et de la Cour de justice.
B - Les organes lgislatifs et juridictionnels
Afin de raliser les objectifs de dmocratie et dÕEtat de droit, les auteurs du trait ont cre deux nouveaux organes: un organe Ņ lgislatif Ó, le Parlement panafricain (1) et un organe juridictionnel, la Cour de justice. (2)
Ces organes sont issus du trait dÕAbuja instituant la Communaut Economique Africaine.
LÕarticle 14 trait dÕAbuja instituant la C.E.A. prvoyait:
Ņ 1- En vue
dÕassurer la pleine participation des peuples africains au dveloppement et
lÕintgration conomique du Continent, il est cre un Parlement Panafricain;
2- La
composition, les attributions, les pouvoirs et lÕorganisation du Parlement
Panafricain sont dfinies dans un protocole y affrent. Ó
LÕarticle 17 du trait de lÕUnion Africaine reprend mots pour mots la disposition sus-voque et semble entriner la ncessit de faire participer les peuples africains aux activits de lÕUnion.
Cette disposition sÕinscrit dans les objectifs et principes de lÕUnion, notamment quant la ralisation de la dmocratie. (Nous y reviendrons dans le chapitre II)
Lors de la 73me session ordinaire du Conseil des Ministres, du 24 au 26 fvrier 2001, un projet de protocole au trait Ņ instituant la Communaut Economique Africaine, relatif au Parlement panafricain Ó a t propos.[80]
Le protocole indique que le Parlement panafricain ne disposera que de pouvoirs consultatifs (article 2 al. 3 i) ; lÕobjectif ultime tant de devenir, terme, une institution dote de plein pouvoirs sur le plan lgislatif et dont les membres sont lus au suffrage universel direct.
LÕarticle 3 du protocole stipule que le Parlement panafricain pour objectifs de Ē faciliter la mise en Ļuvre effective des politiques et objectifs de lÕOUA/Communaut et, ultrieurement, de lÕUnion africaine; (...) promouvoir les principes des droits de lÕhomme et de la dmocratie en Afrique; (...) familiariser les peuples africains aux objectifs et politiques visant intgrer le continent dans le cadre de la mise en place de lÕUnion africaine; (...) Ó, entre autres.
Parmi les
attributions et pouvoirs du Parlement panafricain, figurent la possibilit
dÕexaminer, dbattre ou exprimer un avis sur toutes questions; Ļuvrer lÕharmonisation
des lois des Etats membres ; promouvoir la coordination des politiques et
activits des communauts conomiques rgionales, etc.
Concernant sa composition, lÕarticle 4 privilgie le principe de lÕgalit du nombre de parlementaires reprsents: Ņ Chaque Etat membre est reprsent au parlement panafricain par cinq (5) membres, dont au moins une femme. Ó
Cette disposition a fait lÕobjet dÕun dbat, lÕissu duquel un amendement a t propos, puis adopt. Cet amendement prvoit que le principe de la reprsentation gale ne sÕappliquera que pendant une priode transitoire de cinq ans, lÕexpiration de laquelle, le principe de la reprsentation proportionnelle devrait tre introduit.
Diffrentes raisons appuyaient lÕamendement: certains Etats membres prouveraient de la difficult choisir cinq reprsentants seulement, compte tenu de la taille et la diversit de leurs populations; dÕautres voquaient que les parlements nationaux et parlements similaires taient fond sur la reprsentation proportionnelle ; enfin, certains considraient que cinq parlementaires par Etat membre ne suffisaient pas reprsenter les peuples dÕAfrique.
Le projet de protocole au trait a t adopt, avec ses amendements (article 4 et 25), par la Confrence des Chefs dÕEtat et de gouvernement, le 1er mars 2001, lors du sommet extraordinaire de lÕO.U.A. Syrte.
A cet gard, la
Confrence Ē EXHORTE tous les Etats membres signer et ratifier ce
Protocole le plus rapidement possible. Ó[81]
Or, pour le moment, seuls dix Etats membres ont sign le protocole ( le Sngal, le Gabon, Libye, Rwanda, le Mali, la R.A.S.D., la Namibie, lÕAlgrie, la Sierra Leone et le Nigeria), et seuls deux pays ont dpos les instruments de ratification (le Mali et la R.A.S.D.)
Le protocole entrera en vigueur trente jours aprs la ratification par la majorit simple des Etats membres. (Article 22 du protocole)
A lÕinstar du Trait dÕAbuja, le trait de lÕUnion Africaine cre une Cour de justice. (Article 18)
Ses statuts, ses pouvoirs et sa composition seront dfinis dans un protocole y affrent.
La Cour de justice dispose dÕune fonction dÕinterprtation du trait, mais jusquÕ sa mise en place, la question dÕinterprtation est soumise la Confrence qui tranche la majorit des deux tiers. (Article 26)
Les juges de la Cour de justice sont nomms par la Confrence de lÕUnion. (article 9 h)
Le protocole nÕa pas t encore adopt pour le moment, mais nous savons dÕores et dj que les Etats membres ont entendu confrer, cet organe un rle consultatif, lÕinstar du Parlement panafricain.
La mise en place du Parlement panafricain et de la Cour de justice nÕest pas envisageable dans un avenir proche. Le protocole relatif la Cour de justice nÕa pas encore t adopt, et trs peu dÕEtats ont ratifi pour le moment, celui du Parlement panafricain.
Une autre difficult se prsente: celle du financement de ces organes. Comment lÕUnion Africaine, hritant du budget de lÕO.U.A., pourra tÕelle assumer le poids financier que reprsente la multiplication du cot de son fonctionnement ?
DÕautant plus que, la mise en place de trois autres institutions, sont prvues.
C - Les institutions financires
LÕarticle 19 du trait prvoit la cration de trois institutions financires dont les statuts seront dfinis dans des protocoles y affrents: la Banque Centrale Africaine, le Fonds Montaire Africain et la Banque dÕinvestissement.
JusquÕ prsent, les institutions financires de lÕUnion Africaine nÕont pas fait lÕobjet de protocoles, ni de discussions particulires quant leurs buts et fonctions.
DÕautres proccupations ont anim les derniers sommets panafricains, et notamment la transition entre lÕO.U.A. et lÕUnion Africaine, ainsi que lÕlection du nouveau Secrtaire gnral de lÕOrganisation.
Cependant, nous pouvons tenter dÕimaginer leur raison dÕtre et leurs buts avenirs.
Le 4 aot 1963, la Banque Africaine de Dveloppement (B.A.D.) fut cre Khartoum par une Confrence des Ministres des Finances des Etats africains et, plus tard, le 29 novembre 1972, le Fonds Africain de Dveloppement (F.A.D.) fut institu par la B.A.D., afin dÕappuyer et complter lÕaction de la Banque.
La B.A.D. a pour but de mobiliser les capitaux des conditions privilgies, en Afrique et hors dÕAfrique, afin de contribuer au dveloppement conomique et au progrs social des Etats membres.
Quant au F.A.D., lÕobjectif est de financer dans les pays africains les plus pauvres des infrastructures des projets vocation sociale.
Le bilan de ces deux institutions semble positif, bien que lÕouverture de la B.A.D. aux membres non rgionaux ait largement contribu la perte du contrle politique et financier de la Banque.
DÕautre part, la non convertibilit des monnaies nationales ont souvent t un facteur empchant les investissements financiers. [82]
La volont de crer de nouvelles institutions financires a probablement pour objectif dÕapporter un renouveau la B.A.D. et la F.A.D., en tenant compte des facteurs qui ont pu leur porter prjudice.
Le dsir dÕindpendance conomique des Etats africains, lÕgard des puissances extrieures et notamment du F.M.I. et de la Banque Mondiale (inscrit dans le Plan de Lagos et le Trait dÕAbuja), semble lÕorigine de cette initiative.
La Banque Centrale Africaine institue par lÕarticle 19 du trait, semble cet gard sÕinspirer de la Banque Centrale Europenne (B.C.E.), dont lÕun des principes principaux est lÕindpendance; la B.C.E. ne devant solliciter ni accepter dÕinstructions des institutions communautaires, des gouvernements des Etats membres ou de tout autre organisme.[83]
Nous pouvons imaginer que le Fonds Montaire Africain, outre les capitaux africains, centraliserait lÕaide internationale, pour la redistribuer dans les Etats africains, les organes ou les programmes de lÕUnion, indpendamment des politiques publiques internationales.
En outre, le Fonds Montaire Africain peut avoir pour objectif, terme, de promouvoir la cration dÕune monnaie africaine unique.
Toutefois, ces institutions seront-elles destines remplacer la B.A.D. et la F.A.D. ? Si ce nÕest pas le cas, des conflits de comptences opposeront les B.A.D. et la F.A.D. aux nouvelles institutions.
Mais tout ceci nÕest que postulat ; il faudra attendre quelques mois, voire quelques annes avant de connatre les vritables missions et assister la mise en place des institutions financires de lÕUnion africaine.
CÕest galement le cas pour la majorit des organes cre par lÕUnion ; les rglements intrieurs permettront dÕclaircir la vritable nature de ces institutions.
LÕanalyse des apports et limites du trait de lÕUnion africaine, mais galement celle du comportement rcent des Chefs dÕEtat africains, nous permet de dresser un bilan mitig sur les progrs raliss.
Le trait met en vidence une prise de conscience des dfis africains, et traduit une certaine avance tant juridique et procdurale, quÕ lÕgard de la prise en considration dÕun certain nombre de limites inhrentes lÕO.U.A./C.E.A..
Cependant, toutes les carences nÕont pas t combles, et les limites prises en compte. LÕattachement au principe de souverainet, la prdominance de lÕorgane suprme (la Confrence de lÕUnion), la contradiction apparente entre lÕobjectif dÕintgration et les principes, organes et pouvoirs confrs, entre autres, fait apparatre un paradoxe, nuisant ce qui nÕest plus un idal, mais un impratif : lÕunit de lÕAfrique.
CHAPITRE II - LA PORTEE DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE
LÕidal panafricain est lÕunit de lÕAfrique telle que la rvaient, entre autres, le Dr NÕKrumah, Cheik Anta Diop ou Lopold Sdar Senghor ; cÕest--dire lÕunit des Africains autour dÕune identit culturelle, une politique et une conomie communes.
La poursuite de cet idal est aujourdÕhui de nouveau lÕordre du jour, et semble sÕimposer comme moyen de sortir les Etats africains des impasses anciennes et contemporaines.
Plus quÕun idal, lÕunit de lÕAfrique est devenue un impratif et un instrument permettant dÕaccder la paix, la dmocratie, au dveloppement, lÕinsertion dans un systme mondial en pleine mutation, le tout en conservant lÕidentit culturelle commune ou lÕ Ņ africanit Ó.
Les politiques de dveloppement actuelles, et particulirement celles du Fond Montaire International, de la Banque Mondiale, du Programme des Nations Unies pour le Dveloppement, du G7-8 (runions des pays les plus industrialiss) ou plus globalement, celles de lÕOrganisation des Nations Unies, tendent lÕhomognisation des mthodes pour y accder.
Les grands principes et normes sont dfinis par les pays les plus riches, pour une application sans compromis dans les pays les plus pauvres. Les identits et spcificits culturelles sont nies au profit des politiques globales. Cette ngation a souvent pour consquence le repli des populations sur elles-mmes pour se protger de lÕassimilation culturelle. Ce repli prend la forme de regroupements rgionaux ; cÕest ce qui a conduit les Africains crer lÕO.U.A. en 1963 pour lutter contre la politique hgmonique occidentale et aujourdÕhui, lÕUnion Africaine, pour peser plus de poids dans les ngociations internationales.
Les Etats africains et leurs dirigeants veulent aujourdÕhui orienter lÕAfrique sur le chemin de lÕintgration. Mais que veulent les peuples africains ? Ont-ils t consults dans le cadre de la cration de lÕUnion Africaine ? Cette unification ne va t-elle pas provoquer dÕintenses replis ethniques ? LÕUnion Africaine doit cet gard ne pas remettre en cause les disparits culturelles et donc, tirer leon des mauvaises expriences occidentales.
Cette proccupation sÕaccompagne de celle de lÕefficacit juridique du trait de lÕUnion Africaine. Les dispositions quÕil contient, tudies prcdemment, offrent-elles lÕUnion Africaine la possibilit de progresser sur la voie de lÕunit du continent et dÕune plus vaste intgration ? Permettent-elles de dpasser les limites structurelles et idologiques de lÕO.U.A.? Donnent-elles les moyens lÕUnion Africaine de raliser les objectifs de dmocratie, de paix et de dveloppement conomique et social ?
CÕest lÕensemble de ces questions que nous tenterons de rpondre, travers lÕtude du dfi dmocratique de lÕUnion Africaine (section I), et des enjeux de lÕintgration, promue par le trait. (Section II)
SECTION I Š LE DEFI DEMOCRATIQUE DE LÕUNION AFRICAINE
Les auteurs du
trait sont rsolus Ē consolider les institutions et la culture
dmocratique, promouvoir la bonne gouvernance et lÕEtat de droit. Č
Les concepts de Ē bonne gouvernance Č et dÕ Ē Etat de droit Č sont dsormais toujours associs lÕidal dmocratique qui voudrait que la puissance politique appartienne au peuple tout entier sans distinction de sexe, de race ou de religion.
Ces principes sont devenus interdpendants et correspondent la norme Ē universelle Č, ou plus exactement la norme fixe par les institutions internationales occidentales.
Au-del de la volont dÕacqurir une certaine lgitimit sur la scne internationale, les Chefs dÕEtat africains semblent dtermins relever le dfi dmocratique, par le bais dÕune prise en compte des peuples africains dans le trait (¤ I) et de lÕintroduction du droit, cÕest--dire le ncessaire contrle juridique, dans les relations panafricaines. (¤ II)
¤ I - LÕassociation des peuples au projet panafricain
Contrairement la Charte de lÕO.U.A., les mots Ē peuples Č et Ē participation populaire Č apparaissent frquemment dans le trait.
Dans le but
dÕassurer la solidarit et la cohsion des peuples africains, les auteurs du
trait entendent instaurer un partenariat entre les gouvernements et les
composantes de la Ē socit civile Č.
La Ē socit
civile Č est un nouveau concept, quÕil convient
de dfinir, dans la mesure o elle est convie participer au nouveau projet
panafricain (A), par le biais dÕorganes cres en quelque sorte, en son honneur.
(B)
A - La participation de la Ņ socit civile Č
Nouveau concept fondateur de la lgitimit, la socit civile serait compose dÕorganisations reprsentatives de la population. La nature et le fonctionnement de ces entits constitueraient les principaux dterminants du succs des rgimes dmocratiques.
Depuis une poque rcente ce concept est devenu une des pierres angulaires des discours des institutions de Bretton Woods, dans le cadre de lÕassainissement des politiques publiques, notamment africaines.
Dans la mesure o lÕappropriation par les Chefs dÕEtat africains, du discours sur la socit civile a pu se rvler dangereuse, il convient dÕexpliquer le sens que revt cette notion dans le cadre des politiques du F.M.I. et de la B.M. entre autres (1), et comment elle a pu sÕafricaniser. (2)
1) LÕintroduction de la Ē socit civile Č dans les politiques dÕajustement structurel
Dans son Rapport sur le Dveloppement dans le Monde, 1999-2000, la Banque mondiale propose une dfinition de la socit civile.
Constitue de nombreux acteurs non publics, comme les groupes de proximit, les syndicats, les Organisations Non Gouvernementales (O.N.G.), les associations de quartiers, la socit civile rechercherait, paralllement lÕadministration un mode de gouvernement plus lÕcoute de la population et plus efficace.[84]
Paralllement, le Programme des Nations Unies pour le Dveloppement (P.N.U.D.) a mis en vidence un nouveau concept relatif la lgitimit, la Ē lgitimit intgrative Č renvoyant directement la socit civile.
Son Rapport de lÕanne 2000 sur le Dveloppement Humain, mentionne deux approches fondamentales de la dmocratie: lÕapproche classique dite reprsentative, dans laquelle la majorit fixe les choix et dsignent ceux qui vont exercer le pouvoir, et lÕ Ē approche intgrative Č, dans laquelle chacun peut sÕexprimer. Cette dernire approche est la version idale selon le P.N.U.D.
Il faudrait instaurer un modle dmocratique dans lequel chacun trouve sa place, dans la mesure o dans la dmocratie majoritaire, il y a forcment une minorit, susceptible de dsquilibrer le systme.
La socit civile travaillerait, en fait, en marge de lÕespace politique occup par les partis et serait reprsentative de la population.
Proclame comme source de lgitimit de leur pouvoir, le concept de socit civile a t rappropri par les dirigeants africains.
Mais, la question se pose de savoir si la notion de socit civile peut tre africanise, sans en pervertir le contenu, ni les effets.
2) LÕafricanisation du concept
Selon Clestin Monga, la rponse est positive ; il propose cet gard une dfinition de la socit civile adapte lÕAfrique:
Ē Dans cet
article, je considrerai la socit civile en Afrique subsaharienne comme
lÕensemble des forces dont lÕaction vise amplifier le processus dÕaffirmation
de lÕidentit sociale et de promotion des droits et devoirs attachs la
citoyennet, ceci par opposition aux pouvoirs publics et aux partis politiques,
dont la tendance naturelle est dÕignorer ou de bafouer ces attributs. Č[85]
La socit civile existe en Afrique, elle serait anime par des leaders dÕassociations, des syndicalistes, les autorits religieuses, les intellectuels, les journalistes, etc.
La socit civile conomique, compose du grand patronat, des associations socioprofessionnelles, des syndicats et des reprsentants du Ē secteur informel Č, serait la plus influente et opposerait, selon lÕauteur, comme un droit de veto lÕintgration nationale et aux politiques publiques.
Face au dveloppement de cette activit populaire, les Etats ont ragis par la conqute et la cooptation de certaines composantes de la socit civile pour valider leur accession au pouvoir, et proclamer que les autorits en place bnficiait du soutien populaire.
La source de cette Ē lgitimit Č se trouverait notamment dans les origines ethniques des hauts reprsentants des Etats, ces derniers prtendant parler au nom de leur tribu.
En ralit la socit civile a t jusquÕ prsent tenue lÕcart du cercle de dcision, mais elle continuerait, malgr tout, se dvelopper en Afrique, notamment dans les domaines de lÕducation, de la dfense des intrts des paysans, de la formation des jeunes, etc.
Ainsi, la socit civile est devenue un instrument de lgitimit nationale et internationale, cÕest pour cette raison que cette notion doit tre utilise prudemment.
Prsente dans tous les discours de la plupart des dirigeants africains et intgre dans le processus global de dmocratisation, elle figure aujourdÕhui dans le prambule, les objectifs et les principes du trait de lÕUnion Africaine. Les dirigeants entendent faire participer les peuples au projet dÕintgration, et cres de nouveaux organes dans ce but.
Parmi les organes
cres par le trait, deux sont destins faire participer les peuples
africains, et donc introduire une certaine lgitimit dmocratique dans lÕUnion
Africaine: le Conseil Economique, Social et Culturel (1), et le Parlement
panafricain. (2)
1) Le Conseil Economique, Social et Culturel.
Le Conseil conomique, social et culturel cre par lÕarticle 22 du trait de lÕUnion semble inspir de trois autres institutions: la Commission conomique et sociale de lÕO.U.A., la Commission Economique et Sociale telle quÕinstitue par le trait dÕAbuja et le Conseil Economique et Social institu par le trait de lÕUnion Europenne.
Le Conseil Economique, Social et Culturel est un organe consultatif lÕinstar du Conseil Economique et Social des Communauts europennes.
Ses attributions, pouvoirs et sa composition seront dtermins par la Confrence. (alina 2)
Il est compos Ē des reprsentants des diffrentes couches socio-professionnelles des Etats membres de lÕUnion. Ó (Alina 1)
Bien quÕil ne dispose que dÕun rle consultatif, la cration du Conseil Economique, Social et Culturel consacre une volution quant la prise en compte, par les dirigeants africains, de la socit civile conomique en Afrique, qui se trouve ici Ē institutionnalise Č.
Sa composition, savoir les reprsentants des diffrentes couches socio-professionnelles des Etats membres de lÕUnion, se dtache des reprsentations tatiques centralises. Elle reprsente, en thorie, davantage les peuples et peut permettre, sous rserve de ce qui a t dit prcdemment, une certaine indpendance lÕgard des politiques gouvernementales internes.
Mais, il faut convenir que si la socit civile nÕest pas coute au niveau national, comment pourrait-elle lÕtre au niveau international ?
Nous avons vu que la socit civile se dveloppait, quÕelle prenait de plus en plus dÕimportance ; si elle nÕest pas intgre aujourdÕhui aux prises de dcisions, le trait fournit le cadre juridique pour quÕelle puisse au moins tre consulte le jour o elle revtira une importance telle que les dirigeants ne pourront plus la nier.
Dpendant de la Confrence, le Conseil Economique, Social et Culturel agira probablement de concert avec le Conseil Excutif, les Comits Techniques Spcialiss et le Comit des Reprsentants permanents, assurant la jonction entre les peuples et lÕUnion africaine conformment aux objectifs et principes prvus dans le trait.
Mais cela nÕest encore quÕune hypothse dans la mesure o les attributions de cet organe nÕont pas t fixes. La dcision repose une fois de plus sur la Confrence de lÕUnion, constitue de membres Ņ souverains Ó.
La prise en compte des peuples se fait galement travers la cration du Parlement panafricain, que nous avons dj voque.
2) LÕopportunit de la cration dÕun Parlement panafricain
Instrument de lgitimit populaire, la cration dÕun Parlement lÕchelle continentale est propose.
A lÕinstar du Comit conomique et social, le Parlement panafricain nÕa pour le moment quÕun caractre consultatif ; cela signifie que dans lÕventualit o son protocole entre un jour en vigueur et que sa mise en place est assure, ses avis ne lieront pas les autres organes.
LÕintroduction dÕun Parlement dans les rouages institutionnels panafricains vient nanmoins rduire le dficit dmocratique de lÕO.U.A., domin depuis 38 ans par les organes intergouvernementaux.
Outre le Comit conomique, social et culturel, qui pour vocation de reprsenter les couches socio-conomiques internes, le Parlement panafricain est:
Ē le seul organe qui puisse
permettre la rencontre de lÕAfrique des Chefs dÕEtat et de gouvernement avec
lÕAfrique des peuples. En servant de forum o les reprsentants de diffrentes
couches sociales africaines pourront se retrouver pour dbattre des questions
dÕintrt commun, il contribuera dissiper lÕimpression assez rpandue que les
programmes de coopration et dÕintgration, aussi bien au niveau rgional que
continental, ne sont que lÕaffaire des politiciens et des fonctionnaires,
nÕayant aucun rapport avec la majorit des populations africaines. Č[86]
La cration de cet organe sÕinscrit dans un mouvement de parlementarisme international gnral, contribuant ainsi la dmocratisation des relations internationales.
Il faut toutefois souligner que cette Ē reprsentation dmocratique Č ne sera effective que sÕil est offert aux peuples africains la possibilit de choisir leurs reprsentants au sein de lÕUnion Africaine, notamment par le biais de lÕinstitution du suffrage universel direct.
Mais encore faut-il
que les peuples africains aient la possibilit dÕlire leurs reprsentants sur
le plan national. Ce qui est loin dÕtre le cas dans la plupart des Etats africains,
dans la mesure o en pratique et parfois conformment aux Constitutions
nationales, les dputs sont nomms par le Chef de lÕEtat
Enfin, cette prise en compte des peuples, tant par le biais des objectifs et principes de lÕUnion, que des organes cres, semble paradoxale dans la mesure o les peuples nÕont pas t consults dans le cadre de la ratification du trait de lÕUnion Africaine. Aucun rfrendum, aucune consultation nationale nÕont eu lieu, ni de vastes campagnes de sensibilisation au projet panafricain.
Nanmoins, un certain nombre de forums de discussions informels semblent sÕtre cres, notamment au Sngal (pays de forte tradition panafricaine) et au Cameroun qui, paradoxalement, nÕa pas ratifi le trait.
Quant la socit civile, il faut souligner que lÕO.S.C.A. (lÕOrganisation de la Socit Civile Africaine) aurait t autorise participer au sommet de Lusaka ds le 9-12 juillet 2001 et aurait t coute, nous y reviendrons dans la section II, propos des initiatives africaines.
Ainsi, mme si quelques nuances et objections doivent tre signales, il semble que les Chefs dÕEtats africains soient dans une certaine mesure, dsireux de relever le dfi de la dmocratie.
Mais, il est
largement admis que la participation populaire aux choix politiques
sÕaccompagne de la sanction du droit et notamment du contrle des reprsentants
dsigns.
¤ II - LÕintroduction du droit dans les rapports panafricains
Au regard des dispositions du trait, il semble que les dirigeants africains se soient dcids introduire du droit dans leurs rapports. Les principes Ē de bonne gouvernance Č et Ē dÕEtat de droit Č, introduis dans le trait sont cet gard une vritable innovation. (1)
Il semble dÕautre part, quÕun certain nombre de mcanismes juridiques, inexistant dans la Charte de lÕO.U.A., ait t prvu dans les futures relations au sein de lÕUnion africaine ; ce qui permettra de nous interroger sur lÕefficacit juridique de lÕUnion Africaine. (2)
A - Les principes Ē de bonne gouvernance Č et Ē dÕEtat de droit Č
Les principes de Ē bonne gouvernance Č et dÕ Ē Etat de droit Č faisant partie intgrante des politiques dÕajustement structurel prnes par les institutions internationales et, tant aujourdÕhui raffirms par les auteurs du trait, il convient de comprendre quel sens ils revtent.
Si la gouvernance est considre comme lÕensemble de diffrents processus et mthodes travers lesquelles les individus et les institutions, publiques et prives, grent leurs affaires communes, la Ē bonne gouvernance Č dsignerait :
Ē un mode dÕexercice de lÕautorit dans la gestion impartiale, transparente et efficace des affaires publiques, fond sur la lgitimit. Č[87]
Elle est comprise dans trois perspectives principales, savoir : la gouvernance conomique (comprenant les processus de dcision qui affectent les activits conomiques), la gouvernance politique (se rfrant la conception et la mise en Ļuvre des politiques de dveloppement) et la gouvernance administrative, qui inclut les systmes de gestion politique.
Introduite dans la common law, puis transpose dans le droit amricain, la notion de bonne gouvernance a volu au gr des diffrentes confrences organises par les Nations Unies.
Elle est aujourdÕhui prsente comme lÕune des valeurs de la lgitimit tatique, et cet gard, impose par les bailleurs de fonds internationaux aux socits africaines au titre de la conditionnalit de leur coopration.
DÕautre part, corollaire ncessaire de la dmocratie, le principe de lÕ Ē Etat de droit Č est lÕautre Ē cheval de bataille Č des institutions internationales ; il implique le contrle des actes de lÕexcutif, du lgislatif et de la puissance publique en gnral, et pose le problme de la lgalit et de la transparence.
LÕEtat de droit, selon Carr de Malberg, cÕest :
Ē É un Etat qui, dans ses rapports avec ses sujets et pour la garantie de leur statut individuel, se soumet lui-mme un rgime de droit, et cela en tant quÕ il enchane son action sur eux par des rgles, dont les unes dterminent, les droits rservs aux citoyens, dont les autres fixent par avance les voies et les moyens qui pourront tre employs en vue de raliser les buts tatiques . Č[88]
Les principes sus-voqus sont louables, mais ne conviendrait-il pas de se demander dans quelle mesure ils peuvent recevoir une application relle dans lÕenvironnement africain, avant de les imposer de manire Ē non-dmocratique Č dans les relations rgissant les Etats africains aux institutions internationales ?
La politique suivie par les bailleurs de fond est paradoxale, elle tend promouvoir les institutions dmocratiques, mais sans donner aux traditions politiques, morales et religieuses africaines, lÕopportunit de choisir la manire pour y accder.
Les principes de bonne gouvernance et dÕEtat de droit semblent toutefois intgrs par les dirigeants africains, bien que non appliqus au niveau national.
Les auteurs du trait de lÕUnion Africaine se les rapproprient aujourdÕhui ; lÕEtat de droit semble en lÕoccurrence recevoir une sanction particulire, puisque les Chefs dÕEtat et de gouvernement africains ont dcids de crer une Cour de justice au sein de lÕUnion.
Il convient de se demander, comment les auteurs du trait entendent sanctionner le respect des principes et droits sus-voqus.
B
- LÕefficacit juridique du trait
de lÕUnion Africaine
Le trait peut tre dfini comme:
Ē (Un) Accord conclu entre Etats ou autres sujets de la socit
internationale (...) en vue de produire des effets de droit dans leurs
relations mutuelles. Č[89]
En outre, une fois entr en vigueur, le trait acquiert la force obligatoire, et engage les Etats qui lÕont ratifi respecter les dispositions sur lesquelles ils se sont entendus.
Cela signifie que les dispositions contenues dans lÕensemble du trait de lÕUnion Africaine (prambule, principes, objectifs, organes, procdures gnrales) lient juridiquement les Etats.
Mais il sÕagit de savoir, dans quelle mesure le non-respect de ces dispositions conventionnelles peut-tre sanctionn. (1)
DÕautre part, les Etats membres seront amens mettre en place les politiques et programmes communs et les nouveaux organes, au rythme des rsolutions adoptes par lÕUnion Africaine.
Quels mcanismes juridiques sont cet gard prvus dans le trait, pour contraindre les Etats respecter et appliquer ces rsolutions ? (2)
1) Les mcanismes de sanction
des droits inscrits dans le Trait
Outre les dispositions sur le respect des principes dmocratiques, des droits de lÕhomme, de Ē la bonne gouvernance Č et de Ē lÕtat de droit Č, le trait prvoit, nous lÕavons tudi prcdemment, un certain droit dÕingrence humanitaire, le Ē droit des Etats membres de solliciter lÕintervention de lÕUnion pour restaurer la paix Č, etc.
Mais, ces dispositions ne consacrent que des droits, et non des devoirs ; outre le contenu de ces principes, ces dispositions nÕapportent alors rien de nouveau par rapport lÕO.U.A.
LÕinnovation se trouve dans les sanctions prvues dans le cadre de lÕarticle 23 du trait ( en cas de non-paiement des contributions et de non Ē conformit Č aux dcisions et politiques de lÕunion) et dans le mcanisme de respect du principe de Ē condamnation et rejet des changements anticonsitutionnels de gouvernement Č prvu lÕarticle 30.
Il est avr que ces dispositions sont respectes, lÕvolution rcente des relations intertatiques le montre. ( cf. supra)
Toutefois, outre la force obligatoire quÕentrane lÕentre en vigueur du trait, aucune obligation juridique nÕest formule de manire explicite.
CÕest le cas concernant les droits consacrs conventionnellement, cela lÕest galement quant au droits gnrs par les dcisions, quÕadoptera lÕUnion Africaine.
2) Les mcanismes de sanction des rsolutions de lÕUnion Africaine
LÕO.U.A. a beaucoup souffert de la non-application des rsolutions adoptes, la Charte ne prvoyant aucun mcanisme permettant de contraindre les Etats membres respecter ce pour quoi ils se sont engags.
La mme remarque sera possible concernant lÕUnion Africaine, si la volont politique de raliser les politiques et programmes prvus est trop faible.
Les auteurs du trait semblent avoir refus dÕemployer le terme Ē obligation Č dans les dispositions relatives lÕapplication des dcisions de lÕUnion ; ils ont toutefois introduit une mission de contrle de leur mise en Ļuvre.
En effet lÕarticle
9 du trait prvoit que la Confrence a le pouvoir ou lÕattribution dÕ Ē assurer
le contrle et la mise en Ļuvre des politiques et dcisions de lÕUnion, et
veiller leur application par tous les Etats membres. Č
Moins quÕune mission, le contrle de lÕapplication des dcisions est un pouvoir ou une attribution.
Si les auteurs du trait semblent avoir pris en considration le problme de la non-application des dcisions, en introduisant une Ē mission Č de contrle, ils ne se sont pas risqus dÕintroduire une obligation juridique de mise en Ļuvre.
Cet article contourne ainsi lÕobligation dÕapplication des dcisions par les membres de la Confrence.
Mais cette mission de contrle ne figure pas uniquement dans les dispositions relatives la Confrence de lÕUnion ; elle trouve galement une place dans lÕarticle 13 al.2, concernant le Conseil excutif, et lÕarticle 15 b) sur les Comits Techniques Spcialiss.
Cela signifit-il que les organes de lÕUnion Africaine peuvent sÕauto-contrler ?
Il semble que ce soit formellement le cas, tout dpendra de la volont de chacun de ne pas privilgier ses intrts nationaux, sur ceux de lÕUnion.
Tout dpendra galement de la capacit des Etats africains sÕauto-dnoncer en cas de non-respect des dispositions du trait.
Enfin, tout dpendra de la mise en place, de la composition et des pouvoirs confrs au Parlement panafricain et la Cour de justice.
Les Chefs dÕEtat africains semblent aspirer relever le dfi dmocratique, mais sÕen donnent-ils rellement les moyens ? Au stade actuel de lÕUnion africaine, il nÕest pas ais de rpondre cette question. Nous pouvons toutefois considrer que le trait traduit une relle avance sur cette question, mme sÕil nÕest pas sans failles.
Au-del de lÕessentielle question du dfi dmocratique que se proposent de relever les dirigeants africains, se pose le problme de lÕintgration de lÕAfrique que les auteurs du trait entendent raliser.
SECTION II Š LES ENJEUX DE LÕINTEGRATION DU CONTINENT AFRICAIN
Les Etats africains ont depuis les annes 1960, tent de raliser lÕidal panafricain, par le biais de la constitution de communauts rgionales et sous rgionales ; de la cration dÕune organisation continentale, lÕO.U.A. ; de la ralisation dÕune multitude de projets et institutions communes comme la B.A.D. et la F.A.D., etc.
AujourdÕhui, lÕheure de la Ē mondialisation Č galopante, les Etats africains entendent raliser lÕunit de lÕAfrique par le biais de lÕĒ intgration Č.
Plus quÕhier, lÕunit de lÕAfrique est une ncessit voire un impratif, pour constituer un front commun et parler dÕune seule voix dans les tribunes mondiales.
La Ē mondialisation Č tant du commerce (Organisation Mondiale du Commerce), que de la communication (par le biais notamment de lÕInternet), de la sant (Organisation Mondiale de la Sant), du travail (Organisation Internationale du Travail), des politiques ( par le biais des sommets du G7-8 entre autres), de la paix et de la scurit ( O.N.U. et Organisation du Trait de lÕAtlantique Nord), entre autres, a jusquÕ prsent exclu les Etats africains de la prise des dcisions.
Les enjeux de lÕintgration sont ainsi les suivant : raliser lÕunit de lÕAfrique et russir son intgration dans le systme mondial (¤ I), sans homogniser les patrimoines culturels
africains (¤ II)
¤ I - Raliser lÕunit de lÕAfrique...
Le trait de lÕUnion Africaine ne met pas fin aux dispositions du trait dÕAbuja instituant la Communaut Economique Africaine. Il est simplement prvu lÕarticle 33 al. 2 du nouveau trait que :
Ē Les
dispositions du prsent Acte ont galement prsance et remplacent les
dispositions du Trait dÕAbuja instituant la Communaut conomique africaine,
qui pourraient tre contraires au prsent Acte. Č
Il semble par consquent que le trait de lÕUnion sÕinscrit dans la continuit des dispositions du trait dÕAbuja, relatives lÕintgration du continent africain.
Cependant, la rserve voque lÕarticle 33 nous conduit focaliser notre tude sur les stratgies dÕintgration prvues dans le nouveau trait.
Le trait de lÕUnion Africaine pour objectif principal, dÕacclrer lÕintgration politique et socio-conomique du continent africain ; mais ses auteurs lui en ont-ils donn les capacits ? (A)
En dehors du cadre conventionnel, il est dÕautre part ncessaire dÕvoquer les diffrentes initiatives africaines rcentes, sur les moyens de raliser lÕintgration et le dveloppement conomique et social en Afrique. (B)
A - Les aptitudes conventionnelles raliser lÕintgration
Les auteurs du trait entendent raliser lÕintgration politique et socio-conomique sur la base des Communauts conomiques rgionales (1), mais un paradoxe persistant se pose en obstacle la ralisation de cet objectif. (2)
Face lÕchec manifeste de la C.E.A., les dirigeants africains ont t prudents dans la formulation des dispositions relatives lÕintgration.
Les objectifs de Ē dveloppement autosuffisant Č ou de Ē dveloppement endogne et auto-entretenu Č, figurant dans le trait dÕAbuja, ne sont plus mentionns dans le trait de lÕUnion Africaine. La raison rside peut-tre dans la volont de sÕintgrer dans le systme de la mondialisation dans sa dclinaison conomique, en acceptant les consquences quÕelle engendre : la non-entrave aux rgles de la concurrence, la leve des barrires tarifaires, des droits de douanes, et la libralisation des changes, entre autres.
DÕautres dispositions prvues par le trait dÕAbuja ne figurent plus dans le nouveau trait, cÕest le cas du principe Ē de respect du droit Č ou Ē du respect du systme juridique de la Communaut Č, liant ainsi juridiquement les Etats membres.
Les auteurs du
trait de lÕUnion Africaine nÕont en fait conserv que peu de choses de la
C.E.A. : le Parlement panafricain, la Cour de justice et deux objectifs
quÕil faut associer, savoir, lÕacclration de lÕintgration politique et
socio-conomique du continent et la coordination et lÕharmonisation des politiques
entres les Communauts conomiques rgionales existantes et futures Ē en vue
de la ralisation graduelle des objectifs de lÕUnion. Č
Or, si le Conseil des Ministres est charg dÕassurer la coordination et de dcider des politiques dans les domaines dÕintrts communs pour les Etats membres, les tapes inhrentes au processus dÕintgration ne sont pas prvues.
DÕautre part, le trait nÕoffre pas la possibilit de savoir quel organe sera charg dÕassurer la coordination entre les diffrentes intgrations rgionales quÕil conviendra, dans un premier temps, de renforcer.
Les modalits de fonctionnement des nouveaux organes nÕayant pas encore t dfinis, la stratgie dÕintgration de lÕUnion Africaine semble ainsi, impossible cerner et valuer.
Mais, il est dÕors et dj possible de dtecter lÕobstacle la ralisation de lÕobjectif dÕintgration.
2) Le paradoxe manifeste du trait de lÕUnion Africaine
Le paradoxe se trouve dans le fait que lÕobjectif dÕintgration, pourtant inscrit en toutes lettres dans le trait, ne soit pas partag par lÕensemble des Etats qui lÕont ratifi.
En effet, trois tendances coexistent au sein de lÕUnion Africaine, rappelant les clivages idologiques prsidant la cration de lÕO.U.A. : il y a ceux qui se contentent de Charte de lÕO.U.A. et qui ne voient en lÕUnion Africaine, quÕun changement de sigle de lÕOrganisation panafricaine (le Ghana et lÕAfrique du Sud notamment) ; ceux qui, avec en tte la Libye, veulent pousser lÕintgration jusquÕau bout, avec la cration dÕinstitutions communes avec un excutif commun (le Mali et le Sngal entre autres) ; enfin, les modrs, les plus nombreux, qui souhaitent une rforme de lÕO.U.A. afin de la moderniser et la rendre plus efficace.
Malgr ces tendances antagonistes, le trait de lÕUnion Africaine a t sign par tous et ratifi par une large majorit, deux raisons peuvent lÕexpliquer.
DÕune part, si le trait a t adopt lÕunanimit, il ne consacre quÕun Ē consensus minimaliste Č[90]. En effet, les dirigeants africains se sont en fait entendus sur des principes de faible porte, nÕengageant personne sur le plan juridique en cas de dysfonctionnement ; outre les sanctions prvues, la responsabilit des acteurs politique nÕest pas expose.
Il sÕagit justement des limites reproches la rgle du consensus, retenue dans le trait.
Les Etats africains nÕont par consquent rien perdre en ratifiant lÕActe constitutif.
DÕautre part, le continent africain doit aujourdÕhui relever de nouveaux dfis faisant de lÕunit africaine un impratif. Chacun en a conscience et lÕUnion Africaine peut cet gard susciter lÕespoir de voir un jour lÕidal panafricain se raliser, ses structures et dispositifs pouvant voluer.
Malgr ses carences, lÕUnion Africaine a au moins lÕintrt de rveiller les ambitions panafricaines. Elle a, cet gard suscit la prise dÕinitiatives, politiques et non politiques.
B - Les initiatives africaines
Deux types de propositions relatives lÕintgration et ses moyens de ralisation, ont t prsentes au sommet de lÕO.U.A. Lusaka le 9-12 juillet 2001 : des plans de dveloppement conomique et social, de source tatique (1) et une proposition provenant de lÕOrganisation de la Socit Civile Africaine. (2)
1) Les propositions tatiques de dveloppement conomique et social
Ces derniers mois, deux projets volontaristes de stratgies de dveloppement ont t proposs : le Ē Plan Omga Č du prsident sngalais Abdoulaye Wade (a) et le Ē Programme de Renaissance de lÕAfrique pour le Millnaire Č ( P.R.A.) labor par les Prsdidents Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Olusegun Obasanjo (Niger) et Abdelaziz Bouteflika (Algrie). (b)
Lors du Sommet France-Afrique de Yaound du 17 au 19 janvier 2001, le prsident sngalais Abdoulaye Wade a prsent un plan de dveloppement conomique et social, connu dsormais sous le nom du Ē Plan Omga Č.
Abdoulaye Wade, fervent panafricaniste, auteur de lÕouvrage Un Destin pour lÕAfrique, a voqu que lÕAfrique ne pouvait pas se permettre de Ē rater le train de la mondialisation Č et a dcid de sensibiliser ses pairs africains lÕurgence de la mise en Ļuvre dÕune Ē stratgie africaine de mondialisation Č[91].
LÕobjectif du Plan
est Ē de procder lÕvaluation des besoins du continent de faon combler
les disparits fondamentales par rapport aux pays dvelopps qui constituent (les) handicaps majeurs (de lÕAfrique)
et dÕen trouver le financement dans les meilleures conditions. Č[92]
Selon le prsident sngalais, Ē la situation actuelle de lÕAfrique est la preuve de lÕchec de la logique du crdit et de lÕaide. Č Il propose une autre stratgie de financement des projets de dveloppement, une stratgie semblable celle du Ē Plan Marshall Č : des investissements massifs lourds, en provenance des pays dvelopps, remboursables dans un dlai de 50 ans.
Contrairement au trait de lÕUnion Africaine, le Plan Omga est prcis sur les moyens de renforcer les communauts sous-rgionales, sur la base desquelles lÕintgration de lÕAfrique reposera.
Il sÕagit dÕun plan continental, labor partir des plans sous-rgionaux selon le dcoupage de lÕO.U.A.
DÕautre part, quatre secteurs fondamentaux sont retenus : les infrastructures, lÕducation, la sant et lÕagriculture. Cela semble beaucoup plus judicieux que ce que propose le trait, savoir, la coordination des politiques nationales dans un ensemble de domaines qui semble illimit.
Il a cependant t
reproch au Plan Omga dÕinviter les multinationales Ē É poursuivre,
voire renforcer, lÕexploitation conomique (des pays
africains) au nom dÕun nolibralisme dbrid. Č[93]
Un autre plan, antrieur au Plan Omga a t rvl au Forum conomique de Davos ( en Suisse) le 28 janvier 2001.
1.2 - Le Ē Programme de Renaissance de lÕAfrique pour le Millnaire Č
En collaboration avec Olusegun Obasanjo et Abdelaziz Bouteflika, Thabo Mbeki a prsent un plan global qui permettrait au continent africain de sortir des maux qui le ravagent : la pauvret, les maladies et les conflits. Plus quÕun programme conomique, le P.R.A. est un ensemble de mesures politiques et sociales destines crer un environnement susceptible de permettre un dveloppement durable de lÕAfrique. Une dmarche qui passe par lÕinstauration de la dmocratie et la prvention des conflits.
Les priorits du programme seraient de dvelopper, avec nanmoins lÕaide de la communaut internationale, une stratgie industrielle, dÕaccrotre lÕinvestissement dans les nouvelles technologies lies au transport et lÕnergie, etc.[94]
Les deux projets, ayant t prsents de manire indpendante lors des diffrents sommets et forums africains et mondiaux de lÕanne 2001, il fut propos, notamment par les institutions internationales financires de les unifier en un seul document.
Aprs dÕintenses
discussions entre les reprsentants des deux projets, un texte sÕinspirant des
deux documents fut adopt et prit le nom de Ē Nouvelle Initiative
Africaine Č.
LÕinitiative fut prsente sous cette nouvelle dnomination au Sommet de Lusaka en le 9-12 juillet 2001 et au sommet du G7-8 Gnes (Italie) le 20-22 juillet de la mme anne.
A Gnes, le discours des quatre Chefs dÕEtat africains a largement retenu lÕintention des sept puissances mondiales, qui se sont montrs favorables au projet. Une dcision a t prise : chacune des sept puissances conomiques devrait dsigner un expert de haut niveau auprs du comit directeur de la Nouvel Initiative Africaine.[95]
Outre les projets tatiques panafricains, une initiative apolitique fut
prsente.
2) La proposition de lÕOrganisation de la Socit Civile Africaine
Les responsables de lÕOrganisation de la Socit Civile Africaine (O.S.C.A) ont prsent aux Ministres des Affaires trangres, runis la veille du sommet de Lusaka, une proposition relative au budget de lÕUnion africaine.
Il est prvu que la cration de nouveaux organes au sein de lÕUnion Africaine, les programmes, la tradition des nouvelles langues officielles, suscite un budget beaucoup plus lev que celui de lÕO.U.A.
Dans cette prvision, lÕassociation a propos de crer un Ē visa panafricain Č[96], qui serait une sorte de droit dÕentre de 10 dollars amricains, pay par tout tranger se rendant sur le continent africain ou par tout Africain retournant chez lui.
Selon lÕO.S.C.A., environ 20 millions de personnes entrent chaque anne sur le continent africain ; le Ē visa panafricain Č permettrait ainsi de recueillir quelque 200 millions de dollars par an, et sÕajouterait aux contributions financires des Etats africains. ( Le budget actuel de lÕO.U.A. tant de 30 millions de dollars)
Cette proposition semble trs judicieuse, mais ce qui semble le plus important, cÕest que cette initiative non politique, aient t coute et entendue ; les ministres se seraient dÕailleurs montrs trs favorables cette proposition.
Ainsi, nous pouvons considrer que les carences et lacunes du trait de lÕUnion Africaine ne sont pas rellement des obstacles insurmontables la ralisation de lÕunit et lÕintgration du continent. LÕUnion Africaine a remis au got du jour le panafricanisme et a rveill les forces cratrices africaines ou plus exactement, panafricaines.
Toutefois, la ralisation de lÕunit du continent africain nÕest pas le seul enjeu de lÕintgration ; elle doit permettre de raliser lÕunit de lÕAfrique certes, mais sans contribuer lÕhomognisation de ses patrimoines culturels.
¤ II - É Sans homogniser Ē les patrimoines culturels Č africains
Il est impratif que les Etats africains sÕunissent pour ne plus tre des tmoins marginaliss, mais de vritables acteurs de la mondialisation. Or, la mondialisation porte en elle les germes de la Ē globalisation Č, de Ē lÕhomognisation Č et donc de lÕexclusion des minorits, notamment culturelles. Partout dans le monde, elle a conduit divers replis ethniques, parfois dangereux pour lÕquilibre des rgions. (1)
LÕAfrique est un continent qui dispose dÕun patrimoine culturel riche, quÕil convient de protger contre les tentatives dÕassimilation. (2)
A - La mondialisation : lÕenvers du dcor
La mondialisation ferait de la Terre une scne unique ; elle rapprocherait les cultures et les hommes, par le biais des mdias (la radio, la tlvision), des moyens de communication (le tlphone, lÕInternet), des transports, etc.
Mais la mondialisation cre aussi des frustrations et lÕexclusion de ceux qui ne disposent pas des moyens financiers et matriels de sÕintgrer dans ce vaste ensemble.
DÕautres la refusent, au nom de la prservation de leur identit culturelle, linguistique ou historique.
Car la mondialisation conduit souvent lÕhomognisation des cultures, dans la mesure o les personnes de cultures diffrentes se rencontrent et sÕacculturent. A plus grande chelle, ce sont les Nations qui perdent leur identit. Les normes sont tablies par quelques Etats pour une application dans le reste du monde. La faiblesse conomique de la plupart des pays, ne leur permettent pas de donner leur avis et dÕapporter leur contribution aux politiques globales.
Les pays africains sont dans ce cas ; ils ne disposent pas de la facult conomique ncessaire pour avoir la parole lors des grands sommets mondiaux.
Au-del de la facult conomique, leur nombre et leur diversit font leur faiblesse.
La cration de lÕUnion Africaine a cet gard pour objectif dÕunir les Etats, afin dÕtablir des stratgies de dveloppement conomiques plus fiables et de permettre lÕAfrique de peser un poids plus lourd dans les ngociations internationales.
Plus que lÕunit, les dirigeants africains se proposent de raliser lÕintgration et par consquent la fusion de leurs politiques et conomies. Il est cependant indispensable de veiller ne pas entrer dans un cercle vicieux, cÕest--dire, empcher quÕun certains nombres de groupes ou dÕethnies africaines se sentent exclues.
B - LÕindispensable protection des cultures africaines
Il existe en Afrique des milliers de langues, des centaines de religions et dÕethnies diffrentes. LÕAfrique est culturellement trs riche et doit prserver cette richesse, car la culture dÕun peuple est un repre, un ensemble de valeurs partages qui peut sÕriger en code de conduite quotidien.
Telle est galement lÕoriginalit des socits africaines ; certaines nÕont pas besoins de rgles crites rationalises pour sÕorganiser, les valeurs morales tant l pour exercer la contrainte.
Plus quÕune culture, lÕAfrique dispose de patrimoines culturels multiples. LÕintgration propose par le trait de lÕUnion Africaine ne doit pas les remettre en cause, au risque de faire perdurer les conflits ethniques qui dchirent le continent ou dÕen crer de nouveaux.
Les conflits existaient dj avant la priode coloniale, mais ils se sont dmultiplis aprs le dcoupage opr par le trait de Berlin en 1884, attribuant chaque puissance, son morceau de territoire africain.
Ces guerres tmoignent du dangereux impact que peut avoir une remise en cause des frontires et la coexistence force entre les peuples.
Il est ncessaire que lÕAfrique ralise lÕintgration pour sÕintgrer dans le systme mondial, mais lÕharmonisation ou la fusion ne doit sÕen tenir quÕaux politiques et aux conomies. Les dirigeants et les peuples africains ont intrt faire la part des choses.
Au-del de sa diversit, lÕAfrique dispose galement dÕun fond commun culturel que Lopold Sdar Senghor appelle Ē Africanit Č. Il semble que peu dÕafricains nient ce fond commun.
La Personnalit africaine existe ; il faut la protger, car elle a beaucoup apporter au monde, notamment occidental, dont les valeurs sont en voie de perdition.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE:
Si la question de lÕhomognisation des cultures africaines dans la perspective dÕintgration propose par le trait de lÕUnion Africaine ne doit pas tre nglige, son tude est cependant prmature.
LÕintgration du continent africain ne peut tre envisage que dans le long terme, lÕanalyse du
Trait permet de lÕaffirmer.
Si la volont de raliser lÕintgration semble emporter lÕadhsion de chaque Etat africain, tous ne sont pas prts sÕen donner les moyens.
En effet, les objectifs fixs dans le Trait sont souvent en contradiction avec les principes directeurs et les pouvoirs confrs aux organes de lÕUnion Africaine.
Les lacunes, imprcisions et contradictions du trait de lÕUnion Africaine refltent ainsi les divergences de point de vue des dirigeants africains et la prcipitation dans laquelle ils ont rdig lÕActe constitutif.
Nanmoins, deux tendances fortes se dgagent du Trait : celle de ne pas remettre en cause les souverainets tatiques et les frontires africaines et celle de ne pas donner force obligatoire aux engagements des Etats.
En cela le trait de lÕUnion Africaine nÕapporte rien de nouveau par rapport la Charte de lÕO.U.A. et parat antinomique lÕobjectif dÕintgration.
LÕidologie panafricaniste a normment volu depuis le dbut du 20me sicle.
Si elle tait ses origines, la consquence de la traite esclavagiste, de la sgrgation raciale et de la colonisation ; elle est aujourdÕhui un moyen pour assurer le dveloppement conomique, le respect de la dmocratie et des droits de lÕHomme sur le continent africain, et un moyen permettant terme, lÕAfrique, de peser un poids dans les ngociations internationales politiques et conomiques.
Le panafricanisme revitalis est ainsi instrumentalis.
Plus quÕun idal, il est devenu un impratif, dans la mesure o les Etats africains et la solidarit entre leurs peuples restent, il nous semble, la seule issue aux maux qui ravagent le continent.
La politique de Ē diviser pour mieux rgner Č adopte lÕpoque par les administrations coloniales doit aujourdÕhui faire place la politique de Ē lÕunion fait la force Č utilise comme un rempart aux politiques hgmoniques persistantes.
Mais lÕunion des Etats africains passe ncessairement par lÕtablissement de politiques communes dans un certain nombre de domaines prioritaires, comme lÕagriculture, la sant, lÕducation et les infrastructures proposs par Abdoulaye Wade dans le Plan Omga.
Il semble que les domaines dÕaction doivent en effet tre limits dans un premier temps pour raliser lÕintgration par tapes successives ; la russite dÕune premire tape dans lÕintgration permettant de prendre confiance et de poser des bases solides pour la ralisation de la seconde, et ainsi de suite.
Or, la ralisation de politiques communes propose dans des domaines quasiment illimits, dans le trait de lÕUnion Africaine, parait cet gard illusoire.
Ces politiques communes requirent dÕautre part la dlgation de comptences et donc de parcelles de souverainet tatique au profit dÕune entit supertatique.
En lÕtat actuel, le trait de lÕUnion Africaine ne permet pas cette dlgation de comptences ; les principes de souverainet nationale et dÕintgrit territoriale tant vivement raffirms.
Ainsi, la question de savoir si les dispositions du trait de lÕUnion Africaine permettent de raliser lÕidal panafricain, la rponse, en lÕtat actuel, ne peut-tre que ngative.
Le Trait doit tre rvis et prcis et les populations africaines sensibilises et consultes ; la dcision dÕabandonner un certain nombre dÕattributs propres lÕEtat revient aux peuples, les rfrents de souverainet nationale et dÕintgrit territoriale tant inscrits dans les textes constitutionnels.
Toutefois, si le panafricanisme est dfini comme Ē ÉlÕidologie de la dmocratie et des droits de l'homme dans un cadre fdral africain Č, nous pouvons considrer que le trait de lÕUnion Africaine permet davantage de sÕen rapprocher que la Charte de lÕO.U.A. ou que tout autre instrument dÕintgration rgionale jusquÕ prsent adopt ; en cela le Trait constitue un vritable apport.
La promotion de la dmocratie, de lÕtat de droit et de la protection des droits de lÕHomme nÕtaient pas les proccupations des leaders africains au moment des indpendances.
Elles le sont aujourdÕhui et trouvent leur expression dans un instrument panafricain, proposant une organisation imparfaite certes, mais nouvelle et plus adapte aux temps et aux maux nouveaux.
DÕautre part, la remise lÕordre du jour de lÕunit africaine a suscit des enthousiasmes et revitalis voire rveill la tradition panafricaine de certains pays. Ce qui peut tre que bnfique, dans la mesure o de nouvelles initiatives et propositions ont vu le jour. Le continent africain bouge tant Ē par le bas Č que Ē par le haut Č et ce mouvement est en lui-mme positif.
Beaucoup de progrs sont encore raliser, pour y parvenir, il semble impratif que les Etats africains sÕentendent et prennent des directions communes dans un certain nombre de domaines dÕabord limits.
Plus quÕune idologie, la force panafricaine semble capable de fdrer les Etats africains ; cet gard, certains pays de forte tradition panafricaine comme le Sngal ou le Mali peuvent servir de Ē locomotive Č au train en marche. Il appartient aux autres Etats de sÕy rattacher.
CHARTE DE LÕOUA
Nous, Chefs dÕEtat
et de Gouvernement africains runis Addis Abba, Ethiopie ;
CONVAINCUS que les
peuples ont le droit inalinable de dterminer leur propre destin ;
CONSCIENTS du fait
que la libert, lÕgalit, la justice et la dignit sont des objectifs
essentiels la ralisation des aspirations lgitimes des peuples africains ;
SACHANT que notre
devoir est de mettre les ressources naturelles et humaines de notre continent
au service du progrs gnral de nos peuples dans tous les domaines de
lÕactivit humaine ;
GUIDES par une
commune volont de renforcer la comprhension entre nos peuples et la
coopration entre nos Etats, afin de rpondre aux aspirations de nos
populations vers la consolidation dÕune fraternit et dÕune solidarit
intgres au sein dÕune unit plus vaste qui transcende les divergences
ethniques et nationales ;
CONVAINCUS quÕafin
de mettre cette ferme dtermination au service du progrs humain, il importe de
crer et de maintenir des conditions de paix et de scurit ;
FERMEMENT RESOLUS
sauvegarder et consolider lÕindpendance et la souverainet durement
conquises, ainsi que lÕintgrit territoriale de nos Etats, et combattre le
no-colonialisme sous toutes ses formes ;
VOUES au progrs
gnral de lÕAfrique ;
PERSUADES que la
Charte des Nations Unies et la Dclaration universelle des Droits de lÕHomme,
aux principes desquels nous raffirmons notre adhsion, offrent une base solide
pour une coopration pacifique et fructueuse entre nos Etats ;
DESIREUX, de voir
tous les Etats africains sÕunir, dsormais, pour assurer le bien-tre de leurs
peuples ;
RESOLUS
raffermir les liens entre nos Etats en crant des institutions communes et en
les renforant ;
SOMMES CONVENUS de
crer :
LÕORGANISATION DE
LÕUNITE AFRICAINE
Article I
Les Hautes Parties
Contractantes constituent, par la prsente Charte, une Organisation dnomme
Organisation de lÕUnit Africaine.
Cette Organisation
comprend les Etats africains continentaux, Madagascar et les autres iles
voisines de lÕAfrique.
OBJECTIFS
Article II
Les objectifs de
lÕOrganisation sont les suivants :
Renforcer lÕunit
et la solidarit des Etats africains ;
Coordonner et
intensifier leur coopration et leurs efforts pour offrir de meilleures
conditions dÕexistence aux peuples dÕAfrique ;
Dfendre leur
souverainet, leur intgrit territoriale et leur indpendance ;
Eliminer sous
toutes ses formes le colonialisme de lÕAfrique ;
Favoriser la
coopration internationale, en tenant dment compte de la Charte des Nations
Unies et de la Dclaration universelle des Droits de lÕHomme.
A ces fins, les
Etats membres coordonneront et harmoniseront leurs politiques gnrales, en
particulier dans les domaines suivants :
Politique et
diplomatie ;
Economie,
transports et communications ;
Education et
culture ;
Sant, hygine et
nutrition ;
Science et technique
;
Dfense et
scurit.
PRINCIPES
Article III
Les Etats Membres,
pour atteindre les objectifs noncs lÕArticle II, affirment solennellement
les principes suivants :
Egalit souveraine
de tous les Etats membres ;
Non-ingrence dans
les affaires intrieures des Etats ;
Respect de la
souverainet et de lÕintgrit territoriale de chaque Etat et de son droit
inalinable une existence indpendante ;
Rglement
pacifique des diffrents, par voie de ngociations, de mdiation, de conciliation
ou dÕarbitrage ;
Condamnation sans
rserve de lÕassassinat politique ainsi que des activits subversives exerces
par des Etats voisins ou tous autres Etats ;
Dvouement sans
rserve la cause de lÕmancipation totale des territoires africains non encore
indpendants ;
Affirmation dÕune
politique de non-alignement lÕgard de tous les blocs.
MEMBRES
Article IV
Tout Etat africain
indpendant et souverain peut devenir membre de lÕOrganisation .
DROITS ET DEVOIRS DES ETATS MEMBRES
Article V
Tous les Etats
membres jouissent des mmes droits et ont les mmes devoirs.
Article VI
Les Etats membres
sÕengagent respecter scrupuleusement les principes noncs lÕArticle III de
la prsente Charte.
INSTITUTIONS
Article VII
LÕOrganisation poursuit
les objectifs quÕelle sÕest assigne, principalement par lÕintermdiaire des
institutions ci-aprs :
La Confrence des
Chefs dÕEtat et de Gouvernement ;
Le Conseil des
Ministres ;
Le Secrtariat
gnral ;
La Commission de
mdiation, de conciliation et dÕarbitrage.
LA CONFERENCE DES
CHEFS DÕETAT ET DE GOUVERNEMENT Article VII
La Confrence des
Chefs dÕEtat et de Gouvernement est lÕorgane suprme de lÕOrganisation. Elle
doit, conformment aux dispositions de la prsente Charte, tudier les questions
dÕintrt commun pour lÕAfrique, afin de coordonner et dÕharmoniser la
politique gnrale de lÕOrganisation. Elle peut, en outre, procder la
rvision de la structure, des fonctions et des activits de tous les organes et
de toutes les institutions spcialises qui pourraient tre crs conformment
la prsente Charte.
Article IX
La confrence est
compose des Chefs dÕEtat et de Gouvernement, ou des leurs reprsentants dment
accrdits, et se runit au moins une fois l'an. Si un Etat le demande, et sous
rserve de lÕaccord des deux tiers des membres, la Confrence se runit en
session extraordinaire.
Article X
1 ) Chaque Etat
membre dispose dÕune voix.
2) Toutes les
dcisions sont prises la majorit des deux tiers des Etats membres de
lÕOrganisation.
Toutefois, les
dcisions de procdure sont prises la majorit simple des Etats membres de
lÕOrganisation. Il en est de mme pour dcider si une question est de procdure
ou non.
Le quorum est
constitu par les deux tiers des Etats membres.
Article XI
La Confrence
tablit son rglement intrieur.
LE CONSEIL DES MINISTRES
Article XII
Le Conseil des
Ministres est compos des Ministres des Affaires Etrangres, ou de tous autres
Ministres dsigns par les Gouvernements des Etats membres.
Il se runit au
moins deux fois lÕan. LorsquÕun Etat en fait la demande, et sous rserve de
lÕaccord des deux tiers des membres, le Conseil se runit en session
extraordinaire.
Article XIII
Le Conseil des
Ministres est responsable envers la Confrence des Chefs dÕEtat et de
Gouvernement. Il est charg de la prparation de cette Confrence.
Il connat de
toute question que la Confrence lui renvoie ; il excute ses dcisions.
Il met en Ļuvre la
coopration interafricaine selon les directives des Chefs dÕEtat et de
Gouvernement, conformment lÕArticle II, paragraphe 2, de prsente Charte.
Article XIV
Chaque Etat membre
dispose dÕune voix.
Toutes les
rsolutions sont prises la majorit simple des membres du Conseil des
Ministres.
Le quorum est
constitu par les deux tiers des membres du Conseil des Ministres.
Article XV
Le Conseil des
Ministres tablit son rglement intrieur.
SECRETAIRE GENERAL
Article XVI
Un Secrtaire
gnral de lÕOrganisation est dsign par la Confrence des Chefs dÕEtat et de
Gouvernement il dirige les services du Secrtariat.
Article XVII
La Confrence des
Chefs dÕEtat et de Gouvernement dsigne un ou plusieurs Secrtaires gnraux
adjoints.
Article XVIII
Les fonctions et
conditions dÕemploi du Secrtaire Gnral, des Secrtaires Gnraux adjoints et
des autres membres du Secrtariat, sont rgies par les dispositions de la
prsente Charte et par le rglement intrieur approuv par la Confrence des
Chefs dÕEtat et de Gouvernement.
Dans lÕaccomplissement
de leurs devoirs, le Secrtaire Gnral et le personnel ne solliciteront ni
nÕaccepteront dÕinstructions dÕaucun gouvernement ni dÕaucune autorit
extrieure lÕOrganisation. Ils sÕabstiendront de tout acte incompatible avec
leur situation de fonctionnaires internationaux et ne sont responsables
quÕenvers lÕOrganisation.
Chaque Membre de
lÕOrganisation sÕengage respecter le caractre exclusivement international
des fonctions du Secrtaire Gnral et du personnel, et ne pas chercher les
influencer dans lÕexcution de tche.
COMMISSION DE MEDIATION , DE CONCILIATION ET
DÕARBITRAGE
Article XIX
Les Etats membres
sÕengagent rgler leurs diffrents par des voies pacifiques. A cette fin, ils
crent une Commission de mdiation, de conciliation et dÕarbitrage, dont la
composition et les conditions de fonctionnement sont dfinies par un protocole
distinct, approuv par la Confrence des Chefs dÕEtat et de Gouvernement. Ce
protocole est considr comme faisant partie intgrante de la prsente Charte.
COMMISSIONS SPECIALISEES
Article XX
Sont cres, outre
les commissions spcialises que la Confrence peut juger ncessaires, les
commissions suivantes :
La Commission
conomique et sociale ;
La Commission de
lÕducation, de la science, de la culture et de la sant ;
La Commission de
la dfense.
Article XXI
Chacune de ces
commissions spcialises est compose des Ministres comptents, ou de tous
autres Ministres ou plnipotentiaires, dsigns cet effet par leur
gouvernement.
Article XXII
Chaque commission
spcialise exerce ses fonctions conformment aux dispositions de la prsente
Charte et dÕun rglement intrieur approuv par le Conseil des Ministres.
BUDGET
Article XXIII
Le budget de
lÕOrganisation, prpar par le Secrtaire gnral est approuv par le Conseil
des Ministres. Il est aliment par les contributions des Etats membres,
conformment aux rfrences qui ont permis lÕtablissement du barme des
contributions aux Nations Unies. Toutefois, la contribution dÕun Etat membre ne
pourra pas excder vingt pour cent du budget ordinaire annuel de
lÕOrganisation. Les Etats membres sÕengagent payer rgulirement leurs
contributions respectives.
SIGNATURE ET RATIFICATION DE LA CHARTE
Article XXIV
La prsente Charte
est ouverte la signature de tous les Etats africains, indpendants et
souverains. Elle est ratifie par les Etats signataires conformment leur
procdure constitutionnelle.
LÕinstrument
original, rdig, si possible, dans des langues africaines, ainsi quÕen
franais et en anglais, tous les textes faisant galement foi, est dpos
auprs du Gouvernement de lÕEthiopie tous les Etats africains indpendants et
souverains.
Les instruments de
ratification sont dposs auprs du Gouvernement de lÕEthiopie, qui notifie le
dpt tous les Etats signataires.
ENTREE EN VIGUEUR
Article XXV
La prsente Charte
entre en vigueur ds rception par le Gouvernement de lÕEthiopie, des
instruments de ratification des deux tiers des Etats signataires.
ENREGISTREMENT DE LA CHARTE
Article XXVI
La prsente
Charte, dment ratifie, sera enregistre au Secrtariat des Nations Unies, par
les soins du Gouvernement de lÕEthiopie, conformment lÕArticle 102 de la
Charte des Nations Unies.
INTERPRETATION DE LA CHARTE
Article XXVII
Toute dcision
relative lÕinterprtation de la prsente Charte devra tre acquise la
majorit des deux tiers des Chefs dÕEtat et de Gouvernement des membres de
lÕOrganisation.
ADHESION ET ADMISSION
Article XXVIII
Tout Etat africain
indpendant et souverain peut, en tout temps, notifier au Secrtaire Gnral,
son intention dÕadhrer la prsente Charte.
Le Secrtaire
gnral, saisi de cette notification, en communique copie tous les membres.
LÕadmission est dcide la majorit simple des Etats membres. La dcision de
chaque Etat membre est transmise au Secrtaire Gnral qui communique la
dcision lÕEtat intress, aprs avoir reu le nombre de voix requis.
DISPOSITIONS DIVERSES
Article XXIX
Les langues de
travail de lÕOrganisation, et de toutes ses institutions sont, si possible, des
langues africaines, ainsi que le franais et lÕanglais.
Article XXX
Le Secrtaire
Gnral peut accepter, au nom de lÕOrganisation, tous dons, donations ou legs
faits lÕOrganisation, sous rserve de lÕapprobation du Conseil des Ministres.
Article XXXI
Le Conseil des
Ministres dcide des privilges et immunits accorder au personnel du
Secrtariat dans les territoires respectifs des Etats membres.
RENONCIATION A LA QUALITE DE MEMBRE
Article XXXIII
Tout Etat qui
dsire se retirer de lÕOrganisation en fait notification au Secrtaire Gnral.
Une anne aprs ladite notification, si elle nÕest pas retire, la Charte cesse
de sÕappliquer cet Etat, qui, de ce fait, nÕappartient plus lÕOrganisation.
AMENDEMENT ET REVISION
Article XXXIII
La prsente Charte
peut tre amende ou rvise quand
un Etat membre envoie cet effet une demande crite au Secrtaire
Gnral. La Confrence nÕest saisi du projet dÕamendement que lorsque tous les
Etats membres ont t dment aviss, et prs un dlai dÕun an.
LÕamendement ne
prend effet que lorsquÕil est approuv par les deux tiers au moins des Etats
membres.
EN FOI DE QUOI ,
Nous, Chefs dÕEtat et de Gouvernement africains, avons sign la prsente
Charte.
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉ..
Conseiller Juridique de lÕOUA
DE LÕUNION AFRICAINE
Nous, Chefs dÕEtat et
de Gouvernement des Etats membres de lÕOrganisation de lÕUnit Africaine
(OUA) ;
1.
Le Prsident de
la Rpublique dÕAfrique du Sud
2.
Le Prsident de
la Rpublique Algrienne Dmocratique et Populaire
3.
Le Prsident de
la Rpublique dÕAngola
4.
Le Prsident de
la Rpublique du Bnin
5.
Le Prsident de
la Rpublique du Botswana
6.
Le Prsident du
Burkina Faso
7.
Le Prsident de
la Rpublique du Burundi
8.
Le Prsident de
la Rpublique du Cameroun
9.
Le Prsident de
la Rpublique du Cap Vert
10.
Le Prsident de
la Rpublique Centrafricaine
11.
Le Prsident de
la Rpublique Fdrale Islamique des Comores
12.
Le Prsident de
la Rpublique du Congo
13.
Le Prsident de
la Rpublique de Cte dÕIvoire
14.
Le Prsident de
la Rpublique de Djibouti
15.
Le Prsident de
la Rpublique Arabe dÕEgypte
16.
Le Premier
Ministre de la Rpublique Fdrale et Dmocratique dÕEthiopie
17.
Le Prsident de
lÕEtat dÕErythre
18.
Le Prsident de
la Rpublique Gabonaise
19.
Le Prsident de
la Rpublique de Gambie
20.
Le Prsident de
la Rpublique du Ghana
21.
Le Prsident de
la Rpublique de Guine
22.
Le Prsident de
la Rpublique de Guine Bissau
23.
Le Prsident de
la Rpublique de Guine Equatoriale
24.
Le Prsident de
la Rpublique du Kenya
25.
Le Premier Ministre
du Royaume du Lesotho
26.
Le Prsident de
la Rpublique du Libria
27.
Le Guide de la
Rvolution du 1er septembre de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne
Populaire et Socialiste
28.
Le Prsident de
la Rpublique de Madagascar
29.
Le Prsident de
la Rpublique du Malawi
30.
Le Prsident de
la Rpublique du Mali
31.
Le Premier
Ministre de la Rpublique de Maurice
32.
Le Prsident de
le Rpublique Islamique de Mauritanie
33.
Le Prsident de
la Rpublique du Mozambique
34.
Le Prsident de
la Rpublique de Namibie
35.
Le Prsident de
la Rpublique du Niger
36.
Le Prsident de
la Rpublique Fdrale du Nigeria
37.
Le Prsident de
la Rpublique Ougandaise
38.
Le Prsident de
la Rpublique Rwandaise
39.
Le Prsident de
la Rpublique Dmocratique du Congo
40.
Le Prsident de
la Rpublique Arabe Sahraoui Dmocratique
41.
Le Prsident de
la Rpublique de Sao Tome & Principe
42.
Le Prsident de
la Rpublique du Sngal
43.
Le Prsident de
la Rpublique des Seychelles
44.
Le Prsident de
la Rpublique de Sierra Lone
45.
Le Prsident de
la Rpublique de Somalie
46.
Le Prsident de
la Rpublique du Soudan
47.
Le Roi du
Swaziland
48.
Le Prsident de
la Rpublique Unie de Tanzanie
49.
Le Prsident de
la Rpublique du Tchad
50.
Le Prsident de
la Rpublique Togolaise
51.
Le Prsident de
la Rpublique de Tunisie
52.
Le Prsident de
la Rpublique de Zambie
53.
Le Prsident de
la Rpublique du Zimbabw
Inspirs par les nobles idaux qui ont guid les Pres fondateurs de notre
Organisation continentale et des gnrations de panafricanistes dans leur
dtermination promouvoir lÕunit, la solidarit, la cohsion et la coopration entre les peuples dÕAfrique,
et entre les Etats africains ;
Considrant les principes
et les objectifs noncs dans la Charte de lÕOrganisation de lÕUnit Africaine
et le Trait instituant la Communaut conomique africaine ;
Rappelant les luttes hroques
menes par nos peuples et nos pays pour lÕindpendance politique, la dignit
humaine et lÕmancipation conomique ;
Considrant que depuis sa
cration, lÕOrganisation de lÕUnit Africaine a jou un rle dterminant et
prcieux dans la libration du continent, lÕaffirmation dÕune identit commune
et la ralisation de lÕunit de notre continent, et a constitu un cadre unique
pour notre action collective en Afrique et dans nos relations avec le reste du
monde ;
Rsolus relever les dfis
multiformes auxquels sont confronts notre continent et nos peuples, la
lumire des changements sociaux, conomiques et politiques qui se produisent
dans le monde ;
Convaincus de la ncessit
dÕacclrer le processus de mise en Ļuvre du Trait instituant la Communaut conomique
africaine afin de promouvoir le dveloppement socio-conomique de lŌAfrique et
de faire face de manire plus efficace aux dfis de la mondialisation ;
Guids par notre vision
commune dÕune Afrique unie et forte, ainsi que par la ncessit dÕinstaurer un
partenariat entre les gouvernements et toutes les composantes de la socit
civile, en particulier les femmes, les jeunes et le secteur priv, afin de
renforcer la solidarit et la cohsion entre nos peuples ;
Conscients du fait que le flau
des conflits en Afrique constitue un obstacle majeur au dveloppement
socio-conomique du continent, et de la ncessit de promouvoir la paix, la
scurit et la stabilit, comme condition pralable la mise en Ļuvre de notre
agenda dans le domaine du dveloppement et de lÕintgration ;
Rsolus promouvoir et
protger les droits de lÕhomme et des peuples, consolider les institutions et
la culture dmocratiques, promouvoir la bonne gouvernance et lÕEtat de
droit ;
Rsolus galement prendre
toutes les mesures ncessaires pour renforcer nos institutions communes et
les doter des pouvoirs et des ressources ncessaires afin de leur permettre de
remplir efficacement leurs missions ;
Rappelant la Dclaration que
nous avons adopte lors de la quatrime session extraordinaire de notre
Confrence Syrte, en Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste,
le 9.9.99, et par laquelle nous avons dcid de crer lÕUnion africaine,
conformment aux objectifs fondamentaux de la Charte de lÕOrganisation de lÕUnit
Africaine (OUA) et du Trait instituant la Communaut conomique
africaine ;
SOMMES
CONVENUS DE CE QUI SUIT :
Dans le prsent Acte constitutif, on
entend par :
Ē Acte Č, le prsent
Acte constitutif ;
Ē AEC Č, la Communaut
conomique africaine ;
Ē Charte Č, la Charte de lÕOUA ;
Ē ComitČ un
comit technique spcialis ;
Ē Commission Č, le
Secrtariat de lÕUnion ;
Ē Confrence Č, la Confrence des Chefs dÕEtat et de Gouvernement de lÕUnion ;
Ē Conseil Č, le Conseil conomique, social et culturel de lÕUnion ;
Ē Conseil excutif Č, le Conseil
excutif des Ministres de lÕUnion;
Ē Cour Č, la Cour de
justice de lÕUnion ;
Ē Etat membre Č, un Etat membre
de lÕUnion ;
Ē OUA Č, lÕOrganisation
de lÕUnit Africaine ;
Ē Parlement Č, le Parlement
panafricain de lÕUnion ;
Ē Union Č, lÕUnion africaine cre par le prsent Acte constitutif.
Article 2
Institution de
lÕUnion africaine
Il est institu par
les prsentes une Union africaine conformment aux dispositions du prsent
Acte.
Objectifs
Les
objectifs de lÕUnion sont les suivants :
(a) Raliser une
plus grande unit et solidarit entre les pays africains et entre les peuples
dÕAfrique ;
(b) Dfendre la
souverainet, lÕintgrit territoriale et lÕindpendance de ses Etats
membres ;
(c) Acclrer
lÕintgration politique et socio-conomique du continent ;
(d) Promouvoir et
dfendre les positions africaines communes sur les questions dÕintrt pour le
continent et ses peuples ;
(e) Favoriser la
coopration internationale, en tenant dment compte de la Charte des Nations
Unies et de la Dclaration universelle des droits de lÕhomme ;
(f) Promouvoir la
paix, la scurit et la stabilit sur le continent ;
(g) Promouvoir les
principes et les institutions dmocratiques, la participation populaire et la
bonne gouvernance ;
(h) Promouvoir et
protger les droits de lÕhomme et des peuples conformment la Charte
africaine des droits de lÕhomme et des peuples et aux autres instruments
pertinents relatifs aux droits de lÕhomme ;
(i) Crer les conditions
appropries permettant au continent de jouer le rle qui est le sien dans
lÕconomie mondiale et dans les ngociations internationales ;
(j) Promouvoir le
dveloppement durable aux plans conomique, social et culturel, ainsi que
lÕintgration des conomies africaines ;
(k) Promouvoir la
coopration et le dveloppement dans tous les domaines de lÕactivit humaine en
vue de relever le niveau de vie des peuples africains ;
(l) Coordonner et
harmoniser les politiques entre les Communauts conomiques rgionales
existantes et futures en vue de la ralisation graduelle des objectifs de
lÕUnion;
(m) Acclrer le
dveloppement du continent par la promotion de la recherche dans tous les
domaines, en particulier en science et en technologie ;
(n) Īuvrer de
concert avec les partenaires internationaux pertinents en vue de lÕradication
des maladies vitables et de la promotion de la sant sur le continent.
Article 4
Principes
LÕUnion africaine fonctionne conformment aux
principes suivants :
(a) Egalit
souveraine et interdpendance de tous les Etats membres de lÕUnion ;
(b) Respect des
frontires existant au moment de lÕaccession lÕindpendance ;
(c) Participation
des peuples africains aux activits de lÕUnion ;
(d) Mise en place
dÕune politique de dfense commune pour le continent africain;
(e) Rglement
pacifique des conflits entre les Etats membres de lÕUnion par les moyens
appropris qui peuvent tre dcids par la Confrence de lÕUnion ;
(f) Interdiction de
recourir ou de menacer de recourir lÕusage de la force entre les Etats
membres de lÕUnion ;
(g) Non-ingrence
dÕun Etat membre dans les affaires intrieures dÕun autre Etat membre ;
(h) Le
droit de lÕUnion dÕintervenir dans un Etat membre sur dcision de la
Confrence, dans certaines circonstances graves, savoir : les crimes de
guerre, le gnocide et les crimes contre lÕhumanit;
(i) Co-existence
pacifique entre les Etats membres de lÕUnion et leur droit de vivre dans la
paix et la scurit ;
(j) Droit des Etats
membres de solliciter lÕintervention de lÕUnion pour restaurer la paix et la
scurit ;
(k) Promotion de
lÕautodpendance collective, dans le cadre de lÕUnion ;
(l) Promotion de
lÕgalit entre les hommes et les femmes ;
(m) Respect des principes
dmocratiques, des droits de lÕhomme, de
lÕtat de droit et de la bonne gouvernance;
(n) Promotion de la
justice sociale pour assurer le dveloppement conomique quilibr;
(o) Respect du
caractre sacro-saint de la vie humaine et condamnation et rejet de lÕimpunit,
des assassinats politiques, des actes de terrorisme et des activits
subversives;
(p) Condamnation et
rejet des changements anti-constitutionnels de gouvernement.
Article 5
Organes de lÕUnion
1. Les
organes de lÕUnion sont les suivants :
(a) La Confrence
de lÕUnion
(b) Le Conseil
excutif ;
(c) Le Parlement
panafricain ;
(d) La Cour de
justice ;
(e) La Commission;
(f) Le Comit des
reprsentants permanents ;
(g) Les Comits
techniques spcialiss;
(h) Le Conseil
conomique, social et
culturel;
(i) Les
institutions financires.
2. La
Confrence peut dcider de crer dÕautres organes.
Article 6
La Confrence
1.
La
Confrence est compose des Chefs dÕEtat et de Gouvernement ou de leurs
reprsentants dment accrdits.
2.
La
Confrence est lÕorgane suprme de lÕUnion.
3.
La
Confrence se runit au moins une fois par an en session ordinaire. A la demande dÕun Etat membre et sur approbation
des deux tiers des Etats membres, elle se runit en session extraordinaire.
4.
La
prsidence de la Confrence est assure pendant un an par un chef dÕEtat et de
Gouvernement lu, aprs consultations entre les Etats membres.
Dcisions de la
Confrence
1.
La Confrence
prend ses dcisions par consensus ou, dfaut, la majorit des deux
tiers des Etats membres de lÕUnion. Toutefois, les dcisions de procdure, y
compris pour dterminer si une question est de procdure ou non, sont prises
la majorit simple.
2.
Le quorum est
constitu des deux tiers des Etats membres de lÕUnion pour toute session de la
Confrence.
Rglement intrieur
de la Confrence
La Confrence
adopte son propre Rglement intrieur.
Article 9
Pouvoirs et attributions
de la Confrence
1. Les
pouvoirs et attributions de la Confrence sont les suivants :
(a) Dfinir
les politiques communes de lÕUnion ;
(a)
Recevoir,
examiner et prendre des dcisions sur les rapports et les recommandations des
autres organes de lÕUnion et prendre des dcisions ce sujet ;
(b)
Examiner
les
demandes dÕadhsion lÕUnion ;
(c)
Crer
tout organe de lÕUnion ;
(d)
Assurer
le contrle de la mise en Ļuvre des politiques et dcisions de lÕUnion, et
veiller leur application par tous les Etats membres ;
(e)
Adopter
le budget de lÕUnion;
(f)
Donner
des directives au Conseil excutif sur la gestion des conflits, des situations
de guerre et autres situations dÕurgence ainsi que sur la restauration de la
paix;
(g)
Nommer
et mettre fin aux fonctions des juges de la Cour de justice ;
(h)
Nommer
le Prsident, le ou les vice-prsidents et les Commissaires de la Commission,
et dterminer leurs fonctions et leurs mandats.
2. La
Confrence peut dlguer certains de ses pouvoirs et attributions lÕun ou
lÕautre des organes de lÕUnion.
1. Le
Conseil excutif est compos des Ministres des Affaires trangres ou de tous
autres ministres ou autorits dsigns par les gouvernements des Etats membres.
2. Le
Conseil excutif se runit en session ordinaire au moins deux fois par an. Il se runit aussi en session
extraordinaire la demande dÕun Etat membre et sous rserve de lÕapprobation
des deux-tiers de tous les Etats membres.
Dcisions du
Conseil excutif
1.
Le
Conseil excutif prend ses dcisions par consensus ou, dfaut, la majorit
des deux tiers des Etats membres de lÕUnion. Toutefois, les dcisions de
procdure, y compris pour dterminer si une question est de procdure ou non,
sont prises la majorit simple.
2.
Le
quorum est constitu des deux tiers de tous les Etats membres pour toute
session du Conseil excutif.
Rglement
intrieur du Conseil excutif
Le
Conseil excutif adopte son propre Rglement intrieur.
1. Le
Conseil excutif assure la coordination et dcide des politiques dans les
domaines dÕintrt communs pour les Etats membres, notamment les domaines
suivants :
(a)
Commerce
extrieur;
(b)
Energie,
industrie et ressources minrales ;
(c)
Alimentation,
agriculture, ressources animales, levage et forts;
(d)
Ressources
en eau et irrigation
(e)
Protection
de lÕenvironnement, action humanitaire et raction et secours en cas de
catastrophe ;
(f)
Transport
et communication;
(g)
Assurances
(h)
Education,
culture et sant et mise en valeur des ressources humaines;
(i)
Science
et technologie;
(j)
Nationalit,
rsidence des ressortissants trangers et questions dÕimmigration ;
(k)
Scurit
sociale et laboration de politiques de protection de la mre et de lÕenfant,
ainsi que de politiques en faveur des personnes handicapes ;
(l)
Institution
dÕun systme de mdailles et de prix africains.
2. Le
Conseil excutif est responsable devant la Confrence. Il se runit pour
examiner les questions dont il est saisi et contrler la mise en Ļuvre des
politiques arrtes par la
Confrence.
3. Le
Conseil excutif peut dlguer tout ou partie de ses pouvoirs et attributions
mentionns au paragraphe 1 du prsent article aux Comits techniques
spcialiss crs aux termes de lÕarticle 14 du prsent Acte.
Les Comits
techniques spcialiss
cration et
composition
1.
Sont crs les
Comits techniques spcialiss suivants qui sont responsables devant le
Conseil excutif:
(a)
Le
Comit charg des questions dÕconomie rurale et agricoles ;
(b)
Le
Comit charg des affaires montaires et financires ;
(c)
Le
Comit charg des questions commerciales, douanires et d immigration ;
(d)
Le
Comit charg de lÕindustrie, de la science et de la technologie, de lÕnergie,
des ressources naturelles et de lÕenvironnement ;
(e)
Le
Comit charg des transports, des communications et du tourisme ;
(f)
Le
Comit charg de la sant, du travail et des affaires sociales ;
(g)
Le
Comit charg de lÕducation, de la culture et des ressources humaines.
2.
La
Confrence peut, si elle le juge
ncessaire, restructurer les Comits existant ou en crer de nouveaux.
3. Les
Comits techniques spcialiss sont composs des ministres ou des hauts
fonctionnaires chargs des secteurs relevant de leurs domaines respectifs de
comptence.
Attributions des comits techniques spcialiss
Chacun
des comits, dans le cadre de sa comptence, a pour mandat de :
(a)
Prparer
des projets et programmes de lÕUnion et les soumettre au Conseil
excutif ;
(b)
Assurer
le suivi et lÕvaluation de la mise en Ļuvre des dcisions prises par les
organes de lÕUnion ;
(c)
Assurer
la coordination et lÕharmonisation des projets et programmes de lÕUnion ;
(d)
Prsenter
des rapports et des recommandations au Conseil excutif, soit de sa propre initiative, soit la
demande du Conseil excutif, sur
lÕexcution des dispositions du prsent acte ; et
(e)
SÕacquitter
de toute tche qui pourrait lui tre confie, en application des dispositions
du prsent Acte.
Article 16
Article 17
Le Parlement
panafricain
1.
En
vue dÕassurer la pleine participation des peuples africains au dveloppement et
lÕintgration conomique du continent, il est cr un Parlement panafricain.
2.
La
composition, les pouvoirs, les
attributions et lÕorganisation du Parlement panafricain sont dfinis dans un
protocole y affrent.
1.
Il est cr une
Cour de justice de lÕUnion.
2. Les
statuts, la composition et les pouvoirs de la Cour de justice sont dfinis dans
un protocole y affrent.
Article 19
Les institutions financires
LÕUnion africaine est dote des institutions financires
suivantes, dont les statuts sont dfinis dans des protocoles y affrents :
(a)
La Banque
centrale africaine ;
(b)
Le Fonds
montaire africain ;
(c)
La Banque
africaine dÕinvestissement.
Article 20
La Commission
1.
Il est cr une
Commission qui est le Secrtariat de lÕUnion.
2.
La Commission
est compose du Prsident, du ou des vices-prsidents et des commissaires. Ils sont assists par le personnel
ncessaire au bon fonctionnement de la Commission.
3. La
structure, les attributions et les rglements de la Commission sont dtermins
par la Confrence.
Article 21
Comit des reprsentants permanents
1.
Il est cr,
auprs de lÕUnion, un Comit des reprsentants permanents. Il est compos de reprsentants
permanents et autres plnipotentiaires des Etats membre .
2.
Le Comit des
reprsentants permanents est responsable de la prparation des travaux du
Conseil excutif et agit sur instruction du Conseil. Il peut instituer tout sous-comit ou groupe de travail
quÕil juge ncessaire.
Article 22
Le Conseil conomique, social et culturel
1.
Le Conseil conomique, social et culturel est un
organe consultatif compos des reprsentants des diffrentes couches
socio-professionnelles des Etats membres de lÕUnion.
2.
Les
attributions, les pouvoirs, la composition et lÕorganisation du Conseil
conomique, social et culturel sont dtermins par la Confrence.
Article 23
Imposition de sanctions
1. La Confrence
dtermine comme suit les sanctions appropries imposer lÕencontre de tout
Etat membre qui serait en dfaut de paiement de ses contributions au budget de
lÕUnion : privation du droit de prendre la parole aux runions, droit de
vote, droit pour les ressortissants de lÕEtat membre concern dÕoccuper un
poste ou une fonction au sein des organes de lÕUnion, de bnficier de toute
activit ou de lÕexcution de tout engagement dans le cadre de lÕUnion
2.
En
outre, tout Etat membre qui ne se conformerait pas aux dcisions et politiques
de lÕUnion peut tre frapp de sanctions notamment en matire de liens avec les
autres Etats membres dans le domaine des transports et communications, et de
toute autre mesure dtermine par la Confrence dans les domaines politique et
conomique.
Article 24
Sige de lÕUnion
1.
Le sige de
lÕUnion est Addis-Abba (Rpublique fdrale dmocratique dÕEthiopie).
2.
La Confrence
peut, sur recommandation du Conseil excutif, crer des bureaux ou des
reprsentations de lÕUnion.
Article 25
Langues de travail
Les langues de travail de lÕUnion et de toutes ses institutions sont, si possible, les langues
africaines ainsi que lÕarabe, lÕanglais, le franais et le portugais.
Article 26
Interprtation
La Cour est saisie de
toute question ne de lÕinterprtation ou de lÕapplication du prsent
Acte. JusquÕ la mise en place de
celle-ci, la question est soumise la Confrence qui tranche la
majorit des deux tiers.
Article
27
Signature,
ratification et adhsion
1. Le
prsent Acte est ouvert la signature et la ratification des Etats membres
de lÕOUA, conformment leurs procdures constitutionnelles respectives.
2. Les
instruments de ratification sont dposs auprs du Secrtaire gnral de lÕOUA.
3. Tout Etat
membre de lÕOUA peut adhrer au prsent Acte, aprs son entre en vigueur, en
dposant ses instruments dÕadhsion auprs du Prsident de la Commission.
Article 28
Entre en vigueur
Le prsent Acte entre
en vigueur trente (30) jours aprs le dpt des instruments de ratification par
les deux tiers des Etats membres de lÕOUA.
Article 29
Admission comme
membre de lÕUnion
1. Tout
Etat Africain peut, tout moment aprs lÕentre en vigueur du prsent Acte,
notifier au Prsident de la Commission son intention dÕadhrer au prsent Acte
et dÕtre admis comme membre de lÕUnion.
2. Le
Prsident de la Commission, ds rception dÕune telle notification, en
communique copies tous les Etats membres. LÕadmission est dcide la
majorit simple des Etats membres. La dcision de chaque Etat membre est
transmise au Prsident de la Commission qui communique la dcision dÕadmission
lÕEtat intress, aprs rception du
nombre de voix requis.
Article 30
Suspension
Les Gouvernements qui
accdent au pouvoir par des moyens anti-constitutionnels ne sont pas admis
participer aux activits de lÕUnion.
Article 31
Cessation de la
qualit de membre
1.
Tout Etat qui
dsire se retirer de lÕUnion en notifie par crit le Prsident de la Commission
qui en informe les Etats membres.
Une anne aprs ladite notification, si celle-ci nÕest pas retire, le
prsent Acte cesse de sÕappliquer lÕEtat concern qui, de ce fait, cesse
dÕtre membre de lÕUnion.
2.
Pendant la
priode dÕun an vise au paragraphe 1 du prsent article, tout Etat membre
dsireux de se retirer de lÕUnion doit se conformer aux dispositions du prsent
Acte et reste tenu de sÕacquitter de ses obligations aux termes du prsent Acte
jusquÕau jour de son retrait.
Article 32
Amendement et
rvision
1.Tout Etat membre peut soumettre des propositions
dÕamendement ou de rvision du prsent Acte.
2. Les
propositions dÕamendement ou de rvision sont soumises au Prsident de la
Commission qui en communique copies aux Etats membres dans les trente (30)
jours suivant la date de rception.
3.
La
Confrence de lÕUnion, sur avis du Conseil excutif, examine ces propositions
dans un dlai dÕun an suivant la notification des Etats membres, conformment
aux dispositions du paragraphe (2) du prsent article.
4. Les
amendements ou rvisions sont adopts par la Confrence de lÕUnion par consensus ou, dfaut, la
majorit des deux tiers, et soumis la ratification de tous les Etats membres,
conformment leurs procdures constitutionnelles respectives. Les amendements
ou rvisions entrent en vigueur trente ( 30) jours aprs le dpt, auprs du
Prsident de la Commission excutive, des instruments de ratification par les
deux tiers des Etats membres.
Article 33
Arrangements
transitoires et dispositions finales
1.
Le prsent Acte
remplace la Charte de lÕOrganisation de lÕUnit Africaine. Toutefois, ladite
Charte reste en vigueur pendant une priode transitoire nÕexcdant pas un an ou
tout autre dlai dtermin par la Confrence, aprs lÕentre en vigueur du
prsent Acte, pour permettre lÕOUA/AEC de prendre les mesures appropries
pour le transfert de ses prrogatives, de ses biens, et de ses droits et
obligations lÕUnion et de rgler toutes les questions y affrentes.
2.
Les dispositions
du prsent Acte ont galement prsance et remplacent les dispositions du
Trait dÕAbuja instituant la Communaut conomique africaine, qui pourraient
tre contraires au prsent Acte.
3.
Ds lÕentre en
vigueur du prsent Acte, toutes les mesures appropries sont prises pour mettre
en Ļuvre ses dispositions et pour mettre en place les organes prvus par le
prsent Acte, conformment aux directives ou dcisions qui pourraient tre
adoptes cet gard par les Etats Parties au prsent Acte au cours de la
priode de transition stipule ci-dessus.
4.
En attendant la
mise en place de la Commission, le Secrtariat gnral de lÕOUA est le
Secrtariat intrimaire de lÕUnion.
5.
Le prsent Acte,
tabli en quatre (4) exemplaires originaux en arabe, anglais, franais et
portugais, les quatre (4) textes faisant galement foi, est dpos auprs du
Secrtaire gnral et, aprs son entre en vigueur, auprs du Prsident de la
Commission, qui en transmet une copie certifie conforme au Gouvernement de
chaque Etat signataire. Le
Secrtaire gnral de lÕOUA et le Prsident de la Commission notifient tous
les Etats signataires, les dates de dpt des instruments de ratification et
dÕadhsion, et lÕenregistrent, ds son entre en vigueur, auprs du Secrtariat
gnral des Nations Unies.
EN FOI DE
QUOI, NOUS avons adopt le
prsent Acte.
Fait Lom (Togo),
le 11 juillet 2000.
BACH DANIEL C. (sous
la direction de ), Rgionalisation, mondialisation et fragmentation en
Afrique subsaharienne, Karthala, Paris, pp 319.
CHEIK ANTA DIOP, Les
fondements conomiques et culturels dÕun Etat fdral dÕAfrique noire,
Prsence africaine, Paris, 1960, dition revue et corrige 1990, pp 124.
COMBACAU J., SUR S., Droit
international public, Montchrtien, 3me dition, Paris, 1997,
pp 799.
DECRAENE P., Le
panafricanisme, P.U.F., collection Que sais-je ?, Paris, 1964, 4me
dition 1959, pp126.
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INTRODUCTION......................................................................................................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE :............................................................................................................................................................................. 5
FONDEMENTS DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE................................................................................................... 5
CHAPITRE I- CADRE IDEOLOGIQUE DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE.................................................. 6
SECTION I : LE PANAFRICANISME OU LE REVE DÕUNITE AFRICAINE........................................................................... 6
¤ I - Les diffrentes expressions du panafricanisme................................................................................................................... 6
A - Un mouvement racial et culturel : de la revendication la rsistance.......................................................................... 7
1) Dimension raciale du panafricanisme............................................................................................................................. 7
1.1 - Les figures emblmatiques...................................................................................................................................... 8
1.2 - Les congrs panafricains........................................................................................................................................ 8
2) Dimension culturelle du panafricanisme........................................................................................................................ 9
B - Un mouvement politique : Ņ lÕAfrique doit sÕunir Ó..................................................................................................... 10
1) NÕKrumah et son rve de lÕunit.................................................................................................................................. 10
2) Les grandes confrences panafricaines....................................................................................................................... 12
¤II- Les difficults de concrtisation de lÕidal panafricain.................................................................................................... 13
A - Les dissensions idologiques quant la forme et la nature de lÕunion...................................................................... 13
1) Forme du panafricanisme : continentalisme ou rgionalisme ?................................................................................. 13
2) Nature du panafricanisme : supranationalisme ou simple coopration ?................................................................ 15
B - Vers la ralisation de lÕunit africaine............................................................................................................................. 16
1) Les rassemblements sous rgionaux antrieurs au sommet dÕAddis Abeba de 1963.......................................... 16
2) Le sommet dÕAddis Abeba en 1963............................................................................................................................ 18
1.1 - Le cadre.................................................................................................................................................................. 18
2.2 - Le Sommet............................................................................................................................................................. 19
SECTION II Š LA REVITALISATION DE LÕIDEAL PANAFRICAIN...................................................................................... 21
¤I - Ņ Plaidoyer pour la construction des Etats-Unis dÕAfriqueÓ.......................................................................................... 21
A - Le renouveau doctrinal..................................................................................................................................................... 21
1) Pour un Etat fdral africain......................................................................................................................................... 22
2) Pour un espace politique continental non fdral..................................................................................................... 23
B - LÕinitiative du prsident libyen Mouammar Kadhafi : du panarabisme au panafricanisme.................................... 25
1) Les ambitions africaines du Ņ Guide Ó........................................................................................................................ 25
2) Le projet libyen en faveur de lÕUnion Africaine........................................................................................................ 27
¤ II - La Ņ sentence Ó des leaders africains : le compromis de Syrte et de Lom................................................................. 28
A - Du sommet extraordinaire de lÕO.U.A. Syrte le 8-9 septembre 1999É.................................................................. 28
B - É Au sommet ordinaire de lÕO.U.A. Lom du 10 au 12 juillet 2000...................................................................... 29
CHAPITRE II - LIMITES INHERENTES AUX ORGANISATIONS CONTINENTALES AFRICAINES........ 32
SECTION I Š LÕORGANISATION DE LÕUNITE AFRICAINE ET LA REALISATION DU PANAFRICANISME POLITIQUE ?..................................................................................................................................................................................... 32
¤ I - Les obstacles juridiques et idologiques la ralisation de lÕunit............................................................................... 33
A - La nature juridique de lÕO.U.A........................................................................................................................................ 33
1) Une Ņ unit ngative Ó.................................................................................................................................................. 33
2) Une Ņ unit positive Ó................................................................................................................................................... 34
B- LÕhtrognit du continent.......................................................................................................................................... 35
1) Le phnomne des groupes.......................................................................................................................................... 36
2) La multiplicit des organisations sous - rgionales.................................................................................................. 37
¤ II - Les vicissitudes institutionnelles de lÕO.U.A................................................................................................................... 37
A - Les organes Ņ de souverainet Ó.................................................................................................................................... 38
1) La Confrence des chefs dÕEtat et de gouvernement : lÕinefficacit dcisionnelle............................................. 38
2) Le Conseil des ministres : une faible autonomie dcisionnelle................................................................................ 39
B- Les organes administratifs et juridictionnels.................................................................................................................. 40
1) Le Secrtariat gnral ou lÕambigut dÕune fonction.............................................................................................. 40
2) La Commission de mdiation, de conciliation et dÕarbitrage ou la dsutude de lÕorgane juridictionnel........ 42
SECTION II Š LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE AFRICAINE ET LA REALISATION DU PANAFRICANISME ECONOMIQUE ?........................................................................................................................................ 45
¤ I - Aux origines de la Communaut Economique Africaine................................................................................................ 45
A - LÕaction conomique de lÕO.U.A. de 1963 1979..................................................................................................... 46
1) LÕinefficacit de la Commission conomique et sociale ou la lthargie de lÕO.U.A. dans le domaine conomique......................................................................................................................................................................... 46
2) La prise de conscience de lÕO.U.A. de la gravit de la situation conomique..................................................... 47
B - Le Plan dÕAction de Lagos de 1980............................................................................................................................... 48
1) Les objectifs et moyens proposs par le Plan dÕAction de Lagos........................................................................... 48
2) LÕchec du Plan dÕAction de Lagos ou les limites de lÕaction conomique de lÕO.U.A..................................... 50
¤ II - La cration de la Communaut Economique Africaine.................................................................................................. 51
A - Prsentation du trait dÕAbuja instituant la Communaut Economique Africaine.................................................. 51
1) Les principes et objectifs de la C.E.A.......................................................................................................................... 51
2) Les organes de la C.E.A................................................................................................................................................ 53
B - La permanence des obstacles la ralisation du panafricanisme conomique......................................................... 54
1) Les obstacles politiques et internationaux................................................................................................................. 54
2) Les obstacles constitus par les communauts rgionales et sous-rgionales...................................................... 55
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE........................................................................................................................ 57
PARTIE II :............................................................................................................................................................................................... 58
ANALYSE ET PORTEE DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE................................................................................. 58
CHAPITRE I : APPORTS ET LIMITES DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE.................................................. 59
SECTION I Š LE CADRE GENERAL DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE :.................................................................. 59
ENTRE CONSERVATISME ET PROGRESSISME..................................................................................................................... 59
¤ I - Les objectifs et principes directeurs................................................................................................................................... 59
A - Le contenu du prambule................................................................................................................................................ 59
B - Les objectifs poursuivis par lÕUnion africaine............................................................................................................... 60
1) La poursuite de lÕidal panafricain.............................................................................................................................. 60
2) LÕutilisation dÕun vocable emprunt........................................................................................................................... 61
C - Les principes directeurs.................................................................................................................................................... 62
1) Le maintien du Ē statu quo ante Č................................................................................................................................ 62
2) La promotion de principes nouveaux......................................................................................................................... 63
¤ II - Les rgles procdurales du trait....................................................................................................................................... 65
A - Les modes dÕentre dans lÕUnion africaine................................................................................................................... 65
1) La signature et la ratification....................................................................................................................................... 65
2) LÕAdhsion et lÕadmission comme membre de lÕUnion........................................................................................... 67
B - La suspension ou la cessation des activits au sein de lÕUnion................................................................................. 67
1) LÕimposition de sanctions............................................................................................................................................ 68
2) La suspension................................................................................................................................................................ 69
3) La cessation de qualit de membre............................................................................................................................. 69
C - La procdure dÕamendement et de rvision................................................................................................................. 70
D - La fixation du sige de lÕUnion et le choix des langues de travail............................................................................ 70
1) Le sige de lÕUnion Africaine...................................................................................................................................... 70
2) Les langues de travail................................................................................................................................................... 71
SECTION II Š LES ORGANES DE LÕUNION AFRICAINE : LE RENOUVELLEMENT INSTITUTIONNEL................... 73
¤I - Les organes de souverainet de lÕUnion africaine............................................................................................................ 73
A - LÕorgane dcisionnel: la Confrence de lÕUnion........................................................................................................ 74
1) Composition................................................................................................................................................................... 74
1.1 - Le maintien du statu quo...................................................................................................................................... 74
1.2 - La fonction de Ņ Prsident en exercice Ó........................................................................................................ 75
2) Dcisions, pouvoirs et attributions de la Confrence.............................................................................................. 76
B - Les organes excutifs....................................................................................................................................................... 77
1) Le Conseil excutif........................................................................................................................................................ 77
2) Les Comits..................................................................................................................................................................... 78
2.1 - Les Comits Techniques Spcialiss.................................................................................................................. 78
2.2 - Le Comit des reprsentants permanents.......................................................................................................... 80
¤ II - Les organes permanents..................................................................................................................................................... 80
A - La Commission excutive................................................................................................................................................ 80
B - Les organes lgislatifs et juridictionnels....................................................................................................................... 82
1) Le Parlement panafricain............................................................................................................................................... 82
2) La Cour de Justice......................................................................................................................................................... 83
C - Les institutions financires............................................................................................................................................... 84
CHAPITRE II - LA PORTEE DU TRAITE DE LÕUNION AFRICAINE....................................................................... 86
SECTION I Š LE DEFI DEMOCRATIQUE DE LÕUNION AFRICAINE.................................................................................. 87
¤ I - LÕassociation des peuples au projet panafricain............................................................................................................. 87
A - La participation de la Ņ socit civile Č.......................................................................................................................... 87
1) LÕintroduction de la Ē socit civile Č dans les politiques dÕajustement structurel.............................................. 88
2) LÕafricanisation du concept........................................................................................................................................ 88
B - LÕinstitutionnalisation de la Ņ socit civile Ó et la cration dÕun organe de Ē lgitimit dmocratique Č.......... 89
1) Le Conseil Economique, Social et Culturel................................................................................................................ 89
2) LÕopportunit de la cration dÕun Parlement panafricain........................................................................................ 90
¤ II - LÕintroduction du droit dans les rapports panafricains................................................................................................. 92
A - Les principes Ē de bonne gouvernance Č et Ē dÕEtat de droit Č................................................................................. 92
B - LÕefficacit juridique du trait de lÕUnion Africaine................................................................................................... 93
1) Les mcanismes de sanction des droits inscrits dans le Trait.................................................................................. 94
2) Les mcanismes de sanction des rsolutions de lÕUnion Africaine......................................................................... 94
SECTION II Š LES ENJEUX DE LÕINTEGRATION DU CONTINENT AFRICAIN............................................................... 96
¤ I - Raliser lÕunit de lÕAfrique................................................................................................................................................ 96
A - Les aptitudes conventionnelles raliser lÕintgration............................................................................................... 97
1) Les termes du trait........................................................................................................................................................ 97
2) Le paradoxe manifeste du trait de lÕUnion Africaine.............................................................................................. 98
B - Les initiatives africaines.................................................................................................................................................... 98
1) Les propositions tatiques de dveloppement conomique et social..................................................................... 99
1.1 - Le Ē Plan Omga Č............................................................................................................................................... 99
1.2 - Le Ē Programme de Renaissance de lÕAfrique pour le Millnaire Č........................................................ 100
2) La proposition de lÕOrganisation de la Socit Civile Africaine........................................................................... 100
¤ II - É Sans homogniser Ē les patrimoines culturels Č africains...................................................................................... 101
A - La mondialisation : lÕenvers du dcor........................................................................................................................... 101
B - LÕindispensable protection des cultures africaines.................................................................................................... 102
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE:................................................................................................................... 103
CONCLUSION GENERALE.............................................................................................................................................................. 104
ANNEXE I : CHARTE
DE LÕORGANISATION DE LÕUNIT AFRICAINE, ADDIS ABEBA, LE 25 MAI 1963..................................................................................................................................................................................................................... I
ANNEXE II : ACTE
CONSTITUTIF DE LÕUNION AFRICAINE, LOME, LE 12 JUILLET 2000.......................... II
BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................................................................................... III
ARTICLES DE PRESSE................................................................................................................................................................ V
SITES INTERNET......................................................................................................................................................................... VI
Ē LÕuniversit nÕentend donner aucune approbation ou improbation
aux opinions mises dans les mmoires et thses. Ces opinions doivent tre
considres propres leurs auteurs. Č
[1] Union Europenne, Ē Appui de lÕUnion Europenne aux efforts dÕintgration conomique rgionale des pays en dveloppement Č, http://europa.eu.int.
[2] Millet-Devalle A., Ē Les intgrations rgionales en Afrique australe Č, http://espace-europe.upmf-grenoble.fr.
[3] Accord de Cotonou (Bnin), 23 juin 2000, http://www.cmlag.fgov.be/
[4] Kampang H., Au-del de la Confrence nationale pour les Etats-Unis dÕAfrique, LÕHarmattan, collection Afrique 2000, Paris, 1993, p 159, pp 252.
[5] Padmore G., Panafricanisme ou communisme ?, Prsence africaine, Paris, 1961, p 27, pp 471.
[6] Decraene P., Le panafricanisme, P.U.F., collection Que sais-je ?, Paris, 1964, 4me dition, 1re dition 1959, p 8, pp126.
[7] Le mouvement avait dj cette poque une nature politique mais, jusquÕau Congrs de Manchester en 1945, les Africains Ņ dÕAfrique Ó taient peu prsents dans les tribunes panafricaines ; pour cette raison, entre autres, une sparation sera opre entre dimension raciale et politique dans lÕanalyse de lÕvolution du mouvement.
[8] Kaba L. NÕKrumah et le rve de lÕunit africaine, Chaka, collection Afrique contemporaine, Paris, 1991, p 37, pp 191.
[9] Kaba L., op. cit., p 40.
[10] Marcus Garvey tait lÕpoque appuy par les Noirs de Harlem. Peu peu oubli, son nom est aujourdÕhui frquemment cit dans les morceaux de musique Rap.
[11] Pour une tude plus dtaille des diffrents leaders et Congrs panafricains, Decraene P., op. cit., p 11-62.
[12] Lopold Sdar Senghor, Ņ LÕesprit de la civilisation ou les lois de la culture ngro-africaine Ó, in Prsence africaine, compte rendu complet du premier Congrs International des Ecrivains et Artistes Noirs, Paris, 19-22 septembre 1956, p 51, pp 408.
[13] Notamment par le biais de la musique : le jazz, le reggae et aujourdÕhui, le Hip Hop.
[14] Padmore G., op. cit., p16.
[15] Kwame NÕKrumah, lÕAfrique doit sÕunir, Etudes et documents Payot, 1961, Paris, pp 248.
[16] Kaba Lansin, op. cit., p14.
[17] NÕKrumah K., op. cit., p 139.
[18] Cheik Anta Diop, Les fondements conomiques et culturels dÕun Etat fdral dÕAfrique noire, Prsence Africaine, Paris, 1960, dition revue et corrige 1990, p 17, pp 124.
[19] Le Sngal tait administr par les Franais, alors que la Gambie le fut par les Anglais, mais les deux gouvernements se sont rapprochs, la Gambie tant enclave dans le Sngal et les deux tant peupls par les mmes ethnies.
[20] Dfinition contenue dans le lexique de Guillien R. et Vincent J., Termes juridiques, Dalloz, Paris, 1995, p 391, pp 583.
[21] Sur les diffrents regroupements rgionaux lire lÕouvrage de Philippe Decraene, op. cit., p 62-86.
[22] Pondi J-E., Ņ LÕvolution de lÕidal panafricain sur le continent depuis 1963 Ó, in Kamto M., Pondi J-E., Zang L., LÕO.U.A. : rtrospective et perspectives africaines, Economica, Paris, 1990, p 117-133, pp 338.
[23] Kaba L., op. cit., p 157-184.
[24] Ce titre est emprunt lÕintitul du chapitre VI de lÕouvrage dÕHubert Kampang, op. cit. p 159.
[25] Kampang Hubert, op. cit., p 159-198.
[26] Wade A., Un destin pour lÕAfrique, Karthala, collection Ņ les Afriques Ó dirige par J.F. Bayart, Paris, 1989, p 106, pp 184.
[27] Otayek R., La politique africaine de la Libye, Karthala, collection Les Afriques, Paris, 1986, pp 217.
[28] Djaziri M., Ņ La crise de Lockerbie et le processus de rintgration de la Libye dans le systme international Ó, Annuaire de lÕAfrique du Nord, mars 2000 ou sur le site Internet Http://www.ceri-sciencepo.com
[29] Soudan F., Ņ Les dossiers de Lom Ó, Jeune Afrique / LÕintelligent, n”2060 Š du 4 au 10 juillet 2000, p 16-27.
[30] Gharbi S., Ņ Etats-Unis dÕAfrique : faut-il y croire Ó, Jeune Afrique, n” 2019 Š du 21 au 27 septembre 1999, pp 14-21.
[31] Au regard de la dcision (CM/2162 (LXXII) de mai 2001, il semble lÕActe constitutif de lÕUnion africaine, ait t rdig par un comit restreint des Etats membres: le prsident de la rpublique de lÕAfrique du Sud, de lÕAlgrie et de lÕAngola, puis adopt par le Conseil des Ministres le 9 juillet 2000 et la Confrence le 12 juillet.
[32] Gharbi S., Ņ LÕOUA est morte. Vive lÕUnion africaine ! Ó, Jeune Afrique / LÕintelligent, n” 2057 Š du 13 au 19 juin 2000, p 67-74.
[33] Soudan F., Ouazani C., Ņ LÕUnion au forceps Ó, Jeune Afrique /LÕintelligent, n” 2061 Š du 18 au 24 juillet 2000, p 8-13.
[34] Ouazani C., Ņ Vade-mecum pour la dmocratie Ó, Jeune Afrique / LÕintelligent, n”2063 Š du 25 au 31 juillet 2000, p 28-33. Dans lÕordre des signatures : Togo, Algrie, Zambie, Gabon, Libye, RASD, Guine quatoriale, Ghana, Burkina, Mali, Bnin, Djibouti, Madagascar, Centrafrique, Malawi, Burundi, Sierra Leone, Niger, Sngal, Ethiopie, Lesotho, Gambie, Soudan, Guine Bissau, Cap-Vert, Tchad et Liberia.
[35] Point 5 du prambule de la Charte de lÕunit africaine publie lÕissue de la confrence dÕAddis Abeba le 25 mai 1963.
[36] La Charte de lÕOrganisation de lÕUnit Africaine du 25 mai 1963 est reproduite dans lÕannexe I.
[37] Pondi J-E., op. cit., p 129.
[38] Pondi J-E., Ņ Dynamique des groupes au sein de lÕO.U.A. et unit africaine Ó, op. cit., p 137-138.
[39] Gonidec P-F., LÕOUA trente ans aprs, Karthala, Paris, 1993, p 14, pp 160.
[40] Gonidec P-F., op. cit., p 16.
[41] Kamto M., Ņ Mutations institutionnelles de lÕO.U.A. Ó, op. cit., pp 15-35.
[42] Kamto M., op. cit., p 21-22.
[43] Except dans le domaine budgtaire (article 23 de la Charte et 3 de son rglement intrieur).
[44] Il est dsign par la
Confrence des Chefs dÕEtat et de gouvernement, ses fonctions peuvent prendre
fin tout moment, lÕinitiative de lÕorgane suprme. Sa nomination, son
mandat, et la cessation de ses fonctions sont rgis par les article 16 18 de
la Charte, ainsi que par les article 32 et 33 du rglement intrieur de la
Confrence. Il est nomm en fonction de sa comptence et de ses mrites.
Le Secrtaire gnral assure le secrtariat des
organes, des commissions spcialises et
des autres organismes de lÕO.U.A. Il dirige les activits du Secrtariat
gnral dont il est le reprsentant juridique et est responsable devant le
Conseil des Ministres. Il prsente les rapports demands par la Confrence, le
Conseil des Ministres et les Commissions spcialises. Il met en application les
dispositions de lÕarticle 18 de la Charte et soumet le rglement du personnel
lÕapprobation du Conseil des Ministres.
La mission du secrtaire gnral concerne galement lÕexcution des dcisions du Conseil des Ministres. Il communique aux Etats Membres le budget et le programme de travail, ainsi que les notifications dÕadhsion ou de retrait des Etats. Il leur communique lÕordre du jour de la Confrence, prsente les rapports demands par les autres organes lors de leur session et assiste aux dlibrations de tous les organes de lÕO.U.AÉ.
[45] Avant cette rforme, la Charte prvoyait que le Secrtaire gnral tait dsign par la Confrence sur proposition du Conseil des Ministres (article 16), et confiait ce dernier la dsignation des secrtaires gnraux adjoints nomms par la Confrence (article 17).
[46] Kamto M., op. cit., p 28-35 et pour une analyse dtaille des fonctions et du rle du Secrtariat gnral, lire Kwam Kouassi E., Les Organisations Internationales Africaines, Mondes en devenir Š XXXII, Berger-Levrault, p 122-155, pp 485.
[47] Hassan Ziadi , Ņ Le club des Ņ ex Ó Ó, Jeune Afrique / LÕintelligent, n”2111 du 26 juin au 2 juillet 2001, p 40-42.
[48] Kwam Kouassi E., op. cit., p 146.
[49] Kamto M., op. cit., p 37, pp 35-41.
[50] Meledje Djedjro F., Ņ LÕOUA et le rglement des conflits Ó, Afrique contemporaine, numro spcial, 4me trimestre 1996, p 209-215.
[51] Zang L., Ņ LÕaction conomique de lÕOUA depuis 1963 Ó, op. cit., p 215, pp 211-254.
[52] Gonidec J-F., op. cit., p131.
[53] Gonidec J.F., op. cit., p 133.
[54] A cet gard, les auteurs du Plan dÕAction de Lagos soulignaient quÕaprs lÕexploitation politique, le continent africain a fait lÕobjet dÕune exploitation conomique (par le biais des diffrentes stratgies de dveloppement mises en place par les puissances trangres et notamment la politique conomique dÕextraversion des ressources). Par consquent, lÕun des objectif du P.A.L. tait de mettre fin la dpendance conomique de lÕAfrique.
[55] Kwam Kouassi E., op. cit., p 223 et ss.
[56] Gonidec J-F., op. cit., p 139.
[57] Zang L., op. cit., p 248-249.
[58] La plupart des Etats africains ne sÕacquittant pas de leurs obligations financires vis--vis de lÕOrganisation.
[59] Gonidec J-F., op. cit., p 141.
[60] Gonidec J-F., op. cit., p 148-151.
[61] Zang L., op. cit., p 253.
[62] Acte constitutif de lÕUnion africaine adopt le 12 juillet 2000 reproduit dans lÕannexe II.
[63] Dfinition propos par le lexique des termes juridiques, op. cit., p 311.
[64] Ekou Amaizo Y., Ņ De lÕO.U.A. l ÕUnion africaine: les chemins de lÕinterdpendance Ó, in Afrique contemporaine ,la documentation franaise, trimestriel n”197 janvier-mars 2001, p 97-107, p 103.
[65] Ekou Amaizo Y., op. cit., p 101.
[66] Ouazani C., Ņ Les douze travaux dÕAmara Essy Ó, Jeune Afrique / LÕintelligent, n”2115 Š du 24 au 30 juillet 2001, pp 24-26.
[67] Sur S., Ņ Droit international des trait Ó, in Combacau J. / Sur S., Droit international public, Montchrtien, 3e dition, Paris, 1997, pp 799, p113-162.
[68] Sur S., op. cit., p 119.
[69] La Constitution malienne du 12 janvier 1992 peut tre consulte, entre autres, sur Internet http://www.justicemali.org.
[70] Les pays nÕayant pas encore ratifi sont les suivant: Egypte, Kenya, Madagascar, Swaziland, Bnin, Rpublique Dmocratique du Congo (R.D.C.), Cameroun, Congo Brazzaville. Les pays en cours de ratification sont: lÕAngola, le Cap vert, la Guine, la Guine Bissau et la Mauritanie. ( Informations de lÕA.F.P. du 4 juillet 2001 sur le site www.mbolo.com)
[71] Gharbi S., Ņ Demain lÕUnion africaine... Ó, in Jeune Afrique / lÕIntelligent, n” 2061 - du 11 au 17 juillet 2000, p 30-37. Citation de de lÕarticle 115 du rglement financier p 34.
[72] Ouazani C., Ņ Tripoli passe la caisse Ó, in Jeune Afrique / LÕIntelligent, N”2114 - du 17 au 23 juillet 2001, p 14-15.
[73] Gharbi S., Ņ Demain lÕUnion africaine Ó, op. cit. p 30- 31.
[74] Actualit de lÕA.F.P. du dimanche 8 juillet 2001, page Internet: http://www.mbolo.comafp/oua2/20h00.asp.
[75] Pondi J.E., Boukari D., Ņ LÕvolution de la fonction de Ņ Prsident en exercice Ó de lÕO.U.A. Ó, op. cit., p 46-70.
[76] Ibid, p 54.
[77] Kpatind F., Ņ Histoire secrte dÕune lection Ó, in Jeune Afrique / LÕIntelligent, n”2114 - du 17 au 23 juillet 2001, p 10-13.
[78] Laporte G., Ņ LÕintgration: de la thorie la pratique Ó, in Le Courrier ACP-UE, n” 143, novembre-dcembre 1993, p 60-62.
[79] Ouazani C., Ē Les douze travaux dÕAmara Essy Č, Jeune Afrique / LÕIntelligent, n” 2115 Š du 24 au 30 juillet 2001, p 24-27.
[80] Doc. CM/2198 (LXXIII).
[81] Dcision sur le projet de protocole au trait instituant la Communaut Economique Africaine, relatif au Parlement panafricain- Doc. EAHG/3 (V).
[82] Djena Wembou M-C., LÕO.U.A. lÕaube du XXIe sicle: bilan, diagnostic et perspectives, L.G.D.J., Paris, 1995, pp 411, p 51-61.
[83] Manin P., Les Communauts Europennes- LÕUnion Europenne, Pedone, Paris, 1998, 4me dition, pp 471, p 228.
[84] La Banque mondiale, Rapport sur le Dveloppement dans le Monde, 1999-2000, p 129.
[85] Monga C., Ē La socit civile africaine est-elle civilise ? Č, in Rgionalisation, mondialisation et fragmentation en Afrique subsaharienne, ouvrage collectif sous la direction de Daniel C. Bach, Karthala, Paris, pp 319, p 105-114, p106.
[86] Dieng P., Ē Pour un parlement Panafricain Č, Afrique 2000, Mars 1997- 26, p 91- 99, p 94.
[87] Dfinition propose par Benjamin Boumakani, Ē La Ē Bonne gouvernance Č et lÕEtat en Afrique Č.
[88] R. Carr de Malberg cit par Gaba L., LÕEtat de droit, la dmocratie et le dveloppement conomique en Afrique subsaharienne, LÕHarmattan, Paris, 2000, pp 393, p 38.
[89] Dfinition issue du lexique des Termes juridiques, op. cit., p 542.
[90] Ekou Amaizo Y., op. cit., p 105.
[91] Ziady A., Ē Omga de A Z Č, Jeune Afrique / LÕIntelleigent, n”2113 Š du 10 au 16 juillet 2001, p76-78.
[92] Wade Abdoulaye, Plan Omga, Internet : Http://www.planomega.com
[93] Propose de Mamadou Dia, ancien prsident du Conseil (Sngal), in Jeune Afrique / LÕintelligent, N” 2116 Š du 31 juillet au 6 aot 2001, p 97.
[94] Actualit du 31 janvier 2001, Internet : Http://www.afrik.com
[95] Ouazani C., Ē Deux projets en un Č, Jeune Afrique / LÕIntelligent, n” 2116 Š du 31 juillet au 6 aot 2001, p 84.
[b1]Ouvrage de Jouve : lÕOUA. La Confrence des chefs dÕEtat et de gouvernement aurait un anctre, Ē le Comit politique africain groupant les chefs dÕEtat africains ou leur reprsentants dment mandats qui se runit priodiquement en vue de coordonner et dÕunifier la politique gnrale des divers Etats africain Č, cre par les signataires de la Charte de Casablanca, le 7 janvier 1961.
[b2]Selon Jouve, serait avant tout un organe dcisionnel, plus que dÕexcution. Cf. lÕouvrage de Jouve, qui prsente, p 63-64, les rsolutions dÕordre politique et conomique adopte par le Conseil.
[b3]Cf. liste des Secrtaires gnraux de 1963 1983, p 67-69 de lÕouvrage de Jouve.
E.Kodjo, Note introductive du
Secrtaire gnral de lÕOUA, Conseil des ministres,
Addis Abeba, 2 Č fvrier 1981. Ē Tout est stratifi, codifi,
prvu lÕavance, observait M. E. Kodjo en 1981 ; peu, trs peu de marge
au Secrtaire gnral dans la conduite de ses oprations ; dÕo une
difficult considrable faire corps avec une ralit mouvante, souvent
imprvisible, emboter le pas dÕune situation en volution rapide, se
couler dans le moule du changement, qui est pourtant le propre de ce
temps . CÕest pourquoi, il parat souhaitable que le Conseil autorise
le Secrtariat pouvoir adapter les structures actuelles en fonction des
besoins rels gnrs par la mise en application du Plan dÕaction de Lagos et,
si besoin est , crer de nouvelles units, en consultation avec le Comit
consultatif sur les Affaires budgtaires, financires et
administratives. Č Citation p 72.
Les Secrtaires gnraux adjoints p 72 et les autres membres du secrtariat gnral p 74.
[b4] Jouve parle de lÕarticle 9 du rglement intrieur. Le prsident en exercice est lu au dbut de chaque sommet, pour une dure de 12 mois. Il prononce lÕouverture et la clture des sances, prsente pour approbation les procs-verbaux des sances, dirige les dbats, donne la parole, proclame les rsultats des votes, statue sur des questions de procdure.