INSTITUT NATIONAL DES LANGUES ET CIVILISATIONS ORIENTALES
ASPECTS
ET PROBLEMES
DU DIVORCE
ET
DU DROIT
DE GARDE
DANS
LE PANJAB DU
PAKISTAN
POUR
L'OBTENTION DU DIPLÔME DE RECHERCHE ET D'ETUDES APPLIQUEES DE CIVILISATION
D'ASIE DU
SUD
Année
Universitaire 1997-1998
I N T R O D U C T
I O N
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1 |
Histoire
du droit de la famille avant la création du
Pakistan
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Histoire du droit de la famille au
Pakistan
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Conditions
générales gouvernant la formation
et la
dissolution du
mariage
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P A R T I E 1
Aspects traditionnels et
légaux
de la formation du mariage,
de sa dissolution
et dU droit de garde au
Panjab
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22 |
Aspects traditionnels concernant la formation du mariage,
sa dissolution et le droit de garde Page 23
Paragraphe
1 : le choix du conjoint et les différents types de
mariage
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Paragraphe
2 : le divorce et ses causes au
Panjab
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Paragraphe
1 : le droit de garde de lenfant dépend
de son
âge et du lieu de
résidence
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Paragraphe 2 : le droit de garde de lenfant dépend
de la situation personnelle et financière des parents Page 33
Aspects légaux de la formation
du divorce et du droit de garde Page 35
Paragraphe
1 : les sources
invariables
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Paragraphe
2 : les sources variables en matière de formation du
mariage,
de sa
dissolution et de droit de
garde
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Paragraphe
1 : divorce dans les différents
textes
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Paragraphe 2 : le droit appliqué au droit de
garde
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LE DIVORCE ET LE POIDS
DE LA TRADITION
DANS LA SOCIETE DU
Panjab
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LES PROBLEMES LIES A LAPPLICATION DU DROIT
DE DIVORCE DANS LE PANJAB CONTEMPORAIN Page 60
Lapplication du droit de divorce
par les instances juridiques Page 60
Paragraphe
1 : la mauvaise image des instances
juridiques
freine la
saisine
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Paragraphe
2 : lignorance du droit freine la saisine
des instances
juridiques
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Paragraphe
1 : la procédure de conciliation extrajudiciaire
imposée
par la
tradition
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Paragraphe
2 : la procédure de conciliation extrajudiciaire
imposée
par la
famille
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Les conséquences du divorce Page 70
Paragraphe
1 : conséquences patrimoniales entre les
époux
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Paragraphe
2 : conséquences patrimoniales à légard des
enfants
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71
Paragraphe
1 : conséquences du divorce sur
le statut
personnel de la
femme
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Paragraphe
2 : conséquences du divorce sur
les
conditions de vie de la femme et de ses
enfants
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ETUDE DE CAS
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Les causes et conséquences du divorce dans la fiction Page 79
Paragraphe
1 : les causes du divorce dans la
littérature
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Paragraphe
2 : conséquences du divorce
sur les
femmes dans la
littérature
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89
Paragraphe
1 : les
causes
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Paragraphe
2 : les conséquences du
divorce
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Les causes et conséquences du divorce
dans la vie réelle au Panjab Page 105
Paragraphe
1 : les causes du
divorce
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Paragraphe
2 : les conséquences du
divorce
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Paragraphe
1 : les
causes
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Paragraphe
2 : les conséquences
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C O N C L U S I O
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G L O S S A I R E
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B I B L I O G R A P H I
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124 |
CARTE DU PANJAB
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127 |
ACTE DE MARIAGE DU
PAKISTAN
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INTRODUCTION
Le sujet que j'ai choisi de traiter, relève du droit de la
famille. Mon but dans ce travail n'est pas de comparer le droit pakistanais
avec le droit français mais de démontrer seulement que
:
- le droit musulman appliqué dans la République Islamique
du Pakistan en matière de droit de la famille ne néglige pas
les femmes par rapport aux hommes. Il est aussi juste que n'importe quel
autre droit et offre peut-être plus ou autant de droits à une
femme, qu'à un homme
contrairement à ce qu'on pourrait croire. Il offre aux femmes des
droits non négligeables même si ce droit n'est pas parfait
;
- les femmes deviennent de plus en plus indépendantes
économiquement, socialement et juridiquement. Cette indépendance
leur permet de vivre seules, d'élever leurs enfants sans l'aide de
leur père, frère et mari. Cependant il est difficile pour une
femme célibataire ou divorcée d'être autonome dans la
société pakistanaise et surtout au Panjàb, région
qui est encore restée très patriarcale et
traditionnelle.
J'essayerai de décrire
:
·
les causes et conséquences des divorces au
Panjàb ;
·
le statut de la femme ;
·
comment les femmes vivent avec leurs enfants après
la dissolution ;
·
quelles sont les réactions
des proches et de la société vis-à-vis des divorcés
et de leurs enfants ;
·
quelle image de la femme divorcée les fictions
littéraires et les médias (en particulier la
télévision) véhiculent.
Le droit en matière de divorce appliqué au Pakistan
est un droit islamique qui a subi de nombreuses réformes tout au long
de l'histoire du pays. Il est donc nécessaire de faire une mise en
perspective historique de ce droit.
Avant la partition du sous-continent indien en 1947, le système
juridique était composé de coutumes, d'injonctions religieuses
et de lois du Tribunal Impérial.
Depuis l'Indépendance, il y a une tentative de codification
qui tient compte de la jurisprudence musulmane et des
coutumes.
Le droit de la famille et le droit pakistanais en général
ne peuvent être compris sans étudier le droit aux différentes
périodes de l'histoire du Pakistan et aux époques
antérieures, celles de lempire moghol et de lInde britannique
notamment[1]
.
SECTION I - HISTOIRE DU DROIT DE LA FAMILLE
ANTÉRIEURE A LA CRÉATION DU
PAKISTAN
Avant l'arrivée des Britanniques, les Indiens du Sous-continent
connurent de nombreuses invasions et conquêtes ainsi que l'apparition
et la disparition de nombreuses civilisations. Durant des siècles,
des populations de différentes cultures et religions ont vécu
séparément dans des tribus ou clans. La vie de ces
communautés était régie par leurs propres us et
coutumes.
La jurisprudence musulmane fut pour la première fois introduite
en 711 par Muhammad bin
Qasim[2]
juste après sa conquête du Sindh (région actuelle du
Pakistan). Mais elle s'est solidement implantée en Inde seulement
à partir de la fin du 12ème siècle, lorsque le système
de l'administration de la justice par les
Qazis[3]
(avec
l'aide des
Muftis[4])
fut introduit. Sous leur règne, les empereurs
Moghols[5]
prirent sérieusement en main l'administration de la justice en
gérant eux-mêmes les affaires. L'Inde connue ainsi plusieurs
siècles de législation musulmane.
Pour ce qui concerne lépoque britannique, la Compagnie
des Indes fut rapidement autorisée par des
chartes[6]
à prendre certaines mesures dans l'intérêt de la Couronne.
La première des chartes autorisait le Gouverneur et la Compagnie à
promulguer des lois et à prendre des décrets pour favoriser
le bon fonctionnement de la Compagnie.
Après 1694, la Compagnie commença à saisir les
Cours des
Zamindars[7],
établies surtout pour collecter limpôt foncier mais qui
avaient compétence en matière civile et criminelle. Les Cours
des Zamindars appliquaient la loi, la procédure locale, et la langue
de la Cour était le persan. Les Britanniques continuaient à
administrer les lois musulmanes et hindoues avec l'aide dofficiers
anglais appelés "Conseillers des Cours". Puis, l'administration de
la justice fut anglicisée.
Le pouvoir judiciaire anglais se développa et d'autres changements
virent le jour dans l'administration locale de la justice.
Avant
1857, les musulmans qui constituaient, la classe dirigeante, se trouvèrent
en difficulté pour adopter les changements apportés par les
Britanniques, comme la substitution au persan, comme langue officielle, de
l'anglais, et l'introduction d'un système éducatif occidental.
En 1857, le dernier espoir des musulmans de rejeter le joug de la
domination britannique s'éteignit avec l'échec de ce que les
Britanniques appellent la "mutinerie des Sepoy" et que les historiens indiens
et pakistanais appelèrent la première guerre
d'indépendance.
Il est intéressant de noter que le Panjàb (qui devint
une province britannique en 1849) avait réussi à échapper
à l'anglicisation de l'administration de la justice. Sur les instructions
du gouverneur général, les institutions et pratiques locales
furent dans toute la mesure du possible préservées en matière
judiciaire.
La
coutume a joué un rôle plus important que la loi dans le
Panjàb. Les Moghols avaient fait un compromis entre la coutume et
les principes de l'Islam et le Panjàb Law Act de 1872 établit
la suprématie de la coutume sur la loi religieuse dans le système
judiciaire du Panjàb.
Les fondements du droit coutumier furent élaborés par
des administrateurs coloniaux, notamment par C.L. TUPPER qui prépara
en 1881 le premier code officiel fondé sur ce droit. En analysant
les coutumes, Tupper estima que la principale formation sociale panjabie
était la "Tribu".
La tribu, pour certains Britanniques, diffère un peu de la
"caste", qu'on peut trouver dans d'autres provinces de l'Inde. Par contre
dans une région à majorité musulmane influencée
par la Frontière Nord-Ouest, beaucoup estimèrent que le terme
de "caste" n'est pas adéquat pour décrire la société
rurale du Panjàb. La définition des "tribus" pour Tupper varie
selon quune tribu est près d'une frontière, (elle est
dans ce cas plus proche d'un Conseil) ou qu'elle appartient à un village
(il sagit dans ce cas dun clan).Ces tribus suivent des règles
et coutumes ancestrales, par exemple :
l'interdiction pour les filles d'hériter des terres (principe
ressemblant à la loi hindoue et contraire à la loi musulmane)
et le mariage des filles en dehors du "clan" ;
lexclusion du groupe en cas de violation de ces principes
;
le choix de l'épouse selon les coutumes du clan plutôt
quen fonction des préceptes religieux.
Dune façon générale, dans lInde
britannique, les musulmans et les hindous continuèrent à être
gouvernés par les lois de leur religion respective. Cette situation
dura jusqu'à la moitié du XIXème siècle, après
quoi la loi religieuse ne sappliqua plus qu'en matière familiale.
Dans les affaires concernant les Musulmans, les juges étaient
aussi bien anglais que musulmans et des principes juridiques anglais furent
introduits. Les textes juridiques étaient en langue arabe, mais les
Cours indiennes suivirent les pratiques britanniques en adoptant le système
des Case Law (jurisprudence). On appelle loi anglo-musulmane, une
loi ayant un fondement
arabo-islamique, mais adaptées aux méthodes juridiques
anglaises.
La jurisprudence concernant le crime, les peines, la fiscalité,
l'allocation des terres, les poursuites, la preuve et le transfert de
propriété fut graduellement remplacée par les décrets
et dordonnances.
Une grande partie de la jurisprudence musulmane fut remplacée
par des lois d'origine britanniques. Le droit de la famille fut pour une
grande partie non modifié, car les administrateurs ne
légiférèrent pas en matière de droit
privé.
Les réformes musulmanes furent dues à des processus
internes à la communauté musulmane et au stimulus externe de
la présence occidentale. Après les réformes de Shah
Wali Allah (1703-1763), Sayyid Ahmad Khan, au XIXème siècle,
affirma le besoin d'une modernisation de la communauté et montra qu'il
n'y avait pas de conflit entre l'Islam et la pensée moderne, que la
raison et la religion étaient entièrement compatibles.
Influencé par les traditions rationalistes en Islam et s'appuyant
plutôt sur des penseurs comme Wali Allah et les philosophes des
lumières en Europe, Khan voyait
l'Islam
comme
la religion de la raison et de la nature. Il souhaitait que la communauté
musulmane reconnût et s'appropriât les forces de la science moderne
et de la technologie. Il voulait montrer que les sciences modernes étaient
en conformité avec les articles de la foi islamique. Son approche
était théorique et pratique. Au niveau théorique, il
défendit le droit de I'ijtihad (l'interprétation individuelle).
Il écrivit de nombreux ouvrages et proposa son propre commentaire
du Coran. Il reconnut aussi le besoin de réformer l'éducation.
Bien que Ahmad Khan s'intéressât aux réformes
éducatives et religieuses,
sa position sur la polygamie fut spécialement
significative.
Sayyid Ahmad Khan utilisait les versets du Coran (IV : 2,3, 128) pour
argumenter que le mariage idéal en Islam était la monogamie,
dans le sens où l'homme est incapable de traiter plusieurs épouse
de façon parfaitement équitable.
Bien
que Mumtaz Ali, un chercheur théologique
"Déobandi"[8],
devînt un associé de Ahmad Khan et défendît l'aspect
social de la réforme en Inde et au Pakistan. L'intérêt
spécial d'Ali pour le droit des femmes l'amena à publier un
journal : "Tahdhib al Nisa". Il
exprimait dans ce journal ses points de vue notamment
le besoin d'égalité
dans le mariage et dans les pratiques
sociales. Il voulait
l'égalité en matière d'accès à
l'éducation pour les femmes, qui plus
tard feraient un bon mariage.
Mumtaz Ali réfutait les exégèses de certains chercheurs
classiques féministe soutenant que leur interprétation ne
reflétait pas la signification des textes Coraniques mais les coutumes,
car l'Islam est respectueux envers les femmes, moins dur et plus courtois.
Il dénonça la plupart des mariages dans l'Inde musulmane
comme étant une servitude sans amour qu'enduraient les femmes à
cause de leur position inférieure, liée à leur manque
d'instruction, à l'assujettissement aux lois du mariage et aux coutumes
qui avaient besoin de réformes fondamentales. Il critiqua les mariages
d'enfants et les mariages arrangés, affirmant que le mariage devait
être basé sur l'amour et le libre choix. Il considérait
que la monogamie était un idéal Coranique.
Dès les années 1930, il y eut une controverse autour
de l'introduction de la charia (loi islamique) dans le Panjàb. Une
mesure fut introduite au
Panjàb Council pour
remplacer la loi coutumière par la charia dans tous les domaines y
compris la succession et droit de la famille, en 1936.
De même, accédant à l'autonomie provinciale en
1935, la NWFP (North West Frontier Province), fut dotée par son
assemblée législative d'un Muslim Personal Law (charia) Application
Act en 1935, premier d'une longue série qui avait pour objectif de
remplacer les coutumes par la loi personnelle musulmane dans certaines
régions mettant à forte population
musulmane.
La section 2 de l'Act stipule :
Les décisions dans certains cas seront prises selon les lois
musulmanes personnelles. En matière de successions, fiançailles,
mariage, dot, curatelle, tutelle, minorité, bâtardise, relations
familiales, testament, legs, dons ou tout usage religieux ou institution
comprenant le Waqf (fondation pieuse), la règle de décision
doit être la loi personnelle musulmane (charia), dans les affaires
où les parties au procès sont des
musulmans.
En 1937 le Central Legislature établi la Muslim Personal Law
(Application Act XXVI de 1937), étendit l'application de cette loi
à tous les musulmans de l'Inde.
SECTION II- HISTOIRE DU DROIT DE LA FAMILLE LIE
A LA CRÉATION DU PAKISTAN
Le droit de la famille a subi de nombreuses modifications sous les
différents gouvernements au Pakistan depuis
1947[9].
Après l'Indépendance du Pakistan, quelques femmes firent
pression sur les différents gouvernements pour obtenir certains
droits.
Des associations comme le
Women's Voluntary Service (WVS)
et la All Pakistan Women's Association (APWA) luttaient pour
l'intégration des femmes dans tous les domaines de la vie
économique, politique, judiciaire et sociale. L'APWA avait également
une section juridique pour donner des conseils gratuitement et faire des
recommandations au gouvernement.
Begum Ra'ana Liaquat Khan, épouse du
premier ministre du Pakistan, était à l'origine de ces
associations.
Sous AYUB KHAN
(1958-
1969), les femmes continuèrent à lutter pour leurs droits.
De nombreuses femmes commencèrent à recevoir une éducation
et à entrer dans la vie active. Bien avant cette période, elles
exerçaient les métiers de médecin ou professeur, mais
désormais elles se dirigeaient vers le journalisme, la science et
la fonction publique.
Elles se sentaient un peu plus libres en raison de l'attitude moderniste
et libérale du gouvernement militaire. C'est durant cette période
que grâce à APWA , une Commission sur le Mariage et le Droit
de la Famille fut créée le 4 août 1955 (Rashid Commission)
pour améliorer la situation de la femme en matière de droit
de la famille. Les membres de cette commission élaborèrent,
publièrent et distribuèrent des questionnaires en ourdou, bengali
et anglais à la population et fixèrent une date limite de retour
: le 15 février 1956. Les questions portaient sur les points suivants
:
- particularité du contrat de mariage,
- droits de la femme et de l'homme devant le
divorce,
- mesures pour empêcher la "vente" de filles par leurs responsables
dans certaines régions.
La Commission présenta un rapport dans la même année.
Cinq ans plus tard, certaines de ses propositions furent inclues dans le
Muslim Family Law Ordinance de 1961. Trois ans plus tard, la West Pakistan
"Family Courts" Act de 1964 (West Pakistan Act N° XXXV de 1964) créa
les Family Courts qui avaient pour but de traiter des affaires concernant
le mariage et autre affaires familiales et avaient compétence en
matière de dissolution
de mariage, de dot, d'entretien ou de pension (obligations alimentaires),
de devoirs conjugaux, de garde d'enfant, de tuteur, de curateur etc. La
période du gouvernement d'Ayub Khan vit aussi Mohhatarma Fatima Jinnah,
la sur de Quaid-e-Azam, se porter candidate aux élections
présidentielles de 1965.
Le gouvernement
Bhutto (1970-1977) commença
avec le mouvement contre Ayub Khan qui atteignit son point culminant aux
élections de décembre 1970. L'impact du Pakistan People Party
(P.P.P.) de Bhutto attira les jeunes intellectuels hommes et femmes, et des
membres de toutes les catégories sociales. Begum Nasim Jehan, un des
membres fondateur du P.P.P., mobilisa les femmes éduquées à
Lahore (ses collègues en firent autant dans d'autres régions
du Pakistan) pour qu'elles l'aident à faire connaître le programme
du Parti dans tous les quartiers de la ville. Elle leur parlait des droits
des femmes et leur promettaient des droits équivalents à ceux
des hommes. A cette époque, de nombreuses femmes commencèrent
à rentrer dans la politique à travers le
P.P.P.
Les femmes réussirent à avoir certains droits grâce
à la Constitution de 1973 qui leur accordera des droits dans tous
les domaines : l'article 35, par exemple stipule que l'État doit
protéger l'institution du mariage, la famille, la mère et l'enfant.
La famille est mise en avant, le mariage doit être sauvegardé
ce qui signifie que le divorce doit être évité. La mère
et l'enfant sont reconnus par le droit, ce qui est un grand pas, car en cas
de divorce, la femme peut se prévaloir de ses droits pour demander
la garde.
En
janvier 1976, une commission de 13 membres se forma pour discuter des droits
des femmes. Neuf membres femmes de cette commission étaient chargées
de déterminer le statut des femmes au Pakistan et faire des propositions
de lois au gouvernement pour améliorer leur situation sociale, juridique,
économique et leur procurer des moyens pour obtenir justice et
indemnisation dans les affaires comme la garde de l'enfant ou droit au
secours.
Les réformes demandées par le rapport élaboré
par la commission ne virent pas le jour, mais les femmes se prirent en main
et créèrent de nombreuses associations pour obtenir leurs droits
(Womens'Front, Aurat, Shirkat Gah).
Le 5 juillet 1977 le Premier Ministre Zulfiqar Ali Bhutto fut
arrêté et la loi martiale fut imposée par le
Général Zia-ul-Haq.
En
mars 1978,
le général
Zia-Ul-Haq
décide d'islamiser le Code pénal pakistanais et une campagne
médiatique fut lancée pour demander à la population
d'être plus islamisée (de suivre à la lettre les
préceptes de l'Islam). Les jeunes hommes et les jeunes femmes ne pouvaient
plus sortir ensemble sans avoir un lien de sang ou sans être mariés,
car la preuve du lien pouvait être demandée par les agents ou
officiers de police. C'est pourquoi les gens mariés sortaient toujours
avec leur acte de mariage, c'est-à-dire le Nikah Nama.
Le 22 février 1979 (jour de la célébration de
la naissance du prophète, jour idéal pour
commencer l'islamisation), la
"Hudood Ordinance" (Hudood est le pluriel de hadd qui signifie peine prévue
par le Coran ou la Sunnah) fut promulguée et ce fut la première
étape de l'islamisation. L'ordonnance concernait l'adultère,
la fornication, le viol, la prostitution (Zina), le faux témoignage
(qazf), le vol, la consommation de boissons alcoolisées et les sanctions
pour chacun de ces actes.
De 1978 au 1981, de nombreuses mesures restreignant les droits de
la femme furent prises comme l'interdiction pour les femmes d'assister aux
matchs.
Les organisations et associations de femmes furent perturbées
par ce mouvement de discrimination. Elles étaient mécontentes
des nombreuses mesures adoptées au nom de l'Islam. De plus, elles
avaient peur de perdre les droits obtenus par l'ordonnance de 1961, pour
lesquels elles s'étaient battues en 1960. Elles avaient entendu des
rumeurs disant que la Family Laws Ordinance allait être remplacée.
Certaines femmes firent des pétitions afin de la
maintenir.
En 1980, le gouvernement décida de mettre en circulation un
questionnaire portant sur le statut, le rôle des femmes en Islam et
ses droits. Il était demandé aux personnes de donner leur opinion
sur le rôle de la femme dans la société islamique, sur
le type d'éducation qu'elles doivent recevoir, si elles doivent avoir
le droit de vote et de participer à la politique, et si oui quels
sont les postes qu'elles doivent occuper etc.
Le 10 juillet 1983, la commission Ansari fut composée. Elle
présenta le 4 août 1983, un rapport qui n'était pas
très favorable aux femmes, car réduisait leurs droits politiques.
Il fut adopté, mais les restrictions concernant la participation des
femmes dans la vie politique furent ignorées.
En décembre 1985, Zia instaura la loi martiale et menaça
les dispositions légales prises en faveur des femmes telles, l'acte
de 1929, restreignant l'âge du mariage (Child Marriage Restraint Act),
l'acte de 1939 régissant la dissolution des mariages musulmans
(Dissolution of Muslim Marriages Act) et l'ordonnance de 1961 sur les loi
familiales (Family Laws Ordinance). Mais, ces lois demeurèrent et
sont encore en
usage.
Les
femmes aujourdhui peuvent voter (elles étaient 23 109 991
électrices aux élections de 1993 selon lElection Commission
of Pakistan) et être candidates à toutes les élections
locales, régionales et nationales. Les dispositions de la Constitution
de 1973 (articles 41 et 91) permettent aux femmes musulmanes dêtre
chef dEtat ou du gouvernement.
SECTION
III - LES CONDITIONS GÉNÉRALES
QUI GOUVERNENT LA FORMATION ET LA DISSOLUTION DU
MARIAGE
Dans l'Arabie pré-islamique, le mariage était moins
un accord ou un contrat qu'une vente par laquelle la femme devenait la
propriété de son mari. Elle était obligée de
le suivre pour rejoindre sa tribu. Sa famille en contrepartie recevait une
dot (mahr). La femme devenait de ce fait soumise et dépendante de
son mari. Elle n'avait pas de mot à dire sur son mariage,
c'est-à-dire ni sur son commencement, ni sur sa
fin.
Dans la société musulmane, le mariage fécond
est une obligation religieuse, et le célibat une anomalie regrettable.
Il n'y a pas de place en islam pour une relation illégitime. L'islam
considère le mariage comme une protection de la chasteté qui
incombe à tous les musulmans. Le mariage est source de stabilité,
de l'unité de la famille et de la société. Il est un
contrat entre deux parties égales : la femme et l'homme, qui ont le
droit de négocier avant de signer. Pour que le mariage soit
légalement formé et produise tous ses effets, il doit respecter
un certain nombre de conditions
Les écoles de pensée classifient le mariage en
différentes
catégories[10].
Ces écoles sont :
- l'école hanafite, la plus libérale, dont le rite est
répandu en Turquie, Egypte et dans le sous continent indien. Elle
compte aujourd'hui plus du tiers des Musulmans sunnites ;
- l'école malékite, dont le rite est pratiqué
par environ un septième des sunnites. Il était appliqué
en Espagne musulmane et est resté celui du Maghreb
;
- l'école chaféite rencontré en Syrie,
Indonésie, Afrique orientale ;
- l'école hanabalite, la plus stricte. Elle n'est plus suivie
que par quelques millions d'adeptes en Arabie.
Le mariage est classifié en différentes catégories
:
- le mariage hanafi (dont le rite est suivi au Pakistan) distingue
trois catégories de mariage : valable (sahih), irrégulier (fasid)
et nul (batil).
- le mariage Shiite ne reconnaît pas les mariages
irrégulièrement formés et considère comme nuls
les mariages classés comme irréguliers par l'école
Hanafite.
Un mariage valablement formé est celui qui remplit toutes les
conditions, sinon il est irrégulier ou
nul.
LES
CONDITIONS DU
MARIAGE
Le mariage, qui est un véritable contrat en Islam,
élève, comme par opposition à la situation de l'Arabie
préislamique, le statut de la femme, qui n'est plus considérée
comme un objet à vendre mais une partie qui obtient certains
droits.
Pour que le mariage soit valablement formé il y a des conditions
à
remplir[11].
LES CONDITIONS DE FOND
:
* CONDITION PSYCHOLOGIQUE
Les personnes qui contractent le mariage doivent être conscientes
de l'acte qu'elles vont effectuer. Si le mariage est contracté par
un représentant d'un mineur (Wali), il peut être annulé
lorsque le mineur devient pubère.
*. CONDITION PHYSIOLOGIQUE
Il suffit que les conjoints soient pubères pour que leur
consentement ne soit pas entaché de nullité. Il était
d'usage chez les musulmans de se marier tôt (aujourd'hui ce principe
n'a pas disparu mais il devient rare), l'âge normal pour les garçons
était de 12 ans et pour les filles de 9 ans. Cette condition physiologique
n'est pas nécessaire au cas où ils seraient obligés
au mariage par voie de
"djebr", c'est-à-dire
contrainte matrimoniale. Le mariage n'émane, au regard de la loi
musulmane, que de chacun des conjoints. Ces derniers peuvent d'ailleurs (et
ils le doivent, en ce qui concerne la femme) manifester leur volonté
par des walis ou mandataires, dont la charge est généralement
dévolue suivant un ordre de parenté
mâle.
*
LE CONSENTEMENT DES
PERSONNES
:
Sans le consentement des intéressés, le mariage est
considéré comme nul. Le consentement donné sous la pression,
la menace ou la violence subit le même sort. Si l'accord est donné
et qu'il y a erreur sur la personne c'est-à-dire que la personne pour
laquelle le consentement était donné n'était pas celle
que l'on croyait, le mariage n'est pas valide.
*LA DOT MARITALE
:
Tout mariage suppose une dot maritale
(mahr)
en rapport avec la condition sociale des deux futurs mariés. Elle
doit être réelle et non fictive. Depuis le Coran, elle est
versée à la femme. Il ne faut pas confondre la dot maritale
avec le
jahez
(trousseau). Bien que non inscrite comme une obligation relevant de la charia,
l'institution du
jahez
est devenue une norme aux yeux de la coutume et de la jurisprudence. Certains
voient dans le
mahr une sauvegarde pour la femme, une sorte d'obstacle
apporté à la répudiation et une assurance de moyens
de subsistance pour la répudiée ou pour la veuve. Le mahr est
normalement prévu dans l'acte de mariage et le montant peut être
fixé avec le consentement mutuel des époux ou de leur famille.
La coutume fixe le montant minimum à 32, 50 Rs
(selon
le haddith, la fille du prophête avavit reçu 480 dirhams
représentant une pièce dor et une dargent. A une
certaine époque, le montant a été évalué
à 32, 50 Rs. De nos jours, avec linflation et le taux
déchange, la somme serait de 10707 Rs. Women living under Muslim
Law. Women, Law and Soxiety P 62 Lahore
1996), le montant peut être augmenter par le mari par une déclaration
écrite, mais la dot ne peut jamais être supprimée sauf
si la femme décide volontairement de refuser de la percevoir. La loi
exige dans ce cas que la femme établie un écrit signé
en présence de témoins et le tribunal, en cas de litige,
vérifiera si le refus a été consenti sous pression,
menace ou par amour pour le mari.
La dot peut être sous forme d'argent, de bijoux,
de biens immeubles ou d'or. Les présents offerts à la femme
ne sont pas considérés comme entrant dans la dot, y compris
les bijoux, sauf si le mari précise que les bijoux ou biens qu'il
offre sont une partie de la dot. Lorsque le mari paie la dot sous quelque
forme qu'elle soit, il doit signaler à sa femme qu'il paye le montant
de la dot :
*
la dot versée immédiatement
(mahr
moajjal) : le montant de la dot est fixé dans le nikah nama
(acte de mariage) et la femme peut la demander quand elle le désire
à son mari directement ou par voie judiciaire. Elle peut même
refuser la consommation du mariage et de vivre avec son mari jusqu'à
ce que celui-ci la lui paie.
la dot versée en différé (ghair moajjal) : la femme peut en réclamer au tribunal le montant au moment de la dissolution du mariage, après le décès
·
de son mari et avant le partage de l'héritage
et dans les trois ans qui suivent le divorce ou le décès de
son mari.
* la dot spécifique
(mahr-ul-misl)
: le montant de la dot n'est pas fixé dans le nikah nama, le juge
peut le décider en prenant en compte la situation financière
des deux parties et le montant du mehr obtenu par les autres femmes de la
famille de l'épouse ; la femme peut en obtenir le paiement lorsqu'elle
le demande et les garanties sont les mêmes que dans la dot payée
immédiatement.
LES IMPOSSIBILITÉS
Il y a des conditions qui prohibent et empêchent le
mariage.
* LES PROHIBITIONS
Prohibition de l'inceste, telle la parenté du sang, à
laquelle le droit musulman assimile la "parenté du lait" en proscrivant
l'union de l'ancien nourrisson et de ses parents nourriciers. Les mariages
avec les ascendants, descendants et avec les membres de la belle-famille
(beaux-parents, beau-frère, belle-sur) sont
prohibés.
* EMPECHEMENT POUR SAUVEGARDER L'ORDRE DANS LA
FAMILLE
Certaines conditions ont pour motif la sauvegarde de l'ordre dans
la famille, tel un certain degré d'alliance. Par contre, les liens
nés de l'adoption n'interdisent pas l'union légale, ainsi qu'en
décida un verset qui autorisa le Prophète à épouser
la femme de son fils adoptif, Zaïd. Toutefois, certaines coutumes continuent
de réprouver pareille pratique.
* LA DIFFÉRENCE DE CULTE
La différence de culte constitue également un obstacle
au mariage : aucun mariage d'un Musulman n'est possible avec les idolâtres.
Mais alors que le Musulman peut épouser une Juive ou une Chrétienne
(ceux qui croient aux Livres saints envoyés par Dieu), la femme ne
peut s'unir légalement qu'à un
coreligionnaire.
LES CONDITIONS DE FORME
:
* LA FORME DE LA DEMANDE
ET L'ACCEPTATION
Il faut une offre
(Ijaf)
de l'un des contractants et l'acceptation de l'autre
(qabul : la formule
d'acceptation doit être répétée trois fois) lors
de la même cérémonie devant deux témoins musulmans,
masculins, pubères, libres et sains d'esprit (un témoin homme
peut être remplacé par deux témoins femmes (II :
282).
* LA FORME DE CONTRAT DE MARIAGE
Dans la société pré-islamique, aucune loi n'exigeait
de cérémonie particulière dans laquelle un accord devait
être fait pour faire preuve du mariage. La coutume de l'oralité
prévalait. Le Coran recommandera que le contrat de mariage soit
effectué par écrit.
LES
EFFETS DU
MARIAGE
Le mariage n'entraîne aucun régime matrimonial entre
les époux. Depuis que le Prophète a amélioré
leur sort, les femmes mariées possèdent une personnalité
juridique indépendante et une capacité qui leur permet
d'acquérir, aliéner, ester en justice sans autorisation maritale
et elles ne participent pas aux charges du ménage.
* LES OBLIGATIONS DU MARI
La consommation du
mariage (au moins une fois disent les Hanéfites
et les Chaféites).
Une cohabitation
assidue : l'éloignement du mari pendant quatre ans justifie
le divorce.
Partage égal des
nuits entre les épouses : le Coran pour éviter l'abus
du principe de la polygamie a limité le nombre d'épouses pour
un homme à quatre, mais sous condition d'équité. S'il
ne peut remplir pas la condition d'équité, l'homme doit garder
qu'une épouse (IV : 3).
Contribution aux charges
du ménage et respect du devoir de secours
: ces obligations
(prévues par la section
9 de la Muslim Family
Law Ordinance), comprennent l'ensemble des dépenses entraînées
par le train de vie du ménage (nourriture, habitation distincte pour
chaque épouse, habillement, accessoires de beauté, entretien
et frais de scolarité des enfants etc.). En cas de séparation
(sauf si la décision de séparer est prise unilatéralement
par la femme), pendant la période de viduité et lorsque les
époux prévoient leur continuité après le divorce
dans la clause numéro 20 du contrat de mariage, ces obligations ne
disparaissent
pas.
L'abstention des mauvais
traitements et sévices
graves : un droit de correction
(par violences légères) est seul reconnu au mari par le Coran,
comme sanction du devoir de désobéissance de la
femme.
* LES OBLIGATIONS DE LA FEMME :
- Devoir
d'obéissance : elle doit obéissance à son mari
pour les choses licites.
- Elle est tenue au devoir
de fidélité : ce devoir est imposé par le Coran
(IV : 82).
- Vivre au domicile
conjugal : elle doit se laisser conduire au domicile conjugal, y
habiter (sauf stipulation contraire arrêtée lors du mariage),
et comme contrepartie de l'obligation d'entretien dévolue au mari,
vaquer elle-même aux soins de ménage, si la condition des
époux ne leur permet pas d'être servis par des
domestiques.
- Observer la période
d'attente avant le remariage
Selon l'école hannafite, il est interdit aux femmes de se remarier
avant la période d'attente appelée iddat, lorsque son mariage
a été dissout par le divorce ou la mort de son mari. Cette
période permet entre autre de savoir si la femme est enceinte de son
mari et de déterminer la paternité. La durée de l'iddah
varie selon que le mariage a été consommé ou non. Si
le mariage n'a pas été consommé, l'iddah n'a pas besoin
d'être observé dans le cas du décès du mari. Si
le mariage a été consommé avant la dissolution, la
durée de l'iddah est de trois mois. Si la femme est enceinte, l'iddah
continue jusqu'à l'accouchement et si le mariage est dissout par le
décès du conjoint, elle est de quatre mois, la durée
commençant à courir à partir du dixième jour
du décès.
L'homme aussi doit respecter cette période dans le cas du divorce,
car il ne doit pas se marier avant la fin de la période d'attente
de son ex-femme. Mais le mariage contracté par lui pendant ce délai
n'est pas déclaré nul.
Le non-respect des conditions entraîne l'irrégularité
ou la nullité du mariage qui ne crée plus d'effets
juridiques.
LE NON-RESPECT DES REGLES DE FORMATIONS DU
MARIAGE
Un mariage est considéré comme nul lorsqu'il ne remplit
pas les conditions exigées par la loi ou la jurisprudence,
c'est-à-dire :
- mariage incestueux qui a lieu avec les ascendants, descendants,
alliés (beaux-parents) et avec les adoptants ou adoptés (la
nullité est perpétuelle et le mariage ne peut être
confirmé) ;
- mariage avec une femme dont le mari est en vie et qui n'a pas
divorcé d'avec lui (le mariage ne peut-être confirmé
même après le décès du mari) ;
- mariage d'une personne adulte et saine d'esprit sans son consentement
;
- selon une jurisprudence musulmane constante, le mariage d'une femme
musulmane avec un homme non musulman est nul.
Lorsque le mariage est nul, il ne crée aucune obligation entre
les époux et les enfants nés de l'union sont déclarés
illégitimes et ne peuvent bénéficier de l'action en
légitimation.
Un mariage est irrégulier, lorsque :
- le mariage est contracté en l'absence de témoins (selon
la jurisprudence il ne peut-être confirmé, il faut se remarier
en présence des témoins) ;
- le mariage qui a eu lieu avec une femme durant sa période
d'attente ou iddat (il devient valable lorsque le délai de 90 jours
prend fin) ;
- le cinquième mariage d'un homme qui a déjà
quatre épouses ;
- dans certains cas, des mariages qui ont lieu avec des femmes appartenant
à des religions différentes (mariage confirmé par la
conversion de l'épouse à l'Islam ou aux religions des Livres,
c'est-à-dire christianisme ou judaïsme). Mais le mariage n'est
pas régulier lorsqu'il a lieu avec les idolâtres et ceux qui
vénèrent le feu comme les zoroastriens. Cependant, selon la
loi Shia, un homme peut légalement se marier avec une
zoroastrienne.
- mariage avec la sur de l'épouse ou sa
nièce...
Lorsqu'un mariage est irrégulier, la femme a le droit de
réclamer la dot à son mari, mais celui-ci n'est pas obligé
de respecter son devoir de secours, de contribuer aux charges du mariage
et de lui donner une part de son héritage. Elle retrouve tous ces
droits lorsque le mariage est confirmé. Quant aux enfants, ils deviennent
légitimes que si le mariage est confirmé.
Une fois toutes ces conditions
réunies, comment se déroule la vie d'une union dans le Panjàb
?
PARTIE 1
ET DU DROIT DE GARDE AU
PANJAB.
Il existe des lois réglant les problèmes et conflits
liés au mariage, divorce et droit de garde, mais au Pakistan et surtout
au Panjàb, la coutume à toujours prévalu. Les traditions
ancestrales l'emportent sur la loi, alors que les juridictions ne reconnaissent
pas certaines pratiques jugées illégales. Chacune des quatre
provinces du Pakistan (Balochistan, Panjàb, Frontière Nord
Ouest du Pakistan et Sindh) a ses propres règles coutumières,
qui existent avec les textes légaux en matière de droit de
la famille et surtout en matière de formation du mariage. Les parties
du contrat de mariage doivent respecter des conditions légales
imposées par le Coran, par la loi mais aussi les règles
coutumières appliquées au Panjàb.
Le non-respect de ces règles coutumières entraîne
des sanctions graves qui ne sont pas toujours infligées par les
juridictions, mais par les individus qui peuvent être les proches des
mariés, les représentants du clan ou la société
elle-même, qui est considérée comme le garant de la
tradition. Celle-ci a pour rôle de faire respecter la tradition et
des "bonnes murs".
CHAPITRE I - ASPECTS TRADITIONNELS CONCERNANT LA
FORMATION DU MARIAGE, SA
DISSOLUTION ET LE DROIT DE
GARDE
Dans la société Panjabi, l'organisation du mariage a
lieu selon certaines coutumes locales qui peuvent varier d'un village à
un autre. Ces coutumes règlent les questions portant sur le choix
du groupe social à l'intérieur de laquelle le mariage aura
lieu, le choix de la famille et du conjoint (par exemple dans certaines
régions, par tradition, on ne marie pas la fille cadette avant
l'aînée ou le fils avant les filles ; on ne s'allie pas à
une lignée étrangère
; on remarie la femme veuve
avec le frère de son mari, etc.).
SECTION I - LES REGLES DE FORMATION ET DE DISSOLUTION
DU MARIAGE AU
PANJAB
Au Panjàb, le mariage est une affaire de familles qui cherchent
le partenaire idéal (à leurs yeux) pour leurs enfants, imposent
leur décision et la font respecter par tous moyens (pression, violence
etc.). Les conséquences, en cas de refus de consentement, peuvent
être graves pour la famille et surtout pour la personne qui
désobéit.
§ 1 - LE CHOIX DU CONJOINT ET LES
DIFFÉRENTS TYPES DE
MARIAGE
Les mariages au Pakistan sont en majorité des mariages
arrangés par les deux parents ou par le père seul qui, en
qualité de
wali (gardien par nature), peut prendre cette
responsabilité. Par rapport aux autres provinces du Pakistan, où
le choix du partenaire revient au père, grand frère ou oncle,
dans le centre du Panjàb, la mère a le pouvoir de refuser le
choix des hommes et de faire valoir son choix. La décision de la
mère est souvent favorable à la fille, car les mères
sont plus proches de leurs filles et ont la responsabilité de leur
éducation. Elles jouent le rôle d'intermédiaire auprès
des pères et arrivent souvent à faire valoir le choix de la
fille.
En général, ces mariages arrangés ne tiennent
pas compte de la volonté des intéressés mais des
intérêts de la famille. Le mariage n'est pas seulement une union
entre deux personnes, mais une union entre tous les membres des deux familles
et entre deux patrimoines. C'est pourquoi on a l'impression que ce sont deux
familles qui se marient plutôt que deux êtres, qui souvent ne
se connaissent pas et apprennent la nouvelle de leur mariage arrangé
par leurs aînés quelques jours ou le jour même de sa
célébration.
Le mariage d'amour
n'est pas très bien vu, sauf si toute la famille consent. La famille
en général est réticente et ne veut pas de ce genre
de mariage car il a souvent lieu hors de la caste ou du clan d'origine
(biradari). Certaines jeunes femmes restent célibataires et vivent
chez leurs parents en attendant une proposition de mariage d'un jeune homme
qui convienne à la famille et qui soit de la même tribu, du
même clan ou de la même secte (par exemple sunnite, shiite, ahmedi).
Les mariages entre shiites et sunnites ne sont pas interdits mais sont rares,
surtout au Panjàb. Les mariages des membres de ces sectes avec les
Ahmadis ou Qadianis ne sont pas tolérés depuis que ces derniers
ont été déclarés non musulmans en
1974.
Il arrive encore de voir de nos jours deux personnes
"mariées par une
promesse", c'est-à-dire que, dès la naissance des enfants,
deux familles font la promesse d'unir leurs enfants lorsqu'ils seront "grands"
(ce terme est très vague et n'indique pas si le mariage aura lieu
à leur majorité, dès qu'ils seront pubères ou
avant). Ces promesses sont très fréquentes dans les villages
ou chez les féodaux, là où le respect de la parole
donnée a une valeur supérieure à un contrat
écrit.
Les fiançailles d'enfants sont aussi très fréquentes
et ont la même valeur que les promesses de mariage, sauf qu'elles sont
souvent officielles, car il y a une cérémonie. Dans les deux
cas, il ny a pas consentement réel des enfants, car ils ne
comprennent pas à cet âge la signification des fiançailles
et surtout les conséquences de cette union forcée. Lorsque
le mariage approche, ils refusent ou pour l'honneur et le respect de leurs
parents, acceptent.
Dans le sud du Panjàb par exemple à Multan, Sargodha,
Mianwali, "les mariages
d'échange" (watta satta)
ne sont
pas
rares. Deux familles : A et
B, ont chacune une jeune fille et un jeune garçon (ou
deux jeunes filles et deux jeunes garçons) à marier. La famille
A va marier son fils ou ses fils avec la fille ou les filles
de la famille B et vice et versa.
Dans ce cas de figure et selon les parents, les avantages dans ce
genre de mariage sont les suivants :
- sauvegarde des intérêts financiers familiaux : en faisant
cet échange, ils évitent de faire un trousseau et les biens
de la famille restent dans la famille car la majorité de ces mariages
a lieu entre cousins - cousines ;
- les risques de dissolution sont minimes si le mariage d'échange
a lieu entre cousins et cousines ;
- garantie contre les mauvais traitements et violence. Par exemple,
un mauvais traitement de la femme dans un des deux couples entraînerait
aussi un mauvais traitement de la femme dans l'autre couple, jusqu'à
réparation du conflit initial.
Les inconvénients sont beaucoup plus nombreux dans les mariages
d'échange :
- l'âge du mariage est moins élevé que dans d'autres
types de mariage. Les filles se marient avant 16 ans et les hommes avant
22 ans. Alors que l'âge normal du mariage au Panjàb est de 16
à 20 ans pour les filles et de 22 à 28 ans pour les
garçons1 ;
- risque de non-consentement plus élevé dans cette pratique
;
- si le trousseau ou les biens de la femme d'un couple a une valeur
plus élevée que celui de la femme de l'autre couple, on peut
demander que d'autres biens soient donnés pour compenser
;
- dans le cas ou un couple se sépare ou dissout le mariage,
l'autre couple est obligé de se séparer ou de dissoudre son
mariage ;
- le manque de stabilité d'un couple doit entraîner la
même chose chez l'autre couple sous peine de représailles familiales
;
- la loi ne reconnaît pas les mariages d'échange sans
consentement et dans lesquels des actes sont établis pour faire respecter
certaines conditions régissant ces mariages.
Le mariage est célébré au Panjàb chez
la jeune fille par un maulvi et/ou par celui qui a la charge d'enregistrer
le mariage. Dans certaines familles, les mariages sont célébrés
par le membre le plus respectable et âgé et les témoins
sont toujours des hommes. Un contrat est souvent rédigé, mais
toutes les rubriques ne sont pas remplies.
Une fois que le mariage a été célébré
par une cérémonie religieuse, appelée Nikah, la jeune
femme part immédiatement avec son mari chez ses beaux-parents ("Rukhsati"
"le départ"). Ou alors, après la cérémonie, la
jeune femme ne part pas avec son mari et continue à vivre chez ses
parents. On peut qualifié ce mariage
de
"mariage différé"
:
la raison peut en être le jeune âge de la femme, qui n'est pas
encore pubère. Du coup, les parents attendent qu'elle le devienne
pour l'envoyer chez son mari. Parfois, le mari ne peut l'emmener chez lui
pour diverses raisons (départ à l'étranger,
difficultés financières, etc.). Ou encore, il attend le moment
propice pour annoncer à ses parents son mariage (si le mariage a lieu
sans le consentement des parents). La consommation du mariage peut avoir
lieu parfois avant le rukhsati, mais cela est rare.
Les mariages célébrés en violation des règles
traditionnelles sont sanctionnés par la société et ils
finissent souvent par des bains de sang.
Les mariages célébrés en violation des règles
traditionnelles sont les mariages sans consentement des parents (mariages
d'amour ou après rupture des fiançailles ou promesse de
mariage).
Si le mariage a lieu sans leur consentement, les parents peuvent se
comporter de façon très violente et même en arriver au
meurtre, surtout si la fille
s'enfuit pour se marier avec la personne de son choix. Dans ce cas,
la famille déshonorée et humiliée se venge. Un article
publié dans le quotidien
"Pakistan : Lahore" du 28
mai 1998 illustre cette violence
:
"Shafqat Shah, habitant de Kalu Pùra dans le Goujerat, fait
un mariage d'amour avec une femme originaire du Faisal Pùra. Après
le mariage, la femme décide avec son époux de rendre visite
à sa famille, qui était contre ce mariage et se sentait
déshonorée aux yeux de tous ses proches. Ces derniers leur
reprochaient la mauvaise éducation de leur fille. Les frères
de la jeune femme ont profité de cette visite pour éliminer
le beau-frère devenu la cause de leur honte. Après avoir tué
Shafqat Shah, les meurtriers ont caché son corps dans une maison
inhabitée".
On constate que c'est à cause de l'opprobre jeté sur
la famille par ce mariage d'amour que les frères ont éliminé
le beau-frère. Le mariage a déplu à tous les proches.
Ils ont vu dans cet acte le non-respect des traditions et de la volonté
des aînés. Les membres de la famille de la jeune femme (parents
et frères) ont été sanctionnés par leurs proches
et amis car ils ont laissé leur fille aller à
l'encontre de la tradition.
Celle-ci exige que les enfants soient soumis à leurs parents et qu'ils
respectent toutes leurs décisions. La société aurait
apprécié l'acte de ses frères s'il avait lieu avant
le mariage, car dans ce cas il aurait été synonyme d'une famille
respectable qui, pour sauvegarder son honneur, n'avait pas hésité
à sacrifier son gendre . Mais l'acte a lieu après, ce qui a
moins d'impact. La jeune femme a été gravement sanctionnée
pour avoir choisi son conjoint librement. Ses propres frères l'ont
rendue veuve ne réfléchissant pas sur les conséquences
de leur acte. Peut-être que les beaux-parents de la jeune femme refuseront
de l'héberger de nouveau et il est probable qu'après cet
événement, elle ne voudra plus vivre chez sa famille. Elle
se retrouvera sans toit et protection.
Dans les régions urbaines du Panjàb, la rupture des
fiançailles ou promesses font un scandale. Les gens essayent de trouver
des causes inimaginables causant ainsi un préjudice moral à
la famille victime de la rupture. Si c'est la famille du jeune homme qui
prend l'initiative, les proches, voisins et amis de la jeune femme commencent
à douter de sa moralité. La fille qui subit la rupture a beaucoup
de mal par la suite à refaire sa vie à cause de la réputation
qu'elle traîne.
Il est vrai que le caractère de la femme est une cause de rupture,
mais la cause la plus fréquente est l'incapacité de la famille
de la jeune femme à constituer un trousseau d'une valeur exigée
par la famille du marié ou les éventuels défauts apparents
(invalidité) ou non apparents de la jeune femme dont ils ont eu
connaissance après les fiançailles ou la promesse de mariage.
Lorsque l'initiative de la rupture est prise par la famille de la jeune fille,
c'est parce que le jeune homme s'intéresse à une autre femme,
après ses fiançailles ou promesse, s'est marié avec
quelqu'un d'autre, ou est alcoolique, drogué, etc.
Dans le quotidien "Pakistan
: Lahore " du 22 juin 1998, un article publié sous la rubrique
faits divers intitulé "Pourquoi le lien de mariage fixé pendant
l'enfance se brise t-il ?" relate les circonstances des ruptures des
fiançailles et promesse de mariage.
Une jeune femme, Rukhsàna, âgée de 19 ans, avait
été fiancée dés son jeune âge avec Aziz
Ahmad. Ses parents lui rappelaient sans cesse qu'elle ne se marierait qu'avec
lui. Elle accepta et commença à le considérer comme
son futur époux.
Son père, Nazar Mohammad, pour un intérêt financier,
refuse de marier sa fille avec son fiancé, rompt les fiançailles.
Il décide de la marier avec un vieil homme. Elle ne consent pas et
se marie avec Aziz Ahmad et s'installe à Shafeeq
Abàd.
Nazar Mohammad porte une plainte et prétend que le fiancé
et sa famille ont enlevé sa fille. Rukhsàna intente une action
contre son père pour tentative de meurtre et demande la protection
de la justice car son père veut la punir de s'être mariée
de son propre gré et avance la thèse de
l'enlèvement.
L'avocat de la jeune femme soutient que les parents, fixant le mariage
dès l'enfance, introduisent dans les cerveaux des jeunes enfants
l'idée qu'ils doivent reconnaître la personne qu'ils ont choisie
pour eux comme leur futur mari ou femme. Quand ils sont psychologiquement
prêts, les parents rompent les fiançailles ou la promesse de
mariage.
On constate que les parents ont tous les droits concernant le mariage
de leurs enfants, qu'ils choisissent unilatéralement le partenaire
idéal et peuvent également décider de ne plus respecter
leur choix. Parfois, les enfants refusent le mariage arrangé. S'ils
acceptent c'est par respect, pour sauvegarder l'honneur de la famille ou
par contrainte.
Dans le cas ci-dessus, la jeune femme a accepté le mariage
arrangé car on lui avait mis dans la tête dés son jeune
âge qu'elle se marierait avec l'homme choisi par ses aînés.
Elle savait que son refus n'y changerait rien, et lorsqu'elle fut prête
à épouser son fiancé, son père refusa pour des
intérêts financiers de célébrer l'union. Il lui
proposa de se marier avec un autre homme qu'il avait sélectionné
pour elle. Il ne se préoccupa pas de la différence d'âge,
car au Panjàb il n'est pas rare de voir des mariages entre deux personnes
d'âge ou de niveau d'éducation différents, bien
qu'aujourd'hui on constate que les gens préfèrent prendre comme
conjoint quelqu'un qui soit proche par l'âge et le niveau d'étude.
Ce genre de mariage peut durer longtemps ou se dissoudre très rapidement
à cause des différences qui éloignent les époux.
Tout prouve aujourd'hui que plus on se ressemble moins on divorce. Même
l'âge doit être apparié, car il n'est pas toujours bon
dans un couple que l'homme soit plus âgé que la
femme.
Dans l'histoire qui vient d'être relatée, le père
n'accepte pas que sa fille se marie contre son gré et pour se venger
de son action qui l'a déshonoré, il porte plainte contre son
beau-fils et sa famille pour enlèvement. Le refus d'obéir aux
parents est synonyme de manque de respect et de déshonneur de la famille.
Et quand il s'agit de mariage, le père ou le frère peut se
comporter de façon violente afin d'obtenir le consentement pour le
mariage.
Après avoir pris connaissance des modes de choix et d'union,
ainsi que des difficultés rencontrées, voyons comment ces unions
peuvent aboutir à des ruptures.
§ 2 - LE DIVORCE ET SES CAUSES AU
PANJAB
Au Pakistan, le taux de divorce n'est pas très élevé
par rapport aux pays occidentaux. La cause principale est la société
pour laquelle le divorce est quelque chose de mauvais. Celui qui divorce,
à ses yeux, perd son honneur, son prestige et sa place dans la
société. Le divorce au Pakistan et dans les pays musulmans
en général n'est pas un problème majeur, contrairement
aux pays occidentaux, où un mariage sur deux se termine par le divorce.
Alors que le pourcentage de divorce dans un pays comme les États-Unis
dépasse les 55 %, dans aucun des pays musulmans ce taux n'excède
les
21%2 .
Quand les gens décident de divorcer c'est vraiment lorsqu'il
n'y a plus d'autres recours. Les causes les plus fréquemment
rencontrées au Panjàb (mais qui peuvent s'appliquer dans d'autres
provinces du Pakistan) sont les suivantes :
- l'impossibilité pour la femme d'avoir des enfants
;
- faute de la femme : désobéissante, accusée
d'adultère etc. ;
- l'absence prolongée du mari ;
- la non-contribution aux charges du ménage et le non-respect
du devoir de secours par le mari ;
- la violence (physique et morale), brutalité et alcoolisme
du mari ;
- la polygamie : un homme ne peut légalement se marier avec
plusieurs femmes que lorsque sa première ou ses autres femmes sont
stériles, sont infirmes, souffrent d'insanité d'esprit. Ou
encore si elles refusent d'avoir des relations avec le mari. Il faut aussi
que cet homme demande par écrit au tribunal une autorisation de remariage
en indiquant les causes qui l'ont poussé à prendre cette
décision. De plus, son ou ses épouses doivent l'autoriser à
s'unir de nouveau avec une autre femme. L'Arbitration Council, composé
du Président de l'Union Council, des représentants de
l'épouse ou des épouses et des représentants du mari,
examine l'affaire et prend une décision à la
majorité.
La décision écrite et motivée se présente
sous forme de certificat qui comporte des mentions comme la date, le
numéro, les noms des époux. Toutes ces informations seront
insérées sur le nouvel acte de mariage à la clause
numéro 21 et 22, sauf mauvaise foi du mari.
La femme musulmane qui vit aujourd'hui dans une société
qui évolue n'échappe pas à ce mal de société.
L'urbanisation, l'éducation et l'activité professionnelle des
femmes sont aussi les causes du divorce. Les femmes sont de plus en plus
instruites, n'hésitent pas à rentrer dans la vie active et
se sentent prêtes à subvenir seules à leurs besoins et
à ceux de leurs enfants. Elles ne sont plus dépendantes
financièrement de leur mari et se sentent plus
libres.
Mais malgré, cela il existe de nombreuses raisons qui obligent
les époux a ne pas dissoudre le lien de mariage.
La peur de la société amène les époux
à se poser des questions sur le qu'en dira t'on en cas de divorce.
Leur acte sera t-il un scandale ?
Les gens divorcent peu car ils ont peur d'être rejetés
par la société pour qui le divorce est synonyme de sanction
infligée à une femme ayant des relations adultérines
ou immorales. Beaucoup de femmes souffrent en silence et acceptent de montrer
une image modèle de leur couple, car après le divorce, ce sont
elles qui sont montrées du doigt. Ce sont elles qui sont
déclarées coupables d'avoir provoqué le divorce, même
si en réalité c'est l'homme qui en est la cause.
Il y a des gens qui ne divorcent pas, car cela va à l'encontre
de leurs intérêts (situation sociale, célébrité
ou situation financière de l'un des époux).
Certains restent ensemble malgré eux par peur d'entacher leur
image (surtout les politiciens), de perdre leur statut, par peur des dires
de leurs familles et de leurs amis.
D'autres restent ensemble car ils n'ont plus l'âge de divorcer.
Au Pakistan il n'y a pas d'âge limite pour divorcer, mais il arrive
que les gens estiment qu'ils sont arrivés à une période
où il n'est pas raisonnable de divorcer si leurs enfants ont atteint
l'âge de se marier. S'ils ont de petits enfants, cela peut entraîner
des conséquences négatives sur leur vie et leur évolution.
Ils risquent d'être victimes du divorce de leurs parents. La
société pourrait leur causer des désagréments.
Ils ont peur de perdre leurs proches et amis qui vont suivre l'avis
général et les rejeter. Surtout, ils risquent de perdre leurs
enfants après le divorce. En effet,
l'homme (riche ou plus
éduqué que sa femme) peut faire du chantage à son
épouse à propos des enfants, car en cas de divorce, il saurait
comment avoir la garde de ceux-ci.
SECTION II - LES REGLES DE DROIT DE GARDE AU
PANJAB
Les règles en matière de garde d'enfant sont très
flexibles. Elles varient selon le lieu géographique, l'âge,
la situation personnelle et financière des parents
;
§
1 - LA GARDE DE L'ENFANT DÉPEND DE SON AGE ET DU LIEU DE
RESIDENCE
La garde de l'enfant au Panjàb revient au père, mais
dans certaines localités la mère peut garder l'enfant de sexe
masculin jusqu'à ses deux ou cinq ans, douze ans pour lenfant
de sexe
féminin3 . Le père accepte de
laisser la garde de l'enfant à la mère seulement s'il vit seul,
car au Panjàb rares sont les hommes qui élèvent seuls
leurs enfants.
Donc, la garde de l'enfant peut dépendre de la situation
personnelle des parents.
§ 2 - LA GARDE DE L'ENFANT DÉPEND
DE LA SITUATION PERSONNELLE ET FINANCIERE DES
PARENTS
Si le père a la garde de l'enfant, celui-ci est en
général élevé par la grand-mère paternelle
ou la tante. S'il vit seul ou se remarie, il accepte volontiers d'accorder
la garde de l'enfant à son ex-femme. En revanche, la femme essaye
à tout prix et dans toutes les circonstances de récupérer
son enfant. Dans certaines familles, elle peut également garder l'enfant
après son remariage mais avec beaucoup de difficultés. La
belle-famille tente de récupérer l'enfant dans ce cas pour
se venger de l'acte de leur ex-belle fille.
Plus le père est influent et riche, plus il luttera pour obtenir
la garde de son enfant fils pour confirmer sa position sociale. S'il échoue
alors qu'il est le chef d'une tribu ou membre d'un Panchayat (Conseil
constitué de personnes sages et influentes qui tranchent les litiges
dans certaines localités), il perd sa dignité et son honneur.
S'il n'a pas réussi à obtenir gain de cause dans le conflit,
comment peut-il régler les problèmes des autres. Pour sauvegarder
leur honneur, certains pères chefs de villages, riches propriétaires
terriens ou hommes politiques n'hésitent pas à enlever l'enfant
si la mère a pu, grâce à l'intervention de la famille
ou du tribunal, obtenir le droit de garde. L'intérêt de l'enfant
entre rarement en ligne de compte lorsque la question du droit de garde est
réglée en dehors des tribunaux.
Les us et coutumes au sein de la société pakistanaise
sont pesants sur la formation, la vie et la dissolution du mariage. Les
conséquences des aspects traditionnels du mariage restent lourdes
à supporter pour les familles des époux.
Le regard de la société semble omniprésent
vis-à-vis des familles des mariés. De plus, on n'hésite
pas à porter des jugements qui peuvent entraîner de lourdes
charges et des conflits irréparables. Le moindre "écart" peut
se répercuter sur la raison d'être d'une famille (déshonneur,
mise en cause de la dignité, prestige affecté...). Pourtant,
ces aspects traditionnels, aussi pesants soient-ils, ne doivent pas faire
oublier l'aspect légal d'un mariage. En effet, comme dans les
sociétés occidentales, la société pakistanaise
s'appuie sur des textes légaux qui fondent le
mariage.
CHAPITRE
II - : ASPECTS LEGAUX DU MARIAGE, DU DIVORCE
ET DU DROIT DE GARDE
Dans cette partie il s'agira de répondre aux questions suivantes
:
·
Comment les réformes de la loi islamique
améliorent le statut et le droit des femmes ?
·
Malgré le rôle primaire
de la femme dans la société patriarcale, la femme a t-elle
les mêmes droits et devoirs juridiques que l'homme devant la loi
?
·
Comment s'appliquent t'ils ?
SECTION I
-
LES SOURCES DU DROIT PAKISTANAIS DE LA
FAMILLE
Les sources qui s'appliquent au droit de la famille sont aussi applicables
à d'autres branches du droit. Il y a des sources invariables comme
les textes issus du
Coran4 et les sources variables qui
sont susceptibles de subir des modifications comme les textes de lois et
ordonnances5 .
§ 1 -LES SOURCES
INVARIABLES
- Le CORAN
Le Coran, livre sacré des musulmans composé de cent
quatorze chapitres ou sourates, chacune divisée en versets, n'est
rien moins qu'un code. En matière de mariage, divorce et héritage,
ses dispositions sont très claires.
Le Coran, a été complété en 23 ans. Les
Sourates parvenaient au prophète Mohammad par l'intermédiaire
de l'ange Gabriel selon les besoins de la société. Les coutumes
néfastes qui existaient avant l'arrivée de l'Islam ont
été graduellement modifiées et remplacées par
la loi divine, (par exemple les boissons alcoolisées, les jeux de
hasard ou paris furent interdits (II:219 et V:94).
Plus
tard il sera prohibé de prier en état d'ivresse car il sera
demandé aux croyants d'être attentifs et de comprendre les paroles
prononcées pendant la prière (IV:43).
Les réformes les plus importantes et fondamentales de la loi
coutumière furent effectuées par le Coran dans le but
d'améliorer le statut de la femme et de la famille dans la
société musulmane. Ces réformes touchent le mariage,
le divorce et l'héritage, par exemple, le Coran ordonne que seule
l'épouse doit recevoir la dot
(mahr) de la part de
son époux, qui la lui donne sans contrepartie (excepté le mariage)
(IV : 4). Ainsi, la femme devient un partenaire légal au contrat de
mariage au lieu d'être un simple objet à vendre. Pour empêcher
l'abus de la règle de polygamie, le nombre d'épouses fut
limité à quatre sous condition pour l'homme d'être
"juste" envers les différentes
épouses et de remplir ses devoirs d'époux équitablement.
Si l'homme ne peut observer cette règle d'équité, il
ne doit garder qu'une seule femme (IV:3 et IV:129).
La succession était régie par des coutumes tribales
qui excluaient les femmes. Le Coran a changé ce système en
définissant les règles de distribution de
l'héritage.
Le Coran est donc une source textuelle fondamentale de la Charia mais
il a été complété au cours des siècles
par les autres sources du droit musulman : la sunna (gestes et dits du
prophète), le qiyas, (formation d'une règle religieuse juridique),
l'ijmaa (accord de tous les
ulémas) etc.
- LA SUNNA
La Sunna ou tradition explique le comportement, les dires, les silences
du prophète Mohammad qui furent promus principes de conduite. Dans
le Coran, il est recommandé aux musulmans d'obéir et suivre
le prophète. L'exemple édifiant qu'avaient donné durant
leur existence les compagnons du Prophète fut exploité aux
mêmes fins complémentaires. Chacune de ces traditions s'appelle
un hadith. Dès le IXème siècle fleurirent de
célèbres recueils de hadiths comme le "Sahi" (authentique)
d'Al Bukhari et le recueil de Muslim .
LE TAFSIR
L'Envoyé et ses compagnons s'étaient en effet exprimés
dans la langue de l'époque qui était à la fois
poétique, réaliste et elliptique. Il a fallu expliquer les
textes (tafsir : explication textuelle).
LE QIYAS
Les controverses des docteurs sur l'emploi restrictif ou extensif
du raisonnement par analogie amenèrent à reconnaître
le qiyas, ou déduction analogique, comme une nouvelle source de droit.
Le qiyas ne revêtira le caractère de la loi que lorsque
l'approbation unanime de la communauté sera prononcée. Seuls
parmi les théologiens juristes, les plus pieux et vertueux seront
qualifiés pour se livrer à l'effort créateur de la future
norme.
L'IJMAA
Source du droit fondée sur le dogme de l'infaillibilité
de la "communauté" musulmane lorsqu'elle est unanime : et par
communauté il faut entendre non le peuple, mais l'ensemble des
théologiens et juristes d'une même
époque.
Une interprétation isolée acquiert force de loi quand
elle obtient l'assentiment de la communauté musulmane, celle-ci,
d'après un hadith, étant incapable de donner son accord
général (ijmaa) à une théorie
erronée.
On peut constater que le Coran et les sources créées
à partir du Coran dominent le droit. Au Pakistan, de nombreuses
réformes ont été établies pour islamiser le droit,
surtout sous Zia. La base du droit pakistanais reste le Coran et le droit
de la famille actuel s'en inspire beaucoup.
§ 2 - LES SOURCES VARIABLES EN MATIERE
DE FORMATION ET DE DISSOLUTION DU MARIAGE ET DE DROIT DE
GARDE
Ces sources sont les suivantes :
- le Guardians and Wards
Act de 1890
Cet acte était une tentative de codification des principes
divergents des différentes écoles de la jurisprudence musulmane
afin d'uniformiser certaines règles. Il réglait également
les conflits d'application entre le Personnal Act et le Guardians and Wards
Act en prévoyant que ce dernier prévalait sur le
premier.
Aujourd'hui, l'Act de 1890 est applicable au droit de garde, ainsi
qu'à la curatelle et à la tutelle, mais en tenant en compte
de la loi personnelle. La loi personnelle est la loi qui est applicable à
la personne sur la base de ses convictions religieuses. Le mineur est
supposé être soumis à la même loi personnelle que
son père.
- le Child Marriages Restraint
Act de 1929
Comme son nom l'indique, cet Act a pour but de limiter les mariages
des enfants. Il fixe l'âge de mariage pour les hommes à 18 ans
et pour les femmes à 16 ans. Il prévoit des sanctions contre
les parents et gardiens qui marieraient les enfants avant leur majorité.
Cependant, les mariages contractés avant les âges limites
fixés par cet acte ne sont pas nuls.
- Dissolution of Muslim
Marriages Act de 1939 (Acte VIII) ou le
D.M.M.A.
Avant cet Act, les femmes musulmanes n'avaient pas le droit légal
de divorcer ; les pratiques coutumières leur refusaient l'accès
à la doctrine de
Khula.
Pour éviter cette situation, un grand nombre de femmes musulmanes
souffrant d'un mauvais mariage se convertirent au christianisme ; cet acte
de conversion dissolvait le mariage automatiquement sur la base de l'apostasie.
Pour empêcher ces conversions, les ulemas se dépêchèrent
de mettre en application l'Act qui prévoyait la possibilité
pour la femme musulmane de divorcer et d'obtenir du tribunal un décret
judiciaire pour dissoudre le mariage. La section 2 de l'Act autorisait une
jeune fille mariée encore mineure par son père ou gardien de
répudier son mari lorsqu'elle serait pubère.
- Muslim Family Laws Ordinance
de 1961 (Acte VIII) ou la M.F.L.O.
Les pressions intempestives des femmes après l'indépendance
amenèrent la commission Rashid à se pencher sur le mariage
et le droit de la famille. Elle avait pour but d'améliorer les droits
de la femme au sein du droit de la famille. La commission présenta
son rapport en 1956, mais c'est seulement cinq ans plus tard que les propositions
prirent la forme de l'ordonnance sur les lois concernant la famille
musulmane.
La M.F.L.O. contient entre autre des dispositions concernant l'âge
légal du mariage, la polygamie, les différentes formes de divorce
offertes à la femme (le Khula
et le
Talaq-e-Tafwid) et la possibilité de les prévoir
dans le
Nikah
Nama (acte de mariage).
SECTION II
- LES DISPOSITIONS
LÉGALES
§1 - LE DIVORCE DANS LES DIFFÉRENTS
TEXTES
- le Child Marriages Restraint Act de
1929
Le Child Marriages Restraint Act de 1929 (Act XIX of 1929) et le Muslim
family Law Ordinance élevèrent l'âge du mariage. Pour
les femmes, il fut fixé à 16 ans et pour les hommes à
18 ans, la puberté étant présumée s'achever à
l'âge de 15 ans. Une jurisprudence (non unanime) dans les cas où
la personne a atteint son âge de puberté ne déclare pas
nuls les mariages et décide que ceux contractés avant l'âge
légal sont valides lorsque les intéressés sont
présumés avoir atteint l'âge de la puberté. Ces
derniers sont considérés comme majeurs par la jurisprudence
musulmane qui les autorise à se marier librement contre le gré
de leurs parents. Au Pakistan, beaucoup de mariages ont lieu avant l'âge
légal, car l'âge est une notion problématique dans ce
pays où l'état civil est un mythe.
Au Panjàb, les jeunes femmes se marient entre 16 et 20 ans
et les hommes entre 22 et 28 ans. C'est la région où la moyenne
d'âge est la plus élevée du Pakistan.
- Dissolution of Muslim Marriages Act de
1939 (Acte VIII)
(D.M.M.A.)
Le D.M.M.A. permet aux femmes musulmanes d'obtenir le divorce judiciaire
lorsque :
- le mari est absent depuis environ 4 ans ;
- le mari ne remplit pas ses obligations liées au mariage depuis
trois ans, c'est-à-dire ne participe pas aux charges du ménage
(la preuve contraire doit être apportée par le mari), ne subvient
pas aux besoins de sa femme, ne se comporte pas de la même façon
avec ses différentes femmes dans le cas où il en aurait plusieurs
;
- le mari s'est remarié sans remplir les conditions exigées
par l'ordonnance de 1961 concernant le droit de la famille
;
- le mari fait objet d'une peine d'emprisonnement égale ou
supérieure à 7 ans ;
- le mari était impotent au moment du mariage et continue à
l'être ;
- le mari souffre d'insanité d'esprit depuis deux ans ou de
lèpre ou d'une maladie vénérienne virulente
;
- le mari se conduit avec sa femme avec cruauté, c'est-à-dire
qu'il est violent (violence physique ou morale) avec elle, la force à
mener une vie immorale. Il porte atteinte à sa réputation en
fréquentant des femmes infâmes ou ayant une mauvaise
réputation. Il l'empêche de pratiquer sa religion, son
activité professionnelle (licite) ou d'exercer ses droits etc.
;
- la femme a été mariée par son père ou
curateur ou tuteur avant l'âge légal du mariage (16 ans) et
veut dissoudre le mariage avant l'âge de 18 ans.
Rares sont les femmes qui ont recours à cet Act, même
s'il est très avantageux pour elle. Il est difficile pour certaines
femmes de saisir le tribunal pour faire prévaloir leurs droits (la
partie II traitera de ce problème). Elles préfèrent
demander le
"Khula",
qui leur en donne la liberté en rendant ou laissant à leurs
maris le montant de la dot et leurs biens
matériels.
La D.M.M.A. et la jurisprudence musulmane prévoient trois autres
formes de divorce qui sont l'Ila , le Zihar et le Li'an, mais il y a très
peu de cas de divorce qui ont lieu sous ces trois catégories. Dans
ces trois cas, la femme doit saisir le tribunal pour dissoudre le mariage.
La dissolution du mariage par Illa a lieu lorsque le mari a fait le
serment depuis environ 4 mois de ne plus avoir de relations sexuelles avec
sa femme.
Dans le Zihar, le mari considère sa femme comme sa mère
ou comme une autre femme de sa famille avec lesquelles il ne peut contracter
légalement un mariage.
On parle de Li'an (imprécation), lorsque le mari accuse sa
femme d'avoir des relations adultérines sous serment. Dans ce cas,
la preuve c'est le serment du mari, et la femme prouve en niant sous serment.
A la suite de cette accusation, la femme est autorisée à demander
le divorce.
Pour obtenir le divorce par voie judiciaire sur la base du D.M.M.A.,
la femme doit apporter la preuve des faits allégués contre
son mari ou avoir suffisamment d'indices permettant de juger l'affaire. Il
ny a pas besoin d'autres preuves apportées par le mari sauf
dans le cas où la cruauté du mari entre en jeu. Les preuves
apportées par le mari, doivent aussi être étudiées.
Les preuves apportées par le père ou le frère de la
femme sont admissibles, mais dans ce domaine la jurisprudence n'est pas
unanime.
La jurisprudence reconnaît aussi l'effet du divorce après
son prononcement et le Président ne peut annuler au motif que le mari
n'a pas envoyé une copie de la notification à son ex-femme.
De plus, la loi personnelle shiite est en contradiction avec la section 7
de la M.F.L.O. qui exige une notification écrite pour
divorcer. En effet, la loi shiite
ne reconnaît pas le divorce par écrit. Pour que le divorce soit
valable, il doit être prononcé oralement en présence
de deux témoins, sauf dans le cas où le mari serait dans
l'incapacité de le faire. Dans ce cas, le divorce écrit est
reconnu valable.
Par contre, le non-respect de la procédure par le mari peut
gravement sanctionner la femme qui n'a aucune preuve de dissolution de son
mariage. Elle peut être accusée par son ex-mari de polygamie.
Cela est considéré comme l'adultère et dont la sanction
peut-être très sévère, allant jusqu'à la
peine de mort. Il est donc nécessaire pour la femme d'obtenir une
preuve de dissolution du mariage.
Lorsque le divorce est prononcé par les Family Courts, l'appel
est possible seulement dans les affaires où les biens (maisons, bijoux...)
de la femme sont possédés par le mari de force, lorsque le
mari empêche la femme d'exercer ses droits et lorsque la demande de
dissolution a été rejetée.
La période d'attente de 90 jours dans le divorce judiciaire
commence à partir du jour où la confirmation du divorce par
la Family Court parvient à son Président.
Le D.M.M.A. et le "Muslim Family Law Ordinance" sont plus avantageux
pour la femme divorcée que pour son ex-mari.
- Muslim Family Laws Ordinance de 1961 (Acte
VIII)
(M.F.L.O.)
Cette ordonnance s'applique sur tout le territoire du Pakistan.
L'ordonnance limite l'âge minimum de mariage pour les femmes
et les hommes. L'âge minimum pour les femmes passe de 14 à 16
ans et pour les hommes de 18 à 21 ans. Sa section 5 stipule l'obligation
de faire enregistrer les mariages au Union Council et d'établir un
contrat de mariage standard.
Il est très important de faire enregistrer le nikah nama (acte
de mariage) pour prouver que le contrat de mariage a bien été
établi. Le nikah nama est la loi qui régit le mariage et peut
résoudre certains conflits nés après l'union si les
époux ont pris la précaution de remplir toutes les clauses
correctement.
Le nikah nama doit être établi en quatre exemplaires
(dont un pour chacun des époux). Il est difficile pour la femme, en
l'absence d'enregistrement et en présence de conflit avec son mari,
de prouver la validité de son mariage, le caractère légitime
de ses enfants, de réclamer la dot, la pension alimentaire ou sa part
d'héritage. L'inobservance de cette condition donne lieu à
trois mois de prison et/ou à une amende de 1.000 Rs ; mais de nombreux
mariages se forment sans écrit et ne sont pas enregistrés.
La jurisprudence ne sanctionne pas systématiquement et déclare
valables les mariages formés oralement et non enregistrés,
mais le juge étudie les affaires au cas par cas, surtout en cas de
doute.
L'ordonnance sauvegarde aussi le droit à la dot de la femme,
qui a le droit d'exiger la totalité du montant en une seule fois ou
en plusieurs fois selon les clauses du Nikah Nama, et elle attribue au Local
Council de régler les conflits en cas de non-respect du devoir de
secours du mari. La pension alimentaire doit être demandée par
voie judiciaire selon Le Code de la Procédure Criminelle (Section
144).
La M.F.L.O. limite la polygamie. Elle impose au mari de demander l'accord
de sa femme pour se remarier et de soumettre sa demande en exposant ses raisons
au Conseil Arbitral ("Arbitration Council"), formé de représentants
de chaque partie et du Président de "l'Union Council" ou d'une personne
désignée par le gouvernement central. Le Président,
dés réception de la demande de l'autorisation de mariage, offre
la possibilité au demandeur ainsi qu'à sa ou à ses femmes
de choisir dans un délai de sept jours des représentants qui
vont prendre avec lui une décision. Le Conseil autorise le remariage
que lorsqu'il juge nécessaire . Si le mari contracte un tel mariage
il doit payer la dot immédiatement à sa première
épouse. Et s'il se remarie sans le consentement de sa femme ou du
conseil (qui prend toutes ses décisions à la majorité
des voix, la décision prenant la forme d'un écrit signé
par le président et des exemplaires étant remis aux partis
concernées), il peut être sanctionné par un an de prison
ou une amende de 5 000 Rupies ; mais le mariage contracté sans
autorisation est valide.
En ce qui concerne l'obtention du divorce, le mari doit envoyer une
notification écrite au Président du Local Council du lieu où
la femme résidait au moment où le talaq a été
prononcé, du lieu où elle a vécu le plus avec son mari
ou du lieu où la femme réside au moment de la notification,
et aussi une copie à sa femme. Sous Ayub Khan la notification était
adressée au Chairman of Basic Democracy. A partir de la notification
commence le délai de 90 jours, durant lequel l'Arbitration Council
essaye de réconcilier les conjoints. S'il échoue, le divorce
devient effectif à la fin des 90 jours ou, si la femme est enceinte,
après l'accouchement. Après que le divorce est effectif, la
femme ne peut se remarier avec son ex-mari, sauf si elle fait un mariage
intermédiaire avec un autre homme qui lui aussi divorce d'elle. S'il
y a réconciliation, le mari révoque la
notification.
La jurisprudence musulmane prévoit deux catégories de
divorce :
- divorce sur linitiative de l'un des
époux,
- divorce par consentement mutuel.
La prérogative reconnue à un homme musulman de mettre
fin à son contrat de mariage sans motif est connue sous le nom de
talaq. Talaq vient du mot tallaka qui signifie libérer quelqu'un de
toute obligation qui lui incombe. C'est le droit pour le mari de répudier
sa femme par le prononcement de certaines formules qui sont diverses et
variées (exemple : "je te répudie", "tu es haràm (interdite)
pour moi", "je te libère" etc.).
Il y a trois formes de Talaq qui sont reconnues par les différentes
écoles de jurisprudence Musulmane et l'ordonnance de 1961 qui sont
:
- le Talaq-i-ahsan
: le mari prononce une formule de divorce une seule fois durant la période
où la femme est pure, et durant la période d'iddat (d'attente)
il ne doit pas y avoir de relations sexuelles pour la validité du
Talaq;
- le Talaq-i-hasan
: le mari prononce une formule trois fois mais durant trois périodes
différentes où la femme est pure. L'absence de relations sexuelles
durant les trois périodes est exigée pour la validité
du talaq ;
Les coutumes régionales permettent au mari de divorcer grâce
aux différentes formules ("je te libère", "Tu es devenue haram
(interdite) pour moi" etc.) prononcées en une seule fois. Cependant
l'Islam insiste sur le fait que le talaq (divorce) soit prononcé trois
fois, mais aux trois moments différents. Ce qui permet au mari de
revenir sur sa décision s'il a prononcé qu'une ou deux
fois.
Anis Ahmad, un chercheur à l'INSTITUT OF POLICY STUDIES" à
Islamabad écrit dans son livre "WOMEN AND SOCIAL JUSTICE" que la coutume
de prononcer trois talaq en une seule fois n'est pas islamique, et pour limiter
son usage ou pour la faire disparaître, il faudrait que le
législateur :
- fixe des peines et amendes à l'encontre des personnes qui
utilisent ce procédé pour divorcer (comme c'était le
cas au temps du Caliphe Umar) ;
- permette aux femmes de poursuivre leurs maris pour obtenir des dommages
et intérêts (la loi fixerait le montant minimum de ces dommages
et intérêts qui pourraient être 2/3 de la dot ou un montant
suffisant pour que la femme divorcée vive confortablement pendant
au moins les quatre premiers mois du divorce selon la situation financière
du mari).
Il désire aussi que des films documentaires et programmes
télévisuels n'excédant pas 10 minutes soient
réalisés pour montrer aux gens que la charia n'approuve pas
que la répudiation soit faite en une seule fois.
Selon lui, cela permettrait aux gens de prendre conscience de leur
acte soit parce qu'ils auront peur des sanctions, soit d'eux-mêmes,
et diminuerait encore plus le taux divorce au Pakistan.
-
Talaq-i-tafwid6 (divorce contractuel ou par délégation)
:
Ce procédé est prévu par la Section 8 de la Muslim
Family Laws Ordinance de 1961 et sous la rubrique numéro 18 du contrat
de mariage. Le mari volontairement ou à la demande de sa femme, peut
insérer une clause dans le Nikahnama stipulant qu'il délègue
à sa femme ou à une tierce personne son droit de divorcer pour
une durée déterminée ou indéterminée.
Cette clause permet à la femme de divorcer sans recourir au tribunal,
mais elle doit tout de même notifier par écrit sa demande au
Président du Local Council.
Les conditions de délégation peuvent varier selon les
personnes. Par exemple, un homme peut la reconnaître à sa femme
en contrepartie du non-paiement de la dot ou dans le cas où il ne
serait pas capable de contribuer aux charges du ménage et de subvenir
à ses besoins. Les tribunaux acceptent la demande de la femme que
si les deux conditions sont réunies, c'est-à-dire le non-paiement
de la dot et l'incapacité de subvenir aux besoins de l'épouse.
Le mari ne peut faire appel contre le jugement qui dissout définitivement
le mariage, sauf si la femme a tout fait pour empêcher le mari de remplir
ses devoirs en quittant le domicile conjugal et refusant de revenir sans
raison. En pratique, la rubrique numéro 18 est presque toujours
rayée et ignorée au moment de la signature du contrat de mariage.
Depuis 1947, seulement une douzaine de divorce ont été obtenus
sur la base de talaq-i-tafwid.
Dans les années 1985, les tribunaux ont déclaré
illégal le refus du Président de l'Union Council de tenir compte
la notification de divorce envoyée par une femme ayant eu dans son
nikah nama la délégation du pouvoir de divorce (affaire Caroline
Rehman contre la Chairman Union Council, 1985). Ce droit a été
reconnu alors que l'affaire concernait une femme non musulmane (chrétienne)
mariée à un musulman.
L'ordonnance permet aussi de divorcer par consentement mutuel
(mubara'at).
Dans ce cas aussi, le Président du Local Council doit être averti.
Si les époux ne font pas cette démarche pour enregistrer le
divorce, celui-ci ne sera pas opposable aux tribunaux.
Ce divorce est prévu par la Section 8 de la M.F.L.O. et comme
son nom l'indique, il faut le consentement des deux époux. Mais il
suffit que l'un des époux ou les deux ensemble envoient la notification
au Président de l'Union Council, et lorsque le délai d'attente
est achevé celui-ci délivre aux époux un acte de
divorce.
La femme peut poser ou non des conditions. Donc ce divorce peut-être
sous conditions ou non, mais il est irrévocable.
Dans ce divorce la femme doit observer une période d'attente
et le mari est tenu de subvenir à ses besoins pendant cette
période.
Le Khula
La dissolution du mariage par Khula est prévue à la
section 8 du M.F.L.O. qui permet à la femme de prendre
l'initiative en saisissant le
Family Court qui rend un décret et envoie la notification à
l'Union Council. Ce dernier réunit dans les 30 jours le Conseil arbitral
et délivre ensuite l'acte de divorce aux époux après
le délai de viduité.
La jurisprudence définit le Khula ( libérer, enlever,
quitter ou ôter, par exemple comme ôter un vêtement de
son corps) comme un renoncement par le mari à son droit et autorité
sur la femme en contrepartie de quelque chose.
Le Khula trouve sa source dans le Coran
(Surah Al-Baqra, verset 229)
qui dit que le divorce est permis deux fois. Après cela, les parties
doivent se remettre ensemble ou se séparer. Il n'est pas légal
pour les hommes de reprendre les donations faites à leurs femmes...
mais il ny a pas de blâme si elles donnent quelque chose en
échange de leur liberté.
Le Khula a lieu lorsque la femme ne peut vivre en harmonie avec son
mari et qu'elle prend l'initiative de dissoudre le mariage en renonçant
à sa dot et aux biens matériels offerts par le mari. Le Khula
ne peut être obtenu unilatéralement : il faut le consentement
du mari. Mais la jurisprudence, se basant sur les affaires traitées
par le Prophète à son époque, estime que la seule condition
pour le Khula est, pour la femme, de renoncer aux bénéfices
matériels offerts par le mari au moment du
mariage.
S'il y a consentement mutuel des époux, l'intervention judiciaire
n'est pas nécessaire. Si le mari refuse de consentir, le juge peut
ordonner la dissolution après avoir examiner l'affaire. Il faut que
la femme prouve que son mari la rejette, la déteste, l'humilie ou
l'injurie continuellement : il ne lui est alors pas possible de vivre avec
lui, car elle subit de ce fait un préjudice mental. Il y a donc
dissolution du mariage et la femme doit observer l'iddat.
Le Khula est la forme la plus utilisée par les femmes au Pakistan,
car la procédure est simple. Mais elles perdent, pour certaines, le
droit de vivre correctement après le divorce en renonçant aux
biens matériels.
La jurisprudence (affaire Khurshid Bibi contre Mohammad Amin) et la
doctrine définissent le Khula comme
un droit de la femme. Pour faire
prévaloir ce droit, la femme doit prouver qu'elle ne peut plus vivre
dans une atmosphère de haine avec son mari (elle n'éprouve
plus de sentiments pour lui). Il est stipulé dans le verset 2 : 228
du Coran que les femmes ont les même droits contre les hommes que ceux
qu'ils ont contre les femmes. Cela confère le droit du Khula aux femmes
comme l'homme a le droit de Talak. Cela restreint l'abus de pouvoir qui est
accordé aux hommes par le biais du Talak, permet de régler
le conflit entre la femme et le mari et confère le droit aux femmes
de demander la dissolution de leur mariage devant le Qazi. Le succès
du droit dépend de la décision de ce dernier. Le Coran est
clairement en faveur de la liberté de la femme lorsque le mariage
ne peut plus répondre à ses objectifs qui sont : le Sukun
(tranquillité ou paix dans tous les sens du terme), le Mohabbat (l'amour)
et enfin le Rehmat (la compassion), spécifiés dans le Coran
Verset 21 Chapitre 30. Si ces objectifs ne peuvent être atteints, il
est préférable dans ces cas que le mariage qui maintient des
liens forcés soit dissout.
Selon la jurisprudence, si la femme n'arrive pas à prouver,
sa demande n'est pas rejetée pour défaut de cause. Par exemple,
dans l'affaire Nazran Bibi contre Mohammad Roshan, 1984, la Cour d'appel
accorde le Khula à la femme (alors que les juges du première
instance avaient jugé que la preuve n'était pas rapportée)
au motif que la femme accuse son mari d'avoir des relations illégitimes
avec la femme de son frère. Ce qui prouve la relation difficile entre
les époux qui ne peuvent vivre ensemble.
En étudiant certains arrêts, on a l'impression que les
juges accordent le Khula assez facilement (sauf dans le cas ou la femme demande
le khula pour cause immorale). Ils respectent la volonté des époux,
c'est-à-dire que dans leur décision ils font référence
au fait que les parties sont les meilleurs juges pour décider de la
fin de leurs relations. Le fait que la femme saisisse le tribunal, après
avoir tenté de se réconcilier avec son mari, démontre
bien son intention de dissoudre le mariage et de ne plus continuer à
vivre avec son mari.
Si le Family Court ou le District Court refusent d'accorder le Khula
à la femme, cela signifie qu'ils l'obligent à vivre contre
son gré avec son mari. Elle est forcée de maintenir le lien
de mariage dans des conditions difficiles. C'est pourquoi la femme peut faire
appel devant le High Court.
On constate donc que les règles de preuve ne sont pas strictes
en matière de Khula. De plus, la loi permet à la femme qui
observe le purdah (qui ne sort pas dévoilée) ou qui ne peut
se présenter pour différentes raisons à la Family Court
(tribunal des affaires familiales) de donner une procuration à une
personne pour se faire représenter.
Lorsque le Khula a lieu avec le consentement des deux époux,
il n'est pas révocable, selon la section 8 de la M.F.L.O. Mais ils
peuvent se remarier l'un avec l'autre sans qu'il y ait un mariage
intermédiaire (halala), c'est-à-dire sans que la femme ait
besoin de se remarier avec quelqu'un d'autre et d'obtenir de lui le
divorce.
Il est vrai que le Khula permet à la femme de se débarrasser
d'un mari brutal, violent ou infidèle, mais elle paye parfois cher
pour obtenir cette liberté. Elle accepte ou est obligée d'accepter
de laisser ses biens matériels pour acheter son indépendance.
On dit qu'elle paye une indemnité compensatoire pour le Khula
(zar-i-khula). En général, elle laisse à son mari la
dot qu'il na pas payée ou rend s'il a déjà payé,
avec les libéralités et donations qu'il lui a consenties (elle
n'est pas obligée de rendre les bijoux). Dans certains cas, la femme
peut conserver les libéralités et donations qui lui ont
été consenties, par exemple en contrepartie de sa participation
à la vie familiale (affaire M. Saqlain Zaheer vs. Zaibun Nisa, 1988
MLD 427). Un écrit peut aussi prévoir le paiement d'une somme
supplémentaire. Le montant de la somme à payer pour la
libération, peut varier d'une affaire à l'autre. La cour peut
décider que la femme paye une somme modique ou symbolique. Si la femme
ne paie pas spontanément et que le mari ne fasse pas une demande
écrite pour obtenir le zar-i-Khula ni n'en fasse mention dans l'affaire
ou devant la Cour pour l'obtenir, il ne peut le réclamer plus tard
et soutenir que le Khula n'est pas valable.
L'apostasie ou le rejet par l'un des époux de sa religion initiale
peut donner lieu au divorce. Selon une jurisprudence musulmane constante,
si une femme mariée se convertit à l'Islam dans un pays islamique,
son mariage avec un non-musulman sera dissout automatiquement et elle pourra
se marier sans observer la période de
viduité.
La jurisprudence permet aussi à la femme de saisir le qazi
pour dissoudre le mariage dans les cas où le mari est impotent, souffre
d'insanité d'esprit, est en prison, ne contribue pas aux charges du
mariage ou ne remplit les autres obligations liées au mariage depuis
quatre ans.
En ce qui concerne la procédure de divorce, l'ordonnance stipule
que tout homme qui désire divorcer d'avec sa femme doit dans les meilleurs
délais, après le prononcement du talaq, quelle que soit sa
forme, donner au Président du Local Union Council une notification
écrite dans laquelle la personne attestant qu'il a divorcé.
L'Union Council envoie une copie à la femme à l'adresse
précisée par le mari dans sa notification. L'Union Council
constitue un conseil arbitral composé du Président de l'Union
Council, des représentants de la femme et des représentants
du mari dans les 30 jours de la réception de la notification. Le talaq
n'est effectif qu'après l'expiration de 90 jours à partir de
la date de la remise de la notification au Président ou si la femme
est enceinte après l'accouchement. L'homme doit respecter cette
période et ne doit pas se marier avant la fin de la période
d'attente de son ex-femme. Le mariage contracté par lui pendant cette
période est considéré comme irrégulier mais non
nul. Après la période de viduité, l'Union Council
délivre un acte de divorce à l'homme et à la femme.
Le non-respect de la procédure peut donner lieu à un
an d'emprisonnement (ou plus) et/ou 5. 000 Rs d'amende.
On constate que la loi prévoit une procédure de divorce
mais le non-respect de la procédure par le mari n'est pas gravement
sanctionné, car l'homme qui se remarie pendant la période d'attente
de sa femme ne voit pas son mariage annulé. La jurisprudence admet
aussi la validité du talaq lorsque la notification du divorce au
Président de l'Union Council est tardive (après les 7 jours
prévus par l'ordonnance).
Bien que cette ordonnance procurait de nombreux droits à la
femme, elle fut attaquée par les Ulemas qui la déclarèrent
non-islamique. Les leaders religieux s'y opposèrent fortement l'estimant
trop libérale et portant atteinte au Coran (le nombre de mariage
autorisé par le Coran est de quatre et l'ordonnance rend difficile
la polygamie, l'âge minimum est trop élevé). Pour faire
connaître leur position ils firent des sermons à travers tout
le pays.
Même après sa promulgation, toutes les dispositions de
l'ordonnance ne furent pas tout à fait appliquées. En pratique,
on les ignore encore, par exemple lors du mariage, le contrat de mariage
rempli par le maulvi qui célèbre la cérémonie
et les hommes des familles n'est pas toujours correctement et intégralement
rempli (sauf si le père ou les frères de la femme sont très
éduqués et font attention à ce que toutes les clauses
qui lui sont favorables et qui sont autorisées par le droit ne soient
pas oubliées dans le contrat) ; la femme qui signe le Nikah Nama appose
souvent sa signature sans le lire, ce qui fait que beaucoup de cases et lignes
restent blanches et ce qui pose des problèmes lors du
divorce.
Cette ordonnance de 1967 symbolise la victoire juridique des femmes
qui ont réussi à l'époque à obtenir certain droits
leur permettant de vivre mieux dans la société, même
si la libéralisation sous Ayub Khan n'a pas changé l'attitude
de la société envers les femmes.
§ 2 - LE DROIT APPLIQUE AU DROIT DE
GARDE
C'est le Guardians and Wards Act VIII de 1890 qui est applicable en
matière de droit de garde. La section 4 de l'acte définit le
gardien comme une personne ayant le soin de la personne du mineur ou de ses
biens ou des deux à la fois. Selon la jurisprudence musulmane, la
garde de l'enfant est accordé à la mère à partir
d'un certain âge alors que le père est le gardien
naturel.
Les principes du droit de garde
sous la loi Hanafi.
Sous la loi hanafite Sunnite, la mère a un droit de
garde préférentiel
de son enfant de sexe masculin
jusqu'à ses sept ans, et de sexe féminin jusqu'à sa
puberté. Après cela, la garde revient au père, mais
il y a des opinions divergentes.
Sous la loi shiite, la mère a le droit de garde de son fils
jusqu'à ses deux ans et de sa fille jusqu'à ses sept ans.
Après, la garde revient
au père.
Lorsque l'enfant atteint l'âge où le père doit
reprendre la garde, il ne rejoint pas son père automatiquement. En
effet, il faut que le père ou ses proches (autorisés à
avoir la garde par la loi) fassent une demande au tribunal. La garde sera
accordée seulement après vérification de
l'intérêt de l'enfant. Le juge prend en compte dans la notion
d'intérêt de l'enfant les éléments qui sont liés
à son évolution et à son bien être matériel,
intellectuel, moral et spirituel, et la capacité physique et le
caractère du père. Si l'intérêt de l'enfant l'exige,
l'accord signé entre les parents prévoyant la garde peut être
ignoré. Le Guardians and Wards Act prévoit la liste des
éléments qui doivent entrer dans la
notion de l'intérêt
de l'enfant et qui sont les suivants :
- l'âge, le sexe et la religion du mineur. La religion dans
laquelle l'enfant va grandir est très importante pour son évolution.
Il y a conflit lorsque l'un des parents est non-musulman. Le mineur dont
le père est musulman est considéré comme musulman et
se voit appliquer la loi musulmane jusqu'à l'âge de sa puberté
et toute sa vie s'il ne renie pas la religion musulmane. Il est confié
de préférence au père ou à un membre de sa famille.
Mais la mère musulmane mariée à un non-musulman n'obtient
pas toujours la garde grâce à sa religion. La garde peut être
accordée au père non musulman ou à un membre de sa famille.
On constate que la religion du père prédomine
;
- le caractère, la capacité et la relation avec l'enfant
de celui qui demande la garde du mineur ;
- le souhait et la préférence de l'enfant. Si le mineur
et assez âgé pour formuler une demande d'attribution de la garde
envers son père, sa mère, ou ses proches, le juge doit tenir
compte de sa demande et ne doit pas déclarer une personne gardien
en l'absence de sa volonté. On considère que l'enfant et assez
âgé et intelligent pour faire un choix à l'âge
de 9 ans ( affaire Habiban contre Riaz Ahmad, 1989) ;
La doctrine est favorable pour accorder la garde de l'enfant mineur
à la mère et aux femmes proches de la mère. En effet,
le juge accorderait la garde de lenfant de préférence
aux femmes de la famille plutôt quaux hommes.
La jurisprudence constate que l'intérêt de l'enfant est
de vivre avec sa mère et rien ne peut remplacer l'affection et l'amour
maternels. La relation mère-enfant est supérieure aux relations
que peut avoir un enfant s'il est confié à quelqu'un d'autre
que sa mère. Mais on considère aussi que le père est
le gardien légal par nature de l'enfant. Pour concilier les deux principes
les Cours apprécient les affaires au cas par cas, selon les circonstances.
Par exemple, si le père s'est remarié et a des enfants avec
sa seconde épouse, le tribunal estime que ce n'est pas dans
l'intérêt de l'enfant de vivre avec le père et accorde
la garde à la mère.
La mère se voit refuser ou retirer la garde de l'enfant lorsqu'elle
quitte la religion musulmane (jurisprudence musulmane traditionnelle mais
non acceptée par tous). On avait déjà vu sous la
législation britannique l'intervention de Caste Disabilities Removal
Act XXXI de 1850 qui, à l'époque, était venu régler
les conflits créés par la conversion d'un époux au
christianisme ou à une autre religion, par sa vie immorale, ses
négligences dans l'éducation de son enfant et son remariage
après son divorce avec une personne étrangère. En effet,
la tradition estime qu'il est préférable que la mère
se remarie avec quelqu'un de proche de l'enfant, par exemple le frère
de son mari. On pense que celui-ci aura un comportement plus favorable envers
l'enfant et le traitera mieux que quelqu'un de totalement
étranger.
Le remariage de la mère n'est pas un élément
décisif de rejet de sa demande de droit de garde ou de retrait si
elle l'avait obtenu. D'autres éléments interviennent dans la
décision, comme l'intérêt de l'enfant, les conditions
dans lesquelles vit le père, l'impossibilité d'accorder la
garde de l'enfant au père à cause de l'âge ou de
l'incapacité physique. La grand-mère maternelle est
préférée après le père et obtient souvent
la garde après le remariage des deux parents. La jurisprudence admet
que le retrait ou le rejet de la garde n'est pas définitif. La femme
qui se remarie peut récupérer son enfant mineur après
avoir divorcé d'avec son deuxième mari (affaire Rafiqan contre
Jalal Din -1983).
Selon la jurisprudence le père aussi peut se voir refuser ou
retirer la garde de l'enfant dans les mêmes cas que la mère,
surtout lorsqu'il montre son désintérêt envers l'enfant
depuis son divorce et qu'il ne fait pas la demande pour le récupérer
après le remariage de son ex-femme dans un délai raisonnable.
Dans ce cas, il est présumé avoir abandonné son droit
de garde.
Lorsque la mère se voit refuser la garde de ses enfants, celle-ci revient :
- à l'arrière-grand-mère ou à la
grand-mère maternelle,
- à l'arrière-grand-mère ou à la
grand-mère paternelle,
- à la sur, belle-sur ou demi-sur de la
mère ou leurs filles,
- à la tante maternelle ou paternelle.
Lorsquil n'y a pas de proches de la mère, la garde
va :
-
au père ou au
grand-père,
- au frère ou demi-frère ou au
neveu.
La garde du mineur va, en l'absence de proches, à une personne
appropriée désignée par le mineur.
L'attribution de la garde de l'enfant peut varier selon la
loi coutumière
régionale, qui préfère confier la garde au père.
Le père reste le gardien légal de l'enfant même si la
mère en a le droit de garde. Le père est considéré
comme responsable de l'enfant. En général, la garde est
accordée selon l'intérêt de l'enfant et ce dernier n'est
pas obligé de vivre au lieu de résidence de celui qui le
garde.
Une bonne situation financière de la mère peut être
un point positif pour avoir la garde car elle peut prouver qu'elle pourra
élever mieux son enfant, lui procurer une meilleure éducation,
et des meilleure conditions de vie. Par contre, si sa situation financière
est mauvaise, elle n'est pas automatiquement exclue du droit de garde. Il
en est de même lorsqu'elle n'est pas en bonne santé ou
fragile.
C'est souvent le père qui obtient la garde des
jeunes enfant alors que la loi
a prévu des catégories d'âge pour accorder la garde.
Lorsque la mère obtient la garde, le père a un droit de
contrôle. Donc la femme a un droit de garde qui dépend du mari
. Si elle veut une garde indépendante du mari, il faut qu'elle vive
éloignée de lui, mais le mari qui n'aura pas dans ce cas facilement
un droit de contrôle demandera à récupérer les
enfants.
Le parent ou les parents dans le cas ou la garde est accordée
à quelqu'un d'autre, ont un droit de visite dans l'intérêt
de l'enfant qui a besoin de voir le plus souvent les deux parents pour vivre
dans de bonnes conditions.
En ce qui concerne la pension, pendant le temps ou l'enfant est sous
la garde de la mère, le père se doit de participer aux
dépenses d'éducation de l'enfant. Le montant de la pension
alimentaire est calculé selon la situation financière des
époux.
Les dispositions légales du mariage présentent des avantages
intéressants pour les femmes au Pakistan. Ce qui rend les contrats
de mariage très intéressants pour elles. En effet, certaines
clauses ont tendance à les avantager dans le recours au divorce sans
conséquences (talaq-i-tafwid : divorce contractuel ou par
délégation).
Armée de ces droits, la femme pakistanaise en instance de
séparation devrait pouvoir obtenir gain de cause sans problèmes
majeurs.
Qu'en est-il exactement ?
Comment cela se passe t'il ?
Y a-t'il des freins ? Lesquels ?
PARTIE 2
DANS
LA SOCIETE DU
PANJAB
Comment les victimes du divorce saisissent les tribunaux pour faire
appliquer leurs droits ?
Dans une société qui hésite encore à parler
de ce problème ouvertement et rejette les personnes divorcées,
les victimes connaissent-elles leurs droits ?
Dans un pays et dans une région où l'éducation
progresse mais n'est pas généralisée, quelles sont les
raisons qui empêchent
les femmes de faire leurs démarches pour obtenir gain de cause
?
LES PROBLEMES
LIES A L'APPLICATION DU DROIT DE DIVORCE DANS LE PANJAB
CONTEMPORAIN
CHAPITRE
I - L'APPLICATION DU DROIT DE DIVORCE PAR
LES INSTANCES
JURIDIQUES
La facilité apparente de procéder au divorce est freinée
par les réticences de la société et les rapports des
personnes avec la justice. On ne fait appel à la justice que lorsqu'il
n'y a plus de terrain d'entente possible et lorsqu'on a épuisé
toute autre solution. La justice est vue comme une institution qui condamne
les voleurs, les escrocs et les criminels, elle rend publique une affaire
alors que les affaires concernant la famille sont strictement personnelles.
Les problèmes concernant la vie privée ne doivent pas être
divulgués, rendues publiques et sortir du cercle familial sous peine
de perte de la dignité, du prestige ou de l'honneur des
intéressés et de leur famille.
SECTION
I - LES FREINS A L'APPLICATION DU DROIT LIES A LA LOI ET A LA JUSTICE
ELLE-MEME
Les justiciables connaissent très mal la justice, son
fonctionnement et la loi. Ils ont une fausse et une mauvaise image des
juridictions et de leurs personnels, qui les empêchent de recourir
à ces institutions pour résoudre les conflits de
famille.
§
1 - LA MAUVAISE IMAGE DES INSTANCES JURIDIQUES FREINE LA
SAISINE
La société pakistanaise a toujours eu peur de la justice,
qui paraît être une institution qu'on ne peut atteindre. Elle
n'est pas proche des gens, elle n'est pas à la portée de tous
et à l'écoute de tout le monde, car très onéreuse.
Elle est lente et surtout corrompue et "aveugle".
"Corrompue",
à
cause de son personnel qui n'engendre pas la confiance. Les officiers de
police judiciaire, les greffiers, les avocats, les juges ne travaillent pas
pour l'intérêt de la justice mais pour leurs propres
intérêts. Cette image sans être exacte, n'est pas tout
à fait fausse non plus. Même si tout le personnel n'est pas
touché par ce système, la corruption existe à tous les
échelons. Dans les cas d'affaires importantes et sensibles impliquant
des personnalités hauts placées, connues ou influentes et quand
l'enjeu financier est considérable, le juge peut-être impliqué
directement ou indirectement dans des affaires de corruption. Il faut verser
une somme d'argent au personnel de la justice à tous les stades du
procès pour que l'affaire soit enregistrée, entendue et que
les parties obtiennent une copie du jugement. Le gouvernement essaie de lutter
activement contre ce "fléau" qui repousse les
justiciables.
"Aveugle",
car
elle ne sait pas faire la différence entre un coupable et une victime,
et n'effectue pas les recherches nécessaires pour trouver le réel
fautif. Les coupables sont très souvent acquittés et non
sanctionnés, et les victimes non indemnisées. Selon le droit,
les
lois1 doivent être appliquées sans exception
(aussi bien aux riches qu'aux pauvres) et non pas seulement pour satisfaire
l'intérêt de certaines classes sociales ou certaines
catégories de personnes. Même certains juges estiment que le
droit et la loi ne servent qu'à remplir les pages blanches des codes
ou manuels de droit. Les décisions de justice ne sont pas
respectées, peu de décisions sont exécutées et
les personnes ayant un poste important pensent que leur position les autorise
à violer les lois.
"Onéreuse", car n'étant pas gratuite
et n'ayant aucun système d'aide juridictionnelle. Le système
judiciaire actuel ne permet pas aux justiciables de faire valoir leurs droits.
Les honoraires des avocats sont très élevés par rapport
à un salaire moyen (environ 3000 Rs par mois). Seules les personnes
aisées peuvent se permettre de recourir à la justice. Pour
les affaires graves et financièrement importantes (meurtres,
héritage, cas où une importante somme est en jeu), on osera
porter plainte ou saisir le tribunal, mais pour les petits délits
(vols de sac à main par exemple) on évitera de le faire, car
les démarches sont compliquées et coûteuses par rapport
à l'importance de l'affaire (dans certains commissariats de police,
il faut attendre des heures, expliquer l'affaire à chacun des officiers
présents et parfois payer pour enregistrer la plainte). En ce qui
concerne les affaires familiales, on s'abstient souvent pour ne pas faire
de scandale, pour préserver l'image de la famille et ainsi sauvegarder
sa dignité et son
honneur.
"Lente",
car il peut falloir des années avant qu'une affaire ne soit jugée
définitivement. Il faut être patient et riche pour pouvoir attendre
la décision finale.
Ce n'est pas seulement parce que la justice n'inspire pas toujours confiance
ou par manque de moyens financiers qu'on ne la saisit pas
; la véritable raison,
c'est que les justiciables ignorent leurs droits et la procédure à
suivre pour défendre leur cause.
§
2 - L'IGNORANCE DU DROIT FREINE LA SAISINE DES INSTANCES JURIDIQUES
Comme l'éducation n'est pas encore généralisée,
tout le monde ne connaît pas toujours ses droits, surtout en matière
de droit de la famille. En ce qui concerne l'alphabétisation, le Pakistan
se trouve au 159 ème rang mondial sur 174 pays. Le pourcentage d'enfants
inscrit à l'école primaire est de 75 %. Le budget de l'Education
Nationale est de 2,7 % du P.N.B. Au niveau national, 27 % de femmes en moyenne
savent lire et dans certaines régions le pourcentage n'est que de
2%.2
Généralement, quand une femme se marie, elle ignore les conditions qu'elle peut faire insérer dans son acte de mariage pour assurer son avenir. Si elle divorce, elle ne sait si elle peut obtenir une indemnité, une pension ou la garde de son ou ses enfants. Cela est dû au manque d'éducation, mais aussi et surtout à l'absence de campagnes de la part des autorités pour informer la population sur ses droits fondamentaux. Le nombre très restreint de magazines, de journaux, revues accessibles à tous ou d'émissions télévisées, ne permet pas d'informer convenablement les gens sur leurs droits. Certaines associations luttent pour défendre les intérêts de la femme et quelques séries télévisées c'est-à-dire les "Dramas", évoquent parfois les problèmes de société, montrent le statut de la femme divorcée, les conséquences liées aux mariages ou aux divorces, mais rentrent rarement dans les détails juridiques (ne montrent pas des personnes dans un tribunal en train de réclamer la garde de l'enfant par exemple, comme il est montré dans certaines séries américaines).
Aujourd'hui, le nombre de femmes et d'hommes qui font des études
est plus élevé qu'il y a quelques années, car les
mentalités ont changé. Mais on trouve encore des villages dans
le Panjàb (et dans d'autres régions du Pakistan) où
les écoles n'existent pas et où il est impossible pour la
population de connaître ses droits et de faire les démarches
juridiques nécessaires, notamment à cause de
l'analphabétisme.
Dans certains villages, seules quelques écoles primaires existent
et les enfants doivent partir dans un autre village ou une autre ville pour
poursuivre leurs études supérieures. Les parents de jeunes
filles hésitent à les envoyer seules dans ces écoles
et préfèrent plutôt les marier. Le mariage dans ces
conditions est un peu une obligation pour ces jeunes filles, qui n'ont d'autre
issue que d'accomplir des tâches ménagères en restant
chez leurs parents. Souvent, ce genre de mariage peut être une cause
de divorce, car la très jeune mariée peut constater quelque
temps après que ce n'est pas un mari ou un mariage comme celui-ci
qu'elle aurait voulu avoir, ou qu'elle préférerait une autre
vie. En se posant des questions sur son mariage et ses conditions de vie,
elle peut être amenée à penser à se séparer
de son mari ou à divorcer.
Il arrive aussi que des filles peu instruites se marient avec des garçons très instruits et cultivés et vice-versa, ce qui peu créer un climat de désaccord et de mésentente obligeant les conjoints à divorcer. Dans ce cas, même si au moins un des époux connaît le droit appliqué en la matière, ils préférèrent ne pas recourir à la justice et se soumettre aux règles qu'imposent la tradition et la coutume
La
tradition ou la coutume c'est la règle, la norme imposée par
la société construite à partir des usages qui gouverne
la vie pakistanaise. Violer la tradition signifie sortir de la norme sociale
et refuser de vivre comme les autres. On peut choisir de sortir volontairement
ou être rejeté de la société en n'obéissant
plus à ses règles.
La tradition veut que les problèmes conjugaux relèvent
du domaine privé, les différends devant se résoudre
dans le cadre familial avant tout. C'est pourquoi au Panjàb, on
préfère recourir aux procédures de conciliation
extrajudiciaires, sinon les pressions familiales sont telles qu'on est de
toute façon souvent obligée de l'accepter.
SECTION
II : LES FREINS LIES A LA TRADITION ET A LA PRESSION
FAMILIALE
La tradition et la famille imposent l'application de la procédure de conciliation extrajudiciaire pour résoudre les conflits concernant la vie privée comme le divorce.
§
1 - LA PROCEDURE DE CONCILIATION
EXTRAJUDICIAIRE IMPOSEE PAR
LA TRADITION
La famille se trouve être le recours tout naturel et premier. La
justice est saisie lorsque les proches n'ont pu jouer leur rôle d'arbitre.
Au Panjàb, lorsque les problèmes liés au mariage
surviennent, plusieurs stades interviennent avant que le conflit soit
résolu définitivement ou soit présenté devant
le tribunal. Les époux essaient d'abord de trouver une solution par
eux-mêmes. Si le conflit subsiste les parents du mari et ses proches
interviennent, et si aucun
résultat positif n'est obtenu, les époux décident de
vivre séparément, car la femme préférera toujours
partir plutôt que de divorcer, pour sauvegarder son honneur et celui
de sa famille, même si elle doit vivre pendant des années loin
de son mari. La femme dans ce cas rentre souvent chez ses parents ou ses
proches. Ses parents prennent alors contact avec les parents de son mari
et discutent du retour de leur fille au sein de la famille. En
général les familles vont tout faire pour que, dès cette
première rencontre, les époux se réconcilient. S'ils
échouent, une deuxième réunion aura lieu, mais cette
fois si en présence des membres les plus respectés de la famille,
qui sont souvent les plus âgés et les plus sages. Dans cette
réunion d'hommes, la femme est rarement présente et ce sont
les membres de sa famille qui font office d'avocats.
Les sages peuvent négocier la réconciliation et le retour
de la femme et pour prouver la bonne foi de l'auteur du conflit, ils peuvent
donner certaines garanties. Par exemple, si l'homme ou la femme n'a pas
respecté ses obligations liées au mariage ou a commis une faute
grave (adultère, violence, désobéissance...), "ses avocats"
vont assurer qu'une telle erreur ne se reproduira plus. Si elle se reproduisait,
ils ne prendraient plus sa défense, prendraient des sanctions contre
la famille ou laisserait l'autre partie saisir le
tribunal.
Les sanctions prises par ce "Conseil de Famille" peuvent consister à
rompre les contacts avec la famille qui a été à l'encontre
de sa décision : ne plus lui adresser la parole, ne plus lui rendre
visite et ne plus l'inviter aux cérémonies comme les
fiançailles, les mariages, les naissances etc.
Si aucune solution, aucun compromis n'a été trouvé et que le mari refuse de divorcer, la famille de la femme ou la femme elle-même saisira le tribunal pour obtenir le divorce, mais aussi la réparation du préjudice causé. Les demandes de divorce sont principalement faites lorsque la femme ne supporte plus la violence du mari, son infidélité, lorsqu'il décide de se remarier et refuse de subvenir économiquement aux besoins de sa famille et refuse d'accorder la garde du ou des enfants.
§
2 - LA PROCEDURE DE CONCILIATION EXTRAJUDICIAIRE IMPOSEE PAR LA
FAMILLE
La pression de la famille est telle lors d'un conflit entre les conjoints,
surtout s'il doit aboutir à un divorce, que les époux sont
obligés de choisir la procédure de conciliation extrajudiciaire
pour éviter le scandale.
En effet, la difficulté à engager une procédure de divorce, surtout pour les femmes, provient de la peur du scandale, de la honte et des conséquences graves de la dissolution du mariage, qu'il conviendra d'analyser dans le détail.
La peur de scandale s'explique par le fait que dans la société panjabi, une toute petite discussion ou dispute peut prendre des tournures graves, surtout si elle a lieu devant un membre de la famille ou un tiers venu rendre visite. La nouvelle va se répandre très rapidement, et si l'auteur du différend est l'épouse, sa famille et elle feront l'objet de toutes sortes de remarques humiliantes. En effet, une femme qui répond à son mari ou qui hausse le ton, même si elle a raison, est considérée comme mal élevée, indigne et désinvolte. Les parents sont considérés comme coupables et fautifs du comportement de leur fille, car ils n'ont pas su lui transmettre les valeurs morales exigées par la société.
Cette situation est une honte pour la femme, ses parents et sa
belle-famille, qui n'osent plus sortir de leurs maisons ou répondre
aux questions posées par les voisins et proches. La femme et sa famille
sont montrées du doigt et, si on aboutit au divorce,
ils peuvent en souffrir. La
famille est moins peinée par le divorce lui-même, qui peut
être une bonne chose pour la femme, qu'effrayée par ses
conséquences.
Les femmes éduquées et ayant une indépendance
économique décident de plus en plus de passer par les juridictions
pour obtenir leurs droits, car elles n'ont plus peur ni de l'attitude de
leurs proches ni de se retrouver à la rue. Certaines veulent
également, en passant par la voie judiciaire, démontrer qu'elles
ont acquis liberté et indépendance, et qu'elles savent obtenir
leurs droits. Elles prennent ainsi une vengeance sur la société
et sur leurs maris, qui les ont crues incapables d'agir
ainsi.
Beaucoup de Panjabies qui étaient en majorité des femmes
au foyer ont changé, elles ont évolué et ont changé
leur façon de penser grâce à l'éducation et au
travail. Elles ont acquis une indépendance et abordent le travail
autrement qu'autrefois, quand les femmes ne travaillaient que pour subvenir
à leurs besoins, lorsqu'il n'y avait pas d'hommes dans la famille
le (décès du mari, du père, frère ; absence de
descendants mâles dans la famille), ou seulement après le
divorce.
Après le divorce, la femme commence seulement
à travailler pour différentes raisons :
- elle a été rejetée par la famille
qui estime avoir été suffisamment humiliée par le divorce
et avoir connu trop de problèmes pour garder la femme divorcée
en son sein. Cette situation, rare dans la société pakistanaise,
se présente seulement lorsque la femme a commis un adultère
ou s'était mariée contre l'avis de ses parents, qui lui en
veulent toujours de leur avoir désobéi ;
- tout en vivant chez ses parents, elle décide
de travailler de son propre gré. Cela lui évite d'être
une charge pour ses parents ou ses frères et assure un meilleur avenir
à son ou ses enfants ;
- ses belles-surs (les femmes de ses frères)
lui font comprendre qu'elle devient une charge pour eux, qu'elle mange leur
part de nourriture et qu'elle doit travailler si elle veut vivre avec eux
;
- pour se sentir indépendante, pour oublier
ses soucis et prouver à son ex-mari qu'elle peut vivre même
après ce qu'il lui a fait (si elle a souffert de violences morales
par exemple) ;
- pour prouver à la société qu'une
femme divorcée peut vivre grâce à son travail et qu'elle
n'a pas besoin de vivre cachée car elle n'a pas commis d'acte
illégal.
Aujourd'hui, bien des femmes commencent à travailler
bien avant leur mariage et lorsqu'elles se marient puis divorcent, elles
n'ont plus à avoir peur de leur avenir et d'éventuels soucis
d'argent. La société, quant à elle, a moins de
préjugés envers les femmes qui travaillent (si leur métier
n'est pas contraire aux murs ou n'est pas dégradant) et les
accepte mieux.
D'une manière générale, la
participation des femmes à la vie économique et même
politique est facilitée par la propagation de l'éducation,
à l'industrialisation et par les progrès scientifiques et
technologiques Les chercheurs pensent que le changement social causé
par le changement économique va introduire une nouvelle culture qui
va atténuer le chauvinisme masculin, ce qui aura pour conséquence
d'émanciper les femmes du système économique dominé
par les hommes. Elles acquerront ainsi leur indépendance économique
et ne seront plus dépendantes de leurs maris, pères ou
frères3.
Le recensement de 1981 au Pakistan indiquait que 24 pour-cent de la
population féminine occupaient des emplois dans le domaine du
paramédical, dans différents domaines en tant que responsables
ou chefs de service ou employés de maison. Il donnait également
un nombre insignifiant de femmes qui travaillaient dans le domaine de
l'agriculture.
Aujourd'hui, si on accepte mieux les femmes qui travaillent, on n'accepte
toujours pas mieux les femmes
divorcées.
La mauvaise image de la justice, l'ignorance du droit et les pressions
familiales contribuent à démotiver les épouses de demander
le divorce. Et quand elles y parviennent, elles doivent refaire leur vie.
Quelles situations doivent-elles affronter pour revenir dans le circuit de
la société pakistanaise ?
CHAPITRE
II - LES CONSEQUENCES DU DIVORCE
Il y a des conséquences patrimoniales et
personnelles. Dans la société panjabi et la société
pakistanaise en général, les conséquences personnelles
touchent plus les divorcés et surtout la divorcée qui voit
son honneur atteint et son statut a baissé. Contrairement à
ce qu'on pourrait croire, les conséquences patrimoniales sont
reléguées au second plan, car l'argent ne peut rien faire pour
le rétablissement de l'image de la femme et pour rétablir son
honneur et son statut.
SECTION
I : LES CONSEQUENCES PATRIMONIALES LIEES
AU DIVORCE
§ 1 - CONSEQUENCES
PATRIMONIALES ENTRE LES EPOUX
La femme parfois refuse ou
partage dès le départ volontairement ou sous pression sa part
d'héritage prévu par le Coran avec les membres masculins de
sa famille, par exemple, son frère, sans réfléchir aux
conséquences que peut avoir cette décision dans l'avenir. Elle
fait cela car elle se sent toujours dépendante des hommes de sa famille
qui la gardent chez eux jusqu'à son mariage et même après
(séparation ou divorce). C'est sa façon de remercier sa
famille.
Ensuite, il ne lui reste rien ou pas beaucoup pour vivre. Si elle est déshéritée, souvent les parents coupent tous liens et la renient. Dans ce cas, si elle n'a pas de travail et d'endroit où aller, elle est confrontée à des problèmes économiques qui peuvent être difficile à surmonter pour elle et pour ses enfants.
Lorsqu'elle décide
de dissoudre le mariage à travers le khula, elle renonce à
ses avantages matériels. Si elle fait partie d'une famille aisée
et qu'elle peut subvenir à ses besoins seule, il n'y a pas beaucoup
de conséquences, mais si elle n'a personne qui puisse l'aider
financièrement et aucun emploi lui permettant de vivre correctement,
elle se retrouve démunie et ne peut subvenir à ses
besoins.
§ 2 - CONSEQUENCES
PATRIMONIALES A L'EGARD DES ENFANTS
Il arrive que la mère
obtienne la garde des enfants et que le père doive verser une pension
mais ne fasse pas. Dans ce cas, soit la famille de la femme (parents,
frères et surs, oncles etc.) subvient à ses besoins,
ou bien la femme travaille pour ne pas être dépendante. Parfois,
l'aide ne suffit pas ou la femme n'ose pas la demander, et elle se trouve
obligée de travailler. L'obstacle familial peut se dresser devant
elle pour rentrer dans la vie active. Ses parents peuvent considérer
que le fait que leur fille travaille pour subvenir à ses besoins les
déshonore. En présence du père ou des frères
qui travaillent, il n'est pas acceptable qu'une fille ou sur travaille
aussi. Souvent, des personnes extérieures n'hésitent pas à
faire savoir aux hommes de la famille qu'ils laissent travailler une pauvre
femme alors qu'ils sont en bonne santé et qu'ils font cela pour lui
prendre son salaire. Les parents ou frères ont peur d'entretenir l'image
d'une famille qui vit aux dépens des revenus d'une femme. Autre obstacle
: le manque d'instruction et de qualification. Certaines femmes n'ont jamais
été à l'école ou n'ont aucun diplôme pour
trouver un emploi convenable pour des filles de bonne famille (par exemple
l'emploi de femme de ménage n'est pas un emploi convenable pour
elles).
Pour ne pas être une charge pour la famille, elle explique sa situation financière et demande à ses enfants de ne pas trop exiger de leurs grands-parents ou de leurs oncles et tantes et de se contenter de peu qu'on leur donne. Les enfants n'osent pas demander de jouets, de nouveaux vêtements etc. Ayant compris la situation de leur mère, ils ne veulent pas abuser de la gentillesse de leurs aînés. Ils sont obligés de ne pas dévoiler leurs envies et désirs et de vivre les problèmes financiers des adultes à leur jeune âge.
SECTION
II - CONSEQUENCES PERSONNELLES OCCASIONNEES PAR LE
DIVORCE
§ 1 - CONSEQUENCES
DU DIVORCE SUR LE STATUT PERSONNEL DE LA FEMME.
Le divorce est
considéré par la société comme un péché,
une tare et une faute. Le divorce est encore perçu comme une sanction
réservée à la femme fautive (qui a commis l'adultère,
ou qui veut divorcer pour se remarier avec quelqu'un d'autre par exemple).
Ce divorce entache l'image d'une femme, même riche et célèbre,
car dès qu'il est question de divorce, on oublie son statut social.
Cela est vrai dans certaines circonstances pour l'homme. Tel un homme politique
qui va tout faire pour ne pas divorcer, surtout avant ou pendant la période
des élections, donne l'image d'un homme qui a une vie stable et famille
unie. Le fait que cet homme divorce puisse faire douter ses électeurs
et leur faire changer d'avis lors du vote.
Dès qu'une femme divorce, rares sont les personnes
qui gardent en tête l'image de celle-ci avant cet acte. Elles oublient
que la femme qu'elles détestent aujourd'hui est là même
qu'elles respectaient et estimaient hier. Par le divorce, la femme perd sa
dignité, son honneur, son estime et sa crédibilité aux
yeux de la société (parents, proches, amis, voisins...). Elle
n'est plus respectée comme avant, le regard des autres change comme
si elle avait changé de personnalité, comme si l'ancienne femme
était morte et qu'une autre ait pris place.
§ 2 - CONSEQUENCES
DU DIVORCE SUR LES CONDITIONS DE VIE DE LA FEMME ET DE SES
ENFANTS
Le divorce entâche
plus l'image de la femme que celle de l'homme
et peu de parents veulent marier
leurs fils avec une divorcée. Même si certains parents pouvaient
être d'accord, ils renonceraient assez vite après avoir su que
la femme vivait avec ses enfants ou après avoir subi des pressions
de la part de ses proches. Les enfants peuvent être un obstacle pour
le remariage de la femme et de l'homme (plus que dans d'autres pays). Souvent
ils ne se remarient pas pour élever leurs enfants, et s'ils veulent
se remarier, peu d'hommes ou de femmes acceptent d'épouser une personne
qui aura déjà des enfants. A chaque fois que la femme ou l'homme
va voir les enfants de son conjoint, il risque de repenser à la vie
passée de son conjoint avec un autre homme ou une autre femme, ce
qui, au Pakistan, est intolérable.
Les victimes du divorce sont
considérées comme responsable d'une faute, car les femmes
éloignent même leurs maris des femmes divorcées, les
considérant comme des voleuses potentielles de maris. Il est donc
difficile pour une femme de refaire sa vie (l'homme quant à lui n'a
pas de difficulté à
trouver une compagne).
Les parents éloignent
aussi les femmes divorcées de leurs filles car elles donnent un mauvais
exemple (surtout si le divorce a été prononcé aux torts
exclusifs de la femme). Ils trouvent qu'elles sont des obstacles pour les
mariages de leurs surs, qui peuvent ne pas avoir de propositions car
il y a une divorcée dans la famille.
Au travail elles n'osent
pas dire qu'elles sont divorcées, de peur de perdre leur place, non
pas à cause de leur divorce, mais à cause des histoires qu'on
peut inventer et raconter sur elles, car une femme qui est divorcée
est considérée comme immorale.
Si elles vivent seules avec ou sans leurs enfants, elles font l'objet de discrimination et de ragots car une femme dans la société pakistanaise ne doit pas vivre seule.
Si on veut que ces femmes vivent comme les autres femmes, il faut
expliquer aux gens des villages, principalement à ceux qui ne sont
pas éduqués, que le divorce n'est pas toujours une sanction
et n'est pas toujours prononcé quand la femme est fautive, mais qu'il
permet à la femme de vivre dans de bonnes conditions et de se
libérer d'un mari qui la trompe sans cesse, qui la bat ou l'humilie.
Quant aux enfants, ils
ont souvent à souffrir du divorce de leurs parents. Certains parents
interdisent à leurs enfants de jouer ou d'être amis avec les
enfants d'une femme divorcée car ils ont peur qu'elle ait
élevé ses enfants avec des préceptes immoraux et craignent
que cet enseignement n'influence leurs enfants. Ces parents sont souvent
ceux qui ne sont pas éduqués ou qui jugent les personnes sans
les connaître et considèrent encore qu'une femme divorcée
est souvent fautive. Les enfants à cause de cette attitude et des
autres facteurs (comme de vivre avec un seul parent ou ne pas avoir la permission
de voir l'autre parent etc.) vivent très mal le divorce de leurs parents.
Le comportement de la société envers sa mère peut amener
l'enfant soit à se poser des questions sur sa mère et à
commencer à la détester, soit ou être plus proche de
sa mère et à rejeter la
société.
Le poids de la tradition est si omniprésent que les femmes font rarement appel au concours de la justice pour régler leurs conflits de couples. Pour elles, souvent, le recours à la justice s'effectue en dernier ressort quand le conflit n'a pu trouver d'issue et dans ces cas, elles traînent derrière elles une lourde et terrible réputation tout au long de leur vie. C'est pourquoi, elles font appel à la traditionnelle conciliation extrajudiciaire, procédure simple et gratuite, mais qui ne représente pas la justice pakistanaise. Cette conciliation extrajudiciaire, administrée par un conseil de famille ou Panchayat (Conseil de cinq membres les plus âgés et plus influents du village), fait donc office d'arbitrage. Le Conseil prend les décisions qui lui semblent les plus justes dans le but de sauvegarder l'honneur des familles concernées plus que dans l'intérêt des époux.
N'ayant pas saisi la justice pour faire valoir leurs droits, les
ex-épouses se retrouvent souvent sans ressources financières,
alors même qu'elles ont à souffrir du manque de reconnaissance
en tant que divorcées.
Comment vivent-elles ces nouvelles situations ?
Comment leurs familles réagissent-elles ?
Dans la prochaine partie nous allons voir comment sont vécues
les situations de la vie courante.
PARTIE 3
ÉTUDE DE
CAS
Dans cette partie, les cas des divorcés appartenant à
la région du Panjàb seront étudiés. A partir
de leurs récits, des histoires entendues, des lectures diverses (journaux
et livres) je fais ressortir les causes du divorce et ses conséquences
sur les divorcés, sur leurs enfants et proches.
En me penchant sur la vie réelle des divorcés, je me
suis demandée si dans la littérature ourdou (langue nationale
du Pakistan) les auteurs avaient écrit quelque chose sur le divorce.
En faisant ma recherche, je me suis rendue compte que les nouvelles sur ce sujet ne manquaient pas et pouvaient être transposées à la vie menée dans le Panjàb.
Beaucoup d'auteurs hommes et femmes ont écrit sur la condition
de vie des femmes dans la société et leurs problèmes.
Ils retracent tous les stades de la vie d'une femme et les problèmes
liés à chaque stade. Par exemple, ils racontent
:
- sa naissance :
dans certains foyers la naissance d'une fille n'est pas acceptée.
Elle devient indésirable. On l'ignore,
elle vit dans l'espoir d'être
aimée par quelqu'un ;
- son enfance : elle la passe avec ses parents ou si un des
deux décède avec sa belle-mère ou beau-père.
Ses demi-surs et frères peuvent avoir un comportement
désagréable avec elle l'empêchant de vivre paisiblement
;
- sa vie d'écolière ou d'étudiante : une
fille ne reçoit une éducation que si elle a la chance d'avoir
des parents ouverts au monde et assez riches. Autrement elle reste chez elle
ou travaille avec ses parents ou seule pour survivre si ceux-ci ou ses proches
sont décédés ;
- son adolescence :
l'âge où elle commence à respecter le plus le purdah
(à se voiler et à ne pas se montrer devant les hommes). L'âge
où l'on commence à penser à la marier. Si elle se marie,
c'est la fin de sa vie d'étudiante ;
- sa vie d'épouse : souvent le mariage est arrangé
et la femme mène une vie avec un inconnu. Lorsque les époux
commencent à se connaître, ils s'aperçoivent qu'ils ne
sont pas faits l'un pour l'autre. Des différends naissent entre eux,
qui peuvent les obliger à divorcer (cette question sera
développée plus
longuement) ;
-
sa vie de mère : elle essaye d'élever le mieux qu'elle
peut ses enfants, soit avec son mari soit seule, en tenant compte de
l'évolution de la société, de la religion et des
expériences de sa vie personnelle (les auteurs montrent que la mère
essaye toujours de procurer des avantages matériels ou
immatériels1 à ses enfants qu'elle
n'a pas pu avoir).
- sa vie en tant que belle-fille et belle-sur
: les femmes sont souvent
montrées de doigt, rejetées et maltraitées par leurs
belles-mères et belles-surs qui font tout pour faire dissoudre
leurs mariages afin de trouver une autre femme pour leurs fils ou frères
même si la femme n'a aucun défaut, et surtout si elle ne peut
pas avoir d'enfants.
- sa vie de veuve, divorcée et de femme vivant seule
: les auteurs comme
Premchand2 et Krishan
Chandar3 ont écrit sur la femme
veuve qui dans la religion hindoue est rejetée. Elle ne participe
plus aux cérémonies aux fêtes. Elle vit sans être
reconnue. Elle n'a pas droit d'avoir des désirs, de se faire belle
et de mener une vie de femme normale. Elle devient une sorte d'intouchable
avec qui on ne mange pas Au Pakistan ce n'est pas tout à fait pareil.
Toutefois, les femmes divorcées et vivant seules n'y sont pas non
plus bien considérées. Une femme doit vivre avec ses parents,
proches, mari, enfants mais pas seule, car alors elle n'est pas "en
sécurité". On estime qu'une femme qui divorce a le choix de
rester avec son mari, mais qu'elle dissout volontairement son mariage, même
si ce n'est pas toujours vrai. Une femme vivant seule sans enfant est
regardée comme susceptible de mener une vie
immorale.
La littérature ourdou (avant et après l'indépendance)
est donc très riche en ce qui concerne les problèmes liés
à la vie des femmes. En s'inspirant de la littérature qui
reflète bien la société pakistanaise et la
réalité, la télévision pakistanaise a fait des
séries télévisées (dramas) qui sont très
regardées et appréciées à l'intérieur
et à l'extérieur du Pakistan.
J'ai choisi quelques séries concernant le divorce
pour présenter l'image qu'elles montrent des personnes divorcées,
comment est perçue la femme divorcée par la société
et comment elle arrive à survivre. Dans la littérature, la
souffrance de l'homme et ses rapports avec la société après
le divorce sont rarement ou pas du tout évoqués. On le montre
toujours comme quelqu'un qui prend ses décisions sans
réfléchir sur les conséquences.
CHAPITRE I - LES CAUSES ET CONSÉQUENCES DU
DIVORCE DANS LA FICTION
Dans la fiction (littérature et séries
télévisées), la femme divorcée est souvent
montrée comme quelqu'un de respectable, d'honorable et fragile,
contrairement à ce que les gens pensent en réalité.
Les auteurs montrent que la femme souffre beaucoup et fait beaucoup de sacrifices
pour faire plaisir à sa famille et à la société.
Elle se marie avec l'homme choisi par sa famille sans avoir de sentiments
pour lui. Elle accepte de donner sa part d'héritage à ses
frères, de ne pas divorcer à la demande de sa mère qui
a peur d'un scandale et d'être humiliée par la société,
etc. Les auteurs pensent que la femme n'a pas le statut, la reconnaissance,
le respect et l'estime qu'elle devrait avoir. Les hommes la maltraitent mais
elle ne dit rien car elle a peur de la société. Elle a peur
qu'elle la déclare non-respectable et lui fasse perdre son honneur
(izzat). Les auteurs et réalisateurs prennent la défense de
la femme, pensant qu'elle devrait être considérée comme
égale à l'homme car est aussi intelligente et éduquée
que lui. Ils la voient avec une activité professionnelle, capable
d'élever sa famille, de subvenir à ses besoins et de mener
une triple vie : femme au foyer, femme active et femme musulmane pratiquante
qui respecte les règles imposées par l'Islam tout en menant
une vie professionnelle en dehors de chez elle.
L'homme dans la littérature est un personnage tout à
fait respectable et pas nécessairement détestable. Le lecteur
n'a pas pitié comme de la femme. Il prend ses décisions sans
réfléchir, le mariage pour lui est un jeu. Il se marie, divorce
et se remarie très facilement, contrairement à la femme pour
qui le mariage est quelque chose de sacré. Elle essaye de faire durer
le plus longtemps possible le lien de mariage, même si initialement
elle n'était pas consentante pour cette union.
SECTION I - LES CAUSES ET CONSÉQUENCES DU
DIVORCE DANS LA LITTÉRATURE
A partir de quelques nouvelles je vais essayer de dégager les
causes et conséquences du divorce. Ces nouvelles ont toutes
été écrites par des femmes, je n'ai pas trouvé
quelque chose qui soit écrit par un homme sur le thème du divorce,
peut-être parce que les femmes sont plus sensibles à ce sujet.
Parmi les conséquences, nous envisagerons les conséquences
personnelles : la souffrance de la femme et le comportement de la
société envers elle, et les conséquences
patrimoniales.
§ 1 - LES CAUSES DU DIVORCE DANS LA
LITTÉRATURE
Dans les nouvelles étudiées les causes de divorce sont
diverses. Elles dépendent de la condition sociale de la famille et
de son niveau d'instruction. On retrouve ces causes dans la société
Panjàbi.
Nouvelle d'Ismat Chugtaï
4
intitulée
Charpàï (lit)
:
Dans cette nouvelle, Ismat Chugtaï raconte l'histoire d'une jeune
fille Shàkra vivant dans un village. Elle est issue d'une famille
très pauvre et ses parents désirent la marier mais n'arrivent
pas à faire son trousseau.
Elle est promise à son cousin Zàkir depuis l'âge
de deux ans. En grandissant, elle commence à l'aimer et ils se voient
de temps en temps. Zàkir part à l'étranger pour son
travail et en son absence, des problèmes se créent chez
Shàkra. La situation financière et familiale s'aggrave et à
la même époque, une proposition de mariage arrive pour la jeune
fille de la part d'un homme riche mais très âgé. Ses
parents ne réfléchissent pas longtemps et acceptent, car la
personne ne demande rien en échange du mariage même pas le
trousseau.
Shàkra se marie malgré elle à un inconnu nommé Al Umr Méràn. A part son mari, seuls ses parents sont heureux, car ils sont soulagés d'avoir rempli leur devoir de parents.
Shákra est malheureuse car elle n'arrive pas à oublier
Zákir. De plus ce Meran
Sàhib5 a déjà trois
épouses qui n'apprécient pas son arrivée. Elle n'accepte
pas réellement ce vieillard comme mari, mais vit avec lui tout en
gardant un contact avec Zákir. Un jour, Méràn les voit
ensemble et décide de divorcer. Il fait irruption dans sa chambre
où se trouve Shákra immobile et il lui dit "tu es devenu
harám6 pour moi" je te donne Talaq
! ... Talaq ! ... Talaq
!7
Mais Shákra n'était plus en vie pour écouter
ces mots, elle savait que son mari l'avait vu avec Zàkir, et pour
ne pas se confronter à l'humiliation, elle avait prit du
poison.
On peut penser que cette histoire ne concerne que les personnages
du récit, qui sont sûrement irréels mais en fait ce n'est
pas tout à fait vrai. En effet, les auteurs du Sous-continent se basent
beaucoup sur la réalité. Et il n'est pas rare, aujourd'hui,
de lire sous la rubrique de faits divers d'un journal ou d'entendre ce genre
d'histoire dans les villages et même dans les villes du
Pakistan.
Analyse de la nouvelle :
D'abord, il s'agit d'une famille pauvre vivant modestement dans un
village. Selon la coutume ou, deux familles ont fait la promesse de marier
leurs
enfants
ensemble. Ici, il s'agit de mariage entre un cousin et une cousine (qui n'est
pas interdit par la loi ou l'Islam). La promesse de mariage se fait oralement,
il ny a pas de preuve l'attestant, elle peut se rompre à tout
moment, mais lorsque cela arrive, la personne qui décide de rompre
perd sa crédibilité et son honneur aux yeux de la famille et
de la société en général. Le couple qui prend
cette initiative peut être exclu de la famille ou du clan auquel il
appartient, c'est pourquoi les gens respectent ce genre de
promesse.
Ici, les parents ont de la chance que les intéressés
s'aiment ; quand les futurs époux ne sont pas d'accord il peut y avoir
des problèmes : refus
de se marier, fuite, chantage aux parents (suicide etc.). En général,
le refus n'y fait rien, car dans ce genre de famille, le consentement des
futurs époux et surtout de la future épouse n'est pas
nécessaire. C'est ce qui se passe dans cette histoire : il y a une
rupture de la promesse de mariage, et un mariage en absence du consentement
de la femme.
La cause du mariage ici est la pauvreté des parents, qui ont
peur de ne pas donner un trousseau convenable à leur fille. Le trousseau
n'est pas une obligation légale au Pakistan mais il est d'usage de
donner à sa fille tous les biens matériels dont elle peut avoir
besoin dans sa vie (du fil à coudre jusqu'à la voiture ou maison).
Les parents s'endettent pour réunir toutes ces choses. Ils font rarement
cela pour faire plaisir à leur fille, mais plus à la future
belle-famille pour paraître aux yeux des proches et de la
société plus riches qu'ils ne le sont. Les parents de Shàkra
ont eu peur de ne jamais pouvoir faire le trousseau de leur fille et de ne
pas pouvoir marier leur fille avec Zàkir, soit à cause du refus
de ce dernier, soit à cause de l'insuffisance ou de l'absence du
trousseau.
Le fait que la famille du jeune homme ou que le jeune homme lui-même
refuse de marier ou de se marier avec la femme promise est une humiliation
pour la famille de la jeune femme. Ce que l'on ne dit pas, c'est que la vraie
raison réside dans la fourniture du trousseau. On préfère
attribuer à la femme l'irrespectabilité et l'immoralité.
Et comme le père de la fille rompt la promesse initiale de mariage,
cela paraît moins grave pour l'avenir de la jeune
femme.
Le père accepte sans trop réfléchir la main de Méràn, pour sa fille, en pensant que cette opportunité ne se représentera plus. Il pense avoir rempli son devoir de père au regard de la loi et de la tradition : le devoir des parents de marier leurs enfants en tenant compte de leur volonté dès qu'ils atteignent l'âge de se marier. Les parents proposent à leurs enfants des personnes qu'ils ont en vue pour leur mariage, ou les enfants choisissent et parlent avec leurs parents de leurs choix. La décision doit appartenir aux intéressés. Le consentement des deux personnes est nécessaire.
Le mariage a eu lieu sans le consentement de Shàkra qui n'a
rien dit, car elle est élevée comme cela. On lui a toujours
appris à respecter la décision de ses parents et de ses
aînés en général, sans jamais discuter. Si elle
avait discuté, elle aurait été considérée
comme une jeune femme mal élevée, insolente et irrespectueuse.
Ce n'est pas elle qui serait directement humiliée, mais ses parents
seraient considérés comme incapables d'élever leur fille
correctement.
Lorsqu'elle arrive chez son mari, elle s'aperçoit qu'il a
déjà trois épouses. L'Islam permet à l'homme
d'avoir quatre épouses, mais sous conditions, comme il a été
dit. Dans l'histoire, on ne dit pas comment se comporte le mari avec ses
autres épouses. On sait seulement qu'il ne maltraite pas Shakrà.
L'auteur nous indique aussi que les autres épouses n'apprécient
pas la venue d'une nouvelle parmi elles, une femme n'aimant pas partager
son mari. On ne sait pas si les femmes de Méràn lui ont donné
l'autorisation pour se remarier, mais cela est probable.
La jeune femme est malheureuse, elle n'arrive pas à oublier
l'homme qu'elle aime. Elle va continuer à le voir même après
le mariage. Le mari vient à le savoir et la répudie mais elle
se suicide avant d'entendre la formule de répudiation. Elle fait cela
car la religion musulmane et la société interdisent à
un homme de voir et fréquenter une femme autre que la sienne, et de
même, la femme, ne doit pas fréquenter un autre homme, même
sil n'y a aucune relation adultérine entre eux. Shàkra
a eu peur des conséquences (humiliation). Bien sûr, elle se
sent honteuse, mais elle a surtout peur que tout le monde sache et que son
mari et sa famille soient montrés du doigt et humiliés. Elle
craint avec raison la réaction de son mari et de la société.
D'ailleurs, il l'a répudiée sans demander
d'explications.
Les
causes du divorce dans cette nouvelle
:
- le mariage en l'absence de consentement ou le consentement forcé
de la jeune femme (elle a consenti au mariage par respect pour ses parents
et sa famille) ;
- la différence d'âge entre les deux conjoints ( Shàkra
n'a jamais pu accepter le vieux Méràn comme son mari)
;
- l'espoir créé par la promesse de mariage qui faisait croire à la jeune femme qu'un jour elle se marierait avec l'homme avec qui elle était promise (Shàkra savait qu'elle allait se marier avec Zàkir et elle s'est attachée à lui et n'a pas pu l'oublier) ;
- la peur des parents de ne pas constituer un trousseau pour le mariage
de leur fille selon la coutume (certaines personnes refusent de marier leur
fils si le trousseau ne leur convient pas ou s'il est de petite
valeur).
Nouvelle
de Razia Zahir
Sajjàd8 :
Nigori9 chali ave hai (Voici venue
la misérable)
Nigori raconte l'histoire vraie d'une femme que tout le monde appelle
"Jalo
Khalà"10.
Une petite fille demande à sa mère : "Maman, où
se trouve le mari de Jalo Khalà?" mais la mère ne sait pas
quoi répondre, car elle ne sait pas comment lui expliquer que Jalo
Khalà est divorcée de son mari.
Jalo Khalà dans cette histoire est montrée comme une
personne charmante, mais les gens restent distants d'elle. Elle n'est
invitée à aucune des cérémonies dans la famille
et presque tout le monde l'ignore. Un jour, elle se trouve au milieu d'une
réunion de femmes et quelques unes sont en train de pleurer. Elle
veut les consoler, mais tout d'un coup, une vielle femme s'adresse aux autres
femmes sur un ton élevé et coléreux et dit : "Faites
la dégager d'ici, cette femme qui a quitté son mari est punie
par Allah...". Sans attendre que les autres femmes lui disent quelque chose
et lui fassent une remarque elle s'en va, tête baissée et toute
honteuse. Elle a souvent droit à ce genre de remarques, mais elle
laisse les gens parler et continue à vivre
normalement car il le faut bien.
Analyse de la nouvelle :
Dans cette nouvelle, ce ne sont pas les causes du divorce qui sont
mises en évidence, mais les relations entre la société
et les divorcées.
Jalo Khàla est une femme d'un certain âge, tout le monde
l'appelle tante. Elle a l'air tout à fait gentille et serviable. Quand
elle voit les gens pleurer, elle les console. Elle ne dit mot lorsque les
gens lui font des remarques désobligeantes. Non pas que cela ne la
vexe pas ou qu'elle ne souffre pas quand elle entend ce genre
de propos, mais parce qu'elle
sait que cela ne sert à rien de discuter. Comme elle ne cherche pas
à dévoiler sa vie privée, et les causes de son divorce,
elle souffre en silence et supporte les sarcasmes
d'autrui.
Il y a un autre point qui est soulevé dans cette nouvelle.
Les gens ne savent pas comment présenter les femmes divorcées
aux autres et surtout à un enfant. Dans les pays occidentaux, les
enfants savent très tôt ce qu'est le divorce. Ils en ont tout
du moins entendu parler ou connaissent quelqu'un qui a divorcé. Mais
en Asie du Sud, les femmes évitent de parler sur ce sujet entre elles.
Les enfants ne connaissent donc pas grand chose du divorce, et personne ne
veut le leur expliquer. En conséquence, lorsque la petite fille dans
l'histoire demande à sa mère pourquoi "Jalo Khàla" ne
vit pas avec son mari, la mère ne lui répond
pas.
Au Pakistan et surtout au Panjàb, une femme qui vit seule ou
voyage seule est mal vue. Dans une autre de ses nouvelles intitulée
"Ek shohar ki khatir" ("Pour un mari"), Ismat Chugtaï (l'auteur de
Charpaï) raconte cela en présentant une jeune fille célibataire
qui voyage seule dans un train pour se rendre dans une autre ville pour son
interview de recrutement. Presque tous les voyageurs lui demandent si elle
voyage seule. Devant son silence, ils essaient de deviner eux- mêmes
les réponses en disant "vous allez rejoindre votre mari, n'est-ce
pas!" ou "vous allez sûrement rendre visite à votre famille
ou belle-famille". La jeune fille ne répond pas, car elle a peur de
dire qu'elle n'est pas encore mariée, qu'elle ne va pas rendre visite
ou rejoindre quelqu'un et qu'elle voyage seule. Elle pense que si elle leur
avouait la vérité, ils s'imagineraient dieu sait quoi et la
considéreraient comme une femme immorale. Normalement, une jeune femme
voyage avec sa mère, son père, son mari, son frère ou
avec dautres membres de sa famille, mais ne voyage seule que si elle
n'a personne. Si voyager seule est pénible car tout le monde vous
pose des questions ou répond à certaines sans vous connaître,
il est difficilement imaginable de vivre seul.
Nouvelle de Docteur Rashid
Jahan11 : Chada Ki Màn (la
mère de Chada)
La mère de Chada est une vieille femme qui travaille avec son
fils chez un riche propriétaire terrien.
Elle a pour mauvaise habitude de marier son fils presque tous les
ans. En effet, elle se dispute et bat ses belles filles pour un oui et pour
un non et oblige son fils à divorcer d'elles ou à les faire
quitter leur domicile conjugal les mains vides.
Elle marie Chada pour la troisième fois. Tous les jours,
la bru supporte toutes sortes
de remarques ainsi que le comportement de belle-mère. Cette dernière
l'accuse de ne pas être capable de donner naissance à un enfant
et lui fait subir le même sort qu'aux
autres.
Analyse de la nouvelle :
Dans ce cas, ce n'est pas le mari qui divorce volontairement d'avec
ses épouses, mais il se sent obligé de les quitter à
la demande de sa mère, qui trouve toujours un défaut à
ses belles-filles après le mariage. Elle a un pouvoir sur son fils,
elle le commande. Lui se soumet, car dans la société
indo-pakistanaise, la mère est la personne qu'on respecte le plus.
Elle donne vie à l'enfant, donc il a une dette envers elle. En
compensation, il exécute en
général tout ce qu'elle dit. Il ne
la vexe pas et lui procure tout ce qu'elle désire,
allant jusqu'à anticiper ses attentes. Quand elle se fâche et
le réprimande, il ne réagit pas. Quelque chose de très
important différencie la place réservée à la
mère dans cette société par rapport aux autres. Elle
représente la clé pour entrer au paradis. Un dicton populaire
précise : "le paradis est sous les pieds de la mère". Ce qui
signifie que si l'enfant se comporte bien avec elle en lui faisant plaisir,
elle lui ouvre les portes du paradis, car le Dieu aime les personnes qui
obéissent à leurs parents et surtout à leur
mère.
C'est peut-être pour cela que Chada ne refuse rien à
sa mère. De plus, elle lui rapporte tout, en racontant le
comportement de sa bru avec
elle pendant son absence. Chada croit sa mère, persuadé que
celle-ci ne peut lui mentir
et vouloir gâcher sa vie. Il préfère croire sa mère
qu'il connaît depuis qu'il est né que ses épouses, qu'il
ne connaît pas assez. Il a plus confiance en celle qui l'a
élevé plutôt qu'en celles qu'il a
épousées.
L'auteur montre aussi l'image d'une famille de serviteurs qui travaillent
chez un riche propriétaire terrien et n'ont pas eu d'éducation.
L'absence d'éducation du fils peut justifier son incapacité
à résoudre un problème, à réfléchir
et à prendre une décision seul. Seule sa mère lui a
enseigné les difficultés de la vie.
Les brus sont comparées à des objets dont on se
débarrasse pour le moindre prétexte. La troisième
épouse est rejetée car elle ne peut pas avoir d'enfants. Cette
caractéristique représente un défaut pour une femme.
Au Pakistan et surtout au Panjàb, une femme qui n'a pas d'enfants
au bout d'un an ou deux de mariage, inquiète la belle-famille. Cette
dernière craint de ne pas avoir d'héritier ou quelqu'un pour
perpétuer son nom. Cette situation est une cause de divorce, car la
famille du mari le force à se remarier pour avoir un enfant. Parfois,
c'est le mari lui même qui veut se remarier. Après le remariage,
soit la première femme reste avec son mari, soit elle veut obtenir
le divorce, car il lui est difficile de partager son mari. Il arrive aussi
que sa belle-famille la force à quitter son foyer, car elle
considère qu'elle est devenue inutile et encombrante.
Dans cette nouvelle l'auteur dit que "dans ces petites familles non
éduquées et de classe sociale très basse les règles
en matière de mariage sont très souples. Les couples se font
et se défont très facilement". Cela signifie que ces gens ne
connaissent pas les règles créées par le législateur
; ils créent leur propres règles qu'ils modifient et suppriment
à leur guise. Ce sont souvent ces coutumes, parfois barbares, qui
règlent les conflits divers auxquels ils se trouvent
confrontés.
Les
causes de divorce dans cette histoire
sont:
- la confiance aveugle à cette mère possessive
;
- le manque d'éducation ( aucun des membres de la famille de
Chada n'a fait d'études ni ne connaît le droit, et surtout pas
la législation en matière de divorce)
;
- le non-respect du lien matrimonial et la dissolution du mariage
rendue facile par des us et coutumes (ce sont des usages qui se perpétuent
de famille en famille et personne n'ose élever sa voix contre ces
pratiques illégales et inhumaines qui existent encore de nos
jours).
Les auteurs montrent que les divorces ont beaucoup de conséquences
sur les femmes divorcées. Elles souffrent d'être
séparées de leur mari et du comportement de leurs proches et
de la société qui les rejette.
§ 2 - LES
CONSÉQUENCES DU DIVORCE SUR LES FEMMES DANS LA
LITTÉRATURE
Je vais reprendre les nouvelles analysées ci-dessus pour
étudier les conséquences du divorce. Celles-ci peuvent être
facilement identifiables aux cas rencontrés dans le
Panjàb.
Les
conséquences du divorce pour la femme dans la nouvelle de Asma
Chugtaï intitulée
Charpàï
:
Dans ce cas, la femme (Shàkra) n'a pas attendu que son mari
la répudie pour subir les conséquences. Elle se doutait qu'il
allait prendre cette décision. Pour éviter d'être
divorcée par sa propre faute,
elle s'est suicidée en prenant du poison. Elle ne pouvait vivre
en sachant que son mari allait la répudier pour adultère et
que tout le monde l'aurait rejetée
et montrée du doigt.
Car dans ces situations, on ne demande pas à la femme de s'expliquer,
on le juge sans l'entendre. C'est ce que le mari de Shàkra a fait.
Pour Shàkra, la peur de divorcer et d'être accusée d'adultère
à été la cause de sa mort.
Pour son mari, il n'y a pas beaucoup de conséquences et l'auteur
compare la femme à une fleur que l'homme plante, fait pousser, cueille
à sa guise : l'homme choisit la femme qu'il veut épouser, obtient
son consentement (par tous moyens), se marie avec elle, reste avec elle quelque
temps et divorce.
Les
conséquences du divorce pour la femme dans la nouvelle de
Razia Zahir Sajjàd
intitulée Nigori chali avé hai
:
Dans ce récit, la femme divorcée a des relations très
difficiles avec la société. Elle est rejetée à
cause des préjugés qui existent envers les femmes divorcées.
Une femme divorcée est soupçonnée d'immoralité,
de mauvais exemple, et considérée comme atteinte
d'une maladie potentiellement
contagieuse.
Les gens pensent qu'à trop la fréquenter, l'on peut
attraper sa maladie, suivre son exemple et divorcer. Elle peut influencer
les autres femmes et être un danger pour la survie de leur foyer. Elle
présente aussi un autre danger, celui de connaître et de quitter
facilement les hommes. Les autres femmes craignent que leurs maris deviennent
ses futurs victimes.
Jalo Khàla est victime de cette mauvaise image. D'ailleurs
quand elle essaye de consoler des femmes qui pleurent, l'une d'elles hausse
le ton et demande qu'on fasse sortir cette femme punie par le bon dieu d'avoir
quitté son mari. Cette femme a raison, car les femmes divorcées
vivent comme des criminels qui ont terminé leur peine de prison. A
leur libération, les gens qui ont connaissance de leur passé
ont encore peur d'eux quand bien même ils assurent de leur envie de
retrouver une vie normale. De même, personne ne veut croire que des
femmes divorcées puissent être innocentes dans un pays où
le divorce est synonyme de faute de la femme, alors que la femme peut vouloir
quitter son mari parce qu'il exerce une violence physique ou morale ; qu'il
n'est pas un bon mari, un bon père, qu'il ne remplit pas ses obligations
vis-à-vis de sa famille et qu'il a un comportement immoral. La raison
importe peu. Seule la sanction prise fait office de
vérité.
Jalo Khàla s'est également faite traiter de malchanceuse
(bad nasib) et de néfaste
(de mauvaise augure manhús).
Une femme divorcée n'a pas de chance, iI ne faut pas la fréquenter
car elle apporte le malheur là où elle passe, d'où le
titre de la nouvelle "Nigori avé hai" (voilà l'inospicieuse
qui arrive).
Les conséquences du divorce pour la femme dans la nouvelle
du Docteur Rashid Jahan intitulée "la mère de Chada"
:
Ici,
les femmes de Chada souffrent d'un préjudice moral causé par
leur mari et par leur belle-mère qui oblige son fils à quitter
ses femmes parce qu'elles ne lui conviennent pas. La troisième belle-fille
ne lui convient pas car elle ne peut pas avoir d'enfant et a été
déclarée inapte pour être une épouse et une
belle-fille. Elle n'avait commis aucune autre erreur. La belle-famille voulait
qu'elle mette au monde un enfant qui puisse perpétuer le nom de la
famille. Peut-être que si elle avait eu une fille, elle aurait subi
le même sort. Un auteur, Qurt-ul-Ain Haider, écrit dans son
roman intitulé "Aglé Janam Béta Kijyo"
12 les phrases suivantes
: "quand une femme donne naissance à une fille, elle pleure car elle
a peur de ce que réserve le destin pour elle et pour sa fille. Quand
elle se marie, elle pleure car elle ne sait pas comment vont se comporter
son gendre et sa belle-famille avec elle. Elle a peur après le mariage
de sa fille que le gendre divorce pour incompatibilité d'humeur et
que la pauvre petite ait à écouter les trois mots Talaq! Talaq!
Talaq! Et après cela elle n'aura plus de vie, plus d'avenir, sa vie
sera gâchée et horrible. Cela peut paraître bizarre aux
yeux de certains que je dise cela car dans certains pays le divorce est une
chose normale et on l'envisage facilement. Mais chez nous on l'évite,
même si parfois il est bon de divorcer car les conséquences
peuvent être bonnes pour la femme. Mais le plus souvent les
conséquences sont terribles".
Pour revenir à la nouvelle "la mère de Chada", on constate
qu'à chaque fois que les belles-filles sont obligées de quitter
leur domicile conjugal, elles partent les mains vides. Elles n'ont pas le
droit d'emporter quoi que ce soit. Il est certain que dans ce genre de famille,
le mari ne paie pas la dot à sa femme, ne verse aucune pension alimentaire
ou indemnité (il paraît difficile pour un serviteur de payer
des pensions à trois épouses) et
ne
fait pas enregistrer le divorce. En ce qui concerne la femme, elle ne
doit pas oser saisir les tribunaux pour faire valoir ses
droits.
Le fait qu'elle n'obtienne rien de son mari entraîne des conséquences patrimoniales graves pour elle. Elle est obligée de demander de l'aide à la famille pour survivre. Souvent la famille, compréhensive la prennent en charge spontanément.
SECTION - II LES CAUSES ET LES CONSÉQUENCES
DU DIVORCE AU PANJAB VUES PAR LES SÉRIES TÉLÉVISÉES
Les séries télévisées se basent très souvent des faits réels, c'est pourquoi elles reflètent la vie de la société pakistanaise. Elles décrivent très bien dans quelles conditions la femme divorce ou se sépare de son mari, quelles sont les conséquences de son divorce, comment elle est perçue par la société, ce que sont ses relations avec sa famille, qui subvient à ses besoins et à ceux de ses enfants etc.
§ 1- Les causes
A partir de quelques séries qui se déroulent essentiellement
au Panjàb (Lahore, Rawalpindi et villages environnants) les principales
causes du divorce seront étudiées.
C'est l'histoire d'une famille composée de 6 membres : les
parents leurs trois filles et un fils. Le père est fonctionnaire et
la mère est femme au foyer. Deux jeunes filles sont étudiantes,
la dernière fille et le garçon qui est le plus jeune de la
famille sont respectivement lycéen et
collégien.
A l'université, l'aînée des filles rencontre un
jeune homme appartenant à la haute société qui lui fait
une proposition de mariage.
Elle lui demande d'envoyer ses parents chez elle pour demander sa main, ce
qu'il fait. Les parents de la fille ont peur d'accepter, car ils ne s'estiment
pas à la hauteur ni assez riches. Mais les parents du jeune homme
les rassurent : ils ne font pas de différence entre riches et pauvres.
De plus, ils ne veulent pas de trousseau et ne se soucient que de rendre
heureux leur fils unique en le laissant épouser la femme de son choix.
Les familles décident donc en commun de fiancer leurs
enfants.
La mère de la jeune fille, pour fêter les fiançailles,
envoie chez ses proches, amis et voisins, comme il est d'usage, des boîtes
de mithaï (pâtisseries). Mais elle ne le fait pas pour une voisine
qui reçoit des hommes chez elle en l'absence de son mari parti à
l'étranger pour affaires. Personne dans le quartier n'adresse la parole
à cette femme. La mère de la jeune fille ne sait pas que son
propre mari va souvent rendre visite à cette femme, qu'il considère
comme sa sur, et qu'il s'occupe de ses démarches
administratives.
Un soir, le père va annoncer à cette femme que sa fille
vient de se fiancer et qu'il préfère ne pas venir chez elle
au moins jusqu'à son mariage. Ainsi, il ne veut pas que les gens tiennent
des propos qui pourraient porter préjudice à sa fille. Elle
le comprend et accepte de se débrouiller seule. Tout à coup,
l'homme sent une vive douleur à la poitrine, suivie d'une crise cardiaque
mortelle. La femme ne sait quoi faire car tout s'est passé si vite
qu'elle n'a pas eu le temps de réagir. Elle va prévenir la
famille, leur explique la situation et leur demande de ramener le corps avant
le lever du jour, mais à l'abri des regards indiscrets du voisinage.
Tout le monde vient à
savoir et les ragots vont bon train sur la relation de la femme et
du décédé. La famille est rejetée par les voisins
et contrainte de vendre tout et de s'installer dans un bidon ville en attendant
de s'acheter une maison. La fille aînée ne donne pas son adresse
à son fiancé, car elle a honte de lui faire face, craignant
qu'il rompe les fiançailles. Pourtant, rien de tel ne se produit.
Malheureusement, sa sur cadette, fiancée à son cousin
avant le décès de son père, voit ses fiançailles
se rompre. Son fiancé refuse de se marier avec elle à cause
du scandale lié aux conditions de décès du père
et va s'installer aux Etats-Unis.
Ses surs et son frère poursuivirent leurs études,
mais détestent le bidonville où ils habitaient. La grande
sur trouve un poste d'instituteur dans un collège. La sur
cadette, en allant à l'université, rencontre tous les jours
un jeune homme à l'arrêt de car, qui lui demande un jour d'aller
boire un café avec lui. Elle hésite d'abord mais accepte. Ce
jeune homme lui raconte qu'il vit près de chez elle et qu'il travaille
dans un bureau. Il se prépare à partir aux Etats-Unis dans
l'espoir d'avoir un meilleur avenir à l'étranger. Il lui fait
une proposition de mariage, mais elle lui répond qu'elle le connaît
à peine et a besoin de plus de temps, de réflexion et d'en
parler à sa mère et à sa grande sur. Devant
l'opportunité de partir
aux Etats-Unis le plus rapidement possible, il lui propose si elle le souhaite,
de faire les démarches administratives pour l'amener avec lui. Et
il lui dit que si elle demande l'autorisation à sa famille, ils vont
perdre beaucoup de temps. Elle pense à son fiancé qui l'a
abandonné et qui se trouve actuellement aux Etats-Unis et elle
décide d'accepter la proposition afin de se venger du préjudice
moral que lui avait causé la rupture de
fiançailles.
Ils se marient en l'absence de leurs proches et la femme continue à vivre chez sa mère sans leur dire mot. Sa famille ne l'apprend que quelque temps plus tard lorsqu'elle reçoit une notification de divorce de la part de son mari. Elle ne sait pas où le chercher. Sa sur aînée s'est aperçue que son beau-frère n'habitait plus à l'adresse qu'il avait indiquée à sa femme et personne ne le connaît. Tout le monde est bouleversé et inquiet de l'avenir de la jeune femme, qui est enceinte. La famille a peur que personne ne la croie si elle dit que l'enfant qui à naître est légitime et issu d'une union légale.
Un jour la fille aînée, va voir son fiancé
dans son entreprise de construction immobilière. Elle est surprise
qu'il ne soit pas encore marié. Il lui explique qu'il a appris ce
qui s'est passé avec son père et sa famille. Il l'a cherchée
partout car il ne pouvait imaginer faire sa vie avec une autre femme. Après
de nombreuses rencontres, elle l'invite chez elle et lui dit un jour qu'elle
a réussi à s'acheter un appartement où ils vont
emménager. Il lui parle de mariage, car maintenant elle n'a aucune
raison de dire non, vu que sa famille va avoir un logement convenable et
qu'il est prêt à les aider financièrement après
le mariage. Elle lui raconte ce que s'était passé avec sa
sur et lui demanda de renoncer à se marier avec elle et d'accepter
pour son amour sa sur, qui ne trouvera plus personne à cause
de l'enfant qu'elle porte. Il refuse mais elle lui explique que s'il accepte
il sauvera deux vies : celle de sa sur et celle de son enfant, car
ils ne pourront vivre paisiblement dans une société qui les
questionnera sans cesse sur leur passé. Elle le
supplie et il accepte de lui
donner le statut de femme mariée, mais pas celui d'épouse.
Elle annonce la nouvelle à sa sur, qui refuse de se marier,
surtout avec le fiancé de sa sur, sachant qu'ils s'aiment beaucoup.
Un jour, elle s'enfuit en laissant une lettre pour dire qu'elle veut éviter
que sa famille soit humiliée à cause d'elle. De plus, elle
ne souhaite pas être avec son futur enfant un fardeau pour sa sur
aînée. Celle-ci subvient aux besoins de la famille et a
sacrifié son amour pour elle. Lorsque la famille se met à sa
recherche, ils trouvent son corps dans le voisinage : un jeune homme l'avait
poignardé pour prendre son sac à main.
La sur aînée renonce à se marier après
ces événements. Sa petite sur, mariée, est partie
avec son mari et son frère étudiant. A l'âge de 40 ans,
elle rencontre un homme plus jeune qu'elle avec qui elle se marie mais il
a un accident et est hospitalisé. A l'hôpital, il rencontre
une femme dont le mari vient de décéder et qui lui plaît.
A sa sortie de l'hôpital, il annonce à sa femme qu'il désire
se remarier. Elle veut en savoir la cause, mais il n'est pas capable de lui
donner une raison. Elle lui demande alors si c'est à cause de son
âge ou du fait qu'elle ne peut pas avoir d'enfant. Il dit que c'est
juste qu'il ne peut pas vivre toute sa vie avec une seule personne, et que
si elle le désire, elle peut rester vivre avec lui. Elle accepta de
se séparer mais pas de vivre avec lui et sa nouvelle épouse.
Sans aucune faute, sans aucune raison valable, elle est rejetée par
son mari et s'en va du domicile conjugal
pour vivre avec sa mère.
Elle apprend plus tard que la deuxième épouse a obtenu le divorce
et que son ex-mari a rechuté dans sa maladie. Elle va le voir et passe
sa vie à s'occuper de lui malgré ce qu'il lui a fait
subir.
Analyse de l'histoire :
La sur cadette s'est mariée avec une personne qu'elle
connaissait à peine. Elle accepta sa proposition uniquement dans le
but de se venger. Elle voulait partir aux Etats-Unis avec son mari et montrer
à son ex-fiancé, malgré la rupture des fiançailles,
son passé familial et la pauvreté dans laquelle elle vivait,
qu'elle avait trouvé quelqu'un qui voulait faire sa vie avec elle.
Son fiancé avait rompu car la famille avait perdu son honneur et sa
dignité à cause des conditions dans lesquelles le père
était décédé. Le père avait trouvé
la mort la nuit, chez une femme qui était considérée
par les voisins comme non fréquentable et immorale, alors qu'elle
était mariée et avait des enfants, mais vivait seule car son
mari était à l'étranger. Le fait qu'elle reçût
des hommes, dont un père de famille qui l'aidait dans ses démarches
administratives dérangeait les voisins, qui voyaient autres choses
dans ces visites d'affaire. Ils ne voulaient avoir aucun contact avec elle
et ne laissaient pas leurs jeunes filles s'approcher d'elle de peur qu'elle
n'exerçât sur elles une mauvaise influence. On constate qu'il
est difficile pour une femme de vivre seule.
La deuxième raison de la rupture des fiançailles, c'est que la famille n'a plus rien pour vivre, qu'elle était obligée de quitter la maison de fonction sans délai, qu'elle n'avait trouvé que deux pièces dans un bidonville et que tous les membres de la famille en avait honte d'aller rendre des visites. La famille du fiancé avait peur que la fille n'ait plus rien à ramener avec elle pour son trousseau.
Le mariage de la fille cadette a été
célébré en secret, en l'absence des proches des époux.
Personne ne savait qu'elle était mariée jusqu'au jour où
elle reçut une notification du divorce. Elle sut que son mari faisait
parti des hommes qui se mariaient avec les femmes dans le seul but de consommer
le mariage car aucune femme de bonne famille ne voudrait avoir des relations
avec un homme en dehors du mariage. Les hommes, dans ce cas, restent peu
de temps avec leurs femmes et partent sans laisser
d'adresse.
Les
causes du divorce dans cette
série.
Première cause : la femme a accepté de se marier sans
très bien connaître le jeune homme en pensant que son mariage
allait alléger le fardeau de sa famille. Le fait que son mari
l'emmène aux Etats-Unis lui permettrait de se venger de son
ex-fiancé qui avait rompu avec elle et lui avait porté un
préjudice moral.
La deuxième cause : l'homme ne s'est prêté à
la cérémonie du
mariage qu'en vue d'atteindre un résultat étranger à
l'union matrimoniale. Il est vrai que la consommation du mariage rentre dans
la composition de celui-ci. Mais épouser une
femme uniquement pour
légitimer des relations sexuelles n'est pas vraiment le but premier
d'un mariage.
Voici l'histoire d'un jeune homme et d'une jeune femme de famille aisée financièrement qui font la connaissance grâce à des amis d'université. Ils se marient et la jeune femme s'installe chez ses beaux-parents comme la majorité des Pakistanaises. Ils vivent heureux jusqu'au jour où toute la famille a le désir de voir jouer un petit enfant dans la cour de la maison. Après de nombreux tests médicaux, il s'avère que la jeune femme ne peut avoir d'enfant et les tensions se créent au sein du couple, qui divorce. La jeune femme commence à vivre avec son beau-frère et sa sur, car tous les autres membres de la famille estiment qu'elle n'a pas été capable de maintenir son foyer et la déclarent fautive. Elle reprend son travail dans un bureau. Son mari s'aperçoit qu'il a commis une erreur en divorçant et reprend contact avec elle, car n'a pas réussi à l'oublier, et ils recommencent à se voir. Leurs rencontres ont lieu loin des regards de la société et de la famille, car ils ont peur de leurs réactions. Ils savent tous deux qu'après le divorce, les conjoints deviennent des étrangers l'un pour l'autre et que la société ainsi que la religion interdisent aux personnes non liées par le lien de mariage de se voir. La femme essaye également d'expliquer cela à son ex-mari, qui insiste tout de même pour la revoir. Ils cherchent, même désespérément, une solution pour vivre à nouveau ensemble.
Elle craint que ses collègues ne sachent qu'elle fréquente
un homme. De peur, elle ne leur parle pas beaucoup. Cependant, un de ses
collègues commence à s'intéresser à elle et petit
à petit il réussit à tenir une conversation avec elle.
Quelque temps plus tard, il la demande en mariage mais elle ne lui répond
pas. Elle raconte à son ex-mari que son collègue s'intéresse
à elle et lui a fait une proposition de mariage. Il réfléchit
et lui demande d'accepter, car c'est la seule solution leur permettant de
s'unir de nouveau. Il lui explique qu'après son mariage, elle devra
tout faire pour obtenir le divorce et qu'après ils pourront se remarier.
Elle refuse de tromper un homme honnête qui veut se marier avec elle
en sachant qu'elle a divorcé. Elle décide d'accepter la proposition
de son collègue, uniquement pour divorcer et qu'elle puisse se remarier
avec son ex-mari (seule solution offerte par l'Islam et par la loi). Mais
sa sur aînée lui interdit d'agir de la sorte : aucun homme
n'accepterait de se marier dans ces conditions. Elle lui préconise
le mariage avec son collègue, sachant que peu d'hommes accepteraient
d'épouser une femme divorcée.
Le mariage eu lieu et elle obtient la promesse de son ex-mari de ne
la rencontrer qu'après un certain temps. Sans attendre le signal de
son ex-femme, il la revoit. Un membre de la famille de l'ex-mari les voit
ensemble et la mère de celui-ci est aussitôt mise au courant.
Elle lui interdit de voir une femme mariée, car elle ne veut pas que
la vie de son ex-belle fille soit détruite mais il ne l'écoute
point. Il conseille à son ex-femme de provoquer des disputes entre
elle et son mari. Elle essaye tous les jours de vexer, de mettre en colère
son mari par tous les moyens ,mais en vain et un jour elle décide
de quitter sa maison pour passer quelques jours chez sa meilleure amie en
espérant que son mari lui enverra une notification de divorce. Elle
tombe malade et les médecins lui annoncent à son grand
étonnement, et contre toute attente, qu'elle est enceinte. Sa sur
savait que ce n'était pas les médecins qui s'étaient
trompés, mais son ex-mari qui avait dissimulé la
réalité. En fait, il avait fait croire à tout le monde
que sa femme était stérile, alors que c'était lui qui
ne pouvait avoir d'enfants. Lorsque la femme l'apprit, elle fut furieuse.
Elle lui demanda de l'oublier car il lavait déjà assez
humiliée en annonçant à tout le monde sa
stérilité et en divorçant pour cette cause. Elle
décida de passer sa vie avec le père de
l'enfant.
Analyse de la série "Yé Zindagi"
:
Dans
cette série, le mariage à été
célébré par consentement mutuel des époux. Ils
ont pu faire un mariage d'amour car toute la famille avait reçu une
éducation de haut niveau et que tous étaient très ouverts
d'esprit. Après la dissolution du mariage, les ex-époux continuent
de se voir discrètement alors que la religion et la société
le leur interdisent. Ils cherchent une solution pour s'unir de nouveau. En
Islam, une femme divorcée ne peut se remarier avec le même homme
qu'après avoir épousé une tierce personne (mariage
intermédiaire) qui accepte de divorcer à son tour volontairement
sans subir de pression de sa femme ou de l'ex mari. Le deuxième mariage
de la femme ne doit pas avoir lieu uniquement pour l'obtention du divorce
afin de se remarier avec l'ex mari (mariage
simulé).
La société aussi désapprouve les rencontres entre
les célibataires et les divorcés, car les personnes qui respectent
les murs ne doivent pas se comporter ainsi.
Les personnages dans la série provoquent un mariage simulé
mais n'obtiennent pas le résultat escompté. En effet, le mari
refuse de divorcer et l'arrivée de l'enfant fait changer d'avis la
femme qui préfère rester avec le père de son enfant.
Si elle avait persisté, la société aurait vue en elle
une femme indigne.
Les causes de divorce dans cette
série
La
stérilité de la femme est la cause principale de divorce (cause
très fréquente chez les couples qui n'ont pas d'autres
problèmes apparents). Les parents insistent pour que le fils se remarie
afin d'avoir un enfant qui perpétuera le nom de la famille et qui
sera désigné comme héritier. Le problème ici,
c'est que ce que ce n'était pas la femme qui était stérile,
mais le mari, qui avaient dissimulé les résultats des tests
médicaux. Le mari a réagi ainsi pour sauvegarder son honneur
et continuer à être considéré comme
viril.
Junoon est une série qui se déroule à Rawalpindi, ville du Panjàb et Islamabad, capitale du Pakistan. Elle montre tous les problèmes que peut rencontrer la femme panjàbi dans la vie : vivre dans un village, vivre seule, être divorcée etc.
Une jeune femme, prénommée Begmà, vit dans un
village avec sa belle-mère et ses demi-frères et surs.
Elle est employée de maisons chez
une
dame âgée qui en contrepartie lui donne un peu d'argent, à
manger et des cours d'alphabétisation. Le neveu de cette femme, Abdul
Rahmàn, venu lui rendre visite, rencontre Bégmà et est
surpris de voir la simplicité et la gentillesse de cette jeune femme
qui élève ses demi-frères et surs. Il est séduit
par elle et se marie. Ils vivent avec le strict minimum dans une petite maison
de fonction avec leur enfant Gudu (surnom) à Rawalpindi. Abdul
Rahmàn a pour voisin son collègue Asghar, ce dernier vit avec
sa femme Bilqiss qui aime mener la grande vie et achète tout ce qui
est luxueux (tapis, bijoux, vêtements). A chaque fois qu'elle achète
quelque chose, elle invite Begmà à venir la voir, mais celle-ci
devient triste et se demande pourquoi ils ne pourraient pas avoir les mêmes
choses, sachant que son mari et l'époux de Bilqiss travaillent dans
le même bureau et ont un poste et un salaire similaires. Mais Asghar
lui touche des pots de vin pour faire traiter les dossiers en priorité.
Du coup, cela lui permet, d'arrondir ces fins de mois et permet à
sa femme d'acheter des appareils électroménagers, bijoux et
vêtements. Abdul Rahmàn, très pieux (il va cinq fois
par jour à la mosquée) et honnête, refuse de gagner de
l'argent illégalement au risque de perdre le respect et la confiance
que lui accordent ses supérieurs. Il se contente de son salaire.
Après chaque visite chez Bilqiss, Bégmà rentre chez
elle et médite sur son sort, car elle sacrifie tout pour son fils
et se contente de peu pour vivre. Elle voudrait un changement, mais Azrà
(une femme qu'Abdul Rahmàn considère comme sa grande sur)
lui explique qu'il ne faut pas être influencée par la vie
menée par Bilqiss. Elle lui suggère d'être patiente en
attendant les jours meilleurs. De plus, elle n'a pas à envier les
autres, car elle a une richesse inestimable avec le bonheur conjugal et un
fils adorable.
Le voisinage n'aime pas Azrà, car elle vit seule. On raconte
ça et là qu'elle reçoit des visites de personnes très
aisées, reconnaissables par les grandes voitures souvent garées
à sa porte.
Bilqiss
aussi monte Begmà contre elle et lui dit de faire attention à
cette femme qui paraît immorale.
Azrà est la deuxième épouse d'un
malik13 très puissant. Elle
s'est séparée de lui car il n'avait pas accepté sa fille
malade (Pàro) issue d'une première union.
Après sa séparation, Azrà avait loué une
petite maison et subvenait à ses besoins en créant des
vêtements pour enfants et les vendant en magasins. Ainsi, elle gagnait
très bien sa vie et apportait des cadeaux mêmes sans occasion,
pour Gudu, et aidait financièrement Bégmà et son
mari.
L'honnêteté d'Abdul Rahmàn fut un obstacle pour
certains dossiers litigieux qui ne pouvaient avancer sans son visa. Il refusait
les dossiers illégalement réalisés, et dans lesquels
les sommes étaient surestimées. Il reçut des visites
d'un dénommé Akeel, qui lui proposa une somme d'argent pour
obtenir son visa, mais il refusa. A la même période son enfant
fut malade et les médecins demandèrent une forte somme d'argent
pour le guérir. Il ne pouvait réunir cette somme, même
en vendant ses biens. Akeel le sut et prit en charge tous ses frais en contre
partie d'une somme d'argent qu'il lui avançait. Après
l'opération, Gudu ne vécu pas longtemps et Abdul Rahman pensa
qu'il était la cause du décès prématuré
de son fils, car il avait douté d'Allah en ayant pris la décision
de faire avancer le dossier d'Akeel pour le remercier. Abdul Rahmàn
refusa tout de même d'accepter le dossier d'Akeel et s'engagea à
rembourser la somme qu'il avait empruntée pour la guérison
de son fils. Il ne voulait pas être corrompu. Akeel, vexé, pour
se venger, cacha dans son bureau une somme d'argent. Abdul Rahmàn
fut emprisonné pour corruption.
Sa femme et Azrà essayèrent de le délivrer mais ne réussirent pas. Abdul Rahmàn demanda à sa femme de partir au village jusqu'à sa libération et elle accepta. Akeel s'arrangea pour que le logement de fonction leur soit repris et avec la participation de la femme d'Asghar, il fit signer une feuille blanche par Abdul Rahmàn en lui faisant croire que le secrétaire de son bureau avait besoin de sa signature pour prolonger le délai accordé pour quitter le logement. Sur cette lettre, il fit inscrire par le secrétaire le divorce d'Abdul Rahmàn et de sa femme. Il envoya par la poste la notification de divorce à Begmà, qui normalement devait partir au village sur l'ordre de son mari, mais resta à la demande de Bilqiss chez elle. Elle fut choquée et ne comprit cette nouvelle situation. Bilqiss, sachant tout, ne dit rien car Akeel était l'agent qui négociait l'acceptation des dossiers traités par Asghar. Pour se couvrir, elle rejeta la faute sur Azrà, en disant à Bégmà que cette femme souhaitait la séparation de leur couple, qu'elle s'intéressait à Abdul Rahmàn et que de toute façon c'était une femme de mauvaise augure. Selon Bilqiss, Azrà était porteuse de maléfices, car peu de temps après avoir fait sa connaissance, Bégmà et Abdul Rahmàn n'avaient connu que des mésaventures : la maladie de l'enfant Gudu, son décès, l'accusation de corruption puis l'emprisonnement d'Abdul Rahmàn et enfin le divorce. Ce qui prouvait que cette femme n'avait pour but que de détruire les foyers et de séduire les hommes. Bilqiss et Akeel montèrent Begmà contre Azrà. Bilqiss, à la demande d'Akeel, prépara mentalement Begmà pour qu'elle accepte de l'épouser après sa période de viduité, car il était riche, serviable et l'avait beaucoup aidée pendant la maladie de son fils. De plus, il avait fait le nécessaire pour prolonger le délai pour quitter le logement. Elle accepta. Azrà sut la vérité et alla prévenir Begmà, qui ne voulut pas la recevoir, et le mariage eut lieu. Azrà ne voulut pas annoncer la nouvelle à Abdul Rahmàn, qui était déjà inquiet et croyait que sa femme l'attendait au village.
§ 2 - Les conséquences
du divorce
Conséquences du divorce
dans
PARWAZ
Dans la série, le remariage de la jeune femme est rendu impossible à cause de l'enfant qu'elle porte. La famille a peur que les gens ne considèrent l'enfant comme illégitime, étant donné que personne n'a eu connaissance du mariage de la femme. Elle ne détient aucune preuve du contraire. La sur aînée tente de convaincre son fiancé de se marier avec sa sur pour faire croire aux gens, après la naissance de l'enfant, qu'il est né de l'union entre le fiancé et la sur. Ainsi la sur ne sera pas déshonorée et l'enfant sera considéré comme légitime. La sur cadette refuse d'accepter cette union ne souhaitant pas prendre pour époux le bien-aimé de sa sur. Elle veut s'enfuir aussi loin qu'elle pourra. Là, personne ne la connaît, car elle sait que si elle reste avec sa famille, on la forcera à se marier dans son propre intérêt et celui de la famille. Mais elle n'a pas pu quitter son quartier : elle a été poignardée par un voleur. Sa mort dissimule tout, son mariage, son divorce et sa grossesse. Les conséquences morales de son divorce sont très importantes pour elle et pour sa famille. D'abord, personne ne savait qu'elle était mariée. Fournir la preuve de son mariage était difficile car le mari s'était enfuit avec tous les justificatifs. L'enfant qu'elle portait, tout en étant légitime, ne pouvait avoir cette qualité aux yeux de la société. Son remariage était devenu nécessaire mais personne n'aurait voulu d'une femme qui, sans être mariée, allait donner naissance à un enfant. Si elle donnait naissance à un enfant, elle compromettrait le mariage de sa sur benjamine. Cette sur trouverait difficilement quelqu'un avec le passé de sa famille, mais son décès a tout arrangé.
Lorsque la sur aînée se marie quelques années
plus tard, son mari veut se remarier elle préfère ne pas divorcer,
car elle a peur des conséquences du divorce sur sa vie et
préfère se séparer. Elle aurait pu divorcer, car elle
pouvait subvenir à ses besoins seule, elle était professeur
dans un collège et gagnait bien sa vie. Mais elle savait que divorcer
était mal vu par la société et à son âge,
ce n'était pas préférable. De plus sa vieille mère
n'aurait pas pu survivre après la nouvelle, car elle avait
déjà subi le divorce et la mort de sa sur cadette. La
séparation lui aurait permis de garder le nom de son mari et d'être
encore respectée. Les femmes divorcées ne gardent plus le nom
de leur mari après le divorce, par principe.
Conséquences du divorce dans YE
ZINDAGI
La femme a été humiliée par toute sa famille. Certains proches ont même refusé de lui adresser la parole et ont coupé tous les liens. Ils estiment qu'elle a été justement punie par son mari car elle avait fait un mariage d'amour qui n'était pas apprécié par tout le monde. Le fait qu'elle soit trop sûre de son choix lui a causé un préjudice. De plus, son entourage désapprouve sa relation avec son ex-mari, qui est interdite par la religion et la tradition. Par-dessus tout, après son divorce, elle accepte de se remarier avec un autre homme uniquement dans le but de s'unir à nouveau avec son ex-mari. Elle n'ignore pas que le mariage intermédiaire est indispensable pour refaire sa vie avec lui. Le second mari doit obligatoirement divorcer afin qu'elle obtienne ce résultat. Mais sa sur et confidente lui interdit de se marier avec un homme uniquement dans le but d'obtenir une seconde fois le divorce, car cela entacherait encore plus l'image de la famille. Par ses décisions prises de façon unilatérale, elle accumulerait des actes préjudiciables pour sa personne et qui entraîneraient de fâcheuses conséquences pour sa vie future ainsi que pour sa famille et ses proches. D'ores et déjà elle souffre de l'attitude de ses proches qui subissent un préjudice moral à cause de l'attitude de la société.
Conséquences du divorce dans
JUNOON
Dans
cette série, Bégmà a été victime d'un
divorce qui n'a pas véritablement lieu. Un ennemi de son mari, Akeel,
attiré par elle, décide de se marier avec elle. Il lui envoie
une notification de divorce de la part de son mari qui se trouve en prison.
Bégmà ne s'étonne pas vraiment, car elle pense que son
mari est attiré par Azrà qui lui rend souvent visite en prison.
En réalité, le divorce obtenu par fraude (le papier signé
par Abdul Rahmàn pour faciliter des démarches administratives
à sa femme a été récupéré par Akeel
qui s'en est servi pour se venger) n'a aucune valeur juridique, c'est comme
si Bégmà n'avait jamais été divorcée.
Pensant que son divorce était irrévocable, après sa
période d'attente elle se remarie avec Akeel. Ce mariage a la même
valeur qu'une relation adultérine sanctionnable pénalement.
Mais elle ignore tout de la vérité. C'est pourquoi le juge,
dans cette série, l'acquittera. En revanche, son mari, auteur de la
saisine après lui avoir dévoilé la vérité
grâce à la justice, ne l'acceptera plus car elle a eu une relation
avec un autre homme. Elle sera réellement divorcée après
ces événements.
Ce genre d'histoire n'est pas très fréquent, mais j'ai
lu un cas similaire dans un quotidien pakistanais publié en juin
1998.
CHAPITRE II - LES CAUSES ET CONSÉQUENCES DU
DIVORCE DANS LA VIE RÉELLE AU PANJAB : TÉMOIGNAGES ET
FAITS
DIVERS
SECTION I - LES CAUSES DU DIVORCE D'APRES LES
TÉMOIGNAGES
§ 1 - LES CAUSES DU
DIVORCE
PREMIER EXEMPLE
Au Panjàb la majorité de la population vit dans les
villages où les jeunes filles et les jeunes hommes ont beaucoup moins
de chances de continuer leurs études. Peu de villages leur offrent
la possibilité de continuer leurs études sur place. Ils sont
obligés de partir et de quitter leurs villages. Peu de parents sont
prêts à envoyer leurs enfants loin d'eux, surtout s'agissant
d'une fille, car on ne peut la laisser partir seule de peur qu'elle ne fasse
de mauvaises rencontres et risque d'entacher l'honneur de la famille. Les
jeunes hommes qui ne peuvent partir par faute de moyens restent dans leurs
villages pour travailler dans les champs ou dans l'affaire familiale, ou
exécutent de petits travaux. Les filles peuvent-elles aussi participer
aux travaux agricoles ou rester chez elles pour étudier si les parents
ont les moyens de payer un professeur particulier, ou bien elles apprennent
à coudre ou à cuisiner. Dès qu'elles commencent à
être un peu autonomes dans les travaux domestiques, on pense à
les marier, alors qu'elles sont encore très jeunes. Dans les villages
reculés, l'âge vient en dernière position pour le choix
du mari. Souvent, la première demande est acceptée. Les parents
s'assurent juste que le mari puisse subvenir aux besoins de la
fille.
Ce genre de mariage sans enquête préliminaire pour
vérifier les autres qualités et défauts du prétendant
représente un risque. Les personnes qui vont s'unir ne se connaissent
pas assez et ont une grande différence d'âge, comme dans ce
cas d'une jeune femme vivant dans un petit village du Panjàb, mariée
très jeune, vers l'âge de 15-16 ans, avec un homme qui a au
moins vingt ans de plus qu'elle. Elle raconte que ses parents après
qu'elle eut suivi quelques classes dans une école primaire
décidèrent de ne plus l'envoyer à l'école par
manque de moyens. Ils ne purent lui accorder ce privilège alors que
leurs autres enfants n'en avaient pas profité. Elle resta donc à
la maison et s'occupa de ses frères et surs avec sa mère.
Plus tard, elle eut une demande en mariage, et ses parents acceptèrent
après s'être simplement assurés que le demandeur
n'était pas déjà marié et qu'avait un emploi
stable. Le mariage eut lieu. La jeune fille n'avait jamais pensé à son mariage
ni à ce que pouvait être un mari idéal. Elle ne s'attendait
pas à se marier aussi jeune, même si elle savait que dans sa
famille, cela était très courant.
On ne lui demanda pas vraiment son avis, lui annonçant seulement
qu'elle allait bientôt se marier, après quelques petits
préparatifs. Son mariage arrangeait toute la famille. C'était
un moyen de réduire le poids du fardeau qui pesait sur les épaules
de parents désireux de marier vite toutes leurs filles par peur de
ne pas trouver des prétendants à cause de leur pauvreté.
Les hommes au Panjàb préfèrent toujours se marier avec
des filles jeunes, belles, éduquées et riches (toutes ces
qualités réunies en une épouse si possible). Du coup,
les familles pauvres ont peur
de ne plus trouver quelqu'un pour leurs filles.
Son mariage eut lieu et la vie continuait sans vraiment de grands
changements, elle faisait tous les jours la même chose (ménage,
cuisine repassage etc.). Elle commençait à être
fatiguée de cette vie, elle n'avait pas encore d'enfants vers l'âge
de 19 ans. Elle se mit à réfléchir sur son mari, qui
lui semblait de plus en plus vieux, grincheux, et qui n'avait aucun point
commun avec elle. A chaque fois qu'ils discutaient, elle trouvait qu'ils
n'avaient presque rien à se dire. Par politesse elle essayait d'être
toujours en accord avec lui, sachant qu'il détestait qu'on le
contredise.
Elle commençait à réfléchir sur son sort,
se demandant ce qui serait arrivé si elle n'avait pas épousé
cet homme. Aurait-elle trouvé quelqu'un de mieux ? Cette pensée
l'obsédait, et elle n'avait aucune motivation pour faire les tâches
ménagères. Elle se rendait de plus en plus chez ses parents
qui habitaient le même village. Au mariage de sa sur, elle fit
la rencontre d'un jeune homme qui lui plut, et elle se dit que si elle avait
eu la possibilité de choisir son mari, elle aurait
préféré cet homme qui était le fils d'un proche
de ses parents. Elle le rencontra plusieurs fois chez ses parents et ils
prirent la décision de se marier : mais le seul problème
était qu'elle était déjà mariée. De plus,
lorsque la mère sut cette nouvelle, elle se mit en colère et
conseilla à sa fille de ne jamais prendre une telle décision.
Si elle décidait de divorcer, la honte s'abattrait sur la famille.
Mais la fille ne voulait rien entendre et tous les jours se disputait pour
un oui et pour un non avec son mari, qui trouva son comportement assez bizarre
et lui en demanda la raison. Elle lui dit qu'elle ne supportait plus de vivre
avec lui et qu'elle voulait le divorce. Le mari resta muet, et après
de nombreuses disputes, elle obtint gain de cause et se remaria quelque temps
plus tard avec l'homme qu'elle avait choisi. Mais ses parents coupèrent
tout lien avec elle. Elle était comme morte pour
eux.
Les
causes du divorce dans cet exemple sont les
suivantes
:
La principale cause est la différence d'âge entre les
époux. La jeune fille se marie à un âge où il
lui est difficile de dire si le mari que ses parents ont choisi pour elle
lui convient ou pas. De plus, personne ne lui demande son avis. Elle se rend
compte après le mariage que son mari et elle ne sont pas faits l'un
pour l'autre, qu'ils n'ont rien de commun et qu'elle ne l'aime
pas.
Sa vie ne lui plaît pas, elle veut vivre autrement et vers ses
19 ans, elle fait la connaissance d'un jeune homme et décide qu'elle
ne continuerait plus à vivre avec son mari. Elle commence à
provoquer des disputes afin d'obtenir le divorce. Elle est persuadée
que si elle l'obtient, cela lui permettra de se marier avec la personne de
son choix et de mener une vie idéale.
Le mari, dans ce cas, est un homme qui aime sa femme, qui essaye de
la comprendre et de demander les raisons qui la rendent malheureuse. Mais
il ne se rend pas compte que la cause du comportement de son épouse
c'est son âge. Elle est jeune, dynamique et veut mener sa vie avec
quelqu'un de son âge et non pas avec quelqu'un qui lui fait penser,
à chaque fois qu'elle le regarde, à son
père.
Les parents ne souhaitent pas que leur fille divorce, mais avant de
la marier ils n'ont pas pris la peine de lui demander son avis. Ils ont
essayé de lui trouver quelqu'un à tout prix de peur qu'elle
ne reçoive d'autres propositions comme celle-ci. La cause du divorce,
c'est aussi la décision prise par les parents qui, voulant le
bien-être de leur fille, lui ont rendue la vie
impossible.
Cette fois-ci le divorce n'a pas lieu dans un petit village mais dans
une ville du Panjàb, à Rawalpindi.
Un mariage a eu lieu entre deux familles très aisées
et très éduquées. Le jeune homme a environ vingt-sept
ans et a un poste de responsabilité dans une banque. La jeune fille
a vingt-trois ans et vient d'obtenir son diplôme de maîtrise.
Le père du jeune homme veut marier son fils avec la fille de son
frère aîné. La mère du jeune homme discute avec
son fils pour connaître son avis, car la fille semble d'accord pour
cette union. Le fils refuse, ce à quoi la mère s'attendait
car elle savait qu'il voulait se marier avec une de ses collègues.
Le père insiste et ne veut rien entendre, car il a déjà
promis à son frère qu'il ne marierait son fils qu'avec sa fille.
Les nombreuses discussions qui suivent ne changent rien, et le père
gagne. Après deux ans de vie commune et un enfant, le mari décida
de se marier avec sa collègue qu'il voyait souvent en dehors de son
travail. La femme, en apprenant cela retourna chez ses parents avec son fils
et resta chez eux . Le père de la fille, sa mère et son frère
rencontrèrent le beau-père pour discuter de l'avenir de leur
fille, qui n'avait aucun défaut, n'avait commis aucune faute et aucun
acte qui pouvait justifier la décision de son mari. Les parents du
jeune homme rassurèrent les parents de la jeune femme qu'ils allaient
tout faire pour que leur fils revînt sur sa décision. Mais ce
fut un échec. Le mari voulait bien ne pas divorcer et garder son
épouse et son enfant, mais ne voulait pas renoncer au deuxième
mariage. La femme refusa de revenir chez son mari, estimant qu'elle avait
été trompée pendant tout ce temps. Le fils avait fait
un marché avec sa mère : se marier avec la fille que son père
avait choisi pour lui à la condition d'épouser sa collègue
après. La mère avait dit oui, convaincue qu'il changerait d'avis
après le mariage et après la naissance de l'enfant. Cela ne
se passa pas comme elle avait espéré, et avant le deuxième
mariage, le fils divorça. Le père de la fille ne supporta pas
cette nouvelle et mourut.
La fille, après avoir passé un an chez ses parents sans aucune activité professionnelle, décida d'elle-même de travailler. Ainsi, elle ne dépendait pas totalement de son frère et elle pouvait subvenir aux besoins de son fils. Elle occupa un poste de professeur dans un collège. Sa famille réussit à avoir la garde de l'enfant par la voie extrajudiciaire et non par la voie judiciaire, alors que la femme était au courant de ses droits. De plus l'ex-mari lui facilite cette garde, de crainte d'imposer à sa future femme cette tâche supplémentaire. L'enfant fut autorisé par sa mère à voir son père chez lui. La femme divorcée n'accepta rien (aide matérielle) de lui pour élever son enfant car elle voulait lui démontrer qu'elle peut survivre sans son aide.
Les
causes du divorce dans ce cas
sont :
- le mariage arrangé par le père malgré le refus
du fils. Le père ne veut pas rompre la promesse qu'il a fait à
son frère de marier son fils avec sa fille. A ses yeux, revenir sur
sa décision serait synonyme de perdre son honneur et de n'être
plus digne de confiance ;
- l'espoir crée par la mère qui assure son fils que
s'il accepte de se marier avec la personne choisie par son père, il
pourra se remarier avec sa collègue l'encourage à divorcer
;
- la femme, avant le remariage de son mari, se sépare de lui.
Ses parents et beaux-parents essayent de les concilier pour éviter
qu'il y ait divorce, mais le mari reste sur sa position.
TROISIEME
CAS :
C'est une histoire vécue qui se déroule à Goujerat.
Le futur marié arrive d'Angleterre où il vit avec sa famille.
Le mariage a été arrangé par les parents. Le jeune homme
et la jeune fille se connaissent un peu grâce à leurs parents
et ils se sont déjà vus pendant les vacances des années
précédentes. Les mariés ont à peu près
le même âge et le même niveau d'éducation
.
Après le mariage, la jeune mariée rentre en Angleterre
avec son mari et quelque temps après constate que son mari est très
occidentalisé. Il rentre très tard, sort avec de nombreuses
jeunes filles, boit et parie, et tout ce qu'il gagne, il le dépense
avec ses amies aux jeux. Il ne s'intéresse pas à elle et elle
se sent délaissée. Elle ne veut pas écrire à
ses parents pour ne pas les rendre malheureux, de plus ils souffrent de sa
séparation. Elle ne connaît presque personne et elle n'ose pas
sortir seule. Ses beaux- parents ont décidé de rester au Pakistan.
Elle décide de subir le sort qui lui est réservé et
de laisser faire son mari. Elle donne naissance à deux garçons
et oublie un peut son sort en s'occupant de ses enfants. Mais le comportement
de son mari s'aggrave, il ne rentre plus tous les jours à la maison.
Quand il est présent, il est violent et grossier. Elle craque et
décide de rentrer au Pakistan. Elle rentre chez ses parents et raconte
tout. Ses parents font une réunion avec les beaux-parents qui contactent
leur fils au téléphone. Il nie tout et traite de menteuse sa
femme. En écoutant cela, la femme demande le divorce car elle ne veut
plus vivre avec ce personnage qui l'a humiliée tant de fois. Les parents
demandent à discuter, mais elle ne voit pas en quoi la discussion
pourrait changer quelque chose. Elle obtient le divorce facilement, car le
mari n'était pas prêt pour une relation stable et resta vivre
chez ses parents.
Les
causes du divorce dans ce cas :
Le mariage est certes arrangé, mais les intéressés consentent. La cause du divorce, c'est la méconnaissance du mari. En effet les époux avant leur mariage ne se connaissaient pas beaucoup car le mari habitait en Angleterre. Ils ne se voyaient que lorsque celui-ci revenait au pays passer ses vacances. Cette cause de divorce est assez courante au Pakistan et au Pànjab. En effet, beaucoup de familles vivant en Grande Bretagne, Etats-Unis ou autres marient leurs fils ou filles avec des jeunes hommes ou jeunes femmes qui vivent au Pakistan. Les parents pensent qu'ils ont élevé leurs enfants de façon traditionnelle, mais ce qui est sûr, c'est que ces enfants sont influencés par la façon de vivre de leur pays d'adoption. Les jeunes femmes qui quittent le Pakistan après le mariage pour vivre avec leurs maris ne supportent pas de les voir mener une vie occidentale (comme parier, boire des boissons alcoolisées, fréquenter des femmes...), quel que soit leur niveau d'éducation ou classe sociale.
C'est ce qui se passe dans cet exemple. La jeune femme a à
peu près le même âge et le même niveau d'éducation
que son mari, mais a été élevée selon les valeurs
traditionnelles et morales pakistanaises. Son mari, quant à lui, en
vivant en Angleterre, s'est occidentalisé. Il a plusieurs petites
amies avant et après le mariage, parie comme les Anglais et boit.
Cest de cette façon que la majorité des pakistanasi
définit le terme « occidentalisé ». De
ce fait, il fait tout à fait le contraire de ce que la religion musulmane
et la tradition pakistanaise imposent. Sa femme ne s'habitue pas à
sa mode de vie. De plus, en arrivant en Angleterre, il l'a oubliée,
il se désintéresse
d'elle et ne subvient plus aux charges du ménage. L'arrivée
de leurs deux enfants dans le foyer n'y change rien.
Elle rentre chez ses parents qui, comme à l'usage, cherchent
un moyen de conciliation. Mais il n'y a aucune solution exceptée le
divorce.
On constate que dans les deux derniers cas de divorce, les parents
essayent d'utiliser le moyen extrajudiciaire pour concilier les époux
afin d'éviter le divorce. Ils ont peur des conséquences du
divorce pour eux et pour leur fille.
§ 2 - LES CONSÉQUENCES DU DIVORCE
Les
conséquences du divorce dans le premier
cas
Les parents de la jeune femme coupent tout lien avec elle car elle
a divorcé après un mariage arrangé en prenant pour second
époux un homme de son choix. Ils refusent de la reconnaître
et la considèrent comme morte. La sanction est lourde, car elle est
devenue "orpheline" après son divorce et "enterrée" alors qu'elle
est encore en vie.
Les conséquences morales sont graves, car elle ne pourra
plus compter sur sa famille
en cas de besoin.
La femme souffre du préjudice moral du divorce. Son mari a
divorcé alors qu'elle n'avait commis aucune faute et ne vivaient pas
complètement en désaccord. Il a divorcé pour se remarier
avec une autre femme. Sa famille a accepté de la prendre en charge
avec son fils et de subvenir à leurs besoins. Mais ne voulant pas
abuser de la gentillesse de ses proches et souhaitant être autonome
financièrement, elle décide de travailler. Ce qui ne plaît
pas à son mari, car dans leur famille, les femmes ne travaillent pas,
quel que soit leur niveau d'étude. Elle ne tient pas compte des
préjugés. Elle refuse par amour propre la pension versée
par son mari, préférant élever l'enfant avec ses propres
revenus. C'est une sorte de vengeance à son égard. Elle n'interdit
pas que son ex-mari voie son fils, mais met tout en uvre pour que l'enfant
l'aime plus. Cela aura peut-être pour conséquence d'éloigner
l'enfant de son père qui sera amené à le
haïr.
Les
conséquences du divorce dans le troisième
cas :
Le divorce a été accepté par la famille, car
il a permis à la femme de se débarrasser d'un mari alcoolique,
parieur, grossier, violent et infidèle. Mais le divorce a
entraîné une dépendance financière vis-à-vis
des parents.
Une autre conséquence du divorce de la femme est d'avoir deux
enfants à charge, ce qui représente un obstacle pour son
éventuel remariage. Elle s'est jurée qu'elle ne se remarierait
plus et consacrerait sa vie à élever ses enfants. Elle craint
que suite à un remariage, ses enfants ne soient pas aimés par
leur
beau-père.SECTION II - LES CAUSES ET CONSÉQUENCES DU DIVORCE
D'APRES LES FAITS DIVERS RELATES DANS LES JOURNAUX§ 1 - Les causes
Fait divers n° 1 extrait
du quotidien Nawa-i-Waqt du 23 juin
1998
:
A Mian Chunù deux frères, Malik Murtaza et Malik Ibrahim
se marient en novembre 1997 avec deux surs vivant à Patoki.
Six jours plus tard, les deux surs rentrent chez leurs parents après
une dispute.
Les maris ont insisté pour qu'elles reviennent mais elles ont
refusé. Plus tard, les parents des jeunes filles ont demandé
aux gendres de divorcer de leurs filles. Sans attendre leur réponse,
les membres de la famille des jeunes femmes sont arrivés avec voitures,
fourgonnettes et deux camions de déménagement à Mian
Chunù en compagnie de 17 hommes armés. Ces hommes ont
commencé à tirer dans le vide dès leur entrée
sur le boulevard Imàm Bargah Chownk. Ils se sont arrêtés
devant la résidence de Malik Murtaza et Ibrahim Murtaza. Certains
d'entre eux sont rentrés de force dans la maison et on pris tous les
objets composant les trousseaux des jeunes femmes et les ont mis dans les
camions amenés à cet effet.
Les deux frères et leurs deux amis présents à
ce moment dans la maison, ont fait obstacle mais ils ont été
victimes de coups et
blessures.
Pendant une demi-heure, les hommes ont tirés et ne se sont
arrêtés que lorsque la police est arrivée sur les lieux.
La police n'a réussi à rattraper que deux personnes ayant
causé le trouble, les autres ayant pris la fuite à bord de
leurs
véhicules.Analyse des
faits
: C'est un mariage d'échange (Watta
Satta) qui a lieu entre deux frères et deux surs. On constate
donc qu'il n'est pas rare aujourd'hui de voir ce genre de mariage, au
Panjàb qui soude encore plus deux familles. De plus, les deux frères
vivent chez leurs parents, comme la majorité des Pakistanais, même
après le
mariage.
Le mariage n'a pas duré longtemps. Six jours après,
les jeunes femmes ont quitté la résidence familiale de leurs
maris pour aller vivre chez leurs parents. Ceux-ci ont demandé le
divorce à leurs gendres pour leurs filles. Il est tout à fait
normal au Pakistan que les parents demandent le divorce à la place
des concernés. Comme le mariage
arrangé, le divorce arrangé existe aussi. Mais dans ce
dernier cas, celui-ci s'effectue avec le consentement de la femme et dans
son
intérêt.Les
causes du divorce dans ce fait
divers
:
La cause de la demande de divorce est la dispute qui a lieu entre
les deux couples. La raison de la dispute n'est pas mentionnée, mais
elle doit être grave, car elle survient seulement après quelques
jours de mariage. Les jeunes femmes ont du prendre la décision et
les parents les ont soutenues. Dans ce cas, les parents n'ont pas essayé
de concilier les époux, ils ont même envoyé des hommes
armés pour récupérer les objets composant les trousseaux
de leurs filles. Ils ont agi avant même que les divorces soient
prononcés.
En revanche, les maris ont demandé à leurs épouses
de revenir vivre avec eux, mais elles ont
refusé.
Fait
divers n° 2 extrait du quotidien "Jang : Lahore" du 15 juillet
1998
:
Habitant de Kasowàl, Khàlid se marie avec Nooràn.
Pour mésentente avec son mari, Nooràn saisit le tribunal et
obtient le divorce. Pour se venger de l'action de sa femme, lui et quatre
de ses amis armés (bâtons, haches etc.) attaquent les frères
de Nooràn, Riàz et Zamàn, alors qu'ils s'apprêtaient
à se rendre à une cérémonie. Khàlid pensait
que Riàz avait tout fait pour que sa sur obtienne le divorce.
Les deux frères ont porté plainte contre Khàlid.
La cause du divorce est la mésentente, l'incompatibilité
d'humeur et les violentes disputes entre les époux. Le frère
de la jeune fille, Riàz, aurait persuadé sa sur et l'aurait
aidé à faire les démarches nécessaires pour obtenir
le divorce. Nooràn n'aurait peut-être pas osé seule,
saisir le tribunal pour faire valoir ses
droits.§ 2 - Les
conséquences
Les
conséquences du divorce dans le fait divers n°
1
:
Les parents ont demandé le divorce pour leurs deux filles,
ce qui est rare, car en général, les parents ont peur de perdre
leur dignité, leur honneur et leur prestige après la dissolution
du mariage de leur fille. Ils ont voulu libérer leurs filles de la
souffrance morale qu'elles subissaient en vivant chez leurs maris. Elles
ont été gagnantes, mais les maris ont perdu les biens
apportés par leurs femmes et dont ils avaient bénéficié
après leur mariage. Ils ont essayé de les conserver, mais les
hommes armés envoyés par la famille des jeunes femmes les ont
obligés à les rendre.
Une des conséquences grave du mariage
d'échange (watta satta)
est le divorce de deux couples simultanément. Dans ce genre de mariage,
les parents et les couples ont une garantie : si une sur est heureuse
avec son mari l'autre doit l'être aussi. Sinon, celle qui est heureuse
peut soutenir sa sur et décider de rentrer avec elle chez ses
parents jusqu'à ce que le mari de la sur change de comportement.
Dans ce cas l'époux, pour retrouver sa femme, va essayer de convaincre
son frère de faire la paix.
En l'espèce les deux surs ont réagi de la même
façon, sans penser aux conséquences personnelles et
patrimoniales.
Les conséquences du divorce dans le fait divers n°2
:
Les conséquences du divorce ont été graves pour
la famille de la jeune femme. Ses frères ont été victimes
de coups et blessures et de tentative de meurtre de la part de son ex-mari,
qui s'est vengé de son action avec l'aide de ses amis. En effet, elle
a obtenu le divorce en saisissant la justice, ce qui a humilié le
mari qui connaissant sa femme, était sûr qu'elle n'avait pu
décider seule. Il a pensé qu'un des frères de son ex-femme
lui avait mis cette idée en tête. Le divorce a créé
un climat de vengeance entre les deux familles. Après avoir reçu
des coups, les frères ont porté plainte contre
l'ex-beau-frère et ses amis. Un cercle vicieux de vengeance s'est
ainsi créé.
Le poids de la tradition est si omniprésent que les femmes
font rarement appel au concours de la justice pour régler leurs conflits
de couples. Pour elles, souvent, le recours à la justice s'effectue
en dernier ressort, quand le conflit n'a pu trouver d'issue et dans ce cas,
elles traînent derrière elles une lourde et terrible
réputation tout au long de leur vie. Elles font donc appel à
la traditionnelle conciliation extra judiciaire, procédure simple
et gratuite, mais qui ne représente
pas la justice pakistanaise.
Cette conciliation extra judiciaire fait office d'arbitre et prend les
décisions qui lui semblent les plus justes dans le but de sauvegarder
l'honneur des familles concernées plus que les intérêts
des époux.
N'ayant pas saisi la justice pour faire valoir leurs droits, les ex-épouses se retrouvent souvent sans ressources financières, en plus de devoir mener une vie personnelle où elles ne sont plus reconnues en tant que divorcées.
CONCLUSION
Nous avons vu comment se déroulent une union et une dissolution
du mariage dans le cas ou les parties étaient musulmanes. Il ne faut
pas oublier qu'au Pakistan, et surtout au Panjàb, il y a des
communautés chrétienne, hindoue et parsi (zoroastrienne). Les
affaires concernant le droit de la famille sont régies par leurs lois
personnelles respectives. Elles peuvent saisir les Family Courts qui n'ont
pas uniquement compétence pour trancher les litiges en matière
de droit de la famille concernant les Musulmans.
Nous avons pu nous rendre compte à quel point la tradition
peut peser sur le statut des femmes de la société pakistanaise.
Quelles que soient leurs situations sociales, familiales, économiques,
elles se retrouvent déconsidérées par la société
et leur propre famille après le divorce.
En
général, les conditions qui gouvernent la formation et la
dissolution du mariage ne sont pas toujours satisfaisantes pour les époux
car leur consentement est souvent donné sous pression, menaces ou
violence.
Toutes
les rubriques du contrat de mariage ne sont que partiellement
remplies.
Pourtant, toutes les armes juridiques existent pour qu'elles puissent
faire valoir leurs droits. Les lois leur sont favorables, mais paradoxalement,
les hommes de loi et de gouvernement chargés de les faire appliquer
ne tiennent pas forcément compte des dispositions légales
élaborées, débattues et adoptées par leurs
prédécesseurs. En effet, les personnes les plus influentes
et importantes du pays se trouvent elles-mêmes contraintes de suivre
les traditions au détriment de l'aspect légal qu'elles
représentent ou défendent en public.
Les
lois qui prévoient ces conditions sont violées en toute
connaissance de cause ou par ignorance. Ce sont plutôt les coutumes
qui régissent les règles de la formation du mariage, sa dissolution
et le droit de garde, et qui imposent le choix du
conjoint.
Ainsi
de nombreuses alliances sont des mariages déchange mettant en
avant les intérêts des familles (intérêts
financiers
). Ce genre de mariage contracté pour faire plaisir
aux familles et à la société se révèlent
souvent des échecs qui paradoxalement ne se terminent pas par une
dissolution.
Cependant, pour éviter à lépouse
le rejet de la société et pour sauvegarder lhonneur de
sa famille, la séparation est donc privilégiée par rapport
au divorce.
Cette
situation entraîne tout de même des problèmes de droit
de garde des enfants. Pour résoudre ce conflit, les parents font appel
à la conciliation judiciaire ou extra judiciaire. Lorsque le système
extrajudiciaire est choisi, lintérêt de lenfant
est rarement pris en compte.
Les
réformes de la loi islamique améliorent le statut des femmes.
La femme a les mêmes droits
et devoirs juridiques que lhomme devant la loi, en théorie.
Mais en pratique, leurs applications savèrent
différentes.
La
femme bénéficie de nombreux moyens pour acquérir le
divorce mais la pression familiale est telle quelle renonce rapidement
à faire valoir ses droits. Il en va de même pour les victimes
de violence et de mauvais traitement.
La
société pakistanaise hésite encore à parler
ouvertement du problème du divorce et de ses conséquences.
Au
Panjàb, région où léducation progresse
lentement, les victimes du divorce ne connaissent pas ou peu leurs droits
en la matière.
Qui plus est, la mauvaise image de la justice alliée
aux pressions familiales contribue à démotiver les épouses
à demander le divorce et le droit de garde des enfants. Celles qui
parviennent tout de même à saisir cette justice, se trouvent
confrontées à dautres écueils difficilement
surmontables : regards de la société, problèmes
financiers
En
effet, le statut de divorcée nentraîne pas que des changements
matériels. Il comporte aussi des conséquences pénibles
à vivre au quotidien pour une personne seule : actes de haine,
dhumiliation et de déshonneur, notamment.
GLOSSAIRE
ahmadis
: (pl.) membres d'une secte
d'origine indo-pakistanaise qui suit les préceptes de Mirza Ghulaam
Ahmed. Connus également sous le nom de Mirzais, ils ont été
déclarés non musulmans en 1974.
biradari
: groupe social, clan,
caste.
chaféite (de l'arabe
shafi).
charpaï : lit.
dramas : (pl.) séries
télévisées.
hadd (arabe sing.) : limite,
peine pour contravention des limites définies par le
Coran
et le hadith.
hanéfite
(de l'arabe
hanafi)
: école de
pensée qui suit la jurisprudence exposée par l'Imam Abu Hanifa
al-Nu'man, le plus grand théologien et juriste
sunnite.
hanbalite (de l'arabe hanbali) :
école de pensée qui suit la jurisprudence exposée par
l'Imam Abu Hanbel.
haq
mehr : la
dot.
haràm
:
interdit.
hilala : mariage intermédiaire
obligatoire pour une femme désirant se remarier avec son
ex-mari.
hudood (arabe pl.) voir
hadd.
iddat ou iddah
: période d'attente
pour une femme divorcée ou délai de viduité pour une
femme veuve durant lequel la femme ne peut se remarier.
ijmaa
(arabe) : source du droit
fondé sur le dogme de l'infaillibilité de la communauté
musulmane (l'ensemble des théologiens et juriste d'une même
époque). Une interprétation isolée acquiert force de
loi quand elle obtient l'assentiment de cette
communauté.
illa (arabe) : renoncement de
la part du mari d'avoir des relations avec sa femme.
imam (arabe) : Dirigeant musulman.
Celui qui dirige les prières.
izzat :
honneur
jahez :
trousseau
junoon : folie
Khalà
: tante
maternelle.
Khula : divorce par consentement
mutuel. Le mari accorde à sa femme à dissoudre le lien de mariage
en contrepartie d'une somme d'argent ou renoncement de la part de la femme
aux dons, libéralités et avantages matérielsle. La
jurisprudence musulmane reconnait ce droit à la femme et lui permet
de divorcer par voie judiciaire.
li'an : le mari accuse sous serment
que sa femme a des relations adultérines.
màn
:
mère
mahr (arabe) : dot sans laquelle
le mariage n'est pas légal.
mahr
moajjal : la dot est versée
immédiatement, son montant est fixé dans le nikahnama et la
femme peut demander quand elle le désire à son mari directement
ou par voie judiciaire.
mahr-i-muwajjal : la dot est versée
en différé, la femme peut réclammer son montant au moment
de la dissolution du mariage, après le décès de son
mari et avant le partage de l'héritage et dans les trois ans qui suivent
le divorce ou le décès de son mari.
mahr-ul-misl : dot spécifique,
son montant n'est pas fixé dans le nikahnama.
malékite (de l'arabe malki) : école
de pensée islamique qui suit la jurisprudence exposée par l'Imam
Malik.
malik
: propriétaire
terrien.
moghols : dynastie musulmane qui
règna sur l'Inde de 1526 à 1750.
mubara'a : divorce par consentement
mutuel des époux.
muftis : juristes ou officier de
justice.
nigori
: misérable,
infortunée, malchaanceuse.
nikah
: cérémonie
du mariage.
nikah nama
: acte de
mariage.
parwàz :
l'envol.
purdah
: voile.
qazf
: fausse
accusation.
qazi
: juge musulman, personne
qualifiée pour interpréter la jurisprudence
musulmane.
qiyas
: déduction analogique
qui ne revêtira le caractère de la loi que lorsque l'approbation
unanime des théologiens juristes, sera
prononcée.
rukhsati
: le départ de la
mariée chez son mari après la cérémonie de
mariage.
Sàhib
: titre de civilité
signifiant Monsieur.
tafsir : explication textuelle
du Coran.
talaq
: vient du mot tallaka qui
signifie libérer quelqu'un de toute obligation qui lui incombe. C'est
le droit pour le mari de répudier sa femme par le prononcement de
certaines formules qui sont diverses et variées (exemples : "je te
répudie", "tu es haràm (interdite) pour moi, "je te libère"
etc.
talaq-i-ahsan (arabe) : le mari
prononce une formule de divorce trois fois durant trois périodes
différentes en dehors des indispositions périodiques et il
faut absence de relations sexuelles durant les trois périodes pour
la validité du talaq.
talaq-i-hassan
(arabe) : procédure
de divorce dans laquelle le mari prononce une formule qui s'étend
sur trois périodes différentes et en dehors des indispositions
périodiques de la femme. La validité du talaq nécessite
l'absence de relations sexuelles pendant ces trois
périodes.
talaq-i-tafwid : forme de divorce
dans laquelle le mari délègue à la femme son droit de
divorcer au moment de la signture du contrat de mariage.
wali : gardien, tuteur,
curateur
watta satta
: mariage
d'échange
Ye Zindagi
: cette
vie.
zamindars
(pl.) : propriétaires
terriens
zihar
: déclaration du mari
qu'il considère sa femme comme sa mère ou comme une autre femme
de sa famille avec lesquelles il ne peut contracter légalement un
mariage.
Formulaire
conforme aux règles 8 et 10 de lOrdonnance de 1968 sur les Lois
sur la Famille Musulmane (VIII de 1961).
1 - Lieu du mariage , ____________ : Union
Council N° : ________________
Commissariat de Police : ___________,
District : _____________________
2 Nom et adresse de lépoux
et de son père :
3 - Age de
lépoux :
4 Nom et adresse de
lépouse et de son père :
5 Etat civil de
lépouse :
6 Age de lépouse
:
7 Nom du vakil (représentant)
de lépouse,
nom du père et adresse
:
8 Nom des témoins de la
désignation du vakil de lépouse,
nom de leur père avec parenté
:
9 Nom du vakil de lépoux,
de son père et adresse :
10 Noms des témoins de la
désignation :
et adresses de leurs pères
:
11 Noms des témoins du mariage
:
Les noms et adresses de leurs pères
:
12 Date de célébration
du mariage :
13 Montant de la dot
:
14 Somme versée
immédiatement et somme
différée :
15 Une partie a-t-elle été
payée au moment
du mariage et si oui combien
:
16 Biens immobiliers donnés
en dot et leur estimation :
17 Conditions spéciales
le cas échéant
:
18 Si le mari a
délégué le pouvoir du divorce à sa femme. Si
Oui, sous quelles conditions ?
19 Le pouvoir de divorce du mari
a-t-il fait lobjet de restriction(s)
quelconque(s) ?
20 Si un acte a été
établi au moment du mariage
concernant la dot, la pension
alimentaire etc. Relatez-le brièvement.
21 Si le mari a déjà
une épouse en vie, sest il assuré dobtenir
lautorisation de lArbitration Council selon lordonnance
1961 sur les lois de la famille musulmane ?
22 Numéro et date de
lArbitration Council autorisant le mari à contracter un nouveau
mariage
23 Nom et adresse de la personne
par qui le mariage a été
célébré.
24 Date de lenregistrement
du mariage
25 Droits
denregistrement
- Signature de lépoux ou
de son
représentant
Signature du témoin de la désignation de
lépoux
- Signature de
lépoux
Signature du représentant de
lépouse
Signature du témoin de la
désignation de
lépouse
- Signature des témoins du
mariage
Signature de la personne qui a
célébré le
rang
Signature de lOfficier de létat civil
et sceau du service
denregistrement
BIBLIOGRAPHIE
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DROIT
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SHAMEEM NIKHAT Prem Chand Ke
Navlõ Mein Nisvani Kirdar, Urdu Academy Lukhnow
1963
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Tasavvar MUKTABA JAMEA NEW DEHLI 1992
KHURSHID
ZEHRA ABDI Concept of Women in
Progressive Short Story in Urdu : Taraqi Pasand Afsané Mein
Aurat Ka Tasavvar,University Dehli,
1987.
ARTICLES DE
PERIODIQUES
SOHAIL
AKBAR WARRIACH ET CASSANDRA BALCHIN
Know Your Rights magazine
"SHE" supplément
spécial à l'occasion du cinquantième anniversaire
d'indépendance du Pakistan, août 1997 .
"NAVA-I-WAQT"
quotidien, Lahore : 23 juin 1998 et 21juillet 1998.
"JANG" quotidien, Lahore
: 6 juillet 1998 et15 juillet 1998.
"PAKISTAN"
quotidien, Lahore : 26 mai 1998 et 22 juin 1998;
[1] Pour le droit de la famille
aux différentes périodes voir : ESPOSITO JOHN L., Women in
Muslim family law, Syracuse University Press 1994 ;
RUBYA MEHDI, The Islamization of the Law in Pakistan ; Curzon Press 1994 et DAVID GILMARTIN, Punjab and the Making of Pakistan.
[2] Muhammad bin Qasim : conquérant musulman.
[3] Qazis : officiers de justice ou juges musulmans.
[4] Muftis : juristes ou officiers de justice.
[5] Moghols : dynastie musulmane qui règne en Inde de 1526 à 1857 (le pouvoir réel effectif prend fin en 1739)
[6] Chartes de 1600, 1622, 1726, 1733 et 1833.
[7] Zamindars : propriétaires terriens.
[8] Déobandi : maître de lécole de Déoband créée dans les années 1860 en Uttar Pradesh. Composée de réformistes, cette école formait des prédicateurs, des écrivains dont lobjectif principal était la de lutte contre le culte des saints. On y enseignait le Coran, larabe et lourdou (langue véhiculaire).
[9] KHAWAR MUMTAZ ET FARIDA SHAHEED, Women in Pakistan : Two Steps Forward, One Step Back, Lahore, Vanguard Books, 1987.
[10] RAYMOND CHARLES, Le Droit Musulman, Collection "Que Sais Je" n° 702, Presse Universitaires de France 1956.
[11] WOMEN LIVING UNDER MUSLIM LAWS, A Hand Book on Family Law in Pakistan sous la direction de CASSANDRA BALCHIN, Lahore : SHIRKAT GAH 1994 et RAYMOND CHARLES, Le Droit Musulman Collection "Que Sais Je" n° 702, Presse Universitaires de France 1956.
1 SHIRKAT GAH/Women Livings Under Muslim Laws, WOMEN, LAW AND SOCIETY, sous la direction de Cassandra Balchin, Lahore, mars 1996.
2 ANIS AHMAD, Women and Social Justice, Institute of Policy Studies, Islamabad, 1992.
3 SHIRKAT GAH/Women Livings Under Muslims Laws, Women, Law and Society, Sous La Direction De Cassandra Balchin, Lahore, mars 1996.
4 ESPOSITO JOHN L., Women in Muslim family law, Syracuse University Press, Syracuse, 1982;
5 WOMEN LIVING UNDER MUSLIM LAWS, A Hand Book on Family Law in Pakistan, sous la direction de Casandra Balchin, Lahore : SHIRKAT GAH, 1994. SOHAIL AKBAR WARRIACH en collaboration avec CASSANDRA BALCHIN, Know Your Rights, magazine "SHE" supplément spécial à l'occasion du cinquantième anniversaire d'indépendance du Pakistan, août 1997.
6 WOMEN LIVING UNDER MUSLIM
LAWS, Talaq-i-Tafwid : The Muslim Woman's Contractuel Access to Divorce,
sous la direction de Lucy Caroll et Harsh Kapoor, 1996.
1 Extrait du quotidien "Nawa-i-Waqt" du 21 juillet 1998.
2 Source : quotidien "Jang" du 6 juillet 1998.
3 ANIS AHMAD, Women and Social
Justice, Policy Institute of Islamabad, 1992.
4 HEINZ GUNTHER KLEIN
et REINATE NESTVOGEL, Women in Pakistan : General Conditions, Approaches
and Project Proposals for the Developement and Vocational Qualification of
Women in the Province in Punjab, Lahore,Vanguard Books en association avec
Mashal Pakistan, 1992.
1 avantages immatériels : l'amour maternel, l'éducation que la mère aurait voulu avoir mais n'a pas eu, le choix de l'homme de sa vie, le mariage réussi de ses enfants... contre leur gré.
2 Premchand :écrivain
reconnu de langues ourdou et en hindi. Voir louvrage intitulé
: Premchand Ke Navlõ Mein Nisvani Kirdar, Urdu Academy Lukhnow,
1963.
3 Krishan Chandar : auteur de la nouvelle "Meri Yadon ke chunar". Voir les ouvrages de FEHMIDA KABIR, Urdu Naval Mein Aurat Ka Tasavvar, Muktaba Jamea, New Dehli, 1992 et de KHURSHID ZEHRA ABDI, Concept of Women in Progressive Short Story in Urdu : Taraqi Pasand Afsané Mein Aurat Ka Tasavvar, University Dehli, 1987.
4 Ismat Chugtaï : auteur né en 1915 qui a écrit des nouvelles sur la condition de la femme et surtout sur le mariage. Elle a décrit les problèmes posés par les mariages de jeunes filles avec des hommes vieux, des mariages arrangés et les problèmes de relations entre belle-mère et belle-fille, et belle-fille et belles-soeurs. Elle a aussi écrit sur la souffrance des femmes n'ayant pas d'enfant et des veuves.
5 Sàhib : titre de
civilité qui signifie Monsieur.
6 Harám : interdit, illégal, non permis. Ce mot dans le contexte signifie que le mari en disant cela à sa femme lui fait comprendre qu'il divorce et qu'il n'a plus aucun lien avec elle et à partir de ce jour elle est interdite pour lui.
7 Talaq : signifie divorce, ce mot répétée trois fois en une seule séance suffit pour répudier la femme et le divorce devient irrévocable.
8 Razia Zahir Sajjàd : Elle commença à écrire en 1917 dans les magazines musulmans.
9 Nigori : signifie : misérable, infortunée, malchanceuse, diable...
10 Khalà : signifie en ourdou tante maternelle.
11 Docteur Rashid Jahan : (1905/1952). Elle était étudiante en science mais aimait écrire sur les femmes surtout celles qui passaient leur vie enfermée dans leur maison. C'était la première femme musulmane qui dans le sous continent a commencé à écrire sur les sujets tabous comme l'homosexualité des femmes ou l'avortement (dans sa nouvelle "Aàsif Jahan Ki bahù" : "la bru de Aàsif Jahan").
12 "Aglé janam béta kijyo": ce titre signifie "pourvu que je naisse garçon dans une autre vie ", ce roman comporte 14 chapitres et est édité par Taj Office Press Allahabad.
13 Malik : propriétaire terrien