L’interdisciplinarité comme principe d’organisation,

paradigme théorique et anticipation éthique.

L’expérience des Facultés universitaires Saint-Louis (Bruxelles).

 

Communication présentée dans le cadre du colloque organisé par la FIUC à Santiago du Chili du 21 au 25 octobre 1997, sur le thème “L’université catholique face aux défis du XXIe siècle”.

François Ost

Professeur ordinaire

http://www.legaltheory.net/

 

 

Introduction

 

Les Facultés universitaires Saint-Louis sont une petite université bruxelloise spécialisée dans l’enseignement des sciences humaines en candidature : y sont enseignés le droit, l’économie, les sciences sociales, les sciences politiques, et les lettres (philosophie, histoire, philologie classique, romane et germanique). Depuis une trentaine d’années, les Facultés universitaires Saint-Louis ont résolument fait le pari de l’interdisciplinarité en s’attachant à croiser les perspectives théoriques tant au plan de la recherche que de l’enseignement, opération à vrai dire facilitée par la petite taille de l’institution et la proximité de spécialistes des différentes sciences sociales et humaines. Au-delà du slogan ou de l’effet de mode, l’interdisciplinarité y est délibérément pratiquée comme principe d’organisation des études et de la recherche ; l’objet de la présente communication est de présenter succinctement les lignes de force de cette stratégie pédagogique et scientifique (I), d’en réfléchir les fondements épistémologiques (II), et enfin d’en évoquer les virtualités éthiques (III).

 

I. L’interdisciplinarité comme principe d’organisation des études et de la recherche

 

S’il est vrai que l’université poursuit un double objectif : préparer ses étudiants à la maîtrise d’un savoir opératoire sur le marché du travail, et dispenser une formation généraliste ou humaniste, il importe de concevoir des programmes d’étude qui tout à la fois s’articulent fermement autour d’un axe central (le droit, ou l’économie, ou l’histoire…) et ménagent par ailleurs un nombre significatif d’ouvertures vers d’autres disciplines, bénéficiant de crédits horaires suffisants pour mettre en perspective la discipline principale. Ainsi peut-on espérer à la fois lutter contre la spécialisation précoce et la balkanisation des savoirs, tout en ne bradant pas la formation centrale des étudiants. L’exemple qui suit, relatif à la Faculté de droit à laquelle appartient l’auteur de ces lignes, permettra d’illustrer cette option pédagogique. Confirmé lors d’une récente réforme adoptée par les cinq Facultés de droit de la Communauté française de Belgique, le programme des candidatures en droit (c’est-à-dire les deux premières années du cursus) est composé pour moitié de cours dits “juridiques”, et pour moitié de cours dits “non juridiques”. Parmi ces derniers, on notera par exemple la philosophie, la sociologie, la psychologie, l’économie politique…, chacun de ces cours disposant d’un volume horaire suffisant pour ne pas figurer seulement à titre ornemental au programme : il s’agit bien d’une initiation sérieuse au langage, aux paradigmes et aux controverses de ces différentes disciplines. Le partage entre cours “juridiques” et “non juridiques” est cependant encore trop grossier pour ménager une véritable interdisciplinarité. Celle-ci est donc approfondie à la faveur de “cours-charnières”, tels que “l’histoire des institutions et du droit”, “l’histoire du droit privé”, la “théorie du droit”, le “droit naturel”. À ces cours obligatoires figurant dans le programme de tous les étudiants s’ajoute par ailleurs un éventail de cours à option inspiré du même souci d’éclairer le juridique par les sciences sociales : citons, par exemple, les “questions de psychologie en rapport avec le droit”, “questions de sociologie en rapport avec le droit”, “questions de droit économique”.

 

Mais il ne suffit pas que l’interdisciplinarité inspire le programme des cours “ex cathedra”, il faut encore que les étudiants soient associés à cette méthodologie dans les travaux pratiques et séminaires qui leur sont proposés. À cet égard, deux réalisations méritent d’être relevées : en première année du programme, les étudiants participent à un “séminaire interdisciplinaire” qui leur donne l’occasion, à propos d’un thème donné (par exemple “la crise de l’État providence”), d’intégrer l’apport de différentes disciplines qui leur ont été proposées, en cours d’année, par différents professeurs. En deuxième année, des séminaires de théorie du droit invitent les étudiants à réaliser des travaux personnels sur des thèmes de droit positif préalablement éclairés par la philosophie et les sciences sociales.

 

Enfin, au chapitre de l’enseignement, il faut encore évoquer un programme de troisième cycle organisé par la Faculté de droit : le “diplôme d’études approfondies en théorie du droit”, programme européen et interdisciplinaire qui propose une théorie générale du droit nourrie de l’apport des principales sciences humaines et sociales.

 

Bien entendu, la qualité d’un enseignement universitaire repose sur la vitalité des recherches qui le précèdent et le prolongent. Aussi bien la perspective interdisciplinaire adoptée dans l’organisation des cursus d’étude doit-elle nécessairement se retrouver dans les options de recherche suivies par la Faculté. On ne s’étonnera donc pas que le plus ancien centre de recherche de la Faculté de droit, créé en 1974, se soit précisément appelé ‘Séminaire interdisciplinaire d’études juridiques”. Ce Séminaire, qui publie depuis 1978 une Revue du même nom, regroupe divers enseignants de la Faculté qui, toutes disciplines confondues, poursuivent des recherches collectives faisant l’objet, tous les trois ou quatre ans, d’une publication de synthèse. Parmi les derniers thèmes étudiés figurent notamment : “droit et intérêt”, “images et usages de la nature en droit”, “droit imposé, droit négocié”, “l’accélération du temps juridique”. Quant aux centres de recherche créés plus récemment au sein de la Faculté, tous traduisent la volonté de désenclaver l’étude du droit, en se centrant tantôt sur un objet social transversal (ainsi le CEDRE, Centre d’étude du droit de l’environnement, et le Centre du droit de la culture), tantôt sur une perspective épistémologique hybride (Centre d’histoire du droit et des institutions, Centre de sociologie politique du droit).

 

Toutes les illustrations qui précèdent sont empruntées à la Faculté de droit ; mais l’exercice aurait pu être fait à propos des deux autres Facultés (Économie et sciences sociales et politiques, Lettres) où prévalent les mêmes options. Qu’il suffise de mentionner encore un seul exemple, emprunté cette fois à la Faculté de Lettres : le “diplôme d’études complémentaires philosophie-sciences humaines” qui, autour d’un tronc commun de cours philosophiques, articule différentes modules : sciences religieuses, anthropologie et esthétique, droit et sciences politiques, histoire, sociologie et économie.

 

II. L’interdisciplinarité comme paradigme théorique

 

Il ne suffit cependant pas de rapprocher plusieurs disciplines dans un programme d’études pour produire, de ce seul fait, un savoir interdisciplinaire. L’interdisciplinarité est une pratique hautement complexe dont il importe de réfléchir les conditions épistémologiques. De la réflexion menée à ce sujet aux Facultés universitaires Saint-Louis, on peut proposer les conclusions suivantes, au bénéfice d’une distinction entre multi- (ou pluri-)disciplinarité, trans-disciplinarité et inter-disciplinarité.

 

Dans le cas de la multi- ou de la pluridisciplinarité sont juxtaposés, à propos d’un objet d’étude censé commun, une série de disciplines différentes développant leurs points de vue spécifiques. De cette juxtaposition de savoirs ressortent évidemment autant d’objets différents que de perspectives mises en oeuvre. Seule une conception magique du travail scientifique peut, en effet, donner à penser que de la simple sommation de disciplines peut surgir une problématique commune[1]. Si l’on voulait user d’une métaphore qui s’inspirerait des “jeux de langage”, on dirait qu’on a affaire, dans ce cas, à une simple coexistence de langages différents, produisant quelque chose comme un Babel scientifique.

Dans le modèle de recherche transdisciplinaire, on tente d’abandonner les points de vue particuliers de chaque discipline pour produire un savoir autonome d’où résulteraient de nouveaux objets et de nouvelles méthodes. Il s’agit cette fois d’une intégration de disciplines[2]. Pour reprendre une métaphore langagière, on dira qu’on vise, dans ce cas, la construction d’une langue nouvelle et commune, quelque chose comme un espéranto scientifique.

 

Enfin, dans un modèle interdisciplinaire, la recherche s’opère à partir du champ théorique d’une des disciplines en présence qui développe des problématiques recoupant partiellement celles qu’élabore, de son côté, l’autre discipline. Il s’agit cette fois d’une articulation de savoirs qui entraîne, par approches successives, comme dans un dialogue, des réorganisations partielles des champs théoriques en présence. On pourrait dire que, dans ce cas, on procède à la traduction d’un jeu de langage dans un autre[3], ceci sans nier les difficultés et même les limites inhérentes à cet exercice, notamment la nécessité de respecter le “génie propre” de chaque langue.

 

Au terme de cette typologie succincte, il apparaît que seule l’interdisciplinarité permet la constitution d’une recherche réellement “centrée” ; à l’opposé, pluridisciplinarité et transdisciplinarité fonctionnent plutôt comme des utopies scientifiques, la première parce qu’elle échoue à constituer un champ théorique original, la seconde parce qu’elle déborde en permanence de tous les champs scientifiques connus.

 

En revanche, la position interdisciplinaire apparaît relativement instable : elle peut, à tout moment, verser dans la simple juxtaposition d’approches (pluridisciplinarité), comme elle peut également déboucher, en certains points de la recherche, sur des questionnements de nature transdisciplinaire.

 

L’idée de centrage du travail interdisciplinaire demande maintenant à être précisée. A cet égard, une remarque de J. Piaget s’avérera utile. L’épistémologue suisse signale que, à l’inverse des sciences de la nature qui connaissent un ordre hiérarchique quant à la filiation de leurs concepts, de sorte que la pratique interdisciplinaire, de la mathématique à la biologie, en passant par la mécanique et la physique, y est une nécessité quasi obligée, chaque discipline étant réellement fondamentale à l’égard de l’autre, dans les sciences sociales, en revanche, on n’observe aucun ordonnancement de ce genre[4]. Il en résulte qu’aucune discipline n’est tenue de se référer au langage de l’autre et que les échanges interdisciplinaires se réduisent le plus souvent à de simples juxtapositions. D’où la nécessité de créer artificiellement les conditions d’une filiation conceptuelle entre disciplines.

 

Il faut donc fixer conventionnellement une discipline qui occupera le centre des échanges interdisciplinaires. Ainsi par exemple, si on se propose d’étudier, de façon interdisciplinaire, un phénomène comme celui de “l’outrage public aux bonnes moeurs”[5], on partira de l’élaboration juridique du problème, pour le soumettre ensuite à diverses ré-élaborations théoriques. De cette façon, on aura placé le discours juridique (ou un segment de celui-ci) au centre du système disciplinaire ; le droit fonctionnera comme discours-objet, soumis au traitement théorique des méta-discours externes qui le prennent pour objet d’étude.

 

À ce stade cependant se pose une nouvelle question. Contrairement à ce que le concept de “discours-objet” pourrait donner à penser, il n’est pas évident que le discours qui est pris pour objet d’analyse de disciplines extérieures (le droit dans notre exemple) se réduise à être le simple réceptacle des projections théoriques des méta-discours extérieurs. Au contraire, si on reprend l’image du système disciplinaire construit sur le modèle du système solaire, on peut se demander si la discipline placée au centre du système n’exerce pas un rôle déterminant “d’entraînement”, de “subversion” des méta-discours gravitant autour d’elle. De telle sorte que l’impression de souveraineté et de maîtrise que partagent les méta-discours à l’égard de leur objet pourrait bien relever d’une forme d’illusion “géocentrique”. Il va sans dire que cette question revêt une acuité encore plus grande dans le cas où le droit et son discours savant (dogmatique) sont partenaires à la recherche interdisciplinaire. On ne se défait pas de l’idée que, dans ce cas, une asymétrie réelle préside aux échanges : comment mettre sur le même pied les sciences humaines ou sociales, d’une part, qui, si elles ne sont pas dénuées de présupposés axiologiques, tentent à tout le moins d’en prendre conscience et d’en préciser la mesure, le statut et l’effet, et la dogmatique juridique, d’autre part, qui, si elle présente assurément plusieurs traits qui la rapprochent d’un savoir rationnel, n’en adopte pas moins fondamentalement non seulement le point de vue pratique du “technicien”, mais même le point de vue du partisan ou de “l’adhérent”. Dès lors, ou bien le droit pose les questions et inspire les réponses, et les sciences sociales sont reconduites à leur statut ancillaire, ou bien ces sciences prennent l’avantage et se donnent le droit pour objet d’étude, mais cet objet risque bien d’être réifié, réduit au silence, plutôt que d’opérer comme “partenaire” à part entière.

Nous voilà donc reconduits à notre interrogation centrale : le “centrage” recherché risque d’engendrer le “surcodage” d’une discipline par l’autre. Danger épistémologique de distorsion des concepts et de dissolution des problématiques, danger axiologique de renforcement acritique des légitimités en présence. Confrontés à cette difficulté incontournable dans leur rapport à l’objet-droit, les sciences sociales se trouvent placées devant le dilemme suivant : ou elles négligent de prendre en considération les problématiques juridiques et réduisent le droit au fait, ou elles réalisent cette prise en compte, au risque de la connivence idéologique et de la pseudo-scientificité.

 

La seule manière de surmonter cette difficulté consistera alors à réaliser successivement une série de “permutations de positions”, chaque discipline en présence proposant successivement ses paradigmes à la critique des autres. La véritable démarche interdisciplinaire consisterait alors en l’articulation et la réorganisation de ces différents champs disciplinaires à l’aide des arbitrages successivement opérés par les différents discours critiques ou harmoniques qui les accompagnent[6]. Ainsi, pour reprendre l’exemple de “l’outrage public aux bonnes moeurs” déjà évoqué, on prendrait successivement pour matière d’analyse interdisciplinaire les bonnes moeurs comme objet d’une protection pénale spécifique (champ juridique), comme effet d’une certaine production et perception sociale du corps et de la sexualité (champ sociologique), comme symptôme d’un travail de censure et de sublimation (champ psychanalytique), etc… Même si, dans l’état actuel des recherches, cette figure reste encore largement prospective, elle seule garantit que, dans le dialogue interdisciplinaire, un des partenaires n’élabore pas, à la fois, les questions et les réponses.

 

III. L’interdisciplinarité comme anticipation éthique

 

Ces dernières considérations conduisent au seuil d’une réflexion éthique. Rien n’interdit en effet de penser que la pratique interdisciplinaire pourrait également constituer une figure idéale de la communication intersubjective qui pourrait s’établir tant au sein de l’université que dans les rapports que celle-ci entretient avec la Cité.

 

A la base de l’approche interdisciplinaire se discerne une attitude éthique qu’on peut qualifier de “dialogique” : sans renoncer à leur identité propre, les protagonistes du travail scientifique s’engagent dans un débat coopératif où prévaut la recherche de points de vue sinon communs, ce qui n’aurait guère d’intérêt, du moins susceptibles de transformation par écoute de la position d’autrui. L’interdisciplinarité invite au dialogue argumenté des convictions et engage à une recherche collective de la vérité, en présupposant la diversité des opinions et en assumant l’incertitude du résultat.

 

On peut dire qu’à cet égard la pratique interdisciplinaire s’inscrit dans une perspective dialectique dont le trait le plus significatif consiste à relativiser et les identités et les différences. Travaillant à l’intersection ou l’interface de plusieurs savoirs, l’interdisciplinarité fait l’expérience de l’intercommunication entre les personnes ; pratiquant le va-et-vient systématique d’une rive à l’autre du savoir, elle donne consistance à “l’entre-deux” par où transite la connaissance et fait apercevoir la fécondité du “milieu” où s’affrontent, se croisent et parfois convergent les prétentions en présence. Se dessine ainsi, en creux, la figure du “tiers” - le “tiers-instruit au manteau d’Arlequin” dont parle Michel Serres[7] - qui assure la circulation du savoir : “pas d’apprentissage”, écrit M. Serres, “sans exposition, souvent dangereuse, à l’autre”[8].

 

Telle est la vertu “dialogique” - éthique autant qu’épistémologique - de la dialectique : elle enseigne que les éléments en présence (contenus de savoir aussi bien que personnes : étudiants, enseignants, pouvoirs publics et privés extérieurs à l’université) ont “partie liée”, l’un n’allant pas sans l’autre. A l’encontre du fantasme de la “part entière” (part entière de savoir et de pouvoir), elle enseigne que la vérité est plurielle et que le pouvoir se partage. Mais si les identités se relativisent, conscientes qu’elles sont de ce qu’elle doivent à l’altérité, du même coup les différences perdent aussi leur caractère absolu : elles pourraient bien autant relier que séparer, unir qu’opposer. Loin d’être ces no man’s land au bord desquels se mobilisent les identités antagonistes, les différences apparaissent au contraire comme des terrains d’échange, des épreuves de passage par où transitent et se constituent les identités en recherche.

 

Mais attention : dialectique ne signifie pas pour autant confusion, de même que le dialogue ne se ramène pas à la pensée unique. Ici encore, c’est la logique de “l’inter” qui prévaut : aussi éloigné du “pluri” (simple juxtaposition des différences qui confine à l’in-différence) que du “trans” (dangereuse utopie de la communauté fusionnelle), l’”inter” tente de concilier fidélité à ses engagements et capacité de remise en question. Les applications de cette exigence ne manquent pas dans les rapports que l’université entretient avec son personnel, ses étudiants, le réseau de ses partenaires et la cité politique.

 

 

 



[1].          Cf. G. Gusdorf, Encyclopedia universalis, t. 8, Paris, v° Interdisciplinaire, p. 1089.

[2].          À propos des illusions inhérentes à l’entreprise transdisciplinaire, cf. R. Jochimsen, Zur gesellschaftpolitischen Relevanz interdisciplinärer Zusammenarbeit, in H. Holzey, Interdisziplinär, Basel-Stuttgart, 1974, p. 12-13. ; cf. aussi G. Palmade, Interdisciplinarité et idéologies, Paris, 1977, p. 21. Pour un plaidoyer en faveur de la transdisciplinarité, cf. J Piaget, Problèmes généraux de la recherche interdisciplinaire et mécanismes communs, in Épistémologie des sciences de l’homme, Paris, 1970, p. 251 et s. ; cf. aussi M. Miaille, Le droit constitutionnel et les sciences sociales, in Revue de droit public et de la science politique en France et à l’étranger, 1984, 2, p. 276-297.

[3].          En ce sens, cf. J.-M. Benoist, L’interdisciplinarité dans les sciences sociales, in Interdisciplinarité et sciences humaines, UNESCO,Paris, 1983, p. 189.

[4].          J. Piaget, op. cit., p. 254-259.

[5].          F. Ost et M. van de Kerchove, Bonnes moeurs, discours pénal et rationalité juridique, Bruxelles, 1981.

[6].          J.-P. Resweber, La méthode interdisciplinaire, Paris, 1981, p. 57 et 159.

[7].          M. Serres, Le tiers-instruit, Paris, 1991.

[8].          Ibidem, p. 28.