Par Christoph Eberhard
paru dans Christoph Eberhard (d.), Droit,
gouvernance et dveloppement durable,
Cahier d'anthropologie du Droit 2005, Paris,
Karthala, 376 p (9-23)
La mondialisation ne supprimera pas les
repres. Elle les transformera en offrant chacun plus de possibilits et donc
plus de responsabilits. []
Seuls ceux qui rvent ont une chance dentrevoir
quelque chose de lavenir. Rvons le XXIe sicle dans la fluidit de
la mondialisation et dans les affirmations identitaires quelle suscitera. Loin
de lidal dun monde rigoureusement parcellis et en voie duniformisation,
rvons pour le prochain sicle un monde la fois plus fluide et plus diffrenci
que le ntre, une plante qui ne sera pas indfiniment grise mais ressemblera
plutt une moire dont les dessins apparaissent dans la fluidit de lՎtoffe.
On ne peut plus opposer globalisation et
localisation. Cest un couple rigoureusement uni, pour lequel on a dailleurs
fabriqu le mot glocalisation, un couple que rsume la phrase admirable de
lՎcrivain portugais Miguel Torga : Luniversel, cest le local moins les
murs.
Ce nest pas la mondialisation qui suscite les
rves, mais elle permet leur rencontre : chacun peut y reconnatre lautre
et de ce fait sy reconnatre. (Alliot 1999 : 388)
La globalisation[1] au sens dun rtrcissement du monde est une ralit qui recle de multiples enjeux. Selon les perspectives plus ou moins optimistes ou pessimistes, elle est perue comme nouveau champ des possibles ou comme source dangoisses. Ce qui est sr cest quelle a contribu des changements sensibles dans lorganisation de notre vivre ensemble. LՎmergence et la popularisation du concept et des pratiques de gouvernance qui ont tendance remplacer de plus en plus les formes de gouvernement plus classiques et qui mettent laction sur lintersectorialit, la participation, les processus daction en sont des indicateurs. De mme, lՎmergence de lide de dveloppement durable qui lie intrts et enjeux conomiques, sociaux et environnementaux ne semble pas trangre la prise de conscience que le monde forme un tout : les ressources de notre plante ne sont pas inpuisables et on ne saurait continuer aborder les diffrents secteurs de notre vie comme indpendants. En utilisant les notions de Gouvernance et de dveloppement durable , nombre dauteurs semblent partager lintuition quune approche plus holistique, qui reconnaisse linterdpendance des divers facteurs constituant nos vies, est non seulement souhaitable, mais de plus en plus vitale de nos jours.
Ces nouveaux dfis ne sinscrivent pas dans une continuit directe avec les mythes juridiques, politiques et conomiques modernes qui, bien quayant des racines antrieures, ont marqu les deux derniers sicles avec lՎmergence et la consolidation de deux figures centrales, lՃtat moderne et le march[2]. Nous nous trouvons donc du point de vue institutionnel, confronts des enjeux de refondation des modles de notre vivre ensemble[3]. Nous sommes ainsi transports au cur dinterrogations sur le mystre du Droit si nous entendons ce dernier comme la mise en forme et la mise de formes la reproduction de nos socits dans les domaines quelles considrent comme vitaux[4]. Vers quelles mises en formes de notre vivre ensemble nous orientons-nous ? Quels en sont les dterminants, les prsupposs implicites, les enjeux ? Face aux discours simplificateurs et aux visions dune globalisation nolibrale pour qui les lois du march peuvent apparatre comme les nouvelles lois universelles, car naturelles , il faut sinterroger sur les transformations contemporaines et leur sens, ce qui ncessite galement dՎclairer leurs fondements et leurs projections. Rien nest naturel ou na vocation inne accder luniversel. On loublie parfois quand on se place dans les discussions relatives la globalisation, au Droit, la gouvernance ou au dveloppement durable dans la perspective dominante des centres du pouvoir, o march et bonne gouvernance peuvent apparatre comme marquant la fin de lhistoire, larrive au terme dune longue marche vers le progrs. Luniversalit et linluctabilit de certains choix de socit se trouvent singulirement remis en cause ds lors quon analyse de plus prs certaines dynamiques et quon en relve la complexit. Et surtout nos prsupposs implicites, les mythes fondateurs[5] qui orientent nos rflexions clatent au grand jour ds lors que nous nous engageons dans un vritable dialogue avec dautres points de vue. Ce dialogue qui se doit daller au-del du simple dbat, de la controverse, pour dclencher un vritable processus de dvoilement mutuel des partenaires et de leurs prsupposs et positions respectives est essentiel. Dans les termes de Raimon Panikkar (1984), il sagit de sengager non pas dans un pur dialogue dialectique mais dans un dialogue dialogal qui a comme corollaire une dmarche diatopique[6] : comment comprendre partir dun point de vue, dun topos, les constructions, les visions du monde dun autre topos ? Et comment sengager ensuite dans un dialogue fcond entre ces diffrents topoi et leurs visions du monde et logiques respectives ? Comment croiser les discours (logoi) et mythes (mythoi) diffrents, sans oublier de les relier aux pratiques effectives des acteurs selon la rgle dor de lanthropologie du Droit de toujours tenter de dgager et de mettre en relation pratiques, discours logiques et visions du monde ? Aborder les mutations actuelles qui interrogent les figures de lՃtat et du march nous oblige aussi de changer de paradigme analytique : le paradigme rationaliste hrit des Lumires nest plus adquat[7]. Sil retient toute sa lgitimit dans des cadres bien dtermins, il doit nanmoins tre complt par une dmarche complmentaire dialogale linstar du modle newtonien qui na pas t invalid par le modle de la mcanique quantique, mais en a expos les limites et la complt[8].
Mais si lexigence dialogale est dabord lexigence de mthode incontournable pour comprendre un monde contemporain qui en rtrcissant souligne et en mme temps prcipite son caractre pluraliste, dynamique et interculturel[9], elle est aussi exigence thique, garde-fou contre tout colonialisme , contre toute imposition dun ordre, serait-ce avec les meilleures volonts du monde. LՎthique du dialogue fait en effet cho une thique du partage, de laction collective solidaire et responsable. Elle est donc fondamentalement lie une thique de la responsabilit. Comme le fait remarquer Raimon Panikkar, le dialogue commence par le tmoignage, cest--dire un engagement de sa personne[10]. Comme lՎcrivait rcemment Franois Ost (Ost & Van Drooghenbroeck 2004), la responsabilit est la face cache des droits de lhomme. Il est important de le rappeler dans un contexte o certaines tendances pointent vers lՎmergence de socits de droits qui voudraient ignorer que toute vie en socit demande aussi lacceptation de devoirs, que tout partage suppose une responsabilit de ceux qui partagent. Mais si cette responsabilit semble primordiale au niveau local , elle prend aussi une place de plus en plus importante au niveau global par lavnement de notre civilisation technologique qui demande la redfinition dune nouvelle thique la hauteur de laccroissement sans prcdent du pouvoir et de linfluence que nous exerons dsormais sur notre cosphre (voir Jonas 1984)[11].
Sur larrire fonds de ces rflexions a merg en 2001 aux Facults Universitaires Saint Louis (FUSL) lide de mettre en place une dynamique de recherche internationale sur les enjeux juridiques contemporains, dans le cadre de la mondialisation qui mettrait plus particulirement laccent sur les enjeux de la redfinition des responsabilits et du dialogue interculturel. Cette dynamique a enfin pu se cristalliser en 2003 sous la forme du projet de recherche / enseignement[12] Droit, gouvernance et dveloppement durable intgr au sein du Sminaire Interdisciplinaire dՃtudes Juridiques (SIEJ) des FUSL et financ par la Fondation Charles Lopold Mayer (FPH). Le projet tant prvu pour quatre ans, ce sont les rsultats de mi-parcours que le lecteur tient prsent entre ces mains. Actuellement, les partenaires centraux de la dynamique sont les Facults Universitaires Saint Louis Bruxelles reprsentant les points de vue plus europens, le Laboratoire dAnthropologie Juridique de Paris (Universit Paris 1 Panthon / Sorbonne) qui sert de plaque tournante pour les recherches relatives lAfrique, le Ncleo de Direitos Humanos do Departamento de Direito da Pontificia de lUniversit Catholique de Rio de Janeiro pour lAmrique latine, lUniversit de Montral pour lAmrique du Nord, un rseau indien Droit et Socit[13] en voie de constitution et lUniversit de Renmin Pkin pour lAsie[14]. Lide tait de runir au moins un partenaire par continent tout en tant conscient des limites inhrentes ce choix mais pas beaucoup plus, afin de ne pas multiplier les entres linfini et de garder une dimension o un vritable travail en quipe et de vritables dialogues restent possibles.
Aprs cette brve introduction, il est utile maintenant, avant daller plus avant, dexpliciter, conformment lexigence dialogale, lenracinement plus profond du projet Droit, gouvernance et dveloppement durable afin de donner au lecteur quelques clefs pour mieux saisir certains de ses enjeux. Le projet est en continuit directe avec des dmarches dveloppes depuis plus dune quarantaine dannes au Laboratoire danthropologie juridique de Paris (LAJP). Sa dmarche a toujours consist dans leffort de mener une rflexion anthropologique et politique[15] sur la juridicit et de poser les bases dune comprhension non-ethnocentrique, ces dernires constituant aussi les fondements de tout dialogue interculturel dans le domaine de lorganisation de notre vivre ensemble. Concernant plus spcifiquement le prsent projet, on peut dire en simplifiant quil puise ses racines dans des travaux mergeant au LAJP au dbut des annes 1980[16]. Ceux-ci portaient sur la question du transfert institutionnel du droit et de lՃtat de droit franais dans ses ex-colonies, sur luniversalit des droits de lhomme et la protection de la dignit humaine dans diverses socits[17]. Ces recherches saccompagnaient de rflexions conduisant poser les jalons dune science non-ethnocentrique du Droit[18]. Dans les annes 1990 le questionnement sur les droits de lhomme sapprofondit et sorienta plus explicitement sur la problmatique des droits de lhomme et du dialogue interculturel[19]. Des pistes de recherche sur la gouvernance virent le jour, et la question de lՃtat continuant tre analyse[20]. Enfin, dans les annes 2000, la problmatique des transformations socio-juridiques des socits contemporaines et la thmatique de la gouvernance prirent de limportance et commencrent servir de prisme pour rinterroger le rle de lՃtat de Droit et des droits de lhomme dans les restructurations des champs socio-juridiques lՏre de la globalisation. Plus spcifiquement, les annes 2001 et 2002 virent la mise en place dune dynamique commune entre le LAJP et les FUSL[21] qui prt la forme dun dialogue entre thoriciens du Droit et anthropologues du Droit et rsulta dans la publication dun numro spcial de la Revue Interdisciplinaire dՃtudes Juridiques portant sur Le Droit en perspective interculturelle (Eberhard 2002b). Dune certaine manire cette premire collaboration qui tait centre sur un clairage interculturel de la recomposition du champ juridique contemporain entre pyramide et rseau est lanctre direct de la prsente dynamique et les FUSL et le LAJP le noyau dur du rseau qui sՎlargira.
Cette publication constitue le premier aboutissement de cette dynamique de recherche collective. Elle rsulte dune premire rencontre tenue Bruxelles en octobre 2004. Cette rencontre qui sera suivie par dautres a soulign limportance de la mthode dialogale pour expliciter nos diffrents enracinements disciplinaires et culturels[22]. Elle a t prcde et poursuivie par de multiples changes par internet. De nombreuses contributions ont sensiblement volu au cours de ces dialogues et le lecteur sapercevra que certains auteurs renvoient explicitement dautres contributions de ce volume. Le caractre processuel de la dmarche se reflte aussi dans le statut de ce premier produit fini . Sil est aboutissement dune part, il se veut dautre part document prparatoire et plate-forme scientifique pour un grand colloque international sur la question du Droit, de la gouvernance et des responsabilits prvu Bruxelles en 2007. Il sagit donc bien dune collection de dialogues introductifs la problmatique Droit, gouvernance et dveloppement durable . Si des dialogues ont t lorigine des contributions qui suivent, louvrage se lit en ayant lesprit une dmarche dialogale : les textes se rpondent les uns aux autres. Ils croisent des points de vue diffrents, des problmatiques et des chelles diverses. Ils permettent ainsi de dvoiler des facettes parfois insouponnes du mystre de notre problmatique.
La mthode dialogale et son hermneutique diatopique expose plus haut nous inscrivent en outre, dans une dmarche qui ne saurait tre purement comparative, mais se devra dՐtre imparative . Raimon Panikkar (1988 : 127-129) entend par l une dmarche o lessentiel nest pas de comparer diverses expriences par rapport un standard prdtermin, mais plutt dentrer dans un change mutuel qui contribuera un enrichissement des parties mises en relation, ce qui implique ainsi une mtamorphose des parties en prsence. Le prtexte pour nos dialogues sarticulait autour de la question de la redfinition de nos responsabilits dans le monde contemporain. Si des premires bauches de pistes ont t proposes dans ce sens, le lecteur sapercevra que cest sur nos questionnements mmes, sur nos positionnements respectifs autour de notre prtexte qua port lessentiel de nos efforts, pour le moment. Cest quil est apparu indispensable de poser dabord le cadre de nos rflexions, de situer mutuellement nos diffrentes approches et problmatiques.
Cest aussi lexigence du dialogue, et la reconnaissance du pluralisme quelle implique, qui a men inscrire nos dialogues entre globalits et localits. Rester dans une dynamique entre global et local nous condamne en quelque sorte une vision plus uniformise de notre monde et au paradigme du grand systme dgag par Georges Balandier (2001 : 51-52). Au lieu de sintresser aux diffrences entre les multiples situations et dynamiques, on commence ne plus mesurer que lՎcart de toute situation, de tout dynamique face lՎtalon tabli du Grand Systme incarnant les valeurs triomphantes des centres de puissance[23]. Or cest bien de ces penses rductrices et souvent dichotomiques dont il sagit de sՎmanciper. Cest pourquoi il a sembl judicieux dՎcrire globalits et localits plutt que dinscrire notre dmarche plus classiquement entre global et local . Mme si on peut dgager certaines rgularits et tirer des conclusions vocation plus gnrales, il est important de souligner que le local ne saurait subsumer toutes les localits ou contextes locaux diffrents illustrs dans cet ouvrage par des terrains aussi divers que les peuples autochtones au Canada ou au Mexique, la gouvernance urbaine en Afrique etc[24]. De mme il nexiste pas un global selon les problmatiques ce sont bien des globalits diffrentes qui sont en jeu : on peut distinguer dans notre ouvrage par exemple des gouvernances plus ou moins globales linstar des gouvernances mondiales ou rgionales (par exemple europenne, indiennes ou chinoises) ainsi que des globalits diffrentes par rapport aux problmatiques abordes : la globalisation denjeux de sant publique ne peut pas se confondre avec celle des enjeux environnementaux[25]. Le lecteur sapercevra aussi que si les diverses contributions se situent des chelles diffrentes, nombre dentre elles procdent un croisement des chelles ordonn par la perspective choisie.
Pour la
prsentation des textes, il a sembl judicieux de les regrouper en deux
parties. La premire partie intitule Problmatiques
contemporaines regroupe les contributions thmatiques qui dveloppent
une problmatique particulire relative la gouvernance et au dveloppement
durable. Ainsi seront abordes successivement les questions de la sant
travers plus spcifiquement les enjeux autour du SIDA, du foncier et de
lenvironnement et enfin la question des nouvelles relations qui mergent avec
les peuples autochtones. La deuxime partie intitule Perspectives
interculturelles quant elle regroupe des perspectives diffrentes
partir de diffrents contextes culturels sur la gouvernance et le dveloppement
durable. Le lecteur sera ainsi convi un voyage le menant dAfrique vers
lEurope, puis la Chine, lInde et le Brsil.
La premire partie est introduite par un texte de Franois Ost qui dans
la perspective de la philosophie du droit, en partant du local, dcline et
articule autour de la problmatique de laction face au SIDA, les divers
niveaux de responsabilit pour en arriver au niveau global. Sa rflexion est complte
par une analyse de Daniel de Beer sur les dynamiques et les enjeux de la crise
(fondatrice ?) qua provoqu lOMC le dbat sur les mdicaments
gnriques et qui nous fait entrevoir les dfis relever pour une gouvernance
mondiale qui ne soit pas compltement soumise lՎconomique.
Faisant cho la dmarche de Franois Ost, mais cette fois dans le
domaine de la scurisation foncire, Alain Rochegude introduit une rflexion
sur la responsabilisation des acteurs dans la gestion foncire dans des contextes
africains travers la reconnaissance dun droit dagir des
citoyens. Cest bien une articulation des niveaux de responsabilit qui est
ncessaire, mais qui implique galement une refonte institutionnelle permettant
la reconnaissance des pratiques des acteurs. Cet enjeu de gestion
dcentralise des ressources naturelles, en vue non seulement de
la scurisation des acteurs, mais aussi de la protection de lenvironnement est
ensuite approfondi par Olivier Barrire qui montre magistralement, nouveau en
se basant sur ses enqutes de terrain extensives en Afrique, les enjeux de la
rforme de nos outils juridiques. Pour une approche dՎcologie foncire, liant
intrts des acteurs et de lenvironnement, intrt des gnrations prsentes
et des gnrations futures, il semble incontournable de sortir du tout
proprit pour sorienter vers des approches plus patrimoniales. Si les
contributions dAlain Rochegude et dOlivier Barrire abordaient les questions
denvironnement plutt du ct du local, voire national, Benjamin Denis nous
fait pntrer au cur des dynamiques globales autour de la gouvernance mondiale
de la prservation de lenvironnement. En abordant la problmatique de la
participation de la socit civile, Il dplace la question des participations
des socits civiles nationales celle de la socit civile mondiale o les
rgles du jeu et les enjeux se rvlent trs diffrents[26]
et o il parat ncessaire de sinterroger sur les modalits dune
participation relle de ces dernires aux jeux globaux. Les textes suivants
nous introduisent dans la problmatique des peuples autochtones confronts aux
modalits de leur reconnaissance face aux tats Nations contemporains. Akuavi
Adonon ouvre la rflexion travers les enjeux de la gouvernance locale dans le
Chiapas indigne au Mexique. Elle est mene sinterroger explicitement sur
les notions de socit civile, de gouvernance et de responsabilisation sous un
clairage interculturel. Ce pralable indispensable de la comprhension de
lautre pour pouvoir ensuite entrer en dialogue avec lui est magistralement
illustr par la contribution rdige par Alain Bissonnette, Karine Gentelet et
Guy Rocher qui nous plongent au cur des reprsentations Innus et Atikamew au
Qubec. Non contents de nous faire partager des reprsentations sur les droits
autochtones et lautogouvernance et de nous ouvrir ainsi lautre, les auteurs
illustrent galement le caractre dynamique de nos vies en socit :
lautochtone nest pas un autre essentialis, fig. Les ralits
sont multiples et les visions du monde et perspectives sur la vie se
transforment au contact dautres visions tout en sinscrivant en continuit
avec le pass. Pierre Noreau et Andre Lajoie, qui
coordonnent lUniversit de Montral, le projet Autochtonie et gouvernance[27] dans lequel sinscrit aussi larticle prcdent, ouvrent ensuite des
horizons plus vastes de rflexion sur les contextes et enjeux de la gouvernance
autochtone. Ils concluent sur limportance dun
vritable partenariat entre Nation canadienne et peuples autochtones qui vite
lՎcueil de perptuer le regard bienveillant du colonialiste de bonne
foi . Cet appel introduit parfaitement lenjeu central de la deuxime
partie consacre aux perspectives interculturelles : faire entendre des
voix diffrentes pour pouvoir nous manciper dimposition, quelles soient
explicites ou implicites, de visions du monde et nous orienter vers de
vritables dialogues interculturels qui reconnaissent que si nous pouvons et
devons trouver des terrains dentente sur certaines questions, nous ne saurions
viser une radication du pluralisme inhrent la vie humaine. Au
contraire, le dfi semble bien de penser, en un mme mouvement, unit et
diversit comme nous y invitait en exergue, Michel Alliot[28].
Le voyage la dcouverte de diffrentes perspectives sur la gouvernance et le dveloppement durable commence par lAfrique. Il est introduit par tienne Le Roy dans un texte sur les manires de gouverner la no-modernit africaine o il sinterroge si le moment nest pas venu pour les Africains, de sՎmanciper du cadre de lՃtat import pour refonder une organisation du vivre ensemble sur des bases endognes[29]. Jacques Djoli Esngekeli approfondit ces rflexions. Partant de lexprience de la Rpublique Dmocratique du Congo, il relve les freins lՎmergence dune vritable gouvernance africaine et abonde dans le sens dՃtienne Le Roy : les peuples africains doivent btir leurs propres projets de socit en prenant en compte leur contemporanit et en acceptant apports endognes et exognes. Sandra Gandzion et Karine Le Breton ajoutent une autre dimension en essayant darticuler explicitement leur rflexion sur lՎmergence dune gouvernance africaine inscrite entre les niveaux global , tatique et local . Si ces premiers textes cristallisent la ncessit de repenser nos Droits, Caroline Planon tente de croiser expriences sngalaise et franaise pour voir si lon ne pourrait pas dgager des rgularits plus gnrales dans la recomposition actuelle de divers contextes socio-juridiques. Les dynamiques de globalisation et dagencement dՎchelles diverses de gouvernance paraissent centrales. Ces questions seront ensuite claires par la rflexion europenne de John Pitseys sur la restructuration des modes de rgulation publique travers lanalyse de la gouvernance europenne au regard de la Mthode Ouverte de Coordination . Les questions sous-jacentes la construction europenne dune nouvelle identit au del des identits nationales, qui sont parfaitement illustrs aujourdhui par les dbats sur la Constitution europenne et sur lՎlargissement de lEurope semblent faire cho des proccupations chinoises contemporaines : comment mettre en place une gouvernance chinoise conforme aux exigences internationales compatible avec caractre chinois et adapt ce pays ? He Fen introduit la rflexion en nous initiant aux dbats chinois contemporains relatifs au noconfucianisme et ses liens avec des questions de gouvernance[30]. Zhou Yan fournit un pendant plus pragmatique lexpos prcdant trs thorique, pour nous faire pntrer dans les enjeux concrets de restructuration du droit chinois. Elle souligne limportance que revtent, encore maintenant, en Chine les rsolutions alternatives de conflits (alternative dispute resolution). Pour dvelopper de manire durable le droit chinois contemporain, il serait peut-tre bon de reconnatre sa prfrence traditionnelle pour ce genre de mode de rglements de conflits. La contribution suivante dAmarpal Singh dveloppe une rflexion semblable dans le contexte indien. Ce ne serait pas tellement le legs britannique qui aurait permis lInde dՐtre depuis, dj plus de cinquante ans, la plus grande dmocratie du monde, mais ses fondements endognes qui ont toujours valoris lunit dans la diversit et lautogestion des divers groupes[31]. Il serait sans doute temps de questionner le legs moderne et de reposer les questions relatives la gouvernance et au dveloppement durable non pas top down , mais bottom up i. e. en ne partant pas des institutions et visions tatiques mais des visions et pratiques des acteurs. D. Parthasarty relve un autre dfi important relatif aux enjeux dune vraie participation la bonne gouvernance : ne pas vacuer la dimension politique et ne pas traiter tous les acteurs et institutions seulement comme des partenaires au dveloppement ou la bonne gouvernance. Sinon, on se retrouve dans une gestion impose et en dernire analyse conomiciste [32], fondamentalement contradictoire toute ide dun partage responsable de notre vivre ensemble. Marcia Nina Bernardes clt cette partie. Tout en nous introduisant au contexte brsilien, elle met laccent sur le ct mancipateur que peut constituer la globalisation pour consolider une marche vers la dmocratie au niveau national : la cration de sphres publiques transnationales permet de mobiliser des soutiens et dorganiser des pressions pour faire avancer des enjeux dune dmocratie et dun dveloppement plus participatifs au niveau national.
La conclusion dgage provisoirement quelques enjeux et perspectives pour nos futurs travaux. linstar de ces deux premires annes o un noyau dur de chercheurs a t rejoint par de nouveaux compagnons de route, nous esprons que la prsente publication incitera dautres curieux venir se joindre nos dialogues entre localits et globalits sur la redfinition de nos responsabilits.
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[1] Dans cet article, jutiliserai indistinctement les termes mondialisation et globalisation . Pour des diffrentiations possibles voir par exemple Arnaud 1998 : 21-28 ; Piel 1999.
[2] Dans notre rflexion, ouverte nos rapports avec lenvironnement dans sa dimension dveloppement durable , il faudrait ajouter notre vision cartsienne de la nature, comme objet matriser et exploiter qui se rvle de plus en plus inadquate et destructrice (voir par exemple Ost 1995).
[3] Voir par exemple Arnaud 2003 ; Beck 2003 ; Calame 2003, de Sousa Santos 1995.
[4] Lorsque jՎcrirai Droit avec une majuscule, ce sera toujours pour dsigner la juridicit au sens des anthropologues et dont le droit positif ne constitue que la face merge de liceberg.
[5] Sur les mythes fondateurs du droit moderne, voir entre autres Fitzpatrick 1992 ; Lenoble & Ost Franois 1980. Pour ceux de la globalisation, voir par exemple Mattelart 2000. Pour ceux du dveloppement, voir aussi Rist 1996.
[6] Pour une explicitation de cette dmarche, de ses fondements et de ses enjeux, voir Eberhard 2002a : 100-128 ; Le Roy 1990 ; Vachon 1990.
[7] Sur la centralit du paradigme rationaliste dans la modernit, voir par exemple Touraine 1992 :19 ss.
[8] Voir Prigogine & Stengers 1985.
[9] Voir dans ce contexte Eberhard 2005b.
[10] Voir par exemple Panikkar 1979 : 232-256.
[11] La dynamique Droit, gouvernance et dveloppement durable participe aussi un groupe interculturel de recherche sur la notion de responsabilit o il sagit de comprendre comment se pose la question des responsabilits dune culture lautre pour pouvoir ensuite entamer un vritable dialogue et dfinir des pistes daction communes au niveau global. Lide est de proposer un troisime pilier ct de la Charte des Nations Unies et de la Dclaration Universelle des Droits de lHomme. Ce travail sinscrit dans la dynamique dune charte des responsabilits humaines finance par la Fondation Charles Lopold Mayer pour le Progrs de lHomme (FPH). Pour plus dinformations voir : http://allies.alliance21.org/charter/.
[12] Paralllement la dynamique de recherche internationale, les FUSL ont mis en place un cours interfacultaire sur Droit, gouvernance et dveloppement durable qui prend la forme dune srie de confrences clairant la problmatique de manire interdisciplinaire et interculturelle.
[13] Ce rseau vient de publier un premier travail collectif sur le pluralisme juridique en Inde (voir Eberhard & Gupta 2005). Il se mobilise nouveau en ce moment pour la tenue dun colloque international sur le foncier et la gestion des ressources naturelles prvu Pondichry en mars 2006.
[14] Une dynamique asiatique sur la gouvernance vient dՐtre lance.
[15] Voir par exemple Eberhard 2002c ; Le Roy 1991.
[16] Pour une prsentation plus approfondie voir Eberhard 2005.
[17] Sur la question du transfert de lՃtat de droit voir par exemple Alliot 1982 ; Le Roy 1986. Sur la protection de la dignit humaine et les droits de lhomme voir par exemple : Alliot 1981 ; Le Roy 1982.
[18] Voir par exemple Alliot 1983 ; Le Roy 1990.
[19] Voir dans ce sens Eberhard 2002 et le site internet Droits de lhomme et dialogue interculturel : http://www.dhdi.org.
[20] Voir par exemple la publication collective au sein du GEMDEV sur lՃtat en Afrique (Gemdev 1997).
[21] Mais qui souvrira aussi des participants venant dautres institutions.
[22] Un texte prliminaire dgageant la mthode et les enjeux de notre dmarche a t publi fin 2004 dans la Revue Interdisciplinaire dՃtudes Juridiques (voir Eberhard 2004).
[23] Sur les enjeux de pouvoir dans la globalisation et les tensions et luttes entre globalisations hgmoniques et contre-hgmoniques voir par exemple de Sousa Santos 2001.
[24] Dun point de vue anthropologique, il nous parat ici intressant de rappeler les rflexions que dveloppait tienne Le Roy (1998 : 179) dans le cadre dune recherche internationale sur les enfants des rues dans un article intitul Crises, mondialisation, complexit sociale : spcificits des situations et gnralits des pratiques : [] le sens commun parat tendre conceptualiser les effets de la globalisation de lՎconomie ou de la consommation culturelle et nenvisager les rponses pratiques ou les rponses des pratiques que comme des spcificits Plus ou moins bien tolres par le systme dominant. Parler de la spcificit des situations nest donc pas innocent, pas plus que de gnralit des pratiques. Nous supposons ici que des processus communs peuvent tre effectivement identifis mais que concernant les pratiques, ils mettent en vidence un certain paralllisme des rponses plutt quune unit des questions quinduisent les milieux dans lesquels doivent sinscrire les modes de socialisation des jeunes. [] ce sont les interprtations quen donnent les divers acteurs (aspect subjectif) plutt que les infrastructures (aspect objectif) qui inflchissent fondamentalement les modes dexpression et les ractions individuelles et collectives.
[25] Il faut noter aussi que si nous privilgions dans notre dmarche les aspects juridiques, on peut dans un perspective plus large distinguer diffrentes formes de globalisations ou mondialisations qui sont interdpendantes mais quil ne faudrait pas confondre : la mondialisation conomique, la mondialisation politique, la mondialisation culturelle et la mondialisation juridique (Rocher 2001 : 20).
[26] Voir sur cette question aussi par exemple Frydman 2001.
[27] Pour une prsentation de ce projet voir : http://www.autochtonie.umontreal.ca/.
[28] Voir sur cette question aussi les rflexions de Raimon Panikkar (1990) sur le pluralisme de la vrit et de Robert Vachon (1997) sur le mythe mergent du pluralisme et de linterculturalisme de la ralit.
[29] Pour approfondir ces questions on se reportera Le Roy 2004.
[30] Pour complter cette introduction et prendre conscience de limportance et des ressorts de la pense confucenne dans le domaine juridique contemporain chinois et plus spcialement comme support possible dune dynamique chinoise des droits de lhomme voir De Bary 1998.
[31] Voir dans ce sens aussi Jaffrelot 1998 : 20-21 et lexcellent ouvrage de Werner Menski sur le droit hindou au-del de tradition et de modernit (2003 : 22 ss).
[32] Pour reprendre le terme de Serge Latouche (1998 : 18).