Christoph Eberhard & Genevive Vernicos
(ds.)
La qute anthropologique
du droit.
Autour de la dmarche
dՃtienne le Roy
Paris, Karthala, 2006, 616 p
Prface
Science de lAutre,
sens du Droit
la dcouverte du vivre-ensemble
tienne Le Roy est picard. Il le
rappelle souvent, et non seulement de manire personnelle, mais aussi dans son
travail scientifique, pour poser son topos, le lieu do il parle, do il
construit ses analyses, do il entre en dialogue avec autrui. Comme il le
rappelle lui-mme, Le chercheur en sciences sociales travaille partir
et en fonction de certaines intuitions qui sont le produit de sa personnalit,
de son exprience, de son histoire de vie, mais aussi des questions qui
traversent une socit en chacun de nous un moment donn. (Le Roy
2003 : 393). La picardit dՃtienne Le Roy est peut-tre
lune des clefs permettant dՎclairer son cheminement tout en constituant en
mme temps une limite son clairage. Car, comme il ne manque pas de le
rappeler : les Picards sont pudiques, rservs et un peu secrets.
Faisons donc quelques dtours pour
saisir sa dmarche et clairer son positionnement. Jaimerais commencer par une
anecdote, qui en dit long et qui je lespre sera rvlatrice. tienne Le Roy na-t-il pas lui-mme enseign tout au
long de sa carrire que ce qui tait
important nՎtaient pas tellement les textes mais les pratiques qui permettent si lon sy attarde de dvoiler des
logiques et visions du monde sous-jacentes ? Et si lon peut
facilement se reporter ses textes[1], il
semble appropri dinscrire ici ses travaux dans sa dmarche globale qui ne saurait se rsumer son importante
production intellectuelle . Ainsi lintroduction ces
mlanges sera aussi en quelque sorte une mise en uvre de sa dmarche qui sera
enrichie, claire par les contributions ici runies et sur lesquelles je
reviendrai.
Lanecdote concerne ma premire
rencontre avec tienne Le Roy. Javais postul pour tre admis au DEA dՃtudes
Africaines Option Anthropologie Juridique et Politique de lUniversit Paris 1,
dont il tait le directeur. NՎtant pas du tout africaniste, mais intress par
lanthropologie du Droit, je dcidai daller menqurir en juin, avant
lannonce des rsultats des candidatures, de la probabilit dՐtre accept dans
son DEA. cette poque, le Laboratoire danthropologie juridique de Paris se
trouvait encore dans les btiments de la Sorbonne et tienne Le Roy occupait un
bureau au tout dernier tage, sous les toits.
On ny accdait quen montant une srie descaliers qui devenaient de
plus en plus aventureux. Lorsque jentrai dans son bureau, il tait en train de rdiger un article, qui me dit-il proposait de
nouvelles pistes. Cependant, faisant preuve de sa proverbiale disponibilit, il
maccueillit aimablement et nous passmes un bon moment discuter et notamment
de cet article pour lequel il montrait un grand enthousiasme enthousiasme
dont je ne lai jamais vu se dpartir dans tout ce quil entreprend et qui,
il lesprait, allait bousculer quelques ides reues.
Cette exprience
ma beaucoup touch et me semble tre une clef pour dcoder la dmarche de
chercheur dՃtienne Le Roy.
Tout dabord le chercheur est celui qui
doit poser des questions, qui doit mener plus loin la rflexion, qui ne doit pas se contenter de douter mais qui doit oser
branler les certitudes pour aller de
lavant. Comme il le rappelait souvent ses tudiants toutes les
questions doivent pouvoir tre poses .
Mais il faut se donner les moyens pour se les poser de la manire la plus
rigoureuse et la plus heuristique possible pour pouvoir faire avancer la
recherche . Libert totale donc mais avec une mthode dautant plus
rigoureuse que lon saventure loin des
sentiers battus, ce qui explique limportance quil accorde toujours aux
questions de mthode et son got pour la construction de modles devant
permettre de saisir les traits marquants
dune problmatique afin de pouvoir penser plus loin. Cette exigence
intellectuelle est intimement lie une thique personnelle et un
sens des responsabilits. Comme le souligne toujours tienne Le Roy aux
chercheurs en herbe au dbut de leur DEA, le chercheur est responsable envers
lui-mme, quant lhonntet intellectuelle de sa dmarche, il est responsable
envers la communaut scientifique quil enrichit par ses travaux, et, comme
chercheur en sciences sociales, il est aussi
plus particulirement responsable envers la socit. Comme il le rappelle dans
lintroduction de son ouvrage le jeu des lois , lune des
questions fondamentales que nul chercheur ne
devrait luder est qui a sert, quoi a sert ? (Le Roy 1999 :
34). Et il a souvent soulign que lanthropologie du Droit telle que
pratique au Laboratoire tait une anthropologie politique du Droit. Cette vocation de chercheur au sens le plus profond,
qui dpasse le simple cadre acadmique ou scientifique et qui implique
des prises de position et des responsabilits, ayant mme men dans son cas
une interdiction de retourner sur son premier terrain, le Sngal, pendant
quelques annes (Le Roy 2004 : 244), en devient un style de vie qui mne une
certaine solitude, cette solitude du coureur de fonds quՎvoquait
parfois tienne Le Roy. Cette dmarche entrane presque automatiquement un certain
nombre de traverses du dsert puisquelle ne sinscrit pas dans
les consensus existants et institutionnaliss, rassurant et lgitimant. Bien au
contraire, pour tienne Le Roy, le rle de lanthropologue du Droit est
justement dՐtre un empcheur de penser en rond au niveau
scientifique et un empcheur dagir btement au niveau des
implications de ses recherches ou expertises dans le monde juridique et
politique. Parfois ce nest que le passage des annes, doubl dun patient et
laborieux travail dapprofondissement et de mise en oeuvre des dmarches en
relation avec le changement des situations et des mentalits qui rendent peu
peu audibles des dmarches longtemps ignores. Lanalyse matricielle propose
par tienne Le Roy (1970, 1972) dans ses
thses de doctorat en droit et en ethnologie ds le dbut des annes 1970 qui
est au fondement de ses approches contemporaines des problmatiques
foncires mais dont les enseignements sont pendant longtemps tombs dans
loreille dun sourd, en est une illustration.
Mais si peut surgir ce stade une
image de hros solitaire en qute dune comprhension de lhomme dans sa
globalit, il nen est rien. Pour tienne Le
Roy, la recherche, dune part qute solitaire, est dautre part aussi dynamique
de partage, comme en tmoignent par exemple laventure de lAPREFA[2],
son implication dans le GEMDEV[3] ou
dans Politique Africaine... sans mentionner de manire beaucoup plus vidente
son implication dans lAFAD[4] ou la
dynamique collective de recherche du LAJP. Dune certaine manire, la dmarche
exigeante de chercheur appelle, pour pouvoir aboutir, des relations fortes, de
vritables amitis et aussi une attention porte aux autres au-del du cadre
strictement acadmique.
Il y a bien sr lexigence de travailler
en quipe pour pouvoir clairer dans toute leur complexit des problmatiques qui ne peuvent tre comprises de
manire satisfaisante quՈ travers un clairage interdisciplinaire, dont
les problmatiques foncires qui ncessitent le croisement de regards
disciplinaires diffrents sont une illustration parfaite (voir les travaux
cits note 1).
Comment rpondre, autrement que dans
une entreprise collective, aux exigences dune dmarche anthropologique marque
par une triple contrainte quՃtienne Le Roy (2004 : 243-244) rsume comme suit
?
[L]a premire
contrainte sera le comparatisme, incontournable, comme le sera le modle comme
condition du comparatisme. Une autre contrainte sera, rcusant ici le
structuralisme donc une dmarche synchronique, de rintroduire la vie et le
mouvement dans ces dmarches, donc de dboucher sur une analyse dynamique [].
Enfin, une troisime
contrainte, non moins exigeante, est de bien apprcier la part daltrit et de
ressemblance, de permanences, de
discontinuits et de divergences qui peuvent apparatre dans de telles
dmarches, en vitant les
chausse-trappes de lՎvolutionnisme, du structuro-fonctionnalisme ou du
matrialisme historique, entre autres.
Mais ne manque-t-il pas dajouter
Les avantages
sont la hauteur de ces contraintes : la possibilit de confronter dans de
mmes modles, ainsi pour les modes de parentalisation communautaire, des
socits aussi diffrentes que la socit grecque archaque travers une relecture de lIliade, les Picards du
Vermandois au dbut de lՉge moderne et les Wolof du Sngal lՎpoque
contemporaine. Lexigence aussi de prendre une socit par toutes ses facettes,
au risque de la dispersion ou de la superficialit : analyses de dimensions
rurales et urbaines des socits africaines, du foncier agricole comme des
stratgies agro-industrielles, des phnomnes
de croyances et de pouvoir o lՃtat apparat souvent comme le Lviathan de
Hobbes. Et puis, ce souci, emprunt Michel Alliot, de rinscrire les
expriences millnaires des socits dans des
cadres explicatifs toujours remis en chantier mais qui `donnent penser
ressemblances et diffrences.
Cependant, lengagement dialogal, comme
le souligne sa dernire rflexion, se situe aussi un autre niveau que celui de la ncessit de croiser les
points de vue pour dvoiler les situations et processus o se jouent les
jeux de la juridicit dans leur complexit.
Si le diatopisme, contrainte premire
de la dmarche anthropologique exige de se positionner afin de pouvoir construire
des modles critiques de reprsentation et de comprhension du rel, la
deuxime exigence anthropologique fondamentale, celle du dialogue, oblige
souvrir lautre, sengager dans des relations non pas uniquement de sujet
objet mais de sujet sujet. Les autres,
ceux du terrain, les tudiants, les collgues, ne se rduisent pas des objets
de recherche, de transmission de savoir, ce sont des sources de savoir,
dexpriences et des partenaires dans une entreprise plus vaste. Le
fonctionnement du Laboratoire et du DEA sous sa direction illustre cette attitude. Ds le DEA, les tudiants sont encourags
partager leurs dmarches, senrichir de leurs diffrences mutuelles au lieu
de se faire concurrence les uns aux autres selon la logique de lhomo homini
lupus. Et tienne Le Roy en montre lexemple dans ses cours
danthropologie du Droit o il fait circuler
ses fiches de terrain ou bien partage avec ses tudiants le processus
dՎmergence dun article en cours dՎcriture. Puis une fois en doctorat,
les jeunes chercheurs sont encourags approfondir
ensemble leurs recherches dans un sminaire des thsards, voire de mettre en
place des groupes de recherche compltement autonomes sur des
thmatiques particulires[5]. Il
se mfie de lenseignement compris comme transmission dun savoir prtabli,
tout en le considrant dans certaines situations comme un pis-aller ncessaire
pour mener la recherche par ailleurs. Mais il ne mnage ni son temps ni ses
efforts ds lors que la relation devient relation dapprentissage au sens
profond dapprendre apprendre , veiller les curiosits,
aider la maeutique. Face un tudiant en recherche, un chercheur de passage
ou un collgue qui frappe sa porte, il nhsite jamais partager au mieux
son exprience et apprendre de celle de son interlocuteur.
Cependant, si les
exigences de partage et de comprhension forment lassise de sa dmarche
scientifique - autant dans le volet de la production que dans celui de
la transmission du savoir, dont la sparation est dailleurs plus
artificielle que relle - elles en constituent en mme temps lobjet :
comment les hommes[6]
vivent-il en socit ? Comment partagent-ils avec les autres ? Comment
mettent-ils en forme leurs relations en lien avec leurs comprhensions deux-mmes,
leur comprhension mutuelle et les enjeux communs quils abordent ?
Comment sinscrivent-ils dans leur environnement ?
Pour tienne Le Roy cest bien le
partage et sa mise en forme travers le mystre de la juridicit quil importe dՎclairer. Sil se rfre aux
travaux de Pierre Legendre pour qui le droit serait lart
dogmatique de nouer le biologique, le social et linconscient pour la
reproduction de lhumanit (cit in Le Roy 1999 : 185), le Droit nest
cependant pas pour lui avant tout texte , fabrique
ou institutionnalisation , ni mme peut-tre avant tout
institution . Il nest pas externe aux socits. La juridicit est plutt cette
formalisation de manires de dire et de manires de faire, conformment lune de ses dfinitions de la coutume (Le Roy
1984), qui saborde indirectement travers
lobservation de diffrents processus, autour de diffrents jeux et enjeux dans
des domaines considrs comme vitaux par les acteurs. Elle nest pas
part du reste du tissu social, mais y est profondment
imbrique et peut prendre des formes diverses selon les contextes. Il nous faut
considrer la socit comme le
point de dpart et lhorizon (lalpha et lomga) de toute rflexion et
[] expliquer le Droit dans sa contribution au grand jeu de la vie en socit,
la fois comme produit social et producteur de socialit. (Le Roy
1999 : 178-179). Si, en poursuivant cet objectif, tienne Le Roy et le Laboratoire se sont initialement, et jusque dans les
annes 1980, inscrits dans des paradigmes plus structuralistes, leur
confrontation des problmatiques contemporaines souvent brlantes, autant chez soi (en France) quailleurs
(surtout en Afrique)[7],
a cependant fait apparatre la ncessit pour rendre compte de la
complexit des situations de dvelopper des dmarches
plus dynamiques et processuelles dans la ligne des travaux de Georges
Balandier ou de Sally Falk Moore. Les
premires traces de cette rorientation vers une analyse dynamique de la mise en forme du vivre-ensemble apparaissent
dans un texte sur la gestion urbaine au Sngal This, MBour et Richard Toll (Le Roy 1988a). Lanalyse prend ensuite la forme du
jeu de loie dans des travaux sur le foncier (Le Roy et al. 1996)
et sur les enfants des rues (Le Roy 1995)
avant de trouver son accomplissement, aprs un enrichissement avec lhypothse
du multijuridisme (Le Roy
l998), dans son manuel Le jeu des lois. Une anthropologie
dynamique du Droit (1999).
Peu peu le sens du titre de cet
ouvrage ainsi que celui de sa couverture se dvoilent.
Lillustration nous
met sur la voie. La louche, en provenance du pays Dogon, en forme dun homme et dune
femme accols dos dos et debout sur ce qui pourrait tre la terre, voque
fondamentalement limage du partage. La louche rfre au repas partag, mais
qui ncessite aussi que chacun prenne sa part ; que lhomme et la femme
soient placs dos dos souligne leur diffrentiation, mais en mme temps leur complmentarit dans la
diffrence : ne sont-ils pas enracins dans la partie de la louche
qui permet justement le partage, dans le sens en mme temps de mise en commun
et de rpartition de ce qui est d chacun,
de la nourriture ? Les cercles concentriques sur le dos de
la louche peuvent aussi nous renvoyer aux diffrents niveaux du partage ou des
nourritures partages : de la nourriture
physique, au partage dՎmotions, de penses, de points de vue, de vision
du monde, de communaut... Ils nous renvoient
aussi aux diffrents niveaux de connaissance, des niveaux les plus
superficiels aux niveaux les plus cachs. Mais surtout la louche ne sert quen
mouvement, que si elle est effectivement utilise.
Lillustration nous met ainsi sur la
voie pour comprendre le titre de cet ouvrage, Science de lAutre, sens
du Droit. Autour de la dmarche dՃtienne Le Roy . On aurait pu
sattendre plus classiquement ce que
lanthropologie du Droit vise introduire le sens de lAutre dvelopp dans
les travaux anthropologiques dans la science
du droit. Et on aurait pu sattendre des contributions autour dune
pense. Mais ce serait ne pas saisir dans toute sa profondeur les enjeux de la
dmarche.
Bien sr, tout part
du sens de lautre. De son coute. De la reconnaissance de sa diffrence, mais
en mme temps de sa complmentarit. Lenracinement picard, communautaire,
dՃtienne Le Roy la probablement trs tt sensibilis cette dimension du
partage du vivre-ensemble dans la complmentarit de nos diffrences (voir Le
Roy 1973). Mais en mme temps cet enracinement sinscrivait lui-mme dans un autre : dans la Rpublique franaise
marque par la mythologie des Lumires de la Raison justifiant
lexistence dun tat centralis avec la prtention incarner la gestion
rationnelle de la socit et dtenant le monopole du Droit dont il garantissait
luniversalit, la neutralit et lan-historicit. Dans ce contexte il nest
pas suffisant davoir le sens de lautre, encore faut-il le comprendre, le
sortir de la honte o il tait relgu par la construction tatique moderne et sa science. Et cet
autre , escamot en France, renvoyait aussi lautre hors
de France. Rappelons que la carrire dՃtienne Le Roy dbute la fin de la guerre dAlgrie, un contexte qui ne pouvait
quinterroger sur les reprsentations de lAutre . La perception coloniale de lautre navait-elle pas
tendance lignorer, le construire comme autre de la civilisation, bref comme finalement
non-civilis, hors lhistoire, hors la science ? Le sens de lautre ne se rduisait-il pas au pire son
complet dnigrement et dans le meilleur des cas une admiration bate
dun bon sauvage dont on pouvait apprcier le folklore... mais
qui tait dpasse dans le cadre de la modernit qui semblait simposer, que ce
soit en mtropole ou lՎtranger ?
Cest bien une lutte contre le
totalitarisme de la modernit, la dconstruction de ses mythes et une
reconstruction du paysage de la juridicit sur dautres fondements, que lon
retrouve dans les travaux dՃtienne Le Roy que ce soit partir de contextes
franais ou dailleurs. Il sagit de dchirer
le voile que celle-ci a pos sur notre regard afin que nous puissions prendre
conscience de ralits prsentes autour de nous, mais que les
projecteurs modernes nՎclairent pas les plongeant ainsi dans lobscurit[8].
Je prcise bien que cest au totalitarisme et laveuglement
caus par les Lumires de la modernit quՃtienne Le Roy sest oppos et non
pas la modernit en tant que telle. Il na jamais succomb la tentation de
jeter le bb avec leau du bain et a explicitement inscrit sa dmarche dans
une optique de transmodernit visant comprendre larticulation
dexpriences prmodernes, modernes et postmodernes dans les formes
contemporaines que prend lorganisation du vivre-ensemble. [...] il
sagit de prendre conscience des limites qui
mergent dans nos expriences de crise de socit [...] et de trouver des
solutions lՎchelle de la complexit
redcouverte, donc en trouvant des solutions tantt dans la prmodernit,
tantt dans la modernit elle-mme tantt de poser que seule une solution
radicalement neuve, ne relevant ni de la tradition prmoderne ni de la
modernit simpose (Le Roy 1998 : 29).
Face au
totalitarisme de la modernit, lenjeu consiste approfondir le sens de
lautre pour dgager peu peu une science de lautre que lon pourrait voir
sous trois angles. Il sagit de satteler comprendre lautre dans son
originalit. De ne pas partir de ses propres prsupposs, en gnralisant ainsi indment son propre topos, quant ce que serait ou pourrait tre lautre, mais de sengager dans une dmarche diatopique en
travaillant patiemment observer des manires de vivre originales et
den extraire progressivement des rgularits qui leur tour permettent de
procder des comparaisons plus gnrales permettant denrichir notre
comprhension de lhumain. Le lecteur aura reconnu dans cette dmarche les
trois tapes rappeles par Claude Lvi-Strauss de lethnographie, de
lethnologie et de lanthropologie et que rappelle tienne Le Roy dans lintroduction
son Jeu des lois (1999 :
30-31). Cette dmarche est extrmement exigeante, car aucun terrain, aucun
objet de recherche nexiste indpendamment de sa construction comme objet dinvestigation scientifique. Ainsi lobservation
va de pair avec la remise en question constante des outils de recherche
et lՎlaboration de nouveaux modles plus adquats.
Lune des exigences fondamentales pour
commencer sengager sur les voies dune science de lautre, dune science
non-ethnocentrique du Droit pour reprendre la formule de Michel Alliot (1983), consistait dbusquer constamment le
pige de lenglobement du contraire
dgag par Louis Dumont et qui, sous couvert dobjectivit, nous fait percevoir
lautre en rfrence nos propres reprsentations. Mais la mthode
diatopique et dialogale (voir Le Roy 1990) mise en uvre pour cette entreprise
concourt rvler aussi la science de lautre. La modernit na pas le monopole des constructions et organisations
rationnelles du vivre-ensemble. Il existe dautres manires tout aussi
rationnelles et valables ds lors quon en dgage les prmisses, les visions du monde et logiques sous-jacentes.
Dans une vise anthropologique, essayer de comprendre lautre menant
reconnatre ses modles de savoir, mne enfin une science de
lautre , dans le sens dune science dont loriginalit est de
reconnatre le pluralisme fondamental de
notre condition humaine et de porter son attention dans ses analyses aux
altrits prsentes dans toute situation et leurs interactions. Encore
faut-il viter de figer lautre dans une altrit fantasme et fige.
Lorientation pragmatique de la dmarche dՃtienne Le Roy lui a probablement
servi de garde-fou contre ce danger. Mais daprs ses propres dires, son
premier terrain chez les Wolof, qui sont rests sa rfrence anthropologique
fondamentale, la probablement aussi vaccin contre cette drive. En effet, les
Wolof, inventeurs dune conception africaine de la modernit ds le XIVe
sicle ne se prtent pas facilement des dogonneries (Le Roy
2004 : 244).
De cette science de lautre dcoule
le renversement de la science du droit au sens du
Droit . Les enjeux de ce titre taient dj prsents dans un texte
dՃtienne Le Roy datant de plus de vingt ans et portant sur une approche
originale de la coutume, Lesprit de la coutume et lidologie de la loi (1984). La
science du droit est le fruit dune vision particulire du monde,
que nous pouvons dsigner comme la vision moderne. Elle place la Raison au
centre de ses constructions et aborde tout ce qui ne fonctionne pas selon ses
postulats comme irrationnel , subjectif ,
idologique . Elle incarne luniversalit, lhumanit, la
rationalit, auxquelles sont opposs les particularismes, les cultures,
les croyances. Le droit apparat comme une ralit autonome, un tel point que Hans Kelsen a pu en proposer une thorie
pure. Et cette vision du droit influe
aussi sur toute notre manire de penser le vivre-ensemble. Or le dtour par
dautres socits, dans le souci du
respect des exigences du diatopisme et du dialogisme, fait apparatre les
limites de notre science du
droit . Dialoguer avec lautre et tenter de rvler ses prsupposs, ses
modles sous-jacents daction, renvoie
une interrogation et un dvoilement de nos propres prsupposs. Se pose alors la question : quel sens a le
droit ? Quest-ce donc que ce mystre ? Quelles en sont les
quivalences dans dautres socits ? En quoi ces quivalences
enrichissent-elles notre comprhension du
Droit, au sens largi de la juridicit ? Et comment se jouent les jeux
du Droit dans des contextes donns ? Comme lexplicite lui-mme tienne Le
Roy :
Rsum, le
problme est le suivant : le progrs de nos connaissances relatives aux
autres traditions juridiques et aux pratiques alternatives de rglement des
conflits dans nos propres socits impose lide que la dfinition occidentale
du Droit comme ensemble de normes sanctionnes
par lՃtat ne correspond quՈ un folk
system, un type dexprience
particulier, propre un moment de lhistoire qui ne peut ni tre
gnralis (tant les divergences sont profondes entre traditions juridiques) ni
sans doute gnralisable (le prsuppos volutionniste qui le sous-tend tant
illusoire). Notre conception du Droit sinscrit donc dans un ensemble plus
vaste quil nous faut dnommer et auquel on
doit reconnatre un principe structurant qui permette de le diffrencier
dautres registres de rgulation, si tant est
quil faille les distinguer. Le terme Droit tant associ au folk system occidental,
on appellera, par convention, juridicit son englobant. Puis on cherchera quel
est le facteur qui est la fois commun toutes les expriences et permet de
diffrencier chacune dentre elles en une tradition autonome. tant entendu
quon accepte que le critre de la juridicit
du Droit, critre qui est trouv dans la sanction, soit aussi applicable aux
autres traditions, on doit donc
identifier plusieurs types de sanctions reposant sur des fondements de la
juridicit la fois diffrents et complmentaires. Rpondre la
premire contrainte suppose que lon accepte que lՃtat nest pas le seul acteur ayant autorit pour sanctionner, que nous
sommes donc en situation de pluralisme juridique et que seule la version
`dure du pluralisme [...] est susceptible de rgler le problme. Cest ce que
jappelle le multijuridisme. Puis, on pose que la juridicit a trois
fondements, donc que le Droit a trois fondements comme les autres traditions et
que seule la conception que nous avons adopte pour amnager les relations
caractrise cette conception [...]. En
conclusion, le dcor tant plant, il nous reste maintenant lhabiter en
prolongeant la recherche dans deux directions. Comment chaque tradition
identifie, explique, justifie et lgitime-t-elle son montage particulier de normes sanctionnes ? Comment ensuite, chaque
tradition met-elle en oeuvre effectivement de tels montages ?
Derrire les thories affiches, il y a des pratiques qui peuvent nous rserver bien des surprises ds lors que la juridicit
nest pas tant ce quen disent les textes que ce quen font les
acteurs . (2004 : 246-247)
Tout au long de sa
carrire, tienne Le Roy a tent dՎclairer dans ses multiples facettes le
mystre de la juridicit qui met en
forme notre vivre-ensemble. En mme temps, il sest efforc de synthtiser ces
divers terrains, et den tirer des
enseignements plus gnraux sur la mise en forme de la vie en socit.
Il a ainsi contribu significativement lՎmergence dune vritable
anthropologie de la juridicit. Chercheur dans lՉme, sa qute est par nature
toujours inacheve. Et plutt que davoir construit une cathdrale, il a
dblay le terrain, ouvert des pistes et des espaces o pourrait se mettre en place le partage de nos vies dans la
complmentarit de nos diffrences. Le meilleur hommage sa dmarche a
consist runir ses amis et collgues, non pas tellement pour regarder vers
le pass, mais pour dgager les enjeux contemporains de la juridicit et
peut-tre dceler dj de nouvelles pistes fcondes pour mener plus loin notre comprhension mais aussi nos interrogations pour
continuer empcher de penser en rond et entrouvrir de
nouveaux horizons.
Ainsi louvrage est organis en cinq
chapitres, dont chacun correspond lune des faces de liceberg
de la juridicit telles quՃtienne Le Roy a pu les aborder et dont, faut-il le
prciser, la plus grande partie demeurera
probablement toujours immerge[9]. Les textes runis sont autant de mises en
perspective, de critiques, denrichissements et de tmoignages autour de la
question du sens du Droit dans le monde contemporain. Le lecteur est ainsi
convi un voyage le menant du Droit entre le global et le local [10],
aux Enjeux fonciers et environnementaux [11],
aux Mdiation et modes alternatifs de rglement des
conflits [12],
aux problmatiques de LՃtat, la justice et les mtamorphoses
contemporaines du Droit [13]
pour aboutir finalement quelques Perspectives sur lanthropologie du
Droit [14].
Ces textes sont une belle invitation continuer les dialogues.
Jaimerais remercier de tout mon cur
tous les auteurs qui se sont joints cette belle entreprise collective et dire
un merci tout particulier au Comit de lecture compos de Akuavi Adonon,
Jacqueline Le Roy, Caroline Planon et Pauline Versini qui ont corrig les
preuves de cet ouvrage et se sont occupes de sa mise en forme sous la
direction de Genevive Chrtien-Vernicos.
Et bien sr, au nom de tous, jexprime
notre gratitude tienne Le Roy pour ses inspirations et interrogations. Quelles
restent vivantes et continuent nous stimuler encore longtemps. Le sacrifice de nos certitudes et linconfort qui en
rsulte valent bien cet autre monde qui se dcouvre devant celui qui
sengage dans la qute du sens du Droit par la science de lAutre.
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diversit culturelle. Pour quelle socit ?, Paris, Karthala, 311
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00- Avant propos
00-
Christoph Eberhard : Science de lAutre, sens du Droit.
la dcouverte du vivre-ensemble
CHAPITRE 1 : Le Droit entre le global et le local
01-Andr-Jean Arnaud : Du
lien tribal dans le village plantaire
02-Antoine Garapon
: La justice pnale internationale l'preuve du
cosmopolitisme
03-Francis Snyder
: Antidumping Law and
Cross-Cultural Encounters: Toward a Legal Anthropology of International Economic
Relations
04-Marc Gumbert
: Human Rights, Common
Law and French Law. Some Reflections as to the Criminal Legal Process in Two
Western Societies
05-Alain Bissonnette
: Violence et cruaut faites aux femmes
06-Jean Poirier
: Les
droits de l'au-del du droit
07-Henri Pallard
: Universalit ou
universalisation des droits de lhomme ? Un philosophe du droit lit un
anthropologue du droit
CHAPITRE 2 : Enjeux fonciers et environnementaux
08-Sally Falk Moore
: The Sociologic of Land Law
09-Oliver Barrire
: De l'mergence d'un droit
africain de l'environnement face au pluralisme juridique
10-Samba Traor
: La fille ane de l'tat du
Sngal cherche prtendant
11-Gerti Hesseling
: Excursions foncires
12-Alain Bertrand, Sigrid Aubert,
Andr Teyssier : Les enjeux du Programme National Foncier Madagascar
13-Franz & Keebet Von
Benda-Beckmann: Social Insecurity, National Ressources and Legal Complexity
14-Andre Lajoie, Murielle
Paradelle, Ccile Bergaga & ric Glinau : La
conception malcite des droits ancestraux
CHAPITRE 3 : Mdiation et modes alternatifs de
rglement des conflits
15-Roderick MacDonald : Une
phnomnologie des modes alternatifs de rsolution des conflits rsultat,
processus et symbolisme
16-Jacques Faget
: loge du fluide.
Une lecture socio-politique de la mdiation
17-Gilda Nicolau
:
prouver le droit, instituer la vie. Mdiation et cadre judiciaire
18-Jackie Loteteka & Carole
Youns: Du tiers dans la mdiation
CHAPITRE 4 : L'tat, la Justice et les mtamorphoses
contemporaines du droit
19- Jacques Commaille
: Nouvelle conomie de la lgalit, nouvelles formes de
justice. L'anthropologie du droit avait-elle raison ?
20-Trutz Von Trotha
: Le Programme Mali Nord ou
variantes de la para-tatisation
21-Camille Kuyu
:
Pralables pour le vivre ensemble dans des socits multiculturelles dOccident
22-Marie-Claire Foblets
: Le nouveau droit marocain de la famille (2004): un
codificateur soucieux de ses nationaux migrs lՎtranger
23-Claude Bontems
: Le mariage. Rflexions et
inflexions
24-Rodolfo Sacco
: Le
pouvoir de dire la vrit
25-David Annoussamy
: L'acte de juger en Inde
26-Gordon Woodman
: The Involvement of English Common Law
with Other Laws
CHAPITRE 5 : Perspectives sur l'anthropologie du Droit
27-Michel Alliot
:
Provocation : prts, Partez !
28-Jacques Vanderlinden
: Propos mlangs au sein des mlanges
29 Stphane Tessier
: Le voyage, le droit et les rgles de l'art
30-Robert Vachon
:
tienne Le Roy, Le LAJP ET L'IIM
31-Nawel Gafsia, Haoua Lamine,
Sara Liwerant : Trois voix sur la juridicit
32-Akuavi Adonon, Caroline
Planon, Karine Lebreton : Le LAJP : lieu de dialogues, de partage et de
rencontres intellectuelles. (Kinshasa, Paris, Mexico)
33- Alain Rochegude
: Jouer avec le droit jeu
de pistes ou jeu de lois ?
[1] Pour un survol synthtique de son cheminement tel que vu par lui-mme voir Le Roy 1978, 1990 et 2004.
[2] Association pour la promotion des tudes et recherches foncires en Afrique.- Voir par exemple Le Bris et al. 1982 & Le Roy et al. 1996.
[3] Groupement d'intrt scientifique pour l'tude de la mondialisation et du dveloppement. Voir par exemple les ouvrages collectifs Choquet et al. 1993 ; GEMDEV 1997.
[4] Association Francophone d'Anthropologie du Droit.
[5] Ont ainsi fonctionn par exemple un groupe Droits de l'homme et dialogue interculturel (DHDI), un groupe de recherche sur l'tat en Afrique (GREA) et actuellement un Sminaire de recherche sur les Politiques judiciaires et pratiques de mdiation .
[6] Au sens d'tres humains
[7] Telles les questions de rformes foncires, des enjeux des transferts institutionnels de la mtropole vers ses anciennes colonies et de la coopration judiciaire franaise, des problmatiques souleves en France par la diffrence culturelle face la Justice, etc.
[8] Voir par exemple Le Roy 1986, 1988, 1994b, 1994c, 1995b, 1997.
[9] Voir dans ce contexte Le Roy 2006.
[10] Le Roy 1995b ; 1998b ; 1998e
[11] Le Bris et al. 1991 ; Le Roy et al. 1996
[12] Le Roy 1989, 1996 ; Youns & Le Roy 2002
[13] GEMDEV 1997 ; Le Roy 1997 ; Le Roy 2004 ; Le Roy & Von Trotha 1993.
[14] Le Roy 1978, 1990, 1999, 2004.
* Pour une bibliographie plus exhaustive se reporter la fin de cet ouvrage.