dans les pratiques
disciplinaires de lÕanthropologue
du PIR CNRS ÔMoussonÕ, Lutte contre la
Pollution Ouagadougou[1]
LAJP, Universit Paris 1
Cette communication ayant essentiellement pour fonction
dÕintroduire la rflexion des participants de ces journes dÕtudes en
proposant des repres et des balises quand ils invoquent le recours lÕthique
aura un double objet la fois didactique et ethnographique.
Didactique tout dÕabord car il nous faut apprcier en commun
la requte de transdisciplinarit que contient, mon avis, toute dmarche
dÕanthropologue, ce qui suppose dÕaccepter que notre anthropologie ne soit pas
considre comme une Ç discipline comme les autres È et que, dÕautre
part, la multiplicit des pratiques de recherche quÕautorise cette approche ait
un cho direct sur nos rapports lÕthique. Ë une pluralit naturelle des
pratiques anthropologiques de recherche correspond donc tout aussi
Ç naturellement È une pluralit dÕinvocations de lÕthique.
Mais, concrtement, les contraintes sont heureusement moins
nombreuses dans un programme de recherche qui, ncessairement, oriente les
questions dans certains champs plutt que dÕautres. La pratique ethnologique,
deuxime phase incontournable de nos dmarches aprs la description
ethnographique selon une distinction propose la communaut anthropologique
francophone par Claude Lvi-Strauss en 1958 (Lvi-Strauss 1958) suppose que le
chercheur sera confront des situations impliquant des rponses thiques
spcifiques. On prendra lÕexemple du Programme Interdisciplinaire de Recherche
(PIR) du CNRS Ç Mousson È dans lequel on assume la fonction de veille
pistmologique au nom des sciences humaines et sociales. Ce choix est sans
doute dict par lÕintrt que des chercheurs maghrbins peuvent trouver se
confronter un phnomne aussi complexe que celui de la pollution en milieu
urbain et aborder cette complexit non seulement sous lÕangle de la
description mais aussi de lÕintervention et de la dcision politique. Mais ce
choix est aussi dict par les enjeux pistmologiques qui y sont associs et en
particulier par la relation entre une lecture interdisciplinaire devenue
progressivement Ç transdisciplinaire È et une dynamique de champ
scientifique porte par lÕanthropologie.
Dernire notation, enfin : il sÕagit ici dÕun tat de
lÕart, impressionniste, plus quÕun tat des lieux, qui prtendrait la plus
grande gnralit. Il nÕy a pas dÕarbitre des lgances scientifiques dcidant
qui se fait ou ne se fait pas dans notre domaine, ce qui rend le recours
lÕthique si dterminant. En effet, selon une formule qui inspirait
initialement cette communication Ç lÕthique, ce sont ces normes quÕon
mobilise quand on a tout invoqu È, la dernire cartouche tirer, ou ce
choix qui ne repose que sur la seule responsabilit du chercheur, en son for
intrieur, quÕon nomme galement fort joliment le tribunal des consciences. Si
les observations suivantes reposent sur une exprience de recherche de plus de
quarante ans, avec une trs relle diversit dÕobjets, de problmatiques et de
publications,(Le Roy, 1999), leur seule validit ne peut tenir quÕau
recoupement de mes observations avec les expriences du lecteur qui pourra, ou
non, sÕen sentir enrichi.
Aprs une premire partie consacre une mise au clair ces
concepts et des pratiques disciplinaires de recherche, je montrerai quelles
applications thiques et quelles consquences en tirer dans un processus de
recherche complexe quÕest le PIR Mousson.
Ainsi que je lÕai indiqu ci-dessus, je ne considre pas
lÕanthropologie comme une discipline scientifique ordinaire et, pour dvelopper
simplement cette ide, je ne crois pas que lÕanthropologie puisse relever de ce
quÕon appelle une discipline universitaire : trop
Ç baroque È pour cela. Le fait que je sois professeur
dÕanthropologie semble introduire un paradoxe. SÕagit-il de renoncer au statut
confortable de lÕuniversitaire Ç comme les autres È ? Ou de
Ç dbiner È la profession ? Nullement, car mon souci est de dpasser le prjug que je
nourris lÕgard de lÕenfermement des recherches en sciences humaines dans une
logique de lÕinstitution universitaire pour dvoiler la richesse potentielle
des rsultats que propose le paradigme anthropologique et inviter ses
praticiens se librer des attaches les plus sclrosantes.
Je vais donc partir du vocabulaire, proposer quelques schmas simples pour poser le dcor qui sera ensuite dtaill partir de ce que suppose lÕacte de recherche.
QuÕest quÕune discipline ?
DISCIPLINE n.f. (1080) ; Ç punition, ravage,
douleur È en a.f ;, lat. disciplina
1¡ :
(XIV¡) sorte de fouet fait de cordelettes ou de petites chanes, utilis pour
se flageller, se mortifier ;
2¡ : (XVI¡), instruction, direction morale,
influence ;
3¡ : (moderne, 1409) se dit des diverses branches de
la connaissance ;
4¡ : (courant) rgle de conduite commune aux membres
dÕun corps, dÕune collectivit et destine faire rgner le bon ordre ; par extension,
lÕobissance cette rgle
5¡ : rgle de conduite que lÕon sÕimpose È[2]..
On ne
devra jamais oublier quÕau sens premier la discipline dsigne une sorte de
petit fouet, donc un instrument de rpression.
UNE DISTINCTION CARDINALE :
DISCIPLINE UNIVERSITAIRE et DISCIPLINE SCIENTIFIQUE
La DISCIPLINE UNIVERSITAIRE CÕest le cadre institutionnel dans lequel
sÕeffectue la transmission des connaissances (enseignements selon des degrs
diffrents de spcialisation et communication scientifique) et la rgulation de
lÕaccs aux fonctions dÕenseignement et de recherche qui y sont associes.
Elle suppose une certaine ide dÕun Ç ordre
promouvoir È (ordre qui est la fois social et politique quant aux
valeurs, et technique quant aux formes) et dÕinstances pour lÕassurer.
LÕvaluation, autrefois pratique de manire Ç discrte È, devient
une dimension essentielle qui peut conduire une plus grande dmocratie ou
de nouveaux conformismes.
Le
principe de libert est affirm tant dans la conduite de transmission des
connaissances que dÕautonomie des instances de gestion. La ralit peut tre,
naturellement, diffrente.
La DISCIPLINE SCIENTIFIQUE CÕest une rgle de conduite adopte par le chercheur, supposant un protocole en fonction duquel est applique lÕexigence dÕexprimentation (en sciences de la nature, au sens large) et de rplicabilit (dans les sciences de lÕhomme et la socit), afin de soumettre les conclusions et les moyens dÕy parvenir des critres partageables et critiquables, donc gnralisables.
Elle
suppose une inventivit, cÕest--dire la mise en Ïuvre dÕune exigence du
Ç surcrot de connaissance È qui, seul, justifie les investissements
intellectuels et matriels consentis.
Le
principe de responsabilit est au fondement des dmarches et des choix
individuels et collectifs.
UN Ç TIERSÈ PARAMéTRE :: La DISCIPLINE
CITOYENNE
Cette troisime manire dÕaborder la pratique de la discipline, plus rcemment thmatise, tient de nombreuses raisons. JÕen retiens trois principales.
Tout dÕabord, il est loisible dÕobserver de frquentes
contradictions entre la conception universitaire de la discipline et les pratiques
dÕune discipline scientifique. La libert qui est au fondement de lÕUniversitas moyenne-geuse comme une
totalit auto-rgule peut entrer en confrontation avec lÕexigence dÕun Ôordre
promouvoirÕ, cet ordre pouvant tre conomique, politique ou idologique. Il
y a l une premire contradiction supposant son dpassement dynamique.
Ensuite, les demandes sociales et politiques
caractristiques de la priode contemporaine (par exemple en matire de bonne
gouvernance ou de dveloppement durable) supposent de nouveaux modes dÕapproche
et de conduite de la recherche et de communications de ses rsultats. Les
cadres universitaires sont trop restreints, souvent bureaucratiques, et les
scientifiques sont parfois peu conscients de leurs responsabilits lÕgard
des diverses communauts qui peuvent bnficier de leurs rsultats.
Enfin, la pratique mme de la recherche anthropologique conduit prendre en compte des questions se situant lÕintersection de domaines des recherches pratiques et mettant en vidence des niveaux de complexit qui ne sont pas de la seule responsabilit des chercheurs tout en dpassant la comptence du dcideur. Il faut construire des dbats et des forums dans lesquels les divers types dÕintrts peuvent tre confronts. La plus banale de ces dmarches (mais pas ncessairement la plus neutre) est lÕexpertise collective mobilisant une pluralit de chercheurs la demande dÕun oprateur ou dÕun dcideur. .
Il sÕagit dÕune dmarche de recherche Ç implique È,
dans laquelle les protocoles de la discipline scientifique sont soumis une
pluralit de communauts pistmiques (pour en largir la validit et/ou
lÕoprationnalit) et o les exigences de la discipline universitaire sont
relativises ou Ç suspendues È par rapport aux retombes que la
collectivit veut tirer les
rsultats. La notion de Ç champ scientifique È commence y tre
associe pour dsigner le cadre dans lequel se dveloppent de telles
recherches, en mettant lÕaccent sur les dynamiques ainsi prises en compte (Le
Roy, 2008).
Aux principes de libert et de responsabilit individuelle
sÕajoute celui de lÕengagement du chercheur dans les problmes de socit. Et
lÕinvocation plus systmatique de lÕthique
MISE EN TENSION DES TROIS DIMENSIONS
DE LA DISCIPLINE DANS LA RECHERCHE
Discipline
universitaire
CHAMP SCIENTIFIQUE
Comits dÕETHIQUE
Discipline scientifique Discipline citoyenne
TROIS
EXIGENCES
-
Ces
trois dimensions de la pratique disciplinaires sont inscables et paraissent
constitutives de la recherche en ce dbut de XXI¡ sicle. Comme tout modle
complexe, toute modification de lÕun des facteurs entrane une adaptation des
deux autres.
-
Obissant
au principe de la complmentarit des diffrences se substituant celui,
aristotlicien, du contraire, ce schma suppose dÕapprofondir les spcificits
pour mieux identifier les interdpendances (Le Roy, paratre, propos de la
recherche en anthropologiejuridique).
-
Mais
ce Ç modle È est profondment instable et suppose des adaptations
dynamiques qui ne peuvent tre trouves quÕau sein dÕinstances de dialogue,
dits forums scientifiques pour la recherche ou comits dÕthique pour la
validation collective entre pairs de choix ou de priorits..
La matrise de
ces dmarches suppose une pistmologie propre. Le modles du Jeu des lois (Le Roy, 1999) a t conu puis
expriment pour y rpondre. On y reviendra ultrieurement.
Les pratiques disciplinaires dans
la recherche scientifique et en anthropologie
La
distinction entre diffrents types de pratiques peut offrir des solutions
originales et ventuellement contradictoires selon les pratiques propres aux
communauts pistmiques considres. Comme on lÕa indiqu, il nÕexiste pas
dÕarbitre des lgances et aucune autorit ne peut imposer un usage plutt
quÕun autre, la rgulation se faisant de manire coutumire et selon des
modles de conduites et de comportements voluant au fil des ans et des
communications scientifiques.
La
dmarche adopte se veut proche tant du langage naturel que des oprations
intellectuelles les plus couramment mises en Ïuvre. Elle est fonde sur une
dfinition minimaliste de la recherche que lÕon qualifie de scientifique sous
certaines conditions. Un formalisme lmentaire permet dÕclairer ces
explications en visualisant les principaux paramtres de notre raisonnement.
Si on
approche la recherche scientifique (Re s) comme une application particulire
dÕune pratique commune de chaque individu, induisant lÕensemble des questions
(Q) et de rponses (R) dveloppes propos dÕun objet (O) sous rserve de
justification des protocoles (Pr) et de surcrot (+++) des connaissances,
Figure N¡
2
Re
s = (Q/R) Pr+++
O
on peut distinguer deux types de
pratiques (qui peuvent se combiner).
Les unes sont lies au degr de libert reconnu au chercheur
pour formuler questions et rponses. Elles privilgient le problme de la
dfinition de lÕobjet.
Les
autres sont lies au degr de complexit dans la manire de lier questions et
rponses, donc sont associes aux modes dÕlaboration des protocoles de
recherche selon quÕils mobilisent un nombre plus ou moins grand de communauts
pistmiques. Elles supposent une matrise des mthodologies.
PLURALIT
DES MONTAGES DISCIPLINAIRES SELON LE CRITéRE DE LA LIBERT DE FORMULATION DU JEU QUESTIONS/RPONSES
Selon ce premier critre, on peut distinguer au moins quatre
pratiques diffrentes qui sont conventionnellement dnommes recherches
fondamentale, oprationnelle, applique et finalise. Les dfinitions suivantes
sont proposes de manire axiomatique, cÕest--dire quÕelles ne sont pas
considres comme vraies ou fausses, mais bonnes (ou mauvaises) pour les
applications que nous leur donnerons.
La
recherche fondamentale :
suppose en principe une totale libert reconnue au chercheur pour
formuler questions et rponses sous rserve des exigences de la
scientificit et, maintenant, de
la responsabilit citoyenne. LÕquation du chercheur est donc du type
Q =R= libert
La recherche oprationnelle
repose sur lÕide que la solution,
donc le type de rponse, est dsigne par le commanditaire et non
ngociable ; par contre le chercheur est libre de dvelopper les questions
quÕil juge pertinentes. On est en face dÕune ingalit de
premier type
Libert
de Q>libert deR
Dans la recherche applique, les connaissances
disponibles ne sont pas remises en cause, donc non directement
Ç questionnes È. Ce sont leurs utilisations nouvelles qui sont
lÕenjeu du processus de recherche
.Libert de
R>Libert de Q
Enfin, pour ce qui concerne la recherche finalise,
dite aussi recherche-action, lÕenjeu est de combiner des questions et des
rponses dj disponibles mais apparemment trangres les unes aux autres,
chacune pertinente dans un contexte mais dont les relations seront formules
selon des protocoles ad hoc.
Q=R = donnes par matre dÕÏuvre
Ce qui est en cause ici cÕest un savoir faire, un tour de
main, un art de Ç faire la sauce È en termes culinaires.
PLURALIT DES MONTAGES DISCIPLINAIRES SELON LES MODES DÕELABORATION DES PROTOCOLES DE RECHERCHE, AVEC UNE APPLICATION ANTHROPOLOGIQUE
Notre dmarche distinguera les pratiques du plus simple, sous lÕangle de la
mobilisation dÕun protocole de recherche au plus complexeÉ
En matire de Monodisciplinarit, lÕobjet tant
suppos identifi, lÕenjeu tient lÕlaboration du paradigme qui va structurer
le choix du jeu questions/rponses. LÕexemple classique, pour nous anthropologues,
est la manire de mobiliser: le paradigme de lÕaltrit. Comment labore-t-on puis
mettons-nous en Ïuvre cette relation entre le moi de lÕobservateur, le soi de
la socit et culture dominantes et lÕautre, objet de nos observations et
spculations ? Comment parler
de lÕAutre au Soi dans un langage qui ne rduise pas lÕAutre au Soi ou
nÕassimile pas le Moi lÕAutre, tout en pratiquant les homomorphismes qui
permettent de partager les expriences et leurs significations ? (Le Roy,
2003)
Dans la Bidisciplinarit, chacune des deux
disciplines reste dans son domaine propre de recherche, dfinit son objet et
dveloppe ses mthodes selon ses rgles de lÕart. La question sensible est de
rendre compatibles des paradigmes originellement trangers et qui peuvent tre
traits comme Ç contraires È ou Ç complmentaires È
(supra). Les expriences accumules depuis une cinquantaine dÕannes illustrent
une trs grande diversit de rsultats qui tiennent moins aux questions
techniques que posent les problmatiques, quÕaux hommes qui les incarnent.
LorsquÕen particulier, les pratiques disciplinaires sont interroges de
lÕextrieur comme insuffisamment scientifiques ou inutilement sophistiques,
par exemple, le dialogue entre les reprsentants des disciplines devient ardu,
voire impossible, pour des raisons dÕincompatibilit de personnalits, de
corporatismes ou de carririsme plutt que de scientificit.
Durant les annes 1960 et 1970, les Anthropologues se sont ainsi ouverts aux
sciences religieuses, lÕHistoire, lÕconomie, la Science Politique, la
Linguistique, pour ne pas parler des Mathmatiques ou des tudes formelles. Peu
de ces pratiques ont perdur au point de justifier quÕon parle quarante ans
aprs dÕanthropologies historique ou conomique, par exemple, car les
influences mutuelles ont t suffisantes pour largir le spectre des travaux
reconnus par les disciplines-mres et lgitimer les productions
Ç mtisses È. LÕanthropologie du politique sÕest mieux stabilise.
Mais cÕest lÕanthropologie juridique, dite ensuite anthropologie du droit(Le
Roy, 1978), qui a impos un label original. Ë cela une raison simple : ni
les Anthropologues nÕont voulu entendre parler du Droit ni les Juristes (au
moins franais) de lÕaltrit et de la diffrence. Il a donc bien fallu crer
un espace de recherche original pour pouvoir sÕexprimer. JÕavoue, en y
consacrant ma carrire, y avoir partag un grand enrichissement intellectuel.
(Eberhard et Vernicos, 2007)
La Pluridisciplinarit peut apparatre partir de
trois disciplines impliques par le mme chercheur ou le mme groupe de
chercheurs. Ici, cÕest ncessairement lÕlaboration dÕun objet commun pouvant
ensuite gnrer un champ scientifique partag qui sera la proccupation
centrale, pouvant conduire ensuite un nouveau paradigme qui sera bricol
avant dÕtre thoris. Je reste dans lÕexemple prcdent qui a lÕavantage de
concider avec ma pratique de recherche. Quand il sÕest agi de prciser le type
de recherche pratiqu en anthropologie juridique, on a vu merger des tendances
diffrentes se rclamant tantt de la discipline universitaire (supposant un
rattachement, en France, lÕhistoire des Institutions) tantt dÕune pratique
disciplinaire valorisant le rle de la recherche oprationnelle ( ou finalise)
et les relations avec les dcideurs politiques. Pour les distinguer, on
nÕhsitera pas parler, partir de la fin des annes 1970, dÕune anthropologie politique ou dÕune
anthropologie historique du droit en sachant que
les paradigmes pratiqus, sensibles lÕide de totalit ou de holisme, ne
prsupposent pas le recours de lÕhistoire contre le politique ou la
mobilisation du politique contre lÕconomique. Nous sommes ici face des
procdures de triangulation qui annoncent le passage des pratiques de
recherche o le pluralisme se dveloppe avec lÕinterdisciplinarit.(Le Roy,
1999).
LÕInterdisciplinarit prte beaucoup dÕabus et donc
dÕusages mal contrls, indus. Dans mon raisonnement, nous sommes face la
mobilisation dÕau moins trois rfrents paradigmatiques. Mais, les expriences
de recherches oprationnelles, appliques ou finalises auxquelles jÕai t
associes mÕont conduit reprendre et populariser une formule de Jacques Weber
teste lors de la prparation de la rforme foncire Madagascar au milieu des
annes 1990 (Le Roy, 1999). LÕinterdisciplinarit est domine par la
proccupation de Ç rsoudre un problme È, donc de trouver une
solution innovante. Elle conduit privilgier les rponses et ne retenir des
disciplines-mres que les rfrences de paradigmes, de thories et de mthodes
entrant dans le champ de la recherche, en situant le nouveau protocole aux
marges de la discipline universitaire, voire de la discipline scientifique. Et
puisquÕon vient de parler de rforme foncire, je propose au lecteur cette
quation foncire, outil didactique qui illustre la manire de mobiliser des
disciplines, des savoir-faire et des proccupations (Le Roy, 1991).
On
propose au lecteur de lire une
anthropologie du rapport Ç foncier È sous la formule
Figure N¡ 3
F = S (E+J+A) Pl,n,i
T3
O F=Foncier ; S=Rapport
Social ; E=conomie ; J= Juridique ; A = Amnagements de la
nature ; Pl,n,i = Politique aux chelles locales, nationales
et internationales ; T = Terre, terroir et territoire
Quant la Transdisciplinarit elle
serait pratique quand la recherche est dans la situation de reprer un
problme mais de ne pas savoir quelles questions poser pour saisir toutes ses
dimensions et ses implications. Quand donc on tente de respecter la complexit
et les dynamiques inhrentes aux objets en voie de construction, il faut
accepter de sÕaffranchir de certaines conventions, de lÕhypothtique en
particulier, au profit de lÕaxiomatisation. LÕlaboration de modles sÕavre
galement indispensable. CÕest lÕexemple du PIR Mousson de lutte contre la
pollution Ouagadougou
dont je vais parler en relation avec une approche de la place de lÕthique dans
nos pratiques disciplinaires dÕanthropologues. Pour en illustrer les
spcificits, le lecteur pourra en apprcier les particularits partir de la
matrice N¡ 1. Mousson relve de la situation 20 mais suppose des oprations de
recherche qui sÕinscrivent dans des contextes plus simples dont on parlera par
la suite.
Matrice N¡ 1
Identification de montages
disciplinaires originaux
- +
Recherches |
fondamentale |
oprationnelle |
applique |
finalise |
monodisciplinaire |
1 |
2 |
3 |
4 |
bidisciplinaire |
5 |
6 |
7 |
8 |
pluridisciplinaire |
9 |
10 |
11 |
12 |
interdisqciplinaire |
13 |
14 |
15 |
16 |
transdiscioplinaire |
17 |
18 |
19 |
20 |
LÕthique, les normes
quÕon mobilise quand on a tout invoqu
LÕthique,
une notion prciser
Comme pour lÕapproche de la discipline, je propose de partir
du langage commun et, dans ce cas, le dictionnaire Le Robert tant peu
explicite, de retenir une description du Larousse illustr publi vers 1900.
Cette notice, malgr son caractre apparemment dsuet est, pleine
dÕenseignements :
Ç Ôle mot thique, qui a
vieilli, a sur le mot morale, tir
du latin mores, lÕavantage de mieux marquer le rapport de lÕaction droite et du
caractre vertueux. LÕthique est lÕart de se faire un caractre moral, de
contracter des habitudes dÕo dcoulent naturellement des actes conformes la
loi du devoir. Cette conception de la morale, qui rapproche la vertu du
caractre et des mÏurs, est peut-tre un peu loigne de certaines conceptions
modernes ; elle tend cependant, lÕemporter de nouveau sur toutes les
autres È (Larousse,
IV, s ;d ;, 333)
En
effet, au lieu de vieillir, la rfrence lÕthique a rajeuni et sÕest
largement substitue la morale dont il parat actuellement anachronique de
parler hors des cercles de philosophes. Par contre, les comits dÕthique
fleurissent partout, sans quÕon sache quoi correspond cette nouvelle approche.
Un effet de mode ?, Un
Ç cache-misre (Chtel, ce volume) ? Et quelles sont les
implications pratiques des dcisions prises par de tels comits ? On peut
cependant relever trois caractristiques :
- LÕthique fait appel des normes non
formellement reconnues, thmatises ou sanctionnes, donc ni juridiques ni
religieuses., mme si les valeurs peuvent lÕtre.
-
-
Elle engage des individus et des valeurs qui concernent lÕindividu en socit.
-
-
Elle suppose le principe dÕultime solution. Comme la culture dont douard
Herriot, homme politique de la III¡ Rpublique franaise et ancien maire de
Lyon, disait que cÕest ce qui reste quand on a tout oubli, lÕthique est ce
quÕon mobilise quand on a tout invoqu. CÕest la dernire chance de pouvoir donner
une valeur, une lgitimit, voire un sens des choix lis des comportements
en socit. Du fait quÕil nÕest plus possible dÕen appeler une norme ou une
autorit extrieure ou suprieure, cÕest Ç entre soi È, entre gaux
que se dbattent les questions dÕthique quand la solution concerne une
communaut de praticiens.
-
Ajoutons quelques commentaires.
LÕthique fait appel des normes dont le sens latin norma dsigne la rgle de
lÕarchitecte, lÕunit de mesure. Il sÕagit donc dÕapprcier un comportement, de
le mesurer comme conforme ou non parmi une chelle dÕusages. LÕthique a un
rapport avec la morale (un Ç caractre moral È dit le texte) mais elle
transcrit lÕchelon de lÕindividu ce que la morale prescrit celui de la
socit. Il semblerait que quand on prend en considration une situation
intermdiaire dÕun collectif agissant en tant que tel (corporate group dans les classifications de
lÕanthropologie sociale anglaise) mais ne reprsentant pas la socit dans son
ensemble, on use dÕun tiers terme, la dontologie, pour les mdecins, les
architectes, les journalistesÉ mais non pour les professeurs dÕuniversit.
Pour ces derniers, comme pour les chercheurs, il existe un
droit disciplinaire li, en France, la position de membre de la fonction publique.
Mais ce droit disciplinaire et, de manire plus gnrale, les normes juridiques
sont trs rarement invoques, rendant la rfrence lÕthique incontournable.
On
peut enfin prciser tant la diversit des types de demandes et de valeurs
impliques que les types de rponses souhaites.
Figure N¡ 4
Ë quelle demande rpond-elle ?
DÕo viennent les valeurs
mobiliser ?
Humanit/Nation/Socit
(R. fondamentale)
Commanditaire
THIQUE
Bnficiaires
(R. oprationnelle)
anthropologue (R. applique)
Matre dÕÏuvre
(R. finalise)
Figure N¡ 5
Quelles rponses attendues ?
Ç Rgles de lÕart È
appliquer
(monodisciplinarit)
Limites et frontires entre
champs
ETHIQUE
Intrt comparatif des Ç bnficiaires È
(bi et pluri-disciplinarit)
(interdisciplinarit)
)
validit des questionnements
(transdisciplinarit)
Le programme Mousson de lutte
contre la pollution Ouagadougou
Le
programme interdisciplinaire de recherches Mousson doit son nom au fait quÕil
est issu dÕun autre programme (AMMA) couvrant lÕchelle mondiale lÕtude du
phnomne de la mousson dans un contexte de changements climatiques qui sont
assez connus pour quÕil ne soit pas ncessaire de commenter les phnomnes de
rchauffement qui font la Ç une È des journaux. Trois raisons ont
conduit autonomiser ce programme spcifique.
DÕune part, et ceci est assez rare pour quÕon le souligne
dÕemble, la dmarche est conduite par les sciences humaines et sociales et non
par des sciences de la nature, spcialement des climatologues .
DÕautre part, le cadre dÕanalyse a t restreint lÕAfrique
cÕest--dire au golfe de Guine puis la zone sahlienne centrale dont lÕpicentre
se trouve tre Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. La ville de Ouagadougou
tant aussi pollue que celle de Pkin dont on a parl lors de la prparation
des Jeux olympiques de 2008, on a prcis lÕobservation des circulations de
courants ariens en analysant les phnomnes rcurrents de pollution
atmosphrique
Enfin, cette dmarche repose sur une demande explicite de
coopration scientifique du Centre National de la Recherche Scientifique et
Technique (CNRST) du Burkina Faso en vue de mener en partenariat avec son
homologue franais le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), une
recherche doublement exemplaire sur le plan de la politique scientifique et de
la dmarche disciplinaire. Les accords de coopration signs en mars 2008 pour rgir
les relations entre partenaires mettent la recherche du Nord au service du Sud dont lÕautonomie se trouve
assure tant du point de vue des pratiques de recherche que de la gestion des
moyens financiers.
TROIS CARACTERISTIQUES PRINCIPALES PEUVENT ETRE DISTINGUEES
Une pratique de champ scientifique
Les dmarches se situent ncessairement lÕintersection des
pratiques universitaires, scientifiques et citoyennes. LÕenjeu de la
transformation radicale du mode de coopration scientifique avec nos homologues
burkinabs sur la base du principe de la complmentarit des diffrences est,
pour les anthropologues participant au projet, Ç crucial È. Ils
sont donc particulirement sensibles la dimension citoyenne de lÕapproche et
la ncessit de dboucher sur des solutions non seulement pratiques mais
pragmatiques. Ils considrent
aussi que la dcision politique est un objet de recherche anthropologique
Ç part entire È.
Une recherche finalise
La question, lÕtude de la pollution, et la rponse, un
processus de mobilisation des acteurs locaux en vue de la prise de dcision en
cas de crise de pollution, sont lÕune et lÕautre Ç donnes È,
imposes par le document contractuel associant le CNRST et le CNRS. Nous sommes
bien en situation de recherche finalise. Nous savions ds lÕorigine ce quÕest
une pollution atmosphrique en gnral et, dans le contexte de Ouagadougou,
nous disposions dj de quelques mesures apportes par la mtorologie
nationale burkinab, un des partenaires du programme, permettant dÕidentifier
la gravit du phnomne, mais pas ses causes les plus dterminantes ici. Outre le travail prcieux des
mtorologues qui permettent dÕidentifier la circulation arienne des
pollutions, lÕapport de la physique-chimie (et en particulier des chimistes
pour lÕanalyse des relevs des particules contenus dans lÕair), des gographes
(pour la localisation des lieux et des dynamiques dÕmission) et des mdecins
de sant publique sur les effets chroniques ou spcifiques sur les malades sont
prcieux. Chacun travaille ici selon les rgles de sa discipline, fondamentale,
oprationnelle ou applique selon des protocoles labors et valids en commun
(supra, matrice N¡ 1). Par ailleurs, lÕobjectif tant de favoriser une
dcision, par nature politique, des divers acteurs burkinabs impliqus dans la
lutte contre la pollution essentiellement de type prventif, on doit faire
appel aux juristes, aux politistes et aux spcialistes de la gestion de
systmes complexes, en particulier mathmaticiens et informaticiens pour construire
des modlisations formelles. Dans une situation de crise cologique, lÕenjeu,
immdiat, est dÕlaborer un systme dÕalerte/alarme pour contrler les
incidences conomiques, mdicales, environnementales, socio-familiales, etc.,
de la pollution arienne, ce qui peut induigre des changements parfois
radicaux, ainsi pour lÕusage domestique du bois-nergie. Ici, les sociologues
et anthropologues sont particulirement mobiliss pour connatre les systmes
de reprsentation de la pollution et de la dcision qui dtermineront, ou non la russite du projet.
Une interdisciplinarit devenue transdisciplinarit
Non seulement on ne sait comment les diffrents acteurs
concerns se posent les questions mais lÕhtrognit des approches, des
intrts et des contraintes oblige aborder lÕobjet dans sa complexit et
selon ses dynamiques propres Une dmarche de type 20 dans notre matrice N¡1
peut exiger des pratiques de type 16, 12 ou 8, mais aussi mobiliser des
rsultats de chercheurs associs, doctorants par exemple ralisant des
recherches de type fondamental mono ou bi-disciplinaire (types 1 ou 5).
La modlisation
est ici un enjeu institutionnel du Programme Interdisciplinaire de Recherche
(PIR) du CNRS. Elle est donc au cÏur du projet collectif. Il y a l un vrai
dfi relever. En effet, lÕtude des systmes complexes a t largement
monopolise par les sciences mathmatiques et il tait apparu intressant,
lÕorigine, de mobiliser les spcialistes de du Laboratoire des Systmes
complexes lÕcole polytechnique. Mais il a fallu faire voluer le dispositif
car cÕest le dpartement des Sciences de lÕhomme et de la Socit du CNRS qui
avait la responsabilit de ce programme, cÕest donc aux spcialistes de ces
disciplines quÕil appartenait dÕune part de proposer une approche originale, de
type Ç sciences humaines È, donc fondamentalement
Ç qualitative È, de la modlisation et dÕautre part, de vrifier la
bonne marche du projet selon ses choix initiaux, donc dÕapprcier constamment
la pertinence pistmologique de la dmarche.
Les anthropologues sont ainsi associs non seulement au
recueil de donnes sur les reprsentations de la perception de la pollution et
de ses effets pathologiques, mais aussi sur lÕlaboration des modles et sur la
veille pistmologique au sein dÕune cellule cre spcialement pour ces
objectifs scientifiques, politiques et thiques. Celle-ci donne lieu des
bulletins de suivi chance bimestrielle avec compilations sur une base
semestrielle puis annuelle. La communication est par ailleurs ralise par un
site WIKI ouvert tous les participants selon un niveau de confidentialit
appropri.
LÕETHIQUE DANS MOUSSON
Une exprience antrieure et relativement comparable mrite
dÕtre voque pour introduire la rflexion. La mise en place puis
lÕexprimentation dÕun programme dÕintermdiation culturelle en milieu
juridictionnel par la Laboratoire dÕanthropologie juridique de Paris auprs de
juridictions des mineurs, entre 1996 et 2002, avaient suggr de prendre
quelques initiatives prventives. Des jeunes chercheurs, trangers (en gnral
doctorants africains), femmes et hommes, avaient t forms pour tre les
intermdiaires entre des magistrats pour mineurs et les familles africaines qui
accepteraient dÕentrer dans un dialogue ducatif avec le juge grce un
facilitateur, lÕintermdiateur. Pour prvenir les drives possibles des
relations de lÕintermdiateur avec le magistrat, le mineur ou sa famille, voire
dÕautres acteurs du travail social, on avait rdig, sur une base pragmatique,
un code de bonnes conduites comprenant quelque huit principes de base. Ce code
a t diffus et rgulirement voqu dans les runions du comit de pilotage,
mais on nÕa jamais eu le mettre en Ïuvre, sa simple existence suffisant
prvenir des difficults mutuelles dÕapprciation. (Le Roy, 2003).
On a repris cette ide dans le cadre de Mousson en
lÕassociant une fonction plus directement pistmologique mariant la fois
les exigences de lÕinterdisciplinarit et la recherche dÕquilibres entre les
divers partenaires.
En fait, on a repris la philosophie de la chefferie indienne
dont Pierre Clastres avait fait une si intressante description sur la base de
ses observations et de celle de Claude Lvi-Strauss dans Tristes tropiques (1955) Pierre Clastres (Clastres, 1974)
explique en particulier que lÕautorit dont dispose le chef indien ne repose
pas sur quelque pouvoir de commandement sur les individus et que ce sont ses
qualits dÕorateur et dÕapaiseur qui font
la fondement de sa fonction.
Nous avons donc transpos cette fonction dÕapaiseur au sein
de la cellule pistmologique et nous ne manquons pas une sance de travail
pour rappeler la philosophie de cette interdisciplinarit qui, en fait,
rencontre actuellement les problmes dÕthique dans les trois dimensions des pratiques disciplinaires,
universitaire, citoyenne et scientifique.
¡ Malgr lÕabolition dclare du pouvoir mandarinal depuis
1968, les relations de clientle et les dtournements de fonctions ou de
rapports hirarchiques restent le quotidien de la vie universitaire, tant au
Nord quÕau Sud, mais au Sud dans des contextes de raret, de pnuries et de
slection qui affectent les rapports de travail au quotidien de manire parfois
proccupante. En parler quand il nÕy a pas de question pendante ou cruciale
supposant dÕintervenir Ç chaud È permet de prvenir et de rendre
plus facile lÕvocation de situations Ðlimites.
¡ Quant la discipline citoyenne, elle trouve sÕexprimer
pleinement dans les objectifs dÕvolution des rapports entre chercheurs du Sud
et du Nord du programme, pour respecter des meilleurs quilibres dans la
rpartition des moyens financiers, le choix des protocoles et les processus de
validation des rsultats. Dans ce domaine, nous venons de trs loin dans les
contextes africanistes car des formes implicites de racisme au quotidien
affleurent encore trop souvent dans les relations entre Ç patrons È
du Nord et doctorant ou Ç post-docs È du Sud qui sont condamns
avaler des couleuvres pour obtenir le diplme convoit.
¡ Il est enfin banal de rappeler que nos pratiques scientifiques nous obligent constamment des choix qui ne sont pas seulement techniques mais supposent bien de hirarchiser des valeurs selon les protocoles et les rsultats quÕon cherche dvelopper. LÕapproche de lÕthique que nous exprimentons actuellement repose sur le dialogue qui est la meilleure des prventions dans le domaine de lÕethnocentrisme. Ce dialogue se fait dÕabord avec ses propres ides, cÕest le rle du for intrieur ou Ç tribunal des consciences È, puis avec celles des autres, Le choix des forums scientifiques diffrentes chelles est galement Ç crucial È pour rguler le fonctionnement du champ scientifique.
:
Nous,
anthropologues, avons une contrainte propre: en matire dÕhermneutique
comme une application spcifique du paradigme de lÕaltrit. Rappelons pour
mmoire que notre dmarche doit dÕabord tre diatopique en confrontant puis
associant les divers points de vue (topoi)
partir desquels sont noncs les faits. Puis les discours et les logiques (logoi)qui
sÕy rvlent vont donner naissance une dialogie comme montage .des
connaissances obtenues. Et enfin, chaque fois que ncessaire, notre dmarche
sera galement diamuthique, cÕest dire tiendra compte des visions du mondes (muthoi) et des appartenances multiples
induisant des positionnements et des explications originales.(Le Roy, 1999).
CÕest par cette progression
pistmologique diatopie/dialogie/diamuthie que lÕanthropologue peut relever le
dfi de dcliner dans toute leur
complexit les rapports moi/soi/autre et de
rpondre aux contraintes du refus de lÕethnocentrisme. que Robert Jaulin nous a laiss en hritage (Le Roy,
2003).
Bibliographie
Clastres Pierre, 1974, La socit contre lÕtat, Paris, Minuit.
Eberhard Christoph et Vernicos Genevive (ds.), La qute
anthropologique du droit, Autour de la dmarche dÕtienne Le Roy, Paris, Karthala, 2006.
Le Robert, Le nouveau petit Robert, Paris, ditions Le Robert, 1996.
Le Roy tienne, Ç Pour une anthropologie du
droit È, Revue Interdisciplinaire dÕtudes juridiques, 1978, vol.1, p. 71-100.
Le Roy tienne, Ç LÕquation foncire È, Le Bris
mile, Le Roy tienne, Mathieu Paul, LÕappropriation de la terre en Afrique
noire. Manuel dÕanalyse, de dcision et de gestion foncires, Paris, Karthala, 1991, p. 13.
Le Roy tienne, Le jeu des lois, une anthropologie
ÔdynamiqueÕ du droit, Paris,
LGDJ, collection Droit et socit, srie Anthropologie, 1999.
Le Roy tienne, Ç La dmarche dÕintermdiation
culturelle, une exprience au Tribunal pour Enfants de Paris, 1996-2002 È
DERPAD, Protection de lÕenfance et diversit europenne, Paris, Petites capitales, 2003,
p. 299-310.
Le Roy tienne, Ç Gens du moi, gens du monde,
reprsentations endognes et gouvernance mondiale È, Actes du colloque
Robert Jaulin, Paris,
Cit des sciences, 13 et 14 novembre 2003, 23 p., actes non publis.
Le Roy tienne, Ç Le champ scientifique, cadre propice
aux innovations scientifiques de la recherche au Sud È, Gronimi Vincent,
Bellier Irne, Gabas Jean-Jacques, Vernires Michel et Viltard Yves (sous la
direction de ), Savoirs et politiques de dveloppement, questions en dbat
lÕaube du XXI¡ sicle, Paris,
Karthala, p. 141-164.
Le Roy tienne, ÒLÕhorizon de la
juridicit : comparer les diffrences dans leurs complmentarits pour
repenser les droits dans une perspective globale de rgulation des socits
contemporainesÓ. Communication au colloque Ç Les frontires
avances du savoir du juriste È, Accademia delle Scienze di Torino, 25 au 27 avril 2007,
plac sous lÕgide de LÕistituto subalpino per lÕanalisi del diritto delle
activit transnazionali et
de lÕAssociazione italiana di diritto comparato, paratre.
Lvi-Strauss Claude, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958.
Lvi-Strauss Claude, Ç Tristes tropiques È,in Îuvres
Paris, Gallimard,collection de la Pleiade, 2008
[1955],pp.
3-445.
Nouveau Larousse illustr, Paris, Larousse, s.d. [1900] 8
volumes.
[1] Communication aux journes dÕtudes organises par lÕInstitut de Recherche sur le Maghreb Contemporain (IRMC) et lÕAssociation Tunisienne dÕAnthropologie Sociale et Culturelle (ATASC) les 19 et 20 dcembre 2008 Sidi Bou Sad, (Tunisie), sur le thme Ç LÕanthropologie face aux nouveaux enjeux thiques È.
[2] Extrait du
dictionnaire Le Robert, 1996, p. 489 : Les exemples rfrent aux
institutions scolaires et militaires et aux instances professionnelles de type
corporatiste. Il nÕest pas fait directement mention de la recherche
scientifique mais, plus gnralement, de Ç la connaissance È.