Christoph Eberhard & Genevive Vernicos

(ds.)

 

La qute anthropologique du droit.

Autour de la dmarche dՃtienne le Roy

 

Paris, Karthala, 2006, 616 p

 

 

 

Prface

Science de lAutre, sens du Droit
la dcouverte du vivre-ensemble

 

Christoph Eberhard

 

 

tienne Le Roy est picard. Il le rappelle souvent, et non seulement de manire personnelle, mais aussi dans son travail scientifique, pour poser son topos, le lieu do il parle, do il construit ses analyses, do il entre en dialogue avec autrui. Comme il le rappelle lui-mme,  Le chercheur en sciences sociales travaille partir et en fonction de certaines intuitions qui sont le produit de sa personnalit, de son exprience, de son histoire de vie, mais aussi des questions qui traversent une socit en chacun de nous un moment donn.  (Le Roy 2003 : 393). La  picardit  dՃtienne Le Roy est peut-tre lune des clefs permettant dՎclairer son cheminement tout en constituant en mme temps une limite son clairage. Car, comme il ne manque pas de le rappeler : les Picards sont pudiques, rservs et un peu secrets.

 

Faisons donc quelques dtours pour saisir sa dmarche et clairer son positionnement. Jaimerais commencer par une anecdote, qui en dit long et qui je lespre sera rvlatrice. tienne Le Roy na-t-il pas lui-mme enseign tout au long de sa carrire que ce qui tait important nՎtaient pas tellement les textes mais les pratiques qui permettent si lon sy attarde de dvoiler des logiques et visions du monde sous-jacentes ? Et si lon peut facilement se reporter ses textes[1], il semble appropri dinscrire ici ses travaux dans sa dmarche globale qui ne saurait se rsumer son importante  production intellectuelle . Ainsi lintroduction ces mlanges sera aussi en quelque sorte une mise en uvre de sa dmarche qui sera enrichie, claire par les contributions ici runies et sur lesquelles je reviendrai.

 

Lanecdote concerne ma premire rencontre avec tienne Le Roy. Javais postul pour tre admis au DEA dՃtudes Africaines Option Anthropologie Juridique et Politique de lUniversit Paris 1, dont il tait le directeur. NՎtant pas du tout africaniste, mais intress par lanthropologie du Droit, je dcidai daller menqurir en juin, avant lannonce des rsultats des candidatures, de la probabilit dՐtre accept dans son DEA. cette poque, le Laboratoire danthropologie juridique de Paris se trouvait encore dans les btiments de la Sorbonne et tienne Le Roy occupait un bureau au tout dernier tage, sous les toits. On ny accdait quen montant une srie descaliers qui devenaient de plus en plus aventureux. Lorsque jentrai dans son bureau, il tait en train de rdiger un article, qui me dit-il proposait de nouvelles pistes. Cependant, faisant preuve de sa proverbiale disponibilit, il maccueillit aimablement et nous passmes un bon moment discuter et notamment de cet article pour lequel il montrait un grand enthousiasme enthousiasme dont je ne lai jamais vu se dpartir dans tout ce quil entreprend et qui, il lesprait, allait bousculer quelques ides reues.

 

Cette exprience ma beaucoup touch et me semble tre une clef pour  dcoder  la dmarche de chercheur dՃtienne Le Roy.

 

Tout dabord le chercheur est celui qui doit poser des questions, qui doit mener plus loin la rflexion, qui ne doit pas se contenter de douter mais qui doit oser branler les certitudes pour aller de lavant. Comme il le rappelait souvent ses tudiants  toutes les questions doivent pouvoir tre poses . Mais il faut se donner les moyens pour se les poser de la manire la plus rigoureuse et la plus heuristique possible pour pouvoir  faire avancer la recherche . Libert totale donc mais avec une mthode dautant plus rigoureuse que lon saventure loin des sentiers battus, ce qui explique limportance quil accorde toujours aux questions de mthode et son got pour la construction de modles devant permettre de saisir les traits marquants dune problmatique afin de pouvoir penser plus loin. Cette exigence intellectuelle est intimement lie une thique personnelle et un sens des responsabilits. Comme le souligne toujours tienne Le Roy aux chercheurs en herbe au dbut de leur DEA, le chercheur est responsable envers lui-mme, quant lhonntet intellectuelle de sa dmarche, il est responsable envers la communaut scientifique quil enrichit par ses travaux, et, comme chercheur en sciences sociales, il est aussi plus particulirement responsable envers la socit. Comme il le rappelle dans lintroduction de son ouvrage  le jeu des lois , lune des questions fondamentales que nul chercheur ne devrait luder est   qui a sert, quoi a sert ?  (Le Roy 1999 : 34). Et il a souvent soulign que lanthropologie du Droit telle que pratique au Laboratoire tait une anthropologie politique du Droit. Cette vocation de chercheur au sens le plus profond, qui dpasse le simple cadre acadmique ou scientifique et qui implique des prises de position et des responsabilits, ayant mme men dans son cas une interdiction de retourner sur son premier terrain, le Sngal, pendant quelques annes (Le Roy 2004 : 244), en devient un style de vie qui mne une certaine solitude, cette solitude du  coureur de fonds  quՎvoquait parfois tienne Le Roy. Cette dmarche entrane presque automatiquement un certain nombre de  traverses du dsert  puisquelle ne sinscrit pas dans les consensus existants et institutionnaliss, rassurant et lgitimant. Bien au contraire, pour tienne Le Roy, le rle de lanthropologue du Droit est justement dՐtre un  empcheur de penser en rond  au niveau scientifique et un  empcheur dagir btement  au niveau des implications de ses recherches ou expertises dans le monde juridique et politique. Parfois ce nest que le passage des annes, doubl dun patient et laborieux travail dapprofondissement et de mise en oeuvre des dmarches en relation avec le changement des situations et des mentalits qui rendent peu peu audibles des dmarches longtemps ignores. Lanalyse matricielle propose par tienne Le Roy (1970, 1972) dans ses thses de doctorat en droit et en ethnologie ds le dbut des annes 1970 qui est au fondement de ses approches contemporaines des problmatiques foncires mais dont les enseignements sont pendant longtemps tombs dans loreille dun sourd, en est une illustration.

 

Mais si peut surgir ce stade une image de hros solitaire en qute dune comprhension de lhomme dans sa globalit, il nen est rien. Pour tienne Le Roy, la recherche, dune part qute solitaire, est dautre part aussi dynamique de partage, comme en tmoignent par exemple laventure de lAPREFA[2], son implication dans le GEMDEV[3] ou dans Politique Africaine... sans mentionner de manire beaucoup plus vidente son implication dans lAFAD[4] ou la dynamique collective de recherche du LAJP. Dune certaine manire, la dmarche exigeante de chercheur appelle, pour pouvoir aboutir, des relations fortes, de vritables amitis et aussi une attention porte aux autres au-del du cadre strictement acadmique.

 

Il y a bien sr lexigence de travailler en quipe pour pouvoir clairer dans toute leur complexit des problmatiques qui ne peuvent tre comprises de manire satisfaisante quՈ travers un clairage interdisciplinaire, dont les problmatiques foncires qui ncessitent le croisement de regards disciplinaires diffrents sont une illustration parfaite (voir les travaux cits note 1).

 

Comment rpondre, autrement que dans une entreprise collective, aux exigences dune dmarche anthropologique marque par une triple contrainte quՃtienne Le Roy (2004 : 243-244) rsume comme suit ?

 

 [L]a premire contrainte sera le comparatisme, incontournable, comme le sera le modle comme condition du comparatisme. Une autre contrainte sera, rcusant ici le structuralisme donc une dmarche synchronique, de rintroduire la vie et le mouvement dans ces dmarches, donc de dboucher sur une analyse dynamique [].

Enfin, une troisime contrainte, non moins exigeante, est de bien apprcier la part daltrit et de ressemblance, de permanences, de discontinuits et de divergences qui peuvent apparatre dans de telles dmarches, en vitant les chausse-trappes de lՎvolutionnisme, du structuro-fonctionnalisme ou du matrialisme historique, entre autres. 

 

Mais ne manque-t-il pas dajouter

 

 Les avantages sont la hauteur de ces contraintes : la possibilit de confronter dans de mmes modles, ainsi pour les modes de parentalisation communautaire, des socits aussi diffrentes que la socit grecque archaque travers une relecture de lIliade, les Picards du Vermandois au dbut de lՉge moderne et les Wolof du Sngal lՎpoque contemporaine. Lexigence aussi de prendre une socit par toutes ses facettes, au risque de la dispersion ou de la superficialit : analyses de dimensions rurales et urbaines des socits africaines, du foncier agricole comme des stratgies agro-industrielles, des phnomnes de croyances et de pouvoir o lՃtat apparat souvent comme le Lviathan de Hobbes. Et puis, ce souci, emprunt Michel Alliot, de rinscrire les expriences millnaires des socits dans des cadres explicatifs toujours remis en chantier mais qui `donnent penser ressemblances et diffrences. 

 

Cependant, lengagement dialogal, comme le souligne sa dernire rflexion, se situe aussi un autre niveau que celui de la ncessit de croiser les points de vue pour dvoiler les situations et processus o se jouent les jeux de la juridicit dans leur complexit.

 

Si le diatopisme, contrainte premire de la dmarche anthropologique exige de se positionner afin de pouvoir construire des modles critiques de reprsentation et de comprhension du rel, la deuxime exigence anthropologique fondamentale, celle du dialogue, oblige souvrir lautre, sengager dans des relations non pas uniquement de sujet objet mais de sujet sujet. Les autres, ceux du terrain, les tudiants, les collgues, ne se rduisent pas des objets de recherche, de transmission de savoir, ce sont des sources de savoir, dexpriences et des partenaires dans une entreprise plus vaste. Le fonctionnement du Laboratoire et du DEA sous sa direction illustre cette attitude. Ds le DEA, les tudiants sont encourags partager leurs dmarches, senrichir de leurs diffrences mutuelles au lieu de se faire concurrence les uns aux autres selon la logique de lhomo homini lupus. Et tienne Le Roy en montre lexemple dans ses cours danthropologie du Droit o il fait circuler ses fiches de terrain ou bien partage avec ses tudiants le processus dՎmergence dun article en cours dՎcriture. Puis une fois en doctorat, les jeunes chercheurs sont encourags approfondir ensemble leurs recherches dans un sminaire des thsards, voire de mettre en place des groupes de recherche compltement autonomes sur des thmatiques particulires[5]. Il se mfie de lenseignement compris comme transmission dun savoir prtabli, tout en le considrant dans certaines situations comme un pis-aller ncessaire pour mener la recherche par ailleurs. Mais il ne mnage ni son temps ni ses efforts ds lors que la relation devient relation dapprentissage au sens profond  dapprendre apprendre , veiller les curiosits, aider la maeutique. Face un tudiant en recherche, un chercheur de passage ou un collgue qui frappe sa porte, il nhsite jamais partager au mieux son exprience et apprendre de celle de son interlocuteur.

 

Cependant, si les exigences de partage et de comprhension forment lassise de sa dmarche scientifique - autant dans le volet de la production que dans celui de la  transmission  du savoir, dont la sparation est dailleurs plus artificielle que relle - elles en constituent en mme temps lobjet : comment les hommes[6] vivent-il en socit ? Comment partagent-ils avec les autres ? Comment mettent-ils en forme leurs relations en lien avec leurs comprhensions deux-mmes, leur comprhension mutuelle et les enjeux communs quils abordent ? Comment sinscrivent-ils dans leur environnement ?

 

Pour tienne Le Roy cest bien le partage et sa mise en forme travers le mystre de la juridicit quil importe dՎclairer. Sil se rfre aux travaux de Pierre Legendre pour qui le droit serait  lart dogmatique de nouer le biologique, le social et linconscient pour la reproduction de lhumanit  (cit in Le Roy 1999 : 185), le Droit nest cependant pas pour lui avant tout  texte ,  fabrique  ou  institutionnalisation , ni mme peut-tre avant tout  institution . Il nest pas  externe  aux socits. La juridicit est plutt cette formalisation de manires de dire et de manires de faire, conformment lune de ses dfinitions de la coutume (Le Roy 1984), qui saborde indirectement travers lobservation de diffrents processus, autour de diffrents jeux et enjeux dans des domaines considrs comme vitaux par les acteurs. Elle nest pas part du reste du tissu social, mais y est profondment imbrique et peut prendre des formes diverses selon les contextes. Il nous faut  considrer la socit comme le point de dpart et lhorizon (lalpha et lomga) de toute rflexion et [] expliquer le Droit dans sa contribution au grand jeu de la vie en socit, la fois comme produit social et producteur de socialit.  (Le Roy 1999 : 178-179). Si, en poursuivant cet objectif, tienne Le Roy et le Laboratoire se sont initialement, et jusque dans les annes 1980, inscrits dans des paradigmes plus structuralistes, leur confrontation des problmatiques contemporaines souvent brlantes, autant  chez soi  (en France) quailleurs (surtout en Afrique)[7], a cependant fait apparatre la ncessit pour rendre compte de la complexit des situations de dvelopper des dmarches plus dynamiques et processuelles dans la ligne des travaux de Georges Balandier ou de Sally Falk Moore. Les premires traces de cette rorientation vers une analyse dynamique de la mise en forme du vivre-ensemble apparaissent dans un texte sur la gestion urbaine au Sngal This, MBour et Richard Toll (Le Roy 1988a). Lanalyse prend ensuite la forme du  jeu de loie  dans des travaux sur le foncier (Le Roy et al. 1996) et sur les enfants des rues (Le Roy 1995) avant de trouver son accomplissement, aprs un enrichissement avec lhypothse du multijuridisme (Le Roy l998), dans son manuel Le jeu des lois. Une anthropologie  dynamique  du Droit (1999).

 

Peu peu le sens du titre de cet ouvrage ainsi que celui de sa couverture se dvoilent.

 

Lillustration nous met sur la voie. La louche, en provenance du pays Dogon, en forme dun homme et dune femme accols dos dos et debout sur ce qui pourrait tre la terre, voque fondamentalement limage du partage. La louche rfre au repas partag, mais qui ncessite aussi que chacun prenne sa part ; que lhomme et la femme soient placs dos dos souligne leur diffrentiation, mais en mme temps leur complmentarit dans la diffrence : ne sont-ils pas enracins dans la partie de la louche qui permet justement le partage, dans le sens en mme temps de mise en commun et de rpartition de ce qui est d chacun, de la  nourriture  ? Les cercles concentriques sur le dos de la louche peuvent aussi nous renvoyer aux diffrents niveaux du partage ou des nourritures partages : de la nourriture physique, au partage dՎmotions, de penses, de points de vue, de vision du monde, de communaut... Ils nous renvoient aussi aux diffrents niveaux de connaissance, des niveaux les plus superficiels aux niveaux les plus cachs. Mais surtout la louche ne sert quen mouvement, que si elle est effectivement utilise.

 

Lillustration nous met ainsi sur la voie pour comprendre le titre de cet ouvrage,  Science de lAutre, sens du Droit. Autour de la dmarche dՃtienne Le Roy . On aurait pu sattendre plus classiquement ce que lanthropologie du Droit vise introduire le sens de lAutre dvelopp dans les travaux anthropologiques dans la science du droit. Et on aurait pu sattendre des contributions autour dune pense. Mais ce serait ne pas saisir dans toute sa profondeur les enjeux de la dmarche.

 

Bien sr, tout part du sens de lautre. De son coute. De la reconnaissance de sa diffrence, mais en mme temps de sa complmentarit. Lenracinement picard, communautaire, dՃtienne Le Roy la probablement trs tt sensibilis cette dimension du partage du vivre-ensemble dans la complmentarit de nos diffrences (voir Le Roy 1973). Mais en mme temps cet enracinement sinscrivait lui-mme dans un autre : dans la Rpublique franaise marque par la mythologie des Lumires de la Raison justifiant lexistence dun tat centralis avec la prtention incarner la gestion rationnelle de la socit et dtenant le monopole du Droit dont il garantissait luniversalit, la neutralit et lan-historicit. Dans ce contexte il nest pas suffisant davoir le sens de lautre, encore faut-il le comprendre, le sortir de la  honte  o il tait relgu par la construction tatique moderne et sa science. Et cet  autre , escamot en France, renvoyait aussi lautre hors de France. Rappelons que la carrire dՃtienne Le Roy dbute la fin de la guerre dAlgrie, un contexte qui ne pouvait quinterroger sur les reprsentations de  lAutre . La perception coloniale de lautre navait-elle pas tendance lignorer, le construire comme  autre  de la civilisation, bref comme finalement non-civilis, hors lhistoire, hors la science ? Le  sens de lautre  ne se rduisait-il pas au pire son complet dnigrement et dans le meilleur des cas une admiration bate dun  bon sauvage  dont on pouvait apprcier le folklore... mais qui tait dpasse dans le cadre de la modernit qui semblait simposer, que ce soit en mtropole ou lՎtranger ?

 

Cest bien une lutte contre le totalitarisme de la modernit, la dconstruction de ses mythes et une reconstruction du paysage de la juridicit sur dautres fondements, que lon retrouve dans les travaux dՃtienne Le Roy que ce soit partir de contextes franais ou dailleurs. Il sagit de dchirer le voile que celle-ci a pos sur notre regard afin que nous puissions prendre conscience de ralits prsentes autour de nous, mais que les projecteurs modernes nՎclairent pas les plongeant ainsi dans lobscurit[8]. Je prcise bien que cest au  totalitarisme  et laveuglement caus par les Lumires de la modernit quՃtienne Le Roy sest oppos et non pas la modernit en tant que telle. Il na jamais succomb la tentation de jeter le bb avec leau du bain et a explicitement inscrit sa dmarche dans une optique de  transmodernit  visant comprendre larticulation dexpriences prmodernes, modernes et postmodernes dans les formes contemporaines que prend lorganisation du vivre-ensemble.  [...] il sagit de prendre conscience des limites qui mergent dans nos expriences de crise de socit [...] et de trouver des solutions lՎchelle de la complexit redcouverte, donc en trouvant des solutions tantt dans la prmodernit, tantt dans la modernit elle-mme tantt de poser que seule une solution radicalement neuve, ne relevant ni de la tradition prmoderne ni de la modernit simpose (Le Roy 1998 : 29).

 

Face au totalitarisme de la modernit, lenjeu consiste approfondir le sens de lautre pour dgager peu peu une science de lautre que lon pourrait voir sous trois angles. Il sagit de satteler comprendre lautre dans son originalit. De ne pas partir de ses propres prsupposs, en gnralisant ainsi indment son propre topos, quant ce que serait ou pourrait tre lautre, mais de sengager dans une dmarche diatopique en travaillant patiemment observer des manires de vivre originales et den extraire progressivement des rgularits qui leur tour permettent de procder des comparaisons plus gnrales permettant denrichir notre comprhension de lhumain. Le lecteur aura reconnu dans cette dmarche les trois tapes rappeles par Claude Lvi-Strauss de lethnographie, de lethnologie et de lanthropologie et que rappelle tienne Le Roy dans lintroduction son Jeu des lois (1999 : 30-31). Cette dmarche est extrmement exigeante, car aucun terrain, aucun objet de recherche nexiste indpendamment de sa construction comme objet dinvestigation scientifique. Ainsi lobservation va de pair avec la remise en question constante des outils de recherche et lՎlaboration de nouveaux modles plus adquats.

 

Lune des exigences fondamentales pour commencer sengager sur les voies dune science de lautre, dune science non-ethnocentrique du Droit pour reprendre la formule de Michel Alliot (1983), consistait dbusquer constamment le pige de lenglobement du contraire dgag par Louis Dumont et qui, sous couvert dobjectivit, nous fait percevoir lautre en rfrence nos propres reprsentations. Mais la mthode diatopique et dialogale (voir Le Roy 1990) mise en uvre pour cette entreprise concourt rvler aussi la science de lautre. La modernit na pas le monopole des constructions et organisations rationnelles du vivre-ensemble. Il existe dautres manires tout aussi rationnelles et valables ds lors quon en dgage les prmisses, les visions du monde et logiques sous-jacentes. Dans une vise anthropologique, essayer de comprendre lautre menant reconnatre ses modles de savoir, mne enfin une  science de lautre , dans le sens dune science dont loriginalit est de reconnatre le pluralisme fondamental de notre condition humaine et de porter son attention dans ses analyses aux altrits prsentes dans toute situation et leurs interactions. Encore faut-il viter de figer lautre dans une altrit fantasme et fige. Lorientation pragmatique de la dmarche dՃtienne Le Roy lui a probablement servi de garde-fou contre ce danger. Mais daprs ses propres dires, son premier terrain chez les Wolof, qui sont rests sa rfrence anthropologique fondamentale, la probablement aussi vaccin contre cette drive. En effet, les Wolof,  inventeurs dune conception africaine de la modernit ds le XIVe sicle ne se prtent pas facilement des  dogonneries  (Le Roy 2004 : 244).

 

De cette science de lautre dcoule le renversement de la  science du droit  au  sens du Droit . Les enjeux de ce titre taient dj prsents dans un texte dՃtienne Le Roy datant de plus de vingt ans et portant sur une approche originale de la coutume,  Lesprit de la coutume et lidologie de la loi  (1984). La  science du droit  est le fruit dune vision particulire du monde, que nous pouvons dsigner comme la vision moderne. Elle place la Raison au centre de ses constructions et aborde tout ce qui ne fonctionne pas selon ses postulats comme  irrationnel ,  subjectif ,  idologique . Elle incarne luniversalit, lhumanit, la rationalit, auxquelles sont opposs les particularismes, les cultures, les croyances. Le droit apparat comme une ralit autonome, un tel point que Hans Kelsen a pu en proposer une thorie pure. Et cette vision du droit influe aussi sur toute notre manire de penser le vivre-ensemble. Or le dtour par dautres socits, dans le souci du respect des exigences du diatopisme et du dialogisme, fait apparatre les limites de notre  science du droit . Dialoguer avec lautre et tenter de rvler ses prsupposs, ses modles sous-jacents daction, renvoie une interrogation et un dvoilement de nos propres prsupposs. Se pose alors la question : quel sens a le droit ? Quest-ce donc que ce mystre ? Quelles en sont les quivalences dans dautres socits ? En quoi ces quivalences enrichissent-elles notre comprhension du Droit, au sens largi de la juridicit ? Et comment se jouent les jeux du Droit dans des contextes donns ? Comme lexplicite lui-mme tienne Le Roy :

 

 Rsum, le problme est le suivant : le progrs de nos connaissances relatives aux autres traditions juridiques et aux pratiques alternatives de rglement des conflits dans nos propres socits impose lide que la dfinition occidentale du Droit comme ensemble de normes sanctionnes par lՃtat ne correspond quՈ un folk system, un type dexprience particulier, propre un moment de lhistoire qui ne peut ni tre gnralis (tant les divergences sont profondes entre traditions juridiques) ni sans doute gnralisable (le prsuppos volutionniste qui le sous-tend tant illusoire). Notre conception du Droit sinscrit donc dans un ensemble plus vaste quil nous faut dnommer et auquel on doit reconnatre un principe structurant qui permette de le diffrencier dautres registres de rgulation, si tant est quil faille les distinguer. Le terme Droit tant associ au folk system occidental, on appellera, par convention, juridicit son englobant. Puis on cherchera quel est le facteur qui est la fois commun toutes les expriences et permet de diffrencier chacune dentre elles en une tradition autonome. tant entendu quon accepte que le critre de la juridicit du Droit, critre qui est trouv dans la sanction, soit aussi applicable aux autres traditions, on doit donc identifier plusieurs types de sanctions reposant sur des fondements de la juridicit la fois diffrents et complmentaires. Rpondre la premire contrainte suppose que lon accepte que lՃtat nest pas le seul acteur ayant autorit pour sanctionner, que nous sommes donc en situation de pluralisme juridique et que seule la version `dure du pluralisme [...] est susceptible de rgler le problme. Cest ce que jappelle le multijuridisme. Puis, on pose que la juridicit a trois fondements, donc que le Droit a trois fondements comme les autres traditions et que seule la conception que nous avons adopte pour amnager les relations caractrise cette conception [...]. En conclusion, le dcor tant plant, il nous reste maintenant lhabiter en prolongeant la recherche dans deux directions. Comment chaque tradition identifie, explique, justifie et lgitime-t-elle son montage particulier de normes sanctionnes ? Comment ensuite, chaque tradition met-elle en oeuvre effectivement de tels montages ? Derrire les thories affiches, il y a des pratiques qui peuvent nous rserver bien des surprises ds lors que la juridicit nest pas tant ce quen disent les textes que ce quen font les acteurs . (2004 : 246-247)

 

Tout au long de sa carrire, tienne Le Roy a tent dՎclairer dans ses multiples facettes le mystre de la juridicit qui met en forme notre vivre-ensemble. En mme temps, il sest efforc de synthtiser ces divers terrains, et den tirer des enseignements plus gnraux sur la mise en forme de la vie en socit. Il a ainsi contribu significativement lՎmergence dune vritable anthropologie de la juridicit. Chercheur dans lՉme, sa qute est par nature toujours inacheve. Et plutt que davoir construit une cathdrale, il a dblay le terrain, ouvert des pistes et des espaces o pourrait se mettre en place le partage de nos vies dans la complmentarit de nos diffrences. Le meilleur hommage sa dmarche a consist runir ses amis et collgues, non pas tellement pour regarder vers le pass, mais pour dgager les enjeux contemporains de la juridicit et peut-tre dceler dj de nouvelles pistes fcondes pour mener plus loin notre comprhension mais aussi nos interrogations pour continuer  empcher de penser en rond  et entrouvrir de nouveaux horizons.

 

Ainsi louvrage est organis en cinq chapitres, dont chacun correspond lune des faces de  liceberg  de la juridicit telles quՃtienne Le Roy a pu les aborder et dont, faut-il le prciser, la plus grande partie demeurera probablement toujours immerge[9]. Les textes runis sont autant de mises en perspective, de critiques, denrichissements et de tmoignages autour de la question du sens du Droit dans le monde contemporain. Le lecteur est ainsi convi un voyage le menant du  Droit entre le global et le local [10], aux  Enjeux fonciers et environnementaux [11], aux  Mdiation et modes alternatifs de rglement des conflits [12], aux problmatiques de  LՃtat, la justice et les mtamorphoses contemporaines du Droit [13] pour aboutir finalement quelques  Perspectives sur lanthropologie du Droit [14]. Ces textes sont une belle invitation continuer les dialogues.

 

Jaimerais remercier de tout mon cur tous les auteurs qui se sont joints cette belle entreprise collective et dire un merci tout particulier au Comit de lecture compos de Akuavi Adonon, Jacqueline Le Roy, Caroline Planon et Pauline Versini qui ont corrig les preuves de cet ouvrage et se sont occupes de sa mise en forme sous la direction de Genevive Chrtien-Vernicos.

 

Et bien sr, au nom de tous, jexprime notre gratitude tienne Le Roy pour ses inspirations et interrogations. Quelles restent vivantes et continuent nous stimuler encore longtemps. Le sacrifice de nos certitudes et linconfort qui en rsulte valent bien cet autre monde qui se dcouvre devant celui qui sengage dans la qute du sens du Droit par la science de lAutre.

Bibliographie*

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Le Roy tienne, 1997,  La face cache du complexe normatif en Afrique noire francophone , Robert Philippe, Soubiran-Paillet Francine, van de Kerchove Michel (ds.), Normes, Normes juridiques, Normes pnales - Pour une sociologie des frontires - Tome I, CEE, LHarmattan, Coll. Logiques Sociales, Srie Dviance/GERN, 353 p (123-138)

Le Roy tienne, 1998a,  Lhypothse du multijuridisme dans un contexte de sortie de modernit , Lajoie Andr, Macdonald Roderick A., Janda Richard, Rocher Guy (ds.), Thories et mergence du droit pluralisme, surdtermination et effectivit, Bruxelles, Bruylant/Thmis, 266 p. (29-43).

Le Roy tienne, 1998b,  Crises, mondialisation, complexit sociale : spcificits des situations et gnralits des pratiques , Tessier Stphane (d.), la recherche des enfants des rues, Paris, Karthala, 477 p. (178-194).

Le Roy tienne, 1998c,  Les rapports entre la Justice et la socit globale. Un point de vue anthropologique , Communication au colloque La rforme de la Justice, Enjeux et perspectives, TGI de Crteil, 16 octobre, 17 p.

Le Roy tienne, 1999, Le jeu des lois. Une anthropologie  dynamique  du Droit, Paris, LGDJ, 415 p., Coll. Droit et Socit, Srie anthropologique.

Le Roy tienne, 2003,  Promthe revisit , in Michel Alliot, Le droit et le service public au miroir de lanthropologie. Textes choisis et dits par Camille Kuyu, Paris, Karthala, 400 p. (389-397).

Le Roy tienne, 2004, Les Africains et lInstitution de la Justice, Paris, Dalloz, 283 p.

Le Roy tienne, 2004,  Pour une anthropologie de la juridicit , Cahiers dAnthropologie du Droit 2004, pp. 241-247.

Le Roy tienne (d.), 2006,  Juridicits. Tmoignages runis loccasion du quarantime anniversaire du Laboratoire danthropologie juridique de Paris , Cahiers danthropologie du Droit, Hors Srie, Paris, Karthala, 176 p.

Le Roy tienne, Karsenty Alain, Bertrand Alain (ds.), 1996, La scurisation foncire en Afrique - Pour une Gestion viable des ressources renouvelables, Paris, Karthala, 388 p.

Le Roy tienne, Kuyu Camille Mwissa, 1996, La politique franaise de coopration judiciaire : bilan et perspectives, 29 p., publi dans Observatoire permanent de la Coopration franaise, Rapport 1997, Paris, Karthala, 1997, pp. 36-65

Youns Carole et Le Roy tienne (ds.), Mdiation et diversit culturelle. Pour quelle socit ?, Paris, Karthala, 311 p.

 

Sommaire

 

 

00- Avant propos

00-  Christoph Eberhard : Science de lAutre, sens du Droit. la dcouverte du vivre-ensemble

 

CHAPITRE 1 : Le Droit entre le global et le local

   01-Andr-Jean Arnaud   : Du lien tribal dans le village plantaire

    02-Antoine Garapon      : La justice pnale internationale l'preuve du cosmopolitisme

    03-Francis Snyder         : Antidumping Law and Cross-Cultural Encounters: Toward a Legal Anthropology of International Economic Relations

    04-Marc Gumbert          : Human Rights, Common Law and French Law. Some Reflections as to the Criminal Legal Process in Two Western Societies

    05-Alain Bissonnette     : Violence et cruaut faites aux femmes

    06-Jean Poirier             : Les droits de l'au-del du droit

    07-Henri Pallard           : Universalit ou universalisation des droits de lhomme ? Un philosophe du droit lit un anthropologue du droit

 

CHAPITRE 2 : Enjeux fonciers et environnementaux

   08-Sally Falk Moore      : The Sociologic of Land Law

    09-Oliver Barrire         : De l'mergence d'un droit africain de l'environnement face au pluralisme juridique

    10-Samba Traor         : La fille ane de l'tat du Sngal cherche prtendant

    11-Gerti Hesseling        : Excursions foncires

    12-Alain Bertrand, Sigrid Aubert, Andr Teyssier : Les enjeux du Programme National Foncier Madagascar

    13-Franz & Keebet Von Benda-Beckmann: Social Insecurity, National Ressources and Legal Complexity

    14-Andre Lajoie, Murielle Paradelle, Ccile Bergaga & ric Glinau     : La conception malcite des droits ancestraux

 

CHAPITRE 3 : Mdiation et modes alternatifs de rglement des conflits

   15-Roderick MacDonald   : Une phnomnologie des modes alternatifs de rsolution des conflits rsultat, processus et symbolisme

    16-Jacques Faget           : loge du fluide. Une lecture socio-politique de la mdiation

    17-Gilda Nicolau             : prouver le droit, instituer la vie. Mdiation et cadre judiciaire

    18-Jackie Loteteka & Carole Youns: Du tiers dans la mdiation

 

CHAPITRE 4 : L'tat, la Justice et les mtamorphoses contemporaines du droit

   19- Jacques Commaille    : Nouvelle conomie de la lgalit, nouvelles formes de justice. L'anthropologie du droit avait-elle raison ?

    20-Trutz Von Trotha         : Le Programme Mali Nord ou variantes de la para-tatisation

    21-Camille Kuyu              : Pralables pour le vivre ensemble dans des socits multiculturelles dOccident

    22-Marie-Claire Foblets    : Le nouveau droit marocain de la famille (2004): un codificateur soucieux de ses nationaux migrs lՎtranger

    23-Claude Bontems         : Le mariage. Rflexions et inflexions

    24-Rodolfo Sacco             : Le pouvoir de dire la vrit

    25-David Annoussamy      : L'acte de juger en Inde

    26-Gordon Woodman       : The Involvement of English Common Law with Other Laws

 

CHAPITRE 5 : Perspectives sur l'anthropologie du Droit

   27-Michel Alliot                 : Provocation : prts, Partez !

    28-Jacques Vanderlinden   : Propos mlangs au sein des mlanges

    29 Stphane Tessier      : Le voyage, le droit et les rgles de l'art

    30-Robert Vachon             : tienne Le Roy, Le LAJP ET L'IIM

    31-Nawel Gafsia, Haoua Lamine, Sara Liwerant : Trois voix sur la juridicit

    32-Akuavi Adonon, Caroline Planon, Karine Lebreton : Le LAJP : lieu de dialogues, de partage et de rencontres intellectuelles. (Kinshasa, Paris, Mexico)

    33- Alain Rochegude          : Jouer avec le droit jeu de pistes ou jeu de lois ?

 

 



[1] Pour un survol synthtique de son cheminement tel que vu par lui-mme voir Le Roy 1978, 1990 et 2004.

[2] Association pour la promotion des tudes et recherches foncires en Afrique.- Voir par exemple Le Bris et al. 1982 & Le Roy et al. 1996.

[3] Groupement d'intrt scientifique pour l'tude de la mondialisation et du dveloppement. Voir par exemple les ouvrages collectifs Choquet et al. 1993 ; GEMDEV 1997.

[4] Association Francophone d'Anthropologie du Droit.

[5] Ont ainsi fonctionn par exemple un groupe  Droits de l'homme et dialogue interculturel  (DHDI), un  groupe de recherche sur l'tat en Afrique  (GREA) et actuellement un Sminaire de recherche sur les  Politiques judiciaires et pratiques de mdiation .

[6] Au sens  d'tres humains 

[7] Telles les questions de rformes foncires, des enjeux des transferts institutionnels de la mtropole vers ses anciennes colonies et de la coopration judiciaire franaise, des problmatiques souleves en France par la diffrence culturelle face la Justice, etc.

[8] Voir par exemple Le Roy 1986, 1988, 1994b, 1994c, 1995b, 1997.

[9] Voir dans ce contexte Le Roy 2006.

[10] Le Roy 1995b ; 1998b ; 1998e

[11] Le Bris et al. 1991 ; Le Roy et al. 1996

[12] Le Roy 1989, 1996 ; Youns & Le Roy 2002

[13] GEMDEV 1997 ; Le Roy 1997 ; Le Roy 2004 ; Le Roy & Von Trotha 1993.

[14] Le Roy 1978, 1990, 1999, 2004.

* Pour une bibliographie plus exhaustive se reporter la fin de cet ouvrage.